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En Equateur, criminalité, chômage et petites retraites

Dans l’emblématique parc Seminario de Guayaquil, la capitale économique de l’Equateur appelé aux urnes dimanche, le nombre de visiteurs dépasse à peine celui des quelques dizaines d’iguanes se baladant sous une chaleur étouffante. La violence qui gangrène le pays a effrayé de nombreux touristes locaux et étrangers.”L’après-midi, on se croirait dans un cimetière”, se désole Juan Carlos Pesantes, posté comme depuis 16 ans à un kiosque vendant sucreries et rafraîchissements à l’extérieur du parc aux iguanes.”Il n’y a plus de touristes”, déplore le commerçant, qui a vu plusieurs boutiques et un hôtel fermer autour de lui ces dernières années, dans cette ville devenue l’une des plus violentes d’Amérique latine. En trois ans, les recettes du vendeur ont été divisées par deux.Criminalité et économie constituent les principaux enjeux de l’élection présidentielle, dont le second tour se tient dimanche.Insécurité, inégalités sociales criantes, manque d’emplois rémunérateurs, investissements trop faibles, déséquilibre des finances publiques depuis la chute brutale des prix du pétrole il y a dix ans… Les défis sont nombreux pour l’économie équatorienne, en récession au troisième trimestre 2024.M. Pesantes se dit “indécis” entre le président sortant Daniel Noboa, millionnaire défendant une ligne dure contre le crime, et sa rivale de gauche Luisa Gonzalez, dauphine de l’ancien président Rafael Correa. “Je ne leur fais pas confiance”, explique-t-il.- Travail informel -L’Equateur a été converti en quelques années en plaque tournante du trafic de drogue du fait notamment de ses ports sur le Pacifique, de son économie dollarisée et de sa position entre Colombie et Pérou – les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne. Le pays a vu son taux d’homicides flamber et le nombre des gangs exploser, avec un effet direct sur l’activité économique.”L’insécurité affecte la consommation, la population a moins la possibilité de sortir dans la rue, au restaurant, de faire des courses”, relève Alberto Acosta Burneo, analyste économique au sein du groupe Spurrier.Dans un quartier populaire de Guayaquil, Paola Valdivieso, 54 ans et employée dans un salon de beauté, témoigne de “la frayeur, la peur quand on doit marcher en regardant de tous les côtés”.Même la banane, produit phare à l’exportation, n’échappe pas au crime organisé. “Nous sommes victimes du narcotrafic”, affirme Richard Salazar, directeur exécutif de l’association des exportateurs de banane Acorbanec, interrogé par l’AFP.”Nous avons été victimes de la délinquance et du crime organisé avec des extorsions, des rançons” et malgré les contrôles, les cargaisons en partance vers le reste du monde sont utilisées par les narcotrafiquants pour acheminer la cocaïne, explique-t-il.Dans cette économie déprimée, le chômage et le sous-emploi touchent près de 23% de la population, et la pauvreté 28%, selon les chiffres officiels.”Il y a beaucoup de travail informel”, mal rémunéré et précaire, souligne M. Acosta Burneo.Assis avec des amis sur une place du centre-ville, Gerardo Ortiz, retraité, plaisante en pointant du doigt sa “voiture”: en fait, un vélo hors d’âge appuyé contre un arbre. “Il n’y a pas de travail” et sa pension de 280 dollars mensuels lui “suffit pour subsister”, pas pour “vivre bien”, constate le septuagénaire.- Investissements nécessaires -Autre écueil, le manque d’investissements, qui “se reflète dans l’économie qui ne croît pas comme elle le devrait”, selon l’analyste de Spurrier.Dans le salon de beauté, Paola Valdivieso se souvient avec effroi des mois de coupures de courant, parfois à raison de 14 heures par jour, qui ont frappé le pays l’an passé et contraint son employeur à acheter un générateur.Cette situation inédite, qui a eu un impact sur la croissance du pays, s’explique par la sécheresse mais également par un manque d’argent frais depuis des années pour entretenir les centrales thermiques du pays.Pour soutenir l’activité économique, les candidats à la présidentielle proposent des solutions différentes. “Le projet de Luisa Gonzalez s’inscrit dans le retour de l’Etat stratège”, passant par le développement des infrastructures et des services publics, d’après Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).L’avocate prône par ailleurs une fiscalité pesant davantage sur le secteur privé et prévoit de réduire la TVA, augmentée par Daniel Noboa.Le président sortant, héritier d’un magnat de la banane, est proche des milieux d’affaires. Il a négocié un accord commercial avec le Canada favorisant les industries extractives, tenté d’accorder une concession privée pour l’exploitation d’un important gisement pétrolier et proposé sans succès un référendum comportant des réformes pour réduire la protection des salariés.

L’Argentine obtient 42 milliards des institutions financières internationales

L’Argentine a reçu vendredi un ballon d’oxygène de la part du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM) et de la Banque interaméricaine de développement (BID), avec pas moins de 42 milliards de dollars au total, un soutien présenté par la Banque mondiale comme un “important vote de confiance” envers le gouvernement.Le prêt du FMI était attendu et s’élève à 20 milliards de dollars comme annoncé un peu plus tôt dans la soirée par le ministre argentin de l’Economie, Luis Caputo.Validé par le conseil d’administration du Fonds, il prévoit le déboursement immédiat d’une première tranche inédite de 12 milliards de dollars, alors qu’une deuxième, de deux milliards, se profile d’ores et déjà pour juin prochain.C’est la “reconnaissance des impressionnants progrès réalisés dans la stabilisation de l’économie” argentine et un “vote de confiance dans la détermination du gouvernement à poursuivre les réformes”, a déclaré sur X la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva.L’économie argentine croîtra “comme jamais auparavant”, s’est félicité dans la foulée de l’annonce le président argentin, Javier Milei.La surprise est venue en revanche de la BM, qui a annoncé dans le même temps une aide de 12 milliards de dollars au pays andin, afin de “soutenir les réformes qui continuent d’attirer le secteur privé et renforcer les mesures mises en place pour promouvoir les créations d’emploi”.Quant à la BID, elle devrait accorder jusqu’à 10 milliards de dollars sur trois ans au gouvernement argentin, après validation par son conseil d’administration.Des accords permis notamment par l’annonce par la Banque centrale (BCRA) en fin de journée d’un taux de change flottant pour le peso argentin face au dollar, dans un premier temps entre 1.000 et 1.400 pesos par dollar, une bande “dont les limites seront élargies au rythme de 1% par mois”.- De nouveau l’accès au dollar -Par ailleurs, et crucialement pour la vie quotidienne des Argentins, qui par méfiance historique pour leur propre devise pensent, calculent et thésaurisent en dollar, la limite d’accès à 200 dollars par mois par personne sera levée, a indiqué la BCRA. L’accord avec le FMI va permettre, “à partir de lundi, d’en finir avec le contrôle des changes, qui a fait tant de mal, et depuis sa mise en place en 2019 affecte le fonctionnement normal de l’économie”, a ajouté le ministre, dont les équipes étaient depuis novembre en négociation avec le FMI sur l’accord.Cette injection d’argent frais est considérée comme cruciale par le gouvernement pour reconstituer les réserves de la Banque centrale et “exterminer l’inflation” durablement, selon les mots de Javier Milei.En mars, l’inflation argentine s’est établie à 3,7%, un regain sensible par rapport aux six mois précédents. Mais qui ne dément pas une tendance lourde à la désinflation depuis plus d’un an.En interannuel, elle est actuellement de 55,9% sur 12 mois, contre 211% fin 2023, au début de la présidence Milei et des premières mesures choc d’austérité, dont une forte dévaluation de plus de 52% du peso.- “Besoin comme de l’air” -“Milei a besoin de cet accord comme de l’air”, a analysé pour l’AFP Belen Amadeo, politologue à l’université de Buenos Aires. “Il en a besoin pour valider sa proposition économique, se donner plus de marge de manÅ“uvre, car si l’instabilité s’installe et l’inflation augmente, l’insécurité gagne la population qui se réfugie instantanément vers le dollar”.Avec ces fonds, le gouvernement espère une stabilisation financière et in fine, relancer la croissance, à ce jour la pièce manquante dans la stratégie Milei, après une année 2024 en récession (-1,8%), contrecoup de l’austérité budgétaire à fort coût social de sa première année de présidence. Début 2024, la pauvreté avait bondi à 52,9%, avant de reculer à 38% au second semestre, soit à peu près le niveau d’avant la présidence Milei (41,7%). Le nouveau prêt est rien moins que le 23e accord de financement du FMI, sous diverses formes, avec l’Argentine depuis l’adhésion de celle-ci en 1956. Symbole de l’endettement chronique et du risque récurrent d’insolvabilité du pays, devenu au fil des ans le principal débiteur du Fonds, devant l’Ukraine.En 2018, l’Argentine avait obtenu un prêt massif de 44 milliards de dollars du Fonds, montant dont le pays doit encore rembourser la majeure partie, et pour lequel le gouvernement péroniste (centre-gauche) précédant Javier Milei avait — déjà — négocié un refinancement en 2022.

Malgré les tensions commerciales, Trump “optimiste” sur un accord avec Pékin

Après plusieurs jours de tensions croissantes avec Pékin, le président américain Donald Trump a semblé infléchir sa position, alors que la Maison Blanche le dit “optimiste” quant à la conclusion d’un accord avec la Chine, malgré une escalade dans leur duel commercial à coup de droits de douane.”Le président a signifié clairement qu’il était très ouvert à la question d’un accord avec la Chine”, a assuré la porte-parole de la présidence, Karoline Leavitt, sans pour autant préciser pourquoi M. Trump était “optimiste”, lorsqu’un journaliste l’a pressée sur cette question.Car dans l’immédiat les tensions ne cessent de monter: Pékin a annoncé porter ses droits de douane sur l’ensemble des produits américains entrant sur son territoire à 125%, le niveau imposé par Washington pour répondre aux précédentes représailles chinoises, en plus des taxes déjà en place.Une guerre commerciale ouverte entre les deux premières puissances économiques qui inquiète de plus en plus investisseurs comme consommateurs.Les marchés boudent à la fois la devise, la dette et les actions américaines, dans un accès de défiance généralisée que l’on observe d’ordinaire envers certains pays émergents, pas pour la première puissance mondiale.Donald Trump a balayé vendredi les inquiétudes, estimant que le dollar restera “la devise de référence”, alors que le billet vert a perdu plus de 8% depuis l’investiture du républicain.Face aux incertitudes, la Fed s’est dite “absolument prête” à agir pour stabiliser les marchés financiers, si nécessaire, une action qui dépendra “des conditions que nous observerons”, a déclaré au Financial Times l’une de ses responsables, Susan Collins.Quant à la confiance des consommateurs, elle ne cesse de reculer aux Etats-Unis, comme l’a rappelé pour avril un baromètre très suivi publié vendredi par l’Université du Michigan, un recul “généralisé et unanime quels que soient l’âge, le revenu, le niveau d’études, le lieu de vie ou l’appartenance politique”, selon l’enquête.Le président américain a malgré tout estimé sur son réseau Truth Social que sa politique en matière de droits de douane “fonctionnait vraiment bien”, concentrant depuis mercredi ses foudres douanières sur la Chine, après avoir dans un premier temps ciblé l’ensemble des partenaires commerciaux des Etats-Unis.S’il est persuadé que la Chine veut négocier, le communiqué du ministère chinois des Finances annonçant une nouvelle hausse des droits de douane signale plutôt un enlisement du duel.”Comme à ce niveau de tarifs douaniers, les produits américains exportés vers la Chine ne sont plus viables sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, a-t-il averti.- Demande d’enquête -Mercredi, M. Trump avait fait en partie marche arrière dans son assaut protectionniste en suspendant pour 90 jours des surtaxes douanières visant les partenaires commerciaux des Etats-Unis, sauf pour Pékin, tout en laissant en place certains droits de douane augmentés et une taxe plancher de 10%.La Chine a été finalement frappée par une taxe totale monumentale de 145%, soit 125% s’ajoutant à des droits de douane de 20% préexistants.Cette annonce du président américain avait entraîné l’euphorie sur les marchés financiers, Wall Street connaissant au final une des meilleures séances de son histoire alors que la place boursière s’enfonçait encore en début de journée.Tôt mercredi, Donald Trump avait écrit sur son réseau social que “c’est le bon moment pour acheter”, avant d’annoncer cette suspension quelques heures plus tard, un message qui a poussé vendredi plusieurs sénateurs démocrates à demander au gendarme boursier américain, la SEC, d’ouvrir une enquête.Ils souhaitent que l’instance vérifie si “les annonces douanières ont enrichi les proches et les amis de l’administration aux dépens du public américain” qui auraient notamment “eu préalablement connaissance de la pause tarifaire”, ce qui constituerait un délit d’initié.Pris entre deux feux, les Européens tentent de leur côté de négocier avec Washington, tout en devant composer avec Pékin.Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à “rectifier” le déficit commercial des Européens avec la Chine mais sans “entraver le potentiel de croissance des relations” avec Pékin.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte aux droits de douane américains. Le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington.Si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.burs-aue-els/pno

L’Argentine de Milei annonce un prêt de 20 milliards du FMI, libère le contrôle des changes

L’Argentine a conclu un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de 20 milliards de dollars qui permettra l’assouplissement du contrôle des changes en vigueur depuis 2019 dans le pays, a annoncé vendredi le ministre de l’Economie Luis Caputo.L’accord, que le FMI devait de son côté encore officiellement confirmer, constitue un ballon d’oxygène qu’attendait fébrilement la troisième économie d’Amérique latine, à la position financière précaire — de maigres réserves de la Banque centrale — malgré les succès contre l’inflation du président ultralibéral Javier Milei après 16 mois au pouvoir.”Nous sommes parvenus à un nouvel accord avec le Fonds monétaire international”, qui permettra “de recapitaliser la Banque centrale pour avoir une monnaie plus saine, et de continuer le processus de désinflation”, a annoncé le ministre à la presse, ajoutant que le conseil d’administration du FMI se réunissait vendredi soir pour valider l’accord. Selon les termes de l’accord, le peso argentin, actuellement à 1.097 pour un dollar au taux officiel (mais 1.375 au taux informel parallèle) sera autorisé à flotter entre 1.000 et 1.400 pesos pour un dollar, une bande “dont les limites seront élargies au rythme de 1% par mois”, a annoncé simultanément la Banque centrale (BCRA) dans un communiqué.- De nouveau l’accès au dollar  -Par ailleurs, et crucialement pour la vie quotidienne des Argentins, qui par méfiance historique pour leur propre devise pensent, calculent et thésaurisent en dollar, la limite d’accès à 200 dollars par mois par personne sera levée, a indiqué la BCRA. Des 20 milliards de la “facilité élargie de crédit” du FMI, “15 milliards constitueront des versements de libre disponibilité dès 2025”, a précisé la Banque centrale. Dont 12 milliards dès mardi, a souligné M. Caputo.L’accord avec le FMI va permettre, “à partir de lundi, d’en finir avec le contrôle des changes, qui a fait tant de mal, et depuis sa mise en place en 2019 affecte le fonctionnement normal de l’économie”, a ajouté le ministre, dont les équipes étaient depuis novembre en négociation avec le FMI sur l’accord.Cette injection d’argent frais est considérée comme cruciale par le gouvernement pour reconstituer les réserves de la Banque centrale et “exterminer l’inflation” durablement, selon les mots de Javier Milei.En mars, l’inflation argentine s’est établie à 3,7%, un regain sensible par rapport aux six mois précédents. Mais qui ne dément pas une tendance lourde à la désinflation depuis plus d’un an.En interannuel, elle est actuellement de 55,9% sur 12 mois, contre 211% fin 2023, au début de la présidence Milei et des premières mesures choc d’austérité, dont une forte dévaluation de plus de 52% du peso.- “Besoin comme de l’air” -“Milei a besoin de cet accord comme de l’air”, a analysé pour l’AFP Belen Amadeo, politologue à l’université de Buenos Aires. “Il en a besoin pour valider sa proposition économique, se donner plus de marge de manÅ“uvre, car si l’instabilité s’installe et l’inflation augmente, l’insécurité gagne la population qui se réfugie instantanément vers le dollar”. Au risque d’un retour à la case départ, et d’un décrochage du peso.Outre le prêt du FMI, M. Caputo a annoncé que l’Argentine pourra compter prochainement, avec l’appui d’autres organismes comme la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement, sur “des décaissements de 19 milliards de dollars qui viendront soutenir les réserves de la Banque centrale d’ici 60 jours”.Avec ces fonds, le gouvernement espère une stabilisation financière et in fine, relancer la croissance, à ce jour la pièce manquante dans la stratégie Milei, après une année 2024 en récession (-1,8%), contrecoup de l’austérité budgétaire à fort coût social de sa première année de présidence. Début 2024, la pauvreté avait bondi à 52,9%, avant de reculer à 38% au second semestre, soit à peu près le niveau d’avant la présidence Milei (41,7%) Le nouveau prêt est rien moins que le 23e accord de financement du FMI, sous diverses formes, avec l’Argentine depuis l’adhésion de celle-ci en 1956. Symbole de l’endettement chronique et du risque récurrent d’insolvabilité du pays, devenu au fil des ans le principal débiteur du Fonds, devant l’Ukraine.En 2018, l’Argentine avait obtenu un prêt massif de 44 milliards de dollars du Fonds, montant dont le pays doit encore rembourser la majeure partie, et pour lequel le gouvernement péroniste (centre-gauche) précédant Javier Milei avait — déjà — négocié un refinancement en 2022.Mais le FMI a salué a plusieurs reprises les réformes de M. Milei, reconnaissant mardi dernier encore les “progrès impressionnants réalisés par les autorités en matière de stabilisation de l’économie, étayés par un solide ancrage budgétaire”.

Moody’s s’abstient de noter la France

Quatre mois après l’avoir rétrogradée d’un cran, l’agence de notation Moody’s n’a finalement pas actualisé la note de la France vendredi.”Aucune action n’a été prise au sujet de la note de la France”, a confirmé à l’AFP l’agence de notation après la publication dans la soirée d’un document annonçant l’achèvement de la révision périodique de notation pour la France.Techniquement, Moody’s n’a donc pas mis à jour la note de la France, ce qui par extension équivaut de fait à un maintien au niveau actuel, à “Aa3″, (l’équivalent d’un 17/20).”Le gouvernement reste fragile et ne dispose pas d’une majorité claire au Parlement. De ce fait, l’incertitude concernant l’orientation politique à moyen terme du gouvernement, en particulier la manière dont il entend réduire le déficit budgétaire toujours élevé de la France en 2026 et au-delà, reste élevée”, écrit l’agence de notation dans un document publié vendredi.La note de la dette publique française avait été abaissée de “Aa2” à “Aa3” en décembre, au vu de la “fragmentation politique” du pays, peu propice selon Moody’s au rétablissement rapide des finances publiques. C’est l’équivalent du “AA-” de Fitch et S&P mais, contrairement à la perspective négative de ces dernières, la perspective stable attribuée par Moody’s suggère qu’une nouvelle révision n’est pas envisagée à plus ou moins brève échéance. Depuis le revers de décembre, la France s’est dotée d’un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d’euros d’effort, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve, tandis que la menace d’une censure du gouvernement s’est momentanément éloignée. – Effort “reporté” -Mais le risque économique s’est accru avec la tempête commerciale déclenchée par le gouvernement américain le 2 avril, puis temporairement suspendue mercredi pour 90 jours – sauf avec la Chine. Citant des “incertitudes”, le ministre de l’Economie Eric Lombard a abaissé à 0,7% la prévision gouvernementale de croissance pour 2025, contre 0,9% auparavant et après 1,1% en 2024, l’alignant sur celle de la Banque de France. Ce taux de croissance pourrait-il à nouveau être raboté? “Si on réussit à faire baisser les droits de douane” – une surtaxe de 20% pour l’Union européenne ramenée à 10% mercredi – “on peut même avoir mieux, et sinon, nous verrons”, a éludé le ministre. Le gouvernement détaillera sa trajectoire budgétaire le 15 avril, lors d’une conférence sur les finances publiques autour du Premier ministre François Bayrou. L’exécutif a réaffirmé sa volonté de réduire le déficit public à 5,4% du PIB cette année, après 5,8% en 2024, pour être sous le plafond européen de 3% en 2029, une ambition qui maintient toutefois la France parmi les cancres de la zone euro. Cela relève de la gageure, estiment des économistes, alors que le gouvernement exclut d’augmenter à nouveau les impôts – en dehors du passage en revue des niches fiscales – et ne veut faire “ni plus (…) ni moins” que ce qui est inscrit au budget en termes de dépenses. “Pour arriver à ce maigre succès” d’un déficit à 5,4%, “le gouvernement a dû consentir d’énormes concessions” lors de discussions avec les partis politiques, note Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. “Tout l’effort est donc reporté sur les années ultérieures”, souligne-t-il dans une note, estimant “peu crédible” l’objectif de 2029: “On ignore comment ce qui est politiquement impossible maintenant pourrait être possible d’ici quelques mois pour le prochain budget”.- Arbitraire -Compliquant davantage l’équation budgétaire, aux perspectives d’activité assombries s’ajoutent la volonté d’augmenter les dépenses militaires et une remontée des taux d’intérêt pour les emprunts français, qui alourdit le coût déjà colossal de la dette (58 milliards d’euros en 2024 pour une dette à 113% du PIB, selon l’Insee).  “Avec une croissance plus faible que prévu”, le gouvernement “a très peu de marges de manÅ“uvre”, abonde Norbert Gaillard, économiste et consultant indépendant. “On liste les mesures, mais on sait qu’elles sont impopulaires, qu’elles peuvent déclencher le vote d’une motion de censure, des manifestations, des mouvements de grève”, développe-t-il, citant les pistes d’un effort éventuel demandé aux retraités ou d’une hausse de la TVA avancée par le patronat. Au-delà de la fragilité de ses finances publiques, la France peut se prévaloir d’atouts: “son économie grande, prospère et diversifiée”, “la compétence de l’administration” ou “la bonne liquidité de la dette”, relève cependant Eric Dor. “La question est de déterminer si cela suffit encore, vu la forte instabilité politique du pays”, développe-t-il. 

Les marchés mondiaux toujours nerveux à l’issue d’une semaine de montagnes russes

Les marchés mondiaux ont clôturé en ordre dispersé vendredi au terme d’une semaine extrêmement mouvementée, marquée par les incessants développements de l’offensive commerciale lancée par Donald Trump, qui a sapé la confiance accordée aux actifs américains.Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi qu’elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux surtaxes monumentales de 145% imposées par la Maison-Blanche cette semaine sur les importations venant de la Chine, quand les autres partenaires commerciaux bénéficient d’un gel pour 90 jours des droits de douane supplémentaires américains.Cela n’a pas provoqué de gros mouvement des places boursières car “le facteur de surprise est de plus en plus faible (…) à ce stade, quelle que soit l’augmentation des droits de douane, cela ne changera rien, il sera vraiment impossible pour ces importations d’être viables compte tenu des prix”, souligne auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.Cependant, “l’expression +montagnes russes+ (…) est probablement le meilleur adjectif pour décrire l’évolution des prix sur les marchés boursiers cette semaine”, écrit Adam Turnquist, de LPL Financial.Vendredi, à Wall Street, le Dow Jones a avancé de 1,56%, l’indice Nasdaq de 2,06% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,81%. Sur la semaine, les indices de référence de la place américaine s’affichent en nette progression, après des séances en dents de scie.En Europe, la Bourse de Paris a terminé vendredi en petite baisse de 0,30%, Francfort de 0,92%, Milan de 0,73%. Seule Londres termine en terrain positif (+0,64).Sur la semaine, les pertes sur le Vieux continent sont finalement limitées: l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux continent, a perdu près de 2%.Le dollar tombe de son piédestalUn phénomène ressort face au manque de clarté: “il y a une perte de confiance dans les dirigeants américains et les actifs américains”, relève auprès de l’AFP Will Compernolle, de FHN Financial.La même incertitude pèse sur les consommateurs américains, dont la confiance a reculé fortement en avril pour le quatrième mois d’affilée: les sondés du dernier baromètre publié vendredi redoutent une inflation massive, une dégradation de l’activité économique et une hausse du chômage.Première victime de cette érosion de la confiance des investisseurs: le dollar, monnaie incontournable dans les échanges financiers mondiaux et longtemps considéré comme un actif de confiance, s’affiche en net recul.Un temps propulsé par l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump, le billet vert a perdu plus de 8% depuis l’investiture du président américain. Rien que vendredi, il a reculé de 1,36% jusqu’à 1,1355 dollar pour un euro, au plus bas depuis trois ans.Le billet vert sert habituellement de “baromètre de l’anxiété du marché”, explique Fawad Razaqzada, analyste de City Index.La dette américaine n’attire plusLe marché de la dette américaine est aussi délaissé, ce qui provoque une flambée du rendement des bons du Trésor. Le rendement de l’obligation à dix ans américaine, référence, atteignait vers 21H20 GMT 4,49%, contre 4,43% jeudi à la clôture, après avoir atteint un plus haut depuis février.Un contraste flagrant avec le début du mois, lorsque le taux à 10 ans avait touché un plus bas depuis octobre, à 3,88%.Cette flambée est d’autant plus surprenante que “les obligations d’État américaines, normalement considérées comme l’un des investissements les plus sûrs, devrait bénéficier (des périodes) de turbulences”, relève Ole Hansen, analyste de Saxo Bank. “Le message était clair: la vente massive d’actifs à risque a poussé la Maison Blanche à assouplir sa position, au moins temporairement”, poursuit-il.”Je surveillais le marché des obligations”, a lui-même reconnu le président américain mercredi, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières “effrayaient un peu” les investisseurs.L’or, dernière valeur refuge”La flambée désordonnée des rendements des bons du Trésor américain à long terme”, parallèle à la baisse des marchés boursiers mondiaux, a laissé “les investisseurs sans options sûres”, hormis quelques devises comme le franc suisse et le yen, mais surtout “l’or”, souligne M. Hansen.Le métal précieux s’est hissé vendredi à un nouveau record historique, à plus de 3.245 dollars l’once.Le pétrole chute sur la semaineLe pétrole, stable vendredi, souffre aussi de la guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances économiques. Depuis le 2 avril, les deux références mondiales du brut ont dégringolé d’environ 15%.Le Brent de la mer du Nord, référence européenne, s’est finalement stabilisé à 64,76 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI, à 61,50 dollars le baril à la clôture vendredi.

Wall Street termine une semaine mouvementée en hausse

La Bourse de New York a clôturé en hausse vendredi, s’accordant un répit au terme d’une semaine marquée par une nervosité très forte des investisseurs face aux incessants développements et revirements de l’offensive commerciale lancée par Donald Trump.Le Dow Jones a avancé de 1,56%, l’indice Nasdaq de 2,06% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,81%.”Le marché se reprend et récupère une partie de ses pertes” de début avril, explique à l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones. Sur la semaine, les indices de référence de la place américaine s’affichent en nette progression: le Nasdaq a ainsi avancé de plus de 7%, même s’il reste bien en deçà du niveau auquel il évoluait avant le 2 avril et l’annonce par Donald Trump d’une volée de droits de douane prohibitifs sur la majorité des produits issus des partenaires commerciaux des Etats-Unis.”L’expression +montagnes russes+ n’est pas un terme technique, mais c’est probablement le meilleur adjectif pour décrire l’évolution des prix sur les marchés boursiers cette semaine”, écrit Adam Turnquist, de LPL Financial.Pour M. Kourkafas, les différents droits de douane désormais en application, ainsi que le sursis accordé par Washington sur une partie de ses surtaxes, sont autant d’éléments qui sont désormais digérés par les investisseurs, et après avoir “atteint le creux de la vague”, Wall Street cherche désormais un second souffle.L’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, était en recul vendredi, loin des niveaux auquel il évoluait quelques jours plus tôt.Le dernier développement de la guerre ouverte entre Washington et Pékin, c’est-à-dire l’annonce d’un relèvement des droits de douane supplémentaires chinois sur les produits américains à 125%, n’a pas plombé la Bourse de New York.”Le facteur de surprise est de plus en plus faible (…) à ce stade, quelle que soit l’augmentation des droits de douane, cela ne changera rien, il sera vraiment impossible pour ces importations d’être viables compte tenu des prix”, souligne Angelo Kourkafas.Les acteurs du marché “espèrent que nous allons passer de la phase d’escalade à la négociation et, espérons-le, à la désescalade”, ajoute-t-il. Cependant, “une partie de l’incertitude va probablement perdurer”, prévient M. Kourkafas, alors que “les négociations donneront probablement lieu à un mélange de gros titres positifs et négatifs”.Côté indicateurs, les entreprises américaines ont globalement vu leurs coûts de production diminuer en avril, en raison principalement de la baisse des prix du pétrole, selon l’indice PPI publié vendredi.Sur un mois, l’indice des prix à la production est en recul de 0,4% (contre +0,1% le mois précédent, valeur révisée à la hausse), d’après le rapport du ministère américain du Travail.C’est une surprise pour les analystes qui l’attendaient en hausse de 0,2%, selon le consensus publié par MarketWatch.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait très nettement à 4,49% contre 4,42% la veille en clôture.Donald Trump a reconnu mercredi qu’il surveillait la chute du marché américain de la dette avant de décider de sa pause de trois mois sur une partie de ses surtaxes douanières, tout en maintenant les 10% déjà en vigueur.Au tableau des valeurs, la saison des résultats a été lancée par les publications de plusieurs banques. JPMorgan (+4,00%) et Morgan Stanley (+1,44%) ont été recherchées après avoir publié des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre. De son côté, Wells Fargo (-0,95%), a pâti de résultats mitigés. Elle s’attend pour sa part à un “environnement économique plus instable” en 2025, ce qui pourrait peser sur sa croissance, prévient son patron.Même son de cloche du côté de JPMorgan Chase, son patron, Jamie Dimon, mettant en garde contre les “turbulences considérables” que l’économie doit affronter.La compagnie aérienne à bas prix Frontier a reculé de 5,60% après avoir réduit ses prévisions trimestrielles et annuelles, invoquant une demande inférieure aux attentes et les incertitudes économiques.L’entreprise Strategy, plus grand détenteur privé de bitcoins, a bondi de plus de 10% face à la reprise de la plus capitalisée des cryptomonnaies.

Obligations et actions, dollar, les valeurs américaines chutent à l’unisson, une rareté

L’imposition de nouveaux droits de douane élevés par Donald Trump a amené les investisseurs à se délester massivement de tous les grands actifs américains, actions, obligations et dollar, un phénomène rare qui signale notamment une érosion de la confiance des marchés mondiaux dans les Etats-Unis.Les obligations ne sont plus un refugeTraditionnellement prisées des investisseurs en cas de remous sur les marchés ou dans l’économie réelle, les obligations d’Etat américaines, dont le prix évolue en sens opposé de leur taux, chutent depuis l’annonce de la vague de droits de douane du 2 avril.”Cela ressemble à des ventes en urgence pour récupérer des liquidités”, estime Thomas Urano de Sage Advisory, en particulier des fonds spéculatifs (hedge funds) mais aussi de fonds d’investissement classiques.Mais pour Steve Sosnick, d’Interactive Brokers, un autre film se joue en parallèle sur ce marché.”Il y a clairement une fuite des obligations américaines”, dit l’analyste. “L’argent est en train de sortir du marché obligataire américain et ce, très rapidement. Ce n’est vraiment pas bon signe.””Il y a une perte de confiance dans les dirigeants américains et les actifs américains”, abonde Will Compernolle, de FHN Financial. S’il voit des effets potentiels à long terme liés à cette dégradation de l’image des Etats-Unis sur les marchés, Will Compernolle rappelle que “les gens ont beau chercher des alternatives” au dollar et aux obligations d’Etat, “aucune n’a émergé pour l’instant.”La séquence actuelle “pourrait mener à un point d’inflexion”, concède-t-il, “mais nous n’y sommes pas encore”.Les taux américains montent mais le dollar baisse”Bien souvent, lorsque les rendements (obligataires, ndlr) augmentent, cela signifie que cela rend une monnaie plus attrayante”, rappelle Steve Sosnick, d’Interactive Brokers, les taux obligataires évoluant en sens opposé de leur prix. “Or, dans le même temps, le dollar s’effondre”, ce qui n’est pas un signal encourageant pour les Etats-Unis, ajoute l’analyste.Un temps propulsé par l’élection à la Maison Blanche de Donald Trump, le billet vert a perdu plus de 8% depuis l’investiture du président américain et plus de 2% lors de la seule séance jeudi, des variations très violentes à l’échelle de ce marché.La devise américaine souffre alors que “la crédibilité de la politique américaine s’amenuise (et) le risque de stagflation (soit une inflation forte conjuguée à une croissance faible, ndlr) augmente aux États-Unis”, estime auprès de l’AFP Elias Haddad, de Brown Brothers Harriman (BBH).Selon l’analyste, ces deux facteurs “ne sont pas près de s’atténuer” et le dollar est en conséquence “confronté à un risque supplémentaire de baisse”.”Je ne pense pas que la perte de confiance soit réversible”, prévient Will Compernolle, de FHN Financial.Selon lui, si cela ne devrait pas remettre en question la place de la devise américaine en tant que “monnaie mondiale de facto” face à l’absence d’alternative crédible, “il y aura des cicatrices”.Le billet vert, habituellement considéré comme une valeur refuge, a “certainement pris une pause par rapport à (ce) statut”, juge Steve Sosnick.Les actions souffrent mais évitent la débâcleDe son côté, Wall Street est nettement chahutée par les politiques commerciales et économiques de Donald Trump, et ses incessants revirements. Les indices boursiers américains de référence avaient plongé lors des deux derniers jours de la semaine précédente, de près de 12% pour le Nasdaq et de près de 10% pour le Dow Jones, après l’annonce mercredi soir de droits de douane substantiels. Puis ils ont rebondi en partie, mais en montagnes russes, affichant sur la semaine presque écoulée +5,08% pour le Dow Jones et +7,16% pour le Nasdaq  vendredi vers 18H GMT.Les investisseurs conservent en quelque sorte un “optimisme prudent” avec l’idée “que le paysage politique actuel n’est pas définitif”, relève Will Compernolle.Ils jugent qu’il “est impossible que la Chine et les États-Unis puissent imposer des droits de douane aussi élevés l’un à l’autre pendant très longtemps, car il s’agirait d’une autodestruction mutuelle assurée”, estime l’analyste.Donald Trump, a concentré ses foudres sur la Chine et porté les taxes douanières à 145%. En réaction, Pékin a relevé à 125% de ses surtaxes douanières sur les produits venus des États-Unis.Pour autant, il y a encore peu de “données économiques concrètes qui indiquent un ralentissement” économique, rappelle M. Compernolle. L’essentiel des inquiétudes se traduit jusqu’à présent par des anticipations fortement dégradées de plusieurs acteurs économiques clé, y compris du président de la banque centrale américaine (Fed), et un plongeon de la confiance des consommateurs.”Il se pourrait qu’une fois que nous aurons des preuves concrètes que ce pessimisme se traduit” par des changements économiques réels, “le marché boursier se corrige enfin de manière significative à la baisse”, anticipe Will Compernolle.

Royaume-Uni: le Parlement convoqué en urgence pour “prendre le contrôle” des hauts fourneaux de British Steel

Le Parlement britannique est convoqué en urgence samedi pour voter une législation permettant au gouvernement de “prendre le contrôle” d’une usine du sidérurgiste British Steel, dont les hauts fourneaux sont promis à une fermeture imminente, a annoncé le Premier ministre Keir Starmer.Ce projet de loi est destiné à “prendre le contrôle de l’usine et de préserver toutes les options viables”, a déclaré vendredi le dirigeant travailliste pour qui “il n’y a plus de temps à perdre”. La sécurité économique du pays est “en jeu”, a-t-il averti.Pour ce faire, les députés ont été rappelés de leurs vacances pascales pour débattre à partir de 10h00 GMT. La chambre des Lords a aussi été rappelée, à 11H00 GMT. Le vote doit avoir lieu dans la journée.Interrogé sur une éventuelle nationalisation du site, M. Starmer a indiqué “que toutes les options sont sur la table”. Il a également déclaré que des négociations avaient été engagées depuis un certain temps avec le groupe chinois.Plus tôt dans l’après-midi, un porte-parole du Premier ministre a précisé que le gouvernement utiliserait ce pouvoir “pour protéger” le site de Scunthorpe” (nord de l’Angleterre) que possède British Steel, et où entre 2.000 et 2.700 emplois sont menacés.Sollicité par l’AFP, British Steel n’a pas souhaité commenter.Le sidérurgiste, qui emploie au total 3.500 personnes en Angleterre, a annoncé fin mars son intention de fermer début juin ses deux hauts fourneaux, ses opérations de fabrication d’acier et de réduire la capacité du laminoir à acier de Scunthorpe. L’entreprise fait valoir que les deux hauts fourneaux, les derniers d’Angleterre, ne sont plus rentables.Elle affirme perdre 700.000 livres (814.000 euros) par jour en raison de conditions de marché “très difficiles”.Cet ancien fleuron britannique est en difficulté depuis des années. Il avait été sauvé de la faillite par l’entreprise chinoise en 2020. – “Bonne foi” -La fermeture annoncée des hauts fourneaux intervient en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis. Ces derniers ont imposé des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium, entrés en application à la mi-mars.Au contraire de l’UE, le Royaume-Uni n’a pas riposté, espérant signer un accord économique avec les Etats-Unis. Le rappel du Parlement un samedi, événement rare qui intervient pour la première fois depuis 2019, témoigne de l’importance du dossier pour le gouvernement.Il intervient sur fond de tensions entre les autorités britanniques et British Steel sur une aide publique pour l’aider à passer aux fours à arc électrique, moins polluants et nécessitant moins de main d’oeuvre.”Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons négocié de bonne foi avec les propriétaires de British Steel. Nous avons toujours été clairs sur le fait que l’avenir de l’acier au Royaume-Uni était prometteur”, a encore ajouté le porte-parole du Premier ministre vendredi. Mardi, le dirigeant travailliste avait peu ou prou déclaré la même chose devant une commission parlementaire, qui l’interrogeait sur une possible nationalisation.Vendredi, Sharon Graham, la secrétaire générale du syndicat Unite, s’est dite “heureuse” de la décision du gouvernement d’introduire cette législation d’urgence. “C’est absolument la bonne chose à faire que d’entamer le processus de nationalisation”, a-t-elle ajouté.”Nous ne pouvons pas permettre que la Grande-Bretagne devienne le seul pays du G7 sans capacité de production d’acier”, avait déclaré plus tôt le secrétaire général du syndicat Community, Roy Rickhuss dans un communiqué.En l’absence d’un accord avec le groupe chinois, “il est essentiel que des mesures soient prises d’urgence pour que British Steel devienne une entreprise publique”, a-t-il ajouté.

Loi simplification: un article sur la réforme du code minier inquiète les écologistes en Guyane

Un article du projet de loi sur la “simplification”, actuellement examiné par les députés, prévoit d’assouplir les règles d’attribution des permis miniers en Guyane. Il écarterait l’Office national des forêts (ONF) du processus, alarmant les défenseurs de la forêt amazonienne.En discussion depuis mardi à l’Assemblée nationale, le projet de loi de simplification de la vie économique prévoit notamment l’allègement du nouveau code minier, entré en vigueur en juillet.De quoi impacter directement la Guyane: le territoire français d’Amérique du Sud, recouvert à plus de 90% de forêt à la biodiversité inégalée, concentre “82% des mines ouvertes en France”, selon le ministère de la Transition écologique. Le texte propose de réduire le délai d’instruction des permis exclusifs de recherches (PER), et surtout de supprimer l’avis conforme de l’Office national des forêts (ONF), jusque-là nécessaire dans les dossiers d’autorisation de recherche minière (ARM).Cette procédure, propre à la Guyane, est une étape préalable à la demande d’autorisation d’exploitation minière (AEX), un titre dérogatoire mis en place pour développer les mines alluvionnaires, le principal type de mines d’or dans la région.Actuellement, l’exploitant doit obtenir l’accord du propriétaire du sol (l’Etat) ou de son gestionnaire (l’ONF), qui vérifie la compatibilité du projet avec les zones écologiquement sensibles. Nécessaire, car l’implantation d’une mine est synonyme de perturbation des cours d’eau et de déforestation, en moyenne de “500 hectares par an”, selon l’ONF.En l’état, le texte – l’article 19 du projet de loi n’a pas encore été examiné – confierait à la seule préfecture la décision de délivrer des titres miniers, excluant “le seul acteur qui pouvait s’opposer pour motif environnemental” à leur installation, souligne à l’AFP Nolwenn Rocca, coordinateur de l’association Guyane nature environnement (GNE). “Trop de simplification pourrait mettre en danger la protection de la forêt”, résume François Korysko, directeur de l’ONF en Guyane.- Mine légale – Déjà prévue dans le nouveau code minier entré en vigueur en juillet, cette orientation confirme la volonté de l’Etat de “faciliter l’exploitation minière en amenuisant les prescriptions environnementales”, déplore Guyane nature environnement.Elle s’inscrit aussi dans un contexte où la France et l’Union européenne cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en métaux stratégiques. Localement, le développement de la filière minière est aussi vu comme un moyen d’enrayer l’orpaillage illégal, un fléau en Guyane depuis 30 ans.Le développement des AEX, modèle le plus répandu en Guyane, est au coeur de la réforme: leur nombre par exploitant n’est plus limité et leur forme devient libre, permettant d’exploiter une plus grande surface. La réforme prévoit également une mise en concurrence des opérateurs, via des appels à manifestation d’intérêt.  En contrepartie, le nouveau code impose des garanties financières aux exploitants, censées couvrir la réhabilitation des sites après extraction, une obligation auparavant peu codifiée.Pour la Fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg) et la Collectivité territoriale de Guyane, ces évolutions sont nécessaires pour industrialiser la filière aurifère, aujourd’hui dominée par une exploitation artisanale.Le député indépendantiste de Guyane Jean-Victor Castor se montre partagé. S’il appelle à “prendre en considération les particularités de la Guyane, qui a besoin d’exploiter ses ressources pour se développer”, il estime que l’article 19 “sert les intérêts géostratégiques de la France et va favoriser les grosses entreprises” pour exploiter le minerai.Ils demande des assouplissements supplémentaires pour les PME guyanaises, aujourd’hui “dans une logique de survie”. Mais pour GNE, le secteur contribue de toute façon “peu à l’économie locale”. En 2018, il n’était que le 35e secteur sur 36 contribuant à l’économie guyanaise, selon un rapport du cabinet Deloitte commandé par WWF France.Le débat en Guyane reste centré sur l’or, mais d’autres minerais stratégiques sont présents dans le sous-sol guyanais: coltan, bauxite, diamants, fer ou manganèse. Une richesse reconnue par l’Etat qui a lancé en février une mise à jour de l’inventaire des ressources minérales par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans cinq zones nationales jugées “prioritaires”, dont la Guyane.