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L’UE veut assouplir ses règles sur l’IA, et s’attaque aux bandeaux pour les cookies

L’Union européenne a annoncé mercredi une série de mesures visant à réduire le fardeau réglementaire dans le domaine de l’intelligence artificielle et des données, au nom de l’urgence à redresser la compétitivité de l’Europe et combler son retard technologique.La Commission européenne propose notamment de donner plus de temps aux entreprises pour appliquer ses nouvelles règles sur les systèmes d’intelligence artificielle dits à “hauts risques”, après des appels de part et d’autre de l’Atlantique à assouplir la réglementation.L’UE s’est dotée l’an dernier d’une ambitieuse loi en matière d’IA (AI Act), qui doit entrer en vigueur de manière progressive, et Bruxelles veut désormais donner au secteur jusqu’à fin 2027, au lieu d’août 2026, pour se conformer aux obligations sur ces systèmes à hauts risques, des IA qui concernent des domaines sensibles comme la sécurité, la santé ou les droits fondamentaux.C’est l’une des mesures phares d’un projet de loi de simplification de la réglementation en matière numérique, présenté mercredi par Bruxelles. Tout en se défendant de céder aux pressions des lobbies, l’exécutif européen assure avoir écouté les entreprises du secteur, qui craignent de ne pas être prêtes à temps, et vouloir réduire le fardeau bureaucratique et les coûts qui en résultent.- “Règles rigides” -“Nous avons tous les moyens pour réussir en Europe (…), mais nos entreprises, en particulier les PME et les start-up, sont souvent freinées par l’accumulation de règles rigides”, a expliqué Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission chargée du Numérique.La France et l’Allemagne ont elles-mêmes appelé l’UE à faire une pause d’un an dans l’application de l’AI Act, lors d’un sommet mardi à Berlin, afin d’aider à redynamiser l’économie européenne et à combler le retard de ses entreprises en matière d’IA.Le groupe américain OpenAI avait aussi appelé Bruxelles à mettre fin à l’enchevêtrement des règles européennes (AI Act, DMA, DSA, GDPR…) et nationales, y voyant une chance pour l’Europe de “relancer sa compétitivité, protéger ses citoyens et renouer avec la prospérité et le progrès”.Mais les défenseurs d’une régulation stricte de l’IA, pour lutter contre les risques qu’elle fait encourir à la société, font valoir que la réglementation n’est pas responsable du retard technologique européen et invoquent des causes plus profondes comme le manque de champions européens de la tech, qui empêche le Vieux Continent d’égaler les investissements astronomiques des géants américains, ou la difficulté à retenir les chercheurs les plus talentueux.Autre point qui suscite la grande inquiétude des défenseurs de la protection des données personnelles, la Commission veut autoriser l’utilisation de données privées pour le développement des modèles d’IA, en cas d'”intérêt légitime” et revoir la définition des données personnelles.- Bandeaux omniprésents -Des dispositions redoutées par les ONG, qui y voient une remise en cause de la législation européenne jusqu’ici très protectrice pour les citoyens et les consommateurs.”Au lieu des ajustements ciblés annoncés, la Commission propose de modifier des éléments fondamentaux tels que la définition des données à caractère personnel et les droits des personnes concernées par le GDPR”, le règlement phare européen sur les données, s’est ainsi alarmée NOYB, l’association du militant autrichien pour la protection des données Max Schrems.Par ailleurs, parmi les propositions aux conséquences les plus visibles pour les internautes, la Commission veut lutter contre la multiplication des bandeaux d’autorisation ou de refus des cookies, ces outils de mesure et de pistage publicitaire.Ces bandeaux omniprésents agacent de nombreux utilisateurs, même s’ils servent à leur donner un meilleur contrôle sur leurs données. Bruxelles voudrait réduire et simplifier ces bandeaux et permettre aux internautes de répondre en seul clic. En outre, la Commission veut qu’ils puissent systématiquement enregistrer leurs préférences dans leur navigateur ou leur système d’exploitation pour ne plus voir les bandeaux chaque fois qu’ils vont sur un site.Ces mesures risquent de faire l’objet de débats agités au Parlement européen.”L’Europe souffre de la complexité excessive et des incohérences entre les règles qui sont déjà en place”, plaide l’eurodéputée bulgare Eva Maydell (PPE, droite), parmi les partisans de ces assouplissements.Au contraire, les eurodéputés sociaux-démocrates ont exhorté la semaine dernière la Commission à “ne pas déréglementer et affaiblir le cadre juridique numérique soigneusement construit par l’UE”.

Prolongation du glyphosate: la justice européenne donne raison aux ONG sur une “erreur de droit” de Bruxelles

La justice européenne a estimé mercredi que la Commission européenne avait commis une “erreur de droit” lors d’une prolongation de l’autorisation du glyphosate, un herbicide combattu par les associations environnementales.Selon la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), Bruxelles aurait dû donner suite aux demandes des ONG de réexaminer un “règlement d’exécution” européen de 2022 prolongeant d’un an l’autorisation du glyphosate.Cet herbicide très contesté a depuis été autorisé par Bruxelles jusqu’en 2033.La décision de la Cour mercredi concerne aussi le boscalid, un fongicide très utilisé en agriculture et dont les effets potentiels sur l’homme inquiètent certains scientifiques.”La prolongation temporaire d’approbation des substances actives ne peut être appliquée de manière automatique ou systématique”, tranche la CJUE, qui critique les prolongations annuelles “courtes” et “répétées”, plutôt que les autorisations plus longues avec une évaluation des risques.Trois associations avaient saisi la justice européenne sur le sujet: le collectif Pesticide Action Network (PAN) Europe, ainsi que l’organisation française Pollinis et allemande, l’Aurelia Stiftung.- “Victoire importante” -Pollinis a salué une “victoire importante pour la protection de la biodiversité”.La justice européenne “sanctionne le système de prolongations automatiques accordées par la Commission européenne aux industriels de l’agrochimie”, considère cette association.”Cette pratique abusive permet à de nombreux tueurs d’abeilles, comme le boscalid, de continuer à être commercialisés plusieurs années après l’expiration de leur autorisation de mise sur le marché”, dénonce-t-elle.Ces arrêts peuvent faire l’objet d’un recours dans un délai de deux mois.Des ONG dont PAN Europe ont également saisi beaucoup plus largement la justice européenne pour contester l’autorisation du glyphosate jusqu’en 2033.Elles accusent la Commission d’avoir “manqué à son devoir de protection de la santé publique”.La procédure pourrait être plus longue sur ce volet.A la suite d’un vote des Etats membres qui n’avait pas permis de dégager de majorité, la Commission européenne avait pris l’initiative en novembre 2023 de renouveler l’autorisation du glyphosate pour dix ans.Elle s’était appuyée sur un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdiction.Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides très courants, avait été classé en 2015 comme “cancérogène probable” par un centre de recherche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – conclusion confirmée en 2021 par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), organisme français de recherche scientifique.

Amazon reste soumis à des règles européennes renforcées

Le géant américain Amazon, qui contestait son placement sous un régime de règles renforcées dans l’UE, a été débouté mercredi par la justice européenne, ce dont il entend faire appel.C’est la première fois que la justice européenne était amenée à se prononcer sur la désignation d’un géant de la tech comme “très grande plateforme en ligne”. Il s’agissait donc d’un test essentiel pour ce dispositif du règlement sur les services numériques (DSA).”Le recours d’Amazon contre la décision de la Commission désignant la plateforme Amazon Store comme une +très grande plateforme en ligne+ est rejeté”, a annoncé la cour de justice de l’UE, qui siège à Luxembourg.Ce statut est synonyme de règles et de contrôles renforcés pour les plateformes concernées. Elles risquent de lourdes amendes en cas d’infraction (jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires annuel mondial).Ce régime s’applique aux plateformes qui dépassent un seuil d’utilisateurs européens fixé à 45 millions, soit environ 10% de la population de l’UE.La Commission européenne avait désigné en avril 2023 l’activité de vente en ligne d’Amazon comme faisant partie de ces plateformes soumises à des règles plus sévères.Mais le groupe américain avait saisi la justice de l’UE, estimant que cette décision contrevenait à toute une série de droits fondamentaux, notamment la liberté d’entreprendre, le droit de propriété, l’égalité devant la loi.- Liberté d’entreprendre -Dans son arrêt rendu mercredi, la cour de Luxembourg a cependant rejeté les arguments du groupe, sur l’ensemble des points soulevés.La Cour a notamment reconnu que le DSA pouvait interférer avec la liberté d’entreprendre, dans la mesure où elle génère des coûts supplémentaires pour les plateformes concernées, et les oblige à modifier leur activité pour se conformer à ses obligations. Mais elle a jugé que ces contraintes étaient justifiées, au vu notamment des objectifs de la loi, qui vise à lutter contre les contenus illégaux en ligne et à protéger les consommateurs.”Nous sommes déçus par ce jugement et nous avons l’intention de faire appel”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du groupe.”Nous partageons l’objectif de la Commission européenne d’assurer la sécurité des consommateurs en ligne, et nous nous sommes engagés à les protéger contre les produits et contenus illégaux bien avant le règlement sur les services numériques”, a-t-il ajouté.Mais le statut de très large plateforme prévu par le DSA a été conçu “pour contrer des risques systémiques présentés par certaines grandes entreprises dont la publicité est la principale source de revenus et qui diffusent des opinions et des informations”, a-t-il fait valoir, ajoutant que la plateforme de vente d’Amazon “ne présentait aucun risque systémique de cette nature, elle ne faisait que vendre des produits”.

La Bourse de Paris en légère baisse, avant Nvidia

La Bourse de Paris évolue légèrement dans le rouge mercredi, dans l’attente des résultats du mastodonte américain des puces électroniques Nvidia, sur fond de craintes croissantes d’une bulle financière autour de l’intelligence artificielle (IA).Vers 9H30 (heure de Paris), le CAC 40 perdait 0,22% à 7.949,65 points, en recul de 18,29 points. La veille, l’indice parisien a cédé 1,86%.”Aujourd’hui, l’attention des marchés est focalisée sur les résultats de Nvidia”, a résumé Derren Nathan, analyste d’Hargreaves Lansdown.Ces résultats “détermineront de manière significative la tendance future des marchés boursiers tant aux États-Unis qu’en Europe”, a souligné Andreas Lipkow, analyste indépendant.Le spécialiste des puces électroniques doit publier son rapport financier pour le troisième trimestre de son exercice décalé 2025-2026, après la fermeture de Wall Street, à 22H00 (heure de Paris).Il est attendu au tournant, car Nvidia est une figure de proue du mouvement d’investissements massifs des géants de la tech dans l’IA. Les titres des groupes technologiques ont porté les marchés financiers ces derniers mois, poussés par les espoirs que cette technologie ouvre la voie à un nouveau cycle de croissance.Mais des analystes craignent désormais que certaines actions soient allées trop haut, trop vite, et que le secteur ne s’auto-alimente dans un système en vase clos, ayant peu de liens avec le reste de l’économie.”Tout l’écosystème lié à l’intelligence artificielle ressemble à une poignée d’entreprises qui s’échangent des milliards sans qu’on voie vraiment d’argent entrer depuis l’extérieur”, a noté Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Exemple récent: le partenariat annoncé mardi entre “Nvidia, Microsoft et Anthropic”, prévoyant que les “deux premiers investissent 15 milliards de dollars” dans le troisième, qui “achètera de la puissance de calcul” de Microsoft, “alimentée par des puces Nvidia”, a relevé cette analyste.Côté obligataire, le taux d’intérêt de l’emprunt d’Etat français à échéance dix ans, atteignait 3,45% vers 9H30, au même niveau que la veille. Son équivalent allemand, référence en Europe, était à 2,70%, lui aussi stable.Interparfums dégringoleL’action d’Interparfums cédait nettement du terrain à la Bourse de Paris (-8,41% à 24,46 euros, vers 9H30), après que le groupe a annoncé mercredi dans un communiqué ne pas être en mesure d’estimer son chiffre d’affaires pour l’année prochaine, et observé un ralentissement de sa croissance en 2025.

Les Bourses européennes ouvrent sans impulsion

Les marchés boursiers européens ont ouvert sans élan mercredi, retenant leur souffle avant la publication des résultats du géant américain des puces électroniques Nvidia, dans un contexte de craintes croissantes d’une bulle financière autour de l’intelligence artificielle.Vers 8H05 GMT, dans les premiers échanges, Paris perdait 0,11%, tandis que Londres (-0,01%) et Francfort (+0,03%) restaient à l’équilibre. Milan perdait 0,43%.

Négociations nocturnes à la COP30 avant le retour de Lula à Belem

Le Brésil veut que sa COP, la première en Amazonie, soit un succès, et ses diplomates font désormais travailler les négociateurs nuit et jour dans l’espoir – jugé optimiste – d’un premier consensus dès mercredi en présence du président Lula.Il est rare que les chefs d’Etat, après avoir ouvert les COP, reviennent dans la dernière ligne droite de la conférence. François Hollande en 2015 pour l’accord de Paris et Boris Johnson en 2021 à Glasgow étaient revenus ajouter de la pression sur les délégués dans les derniers jours. La COP30 est censée se terminer vendredi soir après deux semaines.Mais Luiz Inacio Lula da Silva a investi un capital politique important pour la réussite de cette 30e conférence de l’ONU sur le changement climatique, avec un objectif: “infliger une nouvelle défaite aux négationnistes” du climat, et démontrer en Amazonie que le monde n’a pas abandonné la coopération climatique, malgré les turbulences géopolitiques et économiques.Il rencontrera les groupes de négociation mercredi, a confirmé le diplomate brésilien qui préside la conférence, André Correa do Lago.Les pays, aussi désireux soit-ils de lui offrir un succès, n’en ont cependant pas abandonné leurs lignes rouges. Les portes ne claquent pas encore, mais les ministres restent loin du consensus.Une tentative assez avancée de compromis par la présidence brésilienne de la COP30 a été publiée à la surprise générale dès mardi matin. Elle ne tranche pas entre des options extrêmes sur les engagements financiers des pays développés, les “mesures commerciales unilatérales” et la sortie des énergies fossiles.Un front de dizaines de pays européens, latino-américains et insulaires réclament une décision qui engagerait les pays à réellement mettre en place la sortie progressive des énergies fossiles adoptée sur le principe à Dubaï en 2023. Il s’oppose aux pays producteurs de pétrole, largement silencieux à Belem.Une nouvelle version du texte est attendue mercredi et le diplomate brésilien qui préside la conférence, André Correa do Lago, a prévenu dans un sourire qu’en cas de séance plénière mercredi, “cela pourrait finir tard”.- L’UE se fait entendre -“Comme toujours à ce stade des négociations, c’est mitigé”, a déclaré à l’AFP le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Ce n’est pas particulièrement équilibré mais c’est une première ébauche”, a dit à des journalistes l’émissaire pour le climat du Royaume-Uni, Rachel Kyte. “Les Brésiliens ont un calendrier très ambitieux. Je pense que ça met beaucoup de pression aux délégués mais il y a une alchimie propre à chaque COP”, a-t-elle ajouté.Wopke Hoekstra a prévenu qu’il n’était pas question de “rouvrir les compromis atteints difficilement l’an dernier en termes de financement” des pays riches en direction des pays en développement, et a aussi dénoncé tout entraînement “dans une conversation artificielle sur les mesures commerciales”.M. Hoekstra réagissait à l’inclusion d’options, dans le projet de texte, faisant allusion aux mesures commerciales unilatérales, ce qui vise implicitement la taxe carbone aux frontières que l’UE va mettre en place en janvier et qui est critiquée comme protectionniste par la Chine et d’autres pays exportateurs.- “Mutirão” -Le texte brésilien est baptisé “Mutirão mondiale”, en référence à un mot autochtone désignant une communauté qui se rassemble pour travailler ensemble sur une tâche commune.Selon les règles de la convention de l’ONU sur le climat, le consensus entre les 194 pays membres de l’accord de Paris, et l’Union européenne, est nécessaire pour l’adoption de toute décision.Le texte suggère aussi de tripler les financements des pays riches vers les plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique, d’ici 2030 ou 2035, ce qui correspond à une demande des pays du Sud – un objectif totalement irréaliste, répondent les Européens en privé.Sans décision financière sur l’adaptation “tout ce dont on discute ici n’est que symbolique”, juge Lina Yassin, chercheuse et déléguée du Soudan. “On repartira à la maison et demain rien n’aura changé.”L’habileté brésilienne permettra-t-elle de dégager un point d’équilibre entre les demandes de la Chine, de l’Inde, des Occidentaux, des pays africains…?”Nous devons montrer au monde que le multilatéralisme est vivant”, a déclaré Josephine Moote, représentante de l’archipel de Kiribati dans le Pacifique.

L’Irlande, pilier européen de l’informatique, face au coût énergétique de l’IA

Avec ses vastes fermes de serveurs, l’Irlande est devenue un pôle mondial de l’informatique en nuage, aujourd’hui en plein boom avec l’intelligence artificielle. Mais cette position-phare en Europe la place aussi au coeur du débat sur les coûts énergétiques et environnementaux du secteur.L’Irlande accueille aujourd’hui plus de 80 centres de données, essentiellement dans de grands entrepôts autour de Dublin, une des plus fortes concentrations au monde, selon le cabinet spécialisé américain Synergy.Au service de géants de la tech dont Meta, Amazon, Google et Microsoft, ils consomment déjà un cinquième de la production électrique nationale, alimentant les craintes pour la stabilité du réseau et pour le respect des objectifs environnementaux du pays, faute d’énergies renouvelables en quantité suffisante.Ces centres, et les investissements et emplois hautement qualifiés qu’ils attirent, contribuent certes à l’économie irlandaise: le secteur numérique dans son ensemble représente 13% du PIB du pays, selon l’organisation patronale irlandaise IBEC. Mais certains se demandent si leur coût environnemental en vaut vraiment la chandelle.Pour Rosi Leonard, porte-parole irlandaise de l’organisation écologiste Friends of the Earth spécialiste de ces centres, ils sont “complètement insoutenables pour nos vies, nos écosystèmes et nos budgets carbone”.Selon les statistiques officielles, la part des centres de données dans la consommation totale d’électricité du pays atteignait 22% en 2024, contre seulement 2 à 3% en moyenne dans l’UE. – Des signes de faiblesse – L’opérateur national du réseau électrique, EirGrid, prévoit qu’elle atteindra 30% d’ici 2030, soit la consommation annuelle des 2 millions de foyers irlandais, indiquait en juillet la société d’analyse énergétique Wood Mackenzie. Le réseau montre déjà des signes de faiblesse, poussant certains centres à recourir en complément à des générateurs — qui fonctionnent habituellement au pétrole ou au gaz. Rosi Leonard accuse les géants de la tech d'”utiliser leur influence pour demander des connexions au réseau gazier et pour augmenter la pollution et les émissions”. Si les données manquent pour évaluer l’impact précis des centres de données sur les émissions, elle prône “un moratoire sur l’extension des centres de données, tant qu’il ne sera pas prouvé qu’ils ne menacent pas le climat et les budgets carbone”. Alors que “nous peinons déjà à réduire les émissions à un rythme correspondant à nos engagements et aux lois que nous avons adoptées, développer un secteur qui va encore substantiellement augmenter nos émissions n’a pas de sens”, souligne aussi Barry McMullin, expert en réduction d’émissions à l’université de Dublin City. La compatibilité des centres de données avec les objectifs d’émissions “est peu probable avant dix ans,” selon lui.Certains responsables locaux ont déjà mis le holà.L’an dernier, un conseil municipal de Dublin a bloqué l’extension d’un centre de Google, invoquant “une capacité insuffisante” du réseau et “le manque de (production) d’énergie renouvelable substantielle sur le site”.  Dès 2022, le gouvernement appelait les centres de données à montrer “la voie vers la décarbonisation” et à concevoir à l’avenir des centres avec “un bilan net zéro” en matière d’émissions. – “Frustrations” –   Pour les industriels et investisseurs, en revanche, la priorité est d’augmenter la capacité du réseau, dont les problèmes créent des “frustrations”, déplore Maurice Mortell, responsable de Digital Infrastructure Ireland (DII), groupement professionnel qui défend les entreprises du secteur numérique.L'”avance irlandaise” dans l’informatique en nuage “est en danger, les investissements se dirigent ailleurs”, avertit-il.  Le réseau national EirGrid prévoit des mises à niveau de capacité et une diversification régionale pour mieux répartir la demande des centres de données à l’échelle nationale. Mais les experts doutent que ces plans soient réalisés à temps pour répondre à la demande des investisseurs. En attendant, quelques solutions ponctuelles pour limiter l’impact négatif des centres de données ont vu le jour. Ainsi, un projet pilote lancé en 2023 en partenariat avec les autorités de Dublin permet d’utiliser la chaleur résiduelle générée par un centre de données d’Amazon pour chauffer et fournir en eau chaude des bureaux et une bibliothèque. Des centaines de foyers et un hôpital pourraient suivre. “D’autres centres de données pourraient faire de même, c’est une situation gagnant-gagnant”, affirme Admir Shala, l’ingénieur qui coordonne le projet. Le professeur McMullin est plus sceptique: “le projet reste limité, nous n’avons pas de réseaux de chauffage auxquels raccorder cette chaleur perdue et les centres tournent toute l’année, alors qu’on a besoin de chauffage que six mois par an”, dit-il.  

Sous pression, l’UE allège ses règles sur l’IA et les données

L’UE doit annoncer mercredi une série de mesures visant à réduire le fardeau réglementaire dans le domaine de l’intelligence artificielle et des données, au nom de l’urgence à redresser la compétitivité de l’Europe et combler son retard technologique.Accusée de céder à des pressions des lobbies du secteur des deux côtés de l’Atlantique, et du gouvernement américain, la Commission s’est défendue ces dernières semaines de vouloir affaiblir la réglementation européenne.Elle a assuré à plusieurs reprises préparer uniquement une loi de simplification prévoyant des “ajustements” ciblés, nécessaires aux entreprises pour se mettre en conformité à ces nouvelles règles, et réduire le fardeau bureaucratique et les coûts qui en résultent.Et y voit la déclinaison au secteur technologique de son offensive lancée l’an dernier, qui vise à redynamiser l’économie européenne et à combler le retard en matière d’IA.Parmi les mesures phare qui pourraient être dévoilées mercredi, selon une version provisoire du projet consultée par l’AFP, la Commission pourrait accorder un délai d’un an aux entreprises qui développent des systèmes d’IA considérés comme à “haut risque” pour se conformer à la loi européenne sur l’intelligence artificielle (AI Act).Entré en vigueur en 2024, avec une application progressive au cours des prochaines années, ce texte européen était censé protéger des dérives de l’intelligence artificielle sans brider l’innovation.Il classifie les modèles selon leur niveau de risque, avec des contraintes proportionnelles au danger.Mais cette législation a suscité une pluie de critiques d’entreprises européennes et américaines qui y voient un frein à leur développement.- “Complexité excessive et incohérences” -Le groupe américain OpenAI avait appelé Bruxelles à mettre fin à l’enchevêtrement des règles européennes (AI Act, DMA, DSA, GDPR…) et nationales, y voyant une chance pour l’Europe de “relancer sa compétitivité, protéger ses citoyens et renouer avec la prospérité et le progrès”.”Il y a un vaste consensus parmi les dirigeants d’entreprises selon lequel la simplification de la réglementation serait le levier le plus puissant pour développer l’investissement et l’innovation en Europe”, a défendu de son côté DigitalEurope, le lobby européen du secteur technologique.Autre point qui suscite l’inquiétude des défenseurs de la protection des données personnelles, la Commission pourrait autoriser l’utilisation de données privées pour le développement des modèles d’IA.Une possibilité très critiquée par les ONG, qui y voient une grave entorse au règlement européen sur la protection des données (GDPR).Parmi les dispositions qui auraient le plus de conséquences visibles pour les internautes, la Commission pourrait chercher à réduire la multiplication des bannières d’autorisation des cookies, ces outils de mesure et de pistage publicitaires.Ces bannières incessantes sont devenues une plaie au quotidien pour de nombreux utilisateurs, même si elles visaient au départ à leur donner un meilleur contrôle sur la collecte et d’exploitation de leurs données. Ces mesures, si elles sont confirmées, risquent de faire l’objet de débats agités au Parlement européen.”L’Europe souffre de la complexité excessive et des incohérences entre les règles qui sont déjà en place. Les silos et les doublons réglementaires, et l’application inégale des obligations créent des incertitudes pour les entreprises, et fragmentent le marché unique”, plaide l’eurodéputée bulgare Eva Maydell (PPE, droite), parmi les partisans de ces assouplissements.Au contraire, les eurodéputés sociaux-démocrates ont demandé à la Commission “de ne pas déréglementer et affaiblir le cadre juridique numérique soigneusement construit par l’UE”.”Au lieu des ajustements ciblés annoncés, la Commission propose de modifier des éléments fondamentaux tels que la définition des données à caractère personnel et les droits des personnes concernées par le GDPR”, s’alarme quant à elle NOYB, l’association du militant autrichien pour la protection des données Max Schrems.Elle craint également que l’UE accepte de “donner aux entreprises d’IA un chèque en blanc pour aspirer les données personnelles des Européens”.

Un tableau de Klimt devient la 2e oeuvre la plus chère jamais vendue aux enchères

Un portrait peint par l’Autrichien Gustav Klimt, vendu 236,4 millions de dollars (204 millions d’euros) par Sotheby’s mardi à New York, est devenu la deuxième oeuvre la plus chère jamais adjugée aux enchères.Seul le “Salvator Mundi” attribué à Léonard de Vinci a fait mieux, vendu pour 450 millions de dollars (alors environ 380 millions d’euros) à New York en 2017.Six acheteurs se sont disputé pendant 20 minutes “Le portrait d’Elisabeth Lederer” (1914-1916), estimé à 150 millions de dollars, qui représente la fille du principal mécène de Gustav Klimt dans une robe impériale chinoise blanche, devant une tapisserie bleue aux motifs d’inspiration asiatique.Sotheby’s n’a pas dévoilé le nom de l’acquéreur.A l’instar de ce tableau, les grands portraits en pied réalisés par le peintre autrichien pendant sa période phare (entre 1912 et 1917) sont “extrêmement rares”, explique Sotheby’s dans un communiqué. La plupart font partie des collections des grands musées et très peu sont détenus par des collectionneurs privés.Cette vente record intervient alors que le produit mondial des enchères d’œuvres d’art a chuté de 33,5% en 2024 à 9,9 milliards de dollars, son plus bas niveau depuis 2009, selon le rapport annuel Artprice publié en mars. En cause alors, outre un contexte économique difficile, le manque d’œuvres de grande valeur.Autre enchère remarquée mardi à New York, les toilettes en or massif du provocateur italien Maurizio Cattelan ont été vendues à une “célèbre marque américaine” pour 12,1 millions de dollars (10,4 millions d’euros), a indiqué Sotheby’s dans un communiqué.Une première version de l’oeuvre, baptisée “America”, a été volée en 2019 dans un château en Angleterre. Jamais retrouvée, elle a probablement été fondue pour être revendue. Trois hommes ont été condamnés dans cette affaire.- Au tour de Frida Kahlo ? -Plusieurs autres oeuvres de Gustav Klimt ont été adjugées lors des mêmes enchères, dont sa “Prairie en fleur” (c. 1908) pour 86 millions de dollars (74,2 millions d’euros) et sa “Pente forestière à Unterach am Attersee” (1916) pour 68,3 millions de dollars (58,9 millions d’euros).Ces tableaux champêtres, ainsi que deux études pour un portrait, faisaient partie de la collection de Leonard A. Lauder, héritier de l’empire des cosmétiques Estée Lauder, décédé en juin à l’âge de 92 ans.Au total, la vente des 24 lots de cette collection a généré 527,5 millions de dollars (455,6 millions d’euros), dont 391,7 millions (338,3 millions d’euros) rien que pour Gustav Klimt. “Un événement historique pour le marché de l’art”, a estimé Charles Stewart, directeur général de Sotheby’s, cité dans un communiqué.Pour l’artiste autrichien, le précédent record était allé à la “Dame à l’éventail” (1917-1918), adjugée pour 85,3 millions de livres sterling (98,9 millions d’euros, 108,8 millions de dollars) à Londres en 2023.Mis en vente jeudi par Sotheby’s à New York, un autoportrait de Frida Kahlo a de bonnes chances de devenir le tableau le plus cher réalisé par une femme.Estimée entre 40 et 60 millions de dollars (34 et 51 millions d’euros), cette peinture de 1940 intitulée “Le rêve (La chambre)” la représente dormant dans un lit surplombé d’un immense squelette.Le tableau le plus cher d’une artiste vendu jusqu’à présent est une oeuvre de 1932 de l’Américaine Georgia O’Keeffe, qui avait atteint la somme de 44,4 millions de dollars (alors 41,5 millions d’euros) en 2014.Aucune femme n’a franchi le seuil des 50 millions, dépassé plus de 150 fois par des hommes.Le record pour Frida Kahlo est un autre autoportrait de 1949, “Diego et moi”, qui s’est vendu pour 34,4 millions de dollars.

Budget de la Sécu: inflexible sur les retraites, le Sénat lance son marathon budgétaire

Le Sénat entame mercredi son marathon budgétaire par l’examen du budget de la Sécurité sociale, une occasion pour la droite de marteler son opposition inflexible à la suspension de la réforme des retraites, au risque d’anéantir toute chance de compromis final au Parlement.Après plusieurs semaines de débats parfois chaotiques à l’Assemblée nationale, les projecteurs se braquent désormais sur le Palais du Luxembourg.Les sénateurs se saisissent vers 16h30 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils siègeront sans interruption pendant sept jours sur ce texte, avant un vote solennel prévu mercredi 26 novembre. Puis ils s’empareront du budget de l’Etat, actuellement débattu à l’Assemblée.A la différence de cette dernière, la chambre haute dispose d’une très nette majorité acquise à une alliance entre la droite et les centristes.Cette configuration permet donc d’envisager sereinement un vote favorable, à condition d’arriver au bout des quelque 1.300 amendements soumis à l’hémicycle… Mais quelle sera la copie retenue par le Sénat ? Très irritée par le choix du gouvernement de se tourner vers le Parti socialiste en vue de négocier sa survie, la majorité sénatoriale n’entend pas rentrer si facilement dans le “compromis” souhaité par le Premier ministre Sébastien Lecornu.”Le gouvernement veut acheter à n’importe quel prix le fait de durer un peu plus”, s’est agacé mardi le patron des Républicains Bruno Retailleau, redevenu sénateur.- “Courage” -Droite et centristes n’auront donc aucun scrupule à refuser en bloc la concession majeure offerte par le gouvernement aux socialistes: la “suspension” jusqu’à janvier 2028 de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans. Soutenue de longue date par le Sénat, elle sera donc rétablie en séance publique, sauf immense surprise.”On n’est pas là pour maintenir coûte que coûte un gouvernement”, martèle le patron du groupe LR, Mathieu Darnaud. “On sait très bien que la suspension de cette réforme, ce sont des coûts supplémentaires”, ajoute-t-il.La réforme des retraites n’est pas le seul objet de désaccord entre députés et sénateurs, ces derniers ayant promis de supprimer des dizaines de mesures votées à l’Assemblée.”La copie de l’Assemblée n’est pas acceptable”, assume la centriste Elisabeth Doineau, rapporteure générale du budget de la Sécu. “Rien n’est agréable à porter, mais il faut aussi avoir le courage de revenir à un niveau de déficit qui rentre dans l’épure”.La sénatrice espère ramener le déficit de la Sécu à environ 17,5 milliards d’euros en 2026 – soit l’objectif initial du gouvernement – contre plus de 24 milliards selon la copie des députés.Pour ce faire, les sénateurs entendent réintroduire le principe de “l’année blanche”, c’est-à-dire le gel des pensions de retraites et des prestations sociales, à l’exception de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les retraites inférieures à 1.400 euros.Ils s’opposent aussi à la hausse de la CSG sur le capital, autre victoire des députés socialistes.- “Le retour des horreurs” -“C’est le retour des horreurs”, se désespère le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, promettant des “débats aussi durs qu’en 2023 sur la réforme des retraites”. Dans cette chambre où La France insoumise n’a aucun parlementaire, la gauche – socialiste, écologiste et communiste – a promis “d’entrer en résistance” en commun et de “faire bloc” pour “défendre des acquis”, malgré ses divergences stratégiques sur le budget.Interrogée ce week-end par Le Parisien, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a elle appelé les sénateurs à “œuvrer au compromis” sur les retraites.Mais la chambre haute et son président Gérard Larcher n’entendent pas, à ce stade, céder sur cette ligne rouge… Au risque de doucher les espoirs d’un compromis bâti entre les deux chambres du Parlement ?Au Sénat comme à l’Assemblée, l’immense majorité des parlementaires envisagent déjà l’échec de la commission mixte paritaire (CMP), réunion censée accorder les versions des deux chambres fin novembre. Cela obligerait les députés à entamer au pas de course une “nouvelle lecture” de ce PLFSS. Avec un risque chaque jour plus grand de voir le texte mis en place par voie d’ordonnances, si les délais constitutionnels – fixés au 12 décembre à minuit – sont dépassés…