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Les Etats-Unis dans leur deuxième semaine d’un blocage budgétaire qui promet de durer

Le blocage budgétaire aux Etats-Unis est entré lundi dans sa deuxième semaine avec toujours aucune issue en vue, et alors que la Maison Blanche a menacé de nouveau de licencier des fonctionnaires si l’opposition démocrate ne cédait pas.Chaque camp s’arcboute sur ses positions et se rejette la faute depuis que les Etats-Unis sont entrés mercredi en situation de “shutdown”, avec à la clé du chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires.Si Donald Trump avait affirmé dimanche que les licenciements purs et simples de fonctionnaires avaient commencé conformément à ses menaces, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé lundi que le président américain faisait en réalité référence au chômage technique. “Mais hélas, si ce +shutdown+ continue, des licenciements en seront une conséquence malheureuse”, a-t-elle prévenu.- “Inconcevable” -Les fonctionnaires fédéraux se trouvent au premier rang des personnes les plus touchées par le blocage. Même s’ils échappent au licenciement, leur paie est différée jusqu’à ce qu’un budget soit adopté au Congrès, qu’ils soient au chômage technique ou non. Un manque à gagner conséquent pour ces plus de deux millions de fonctionnaires si la situation venait à durer.Pour sortir de la crise, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre, tandis que les démocrates insistent pour obtenir la prolongation de certains programmes d’assurance santé pour les plus démunis.”Il est bien possible que ce +shutdown+ se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours”, estime Andrew Koneschusky, ancien conseiller du ténor démocrate Chuck Schumer.”Les deux bords campent sur leurs positions” et “aucun ne semble prêt à céder”, explique-t-il à l’AFP.Mais pour Michael Strain, économiste au centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, il est “inconcevable” que le blocage dure plusieurs mois. Il cite notamment l’absence de solde pour les militaires — dans un pays où ceux-ci ont une place particulière dans l’esprit du grand public — comme un élément majeur de la pression politique que subiront les élus pour sortir de la crise.Outre l’impact sur les fonctionnaires, les Américains qui comptent prendre l’avion prochainement pourraient subir des perturbations en raison d’un manque d’agents de sécurité des transports ou de contrôleurs aériens, entraînant retards et annulations.- “Souffrance maximale” -A son sixième jour lundi, le “shutdown” en cours est encore loin du record. Entre décembre 2018 et janvier 2019, déjà sous Donald Trump, le précédent blocage avait duré 35 jours.Cependant, le président républicain, qui a gelé ces derniers jours des projets d’infrastructures dans des Etats démocrates, applique aujourd’hui une stratégie de “souffrance maximale” envers l’opposition, selon les termes de certains observateurs.L’intransigeance du président républicain constitue une raison majeure de croire que le record de durée puisse tomber, explique James Druckman, professeur de sciences politiques à l’université de Rochester.”L’administration Trump considère qu’elle dispose d’un mandat sans contrôle, et par conséquent ne se prête généralement pas au compromis”, souligne-t-il auprès de l’AFP.De leur côté, “les démocrates ont été critiqués pour ne pas s’être battus de manière suffisamment forte” contre Donald Trump, rappelle le professeur.En mars dix sénateurs démocrates avaient voté à contrecoeur pour un texte républicain afin d’éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué la colère de nombreux militants et sympathisants démocrates, qui les accusaient de plier face au président.En définitive, ce “compromis n’a produit aucun effet positif pour les démocrates”, analyse James Druckman. Alors cette fois-ci, “ils sont plus enclins à tenir bon”.Malgré tout, les républicains espèrent bien faire céder suffisamment de sénateurs démocrates pour atteindre le seuil de 60 voix, synonyme de fin du blocage. Vendredi, leur texte n’en avait récolté que 54, dont trois de l’opposition. Un nouveau vote est prévu lundi en début de soirée, sans qu’une percée ne soit attendue pour autant.

La Bourse de Paris flanche après la démission de Lecornu

La Bourse de Paris a terminé en nette baisse lundi, les investisseurs digérant la démission du Premier ministre français Sébastien Lecornu après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Le CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, a terminé en baisse de 1,36%, soit une forte perte de 109,76 points, pour s’établir à 7.971,78 points à la clôture.Après l’annonce dimanche soir de la composition de son gouvernement, immédiatement critiqué et menacé d’implosion, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a présenté lundi matin, environ 14 heures plus tard, sa démission au président français Emmanuel Macron.”Les inquiétudes grandissent quant à la nature précaire du système politique français alors que le pays est à nouveau à la recherche d’un nouveau Premier ministre”, commente Danni Hewson, responsable de l’analyse financière chez AJ Bell.”La grande question est de savoir ce qui va se passer ensuite, car après cinq Premiers ministres en deux ans, trouver une solution viable – même temporaire – est devenu de plus en plus difficile”, poursuit-il.Le CAC 40 creuse l’écart avec ses homologues européens, affichant “un retard marqué depuis le début de l’année”, relève Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.L’indice vedette de la Bourse de Paris s’est en effet octroyé 8,01% depuis le 1er janvier, pendant que le Dax de Francfort évolue proche de ses sommets et a gagné 22,45% sur la même période, et que le FTSE 100 à Londres enchaine les records en séance, prenant 15,98% depuis le début de l’année.Les banques françaises dans le rougeParmi les actions les plus affectées par la crise politique française figurent les banques: Société Générale a terminé en forte baisse de 4,23% à 54,32 euros, Crédit Agricole a lâché 3,43% à 16,34 euros et BNP Paribas a cédé 3,21% à 75,50 euros.”Les détenteurs d’une bonne partie de la dette française sont les banques françaises”, explique Philippe Cohen, gérant de portefeuilles chez Kiplink. Les cours des banques françaises, très sensibles au coût de la dette françaises, n’ont pas résisté à la hausse brutale du taux d’intérêt de la France à dix ans, passé de 3,51% vendredi en clôture à 3,61% juste après la démission de Sébastien Lecornu, avant de terminer à 3,57 à la clôture lundi soir. En comparaison, le taux allemand à dix ans a terminé à 2,72%, plutôt stable par rapport à son niveau de vendredi (2,70%).Le “spread”, ou l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand à 10 ans sur les marchés, atteint désormais 0,85 point de pourcentage. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin 2024, cet écart était d’environ 0,50 point de pourcentage.

Dans un Parlement européen sous tension, von der Leyen tente de réunir sa coalition

Visée par deux motions de censure, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est efforcée lundi d’appeler le Parlement européen à l’unité, après plus d’un an de crispations et d’invectives jusque dans sa propre majorité.Dans un “monde dangereux”, les adversaires de l’Union européenne “exploitent nos divisions” et les “attisent”, a-t-elle souligné, en mentionnant la Russie.”Les tensions et les débats font partie intégrante” de la vie parlementaire, mais “nous devons nous concentrer sur ce qui compte vraiment” et “agir pour les Européens”, a-t-elle exhorté.Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont quasiment aucune chance de faire tomber la présidente de la Commission.Mais elles traduisent un changement d’ambiance au Parlement européen, bousculé par la percée de l’extrême droite aux élections de juin 2024. Et elles vont permettre de mesurer dans quel état se trouve la coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et droite (PPE).Gauche et centre reprochent à la droite européenne, dont est issue Ursula von der Leyen, de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux détricoter les lois environnementales.Une première tentative de censure de l’extrême droite avait été largement repoussée en juillet. Mais le débat avait déjà donné lieu à une série de critiques au sein du camp dit pro-européen.Rebelote lundi. “Depuis la première motion de censure de juillet dernier, on ne peut pas dire qu’on ait réellement fait de progrès dans ce Parlement. La majorité pro-européenne qui vous a élue fonctionne mal, toujours aussi mal”, a déploré la cheffe des centristes Valérie Hayer, en se tournant vers Ursula von der Leyen.- “Fuite en avant migratoire” -“Vous devez choisir entre vos alliés et ceux qui ne sont pas nos amis”, a aussi réclamé la présidente des sociaux-démocrates Iratxe Garcia.L’amertume s’est accentuée cet été après l’accord commercial scellé par l’Union européenne avec les Etats-Unis, que de nombreux parlementaires, y compris parmi les soutiens de la présidente de la Commission, jugent déséquilibré.Les eurodéputés sont “rentrés énervés après s’être fait allumer tout l’été sur le deal avec Donald Trump”, raconte un haut fonctionnaire européen. “Je sais que ces préoccupations sont sincères et légitimes”, a tenté de déminer lundi Ursula von der Leyen, qui avait défendu cet accord le 10 septembre, pour éviter le “chaos” de la guerre commerciale.Son appel à l’unité a-t-il été entendu ? Cette fois, le chef de la droite, Manfred Weber, et son homologue sociale-démocrate Iratxe Garcia ont évité les invectives personnelles.Manfred Weber a renvoyé dos à dos “extrême droite” et “extrême gauche”, reprochant à Jordan Bardella (Les Patriotes) et Manon Aubry (LFI) d’importer au niveau européen les débats politiques français.Auparavant M. Bardella et Mme Aubry s’étaient succédé à la tribune pour demander à Ursula von der Leyen de partir.Le responsable d’extrême droite a pointé du doigt la “fuite en avant migratoire” de l’Union européenne et critiqué la “reddition commerciale” de Bruxelles dans l’accord commercial avec Donald Trump.- “Moment de vérité” -Manon Aubry, cheffe du groupe de gauche radicale, a de son côté, dénoncé “l’inaction” de l’Europe dans ce qu’elle considère comme un “génocide” à Gaza.Dans un hémicycle de plus en plus polarisé, le camp pro-européen a eu bien du mal à afficher un visage uni depuis plus d’un an.Jusqu’ici, faute de lois majeures, ces crispations à répétition restent sans grande conséquence. Mais l’automne “sera un moment de vérité”, prévient Manfred Weber. Car les premières lois de fond arrivent, dont une série de mesures de simplification de lois environnementales qui divisent l’hémicycle.”Depuis un an, notre problème, c’est que le Parlement est introuvable. C’est une situation un peu visqueuse. Et on ne sait pas trop comment ça va se décanter”, témoigne un diplomate européen, anonymement.Selon un haut fonctionnaire, “le risque ce n’est pas que la motion de censure passe cette fois, mais que tout se cristallise sur un texte qui provoque un blocage et disloque la majorité”.Jamais, le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999. Avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa “lourde responsabilité” dans des affaires de fraude.

Wall Street en ordre dispersé, l’élan autour du deal entre OpenAI et AMD cale

La Bourse de New York évolue sans direction claire lundi, l’enthousiasme provoqué à l’ouverture par la commande géante de puces électroniques passée par OpenAI au groupe américain de semiconducteurs AMD ayant quelque peu diminué.Vers 14H15 GMT, l’indice Nasdaq, à coloration technologique, avançait de 0,44% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,17%. Le Dow Jones, dont la méthode de calcul est très différente des autres indices, perdait en revanche 0,53%.Globalement, les investisseurs se sont “réveillés de bonne humeur ce matin” et cet état d’esprit a été alimenté par “un flux positif d’opérations”, juge auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.L’analyste relève en particulier l’annonce par la directrice générale d’Advanced Micro Devices (AMD), Lisa Su, d’un contrat avec OpenAI avec le “potentiel de générer un chiffre d’affaires nettement supérieur à 100 milliards de dollars étalés sur les prochaines années”.AMD s’est engagé à livrer au créateur de ChatGPT plusieurs millions de processeurs graphiques considérés comme essentiels au développement de l’intelligence artificielle (IA).Dans les premiers échanges après l’ouverture de Wall Street, son titre a gagné jusqu’à plus de 37%. Vers 14H05 GMT, il était toujours très recherché, avançant de près de 26% à 207,58 dollars.”C’est une bonne chose que (OpenAI) cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement”, estime Steve Sosnick.L’entreprise californienne dépend largement du mastodonte Nvidia avec qui elle a signé fin septembre un nouveau contrat portant sur plus de 100 milliards de dollars d’équipements.Lundi, la première capitalisation mondiale reculait quelque peu, lâchant 1,16% à 185,48 dollars.OpenAI “a littéralement des centaines de milliards de dollars d’engagements” et “très peu de questions sont posées sur la manière” dont elle va les financer, relève Steve Sosnick.L’entreprise ne devrait générer que 13 milliards de dollars de revenus cette année et ne table sur un premier bénéfice qu’en 2029, de l’aveu même de son patron Sam Altman.”A l’heure actuelle, le marché est d’humeur à accepter les bonnes nouvelles comme telles, et à s’inquiéter des détails plus tard”, juge M. Sosnick.Selon lui, la même vision s’applique à la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, qui entre lundi dans sa deuxième semaine.Si un vote est prévu en fin de journée lundi, le blocage risque de s’étendre, vu les débats acerbes entre républicains et démocrates. Donald Trump a assuré de son côté avoir mis à exécution sa menace de licencier des fonctionnaires.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans se tendait, à 4,14% vers 14H05 GMT contre 4,12% à la clôture vendredi.Côté entreprises, la banque régionale Comerica (+13,02% à 79,75 dollars) bondissait à l’annonce de son rachat par Fifth Third Bancorp (-2,30% à 43,39 dollars) pour près de 11 milliards de dollars. Cette fusion accouchera d’un acteur de poids, qui sera parmi les dix plus importants établissements bancaires des Etats-Unis avec environ 280 milliards de dollars d’actifs.Le constructeur de véhicules électriques Tesla (+2,45% à 440,30 dollars) était recherché après avoir publié une mystérieuse vidéo sur le réseau social X, perçue par les spécialistes comme un teasing pour le lancement d’un nouveau modèle.

Puces: la concurrence s’anime derrière Nvidia dans la course à l’IA

La révolution de l’intelligence artificielle (IA) générative a aiguisé les appétits des concurrents de Nvidia, qui cherchent à rattraper leur retard sur le géant des puces dédiées à l’IA.Inconnu du grand public il y a encore trois ans, Nvidia affiche aujourd’hui le premier chiffre d’affaires mondial du secteur, dopé par les ventes de ses processeurs graphiques ou GPU (graphics processing units), les processeurs chéris de l’IA.- Pourquoi Nvidia domine-t-il à ce point? -S’il n’est pas le premier à avoir développé des GPU, le groupe californien en a fait sa spécialité dès la fin des années 1990, pivotant rapidement des jeux vidéo vers l’informatique à distance (cloud computing), alors naissante, et a donc une expérience unique dans le domaine.Par ailleurs, Nvidia est “un dragon à trois têtes”, résumait récemment Dylan Patel, patron du cabinet SemiAnalysis, dans le podcast “No Priors”.Il ne se contente pas de concevoir des puces, mais propose toute une infrastructure à même de les faire fonctionner ensemble, avec des connexions (networking) et des logiciels, les deux autres têtes du dragon.Nvidia peut “répondre aux besoins d’un +data center+ dans tous ses aspects avec un produit de classe mondiale”, selon Jon Peddie, du cabinet Jon Peddie Research.- D’où vient la concurrence? -A bonne distance de Nvidia, dont la part de marché est estimée à plus ou moins 80% pour les centres de données, selon les sources, l’Américain AMD était jusqu’ici considéré comme le dauphin.Mais décidés à réduire leur dépendance vis-à-vis de Nvidia, les grands noms du “cloud” ont récemment mis au point leurs propres processeurs.Google a commencé à utiliser sa Tensor Processing Unit (TPU) il y a dix ans, tandis que le Trainium d’Amazon Web Services (AWS), filiale dédiée au cloud, a fait son apparition en 2020.Aujourd’hui, Google et Amazon pèsent plus de 10% du marché et ont pris le pas sur AMD “pour ce qui est des performances, du prix, des usages, de la fiabilité”, avance Jordan Nanos, de SemiAnalysis.Google propose même, selon plusieurs médias, ses puces à des clients tiers. Sollicité par l’AFP, il n’a pas donné suite. Amazon, en revanche, ne vend pas ses Trainium à d’autres acteurs.AMD s’est néanmoins complètement replacé dans la course avec l’annonce, lundi, d’une commande géante émanant d’OpenAI, qui va aussi devenir actionnaire du groupe de semi-conducteurs.”C’est un énorme vote de confiance (pour AMD) de la part d’OpenAI et (de Sam) Altman”, ont estimé les analystes de Wedbush Securities.- Où en sont les Chinois? -Seule nation à rivaliser avec les Etats-Unis, la Chine cherche à refaire au plus vite son retard dans les équipements d’IA, pour se passer des puces américaines les plus avancées, désormais objets de restrictions à l’export.Pour Jordan Nanos, Huawei figure parmi les concurrents les plus crédibles de Nvidia, avec Google ou Amazon, et devant AMD.A l’instar de Google et Amazon, leurs équivalents chinois respectifs Baidu et Alibaba font aussi produire désormais leurs propres processeurs IA, qui ne sont cependant encore que des ersatz des GPU de Nvidia.”L’appareil de production actuel (en Chine) ne leur permet pas”, pour l’instant, “de rattraper” Nvidia, juge Jon Peddie. “Mais à terme, compte tenu de leur main d’oeuvre qualifiée et des investissement publics, ils seront capables de fabriquer des (produits) de pointe”.- Nvidia est-il menacé? -Aucun spécialiste ne voit l’ogre de Santa Clara (Californie) desserrer son étreinte sur le secteur dans un avenir proche.”Nvidia est à la base de la grande majorité des applications d’IA aujourd’hui”, souligne John Belton, analyste de Gabelli Funds. “Et malgré leur avance, ils gardent le pied au plancher en lançant un produit par an, une cadence qui sera difficile à égaler pour la concurrence.”Début septembre, Nvidia a ainsi annoncé que sa nouvelle génération, la Rubin, serait commercialisée fin 2026, avec des performances, pour les fonctions IA, estimées à 7,5 fois celles de son produit d’appel actuellement sur le marché, le Blackwell.

Bourse de Paris: le CAC 40 chute de plus de 2% après la démission du Premier ministre Lecornu

L’indice CAC 40 de la Bourse de Paris a brutalement chuté de plus de 2% lundi vers 10H00 (08H00 GMT) à la suite de l’annonce de la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu.Le chef du gouvernement a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé lundi l’Elysée dans un communiqué.Nommé le 9 septembre, M. Lecornu était sous le feu des critiques des opposants et de la droite après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Après avoir glissé de plus de 2% peu après l’annonce de cette démission, l’indice vedette CAC 40 cédait 1,91% à 08H30 GMT.La nouvelle a fait grimper le coût de l’emprunt français à dix ans, qui est monté momentanément à 3,61% avant de redescendre à 3,57% à 08H30 GMT, en hausse de sept points de base par rapport à la dernière clôture.”Si le seuil des 3,60% est franchi, la dette française pourrait être exposée à des attaques massives, amplifiant la nervosité des marchés”, s’est inquiété Antoine Andreani, qui dirige la recherche chez XTB France.L’indice CAC 40, en prudent repli avant la démission du Premier ministre, avait terminé en petite hausse vendredi, prenant 0,31%, soit 24,91 points pour s’établir à 8.081,54 points, à moins de cent points de son précédent record datant de mars. “La démission de Lecornu plonge la scène politique dans l’incertitude. Les investisseurs craignent un effet domino sur la politique économique et budgétaire”, a prévenu Antoine Andreani.Parmi les actions les plus affectées figuraient BNP Paribas (-6,00%) et Crédit Agricole (-5,56%).Seb s’écrouleLe groupe Seb s’effondrait de plus de 21% à 52,05 euros après que le groupe de petit électroménager, fabricant de Tefal, a abaissé sa prévision de résultat annuel en raison d’une faible demande.

Une comédienne devenue éleveuse, un pari fou sauvé par une foncière solidaire

“Sans ça, j’aurais arrêté”: victime de sécheresses à répétition, Chloé Pimont, une comédienne parisienne et végétarienne devenue éleveuse de brebis dans le Morvan, a été sauvée de la déroute par une foncière solidaire qui achète des terres pour des néo-agriculteurs.”Je ne savais même pas comment poussait une carotte”: véritable citadine, elle alignait des rôles dans les comédies musicales quand elle rencontre son compagnon, un arboriculteur qui lui fait découvrir le massif bourguignon du Morvan. Dans ce pays de bocages et forêts, elle croise la route d’une feutrière qui lui donne l’amour de la laine. “J’étais végétarienne et j’avais une peur monstrueuse des moutons mais j’ai eu un coup de cœur”, se souvient-elle auprès de l’AFP. En 2017, à 33 ans, elle troque les paillettes pour les bottes en caoutchouc et s’installe d’abord très modestement sur un petit lopin, avec une trentaine de brebis. Mais les sécheresses à répétition se font vite menaçantes: “J’étais sur des terrains avec très peu d’herbe. Je n’avais plus de quoi nourrir les bêtes.”L’éleveuse cherche donc de nouvelles terres et trouve une ferme de 47 hectares. “Mais je n’avais pas le profil idéal pour la banque: j’étais devenue une mère célibataire, avec trois enfants, sans mari pour ramener des sous et une néo-agricultrice pas du tout issue du milieu agricole…”L’ex-comédienne découvre finalement une entreprise foncière agricole “solidaire”, “Fermes en vie” (Fève), qui rachète des terres pour les mettre à disposition d’agriculteurs, à condition qu’ils adoptent une culture respectueuse de l’environnement, ce qui était déjà le cas pour Chloé.- Mitaines -Fève rachète la ferme et la loue à l’éleveuse à un tarif raisonnable: la foncière, qui a le statut d'”entreprise à mission de l’économie sociale et solidaire”, a en effet un objectif autre que financier.”Je paie 1.200 euros par mois pour la ferme, et 1.800 euros par trimestre pour le fermage des terres”, explique-t-elle en étiquetant les chaussettes, mitaines et autres bonnets tissés avec la laine de ses brebis.”Sans ça, j’aurais arrêté”, assure Chloé depuis ses nouveaux prés où quelque 200 brebis paissent enfin une herbe grasse entre deux bêlements.A l’aide de la viande d’agneau qu’elle produit également, l’ex-comédienne de 41 ans se verse 1.000 euros par mois. “Je m’en sors sans problème”, assure-t-elle.Fondée en septembre 2020 par des ingénieurs agronomes, Fève “a accompagné une quarantaine de fermes, soit une bonne soixantaine” de paysans, indique Louise Bolmont, chef de projets.”La moitié des agriculteurs vont prendre leur retraite d’ici les dix prochaines années”, rappelle-t-elle. Or la transmission familiale des terres est largement chose du passé: “Aujourd’hui, deux tiers des agriculteurs qui souhaitent s’installer ne sont pas issus du milieu”, ajoute-t-elle.Avec le prix d’une ferme qui approche un million d’euros en moyenne, 20.000 hectares de terres perdent chaque année leur usage agricole.Les foncières solidaires ont donc commencé à peupler la campagne, comme Fève mais aussi d’autres telles Terres de liens: première du genre, elle a acquis en 20 ans 300 fermes et installé plus de 700 paysans.- Epargne citoyenne -“C’est une solution formidable”, estime Chloé devant des investisseurs venus visiter son exploitation à Monthelon (Saône-et-Loire).Pour acheter les terres, les foncières solidaires comptent sur l’épargne “citoyenne”, voire humaniste, collectant des fonds majoritairement auprès de particuliers.”J’ai investi dans des circuits classiques. Mais c’est abstrait. Ici, c’est du concret”, explique Michel Guimet, 65 ans, en pataugeant dans la gadoue de la ferme de Chloé.”Je veux aider des initiatives positives pour la société. L’idée n’est pas de faire des sous. La Bourse offre du 7-8%. Fève, c’est juste l’inflation grosso modo”, calcule le retraité.”Aujourd’hui, on est proche d’un pour cent”, reconnaît Paul-Antoine Raulin, responsable investisseurs chez Fève.”La finance solidaire reste marginale, avec seulement 0,5% de l’épargne des Français”, confesse-t-il. “Mais de plus en plus se posent la question de l’impact de leur épargne”. L’an dernier, Fève a presque triplé sa collecte, à 19 millions d’euros contre sept millions en 2023.

Les Bourses européennes ouvrent en repli

Les Bourses européennes ont ouvert lundi dans le rouge, de façon plus accentuée pour la place parisienne, alors que Tokyo a volé la vedette, bondissant de plus de 4% après l’élection d’une future Premier ministre partisane d’un fort soutien à l’économie.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris glissait de 0,68%, Francfort cédait 0,06%, Londres 0,10% ainsi que Milan.

Motions de censure et invectives: tensions croissantes au Parlement européen

Des “divisions extrêmement profondes”… L’examen de deux motions de censure contre Ursula von der Leyen va de nouveau mettre à l’épreuve la majorité dite pro-européenne au Parlement à Strasbourg, après plus d’un an de crispations et d’invectives Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont quasiment aucune chance de faire tomber la présidente de la Commission.Mais elles traduisent un changement d’ambiance au Parlement européen, bousculé par la percée de l’extrême droite aux élections de juin 2024. Et elles vont permettre de mesurer dans quel état se trouve la coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et droite (PPE).”La situation est très instable”, convient le centriste Pascal Canfin, qui redoute que les sociaux-démocrates finissent par claquer la porte. “Mais y a-t-il une meilleure alternative ” que cette alliance ? “Non, loin de là”.Gauche et centre reprochent à la droite européenne, dont est issue Ursula von der Leyen, de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux détricoter les lois environnementales.”Les tensions vont encore augmenter”, car la “Commission mène un agenda de droite mâtiné d’extrême droite”, tacle l’écologiste David Cormand.L’amertume s’est accentuée cet été après l’accord commercial scellé par l’Union européenne avec les Etats-Unis, que de nombreux parlementaires, y compris parmi les soutiens de la présidente de la Commission, jugent déséquilibré.Les eurodéputés sont “rentrés énervés après s’être fait allumer tout l’été sur le deal avec Donald Trump”, raconte un haut fonctionnaire européen. Combative, Ursula von der Leyen défend cet accord –  “le meilleur possible” –  avec le président américain. Et elle a encore lancé un appel à l’unité le 10 septembre au Parlement, en insistant sur la gravité de la situation géopolitique, marquée par la guerre en Ukraine.- “Bac à sable” -Mais après son intervention, “la première réaction des dirigeants des deux principaux partis a été de s’attaquer mutuellement”, déplore une source à la Commission, en référence à l’Allemand Manfred Weber et l’Espagnole Iratxe Garcia, respectivement chefs de la droite et des sociaux-démocrates.Ce jour-là, M. Weber a lancé les hostilités en pointant du doigt le “comportement” des socialistes… espagnols, qui “divise” la coalition.”Qui est responsable du fait que cette alliance pro-européenne ne fonctionne pas dans ce Parlement ? Il a un prénom et un nom, il s’appelle Manfred Weber”, a répliqué Iratxe Garcia”C’est un bac à sable, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Leur relation est viciée”, peste un vieux routier du Parlement européen.Tandis que l’extrême droite savoure. “On regarde ça avec amusement, on les laisse gérer leurs problèmes de couple”, réagit l’eurodéputée Julie Rechagneux (Les Patriotes). Jusqu’ici, faute de lois majeures, ces crispations à répétition restent sans grande conséquence. Mais l’automne “sera un moment de vérité”, prévient Manfred Weber. Car les premières lois de fond arrivent, dont une série de mesures de simplification de lois environnementales qui divisent l’hémicycle.Gauche et centre redoutent que la droite et l’extrême droite se coordonnent pour enterrer plus largement des mesures écologiques adoptées lors du précédent mandat. “Depuis un an, notre problème, c’est que le Parlement est introuvable. C’est une situation un peu visqueuse. Et on se sait pas trop comment ça va se décanter”, témoigne un diplomate européen, anonymement.Selon un haut fonctionnaire, “le risque ce n’est pas que la motion de censure passe cette fois, mais que tout se cristallise sur un texte qui provoque un blocage et disloque la majorité”.Début juillet, le Parlement européen avait largement repoussé une motion de censure d’extrême droite visant la cheffe de l’exécutif européen. Cet examen de trois motions de censure en quelques mois est inédit à Strasbourg.Jamais, le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999. Avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa “lourde responsabilité” dans des affaires de fraude.

Etats-Unis: des licenciements de fonctionnaires ouvrent une deuxième semaine de blocage budgétaire

Donald Trump a assuré avoir mis à exécution sa menace de licencier des fonctionnaires à la suite du blocage budgétaire qui entre lundi dans sa deuxième semaine et risque de s’étendre dans la durée, vu les débats acerbes entre républicains et démocrates.Chaque camp se retranche sur ses positions et se rejette la faute, depuis que les Etats-Unis sont entrés, mercredi, en situation de “shutdown”, et le pays s’enfonce en attendant dans une paralysie aux conséquences bien plus que politiques.Après avoir ces derniers jours gelé des projets d’infrastructures dans des Etats démocrates et menacé de supprimer des agences fédérales, le président américain a déclaré dimanche soir aux journalistes que son administration avait commencé à licencier définitivement – et pas seulement à mettre au chômage technique comme c’est habituellement le cas- des fonctionnaires. “C’est en cours en ce moment même. Tout ça, c’est la faute des démocrates. Les démocrates sont responsables de la perte de nombreux emplois”, a déclaré le président à la Maison Blanche, sans précision sur ces licenciements.Les fonctionnaires fédéraux se trouvent au premier rang des personnes les plus touchées par le blocage. Même s’ils échappent à un licenciement, leur paie est différée jusqu’à ce qu’un budget soit adopté au Congrès, qu’ils aient été mis au chômage technique ou non. Un manque à gagner conséquent pour ces plus de deux millions de fonctionnaires si la situation venait à durer.”Il est bien possible que ce +shutdown+ se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours”, estime Andrew Koneschusky, ancien conseiller du ténor démocrate Chuck Schumer.”Les deux bords campent sur leurs positions et il est très peu question de compromis. Les choses peuvent toujours évoluer (…) mais pour l’heure, aucun des deux partis ne semble prêt à céder”, explique à l’AFP ce spécialiste en communication de crise.- “Souffrance maximale” -D’un côté, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre, tandis que les démocrates insistent pour obtenir la prolongation de certains programmes d’assurance santé pour les plus démunis.Scott Bessent, le secrétaire au Trésor de Donald Trump, a expliqué jeudi craindre “un coup au PIB, un coup à la croissance”. Outre l’impact sur les fonctionnaires, les Américains qui comptent prendre l’avion au cours des prochaines semaines pourraient aussi voir leur voyage perturbé en raison d’un manque d’agents de sécurité des transports ou de contrôleurs aériens, entraînant retards et annulations.A son sixième jour lundi, le “shutdown” en cours est encore loin du record. Entre décembre 2018 et janvier 2019, déjà sous Donald Trump, le précédent blocage s’était étalé sur 35 jours.Cependant, le président républicain applique aujourd’hui une stratégie de “souffrance maximale” envers l’opposition, selon les termes de certains observateurs.- “Tenir bon” -L’intransigeance du président républicain constitue une raison majeure de croire que le record de durée puisse tomber, explique James Druckman, professeur de sciences politiques à l’université de Rochester.”L’administration Trump considère qu’elle dispose d’un mandat sans contrôle, et par conséquent ne se prête généralement pas au compromis”, souligne-t-il auprès de l’AFP.De leur côté, “les démocrates ont été critiqués pour ne pas s’être battus de manière suffisamment forte” contre Donald Trump, rappelle le professeur.En mars dix sénateurs démocrates avaient voté à contrecoeur pour un texte républicain afin d’éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué la colère de nombreux militants et sympathisants démocrates, qui les accusaient de plier face au président.En définitive, ce “compromis n’a produit aucun effet positif pour les démocrates”, analyse James Druckman. Alors cette fois-ci, “ils sont plus enclins à tenir bon”.Malgré tout, les républicains espèrent bien faire céder suffisamment de sénateurs démocrates pour atteindre le seuil de 60 voix, synonyme de fin du blocage. Vendredi, leur texte n’en avait récolté que 54, dont trois de l’opposition.Pour l’analyste financier Michael Ashley Schulman, l’issue pourrait provenir d’un rappel des élus à la réalité économique: “Si Wall Street commence à avoir la trouille, et que les taux obligataires bondissent, même les idéologues les plus fervents se trouveront soudainement une profonde conviction envers les solutions de consensus.”