Test

La Cour internationale de justice sur le point de rendre un avis majeur sur le climat

La plus haute juridiction de l’ONU va rendre mercredi un avis consultatif sans précédent sur les obligations légales des Etats pour freiner le changement climatique, avec une question clé: la responsabilité historique des grands pollueurs sera-t-elle engagée?C’est l’affaire la plus importante jamais entendue par la Cour internationale de justice, basée à La Haye, arguent les experts. “Je pense que cela peut réellement changer la donne dans le débat climatique actuel”, estime Ralph Regenvanu, ministre du Changement climatique du Vanuatu, l’archipel du Pacifique dont sont originaires les étudiants à l’origine de la procédure en 2019, depuis propulsée par un vote de l’Assemblée générale des Nations unies.”Cela fait 30 ans que nous subissons cette situation. Cela va changer le narratif, et c’est ce dont on a besoin”, a-t-il déclaré mardi à l’AFP.L’avis que rendront les juges à 15H00 (13H00 GMT), même s’il ne sera que consultatif, pourrait influencer et remodeler la justice climatique en inspirant des lois et des tribunaux dans le monde entier.”Le changement climatique n’est pas qu’un exercice académique… On le vit au quotidien”, a déclaré à l’AFP l’étudiant fidjien Vishal Prasad, 29 ans, qui a lancé la campagne avec d’autres étudiants de l’université du Pacifique Sud, au Vanuatu.L’avis de la CIJ est “potentiellement l’une des décisions juridiques les plus importantes de notre époque”, affirme Joie Chowdhury, avocate principale à l’ONG CIEL, qui soutient la procédure.Les Nations unies ont chargé les 15 juges de la CIJ de répondre à deux questions.Premièrement: quelles obligations les Etats ont-ils en vertu du droit international de protéger la Terre contre les émissions de gaz à effet de serre, majoritairement générées par la combustion du pétrole, du charbon et du gaz, pour les générations présentes et futures? Deuxièmement, quelles sont les conséquences juridiques de ces obligations pour les Etats dont les émissions ont causé des dommages environnementaux, en particulier envers les Etats insulaires vulnérables de faible altitude?La Cour a dû organiser les plus grandes audiences de son histoire, avec plus de 100 nations et groupes prenant la parole, en décembre au Palais de la Paix.Des pays et militants du climat, frustrés par la lenteur des processus de négociations habituels, se tournent de plus en plus vers les tribunaux – nationaux et internationaux – pour forcer entreprises et Etats à agir, avec déjà quelques décisions en leur faveur.Les COP annuelles ont certes permis d’infléchir les prévisions de réchauffement, mais encore très insuffisamment pour tenir l’objectif limite de 2°C, par rapport à l’ère préindustrielle, fixé par l’accord de Paris de 2015. Le monde en est déjà à au moins 1,3°C de réchauffement.- Disparaître sous les vagues -Comme David contre Goliath, le débat a opposé petits pays en développement et économies avancées. Les grands pollueurs, dont les Etats-Unis et l’Inde, ont mis en garde la Cour et défendu le processus politique existant des COP, par la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques – malgré ses insuffisances. Sans compter que les Etats-Unis se retirent justement de l’accord de Paris sous Donald Trump.Les petits pays réclament aussi le paiement de réparations aux pollueurs historiques, une demande inacceptable pour la plupart des pays riches.”Le principe cardinal est clair comme de l’eau de roche. Les Etats responsables sont tenus de réparer intégralement le préjudice qu’ils ont causé”, a déclaré Margaretha Wewerinke-Singh, du Vanuatu.Ces Etats exigent également un calendrier pour l’élimination des combustibles fossiles, des compensations monétaires le cas échéant ainsi que la reconnaissance des torts passés.”Bien que responsable de moins de 0,01% des émissions de gaz à effet de serre, sur la trajectoire actuelle des émissions, Tuvalu disparaîtra complètement sous les vagues qui clapotent sur nos côtes depuis des millénaires”, a déclaré Eselealofa Apinelu, représentant de l’archipel polynésien. Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas contraignants et les détracteurs affirment que les principaux pollueurs l’ignoreront.Mais le droit international se construit avec de tels avis, explique à l’AFP Andrew Raine, du département juridique de l’ONU Environnement. “Ils clarifient la manière dont le droit international s’applique à la crise climatique, ce qui a des répercussions sur les tribunaux nationaux, les processus législatifs et les débats publics.”

La “gamification”, quand investir sur les marchés financiers devient un jeu

Classement des meilleurs investisseurs, trophées récompensant des opérations, progression par niveaux… certaines plateformes de trading brouillent parfois la frontière entre placements financiers et jeu, afin d’attirer et fidéliser leurs utilisateurs.Ces pratiques poussent les investisseurs “à effectuer des transactions plus souvent que ce qui est dans leur intérêt”, et “dans des produits plus risqués”, a mis en garde fin mai, l’IOSCO, organisation mondiale des régulateurs financiers.La “gamification”, l’application de codes du jeu à d’autres domaines, s’est répandue ces dernières années, du sport à l’apprentissage des langues vivantes, en passant par les applications de GPS.- “Comportements compulsifs” -Mais dans la finance, “l’utilisateur risque d’oublier qu’il dépense du véritable argent”, explique à l’AFP Charles Cuvelliez, professeur à l’Ecole Polytechnique de Bruxelles, spécialiste de la gestion des risques.Ces techniques, “exploitent en effet les biais émotionnels”, comme “les comportements compulsifs, le FOMO (Fear of Missing Out, peur de rater quelque chose, NDLR) ou la volonté de reconnaissance” accroissant le risque “de décisions non rationnelles”, ajoute-t-il.Une étude du régulateur financier britannique FCA a montré que les investisseurs effectuaient 11% de transactions en plus, avec davantage de placements risqués, s’ils étaient gratifiés par un système de points, permettant de gagner des lots.Selon l’AMF, son homologue français, “le recours au vocabulaire du jeu”, via “des classements” ou la “délivrance de récompenses” peut favoriser “une tendance des investisseurs à se tourner vers des instruments aux rendements très incertains et peu prédictibles”.”Un jour, un type me parlait d’une dette de 2.000 euros contractée à cause de produits risqués, proposés par des applis: je lui ai dit qu’il a eu de la chance de ne pas perdre plus”, confirme Dominique, 34 ans, utilisateur de ces applications.Le jeune homme, par ailleurs professionnel dans la finance, participe à un forum en ligne, où les échanges se font dans une ambiance ludique, entre conseils, défis et “mèmes” (images humoristiques, NDLR) sur l’actualité boursière du jour.Certains assument l’aspect de jeu: “ça, c’est pour le casino, pas sûr que je gagne de l’argent”, explique un participant, en parlant d’un produit financier. “C’est vraiment un coup de poker”, souligne un autre. “On est là pour faire fructifier son argent pas pour faire des coups de loto”, s’agace un troisième.- Confettis -“Avec la simplicité de ces applis, il est facile de tomber dans un comportement de parieur”, explique Marius Zoican, professeur de finance à l’Université de Calgary, au Canada. Les plateformes estiment que ce modèle permet de démocratiser les marchés. “Nous avons rendu l’investissement plus simple, mais nous savons que ce n’est pas un jeu”, avait assuré en 2021, devant le Congrès américain Vlad Tenev, patron de Robinhood, société particulièrement décriée.L’entreprise a dû payer l’an dernier 7,5 millions de dollars, et retirer un système de récompenses basé sur des confettis apparaissant à l’écran après les achats de ses clients, suite aux poursuites du régulateur financier de l’Etat américain du Massachusetts.Mais “les applications trouveront toujours une nouvelle manière de faire”, explique Marius Zoican, ces dernières ayant “besoin d’une masse d’utilisateurs qui échangent beaucoup, pour être rentables” car elles “font payer peu ou pas de commissions”.Ce phénomène remodèle les marchés: les particuliers représentent désormais 20,5% du volume quotidien des flux d’actions aux Etats-Unis, contre 10% en 2010, et ont même dépassé les investisseurs institutionnels (15%), selon un rapport publié en juin par Jefferies.La remontée spectaculaire des actions à Wall Street, après leur plongeon provoqué par les droits de douane annoncés aux Etats-Unis début avril, est d’ailleurs “le fait des investisseurs individuels”, explique Aymeric Gastaldi, gérant actions internationales chez Edmond de Rothschild.Ces derniers ont pratiqué “le buy the dip”, une stratégie risquée, très répandue dans l’univers des investisseurs particuliers, qui consiste à acheter en masse un actif après une forte baisse de son prix, dans l’espoir qu’il remontera par la suite.Quitte à oublier parfois ce qui se cache derrière ces actifs: “on observe des échanges très importants sur des cryptomonnaies ou certains titres peu chers d’entreprises sur lesquelles on dispose de très peu d’informations. Ce n’est souvent que du jeu, du pari”, relève M. Zoican.

“Tellement trumpien!”: l’accord Japon-USA accueilli avec flegme dans une usine de couteaux japonais

Dans la ville japonaise de Seki, célèbre pour ses couteaux artisanaux au tranchant redoutable, les artisans locaux ne se disent pas tellement surpris par l’accord commercial conclu par Tokyo et Washington – tant ils jugeaient intenables les surtaxes douanières que Donald Trump avait menacé d’imposer.Les pourparlers commerciaux entre les deux puissances avaient été suivis de près à Seki (centre du Japon), où l’art de la coutellerie remonte à 700 ans: selon les autorités locales, environ 40% des couteaux fabriqués dans la ville sont exportés vers les États-Unis.Washington menaçait d’imposer aux produits japonais des surtaxes douanières “réciproques” de 25% à compter du 1er août: selon l’accord annoncé mercredi, ces surtaxes seront finalement ramenées à 15%.”Des droits de douane plus bas, c’est bien mieux”, réagit Katsumi Sumikama, directeur de la coutellerie Sumikama à Seki. “Mais je ne suis pas si surpris” par cet accord, ajoute-t-il.”Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, mais j’ai l’impression que Trump considérait peut-être que des droits de douane de 15% étaient finalement acceptables, et qu’il a délibérément proposé un taux plus élevé dès le départ” pour se donner un levier de négociation, confie-t-il à l’AFP.”Ensuite, à mesure que les négociations ont avancé, il a voulu donner une bonne image au public en le faisant passer de 25 à 15%. Ce genre de stratégie serait tellement trumpien!”, ajoute M. Sumikama.Donald Trump, qui a qualifié l’accord avec le Japon d'”énorme”, a promis d’imposer des droits “réciproques” et punitifs à des dizaines de pays s’ils ne concluaient pas des accords d’ici fin juillet. Outre le Japon, Washington assure s’être entendu avec le Royaume-Uni, le Vietnam, l’Indonésie et les Philippines.-“On a traversé la tempête”-Jusqu’ici, l’attention médiatique s’était surtout portée sur l’impact des surtaxes américaines sur les géants japonais de l’automobile comme Toyota, ainsi que sur l’acier nippon – déjà surtaxé à 50% par Washington – ou le riz américain, dont M. Trump veut doper les exportations vers le Japon.Mais les couteaux japonais ne sont pas épargnés par la bataille commerciale: ils se sont imposés ces dernières années comme des objets de luxe incontournables dans les cuisines du monde entier, notamment aux États-Unis, dopés par l’attrait pour le “fait maison” pendant la pandémie.Si Donald Trump “essaie de rendre l’Amérique plus forte en augmentant délibérément les droits de douane”, il devrait comprendre que “les problèmes ne se résolvent pas par des moyens aussi simples”, commente Katsumi Sumikama.Au final, “ce sont les Américains qui devront supporter le fardeau de la hausse des coûts”, estime-t-il.La fabrication de lames à Seki remonte au XIVe siècle, lorsque cette ville nichée dans les montagnes de la région de Gifu est devenue un grand centre de production de sabres grâce à un environnement naturel favorable.Aujourd’hui, les couteaux de Seki sont prisés pour leur précision, leur finition élégante et leur grande longévité, et le boom touristique au Japon profite aussi à des entreprises comme celle de M. Sumikama.Les exportations vers l’Amérique du Nord — y compris le Canada — ne représentent néanmoins qu’environ 5% du chiffre d’affaires de l’entreprise en valeur, qui vend davantage de ses couteaux en Europe et en Asie.M. Sumikama, âgé d’une soixantaine d’années, assure cependant qu’il ne prévoyait pas d’augmenter ses prix pour le marché américain, même avant l’accord commercial de mercredi.L’industrie de Seki a “traversé la tempête” au fil des décennies, observe-t-il, y compris à des périodes de fortes fluctuations du taux de change, où le dollar valait tantôt 80 yens, tantôt plus de 300 yens.Les clients américains, de leur côté, ont aussi survécu à des crises majeures comme celle de 2008, ce qui fait qu’ils “ne sont pas du tout inquiets” des surtaxes douanières, insiste-t-il.La coutellerie Sumikama, qui emploie une trentaine de personnes, vante ses machines garantissant une précision au millième de millimètre pour fabriquer ses couteaux, terminés à la main par des artisans. “Chaque pays a ses forces et ses faiblesses”, souligne M. Sumikama. “Même si le président Trump dit aux gens (aux Etats-Unis) de fabriquer des couteaux japonais, ils n’y arriveront pas”.

Exploration minière sous-marine: un entrepreneur se réjouit du soutien de Trump

Aux îles Cook, dans le Pacifique Sud, la société Moana Minerals envisage de s’attaquer à l’exploitation minière en eaux profondes d’ici 2030, encouragée par le récent soutien de Donald Trump à ce secteur très critiqué.Moana Minerals souhaite extraire des nodules polymétalliques, sortes de galets posés sur les fonds marins.Ils sont riches en minéraux comme le manganèse, le nickel, le cobalt, le cuivre ou les terres rares, prisées pour les véhicules électriques, panneaux solaires, mais aussi smartphones et ordinateurs portables.Le lancement de l’exploitation a été entravé par des appels de plus en plus nombreux à l’interdire, jusqu’à ce que son impact sur l’environnement soit clairement établi scientifiquement.Mais le patron de Moana Minerals, Hans Smit, a déclaré qu’un nouvel élan était en train de se créer, stimulé par le soutien du président américain Trump.Ce dernier a signé en début d’année un décret visant à “libérer” les ressources minières logées dans les profondeurs des océans.”Ce qu’il a fait, c’est charger ses collaborateurs de se pencher sérieusement sur la question”, lâche M. Smit.Les Etats-Unis et la Chine ont tous deux manifesté un regain d’intérêt pour l’exploitation minière en eaux profondes, qui pourrait leur offrir un approvisionnement en minéraux critiques les protégeant de futures perturbations commerciales.Et Donald Trump souhaite vivement affaiblir la mainmise de la Chine sur les terres rares.- Pas d’approbation -Les îles Cook, qui revendiquent l’un des plus grands gisements de nodules polymétalliques au monde, ont signé au début de l’année un accord controversé de coopération avec la Chine dans le domaine de l’exploitation minière en eaux profondes.”Les gens qui crient après les îles Cook parce qu’elles ont discuté avec les Chinois, j’ai quelque chose de très simple à leur dire: si vous voulez contrer les Chinois, bougez-vous le cul et agissez de manière proactive”, lance Hans Smit.Les Kiribati, voisines des îles Cook dans le Pacifique, envisagent également de conclure un accord avec la Chine pour l’exploitation des ressources minières en eaux profondes.L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) régit l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales et se réunit ce mois-ci afin d’élaborer des règles pour l’exploitation de la “zone de fracture de Clipperton”, dans l’océan Pacifique.La société canadienne The Metals Company a indiqué qu’elle pourrait aller de l’avant et commencer à exploiter les eaux internationales sans l’approbation de l’Autorité.A la place, elle a demandé un permis d’exploitation minière en vertu de la réactivation par Donald Trump d’une loi américaine de 1980.”Je peux comprendre pourquoi la Metals Company a agi de la sorte”, a déclaré M. Smit.Jusqu’à présent, les autorités des îles Cook ont fait savoir que leur approche de l’exploitation minière, même dans leurs propres eaux, serait étroitement “alignée” sur les règles de l’AIFM.Mais “nous ne fixons pas de calendrier pour le démarrage de cette activité”, a déclaré Edward Herman, de l’Autorité des minéraux des fonds marins des îles Cook, une agence publique.”Je pense que les délais seront fixés en fonction des résultats de la recherche, de la science et des données”, a-t-il ajouté.

Assouplissant ou shampoing: avec les futurs “nez” qui créent les parfums du quotidien

Dans les laboratoires du chimiste allemand Symrise, l’odeur d’agrumes imprègne les blouses d’une poignée de futurs “nez” formés à créer des parfums de lessive ou de shampoing dont la complexité n’a rien à envier aux plus luxueuses fragrances.Ces héros méconnus du linge qui sent bon influencent les émotions de millions de consommateurs pour lesquelles l’odeur d’un article est souvent un critère d’achat déterminant.Un savoir-faire qui s’apprend dans l’école de parfumerie intégrée à la multinationale Symrise, l’un des cinq plus gros fabricants mondiaux de fragrances et d’arômes pour produits ménagers, corporels ou alimentaires.Au siège de l’entreprise à Holzminden, près de Hanovre (centre), chaque matin donne lieu au même exercice: reconnaître à l’aveugle une douzaine de senteurs parmi des dizaines de flacons étiquetés de matières premières – calone, aldéhyde, rose et autres muscs synthétiques.”C’est comme accorder un instrument de musique” avant de jouer, sourit Alicia De Benito Cassado, espagnole de 32 ans, ancienne pianiste professionnelle reconvertie dans les études de parfumerie. “Une odeur désagréable aide aussi à se découvrir”, explique-t-elle. Adolescente, elle composait des parfums fantaisistes pour les accorder à ses propres poèmes et morceaux de musique.Aujourd’hui, ce qui compte pour elle est de “créer des senteurs fortes, belles, puissantes — et abordables” pour les clients, résume-t-elle.- Reconnaître 500 odeurs -La complexité du métier surprend, justifiant une formation de trois ans : l’odeur d’un assouplissant peut comprendre “jusqu’à 80 ingrédients, bien plus qu’un parfum corporel de luxe”, souligne Attiya Setai, étudiante sud-africaine de 27 ans.Un bon “nez” devrait pouvoir reconnaître plus d’un millier de senteurs à l’aveugle, “mais connaître environ 500 matières par cÅ“ur suffit pour la majorité du travail quotidien”, explique Shangyun Lyu, étudiant chinois de 31 ans.Enfant, il assimilait la senteur envoûtante du jasmin à une jolie fleur. Aujourd’hui, il dit “reconnaître les molécules chimiques qui en forment le parfum”.Peser au milligramme près, mélanger, sentir, recommencer… Les étudiants ont reproduit des formules de produits existants pour comprendre leur structure et aller plus loin : “Il y a une vérité dans le cÅ“ur de chaque parfum, mais aussi de l’innovation à apporter”, explique Alicia.Elle cite des matières comme l’Å“illet ou la rose qui “peuvent sembler démodées, mais qu’on peut toujours réinventer”.- Créer sous contraintes -Dans leur élans créatifs, les “nez” doivent composer avec la réglementation : “il faut souvent remplacer des ingrédients interdits par de nouvelles molécules plus durables”, explique Attiya. Par exemple, le lilial, prisé pour ses notes de muguet mais reconnu comme allergène cutané, est interdit depuis 2022 dans l’Union européenne.Autre enjeu, les parfums des produits ménagers et cosmétiques doivent coller aux goûts de chaque marché : “ quelque chose de vieillot quelque part peut sembler nouveau ailleurs”, constate Shangyun.En Chine, un shampoing inspiré du parfum Coco Mademoiselle, de Chanel, et enrichi en patchouli a séduit une jeune clientèle, alors que ce style paraît daté en Europe.L’environnement joue aussi un rôle important dans le développement des parfums industriels. Symrise se sert des résines de bois non utilisées par l’industrie papetière pour en extraire des matières premières aromatiques, un choix “à la fois économiquement et écologiquement judicieux”, affirme le maître parfumeur, Marc vom Ende, 56 ans, qui encadre les jeunes recrues. Au-delà des matières premières, le métier de parfumeur est avant tout un travail d’équipe : “il est crucial que plusieurs personnes sentent un parfum, car chacun le perçoit différemment”.A cet égard, “former ces esprits créatifs, chacun ayant sa propre idée, n’est pas toujours simple!”, explique-t-il.Pour les accompagner, l’intelligence artificielle entre désormais en jeu, aidant à prédire quelles fragrances pourraient rencontrer le succès. Mais “à la fin, le nez aura toujours le dernier mot”, assure M. vom Ende.Les apprentis, cinq pour la promotion qui vient d’achever sa formation, vont s’envoler pour mettre leur “nez” au service du groupe, implanté à l’international : Alicia à Mexico, Attiya à Sao Polo et Shangyun au New Jersey.Le métier reste rare : environ 500 parfumeurs exercent dans le secteur, dont 80 chez Symrise, qui compte 13.000 salariés et commercialise 30.000 produits : pour moitié des parfums fins et industriels, pour moitié des arômes alimentaires, le second pilier du groupe.

Roche: homologation dans l’UE d’un traitement contre le cancer du sein

Le géant pharmaceutique suisse Roche a annoncé mercredi avoir obtenu l’homologation dans l’Union européenne d’un nouveau traitement contre le cancer du sein mais aussi le marquage CE pour un test de diagnostic de la maladie d’Alzheimer. La Commission européenne a donné son feu vert à inavolisib, commercialisé sous le nom d’Itovebi pour une forme avancée ou métastatique de cancer du sein, en association avec palbociclib et fulvestrant, a indiqué le groupe suisse dans un communiqué. L’autorisation a été donnée sur la base d’une étude de phase III qui a démontré une réduction de 57% du risque d’aggravation de la maladie ou de décès.Approuvé en octobre aux Etats-Unis, ce traitement est destiné à un sous-type très répandu de la maladie. Il est indiqué pour le cancer du sein “positif pour les récepteurs hormonaux (RH positif) et négatif pour le récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2 négatif)” et est utilisé “lorsque le cancer du sein présente une mutation du gène PIK3CA”, précise le site de Swissmedic, l’autorité suisse de santé, qui l’a de son côté autorisé fin janvier. Dans un communiqué séparé, Roche, qui est également actif dans les diagnostics, a annoncé avoir obtenu le marquage de conformité européenne CE pour un test de dépistage de la maladie d’Alzheimer.Développé avec le laboratoire américain Eli Lilly, ce test sanguin a été conçu pour permettre aux médecins d’écarter le fait qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer lorsque des patients présentent des symptômes de déclin cognitif. Appelé Elecsys pTau181, il permet d’identifier un des biomarqueurs de la maladie. Il permet aux médecins d’établir si la maladie est ou non la cause du déclin cognitif, et si d’autres tests sont nécessaires ou pas, et donc d’éviter aux patients des tests inutiles et invasifs. Dans le communiqué, Roche souligne que jusqu’à 75% des personnes présentent des symptômes sans être diagnostiquées et qu’il faut souvent près de trois ans avant que les patients soient diagnostiqués après l’apparition de la maladie. Roche doit publier jeudi ses résultats semestriels. Numéro un mondial de l’oncologie, il dispose de plusieurs traitements contre le cancer du sein, dont Perjeta et Phesgo. A côté de sa division pharmaceutique, il s’appuie également sur une division spécialisée dans les tests de diagnostic qui a contribué à près du quart de son chiffre d’affaires en 2024.

La Bourse de Paris salue l’accord commercial entre le Japon et les Etats-Unis

La Bourse de Paris évolue en nette hausse mercredi, portée par l’optimisme après la conclusion d’un accord commercial sur les droits de douane entre les Etats-Unis et le Japon, tandis que la saison des résultats bat son plein.Vers 10H00 (heure locale) le CAC 40 prenait 1,06% à 7.826,14 points, en hausse de 81,34 points. La veille, l’indice vedette français avait cédé 0,69%, à 7.744,41 points.Les marchés sont “soutenus par l’accord commercial conclu entre les Etats-Unis et le Japon”, selon John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank.Le président américain Donald Trump a annoncé la conclusion d’un accord commercial “énorme” avec le Japon, abaissant à 15% la surtaxe douanière sur les produits de l’archipel exportés aux Etats-Unis, en deçà de la surtaxe “réciproque” de 25% qui menaçait Tokyo au 1er août.A l’approche de la date butoir du 1er août fixé par l’administration américaine, cette annonce “fait naître l’espoir que les États-Unis pourraient être sur le point de conclure des accords avec d’autres pays”, expliquent les analystes de la Deutsche Bank.Cela “confirme que les discussions peuvent être fructueuses et ne sont pas vaines. Les investisseurs espèrent désormais ce matin que l’accord japonais serve de modèle pour un accord avec l’Union européenne”, explique Jochen Stanzl, de CMC Markets.Côté obligataire, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait 3,28%, contre 3,26% la veille en clôture, avant la réunion jeudi de la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait opter pour le statu quo monétaire.Les investisseurs doivent également digérer une série de résultats d’entreprises en Europe, avant une salve de publications aux Etats-Unis, avec notamment deux mastodontes américains, Alphabet et Tesla.Dassault Aviation et Thales cèdent du terrainL’avionneur français cédait 5,31% à 271,00 euros, après avoir vu son bénéfice net reculer de 30% à 334 millions d’euros au premier semestre, sous l’effet notamment “de la surtaxe d’impôt” sur les sociétés appliquée en France en 2025.L’industriel français de défense Thales recule aussi (-1,64% à 239,90 euros), malgré un chiffre d’affaires en hausse de 8,1% sur un an au premier semestre 2025, à 10,26 milliards d’euros, légèrement supérieur au consensus des analystes.Alstom en hausseAlstom prenait 2,48% à 21,50 euros, après avoir fait état d’un chiffre d’affaires en hausse de 2,8% au premier trimestre de son exercice décalé 2025/2026, à 4,5 milliards d’euros. Le constructeur ferroviaire a vu ses commandes grimper de 11,8% à plus de 4 milliards d’euros sur la période, signant ainsi “un bon début d’exercice”, a indiqué le groupe mercredi.L’automobile vrombitL’accord entre le Japon et les Etats-Unis prévoit que les droits de douane déjà imposés aux exportations automobiles japonaises vers les Etats-Unis soient ramenés à 15%: soit une division par deux de la surtaxe actuelle de 25%.Ces informations ont provoqué une envolée des titres du secteur sur l’ensemble des Bourses mondiales.A Paris, Stellantis (+5,96% à 8,36 euros) et Renault (+3,15% à 34,10 euros) en profitent particulièrement.

Commerce: Trump annonce un accord “énorme” avec le Japon, frappé d’une surtaxe douanière à 15%

Le président américain Donald Trump a annoncé la conclusion d’un accord commercial “énorme” avec le Japon, avec un allègement significatif pour les automobiles nippones, alors même qu’un compromis reste encore incertain avec l’UE, le Mexique ou le Canada d’ici la date-butoir du 1er août.”Nous venons juste de conclure un énorme accord commercial avec le Japon”, a indiqué mardi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, le qualifiant de “sans précédent”.”Le Japon paiera des droits de douane réciproques de 15% aux Etats-Unis”, a-t-il indiqué, bien en-deçà de la surtaxe de 25% dont l’archipel était menacé au 1er août.Le Japon, bien qu’allié-clé des Etats-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane de base de 10% que la plupart des nations, ainsi qu’à des surtaxes de 25% sur les voitures et de 50% sur l’acier et l’aluminium.Cet accord avec Tokyo va entraîner la création de “centaines de milliers d’emplois”, a ajouté M. Trump, mentionnant des investissements japonais à hauteur de “550 milliards de dollars” sur le sol américain, sans détail si ce n’est que “90% des bénéfices seraient perçus par les Etats-Unis”.”Nous pensons que c’est une grande réussite d’avoir pu obtenir la plus grande réduction (des surtaxes) parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis”, s’est félicité le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.L’annonce intervient alors que le négociateur Ryosei Akazawa effectuait son huitième voyage à Washington. “Mission accomplie”, s’est-il réjoui. – Automobile soulagée -Selon M. Trump, le Japon a accepté de s’ouvrir “au commerce des voitures et des pick-ups, du riz et d’un certain nombre d’autres produits agricoles” venant des Etats-Unis.Sur l’automobile qui représente 8% des emplois dans l’archipel, l’enjeu était de taille: elle constituait l’an dernier presque 30% des exportations du Japon vers les Etats-Unis. Or, à la suite des surtaxes de 25% imposées depuis avril, ces exportations ont dégringolé d’un quart sur un an en mai et en juin.Selon M. Ishiba, l’accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s’ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5% pour parvenir à une taxation finale de 15%.Les actions des constructeurs nippons se sont envolés mercredi, Toyota gagnant 14,34%, Nissan 8,28% et Honda 11,14%. La Bourse de Tokyo a, elle, clôturé en hausse de 3,51%, tandis que les marchés européens ont aussi salué la nouvelle par une hausse à l’ouverture.”Je me félicite vivement que cette étape majeure ait été franchie et dissipe l’incertitude qui préoccupait les entreprises privées”, a réagi Tatsuo Yasunaga, président du Conseil du commerce extérieur réunissant les firmes exportatrices nippones.Mais “sur la base des informations disponibles, il est difficile d’évaluer clairement l’impact (…). Nous souhaitons que le tableau général soit clarifié au plus vite”, a-t-il prévenu.Par ailleurs, gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux.”Nous avons poursuivi les négociations pour parvenir à un accord répondant à l’intérêt national du Japon et des États-Unis” et “rien n’impose des sacrifices à nos agriculteurs”, a affirmé mercredi M. Ishiba.Le Japon importe actuellement jusqu’à 770.000 tonnes de riz exemptés de droits de douane et pourrait importer davantage de céréales américaines dans cette limite -au détriment d’autres origines-, a-t-il expliqué.En revanche, les surtaxes américaines de 50% sur l’acier et l’aluminium ne sont pas concernées par l’accord, pas davantage que les dépenses de défense du Japon dont M. Trump réclame le renforcement, a précisé Ryosei Akazawa.- L’Europe “demain” -Washington entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes dites “réciproques”, initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de ses partenaires commerciaux, à moins que ces derniers ne concluent d’ici là des accords avec les Etats-Unis.L’administration Trump compte pour l’heure quatre de ces accords à son actif: outre le Japon, le président américain a annoncé mardi en avoir conclu un avec les Philippines. Les Etats-Unis se sont par ailleurs déjà entendus avec le Royaume-Uni et le Vietnam.Et M. Trump a détaillé mardi les conditions d’un accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire.”L’Europe viendra demain et, le jour suivant, nous en avons d’autres qui viennent”, a même assuré Donald Trump mardi devant des sénateurs républicains. M. Trump a décrété des droits de douane de 30% sur toutes les importations venant de l’UE et du Mexique à compter du 1er août. Le Canada encourt 35% de surtaxe et le Brésil 50%.Après une montée des tensions, les Etats-Unis se sont par ailleurs entendus sur une désescalade avec la Chine, qui dans la foulée de l’accord avec le Japon, a appelé à une résolution par un “dialogue équitable” et a affirmé sa volonté de “renforcer le consensus”.es-elm-hih-nf-kh-jug/cg/vgu/abx

Assouplissant ou shampoing : avec les futurs “nez” qui créent les parfums du quotidien

Dans les laboratoires du chimiste allemand Symrise, l’odeur d’agrumes imprègne les blouses d’une poignée de futurs “nez” formés à créer des parfums de lessive ou de shampoing dont la complexité n’a rien à envier aux plus luxueuses fragrances.Ces héros méconnus du linge qui sent bon influencent les émotions de millions de consommateurs pour lesquelles la senteur d’un article est souvent un critère d’achat déterminant.Un savoir-faire qui s’apprend dans l’école de parfumerie intégrée à la multinationale Symrise, l’un des cinq plus gros fabricants mondiaux de fragrances et d’arômes pour produits ménagers, corporels ou alimentaires.Au siège de l’entreprise à Holzminden, près de Hanovre (centre), chaque matin donne lieu au même exercice : reconnaître à l’aveugle une douzaine de senteurs parmi de dizaines de flacons étiquetés de matières premières – calone, aldéhyde, rose et autres muscs synthétiques.”C’est comme accorder un instrument de musique” avant de jouer, sourit Alicia De Benito Cassado, espagnole de 32 ans, ancienne pianiste professionnelle reconvertie dans les études de parfumerie. “Une odeur désagréable aide aussi à se découvrir”, explique-t-elle. Adolescente, elle composait des parfums fantaisistes pour les accorder à ses propres poèmes et morceaux de musique.Aujourd’hui, ce qui compte pour elle est de “créer des senteurs fortes, belles, puissantes — et abordables” pour les clients, résume-t-elle.- Reconnaître 500 odeurs -La complexité du métier surprend, justifiant une formation de trois ans : l’odeur d’un assouplissant peut comprendre “jusqu’à 80 ingrédients, bien plus qu’un parfum corporel de luxe”, souligne Attiya Setai, étudiante sud-africaine de 27 ans.Un bon “nez” devrait pouvoir reconnaître plus d’un millier de senteurs à l’aveugle, “mais connaître environ 500 matières par cÅ“ur suffit pour la majorité du travail quotidien”, explique Shangyun Lyu, étudiant chinois de 31 ans.Enfant, il assimilait la senteur envoûtante du jasmin à une jolie fleur. Aujourd’hui, il dit “reconnaitre les molécules chimiques qui en forment le parfum”.Peser au milligramme près, mélanger, sentir, recommencer… Les étudiants ont reproduit des formules de produits existants pour comprendre leur structure et aller plus loin : “Il y a une vérité dans le cÅ“ur de chaque parfum, mais aussi de l’innovation à apporter”, explique Alicia.Elle cite des matières comme l’Å“illet ou la rose qui “peuvent sembler démodées, mais qu’on peut toujours réinventer”.- Créer sous contraintes -Dans leur élans créatifs, les “nez” doivent composer avec la réglementation : “il faut souvent remplacer des ingrédients interdits par de nouvelles molécules plus durables”, explique Attiya. Par exemple, le lilial, prisé pour ses notes de muguet mais reconnu comme allergène cutané, est interdit depuis 2022 dans l’Union européenne.Autre enjeu, les parfums des produits ménagers et cosmétiques doivent coller aux goûts de chaque marché : “ quelque chose de vieillot quelque part peut sembler nouveau ailleurs”, constate Shangyun.En Chine, un shampoing inspiré du parfum Mademoiselle Coco et enrichi en patchouli a séduit une jeune clientèle, alors que ce style paraît daté en Europe.L’environnement joue aussi un rôle important dans le développement des parfums industriels. Symrise se sert des résines de bois non utilisées par l’industrie papetière pour en extraire des matières premières aromatiques, un choix “à la fois économiquement et écologiquement judicieux”, affirme le maître parfumeur, Marc vom Ende, 56 ans, qui encadre les jeunes recrues. Au-delà des matières premières, le métier de parfumeur est avant tout un travail d’équipe : “il est crucial que plusieurs personnes sentent un parfum, car chacun le perçoit différemment”.A cet égard, “former ces esprits créatifs, chacun ayant sa propre idée, n’est pas toujours simple!”, explique-t-il.Pour les accompagner, l’intelligence artificielle entre désormais en jeu, aidant à prédire quelles fragrances pourraient rencontrer le succès. Mais “à la fin, le nez aura toujours le dernier mot”, assure M. vom Ende.Les apprentis, cinq pour la promotion qui vient d’achever sa formation, vont s’envoler pour mettre leur “nez” au service du groupe, implanté à l’international : Alicia à Mexico, Attiya à Sao Polo et Shangyun au New Jersey.Le métier reste rare : environ 500 parfumeurs exercent dans le secteur, dont 80 chez Symrise, qui compte 13.000 salariés et commercialise 30.000 produits : pour moitié des parfums fins et industriels, pour moitié des arômes alimentaires, le second pilier du groupe.

La Cour internationale de justice va rendre un avis majeur sur le climat

La plus haute juridiction de l’ONU va rendre mercredi un avis consultatif sans précédent sur les obligations légales des Etats pour freiner le changement climatique, avec une question clé: la responsabilité historique des grands pollueurs sera-t-elle engagée?C’est l’affaire la plus importante jamais entendue par la Cour internationale de justice, basée à La Haye, arguent les experts. Elle a été lancée en 2019 par des étudiants d’un petit archipel du Pacifique, Vanuatu, et propulsée par un vote de l’Assemblée générale des Nations unies.L’avis que rendront les juges à 15H00 (13H00 GMT), même s’il ne sera que consultatif, pourrait influencer et remodeler la justice climatique en inspirant des lois et des tribunaux dans le monde entier.”Le changement climatique n’est pas qu’un exercice académique… On le vit au quotidien”, a déclaré à l’AFP l’étudiant fidjien Vishal Prasad, 29 ans, qui a lancé la campagne avec d’autres étudiants de l’université du Pacifique Sud, au Vanuatu.L’avis de la CIJ est “potentiellement l’une des décisions juridiques les plus importantes de notre époque”, affirme Joie Chowdhury, avocate principale à l’ONG CIEL, qui soutient la procédure.Les Nations unies ont chargé les 15 juges de la CIJ de répondre à deux questions.Premièrement: quelles obligations les Etats ont-ils en vertu du droit international de protéger la Terre contre les émissions de gaz à effet de serre, majoritairement générées par la combustion du pétrole, du charbon et du gaz, pour les générations présentes et futures? Deuxièmement, quelles sont les conséquences juridiques de ces obligations pour les Etats dont les émissions ont causé des dommages environnementaux, en particulier envers les Etats insulaires vulnérables de faible altitude?La Cour a dû organiser les plus grandes audiences de son histoire, en décembre au Palais de la Paix.Des pays et militants du climat, frustrés par la lenteur des processus de négociations habituels, se tournent ainsi de plus en plus vers les tribunaux – nationaux et internationaux – pour forcer entreprises et Etats à agir, avec déjà quelques décisions en leur faveur.Les COP annuelles ont certes permis d’infléchir les prévisions de réchauffement, mais encore très insuffisamment pour tenir l’objectif limite de 2°C, par rapport à l’ère préindustrielle, fixé par l’accord de Paris de 2015. Le monde en est déjà à au moins 1,3°C de réchauffement.- Disparaître sous les vagues -Comme David contre Goliath, le débat a opposé petits pays en développement et économies avancées. Les grands pollueurs, dont les Etats-Unis et l’Inde, ont mis en garde la Cour et défendu le processus politique existant des COP, par la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques — malgré ses insuffisances. Sans compter que les Etats-Unis se retirent justement de l’accord de Paris sous Donald Trump.Les petits pays réclament aussi le paiement de réparations aux pollueurs historiques, une demande inacceptable pour la plupart des pays riches.”Le principe cardinal est clair comme de l’eau de roche. Les Etats responsables sont tenus de réparer intégralement le préjudice qu’ils ont causé”, a déclaré Margaretha Wewerinke-Singh, du Vanuatu.Ces Etats exigent également un calendrier pour l’élimination des combustibles fossiles, des compensations monétaires le cas échéant ainsi que la reconnaissance des torts passés.”Bien que responsable de moins de 0,01% des émissions de gaz à effet de serre, sur la trajectoire actuelle des émissions, Tuvalu disparaîtra complètement sous les vagues qui clapotent sur nos côtes depuis des millénaires”, a déclaré Eselealofa Apinelu, représentant de l’archipel polynésien. Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas contraignants et les détracteurs affirment que les principaux pollueurs l’ignoreront.Mais le droit international se construit avec de tels avis, explique à l’AFP Andrew Raine, du département juridique de l’ONU Environnement. “Ils clarifient la manière dont le droit international s’applique à la crise climatique, ce qui a des répercussions sur les tribunaux nationaux, les processus législatifs et les débats publics”.