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Cookies publicitaires: la Cnil sanctionne Google et Shein d’amendes colossales

L’autorité française de protection de la vie privée en ligne, la Cnil, a frappé mercredi les groupes américain Google et asiatique Shein de deux amendes colossales, dont une record, pour non-respect de la législation sur les cookies.Ces traceurs, essentiels au secteur de la publicité en ligne et intégrés au modèle économique de nombreuses plateformes, font l’objet depuis plusieurs années d’un contrôle renforcé mené par l’autorité française.Les deux groupes, dont les services sont utilisés par plusieurs dizaines de millions de Français, ont écopé des deux sanctions les plus importantes jamais prononcées par la Cnil – à l’exception d’une amende de 150 millions visant Google en 2022, déjà au sujet des cookies.Google, également sanctionné pour des manquements en matière de publicité, s’est vu infliger une amende de 325 millions d’euros. Le groupe Shein devra s’acquitter d’un paiement de 150 millions d’euros. Le géant asiatique du prêt-à-porter discount a annoncé à l’AFP qu’il allait former un recours devant le Conseil d’État et la Cour de justice de l’Union européenne, jugeant l’amende “totalement disproportionnée compte tenu de la nature des griefs allégués” et de sa “conformité actuelle” à la législation, une sévérité qu’il impute à “des considérations politiques”.”Nous étudions le contenu de la décision”, a réagi de son côté un porte-parole de Google, soutenant que “les utilisateurs ont toujours eu la possibilité de contrôler les annonces qu’ils voient dans nos produits” et que des mises à jour ont été effectuées “afin de répondre aux préoccupations de la Cnil”.Les deux entreprises ont manqué à leurs obligations de recueillir le consentement libre et éclairé des internautes avant de collecter les cookies publicitaires. Car ces dispositifs, qui suivent l’activité en ligne des internautes pour effectuer du ciblage publicitaire, sont strictement encadrés par la loi.Les deux amendes annoncées mercredi s’inscrivent “dans la stratégie globale de mise en conformité initiée par la Cnil depuis plus de 5 ans en matière de traceurs, qui vise notamment les acteurs des sites et services à forte fréquentation”, a souligné la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).Dans le cas de Shein, l’autorité pointe le “caractère massif” des données concernées, avec 12 millions d’utilisateurs mensuels du site en France. La Cnil reproche à l’entreprise l’absence de consentement des utilisateurs s’agissant de certains cookies, mais également un manque d’information des internautes, ainsi qu’un mécanisme de retrait du consentement défaillant. Shein s’est néanmoins mis en conformité avec les exigences de la Cnil depuis les contrôles.- “Négligence” – Google est quant à lui visé pour la troisième fois par une sanction de la Cnil en matière de cookies. Dans l’un de ses communiqués publiés mercredi, l’autorité souligne la “négligence” du groupe, frappé en 2020 par une amende de 100 millions d’euros, puis en 2021 par une nouvelle contravention de 150 millions d’euros.Mais le montant de la nouvelle sanction décidée contre le mastodonte américain – toutefois inférieur à l’amende de 525 millions d’euros requise – est aussi justifiée par le nombre d’utilisateurs concernés, et la pluralité des manquements. L’autorité s’est ainsi penchée sur la mise en place par l’entreprise d’un “mur de traceurs” (“cookie wall”) lors de la création d’un compte Google.Cette pratique, qui conditionne l’accès des internautes à l’acceptation des cookies, n’est pas illégale dans le cas de l’entreprise, a jugé la Cnil, mais elle est soumise au consentement éclairé des utilisateurs. Une condition non remplie en raison de l’absence d’information des internautes.En parallèle, Google est aussi visé pour avoir inséré des bannières publicitaires entre les courriers de sa messagerie Gmail pour certains utilisateurs qui ont opté pour les “fonctionnalités intelligentes”. La pratique a touché 53 millions de Français, précise la Cnil. Ces publicités, qui “constituent de la prospection directe” selon une jurisprudence européenne, auraient dû faire l’objet d’un consentement préalable des utilisateurs, ce qui n’a pas été le cas.L’amende infligée a été associée à une injonction de faire cesser les manquements dans un délai de six mois. Au-delà, Google et sa filiale irlandaise devront chacune s’acquitter de pénalités de 100.000 euros par jour. Shein et Google disposent d’un délai de quatre mois pour faire appel de la décision de sanction devant la justice administrative. 

Grève des 10 et 18 septembre: que prévoient les syndicats des transports?

A l’approche des deux journées de mobilisation annoncées contre les projets d’économies budgétaires du gouvernement, le 10 septembre par un mouvement lancé sur les réseaux sociaux et le 18 septembre par l’intersyndicale, tour d’horizon des positions recensées dans les syndicats des transports par l’AFP. Secteur aérien Le SNCTA, syndicat majoritaire chez les contrôleurs aériens français, les appelle à faire grève le jeudi 18 septembre. Il demande un “rattrapage intégral de l’inflation” en matière salariale, mais aussi une évolution de la gouvernance de la profession. Le ministre des Transports Philippe Tabarot a réagi à cet appel en affirmant qu’il ne céderait pas. Le SNCTA a regretté mardi qu’aucune réunion de conciliation, pourtant prévue par la loi, n’ait jusqu’ici été programmée. Le syndicat s’est dit prêt à “la reprise d’un dialogue social constructif”. De son côté, SUD Aérien appelle à la grève et au blocage des aéroports le 10 septembre, en rejoignant le mouvement national contre l’austérité. Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), première organisation de la profession, a en revanche déclaré mercredi à l’AFP qu’il n’appellerait à la grève ni le 10 ni le 18 septembre.Chez Air France, FO, premier syndicat du groupe, a appelé mardi ses adhérents à rejoindre le mouvement du 18 pour “combattre l’austérité” et déposé “un préavis de grève de 1 à 24 heures” pour ce jour-là.La CFDT du groupe Air France, deuxième organisation représentative, est sur la même ligne, appelant “à la grève sur une journée le 18”, a expliqué mercredi son secrétaire général Christophe Dewatine, les personnels étant selon lui particulièrement opposés à la suppression de jours fériés, souvent travaillés dans l’aérien, et donc synonymes de majoration de la rémunération.La CGT Air France prévoit pour sa part un appel à la grève les 10 et 18 septembre.Secteur ferroviaireTrois syndicats – CGT-Cheminots, Unsa ferroviaire et CFDT-Cheminots, à eux trois 70% des votes aux dernières élections professionnelles – ont lancé mercredi soir un appel à la grève pour le 18 septembre.Ces fédérations syndicales “appellent toutes les cheminotes et tous les cheminots à se mobiliser massivement le 18 septembre par la grève et à participer aux manifestations”, selon leur communiqué commun.Une “nouvelle rencontre des organisations syndicales représentatives du ferroviaire” est par ailleurs prévue avant le 18 septembre, “pour continuer à construire un mouvement de mobilisation massif”, ont-ils ajouté.La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, a en outre appelé à “participer massivement” à la grève le 10 septembre, dans un communiqué. SUD-Rail, troisième syndicat de cheminots, a également appelé à faire grève le 10 septembre, mais ne s’est pas joint à l’appel lancé par les trois autres grands syndicats pour le 18 septembre.RATPLes quatre principaux syndicats de la RATP, la CGT, FO, Unsa Mobilité et la CFE-CGC, ont appelé à la grève le 18 septembre dans un communiqué commun. Le syndicat La Base, majoritaire chez les conducteurs de RER, a de son côté appelé à faire grève le 10 septembre dans un communiqué partagé sur sa page Facebook. Il n’a pas précisé s’il se joignait à la mobilisation du 18.aor-mvn-tq-jul/jum/de

Mercosur: l’UE pousse les 27 à valider l’accord, avec un geste pour Paris

La France va-t-elle donner son feu vert? La Commission européenne a appelé mercredi les 27 à approuver rapidement l’accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur, en promettant des garanties “robustes” aux agriculteurs, dont Paris s’est félicité.Les commissaires européens ont validé en milieu de journée le texte de l’accord, première étape avant de le soumettre aux Etats membres et aux eurodéputés.Bruxelles espère obtenir leur aval avant fin décembre, tant que le Brésilien Lula occupe la présidence tournante du Mercosur.Jusqu’ici, la France menait la fronde au sein des 27. Pour la convaincre et rassurer les agriculteurs européens, la Commission promet désormais de compléter l’accord par un “acte juridique” renforçant les mesures de sauvegarde pour “les produits européens sensibles”.L’exécutif européen s’engage à intervenir en cas d’impact négatif des importations sur certaines filières, comme le boeuf, la volaille, le sucre et l’éthanol.La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, affirme avoir “écouté attentivement” agriculteurs et États membres. “Nous avons mis en place des garanties encore plus solides, juridiquement contraignantes, pour les rassurer”, a-t-elle souligné sur le réseau social X.Des mesures immédiatement saluées à Paris. La porte-parole du gouvernement Sophie Primas s’est réjouie que l’UE “ait entendu les réserves” françaises.Le gouvernement a encore “besoin d’analyser cette clause de sauvegarde”, a-t-elle nuancé.”S’il y a une réponse technique qui nous donne satisfaction, nous regarderons le texte avec plus de bienveillance. Sinon, nous resterons opposés”, a dit le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin au Télégramme.Bruxelles ne cesse de marteler la nécessité de diversifier les partenariats avec des “alliés fiables”, alors que la concurrence est féroce avec la Chine et que les taxes douanières sur les produits européens augmentent dans les Etats-Unis de Donald Trump.Cet accord doit notamment permettre à l’Union européenne d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay.En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes.- “Trahison” -Depuis la conclusion des négociations en décembre dernier, les syndicats des agriculteurs de l’UE sont vent debout.Le Copa-Cogeca, lobby agricole européen, a dénoncé “un passage en force politique” de la Commission, “profondément dommageable”.Une mobilisation d’agriculteurs est annoncée jeudi à Bruxelles.L’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs, première force syndicale agricole en France, a estimé, elle, que cet accord restait “toxique”, et appelé Emmanuel Macron “à honorer sa parole et à exprimer publiquement son opposition claire à cet accord”.L’exécutif européen remet le dossier du Mercosur sur la table au moment où la France est plongée dans une nouvelle tempête politique. Le gouvernement pourrait tomber lundi lors d’un vote de confiance très mal engagé pour le Premier ministre François Bayrou.Dans l’opposition, le RN dénonce déjà une “trahison” d’Emmanuel Macron si Paris change de pied sur le Mercosur, tandis que LFI fustige une “capitulation” de la France. Au Parlement européen, ces partis d’extrême droite et de gauche radicale ont chacun annoncé leur intention de déposer une motion de censure contre Ursula von der Leyen, aux chances de succès quasi nulles.Avec des sociaux-démocrates et des Verts, l’eurodéputé centriste Pascal Canfin a lancé quant à lui une initiative transpartisane pour tenter de “suspendre l’adoption” de l’accord, “en l’absence de transparence et de garanties claires”.L’un des sujets sensibles concerne les normes sanitaires et environnementales. Les agriculteurs européens accusent leurs concurrents latino-américains de ne pas respecter les normes de l’UE, faute de contrôles suffisants.Mais l’accord avec le Mercosur compte aussi de nombreux partisans en Europe, à commencer par l’Allemagne qui veut offrir de nouveaux débouchés à ses entreprises industrielles. Selon Bruxelles, il permettrait aux exportateurs européens d’économiser plus de 4 milliards d’euros de droits de douane par an en Amérique latine, dans une zone de libre-échange rassemblant 700 millions de consommateurs de part et d’autre de l’Atlantique.Si la France maintient son opposition à l’accord, elle ne pourra pas le faire capoter seule. Il lui faudrait réunir une “minorité de blocage”, soit au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l’UE.L’ajout de cet “acte juridique” par la Commission mercredi ne nécessite pas de renégociation avec les pays du Mercosur, mais les Européens devront tout de même rassurer leurs partenaires latino-américains, inquiets d’une éventuelle brèche dans l’accord conclu en décembre.

“David contre Goliath”: une île indonésienne et le cimentier Holcim s’affrontent en justice

Une action en justice aux allures de David contre Goliath, opposant les habitants d’une petite île indonésienne menacée par la montée des océans au cimentier suisse Holcim, a été lancée mercredi en Suisse, marquant une première étape dans ce qui pourrait devenir une longue procédure climatique.Quatre habitants de l’île de Pari, dans la mer de Java près de Jakarta, demandent au géant des matériaux de construction, qui avait fusionné en 2015 avec le français Lafarge, de les indemniser pour les dommages causés par la montée des eaux.L’audience qui s’est tenue à Zoug, où se trouve le siège d’Holcim, visait à déterminer la recevabilité de leur plainte, déposée en 2023, l’objectif étant de déterminer si la cour est compétente ou non pour se prononcer sur le fond. Sa décision peut tomber rapidement ou dans plusieurs semaines ou mois.”C’est un combat de David contre Goliath”, a déclaré à l’AFP Mme Asmania, une des plaignantes, au sortir des trois heures d’audience. “Nous venons d’une très petite île, dans un endroit isolé, en Indonésie, mais nous devons nous battre contre une très grande entreprise”, a ajouté cette mère de trois enfants, qui vit du tourisme sur l’île ainsi que de la pêche et de la culture d’algues. – menace “existentielle” -“A première vue, l’île a l’air idyllique”, a déclaré Cordelia Bähr, l’avocate des plaignants, et pourtant le changement climatique constitue “une menace existentielle” pour ce bout de terre de 42 hectares et ses habitants. “Mais il reste encore de l’espoir” si des mesures sont prises pour défendre l’île contre la montée des eaux, a poursuivi l’avocate. Les plaignants réclament aussi qu’Holcim participe aux frais pour la protéger, notamment en plantant des palétuviers.En onze ans, l’île a perdu 11% de son territoire et risque d’être engloutie d’ici 2050, selon l’Entraide protestante suisse (Eper), une des ONG soutenant les plaignants.Stefanie Pfisterer, une des avocates d’Holcim, a, elle tenté de convaincre la cour qu’un procès n’est pas “la bonne plateforme” pour “le combat” contre le changement climatique.Selon elle, les ONG essaient d’obtenir “par la voie juridique” ce qu’elles ne parviennent pas obtenir “politiquement”, a-t-elle argumenté.Si les procédures contre les entreprises dans les énergies fossiles se sont multipliées ces dernières années, cette plainte contre Holcim pourrait marquer un tournant dans les litiges climatiques, dans la mesure où elle s’attaque à un secteur moins en vue que l’aviation ou le pétrole mais également très polluant. Les fours à haute température pour cuire le calcaire et fabriquer le ciment brûlent généralement du charbon, et la réaction chimique elle-même génère du CO2 supplémentaire, le secteur étant responsable d’environ 8% du CO2 rejeté chaque année dans l’atmosphère.- Eviter un précédent -Holcim avait entièrement vendu ses activités en Indonésie en 2019, mais les plaignants considèrent que le groupe est “coresponsable de l’élévation des températures, et donc de l’élévation du niveau de la mer”, a expliqué à l’AFP Yvan Maillard-Ardenti, membre de l’ONG EPER. Il cite une étude estimant qu’Holcim a émis 7 milliards de tonnes de CO2 entre 1950 et 2021, soit 0,42% du total des émissions industrielles depuis 1750, les plaignants exigeant un dédommagement qui correspond à ces émissions.”Le contraste est énorme entre cette île qui est en train de disparaître et la richesse que l’on a ici à Zoug”, a-t-il déclaré à l’issue de l’audience, cette petite ville du centre de la Suisse connue pour sa fiscalité avantageuse qui attire de nombreuses entreprises internationales.  Les quatre plaignants réclament chacun 3.600 francs (3.840 euros) de dédommagements, “un montant extrêmement faible par rapport aux milliards de bénéfices que l’entreprise fait”. En 2024, son chiffre d’affaires se montait à 24,6 milliards de francs et son bénéfice net à 2,9 milliards francs.  Ces procès impliquent de petites sommes mais les entreprises “veulent éviter un précédent”, a déclaré à l’AFP Roda Verheyen, une avocate qui a soutenu un agriculteur péruvien dans un procès contre le groupe allemand d’énergie RWE, et qui est venue assister à l’audience à Zoug. “Elles ne veulent tout simplement pas accepter leur responsabilité”, selon elle. 

Les Bourses mondiales vont de l’avant, la tech au sommet

Les Bourses mondiales vont majoritairement de l’avant mercredi, portées par le secteur technologique après une décision judiciaire aux Etats-Unis favorable à Alphabet, maison mère de Google, qui a échappé à l’obligation de se séparer de son navigateur Chrome.En Europe, Paris a pris 0,86%, Francfort 0,46% et Londres 0,67%. Milan a gagné 0,14%.A Wall Street, vers 16H00 GMT, l’indice Nasdaq prenait 0,88% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,32%. Le Dow Jones reculait légèrement (-0,35%).”L’une des principales inquiétudes des investisseurs sur le secteur technologique, à savoir que ces entreprises puissent être démantelées pour abus de position dominante, vient de tomber”, a expliqué à l’AFP Vincent Juvyns, stratégiste à ING.Google a échappé mardi à l’obligation de se séparer de son navigateur web Chrome, pourtant réclamée par le gouvernement américain, selon la décision judicaire d’un tribunal de Washington intervenue mardi soir. Cette décision historique est la suite d’une précédente, rendue en août 2024, qui avait reconnu Google coupable d’avoir maintenu illégalement son monopole dans la recherche en ligne grâce à des accords de distribution exclusive à plusieurs milliards de dollars par an. Mais la peine était encore attendue jusqu’à ce jour.Cette issue est “globalement favorable à Google car le tribunal a rejeté les mesures correctives les plus sévères proposées par le ministère américain de la Justice”, à savoir le démantèlement, ont souligné les analystes de Wedbush.Résultat: Alphabet bondissait de 8,48% à 229,23 dollars, à Wall Street.Apple grimpait aussi (+2,80% à 236,04 dollars), car le tribunal a aussi estimé qu’une interdiction des accords entre Google et les fabricants de téléphones n’était pas souhaitable.En Europe, les entreprises technologiques ont aussi bondi, à l’image du spécialiste du logiciel français Capgemini (+3,05%) ou l’allemand SAP (+1,80%) à Francfort.Autre source d’optimisme pour les marchés: le rapport sur l’emploi “Jolts” pour le mois de juillet, qui recense le nombre d’emplois vacants aux Etats-Unis, ressorti plus faible qu’attendu par les analystes, selon des chiffres publiés mercredi.Cela “donne un nouvel argument pour une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed)”, ce qui est favorable aux actions, relève Vincent Juvyns. Un marché du travail moins solide pourrait en effet traduire une activité économique plus faible, ce qui donnerait davantage de raisons à la banque centrale américaine de baisser ses taux pour la soutenir.Détente prudente sur les taux de long termeLes taux d’intérêt à long terme en Europe et aux Etats-Unis se détendaient mercredi, après avoir grimpé la veille en raison des inquiétudes des investisseurs sur la trajectoire budgétaire et fiscale de plusieurs pays.Après avoir atteint des sommets, le taux d’emprunt américain à long terme, à échéance trente ans, atteignait 4,90%, contre 4,97% mardi soir.En Europe, son équivalent allemand, référence en Europe, était à 3,35%, contre 3,40% la veille. Le français était à 4,45%, contre 4,50% la veille. Mais “les investisseurs conservent leurs craintes sur les dépenses publiques des Etats”, tempère Vincent Juvyns.Le dollar recule, l’or à des sommetsSur le marché des devises, le dollar reculait (-0,29%) face à l’euro, à 1,1674 dollar, après avoir grimpé la veille en jouant son rôle traditionnel de valeur refuge face aux incertitudes, qu’elle avait quelque peu perdu ces derniers mois en raison de la politique de Donald Trump.Autre valeur refuge, l’or poursuivait sa course aux records, atteignant 3.563 dollars l’once vers 15H40 GMT.Les cours du pétrole reculaient mercredi: vers 15H40 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 2,37% à 67,50 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, tombait de 2,68% à 63,83 dollars.”Les anticipations d’un excédent” d’offre de pétrole plombent les prix, estime John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank. Derichebourg dévisseLe spécialiste du recyclage a révisé à la baisse baisse ses objectifs annuels de rentabilité opérationnelle en raison notamment de la hausse des droits de douane aux Etats-Unis, et dit prévoir une chute de son chiffre d’affaires sur un an, selon un communiqué publié mardi soir.A Paris, le titre Derichebourg a chuté de 10,41% à 5,25 euros.

Un dossier judiciaire pas comme les autres entre France et Ukraine

Des perquisitions juste avant l’invasion russe et des homologues ukrainiens alternant enquête et mobilisation sur le front: les membres du Parquet national financier (PNF) ont travaillé sur un dossier international pas comme les autres, qui a abouti à une amende de 18 millions d’euros pour une entreprise française. “C’est une enquête chargée en émotions”, souffle une procureure du PNF, qui ne souhaite pas mettre son nom en avant. Une confession rare dans le cadre souvent aride d’une Convention judiciaire d’intérêt public (Cjip), signée entre une société et le Parquet national financier (PNF) et validée mercredi lors d’une audience au tribunal de Paris.En l’occurrence, Surys, entreprise française d’authentification de documents d’identité, a accepté de payer une amende d’un peu plus de 18 millions d’euros pour échapper à des poursuites dans une enquête portant sur du blanchiment de détournements de fonds publics en Ukraine.Et preuve que ce dossier est vraiment à part, Surys (dans le giron d’IN Groupe, ex-Imprimerie nationale, depuis 2019) s’est engagée à verser, en plus, un peu plus de 3 millions d’euros à l’Etat ukrainien au titre des pertes de recettes fiscales subies par ce pays. Une mesure rarissime dans ce type de procédure.L’Etat ukrainien a été “victime de ce marché corrompu, cette somme de 3 millions va venir l’indemniser, ça n’arrive pas dans toutes les Cjip, mais ce n’est que justice”, ont dit les procureurs du PNF à l’audience.L’enquête du PNF, en collaboration avec les autorités ukrainiennes, a mis au jour un système de surfacturations entre Surys et Polygraph Combine Ukraina (PCU), entreprise publique ukrainienne de documents d’identité. Au milieu des deux protagonistes, un acteur-clé qui a permis de tripler artificiellement les prix: une société estonienne, OÜ Feature, choisie par PCU, les dirigeants de ces deux entités étant proches.- “Admiratif” -La mécanique des transactions peut se résumer ainsi: de 2014 à 2018, OÜ Feature facture à PCU pour 18 millions d’euros des produits initialement facturés à la première par Surys pour 6 millions d’euros. Schéma reproduit, avec un nouveau lien contractuel, sur la période 2018-2022 avec des volumes de l’ordre de 22 et 7 millions d’euros.      Ce schéma a permis “de rétrocéder des commissions à des personnes qui n’auraient pas dû en avoir”, selon Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris, en charge de cette audience.Aux yeux du PNF, il s’agit de blanchiment de détournements de fonds publics, Surys ayant cédé à un acte de corruption.Si les ressorts sont classiques, le déroulé de l’enquête ne l’a pas été. “Nos perquisitions ont débuté juste avant l’invasion russe en Ukraine”, survenue le 24 février 2022, dévoile en marge de l’audience la procureure du PNF à des journalistes, dont celui de l’AFP. Le PNF est alors notamment en lien avec le Bureau national anticorruption d’Ukraine (NABU). Le bureau du procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption en Ukraine est également impliqué. “Les procureurs ukrainiens ont travaillé comme ils l’ont pu en cette période de guerre”, rapporte encore la magistrate. “Et on nous a rapidement dit qu’il y aurait des passages de relais chez nos interlocuteurs ukrainiens, avec le roulement d’enquêteurs, par tranches de quelques mois, entre le front et cette enquête”, poursuit-elle. De quoi laisser le PNF “admiratif”, au regard de la “qualité de la coopération ukrainienne en ces temps difficiles” souffle une collègue à ses côtés.  La Cjip validée mercredi permet à la société Surys de sortir d’une enquête qui n’est pas finie, ont précisé les procureurs du PNF.L’avocat de Surys (ex-Hologram industries), Charles-Henri Boeringer, a indiqué à l’audience que les dirigeants actuels avaient hérité de cette situation, “pas révélée par les anciens actionnaires”, et qui font désormais l’objet à leur tour d’actions judiciaires lancées par leurs successeurs. Pour rappel, une Cjip n’est ni synonyme de reconnaissance de culpabilité, ni d’une condamnation.

Les Bourses européennes terminent dans le vert

Les Bourses européennes ont terminé dans le vert mercredi, portées par la dynamique de la tech et les espoirs de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui éclipsent les craintes des investisseurs sur la soutenabilité des dettes publiques.Paris a pris 0,86%, Francfort 0,46% et Londres 0,67%. Milan a gagné 0,14%.

Gel, grêle, canicules: une saison en enfer pour l’agriculture turque

“On a eu d’abord le gel, qui a ruiné les fleurs. Puis la grêle, quand les fruits étaient à peine naissants”, grimace Aleaddin Cogal, producteur de citrons. Ensuite “un soleil tellement brûlant qu’il les a cuits”.L’agriculteur de 42 ans énumère la succession de catastrophes climatiques qui ont frappé cette année la région d’Adana, dans le sud de la Turquie, l’une des zones agricoles les plus fertiles du pays.”On a perdu près de 40% de nos récoltes avec ces trois désastres”, assure-t-il en désignant ses arbres chargés de fruits vert pâle, leur peau fendue ou couverte de vilaines cloques brunes dues aux envolées torrides de l’été.”C’est comme si un incendie avait ravagé la récolte. Je n’ai jamais vécu de journées comme celles-ci”, renchérit Kemal Siga, ouvrier agricole.La Turquie a subi une multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes, effets du réchauffement climatique qui s’accélère, selon les experts, dont les communautés agricoles ont été les premières victimes. Les épisodes de gel ont porté un coup dur aux vergers de citronniers, particulièrement sensibles au froid, dont la vallée de Cukurova, près d’Adana, assure 40% de la production turque, selon Mehmet Akin Dogan, directeur de la chambre d’agriculture locale.”Cukurova est l’une des principales régions agricoles de Turquie et contribue à sa production et à sa sécurité alimentaires. Mais les effets du changement climatique commencent à menacer nos activités”, explique-t-il à l’AFP.- Gelées et chaleurs intenses -“Nous avons subi des gelées et des vagues de chaleur comme jamais auparavant”, déplore Mehmet Akin Dogan.Fin février, le mercure a chuté à -8°C, puis de nouveau en avril, rappelle le responsable, qui évoque également la grêle et même des tornades.Début août, à l’inverse, Adana a connu “la journée la plus chaude depuis 95 ans”, avec une température record de 47,5°C, poursuit-il. “La seule chose qui nous a manquée, c’est une chute de météorite!” “Les effets du changement climatique sont visibles, les agriculteurs ne savent plus quoi faire”, insiste-t-il, en espérant un “soutien urgent du gouvernement”.Selon le relevé mensuel de la météo nationale (MGM), la température moyenne en juillet en Turquie (26,9°C) a dépassé de 1,9°C la moyenne de la période 1991-2020 (25°C). Au 8 août, les précipitations étaient à 80% des niveaux habituels autour de la mer Egée et même 95% à Marmara (sud-ouest), où elles ont atteint leur niveau le plus bas en 65 ans.Un record de 50,5°C a été relevé fin juillet à Silopi (sud-est).Cette météo hors norme a affecté d’importantes cultures d’exportations pour la Turquie, comme les abricots, les pommes, les figues ou les noisettes (70% de la production mondiale), qui fournissent le géant italien Ferrero pour sa pâte à tartiner, fauchées par le gel d’avril.Le ministre de l’Agriculture, Ibrahim Yumakli, a évoqué 2,3 milliards de livres turques de dégâts (48 millions d’euros) pour les noisetiers.- “Pire que le séisme” -“Je fais de l’abricot depuis 40 ans, je n’ai jamais rien vu de tel. Les gens n’essaient plus de sauver leur récolte mais leurs arbres”, confiait au printemps Orhan Karaca, directeur de la chambre d’agriculture de Malatya, en Anatolie orientale (est). “Pire que les ravages causés par le séisme” de 2023, avançait-il.Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, les pertes agricoles s’élèvent au total à 23 milliards de livres turques (480 millions d’euros) pour les 50.000 agriculteurs assurés. Il a promis une aide de l’Etat aux 420.000 sans aucune couverture, de plus en plus nombreux alors que leurs revenus s’effondrent.Les citrons risquent d’être “une denrée rare cet hiver” avec des prix déjà élevés qui vont encore augmenter, avertit Aleaddin Cogal. “Ici à Cukurova, on les paye déjà plus cher qu’en Finlande”, jure-t-il. “Trois euros le kilo, là-bas c’est deux.””C’est une perte pour notre pays. J’allais exporter, ç’aurait rapporté de l’argent. Mais avec le réchauffement qui embrouille le climat, ça n’arrivera pas”, s’émeut-il. 

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre “très inquiet” des menaces sur l’indépendance de la Fed

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) s’est dit mercredi “très inquiet” des menaces sur l’indépendance de la Réserve fédérale (Fed) face aux dernières pressions du président Donald Trump.”Il s’agit d’une situation très grave, et je suis très préoccupé”, a déclaré Andrew Bailey à une commission parlementaire au Trésor britannique, rejoignant les inquiétudes émises lundi par la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde.Le président américain tente actuellement de révoquer la gouverneure de la Fed Lisa Cook, accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables. L’affaire est devant la justice américaine.Le départ de la responsable offrirait au chef de l’Etat la possibilité de nommer une nouvelle personnalité partageant ses idées.Donald Trump s’est également attaqué à plusieurs reprises au patron de la Fed, Jerome Powell, qui tarde selon lui à baisser les taux américains.La Fed est une “banque centrale de premier plan”, qui “s’est forgée une solide réputation d’indépendance et de capacité décisionnelle”, a rappelé le gouverneur de la BoE.Toucher à cette indépendance constitue selon lui “une voie très dangereuse”. “Je prends donc très au sérieux les menaces qui pèsent sur ce sujet”, a-t-il indiqué.Plus tôt cette semaine, la présidente de la BCE Christine Lagarde avait jugé qu’une prise de contrôle de la politique monétaire américaine par Donald Trump serait “un danger très sérieux” pour l’économie américaine et mondiale.Si la Fed a laissé ses taux inchangés en juillet dans une fourchette entre 4,25% et 4,50%, le marché estime qu’elle devrait les abaisser à l’issue de sa prochaine réunion des 16 et 17 septembre.De son côté, la BoE a réduit son taux directeur à 4% en août, à l’issue d’un vote serré, pour soutenir une économie à la peine.

Accord UE-Mercosur: quel impact sur l’agriculture européenne ?

L’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, dont l’UE a lancé mercredi le processus de ratification, promet d’ouvrir un peu plus le marché européen aux produits latino-américains, une perspective qui alarme les agriculteurs, en particulier en France, premier pays agricole du continent.Cet accord “n’a jamais été aussi dommageable pour les agriculteurs, les communautés rurales et les consommateurs européens”, a mis en garde mardi le Copa-Cogeca, principal lobby agricole européen.Quels volumes agricoles en jeu?La Commission européenne parle de “petits volumes” de produits du Mercosur aux droits de douane réduits: ce sera 99.000 tonnes maximum pour la viande bovine, soit 1,6% de la production de l’UE. Au-delà, des droits “largement prohibitifs”, de plus de 40% (au lieu de 7,5%), continueront à s’appliquer, ajoute-t-on.Pour les volailles ce sera 180.000 tonnes (1,4%), le sucre 190.000 tonnes (1,2%).Pour Bruxelles, l’accord présente des opportunités pour des produits aujourd’hui freinés en Amérique latine par les taxes: vin et spiritueux (actuellement taxés jusqu’à 35%), chocolats, malt, huile d’olive, lait en poudre ou fromages.Secteurs exposésMême si les volumes concernés sont limités, ils peuvent ébranler des filières, expliquent cependant celles-ci.Pour l’interprofession française de la viande bovine, le Mercosur fournit déjà le gros des importations d’aloyaux, des morceaux “nobles”. Si les 99.000 tonnes de viande bovine autorisées se concentrent sur l’aloyau, cela représenterait un quart de la production européenne.Selon l’Institut de l’élevage, les aloyaux du Mercosur arrivent à des coûts inférieurs de 18% à 32% par rapport aux européens.Les producteurs de poulet aussi redoutent que les Brésiliens se concentrent sur les morceaux les plus rentables, les filets.Les filières de l’éthanol, du miel, du porc… sont également exposées, analyse l’économiste Stefan Ambec, co-auteur d’un rapport sur cet accord au gouvernement français. Il évoquait le risque d’une baisse des prix payés aux agriculteurs européens: “les coûts de production diffèrent et le problème est que les normes sanitaires et environnementales ne sont pas les mêmes.”Quelles normes?La Commission l’assure: “Tout produit du Mercosur doit respecter les normes strictes de l’UE en matière de sécurité alimentaire.”L’accord de libre-échange Ceta avec le Canada par exemple ne remplit pas ses quotas d’exportation de viande depuis six ans faute de production aux normes, fait valoir un fonctionnaire européen.Les “conditions de production” dans le Mercosur, en matière sociale, environnementale, de bien-être animal… ne seront pas forcément les mêmes qu’en Europe, admet cependant Bruxelles.En matière sanitaire, l’importation de viande traitée aux hormones de croissance restera interdite. En revanche des viandes issues d’élevages usant de pratiques  prohibées dans l’UE — usage d’antibiotiques activateurs de croissance ou de certaines farines animales — pourront entrer, soulignent les opposants.Quels contrôles?”En théorie, la viande traitée par exemple aux hormones de croissance ne peut entrer, mais en pratique la traçabilité est imparfaite”, explique M. Ambec. “Il y a des audits d’abattoirs organisés avec la Commission, mais on ne suit pas facilement le bétail avant cette étape. Le traçage de la naissance à l’abattage, dans le Mercosur, cela n’existe qu’en Uruguay.”De fait, un audit de l’UE a révélé fin 2024 des failles dans les contrôles de la viande bovine au Brésil, incapables de garantir l’absence de l’hormone oestradiol, interdite en Europe.Mercredi, à Bruxelles, on évoquait “l’engagement sur la constitution d’un groupe de travail sur le renforcement des contrôles à l’import”.”Frein d’urgence”Pour répondre aux inquiétudes de Paris, Bruxelles a aussi introduit mercredi une “clause de sauvegarde” renforcée concernant les produits sensibles, sorte de “frein d’urgence” en cas d’augmentation soudaine des importations ou baisse des prix.”S’il existe “un préjudice sérieux ou un risque pour l’Union européenne, l’Union, à la suite d’une enquête, peut décider” de limiter ces importations, explique un haut fonctionnaire.S’y ajoute un “engagement politique” de suivi “très serré” de ces marchés, avec rapports semestriels. La Commission s’engage aussi à lancer ces enquêtes “sans délai” et à des mesures provisoires dans les 21 jours, et à le faire dès que sont constatés des mouvements de prix ou de volumes de plus de 10%, une mesure inédite, souligne-t-on à Bruxelles.Enfin, “si jamais dans la situation très improbable où les importations du Mercosur causerait des dommages aux systèmes agricoles, nous avons pris l’engagement d’augmenter les fonds disponibles pour une compensation des agriculteurs dans le cadre de la PAC”, ajoute-t-on.