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Les voiliers-cargos de Towt gardent le cap malgré les vents contraires outre-Atlantique

Moins d’un an après le baptême de ses deux voiliers-cargos, Towt doit affronter les premiers vents contraires de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump. Mais l’armateur havrais garde le cap de la décarbonation, avec six nouveaux navires prévus d’ici à 2027.    Toutes voiles dehors, la goélette Artémis glisse, dans un léger murmure, sur une mer d’huile, près de l’archipel des Glénan, au large de la pointe sud de la Bretagne. “Ce bateau, je l’aime”, lâche le capitaine Olivier André, 49 ans, visage rond et pull marin. “On a des moments, réellement, où le bateau nous donne du plaisir, ce qu’on n’a pas sur des navires de commerce plus classiques”, poursuit-il, avec une légère pointe d’émotion. “Ça m’a redonné goût au métier qui devenait un peu ennuyeux”, sourit-il.81 mètres de long, 15 de large, 63 de haut… Livré en août 2024, le voilier géant Artémis est, avec son sistership Anemos, l’un des plus grands cargos au monde propulsé principalement à l’énergie éolienne.D’une capacité de transport de 1.090 tonnes de marchandises, ses énormes voiles (2.100 m2) n’en sont pas moins “très maniables et très modulables” grâce à une unité hydraulique, explique Camille Roubinowitz, matelote de 30 ans.Avec une simple télécommande, la jeune femme ouvre toutes les voiles en moins de 30 minutes, peu après la sortie du port de Concarneau (Finistère). “On peut manÅ“uvrer seul des voiles qui nécessiteraient plusieurs dizaines de personnes sur un vieux gréement”, explique celle qui a navigué sur le Bélem ou l’Hermione.Grâce à la force du vent, Towt estime réduire ainsi de 95% les émissions de CO2 du transport maritime. Et depuis l’été dernier, la compagnie dit avoir évité 300 tonnes d’émission de gaz à effet de serre sur les produits qu’elle a transportés (champagne, vin, café, thé, boxes Internet, etc.).- “Regarder le vent”-Les marins réapprennent un métier oublié depuis près d’un siècle. Avec le matelot de quart, “on est beaucoup le nez dehors. On passe la plupart de notre temps à regarder le vent”, décrit Lucie Fernandes, 26 ans, capitaine en second d’Artémis, qui apprécie la liberté de navigation permise par la voile.”On s’inspire des vieilles trajectoires des navires de type clipper. Ça crée une émulation, un intérêt”, abonde le commandant, qui dispose également des technologies les plus modernes de navigation. “Les navires marchent bien, ça va vite et ça décarbone vraiment”, vante Guillaume Le Grand, président et cofondateur de Towt (TransOceanic Wind Transport), qui a commencé le transport de marchandises à la voile sur des vieux gréements au début des années 2010.Le Breton, qui réalise les deux-tiers de son chiffre d’affaires sur la liaison Le Havre – New York (en 20 jours), voit son modèle économique heurté par les droits de douane massifs décidés par le président américain Donald Trump.  “C’est un océan d’instabilité”, reconnaît-il. “On ne sait pas ce qui va se passer. On est dans ce monde-là, tenu à une agilité, à une adaptabilité”, dit-il, en affirmant disposer “de chargeurs qui sont fidèles, qui sont au rendez-vous”.Cette “agilité” du transport à la voile, avec des navires plus petits qu’un porte-conteneur, a d’ailleurs permis à Artémis de faire escale à Brest, avant Le Havre et New York, pour charger une partie de sa marchandise avant l’entrée en vigueur des droits de douane américains.”On est également en train de se diversifier, notamment dans le pharmaceutique”, qui n’est pas visée par les taxes de Trump, explique Guillaume Le Grand, en évoquant aussi de nouvelles routes possibles “dans le Pacifique, dans le Golfe de Guinée par exemple”. Pour autant, l’armateur n’entend pas complètement virer de bord. “On va continuer d’y aller” aux États-Unis, assure-t-il, alors que six nouveaux voiliers-cargos sont d’ores et déjà commandés.La flotte de Towt devrait ainsi passer à cinq voiliers fin 2026 puis à huit en 2027. “Il y a un vrai engouement pour notre service, malgré ce contexte”, assure M. Le Grand.

Salon du meuble à Milan: le design italien aux confins de l’art

Des vases surdimensionnés inspirés du sculpteur Alberto Giacometti, des fauteuils en édition limitée aux allures de tableaux de maître: de plus en plus de designers italiens présents au Salon du meuble de Milan transforment leurs créations en oeuvres d’art.Le stand du groupe familial Imperfettolab plonge le visiteur dans un monde ancestral où des canapés ondulés en fibre de verre s’apparentent à des écorces d’arbres tout juste sorties des forêts, dans un paysage à la fois sauvage et artistique imaginé par le créateur Verter Turroni.”Nous aimons le monde imparfait, les formes ne sont jamais rigides ou géométriques, nous privilégions la rondeur, l’allongement des formes, un concept plus lié à l’esthétique qu’à la fonctionnalité”, explique-t-il.Des tables noires minimalistes sculptées minutieusement à la main jouxtent des fauteuils verts et dorés aux reflets irisés conçus en forme de nids dans lesquels se réfugier en temps de crise. D’énormes toiles en résine aux teintes de la nature tapissent les murs.Sculpteur et peintre de formation, le designer se définit lui-même comme un “alchimiste qui aime expérimenter” et puise son inspiration dans le monde grec et dans l’archéologie. Son objectif: “porter les paysages naturels à l’intérieur des maisons”. “Le côté commercial n’est pas le plus important, la priorité est la sensibilité artistique”, assure-t-il alors que ses créations suscitent beaucoup d’intérêt à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, en Inde et en Chine.- Frontières floues -Le design italien est-il un art? Les frontières semblent s’estomper …”L’art exprime une idée, une émotion ou une vision personnelle mais n’est pas fonctionnel, alors que le design, au contraire, satisfait un besoin”, a estimé auprès de l’AFP Maria Porro, présidente du Salon du meuble qui ferme ses portes ce dimanche.Mais les frontières sont selon elle “de plus en plus floues, en particulier dans le design d’auteur” des grands maîtres italiens, “où la fonctionnalité devient presque secondaire par rapport à la valeur conceptuelle et esthétique”.Le Palazzo Donizetti, bijou architectural milanais du XIXe siècle, avec ses fresques colorées et hauts plafonds, a transporté les fans de design dans un univers d’artisanat raffiné, créé par six architectes d’intérieur de renommée internationale.Ils ont décoré les pièces de ce palais historique avec des lustres, miroirs, sculptures, tables d’échecs, chaises longues en marbre et autres meubles faits à la main par 180 artisans pour le compte d’Artemest, spécialiste du design italien de luxe.Le design italien est le mantra de Brigette Romanek, venue de Los Angeles où elle a décoré les villas de stars comme Demi Moore, Gwyneth Paltrow ou encore Beyoncé, avant de créer pour le Palazzo Donizetti une salle à manger lumineuse, conçue par elle comme “une oasis dans un monde chaotique”.- “Made in Italy” à Hollywood -Et sa clientèle hollywoodienne raffole du “Made in Italy”: “les producteurs italiens ont toujours été à la pointe de l’innovation et fabriquent des objets spectaculaires à couper le souffle, ce sont des oeuvres d’art”, dit-elle dans un grand sourire.Environ 1.500 verriers, orfèvres, menuisiers, céramistes et autres artisans travaillent pour Artemest, qui s’est donné pour mission de “veiller à ce que tous ces métiers soient encouragés à rester en vie”, explique sa directrice de création Ippolita Rostagno.”Ce sont des métiers en voie de disparition. Avant, l’artisanat du design se transmettait de père en fils en Italie, mais ce n’est plus le cas”, déplore-t-elle.Dans le showroom de Visionnaire, autre marque qui propose du design de luxe sur mesure, des fauteuils en vert, jaune et bleu portent la signature du coup de pinceau du peintre Aurel K. Basedow, sur un tissu jacquard conçu par sa femme, la designer Draga Obradovic.Une parfaite symbiose entre l’art et le design: “c’est une technique qui permet de donner cet effet de mouvement, de dynamisme”, selon Eleonore Cavalli, directrice créatrice du groupe familial fondé en 1959 à Bologne, dans le nord de l’Italie.”Nous sommes un peu la haute couture du design. Il y a un dialogue entre l’art et la vie quotidienne. Nous aspirons à transformer les espaces de la maison en Å“uvres d’art”, assure-t-elle.

Droits de douane: les producteurs indonésiens d’huile de palme en quête de nouveaux débouchés

Les entreprises indonésiennes d’huile de palme sont en quête de nouveaux marchés en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient afin d’amortir l’impact de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, a indiqué à l’AFP un dirigeant de cette industrie cruciale pour l’économie de l’archipel. L’Indonésie est le premier producteur mondial d’huile de palme, utilisée à la fois dans les gâteaux, la pâte à tartiner ou la margarine mais aussi dans les cosmétiques, le savon et le shampoing. Le géant d’Asie du Sud-Est assure plus de la moitié de l’approvisionnement mondial.Mais les droits de douane de 32% qu’a imposés le président américain à l’Indonésie en font l’un des pays asiatiques les plus durement touchés, même si Donald Trump a fait marche arrière mercredi en gelant ces mesures pendant 90 jours.Malgré ce revirement, les producteurs affirment que l’incertitude les oblige à chercher d’autres débouchés.”Cela nous donne effectivement le temps de négocier… afin que les produits puissent encore y entrer (aux Etats-Unis, ndlr). Je pense que c’est une très bonne chose”, a déclaré jeudi Eddy Martono, président de l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI).Mais il a averti que la diversification du marché “doit encore être faite” pour éviter l’impact des droits de douane s’ils entrent en vigueur ultérieurement, ajoutant que les entreprises se tourneraient vers l’Afrique, en particulier l’Egypte, premier importateur, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Europe de l’Est.”Nous ne devons pas dépendre uniquement des marchés traditionnels”, a-t-il martelé.Les exportations indonésiennes de produits à base d’huile de palme vers les États-Unis ont augmenté régulièrement ces dernières années, passant de 1,5 million de tonnes en 2020 à 2,5 millions en 2023, selon les données du GAPKI.M. Eddy appelle Jakarta à maintenir sa domination sur ce marché par le biais de négociations, d’autant plus que son rival, la Malaisie, se voit appliquer des tarifs douaniers plus bas.”La part de marché de l’huile de palme indonésienne aux États-Unis est de 89 %, un chiffre très élevé. C’est ce que nous devons maintenir”, a-t-il souligné.Selon les données du gouvernement indonésien, les Etats-Unis étaient le quatrième plus gros importateur mondial d’huile de palme en 2023, derrière la Chine, l’Inde et le Pakistan.- Secteur vital -Le patron du GAPKI reste convaincu que la première puissance mondiale aura toujours besoin d’huile de palme indonésienne, même si aucun accord n’est conclu à l’expiration du délai de 90 jours.”C’est toujours une nécessité pour l’industrie alimentaire. Je pense que nos exportations vers les Etats-Unis vont légèrement diminuer, ou du moins stagner”, a-t-il prévenu, tout en relevant que “les premiers touchés, ce sont les consommateurs américains, car leurs principaux produits alimentaires ont besoin d’huile de palme”.Pour soutenir un secteur vital, la ministre indonésienne des Finances, Sri Mulyani, a déclaré qu’elle réduirait la taxe à l’exportation sur l’huile de palme brute.Une annonce saluée par M. Eddy pour qui la menace des droits de douane reste forte. Même inquiétude pour Mansuetus Darto, président du Conseil national du syndicat des producteurs d’huile de palme (SPKS), pour qui la hausse de ces taxes à l’importation aura un impact considérable si aucun accord n’est conclu.”La matière première d’huile de palme va s’accumuler et les agriculteurs ne pourront plus récolter à cause de la surcapacité des usines existantes”, avait-il mis en garde avant la pause annoncée par Donald Trump.Plutôt que la riposte, le président indonésien Prabowo Subianto, tout comme ses homologues de la région, a opté pour la négociation et va dépêcher une délégation prochainement à Washington.Le ministre de l’Economie Airlangga Hartarto a annoncé que Jakarta augmenterait ses achats de produits américains tels que le gaz naturel liquéfié et le gaz de pétrole liquéfié pour combler le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays, les Etats-Unis présentant un déficit avec l’Indonésie.Autant de raisons d’espérer pour l’industrie indonésienne de l’huile de palme qui, faute d’accord, sera obligée de chercher de nouveaux marchés.

Le Parlement britannique adopte en urgence une loi pour prendre le contrôle de British Steel

Le Parlement britannique a adopté samedi en urgence une loi permettant au gouvernement de prendre le contrôle des deux derniers hauts fourneaux du pays menacés de fermeture imminente par leur propriétaire chinois.Le texte, qui faisait l’objet d’un vaste consensus, a été adopté en quelques heures par les deux chambres qui avaient dû exceptionnellement rentrer de vacances et siéger un samedi.Il doit désormais recevoir l’assentiment royal, une formalité.Cette convocation du parlement témoignait du caractère “unique” et “exceptionnel” de la situation, selon le ministre du Commerce Jonathan Reynolds. Quelque 2.700 emplois sont en jeu.La loi adoptée permet au gouvernement de maintenir l’activité sur le site de Scunthorpe (nord de l’Angleterre), propriété du chinois Jingye, en forçant British Steel à la poursuite de l’activité sous peine de sanctions.Après son approbation, le Premier ministre Keir Starmer a déclaré que son administration “tournait la page d’une décennie de déclin” et “agissait pour protéger les emplois de milliers de travailleurs”.Il a insisté sur le fait que “toutes les options sont sur la table pour assurer l’avenir de l’industrie”, après que M. Reynolds a indiqué que la nationalisation restait “sur la table” et était une “option probable”.Le ministre du Commerce a toutefois souligné que le gouvernement ne pourra “pas financer à long terme la transformation de l’entreprise”.La valeur économique de l’usine est “proche de zéro”, a-t-il dit. British Steel, qui emploie 3.500 personnes en Angleterre, a annoncé fin mars son intention de fermer début juin ses deux hauts fourneaux, ses opérations de fabrication d’acier et de réduire la capacité du laminoir à acier de Scunthorpe. L’entreprise qui dit avoir investi depuis 2020 plus de 1,2 milliard de livres sterling sur ses sites, a fait valoir que ces deux hauts fourneaux, les derniers d’Angleterre, ne sont plus rentables. Elle affirme perdre 700.000 livres (814.000 euros) par jour.Selon M. Reynolds, les négociations entamées depuis plusieurs mois n’ont pas débouché.”Bien que notre offre à Jingye ait été substantielle, ils voulaient beaucoup plus”, a-t-il déclaré, ajoutant que le gouvernement avait notamment proposé d’acheter des matières premières (..) pour maintenir les hauts fourneaux pendant un certain temps”. Jingye réclamait “des centaines de millions de livres”, avec le risque que ces millions et d’autres actifs soient transférés en Chine, a-t-il ajouté.”Au cours des derniers jours, il est devenu clair que l’intention de Jingye était de refuser d’acheter suffisamment de matières premières pour maintenir les hauts fourneaux en fonctionnement”, a-t-il ajouté, dénonçant son but de “fermer de manière irrévocable et unilatérale”.Parallèlement aux débats au Parlement, M. Starmer est allé à la rencontre de salariés de British Steel, non loin du site de l’usine.- “Sauvez notre acier !” -“Vous et vos collègues êtes depuis des années la colonne vertébrale de British Steel”, leur a-t-il déclaré. “Ce sont vos emplois, vos vies, vos communautés, vos familles”, a-t-il ajouté.En milieu d’après-midi, des salariés et leurs familles, accompagnés de syndicats, se sont retrouvés sur la pelouse d’un stade de foot à proximité, où ils ont été applaudis par des centaines de personnes dans les tribunes.”Sauvez notre acier”, scandaient-ils en brandissant des banderoles “sauvez l’acier de Scunthorpe”.Le gouvernement a justifié l’urgence du vote par le fait que si les hauts fourneaux venaient à fermer, il ne serait plus possible de les rallumer.”Ce gouvernement n’hésitera jamais à protéger notre industrie sidérurgique et les milliers de travailleurs sidérurgiques de ce pays qui l’ont bâtie”, a déclaré aux députés la sécrétaire d’Etat à l’Industrie, Sarah Jones.Le parti conservateur a accusé le gouvernement d’avoir fait capoter les négociations avec l’entreprise chinoise. Leur cheffe de file, Kemi Badenoch, qui a été ministre du Commerce sous le précédent gouvernement, a accusé les travaillistes d’avoir “bousillé” un projet d’accord, qu’elle affirme avoir en son temps négocié. Mme Jones a aussi assuré samedi matin sur Sky News que la prise de contrôle de l’Etat ne serait pas financée par des hausses d’impôts. Le gouvernement compte piocher dans un fonds de 2,5 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) spécialement créé pour soutenir le secteur. La menace de fermeture des derniers hauts fourneaux a ravivé le traumatisme de la fermeture, en septembre 2024, de la plus grande aciérie du Royaume-Uni, à Port-Talbot au pays de Galles, avec la perte de 2.800 emplois.

Chambéry: des centaines de personnes manifestent contre le Lyon-Turin

Des centaines de personnes ont manifesté, samedi à Chambéry, contre le chantier en cours de ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin.Un millier de personnes selon les organisateurs, 800 selon la préfecture, ont défilé dans la préfecture de Savoie derrière une banderole de tête où était inscrit: “On peut tout arrêter”.”Nous voulons que les gens soient au courant qu’une ligne existe déjà et qu’on n’a pas besoin d’investir autant pour cette nouvelle liaison”, a déclaré à l’AFP Anthony Guilloud, membre des collectifs “StopLyonTurin”.”Utilisons l’existant”, a ajouté ce paysan installé près du tunnel en construction, en référence à la ligne ferroviaire déjà en service et “qui pourrait faire passer les deux tiers des poids-lourds” empruntant actuellement la route, selon lui.Le transfert des camions de la route vers la nouvelle LGV en construction est un des arguments majeurs des partisans du projet Lyon-Turin.Une contre-manifestation de partisans au projet a réuni “une dizaine” de personnes, selon la préfecture.La ligne à grande vitesse en construction, longue de 270 km, doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie. Le projet comprend un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes et qui doit s’achever en 2033.Lancé il y a plus de 30 ans, le projet a été évalué à plus de 26 milliards d’euros en 2012 par la Cour des comptes française mais aucun chiffrage global n’a été communiqué depuis.La section transfrontalière coûte à elle seule 11,1 milliards d’euros, selon la société publique franco-italienne Telt qui supervise ce chantier.Les investissements pour les voies françaises, un chantier supervisé par la compagnie ferroviaire française SNCF réseau, représenteraient eux entre 10 et 15 milliards d’euros.

Convoqué en urgence, le Parlement britannique se penche sur le sauvetage de British Steel

Le Parlement britannique convoqué en urgence samedi  débat pour autoriser le gouvernement à prendre le contrôle des deux derniers hauts fourneaux du pays, menacés de fermeture imminente par leur propriétaire chinois.Devant la Chambre des Communes, le ministre du Commerce Jonathan Reynolds a souligné que le rappel du Parlement un samedi, particulièrement rare, témoignait du caractère “unique” et “exceptionnel” de la situation, alors que 2.700 emplois sont menacés.Il a précisé que le projet de loi soumis aux députés ne transférait pas au gouvernement la propriété de British Steel, qui appartient au Chinois Jingye depuis 2020. Mais cette option “reste sur la table” et “pourrait être “l’option probable”, a-t-il ajouté, tout en soulignant que le gouvernement ne pourra “pas financer à long-terme la transformation de l’entreprise”.La valeur économique de l’usine est “proche de zéro”, a-t-il également dit. Le sidérurgiste, qui emploie 3.500 personnes en Angleterre, a annoncé fin mars son intention de fermer début juin ses deux hauts fourneaux, ses opérations de fabrication d’acier et de réduire la capacité du laminoir à acier de Scunthorpe (nord de l’Angleterre). L’entreprise dit avoir investi depuis 2020 plus de 1,2 milliard de livres sterling pour faire tourner ses sites.Il fait valoir que les deux hauts fourneaux, les derniers d’Angleterre, ne sont plus rentables. Elle affirme perdre 700.000 livres (814.000 euros) par jour en raison de conditions de marché “très difficiles”.Cet ancien fleuron britannique, en difficulté depuis des années, est “essentiel” à l’industrie et à la sécurité économique du Royaume-Uni, a insisté  M. Reynolds.L’annonce du projet de loi vendredi a été accueillie par un large consensus politique, du parti vert à celui d’extrême droite Reform UK, et le parti travailliste au pouvoir dispose d’une large majorité à la Chambre.Cette loi donnera le pouvoir au gouvernement de maintenir l’activité des hauts fourneaux,  en enjoignant l’entreprise à la poursuite de l’activité, sous peine de sanctions.- “Offre substantielle”  -Si les hauts fourneaux venaient à fermer, il ne serait plus possible de les rallumer, selon les experts.Avant le début des débats, la secrétaire d’État à l’Industrie Sarah Jones a déclaré à la BBC qu’il n’y avait “à ce stade” aucune offre de reprise sur la table. Et les négociations en cours depuis des mois avec le propriétaire n’ont abouti à aucun accord.”Bien que notre offre à Jingye était substantielle, ils voulaient beaucoup plus”, a déclaré M. Reynolds, ajoutant que le gouvernement avait notamment proposé d’acheter des matières premières “pour maintenir les hauts fourneaux pendant un certain temps”.Jingye réclamait que le gouvernement leur donne “des centaines de millions de livres”, avec le risque que ces millions et d’autres actifs soient transférés en Chine, a-t-il ajouté.Le parti conservateur a accusé le gouvernement d’avoir fait capoter les négociations avec l’entreprise chinoise. Leur cheffe de file, Kemi Badenoch, qui a été ministre du Commerce sous le précédent gouvernement, a accusé les travaillistes d’avoir “bousillé” un projet d’accord, qu’elle affirme avoir en son temps négocié. Sarah Jones a aussi assuré samedi matin sur Sky News que cette prise de contrôle de l’Etat ne serait pas financée par des hausses d’impôts. Le gouvernement compte piocher dans un fonds de 2,5 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) spécialement créé pour soutenir le secteur. Le gouvernement est également soutenu par les grands syndicats de l’acier, qui appellent depuis des semaines à tout faire pour éviter la fermeture. “Nous ne pouvons pas permettre que la Grande-Bretagne devienne le seul pays du G7 sans capacité de production d’acier”, avait déclaré vendredi le secrétaire général du syndicat Community, Roy Rickhuss dans un communiqué.La menace de fermeture des derniers hauts fourneaux a ravivé le traumatisme de la fermeture, en septembre 2024, de la plus grande aciérie du Royaume-Uni, à Port-Talbot au pays de Galles, avec la perte de 2.800 emplois.

Bayrou: une marge de manœuvre réduite par les crises

La crise des droits de douane, comme celle de l’Ukraine, réduit l’espace de François Bayrou pour agir, tant le sujet est international et piloté de fait par Emmanuel Macron, mais le Premier ministre n’en est pas moins attendu sur les choix budgétaires à opérer pour y faire face.Quand Donald Trump annonce début avril ses hausses de taxes sur les importations, c’est Emmanuel Macron qui convoque et préside à l’Élysée une réunion avec les principales filières touchées par la mesure, jugée “brutale et infondée”.Après la décision du président américain de finalement suspendre ces augmentations pendant trois mois, c’est encore le chef de l’Etat qui réagit sur X pour qualifier la pause de “fragile”, le matin même où François Bayrou se rend à la foire aux fromages et aux vins de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour apporter son soutien à des filières susceptibles d’être concernées.Chacun joue certes sa partition naturelle: plus diplomatique pour le chef de l’État, en première ligne sur la guerre en Ukraine ou sur le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie; davantage tournée vers l’opinion française pour le Premier ministre.Sauf que les droits de douane relèvent autant de la diplomatie, “domaine réservé” du président, que de l’économie, pilotée par Matignon, chargé de financer les politiques par le budget.- “Système assez factice” -Et les finances publiques, dont le chef du gouvernement doit faire un état des lieux mardi, s’annoncent triplement contraintes: par le dérapage du déficit public, par l’effort militaire envisagé pour aider l’Ukraine et réarmer l’Europe, et par les taxes décrétées par Donald Trump. Le tout sur fond d’absence de majorité à l’Assemblée nationale, où le Premier ministre “n’a pas intérêt à s’agiter trop fort (…) sachant que la situation internationale capte l’actualité”, note un ancien locataire de Matignon.”Le président est le leader des équilibres, le Premier ministre celui de l’action”, résume cet ancien chef du gouvernement. “Là c’est quand même très difficile. On a un système assez factice. On va voir combien de temps ça peut durer”, prévient-il, alors que François Bayrou n’a toujours pas exposé ses choix budgétaires.Sans proximité excessive avec le président, auquel il avait imposé sa nomination, François Bayrou semble expérimenter “une certaine solitude”, d’autant que le ministre de l’Economie Eric Lombard “doit travailler directement avec Macron sur pas mal de sujets” comme les droits de douane, pointe-t-il.Le chef du gouvernement a néanmoins tenté jeudi de rassurer sur les capacités d’investissement de la France, en promettant d’engager les 15 milliards d’euros restants du programme France 2030 dans l’innovation, en dépit des “inquiétudes” mondiales.- Impatiences -Emmanuel Macron a “une forme de leadership mondial” et est “respecté comme un interlocuteur”, mais François Bayrou, “on ne le sent pas actif pour sauter sur tous les sujets”, ajoute le même ex-Premier ministre. “Il faut prendre des risques. Matignon n’est pas une +planque+.”Mardi, lors d’une conférence du gouvernement sur les finances publiques, le Premier ministre entend exposer les “pathologies” françaises et les “risques” pesant sur le budget. “La vérité est décisive pour qu’on puisse prendre les décisions qui s’imposent”, a-t-il expliqué.”Je sens le coup du président qui a dû lui dire: +M. le Premier ministre, il faut que les Français le sachent+”, sourit un membre du gouvernement, pointant ainsi des impatiences du chef de l’Etat vis-à-vis du locataire de Matignon.Après s’être sorti du piège des budgets 2025, qu’il a fait adopter en début d’année là où son prédécesseur Michel Barnier avait chuté, François Bayrou cherche à durer.”Depuis le début, son objectif, c’est de survivre. Et de ce point de vue-là, c’est une réussite”, explique un député du groupe macroniste Renaissance, même si cela implique parfois de “naviguer à vue”. Il a même déjà planté son arbre dans les jardins de Matignon, un chêne selon Le Parisien, connu pour sa longévité.François Bayrou décroche pourtant dans les sondages, avec une confiance au plus bas pour un Premier ministre depuis dix ans, selon Elabe début avril.Venu tester son aura entre verres de vin et morceaux de brie à Coulommiers vendredi, l’intéressé avance qu’à ce niveau de “responsabilité”, il ne faut pas s’attendre à être “populaire”.

En Equateur, criminalité, chômage et petites retraites

Dans l’emblématique parc Seminario de Guayaquil, la capitale économique de l’Equateur appelé aux urnes dimanche, le nombre de visiteurs dépasse à peine celui des quelques dizaines d’iguanes se baladant sous une chaleur étouffante. La violence qui gangrène le pays a effrayé de nombreux touristes locaux et étrangers.”L’après-midi, on se croirait dans un cimetière”, se désole Juan Carlos Pesantes, posté comme depuis 16 ans à un kiosque vendant sucreries et rafraîchissements à l’extérieur du parc aux iguanes.”Il n’y a plus de touristes”, déplore le commerçant, qui a vu plusieurs boutiques et un hôtel fermer autour de lui ces dernières années, dans cette ville devenue l’une des plus violentes d’Amérique latine. En trois ans, les recettes du vendeur ont été divisées par deux.Criminalité et économie constituent les principaux enjeux de l’élection présidentielle, dont le second tour se tient dimanche.Insécurité, inégalités sociales criantes, manque d’emplois rémunérateurs, investissements trop faibles, déséquilibre des finances publiques depuis la chute brutale des prix du pétrole il y a dix ans… Les défis sont nombreux pour l’économie équatorienne, en récession au troisième trimestre 2024.M. Pesantes se dit “indécis” entre le président sortant Daniel Noboa, millionnaire défendant une ligne dure contre le crime, et sa rivale de gauche Luisa Gonzalez, dauphine de l’ancien président Rafael Correa. “Je ne leur fais pas confiance”, explique-t-il.- Travail informel -L’Equateur a été converti en quelques années en plaque tournante du trafic de drogue du fait notamment de ses ports sur le Pacifique, de son économie dollarisée et de sa position entre Colombie et Pérou – les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne. Le pays a vu son taux d’homicides flamber et le nombre des gangs exploser, avec un effet direct sur l’activité économique.”L’insécurité affecte la consommation, la population a moins la possibilité de sortir dans la rue, au restaurant, de faire des courses”, relève Alberto Acosta Burneo, analyste économique au sein du groupe Spurrier.Dans un quartier populaire de Guayaquil, Paola Valdivieso, 54 ans et employée dans un salon de beauté, témoigne de “la frayeur, la peur quand on doit marcher en regardant de tous les côtés”.Même la banane, produit phare à l’exportation, n’échappe pas au crime organisé. “Nous sommes victimes du narcotrafic”, affirme Richard Salazar, directeur exécutif de l’association des exportateurs de banane Acorbanec, interrogé par l’AFP.”Nous avons été victimes de la délinquance et du crime organisé avec des extorsions, des rançons” et malgré les contrôles, les cargaisons en partance vers le reste du monde sont utilisées par les narcotrafiquants pour acheminer la cocaïne, explique-t-il.Dans cette économie déprimée, le chômage et le sous-emploi touchent près de 23% de la population, et la pauvreté 28%, selon les chiffres officiels.”Il y a beaucoup de travail informel”, mal rémunéré et précaire, souligne M. Acosta Burneo.Assis avec des amis sur une place du centre-ville, Gerardo Ortiz, retraité, plaisante en pointant du doigt sa “voiture”: en fait, un vélo hors d’âge appuyé contre un arbre. “Il n’y a pas de travail” et sa pension de 280 dollars mensuels lui “suffit pour subsister”, pas pour “vivre bien”, constate le septuagénaire.- Investissements nécessaires -Autre écueil, le manque d’investissements, qui “se reflète dans l’économie qui ne croît pas comme elle le devrait”, selon l’analyste de Spurrier.Dans le salon de beauté, Paola Valdivieso se souvient avec effroi des mois de coupures de courant, parfois à raison de 14 heures par jour, qui ont frappé le pays l’an passé et contraint son employeur à acheter un générateur.Cette situation inédite, qui a eu un impact sur la croissance du pays, s’explique par la sécheresse mais également par un manque d’argent frais depuis des années pour entretenir les centrales thermiques du pays.Pour soutenir l’activité économique, les candidats à la présidentielle proposent des solutions différentes. “Le projet de Luisa Gonzalez s’inscrit dans le retour de l’Etat stratège”, passant par le développement des infrastructures et des services publics, d’après Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).L’avocate prône par ailleurs une fiscalité pesant davantage sur le secteur privé et prévoit de réduire la TVA, augmentée par Daniel Noboa.Le président sortant, héritier d’un magnat de la banane, est proche des milieux d’affaires. Il a négocié un accord commercial avec le Canada favorisant les industries extractives, tenté d’accorder une concession privée pour l’exploitation d’un important gisement pétrolier et proposé sans succès un référendum comportant des réformes pour réduire la protection des salariés.

L’Argentine obtient 42 milliards des institutions financières internationales

L’Argentine a reçu vendredi un ballon d’oxygène de la part du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM) et de la Banque interaméricaine de développement (BID), avec pas moins de 42 milliards de dollars au total, un soutien présenté par la Banque mondiale comme un “important vote de confiance” envers le gouvernement.Le prêt du FMI était attendu et s’élève à 20 milliards de dollars comme annoncé un peu plus tôt dans la soirée par le ministre argentin de l’Economie, Luis Caputo.Validé par le conseil d’administration du Fonds, il prévoit le déboursement immédiat d’une première tranche inédite de 12 milliards de dollars, alors qu’une deuxième, de deux milliards, se profile d’ores et déjà pour juin prochain.C’est la “reconnaissance des impressionnants progrès réalisés dans la stabilisation de l’économie” argentine et un “vote de confiance dans la détermination du gouvernement à poursuivre les réformes”, a déclaré sur X la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva.L’économie argentine croîtra “comme jamais auparavant”, s’est félicité dans la foulée de l’annonce le président argentin, Javier Milei.La surprise est venue en revanche de la BM, qui a annoncé dans le même temps une aide de 12 milliards de dollars au pays andin, afin de “soutenir les réformes qui continuent d’attirer le secteur privé et renforcer les mesures mises en place pour promouvoir les créations d’emploi”.Quant à la BID, elle devrait accorder jusqu’à 10 milliards de dollars sur trois ans au gouvernement argentin, après validation par son conseil d’administration.Des accords permis notamment par l’annonce par la Banque centrale (BCRA) en fin de journée d’un taux de change flottant pour le peso argentin face au dollar, dans un premier temps entre 1.000 et 1.400 pesos par dollar, une bande “dont les limites seront élargies au rythme de 1% par mois”.- De nouveau l’accès au dollar -Par ailleurs, et crucialement pour la vie quotidienne des Argentins, qui par méfiance historique pour leur propre devise pensent, calculent et thésaurisent en dollar, la limite d’accès à 200 dollars par mois par personne sera levée, a indiqué la BCRA. L’accord avec le FMI va permettre, “à partir de lundi, d’en finir avec le contrôle des changes, qui a fait tant de mal, et depuis sa mise en place en 2019 affecte le fonctionnement normal de l’économie”, a ajouté le ministre, dont les équipes étaient depuis novembre en négociation avec le FMI sur l’accord.Cette injection d’argent frais est considérée comme cruciale par le gouvernement pour reconstituer les réserves de la Banque centrale et “exterminer l’inflation” durablement, selon les mots de Javier Milei.En mars, l’inflation argentine s’est établie à 3,7%, un regain sensible par rapport aux six mois précédents. Mais qui ne dément pas une tendance lourde à la désinflation depuis plus d’un an.En interannuel, elle est actuellement de 55,9% sur 12 mois, contre 211% fin 2023, au début de la présidence Milei et des premières mesures choc d’austérité, dont une forte dévaluation de plus de 52% du peso.- “Besoin comme de l’air” -“Milei a besoin de cet accord comme de l’air”, a analysé pour l’AFP Belen Amadeo, politologue à l’université de Buenos Aires. “Il en a besoin pour valider sa proposition économique, se donner plus de marge de manÅ“uvre, car si l’instabilité s’installe et l’inflation augmente, l’insécurité gagne la population qui se réfugie instantanément vers le dollar”.Avec ces fonds, le gouvernement espère une stabilisation financière et in fine, relancer la croissance, à ce jour la pièce manquante dans la stratégie Milei, après une année 2024 en récession (-1,8%), contrecoup de l’austérité budgétaire à fort coût social de sa première année de présidence. Début 2024, la pauvreté avait bondi à 52,9%, avant de reculer à 38% au second semestre, soit à peu près le niveau d’avant la présidence Milei (41,7%). Le nouveau prêt est rien moins que le 23e accord de financement du FMI, sous diverses formes, avec l’Argentine depuis l’adhésion de celle-ci en 1956. Symbole de l’endettement chronique et du risque récurrent d’insolvabilité du pays, devenu au fil des ans le principal débiteur du Fonds, devant l’Ukraine.En 2018, l’Argentine avait obtenu un prêt massif de 44 milliards de dollars du Fonds, montant dont le pays doit encore rembourser la majeure partie, et pour lequel le gouvernement péroniste (centre-gauche) précédant Javier Milei avait — déjà — négocié un refinancement en 2022.

Malgré les tensions commerciales, Trump “optimiste” sur un accord avec Pékin

Après plusieurs jours de tensions croissantes avec Pékin, le président américain Donald Trump a semblé infléchir sa position, alors que la Maison Blanche le dit “optimiste” quant à la conclusion d’un accord avec la Chine, malgré une escalade dans leur duel commercial à coup de droits de douane.”Le président a signifié clairement qu’il était très ouvert à la question d’un accord avec la Chine”, a assuré la porte-parole de la présidence, Karoline Leavitt, sans pour autant préciser pourquoi M. Trump était “optimiste”, lorsqu’un journaliste l’a pressée sur cette question.Car dans l’immédiat les tensions ne cessent de monter: Pékin a annoncé porter ses droits de douane sur l’ensemble des produits américains entrant sur son territoire à 125%, le niveau imposé par Washington pour répondre aux précédentes représailles chinoises, en plus des taxes déjà en place.Une guerre commerciale ouverte entre les deux premières puissances économiques qui inquiète de plus en plus investisseurs comme consommateurs.Les marchés boudent à la fois la devise, la dette et les actions américaines, dans un accès de défiance généralisée que l’on observe d’ordinaire envers certains pays émergents, pas pour la première puissance mondiale.Donald Trump a balayé vendredi les inquiétudes, estimant que le dollar restera “la devise de référence”, alors que le billet vert a perdu plus de 8% depuis l’investiture du républicain.Face aux incertitudes, la Fed s’est dite “absolument prête” à agir pour stabiliser les marchés financiers, si nécessaire, une action qui dépendra “des conditions que nous observerons”, a déclaré au Financial Times l’une de ses responsables, Susan Collins.Quant à la confiance des consommateurs, elle ne cesse de reculer aux Etats-Unis, comme l’a rappelé pour avril un baromètre très suivi publié vendredi par l’Université du Michigan, un recul “généralisé et unanime quels que soient l’âge, le revenu, le niveau d’études, le lieu de vie ou l’appartenance politique”, selon l’enquête.Le président américain a malgré tout estimé sur son réseau Truth Social que sa politique en matière de droits de douane “fonctionnait vraiment bien”, concentrant depuis mercredi ses foudres douanières sur la Chine, après avoir dans un premier temps ciblé l’ensemble des partenaires commerciaux des Etats-Unis.S’il est persuadé que la Chine veut négocier, le communiqué du ministère chinois des Finances annonçant une nouvelle hausse des droits de douane signale plutôt un enlisement du duel.”Comme à ce niveau de tarifs douaniers, les produits américains exportés vers la Chine ne sont plus viables sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, a-t-il averti.- Demande d’enquête -Mercredi, M. Trump avait fait en partie marche arrière dans son assaut protectionniste en suspendant pour 90 jours des surtaxes douanières visant les partenaires commerciaux des Etats-Unis, sauf pour Pékin, tout en laissant en place certains droits de douane augmentés et une taxe plancher de 10%.La Chine a été finalement frappée par une taxe totale monumentale de 145%, soit 125% s’ajoutant à des droits de douane de 20% préexistants.Cette annonce du président américain avait entraîné l’euphorie sur les marchés financiers, Wall Street connaissant au final une des meilleures séances de son histoire alors que la place boursière s’enfonçait encore en début de journée.Tôt mercredi, Donald Trump avait écrit sur son réseau social que “c’est le bon moment pour acheter”, avant d’annoncer cette suspension quelques heures plus tard, un message qui a poussé vendredi plusieurs sénateurs démocrates à demander au gendarme boursier américain, la SEC, d’ouvrir une enquête.Ils souhaitent que l’instance vérifie si “les annonces douanières ont enrichi les proches et les amis de l’administration aux dépens du public américain” qui auraient notamment “eu préalablement connaissance de la pause tarifaire”, ce qui constituerait un délit d’initié.Pris entre deux feux, les Européens tentent de leur côté de négocier avec Washington, tout en devant composer avec Pékin.Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à “rectifier” le déficit commercial des Européens avec la Chine mais sans “entraver le potentiel de croissance des relations” avec Pékin.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte aux droits de douane américains. Le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington.Si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.burs-aue-els/pno