Test

Obligations et actions, dollar, les valeurs américaines chutent à l’unisson, une rareté

L’imposition de nouveaux droits de douane élevés par Donald Trump a amené les investisseurs à se délester massivement de tous les grands actifs américains, actions, obligations et dollar, un phénomène rare qui signale notamment une érosion de la confiance des marchés mondiaux dans les Etats-Unis.Les obligations ne sont plus un refugeTraditionnellement prisées des investisseurs en cas de remous sur les marchés ou dans l’économie réelle, les obligations d’Etat américaines, dont le prix évolue en sens opposé de leur taux, chutent depuis l’annonce de la vague de droits de douane du 2 avril.”Cela ressemble à des ventes en urgence pour récupérer des liquidités”, estime Thomas Urano de Sage Advisory, en particulier des fonds spéculatifs (hedge funds) mais aussi de fonds d’investissement classiques.Mais pour Steve Sosnick, d’Interactive Brokers, un autre film se joue en parallèle sur ce marché.”Il y a clairement une fuite des obligations américaines”, dit l’analyste. “L’argent est en train de sortir du marché obligataire américain et ce, très rapidement. Ce n’est vraiment pas bon signe.””Il y a une perte de confiance dans les dirigeants américains et les actifs américains”, abonde Will Compernolle, de FHN Financial. S’il voit des effets potentiels à long terme liés à cette dégradation de l’image des Etats-Unis sur les marchés, Will Compernolle rappelle que “les gens ont beau chercher des alternatives” au dollar et aux obligations d’Etat, “aucune n’a émergé pour l’instant.”La séquence actuelle “pourrait mener à un point d’inflexion”, concède-t-il, “mais nous n’y sommes pas encore”.Les taux américains montent mais le dollar baisse”Bien souvent, lorsque les rendements (obligataires, ndlr) augmentent, cela signifie que cela rend une monnaie plus attrayante”, rappelle Steve Sosnick, d’Interactive Brokers, les taux obligataires évoluant en sens opposé de leur prix. “Or, dans le même temps, le dollar s’effondre”, ce qui n’est pas un signal encourageant pour les Etats-Unis, ajoute l’analyste.Un temps propulsé par l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump, le billet vert a perdu plus de 8% depuis l’investiture du président américain et plus de 2% lors de la seule séance jeudi, des variations très violentes à l’échelle de ce marché.La devise américaine souffre alors que “la crédibilité de la politique américaine s’amenuise (et) le risque de stagflation (soit une inflation forte conjuguée à une croissance faible, ndlr) augmente aux États-Unis”, estime auprès de l’AFP Elias Haddad, de Brown Brothers Harriman (BBH).Selon l’analyste, ces deux facteurs “ne sont pas près de s’atténuer” et le dollar est en conséquence “confronté à un risque supplémentaire de baisse”.”Je ne pense pas que la perte de confiance soit réversible”, prévient Will Compernolle, de FHN Financial.Selon lui, si cela ne devrait pas remettre en question la place de la devise américaine en tant que “monnaie mondiale de facto” face à l’absence d’alternative crédible, “il y aura des cicatrices”.Le billet vert, habituellement considéré comme une valeur refuge, a “certainement pris une pause par rapport à (ce) statut”, juge Steve Sosnick.Les actions souffrent mais évitent la débâcleDe son côté, Wall Street est nettement chahutée par les politiques commerciales et économiques de Donald Trump, et ses incessants revirements. Les indices boursiers américains de référence avaient plongé lors des deux derniers jours de la semaine précédente, de près de 12% pour le Nasdaq et de près de 10% pour le Dow Jones, après l’annonce mercredi soir de droits de douane substantiels. Puis ils ont rebondi en partie, mais en montagnes russes, affichant sur la semaine presque écoulée +5,08% pour le Dow Jones et +7,16% pour le Nasdaq  vendredi vers 18H GMT.Les investisseurs conservent en quelque sorte un “optimisme prudent” avec l’idée “que le paysage politique actuel n’est pas définitif”, relève Will Compernolle.Ils jugent qu’il “est impossible que la Chine et les États-Unis puissent imposer des droits de douane aussi élevés l’un à l’autre pendant très longtemps, car il s’agirait d’une autodestruction mutuelle assurée”, estime l’analyste.Donald Trump, a concentré ses foudres sur la Chine et porté les taxes douanières à 145%. En réaction, Pékin a relevé à 125% de ses surtaxes douanières sur les produits venus des États-Unis.Pour autant, il y a encore peu de “données économiques concrètes qui indiquent un ralentissement” économique, rappelle M. Compernolle. L’essentiel des inquiétudes se traduit jusqu’à présent par des anticipations fortement dégradées de plusieurs acteurs économiques clé, y compris du président de la banque centrale américaine (Fed), et un plongeon de la confiance des consommateurs.”Il se pourrait qu’une fois que nous aurons des preuves concrètes que ce pessimisme se traduit” par des changements économiques réels, “le marché boursier se corrige enfin de manière significative à la baisse”, anticipe Will Compernolle.

Royaume-Uni: le Parlement convoqué en urgence pour “prendre le contrôle” des hauts fourneaux de British Steel

Le Parlement britannique est convoqué en urgence samedi pour voter une législation permettant au gouvernement de “prendre le contrôle” d’une usine du sidérurgiste British Steel, dont les hauts fourneaux sont promis à une fermeture imminente, a annoncé le Premier ministre Keir Starmer.Ce projet de loi est destiné à “prendre le contrôle de l’usine et de préserver toutes les options viables”, a déclaré vendredi le dirigeant travailliste pour qui “il n’y a plus de temps à perdre”. La sécurité économique du pays est “en jeu”, a-t-il averti.Pour ce faire, les députés ont été rappelés de leurs vacances pascales pour débattre à partir de 10h00 GMT. La chambre des Lords a aussi été rappelée, à 11H00 GMT. Le vote doit avoir lieu dans la journée.Interrogé sur une éventuelle nationalisation du site, M. Starmer a indiqué “que toutes les options sont sur la table”. Il a également déclaré que des négociations avaient été engagées depuis un certain temps avec le groupe chinois.Plus tôt dans l’après-midi, un porte-parole du Premier ministre a précisé que le gouvernement utiliserait ce pouvoir “pour protéger” le site de Scunthorpe” (nord de l’Angleterre) que possède British Steel, et où entre 2.000 et 2.700 emplois sont menacés.Sollicité par l’AFP, British Steel n’a pas souhaité commenter.Le sidérurgiste, qui emploie au total 3.500 personnes en Angleterre, a annoncé fin mars son intention de fermer début juin ses deux hauts fourneaux, ses opérations de fabrication d’acier et de réduire la capacité du laminoir à acier de Scunthorpe. L’entreprise fait valoir que les deux hauts fourneaux, les derniers d’Angleterre, ne sont plus rentables.Elle affirme perdre 700.000 livres (814.000 euros) par jour en raison de conditions de marché “très difficiles”.Cet ancien fleuron britannique est en difficulté depuis des années. Il avait été sauvé de la faillite par l’entreprise chinoise en 2020. – “Bonne foi” -La fermeture annoncée des hauts fourneaux intervient en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis. Ces derniers ont imposé des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium, entrés en application à la mi-mars.Au contraire de l’UE, le Royaume-Uni n’a pas riposté, espérant signer un accord économique avec les Etats-Unis. Le rappel du Parlement un samedi, événement rare qui intervient pour la première fois depuis 2019, témoigne de l’importance du dossier pour le gouvernement.Il intervient sur fond de tensions entre les autorités britanniques et British Steel sur une aide publique pour l’aider à passer aux fours à arc électrique, moins polluants et nécessitant moins de main d’oeuvre.”Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons négocié de bonne foi avec les propriétaires de British Steel. Nous avons toujours été clairs sur le fait que l’avenir de l’acier au Royaume-Uni était prometteur”, a encore ajouté le porte-parole du Premier ministre vendredi. Mardi, le dirigeant travailliste avait peu ou prou déclaré la même chose devant une commission parlementaire, qui l’interrogeait sur une possible nationalisation.Vendredi, Sharon Graham, la secrétaire générale du syndicat Unite, s’est dite “heureuse” de la décision du gouvernement d’introduire cette législation d’urgence. “C’est absolument la bonne chose à faire que d’entamer le processus de nationalisation”, a-t-elle ajouté.”Nous ne pouvons pas permettre que la Grande-Bretagne devienne le seul pays du G7 sans capacité de production d’acier”, avait déclaré plus tôt le secrétaire général du syndicat Community, Roy Rickhuss dans un communiqué.En l’absence d’un accord avec le groupe chinois, “il est essentiel que des mesures soient prises d’urgence pour que British Steel devienne une entreprise publique”, a-t-il ajouté.

Loi simplification: un article sur la réforme du code minier inquiète les écologistes en Guyane

Un article du projet de loi sur la “simplification”, actuellement examiné par les députés, prévoit d’assouplir les règles d’attribution des permis miniers en Guyane. Il écarterait l’Office national des forêts (ONF) du processus, alarmant les défenseurs de la forêt amazonienne.En discussion depuis mardi à l’Assemblée nationale, le projet de loi de simplification de la vie économique prévoit notamment l’allègement du nouveau code minier, entré en vigueur en juillet.De quoi impacter directement la Guyane: le territoire français d’Amérique du Sud, recouvert à plus de 90% de forêt à la biodiversité inégalée, concentre “82% des mines ouvertes en France”, selon le ministère de la Transition écologique. Le texte propose de réduire le délai d’instruction des permis exclusifs de recherches (PER), et surtout de supprimer l’avis conforme de l’Office national des forêts (ONF), jusque-là nécessaire dans les dossiers d’autorisation de recherche minière (ARM).Cette procédure, propre à la Guyane, est une étape préalable à la demande d’autorisation d’exploitation minière (AEX), un titre dérogatoire mis en place pour développer les mines alluvionnaires, le principal type de mines d’or dans la région.Actuellement, l’exploitant doit obtenir l’accord du propriétaire du sol (l’Etat) ou de son gestionnaire (l’ONF), qui vérifie la compatibilité du projet avec les zones écologiquement sensibles. Nécessaire, car l’implantation d’une mine est synonyme de perturbation des cours d’eau et de déforestation, en moyenne de “500 hectares par an”, selon l’ONF.En l’état, le texte – l’article 19 du projet de loi n’a pas encore été examiné – confierait à la seule préfecture la décision de délivrer des titres miniers, excluant “le seul acteur qui pouvait s’opposer pour motif environnemental” à leur installation, souligne à l’AFP Nolwenn Rocca, coordinateur de l’association Guyane nature environnement (GNE). “Trop de simplification pourrait mettre en danger la protection de la forêt”, résume François Korysko, directeur de l’ONF en Guyane.- Mine légale – Déjà prévue dans le nouveau code minier entré en vigueur en juillet, cette orientation confirme la volonté de l’Etat de “faciliter l’exploitation minière en amenuisant les prescriptions environnementales”, déplore Guyane nature environnement.Elle s’inscrit aussi dans un contexte où la France et l’Union européenne cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en métaux stratégiques. Localement, le développement de la filière minière est aussi vu comme un moyen d’enrayer l’orpaillage illégal, un fléau en Guyane depuis 30 ans.Le développement des AEX, modèle le plus répandu en Guyane, est au coeur de la réforme: leur nombre par exploitant n’est plus limité et leur forme devient libre, permettant d’exploiter une plus grande surface. La réforme prévoit également une mise en concurrence des opérateurs, via des appels à manifestation d’intérêt.  En contrepartie, le nouveau code impose des garanties financières aux exploitants, censées couvrir la réhabilitation des sites après extraction, une obligation auparavant peu codifiée.Pour la Fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg) et la Collectivité territoriale de Guyane, ces évolutions sont nécessaires pour industrialiser la filière aurifère, aujourd’hui dominée par une exploitation artisanale.Le député indépendantiste de Guyane Jean-Victor Castor se montre partagé. S’il appelle à “prendre en considération les particularités de la Guyane, qui a besoin d’exploiter ses ressources pour se développer”, il estime que l’article 19 “sert les intérêts géostratégiques de la France et va favoriser les grosses entreprises” pour exploiter le minerai.Ils demande des assouplissements supplémentaires pour les PME guyanaises, aujourd’hui “dans une logique de survie”. Mais pour GNE, le secteur contribue de toute façon “peu à l’économie locale”. En 2018, il n’était que le 35e secteur sur 36 contribuant à l’économie guyanaise, selon un rapport du cabinet Deloitte commandé par WWF France.Le débat en Guyane reste centré sur l’or, mais d’autres minerais stratégiques sont présents dans le sous-sol guyanais: coltan, bauxite, diamants, fer ou manganèse. Une richesse reconnue par l’Etat qui a lancé en février une mise à jour de l’inventaire des ressources minérales par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans cinq zones nationales jugées “prioritaires”, dont la Guyane.

La Bourse de Paris a cédé 0,30% vendredi et 2,34% sur la semaine

La Bourse de Paris a terminé en petite baisse vendredi, abandonnant plus de 2% sur la semaine, au gré des offensives protectionnistes de la Maison-Blanche contre ses partenaires commerciaux et des mesures de rétorsion.L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a cédé 0,30% à 7.104,80 points, perdant 21,22 points. Sur la semaine, il termine en baisse de 2,34%.L’indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux continent, a lui perdu près de 2% sur la semaine.Les Bourses ont connu une période de montagnes russes, avec des baisses depuis les annonces de Donald Trump, “entrecoupées de hausses brusques à mesure que les marchés réagissent aux discussions sur les droits de douane des deux côtés du globe”, commente Michael Hewson, de CMC Markets.Et “après tout ce qui s’est passé, le marché a tendance à vouloir se poser”, note Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi porter ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux surtaxes monumentales de 145% imposées par Donald Trump sur les importations venant de la Chine.Mercredi, le président américain avait suspendu pour 90 jours des surtaxes douanières sur les partenaires commerciaux des Etats-Unis, sauf Pékin, tout en laissant en place certains droits de douane augmentés et une taxe plancher de 10%.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte et le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington.La Banque centrale européenne “surveille la situation et est toujours prête à intervenir” en utilisant “les instruments dont elle dispose”, a déclaré vendredi sa présidente Christine Lagard, à moins d’une semaine de la prochaine réunion de la BCE.Le président de la Réserve fédérale de New York, John Williams, a de son côté mis à jour vendredi ses prévisions pour l’économie américaine: moins de croissance, mais plus d’inflation et de chômage.Par ailleurs, l’Université du Michigan a dévoilé une estimation de la confiance des consommateurs américains plongeant de 11% en avril, à 30% de moins qu’en décembre et en recul général quel que soit l’âge, revenu, niveau d’études ou appartenance politique, les anticipations d’inflation étant au plus haut depuis 1981.Les valeurs “défensives” recherchéesA Paris, “les valeurs défensives classiques”, ou dites domestiques, qui sont exposées au marché local mais moins à l’international, “sont revenues en tête du marché dans une séance plus attentiste face à la guerre commerciale”, relève Guillaume Chaloin.Dans l’agroalimentaire, Danone (+1,25% à 71,20 euros) “a été la valeur refuge emblématique”, poursuit il.Dans le secteur des télécoms, Bouygues a fini en hausse de 0,72% à 35,04 euros et Orange à +1,84% à 12,21 euros l’action.BNP Paribas plombéLe cours de BNP Paribas est brusquement descendu peu après 14H30, après un article de l’agence financière Bloomberg sur les conditions de rachat du gestionnaire d’actifs Axa IM, en cours.Le titre a terminé en baisse de 2,41% à 65,61 euros, après avoir dégringolé de plus de 4,5% en séance.Selon Bloomberg, la Banque centrale européenne (BCE) a placé un caillou dans la chaussure de la première banque européenne en émettant un avis négatif sur les dispositions prévues de ce rachat, annoncé le 1er août 2024, pour plus de 5 milliards d’euros. L’acquisition devrait être achevée mi-2025.

Les marchés mondiaux terminent la semaine fébriles, fuite des actifs américains

Les marchés mondiaux naviguent dans un océan d’incertitudes vendredi au terme d’une semaine de montages russes, à mesure que les États-Unis et la Chine s’enfoncent dans une guerre commerciale provoquant une perte de confiance dans les actifs américains.Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi qu’elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux surtaxes monumentales de 145% imposées par la Maison-Blanche cette semaine sur les importations venant de la Chine, quand les autres partenaires commerciaux bénéficient d’un gel pour 90 jours des droits de douane supplémentaires américains.”Les investisseurs ont à nouveau eu à affronter une semaine de volatilité”, à savoir d’importantes variations du jour au lendemain, dans un sens comme dans l’autre au gré des offensives protectionnistes de la Maison-Blanche et des mesures de rétorsion, relève Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.La Bourse de Paris a terminé vendredi en petite baisse de 0,30%, Francfort de 0,92%, Milan de 0,73%. Seule Londres termine en terrain positif (+0,64).Sur la semaine, les pertes sont finalement limitées: l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux continent, a perdu près de 2%.A Wall Street, vers 15H45 GMT, le Dow Jones glissait de 0,07%, l’indice Nasdaq gagnait 0,20% et l’indice élargi S&P 500 0,02%. Sur la semaine, ils restent toutefois en hausse.”L’incertitude demeure et le manque de tendance sur la semaine en est la meilleure expression”, souligne Florian Ielpo.Un phénomène ressort: “la perspective d’une incertitude économique prolongée oblige les investisseurs à réévaluer la sécurité autrefois fiable des actifs américains”, commente Fawad Razaqzada, analyste de City Index.La même incertitude pèse sur les consommateurs américains, dont la confiance a reculé fortement en avril pour le quatrième mois d’affilée: les sondés du dernier baromètre publié vendredi redoutent une inflation massive, une dégradation de l’activité économique et une hausse du chômage.Le roi dollar tombePremier perdant du bal de taxes punitives et volte-face de Donald Trump: “le dollar américain a pris un coup”, souligne l’analyste.Il a atteint vendredi un plus bas niveau en trois ans face à l’euro. Longtemps considéré comme un actif de confiance, le billet vert a perdu environ 5% par rapport à la monnaie unique depuis le début du mois.Vers 15H45 GMT, le dollar dévissait de 1,29% face à la devise européenne à 1,1349 dollar pour un euro.Le billet vert sert habituellement de “baromètre de l’anxiété du marché”, explique M. Razaqzada, mais il souffre actuellement du manque de crédibilité et de la perte de confiance des investisseurs dans l’économie américaine.”Actuellement, on peut avoir l’impression que les États-Unis ne savent plus ce qu’ils font”, explique Andreas Lipkow, analyste indépendant.Fuite des actifs américainsLe marché de la dette américaine est aussi délaissé, ce qui provoque une flambée du rendement des bons du Trésor. Le rendement de l’obligation à dix ans américaine, référence, atteignait vers 15H45 GMT 4,53%, contre 4,43% jeudi à la clôture, peu après après avoir poussé jusqu’à un plus haut depuis février.Un contraste flagrant avec le début du mois, lorsque le taux à 10 ans avait touché un plus bas depuis octobre, à 3,88%.Cette enflammée est d’autant plus surprenante que “les obligations d’État américaines, normalement considérées comme l’un des investissements les plus sûrs, devrait bénéficier (des périodes) de turbulences”, relève Ole Hansen, analyste de Saxo Bank. “Le message était clair: la vente massive d’actifs à risque a poussé la Maison-Blanche à assouplir sa position, au moins temporairement”, poursuit-il.”Je surveillais le marché des obligations”, a lui-même reconnu le président américain mercredi, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières “effrayaient un peu” les investisseurs.L’or, dernière valeur refuge”La flambée désordonnée des rendements des bons du Trésor américain à long terme”, parallèle à la baisse des marchés boursiers mondiaux, a laissé “les investisseurs sans options sûres”, hormis quelques devises comme le franc suisse et le yen, mais surtout “l’or”, souligne M. Hansen.Le métal précieux s’est hissé vendredi à un nouveau record historique, à plus de 3.244 dollars l’once. Vers 15H45 GMT, il évoluait à 3.235,50 dollars l’once, plébiscité pour ses performances de réserve de valeur.Le pétrole chute sur la semaineLe pétrole, stable vendredi, souffre aussi de la guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances économiques. En une semaine, les deux références mondiales du brut ont dégringolé d’environ 15%.Le Brent de la mer du Nord, référence européenne, se stabilisait finalement à 63,44 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI, à 60,23 dollars le baril vers 16H45 GMT.

Le duel commercial devient guerre de tranchées entre Pékin et Washington

C’est désormais à qui clignera en premier: la Chine a durci sa riposte douanière contre Donald Trump, lequel reste persuadé que son bras de fer commercial marche “vraiment bien”, ce dont les investisseurs et les consommateurs américains doutent de plus en plus ouvertement.Les marchés boudent à la fois la devise, la dette et les actions américaines, dans un accès de défiance généralisée que l’on observe d’ordinaire envers certains pays émergents, pas pour la première puissance mondiale.Le très influent patron de la banque JP Morgan, Jamie Dimon, a reconnu vendredi que l’économie faisait “face à des turbulences considérables”.Le président américain a lui estimé sur son réseau Truth Social que sa politique en matière de droits de douane “fonctionnait vraiment bien” .Donald Trump, décidé à concentrer ses foudres douanières sur la Chine, n’a pas commenté précisément l’annonce par Pékin d’un relèvement à 125% de ses surtaxes douanières sur les produits venus des États-Unis.- “La Chine l’ignorera” -Alors que le milliardaire républicain se dit persuadé que la Chine veut négocier, le communiqué du ministère chinois des Finances vendredi signale plutôt un enkystement.”Comme à ce niveau de tarifs douaniers, les produits américains exportés vers la Chine ne sont plus viables sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, a-t-il averti.L’incertitude continue de faire plonger le dollar, qui a atteint vendredi un plus bas face à l’euro en plus de trois ans. Les marchés boursiers européens sont repartis dans le rouge. A Wall Street, fébrile, les indices évoluaient en dents de scie. Les taux des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendaient nettement, ce qui signifie que les investisseurs continuaient à s’en défaire.La confiance des consommateurs a reculé fortement en avril aux Etats-Unis, selon un baromètre très suivi, publié vendredi par l’université du Michigan. Un recul “généralisé et unanime quels que soient l’âge, le revenu, le niveau d’études, le lieu de vie ou l’appartenance politique”,a souligné la directrice de cette enquête, Joanne Hsu.Cela suffira-t-il à faire plier Donald Trump, qui passe vendredi une visite médicale?- Européens entre deux feux -Mercredi, il avait fait en partie marche arrière dans son assaut protectionniste en suspendant pour 90 jours des surtaxes douanières sur les partenaires commerciaux des Etats-Unis, sauf Pékin, tout en laissant en place certains droits de douane augmentés et une taxe plancher de 10%.La Chine a été finalement frappée par une taxe totale monumentale à 145%, soit 125% s’ajoutant à des droits de douane de 20% préexistants.Les Européens, eux, sont pris entre deux feux: à la fois pressés de négocier par les Etats-Unis et obligés de composer avec la Chine.Lors d’une rencontre vendredi à Pékin avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a invité l’Union européenne à “résister ensemble” face à la guerre commerciale de Donald Trump.Pedro Sanchez a lui appelé à “rectifier” le déficit commercial des Européens avec la Chine mais sans “entraver le potentiel de croissance des relations” avec Pékin.Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi sur X que la pause était “fragile” et dit aux Européens de se “montrer forts”.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte et le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington.Si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.Dans cette bataille des grandes puissances, l’ONU a mis en garde sur le sort des pays les plus démunis comme le Lesotho, le Cambodge, le Laos ou encore Madagascar et la Birmanie.Ils sont “les plus exposés aux instabilités du système de commerce mondial et les moins équipés pour s’adapter en cas de besoin” a noté Pamela Coke-Hamilton, directrice exécutive du Centre du Commerce International, une entité conjointe de l’ONU et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).burs-aue/bpe

Un responsable de la Fed dégrade fortement ses prévisions pour l’économie américaine

Un responsable de la Réserve fédérale (Fed) américaine a fortement dégradé vendredi ses prévisions pour la première économie mondiale devant les “turbulences” dues notamment aux droits de douane: moins de croissance, plus d’inflation et de chômage.Après avoir évoqué “des temps de turbulences et d’incertitudes”, le président de la Fed de New York John Williams a mis à jour ses prévisions pour l’économie américaine, lors d’un discours prononcé à Puerto Rico.”Je m’attends désormais à ce que la croissance du PIB [produit intérieur brut] ralentisse considérablement par rapport à son rythme de l’an dernier, vraisemblablement sous 1%”, a déclaré le responsable qui vote sur les décisions de politique monétaire de la banque centrale des Etats-Unis.Il a cité comme facteurs “le ralentissement de la croissance de la main-d’oeuvre disponible en raison d’une immigration réduite” et “l’impact cumulé de l’incertitude et des droits de douane”.La croissance du PIB était de 2,8% en 2024 (par rapport à 2023).”Du fait de cette décélération de la croissance, j’anticipe que le taux de chômage va croître, passant d’ici la fin de l’année de 4,2% actuellement à entre 4,5% et 5%”, a-t-il ajouté.”Je m’attends à ce que les droits de douane relevés accentuent l’inflation cette année (pour atteindre) entre 3,5% et 4%”, a-t-il enchaîné.L’indice d’inflation de référence pour la Fed, le CPE, est pour l’heure de 2,5%, au-dessus de son objectif de 2%.Par ailleurs, avant que débute son discours, l’Université du Michigan a dévoilé une estimation de la confiance des consommateurs américains plongeant de 11% en avril, à 30% de moins qu’en décembre et en recul général quel que soit l’âge, revenu, niveau d’études ou appartenance politique, les anticipations d’inflation étant au plus haut depuis 1981.

Rudoyée par Trump, l’UE se tourne vers d’autres partenaires

Des sommets aux quatre coins du globe, des négociations commerciales lancées tous azimuts: rudoyée par les Etats-Unis de Donald Trump, l’Union européenne est embarquée dans une opération séduction pour diversifier ses alliances.Menacée à trois reprises par des droits de douane du président américain au cours des derniers mois, le bloc européen tente par tous les moyens de nouer de nouveaux partenariats, ou donner un second souffle à ceux existants.L’Europe n’a évidemment pas décidé de tourner le dos à son principal partenaire commercial, avec qui elle échange annuellement 1.600 milliards d’euros de biens et services.Tout au long de la semaine, Bruxelles a plaidé pour des négociations “constructives” avec Washington. Quand les Etats-Unis ont annoncé repousser de 90 jours l’application de certains droits de douane, l’Europe a dans la foulée suspendu ses mesures de riposte.Mais face à un allié américain imprévisible, très tenté par le protectionnisme, le Vieux continent sait qu’il n’a d’autre choix que de proposer son immense marché intérieur de 450 millions de consommateurs à d’autres. Et trouver de nouveaux débouchés pour ses produits.- Rendez-vous à Samarcande -Le calendrier sur lequel Bruxelles avance suit une logique précise.La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a commencé par signer un accord de libre-échange avec le bloc sud-américain du Mercosur, un mois tout juste après l’élection de Donald Trump, en dépit des vives protestations de la France.Elle a annoncé renforcer le partenariat commercial de l’UE avec le Mexique quelques jours seulement avant que Donald Trump ne prête serment, en janvier. Et relancé des négociations longtemps enterrées avec la Malaisie le jour même de l’investiture du milliardaire républicain.Accompagnée de son équipe de commissaires et du président du Conseil Antonio Costa, la cheffe de l’exécutif européen s’est depuis rendue à des sommets en Inde, en Afrique du sud et en Asie centrale. Quitte à reléguer au second plan certaines préoccupations sur le traitement des droits humains par certains de ces pays, exprimées par le passé.La première réaction d’Ursula von der Leyen aux droits de douane de Donald Trump du 2 avril est d’ailleurs venue de… Samarcande, en Ouzbékistan, où elle était venue plaider pour l’accélération des flux commerciaux entre l’Union européenne et l’Asie.”L’Europe poursuit la diversification de ses partenariats commerciaux”, a encore assuré la présidente de la Commission européenne jeudi, tendant la main à tous ceux qui croient aux principes “de liberté et d’ouverture” des marchés.- La tentation chinoise -L’UE a elle aussi reçu des mains tendues. Et notamment celle de Pékin, ciblé par des taxes de 145% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Le président chinois Xi Jinping a invité vendredi Bruxelles à mutualiser leurs forces pour “résister” ensemble à la “coercition” de Washington. Dans la foulée, l’Union européenne a confirmé la tenue d’un sommet entre les dirigeants chinois et ceux des institutions européennes courant juillet, en Chine.Un rapprochement avec Pékin n’est toutefois pas sans risques. Certains dirigeants européens craignent que la Chine n’inonde le continent des produits qu’elle ne pourrait plus envoyer vers les Etats-Unis, quitte à brader ses prix. Avec le risque que l’industrie européenne, dont de nombreux secteurs sont déjà mis à mal par la concurrence chinoise, soit encore plus menacée.”L’UE peut diversifier et étendre ses relations commerciales ailleurs dans le monde, mais elle ne trouvera pas de marché où la demande et le pouvoir d’achat sont aussi importants qu’aux Etats-Unis”, résume Varg Folkman du European Policy Centre. D’autant que la conclusion d’accords convenables aux 27 pays membres de l’UE comme le tracé de nouvelles routes commerciales “prendront du temps”, prédit l’analyste auprès de l’AFP. “Cela ne se fera pas en un claquement de doigts”.

Les Bourses européennes terminent une semaine mouvementée en petite baisse

Les principales places boursières européennes ont terminé majoritairement en petite baisse vendredi, au terme d’une semaine de montagnes russes, à mesure que les Etats-Unis et la Chine s’enfoncent dans la guerre commerciale.La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,30%, Francfort de 0,92%, Milan de 0,73%. Seule Londres termine en terrain positif (+0,64).

Selon l’ONU, la guerre commerciale est le moment de se réinventer pour les pays pauvres

Les pays en développement vont devoir se réinventer face aux turbulences du commerce international, qui les frappent de manière disproportionnée, en diversifiant leur clientèle à l’export, en ajoutant de la valeur à leur production nationale et en s’alliant régionalement, recommande l’ONU.”S’il y a jamais eu un moment pour opérer ce virage vers la diversification, la valorisation et l’intégration régionale — ce que j’appelle la ‘reglobalisation stratégique’ — c’est maintenant”, a lancé Pamela Coke-Hamilton, directrice exécutive du Centre du Commerce International (CCI, une entité conjointe de l’ONU et de l’OMC) lors d’un briefing à Genève.”Cela se caractérise par un commerce mutuellement bénéfique, plutôt que par une aide au développement traditionnelle”, a-t-elle ajouté.Elle reconnaît que la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump posait d’importants défis aux pays les plus démunis comme le Lesotho, le Cambodge, le Laos ou encore Madagascar et la Birmanie.Ces pays pauvres sont “les plus exposés aux instabilités du système de commerce mondial et les moins équipés pour s’adapter en cas de besoin”, a renchéri la responsable. Les petites entreprises de ces pays, n’ont pas la capacité d’absorber des coûts supplémentaires ou de faire face à l’ampleur de tels changements.Certains de ces pays dépendent aussi de façon disproportionnée du marché américain notamment parce qu’ils pouvaient y exporter leurs produits sans droits de douane grâce au African Growth and Opportunity Act.Le Lesotho – “un pays que personne ne connaît” selon Donald Trump qui voulait taxer ses biens à l’importation de 50%- a profité de l’AGOA. Il envoie 60% de ses exportations de vêtements vers le marché américain pour plus de 230 millions de dollars en vêtements par an au cours des cinq dernières années. Avant la suspension des tarifs “réciproques” mercredi, le Lesotho faisait face à des pertes potentielles d’exportations de 210 millions de dollars sur le marché américain d’ici 2029.Pour le Bangladesh, le tarif “réciproque” de 37% -s’il venait à entrer en vigueur- pourrait coûter 3,3 milliards de dollars par an en exports vers les Etats-Unis d’ici 2029, selon le CCI.- “Les oeufs, le panier” -Mme Coke-Hamilton résume ainsi la stratégie de diversification : “Ne pas mettre tous ses Å“ufs dans le même panier”.Ainsi, le Bangladesh pourrait explorer les marchés européens, “qui offrent encore un potentiel de croissance pour ses vêtements”. Le Lesotho peut exploiter des marchés alternatifs tels que la Belgique ou l’Eswatini. Et “bien que cela ne compense pas les pertes estimées, c’est un moyen d’atténuer l’impact”, selon la responsable.Pour la création de valeur, l’idée est de faire de la transformation des produits avant de les exporter pour avoir de meilleures marges et amortir les chocs comme des baisses soudaines des prix du café, du cacao ou du cuivre sur les marchés mondiaux. Enfin le troisième pilier concerne l’intégration régionale à l’instar de la Zone de libre-échange continentale africaine. Selon le CCI, si les tarifs étaient totalement éliminés, la Côte d’Ivoire pourrait augmenter ses exportations intra-africaines de 25%, compensant partiellement les pertes anticipées de 563 millions de dollars sur le marché américain. “Il existe donc des opportunités pour les pays en développement non seulement d’affronter les périodes d’incertitude, mais aussi de se préparer de manière proactive pour le long terme”, insiste Mme Coke-Hamilton. – Accès privilégié -Tous les pays en développement ne sont pas égaux face à ces défis. “La capacité du Vietnam à changer ses chaînes d’approvisionnement ou à se tourner vers d’autres marchés va être beaucoup, beaucoup plus grande” que le Lesotho, qui produit seulement deux choses : du textile-habillement et des diamants, souligne Mme Coke-Hamilton.Mais elle insiste aussi sur des opportunités qui n’ont pas encore été exploitées.”Il existe tellement d’accords (commerciaux) qui sont avantageux pour les pays en développement mais qui n’ont pas été pleinement exploités en raison de contraintes du côté de l’offre”, insiste la cheffe du CCI, ajoutant qu’il faut aussi travailler sur le respect de certaines normes et certains mécanismes d’exportation qui, “peuvent actuellement constituer un défi pour répondre aux exigences de certains marchés”.