“On sauve les apparences avec des résultats qui, comptablement, nous donnent du confort”, juge dans un entretien à l’AFP Yannick Bru, le manager de Bordeaux-Bègles, 2e du Top 14 mais “en vigilance absolue” avant d’aborder la Champions Cup contre Leicester dimanche (14h00). Q: Comptablement, l’UBB est dans les clous mais est-ce le cas aussi rugbystiquement ? R: “Très clairement non. L’ensemble du staff et les joueurs sont conscients que depuis le début de la période internationale, on sauve les apparences avec des résultats qui comptablement nous donnent du confort. Mais on sait que les performances ne sont pas à la hauteur de ce qu’on veut faire. A la fin de la saison dernière, on était 8e ou 9e défense du Top 14, on est 4e à l’heure actuelle. Donc sur l’état d’esprit, la solidarité défensive et le caractère, on progresse, mais sur la maîtrise collective de nos matches, que ce soit sur notre attaque collective, les phases statiques, on sait qu’on doit faire beaucoup mieux. On est tous très lucides là-dessus. On sait qu’en affichant ce niveau de jeu, ça ne passera pas pour se qualifier en Champions Cup. Le constat, on l’a fait entre nous, donc il n’y a pas de non-dits. On est conscient qu’on doit tous faire mieux”.Q: Si vous deviez donner un pourcentage quant au potentiel actuel de votre équipe… R: “C’est compliqué d’afficher un pourcentage mais je sais que, par rapport à ce qu’on a montré en début de saison, on est vraiment en dessous. On est vraiment touché par certaines blessures, notamment après Montpellier (victoire 9-6) où on a laissé des mecs sur le carreau. C’est sûr qu’en termes d’interaction collective, ce n’est pas l’idéal. Le week-end dernier, c’était vraiment un week-end de reconnexion. On avait 6 ou 7 joueurs qui ont commencé qui n’avaient plus joué avec nous depuis au moins un mois. On pourrait chercher des circonstances atténuantes mais on sait qu’aujourd’hui à l’UBB, avec les objectifs qui sont les nôtres, c’est insuffisant. On espère montrer un autre visage, en tout cas un rugby plus abouti”.Q: Ce match face au MHR n’est-il pas un mal pour un bien avant d’affronter Leicester ? R: “Avec une vision optimiste des choses, c’est ce qu’on se dit. Montpellier était une bonne préparation à ce qu’allait nous proposer Leicester car ce sont deux équipes qui ont un ADN un peu similaire, très défensif, très brutal, avec des phases statiques costaudes et un jeu au pied omniprésent. Ça a pointé nos manques du moment et ça n’a pas été trop douloureux puisqu’on a gagné. Donc, c’est peut-être, et c’est ce que je souhaite, un mal pour un bien. Mais en tout cas, on est convaincus que reproduire une performance comme ça, ça sera synonyme de défaite à domicile et probablement d’élimination en Champions Cup”.Q: Le championnat anglais a perdu plusieurs équipes, de nombreux cadres l’ont quitté. Quelle est son réel niveau aujourd’hui ? R: “Je pense qu’il est élevé. Le problème, c’est qu’on manque de lisibilité parce que l’Angleterre a joué quatre test-matches donc ça fait à peu près cinq semaines que les joueurs cadres ne sont pas dans leurs équipes de Premiership. C’est difficile d’évaluer Leicester quand il n’y a pas George Martin, Freddie Stewart, Jack Van Poortvliet, Dan Cole et Julián Montoya. Leicester a beaucoup de stars dans ses rangs. Même si les résultats de l’Angleterre ne plaident pas en sa faveur, on sent qu’elle est en train de monter en puissance, de repenser son haut niveau, la gestion de ses joueurs de haut niveau. On s’attend à un Leicester qui fait de la Champions Cup un objectif majeur, on s’attend à un gros défi. Le rugby anglais est en train d’entamer son rebond. L’an dernier, on a été battu en quart de finale par les Harlequins à plate couture. On est en vigilance absolue”.Propos recueillis par Raphaël PERRY
Sat, 07 Dec 2024 10:04:14 GMT