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Inflation et pénuries : la Bolivie au bord de l’asphyxie

Encore une fois, Sonia, une mère célibataire de 40 ans, repart bredouille. Depuis l’aube, elle faisait la queue devant un supermarché d’État de La Paz pour tenter d’acheter des produits devenus inaccessibles dans un pays plongé dans une grave crise économique.”Je dois travailler pour mes six enfants. Et venir faire cette queue en plus, je n’y arrive pas”, dit-elle avec lassitude en repartant les mains vides. Emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements face au froid mordant, elle refuse de donner son nom.  La crise économique, causée par une pénurie de dollars et des dépenses publiques excessives, appauvrit depuis l’année dernière la population.Dans le supermarché, qui vend des produits de base à prix contrôlés, certains invectivent le personnel. “Il n’y a pas de riz, pas de sucre, pas d’Å“ufs. Il n’y a plus rien”, peste Gisela Vargas, 30 ans. La crise s’est aggravée ces derniers jours avec le blocage de routes par les partisans de l’ancien président Evo Morales. Ils réclament la démission du président Luis Arce, qu’ils tiennent pour responsable du marasme et accusent d’avoir écarté leur leader de l’élection présidentielle du 17 août.- “Précipice” -Les barrages empêchent notamment la circulation des marchandises. Des heurts avec la police, qui tente de déloger les protestataires, ont fait cinq morts, dont quatre policiers, selon un dernier bilan du gouvernement jeudi. Dans la longue queue pour accéder à un autre entrepôt d’Etat de la capitale administrative, Rocio Perez, une retraitée de 65 ans, explique vivre avec ses enfants et petits-enfants et avoir du mal à joindre les deux bouts. “Nous n’avons jamais pensé que la situation pourrait en arriver là, à devoir faire la queue pour des aliments ou du papier hygiénique. Nous sommes au bord du précipice,” dit-elle à l’AFP.”En termes de pouvoir d’achat, les salaires se détériorent très fortement” avec l’inflation, explique José Luis Evia, économiste et ancien membre du conseil d’administration de la Banque centrale de Bolivie. Ces dernières années, la chute des exportations de gaz bolivien a fortement réduit les entrées de devises dans le pays andin, dont le gouvernement a besoin pour importer du carburant revendu ensuite à prix subventionné. Faute de réserves suffisantes, les importations diminuent, provoquant de longues files d’attente aux stations-service. Dans un quartier commerçant, un camion décharge des poulets pour un magasin de gros. Des centaines de personnes forment, là aussi, une lonque queue. Il y a quelques mois, le kilogramme de poulet se vendait pour l’équivalent de 2,6 dollars. Aujourd’hui, il a presque doublé à 5 dollars.Francisca Flores, une vendeuse ambulante de 69 ans du quartier, assure ne plus pouvoir en acheter, expliquant se contenter de plats à base d’oeufs. “Je sors avec mes petits sous (…) et si je ne peux rien” acheter, “eh bien je pars, résignée”, dit-elle. – Hôpitaux à sec -Pour José Luis Evia, le mécontentement social pourrait être un facteur décisif dans une éventuelle défaite de la gauche, au pouvoir depuis presque deux décennies, lors de la présidentielle d’août prochain. “Il y a de plus en plus de consensus pour un changement”, assure-t-il. Le prix des produits importés figure parmi ceux qui ont le plus augmenté, en raison de la hausse du dollar sur le marché parallèle, qui renchérit leur coût pour les importateurs.La mère diabétique de Griselda Ventura, 27 ans, a dû être hospitalisée à La Paz. Dans sa province, à une centaine de kilomètres de là, les médicaments importés dont elle dépend étaient introuvables. Mais même là, l’hôpital peine à lui en fournir, faute de stocks. “Il n’y a même pas une seringue” là-bas, assure Griselda devant une pharmacie.

A l’assaut des rayons de supermarché, des produits hyperprotéinés à l’intérêt limité pour la santé

Yaourts, pâtes, mais aussi fromages, glaces ou saucissons : de plus en plus de versions hyperprotéinés de produits déjà commercialisés envahissent les rayons des grandes surfaces, bénéficiant d’un marketing très poussé malgré leur faible utilité pour la santé.”C’est vraiment une déferlante”, assure Matteo Neri, directeur d’études chez Xerfi. Entre 2020 et 2024, le chiffre d’affaires des produits hyperprotéinés – porté principalement par les yaourts et les skyrs – est passé d’environ 70 à plus de 380 millions d’euros.”C’est assez considérable et la gamme continue de se développer : saucisson Justin Bridou, fromage Babybel, pâtes Carrefour… Il y a un véritable engouement des industriels et des consommateurs”, souligne M. Neri.Auparavant réservée aux grands sportifs et aux enseignes spécialisées, l’alimentation hyperprotéinée s’est largement démocratisée. “Il y a une image très positive des protéines qui sont associées à la puissance, aux muscles, à la vitalité, et on se dit que c’est bon pour la santé”, explique à l’AFP François Mariotti, professeur de nutrition à Agro-Paris Tech.Pourtant, la promesse d’apport en protéines vendue par ces produits n’a pas réellement d’intérêt, relativisent les professionnels de santé.”En France, il n’y a pas de carences en protéines. La quasi-totalité de la population est déjà très au-dessus des recommandations fixées entre 0,8 et 1 gramme de protéines par kilo de poids de corps”, détaille Violette Babocsay, diététicienne.-Marketing “trompeur”-En misant sur une stratégie marketing rodée autour du sport, de la nutrition et de la santé, ces produits attirent, en plus des sportifs, des personnes soucieuses de leur alimentation, en jouant sur l’idée que les protéines permettent de perdre du poids. Mais attention aux fausses promesses. Si les protéines contribuent à faire croître la masse musculaire, elles ne peuvent prétendre “favoriser la satiété” ou “aider à contrôler les sensations de faim”, a tranché l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).”Et même pour les sportifs, il y a un maximum au-delà duquel il n’est pas utile d’aller, ce n’est pas +plus j’en mange, mieux c’est+”, précise Mme Babocsay.La diététicienne critique également le marketing “presque trompeur” de certaines versions enrichies en protéines – dont la composition est souvent proche de leur version classique.Pour rendre leurs produits plus protéinés, les industriels peuvent soit ajouter une source de protéines ou simplement diminuer le taux de matières grasses, ce qui augmente mécaniquement la proportion de protéines.”Pour la version protéinée du fromage Babybel, il n’y a pas d’ajout de protéines, mais moins de matières grasses”, illustre par exemple la professionnelle. “Il faut vraiment s’intéresser aux valeurs nutritionnelles pour se rendre compte que l’écart en protéines entre les deux versions est finalement très limité”.”La composition de la version protéinée est d’ailleurs quasiment identique à la version allégée, avec un packaging noir d’un côté, et bleu de l’autre”, ironise-t-elle.-Des produits plus chers-Aussi, contrairement aux idées reçues, la mention “protéiné” ne signifie pas que le produit est forcément plus sain. Au contraire, leur composition est parfois encore moins bonne et beaucoup contiennent davantage de sucre, d’additifs ou d’édulcorants…Le Pr Mariotti déplore ainsi “le dévoiement des messages nutritionnels”, utilisés pour promouvoir des produits “mauvais pour la santé”.D’autant que ces produits sont aussi plus chers : “Pour du lait de soja classique, on va être sur 1,85 euro et 4 grammes de protéines pour 100 ml, contre presque 3 euros et seulement 5 grammes de protéines dans une version protéinée”, avertit Violette Babocsay.Le constat est encore plus frappant du côté des yaourts, où des produits déjà riches en protéines comme le petit-suisse coûtent 3,5 euros le kilo, contre 8 euros pour une marque spécialisée.Ainsi, des aliments qui mettent en avant leur aspect protéiné peuvent l’être beaucoup moins que d’autres qui le sont naturellement -comme le filet de dinde-, sans que leur emballage en fasse mention.”Beaucoup de produits, même de simples pains de mie nature, peuvent se déclarer +source de protéines+ selon la réglementation. Ce n’est qu’un choix marketing qui a peu de valeur en réalité”, illustre Elsa Abdoun, journaliste au magazine Que Choisir.Revendiquer des propriétés pour la santé sur la base des teneurs en protéines est donc “tout à fait inadapté”, déplore le Pr Mariotti.”Cela met beaucoup de cacophonie, et ça commence à devenir un vrai problème” pointe-t-il.

Les marchés financiers chahutés par l’escalade militaire au Moyen-Orient

Flambée des prix du pétrole, or qui se rapproche de son record, recul des actions, taux d’intérêt en hausse… Les marchés sont secoués vendredi par l’escalade militaire au Moyen-Orient, provoquée par les frappes aériennes d’Israël contre des infrastructures stratégiques en Iran et la riposte de Téhéran.Après avoir temporairement bondi de plus de 12% dans la nuit, le cours du baril de WTI nord-américain a gagné 7,26% à 72,98 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord a pris quant à lui 7,02% à 74,23 dollars.”Il y a des craintes quant au fait que le conflit ne s’aggrave et n’entraîne des perturbations dans l’approvisionnement en pétrole, étant donné qu’un tiers de l’approvisionnement mondial (…) provient du Moyen-Orient”, relèvent Carsten Fritsch et Barbara Lambrecht, de Commerzbank.Dans ce contexte, les valeurs refuges sont recherchées par les investisseurs. La première d’entre elles, l’or, grimpait ainsi vers 20H40 GMT de 1,43% à 3.434 dollars l’once (31,1 grammes). L’actif évoluait proche de son dernier record de 3.500 dollars l’once, atteint en avril dernier.Côté actions, les Bourses ont accusé le coup: à Wall Street, le Dow Jones a reculé de 1,79%, l’indice Nasdaq a perdu 1,30% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,13%.Sur le Vieux Continent, Paris a reculé de 1,04%, Francfort 1,07% et Milan 1,28%. Londres a cédé 0,39%.Les investisseurs “réduisent leur exposition au risque, mais il ne s’agit pas d’une vente de panique”, estime auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.Reste que “lorsque ce type d’événement survient, il y a des craintes de stagflation sur les marchés, mélange de faible croissance et d’inflation provoquée par la hausse des prix des énergies fossiles”, relève Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac, interrogé par l’AFP.Les rendements des emprunts d’État grimpaient, les investisseurs estimant que cette “stagflation” compromettrait de futures baisses des taux des grandes banques centrales, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit la semaine prochaine. Vers 20H40 GMT, le taux d’intérêt américain à dix ans atteignait ainsi 4,41%, contre 4,36% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,53%, contre 2,47%.Les investisseurs sont en partie dans “une approche attentiste vis-à-vis de ce qui se passera pendant le week-end parce que la situation est évidemment très instable”, d’autant que “les marchés actions ne sont pas vraiment efficaces pour évaluer le risque géopolitique”, estime Steve Sosnick.Le dollar s’est quelque peu repris face à l’euro, après les frappes d’Israël contre l’Iran.La devise souffre depuis plusieurs mois en raison du désamour des investisseurs envers les actifs américains à cause des menaces protectionnistes de Donald Trump.Vers 20H45 GMT, le billet vert prenait 0,31%, à 1,1548 dollar pour un euro.La devise américaine est “soutenue par une préférence pour des devises plus sûres, malgré des inquiétudes persistantes quant à sa stabilité à long terme”, constate Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill.La monnaie unique européenne souffre du fait que “les Européens sont davantage exposés à une hausse des prix du pétrole, car ils importent la quasi-totalité de leurs hydrocarbures”, explique Kevin Thozet.L’aérien reculeDe nombreuses compagnies ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien, provoquant l’annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou survolant la région.Les groupes du secteur dévissaient donc en Bourse, à l’image de United Airlines (-4,43%), American Airlines (-4,86%) et Delta (-3,76%) à Wall Street. En Europe, Air France-KLM a perdu 4,74%, Lufthansa 2,74% et Easyjet 2,65%.

Wall Street termine la semaine en baisse, plombée par l’escalade au Moyen-Orient

La Bourse de New York a clôturé dans le rouge vendredi, lestée par les frappes israéliennes d’une ampleur sans précédent sur plus de 200 sites militaires et nucléaires iraniens et la riposte de Téhéran.Le Dow Jones a reculé de 1,79%, l’indice Nasdaq a perdu 1,30% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,13%.”Après avoir connu un parcours assez solide en mai et au début du mois de juin, les marchés ont trouvé une excuse pour prendre quelques bénéfices” en vendant à bon prix, estime auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Les investisseurs “réduisent leur exposition au risque, mais il ne s’agit pas d’une vente de panique”, commente pour sa part Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.L’Iran a lancé vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes qui ont tué les plus hauts gradés iraniens. Au moins deux vagues de dizaines de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé Tsahal. L’Iran a affirmé viser “des dizaines de cibles”, “de bases et d’infrastructures militaires” en Israël. Les investisseurs sont en partie dans “une approche attentiste vis-à-vis de ce qui se passera pendant le week-end parce que la situation est évidemment très instable”, d’autant que “les marchés actions ne sont pas vraiment efficaces pour évaluer le risque géopolitique”, estime Steve Sosnick.Leur point fort, selon l’analyste, c’est plutôt d’étudier des éléments affectant la valorisation des entreprises et leurs résultats. Or, “Israël est une économie relativement petite (…) ce qui se passe là-bas n’est pas vraiment quelque chose qui va affecter les bénéfices de beaucoup de grandes entreprises” malgré leur présence sur ce marché, juge M. Sosnick.Les acteurs du marché gardent à l’oeil la flambée des prix du pétrole du fait des craintes de perturbation de la production et de l’acheminement de l’or noir.En cas de prolongement de cette dynamique, cela “augmentera les coûts dans toute l’économie et empêchera certainement la Fed de procéder à des baisses de taux anticipées”, pour Steve Sosnick.D’où la remontée observée des taux sur le marché obligataire, selon l’analyste. Vers 20H15 GMT, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se tendait à 4,41%, contre 4,36% jeudi en clôture.Le regain de tensions géopolitiques a bénéficié aux entreprises de la défense, RTX ayant gagné 3,34%, Lockheed Martin 3,66% et Northrop Grumman 3,94%.Les valeurs pétrolières ont, elles, été portées par la forte hausse des prix de l’or noir à l’image de Chevron (+0,65%), Exxon Mobil (+2,18%) ou ConocoPhillips (+2,40%).En revanche, les entreprises du secteur du tourisme souffrent du conflit. Les valeurs du secteur de l’aérien ont nettement reculé à l’instar de United (-4,43%), American Airlines (-4,86%) ou Delta (-3,76%), les croisiéristes Carnival (-4,92%) et Royal Caribbean Cruises (2,88%) ont aussi marqué le pas, tout comme les sociétés d’hôtellerie, Hilton ayant par exemple perdu plus de 2%.Ailleurs à la cote, les géants des cartes de crédit Visa (-4,99%) et Mastercard (-4,62%) ont souffert d’informations de presse assurant qu’Amazon et Walmart pourraient émettre leur propre stablecoin, une cryptomonnaie adossée à une devise créée par une banque centrale.Les clients des deux géants du commerce pourraient ainsi effectuer leurs achats sans passer par les acteurs traditionnels des cartes bancaires, et éviter à Amazon et Walmart d’importants frais de transactions.

La Bourse de Paris recule après l’escalade au Moyen-Orient

La Bourse de Paris a terminé dans le rouge vendredi, plombée par l’escalade militaire au Moyen-Orient provoquée par plusieurs frappes aériennes d’Israël contre des infrastructures nucléaires et militaires en Iran.Le CAC 40 a perdu 1,04% à 7.684,68 points, en recul de 80,43 points. La veille, l’indice vedette parisien avait perdu 0,14%.”La situation entre l’Iran et Israël est quelque peu explosive et a une grande influence sur les marchés de l’énergie. Les investisseurs se placent donc sur la ligne de touche”, résume Andreas Lipkow, analyste indépendant.Une attaque d’une ampleur sans précédent menée par Israël a visé des sites militaires et nucléaires et tué les plus hauts gradés iraniens, dont le chef d’état major de l’armée, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ainsi que le commandant de sa force aérospatiale.Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde, des explosions ont été entendues à la mi-journée en Iran. Donald Trump a prévenu que ces frappes pourraient être suivies d’attaques “encore plus brutales” si l’Iran ne concluait pas un accord sur le nucléaire.”Lorsque ce type d’évènement survient, il y a des craintes de stagflation sur les marchés, mélange de faible croissance et d’inflation provoquée par la hausse des prix des énergies fossiles”, sur fond de flambée des prix du pétrole, relève Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac, interrogé par l’AFP.Toutefois, les “investisseurs pourraient prendre rapidement un peu de hauteur, dans la mesure où le dernier épisode de tensions de ce type entre Israël et l’Iran  n’a pas eu de fortes conséquences à terme sur les marchés”, tempère-t-il.”L’attention se porte désormais sur la forme que pourraient prendre les représailles de l’Iran”, commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.Le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié l’attaque de “déclaration de guerre”, et appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à réagir. Les forces armées de Téhéran ont averti qu’elles n’auraient “pas de limites” dans leur riposte.Le secteur aérien souffreDe nombreuses compagnies ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien, provoquant l’annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou survolant la région.Air France, qui a annoncé vendredi la suspension “jusqu’à nouvel ordre” de ses vols entre Paris et Tel-Aviv, a cédé 4,74% à 8,24 euros.

Thaïlande: des mines birmanes accusées de polluer les rivières

Les mines birmanes, toujours plus nombreuses dans le contexte de la guerre civile, sont soupçonnées de polluer les rivières thaïlandaises, mais dans le Triangle d’or, une région à la réputation trouble, les solutions sont difficiles à mettre en place.Depuis le coup d’Etat de février 2021, des dizaines de sites d’extraction ont émergé des collines de l’Etat Shan (nord-est), dans un territoire contrôlé par l’Armée unie de l’Etat Wa (UWSA), l’une des plus grandes armées non-étatiques du monde.Quelques kilomètres plus loin, en Thaïlande, des habitants et des responsables politiques ont constaté ces dernières semaines des niveaux anormaux de pollution dans leurs rivières, qu’ils ont liés aux rejets toxiques des mines du pays voisin.Sawat Kaewdam s’est résolu à vendre sa prise pour environ moitié moins que sa valeur normale.Les clients “disent: +Il y a de l’arsenic. Je ne veux pas manger ce poisson+”, explique à l’AFP ce pêcheur de 50 ans, qui réclame une solution “à la source”.Dans la région, le taux d’arsenic a atteint jusqu’à 49 microgrammes par litre, soit près de cinq fois le seuil maximal recommandé par l’Organisation mondial de la santé (OMS) de 10 mcg/L, selon les autorités sanitaires.Les inquiétudes se concentrent autour de la rivière Kok, qui prend sa source en Birmanie, avant de traverser les provinces thaïlandaises de Chiang Mai et de Chiang Rai, populaires auprès des touristes, puis de se jeter dans le Mékong au niveau du Triangle d’or.Les spécialistes interrogés par l’AFP estiment que les personnes qui s’alimentent régulièrement avec du poisson contaminé sont exposées à un risque cumulatif pour leur santé au bout de plusieurs années.- Milice -Des défenseurs de l’environnement ont accusé des mines situées en amont, en Birmanie, où la guerre civile facilite l’exploitation tous azimuts des ressources naturelles en dehors de tout cadre réglementaire, et complique tout dialogue au plus haut niveau.Il s’agit du “cas le plus vaste de pollution transfrontalière”, dénonce Pianporn Deetes, directrice de campagne pour l’ONG International Rivers.Selon les experts, les mines sont dirigées par des entreprises chinoises qui entretiennent des liens étroits avec l’UWSA, elle-même proche de Pékin.Il est difficile de savoir si les mines visent à extraire de l’or, des terres rares ou d’autres minerais, ainsi que d’évaluer l’ampleur du phénomène, dans cette région réputée pour ses trafics en tous genres.Mais des vidéos publiées sur les réseaux sociaux chinois suggèrent que la majorité de ce qui est produit est vendu à des clients chinois.La Chine a notamment importé de Birmanie cinq fois plus de terres rares sur les quatre dernières années que dans la période 2017-2021, a relevé mardi le groupe de réflexion ISP-Myanmar.Dans la plupart des mines modernes, les eaux usées sont traitées dans des bassins de décantation qui permettent d’éliminer les impuretés, explique Tanapon Phenrat, professeur d’ingénierie civile à l’université Naresuan, en Thaïlande.- “Agir maintenant” -Mais en Birmanie, les rejets “seraient déversés dans les cours d’eau naturels”, poursuit-il. “Ce que l’on veut pour les mines, c’est qu’elles traitent correctement les rejets et arrêtent de rejeter des substances toxiques dans des cours d’eau partagés.”A Chiang Rai, ville tranquille sur les bords du Kok, des activistes se sont déguisés en poissons mutants – du fait de la pollution – au cours d’actions visant à alerter l’opinion.Le gouvernement thaïlandais a proposé de construire un barrage qui empêcherait l’entrée des polluants dans le pays.Mais pour Penchom Saetang, directrice de l’ONG EARTH Thailand, une telle solution est “impossible” à mettre en Å“uvre avec succès.La solution se situe au niveau politique, dans le cadre de discussions impliquant Bangkok, Naypyidaw et Pékin, estime-t-elle.Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a assuré être en contacts avec les “parties concernées”, dans une déclaration à l’AFP.L’ambassade chinoise à Bangkok a rappelé aux entreprises chinoises installées à l’étranger “de respecter les lois du pays, et d’opérer de manière légale et ordonnée à tout moment”, dans un post Facebook début juin.Il n’est pas trop tard pour agir, affirme le professeur Tanapon Phenrat. “Les eaux peuvent encore être sauvées, mais c’est un signal clair. Nous devons agir maintenant”, lance-t-il.

Crash du Boeing 787 d’Air India: une des boîtes noires retrouvée

Les enquêteurs ont retrouvé vendredi une des deux boîtes noires du Boeing 787 d’Air India qui s’est écrasé jeudi sur un quartier résidentiel d’Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde, tuant au moins 265 personnes.”L’enregistreur des données de vol (FDR) a été retrouvé”, a confirmé le ministre de l’Aviation, Ram Mohan Naidu Kinjarapu, sur son compte X. “C’est un pas important dans l’enquête sur les causes de l’accident”.L’avion s’est écrasé jeudi moins d’une minute après son décollage à 13h39 (08h09 GMT) à destination de l’aéroport londonien de Gatwick, selon l’aviation civile indienne.Il avait émis un appel de détresse presqu’aussitôt après avoir quitté le sol, avant de s’écraser lourdement au-delà de l’aéroport.La queue de l’appareil était toujours visible vendredi, encastré dans le deuxième étage d’une résidence occupée par le personnel médical d’un hôpital voisin.Selon le dernier bilan fourni par un responsable de la police locale, Kanan Desai, les sauveteurs ont extrait 265 corps des débris de l’avion et des bâtiments sur lesquels il s’est écrasé.Au moins 24 personnes ont été tuées au sol quand l’appareil s’est fracassé sur la résidence de médecins, d’après le décompte de la police.Un des passagers du vol 171, qui transportait 242 personnes, a miraculeusement survécu. Vishwash Kumar Ramesh, un Britannique d’origine indienne, était assis à l’avant gauche de l’appareil à la place 11 A, tout près d’une des portes de secours.”Juste une minute après le décollage, soudain (…) j’ai eu l’impression qu’on restait coincés, que quelque chose n’allait pas”, a raconté vendredi M. Ramesh à la télévision indienne DD.- “En sortir vivant” -“L’avion a semblé accélérer et se diriger tout droit vers ce qui s’est avéré être une résidence (…) Et puis tout d’un coup, des lumières vertes et blanches se sont allumées dans tout l’avion”, a-t-il poursuivi depuis son lit d’hôpital.”Tout s’est passé sous mes yeux et je n’arrive toujours pas à croire comment j’ai pu sortir vivant de tout ça”, a confié le miraculé.Les autres passagers n’ont pas eu sa chance.Parmi eux, Koni Vyas, une médecin qui a publié sur les réseaux sociaux une photo d’elle, de son mari et de leurs trois enfants souriants, peu avant le décollage du vol 171. Tous ont péri, a rapporté le quotidien Indian Express. Le Premier ministre indien Narendra Modi, originaire de l’État du Gujarat dont Ahmedabad est la principale ville, s’est rendu sur le site du crash et auprès des blessés vendredi matin.Il a qualifié ce qu’il a vu de “scène de dévastation” et de “tragédie inimaginable”.Dès jeudi soir, des proches des victimes se sont pressés à la faculté de médecine d’Ahmedabad pour donner des échantillons de leur ADN afin d’identifier les corps. Ashfaque Nanabawa, 40 ans, a expliqué à l’AFP que son cousin Akeel Nanabawa se trouvait à bord avec sa femme et sa fille de trois ans.Il lui avait parlé quelques minutes alors qu’il était assis dans l’avion, avant le décollage: “Il nous a dit +Je suis dans l’avion, (…) tout va bien+. C’était son dernier appel”.Les habitants du quartier où le crash s’est produit ont été traumatisés.Dans l’un des immeubles percutés, “il y avait des corps partout”, se remémore Bharat Solanki, employé dans une station-service située à proximité. “Certains étaient entièrement carbonisés. Certains n’avaient pas de jambe ou de front”.- Inspections -Selon une source proche du dossier, ce crash est le premier d’un Boeing B-787 Dreamliner, un long-courrier entré en service en 2011.Les bureaux d’enquête britannique et américain ont annoncé qu’ils dépêchaient des équipes pour assister leurs homologues indiens du Bureau d’enquêtes des accidents aéronautiques (AAIB). De nombreux experts ont estimé qu’il était encore trop tôt pour expliquer la catastrophe.”L’avion est conçu pour voler sur un seul moteur, la cause la plus probable reste donc une panne des deux moteurs”, a toutefois avancé Jason Knight, de l’université britannique de Portsmouth.”Par mesure de prévention”, les autorités de l’aviation civile ont ordonné vendredi une inspection “à effet immédiat” des Boeing 787 équipés de moteurs General Electric en service à Air India. Le groupe Tata, propriétaire de la compagnie, a indiqué pour sa part qu’il débloquerait une aide financière de 110.000 euros pour les familles de chaque victime.Le crash d’Ahmedabad est un des pires de l’histoire de l’Inde, où le trafic aérien a grimpé en flèche ces dernières années.En 1996, le vol 763 de la Saudi Arabian Airlines était entré en collision en plein vol près de New Delhi avec le vol 1907 de Kazakhstan Airlines. Les 349 personnes à bord des deux avions avaient été tuées, faisant de cet événement la collision aérienne la plus meurtrière jamais enregistrée.Depuis 2000, dans le monde, six catastrophes aériennes ont fait plus de 200 morts. 

Les frappes d’Israël en Iran provoquent des annulations de vols en cascade au Moyen-Orient

De nombreuses compagnies comme Air India, Emirates ou Air France ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes sur le territoire iranien.Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien vendredi matin, provoquant l’annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou prévoyant un survol de la région.Les vols New Delhi-Vienne et Bombay-Londres d’Air India s’apprêtaient à entrer dans l’espace aérien iranien vendredi quand Israël a lancé son attaque, selon le site Flight Aware. Les avions ont fait demi-tour vers leur aéroport d’origine.”A cause de la situation en Iran”, plusieurs vols d’Air India entre l’Inde et les Etats-Unis ou l’Europe ont dû s’arrêter vendredi dans des aéroports européens, saoudiens ou émiratis, a indiqué la compagnie sur son site.Air France a également annoncé vendredi la suspension “jusqu’à nouvel ordre” de ses vols entre Paris et Tel-Aviv, mais a maintenu ses liaisons vers le Liban et d’autres aéroports de la région.Lufthansa, premier groupe de transport aérien européen, a aussi suspendu ses liaisons avec Téhéran jusqu’au 31 juillet, a prolongé la suspension de celles avec Tel-Aviv sur la même période et évitera l’espace aérien des deux pays, et de l’Irak, “jusqu’à nouvel ordre”.Sa filiale helvétique, Swiss, s’est alignée sur ces décisions, choisissant en plus de suspendre ses vols vers Beyrouth et de ne pas reprendre ceux vers Tel-Aviv jusqu’au 25 octobre.La compagnie grecque Aegean Airlines a quant à elle suspendu ses vols avec Tel-Aviv jusqu’au 12 juillet, et avec Beyrouth, Amman et Erbil (Irak) jusqu’au 28 juin.Les compagnies du Golfe ont quant à elles annulé vendredi plusieurs vols en provenance et à destination de l’Irak, de la Jordanie, du Liban, de l’Iran et de la Syrie.Les aéroports internationaux de Dubaï, qui proposent de nombreux vols vers la région, ont fait part vendredi de nombreuses “annulations ou de reports en raison des fermetures des espaces aériens en Iran, en Irak et en Syrie”, d’après un communiqué posté sur le réseau social X.L’aéroport d’Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, a mis en garde contre “des perturbations” attendues “tout au long de la journée”.L’agence de l’aviation civile de Russie, Rossaviatsia, a également ordonné aux compagnies russes de ne plus assurer de vols de ou vers Israël et l’Iran, et de ne pas entrer dans les espaces aériens israélien, jordanien, irakien et iranien, pour l’heure jusqu’au 26 juin.La compagnie américaine Delta Air Lines a suspendu sa liaison New York JFK – Tel-Aviv jusqu’au 31 août, et sa consoeur United a fait de même avec son New York/Newark-Tel-Aviv jusqu’à une date non spécifiée.- Survols difficiles -L’aviation civile, qui fait de la sûreté sa clé de voûte, compose de plus en plus difficilement avec l’extension des zones d’hostilités à travers le monde.Les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, des coups d’Etat en Afrique sahélienne et le développement de zones de non-droit créent un casse-tête pour les liaisons long-courrier, à un degré sans précédent, selon les professionnels.La destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine (298 morts) par un missile sol-air en 2014 a notamment créé un électrochoc.Les compagnies de certains pays, dont la Chine, la Turquie et l’Inde, ont continué à survoler l’Iran même après les tirs de missiles sans avertissement préalable contre Israël début octobre 2024.Pour passer vers l’Est, celles-ci utilisaient cependant un autre point de passage qui vient de se fermer: l’Irak, dont le survol sous 32.000 pieds (9.750 mètres), non loin du plafond opérationnel des jets, présentait déjà un risque “élevé”, “en raison de la présence de divers armements anti-aériens et de bombardements de missiles ou de drones impromptus”, selon l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA).La fermeture de l’espace aérien israélien a provoqué l’annulation de tous les vols depuis Israël, notamment des compagnies locales El Al (jusqu’à dimanche) et Israir (jusqu’à samedi), ont indiqué les compagnies.Israël a frappé dans la nuit une centaine de cibles dont des sites nucléaires, tuant les deux plus hauts responsables militaires de la République islamique, qui a juré de se venger.

Wall Street glisse après l’attaque israélienne en Iran

La Bourse de New York recule vendredi, accusant le coup face à la recrudescence des tensions géopolitiques au Moyen Orient après les frappes israéliennes massives sur le sol iranien.Vers 14H15 GMT, le Dow Jones perdait 1,46%, l’indice Nasdaq lâchait 1,14% et l’indice élargi S&P 500 se contractait de 0,97%.”L’escalade des tensions au Moyen Orient entraîne une aversion au risque” parmi les investisseurs, commente auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.Une attaque d’une ampleur sans précédent menée par Israël a visé des sites militaires et nucléaires et tué les plus hauts gradés iraniens, dont le chef d’état major de l’armée, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ainsi que le commandant de sa force aérospatiale.Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde, des explosions ont été entendues à la mi-journée en Iran. Donald Trump a prévenu que ces frappes pourraient être suivies d’attaques “encore plus brutales” si l’Iran ne concluait pas un accord sur le nucléaire.”Nous assistons à une sorte de fuite vers la sécurité, les investisseurs achetant de l’or”, qui se rapproche en conséquence de son plus haut historique, ou du dollar, généralement considéré comme une devise sûre, relève Angelo Kourkafas.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se tendait légèrement à 4,39%, contre 4,36% jeudi en clôture.Le marché actions, vu comme plus volatil, est donc quelque peu délaissé dans son ensemble. Il “a résisté aux tentatives de vente tout au long de la semaine”, rappellent les analystes de Briefing.com, qui voient en cette séance “un test de la détermination des acheteurs”.Le regain de tensions géopolitiques bénéficie d’ores et déjà aux entreprises de la défense, dont les actions grimpent. Vers 14H15 GMT, RTX prenait 2,06%, Lockheed Martin 2,92% et Northrop Grumman 2,36%.Les valeurs pétrolières sont, elles, portées par la forte hausse des prix de l’or noir à l’image de Chevron (+0,43%), Exxon Mobil (+1,76%) ou ConocoPhillips (+2,53%).En revanche, les entreprises du secteur du tourisme souffrent du conflit. Les valeurs du secteur de l’aérien baissent nettement à l’instar de United (-4,61%), American Airlines (-4,91%) ou Delta (-4,07%), les croisiéristes Carnival (-5,37%) et Royal Caribbean Cruises (3,11%) reculent aussi et les sociétés d’hôtellerie marquent le pas, Hilton et Intercontinental lâchant près de 2%.”Il ne faut pas négliger ce repli” de la place américaine, “mais il faut aussi le mettre en perspective”, selon Angelo Kourkafas.Face à de tels événements géopolitiques, “les actions baissent et les performances peuvent être médiocres à court terme mais (rapidement) le marché gravite à nouveau autour des fondamentaux qui, pour l’instant, restent positifs”, estime l’analyste.La confiance des consommateurs a rebondi en juin aux Etats-Unis, au-delà de ce qui était attendu par les analystes mais sans retrouver son niveau d’avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, selon un baromètre publié vendredi.Un indice évaluant cette confiance est passé à 60,5 en juin, en augmentation de près de 16% sur un mois, selon une estimation préliminaire de l’Université du Michigan, qui fait référence. Toutefois, par rapport à la même période en 2024, l’indice est en baisse de 11,3%Ailleurs à la cote, le géant du secteur des semi-conducteurs Advanced Micro Devices (AMD) reculait (-2,07%), la présentation de la nouvelle génération de ses puces spécialisées dans l’intelligence artificielle (IA) n’ayant pas convaincu les investisseurs.L’avionneur américain Boeing continuait d’être sanctionné (-3,53% à 196,65 dollars) après qu’un 787 de la compagnie Air India à destination de Londres s’est écrasé jeudi dans le nord-ouest de l’Inde.