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Zones à faibles émissions : suspense sur le vote de la loi “simplification” l’Assemblée

Après un parcours homérique, le projet de loi de “simplification” est soumis à un vote hautement incertain mardi à l’Assemblée, les macronistes projetant de voter contre ce texte qui abroge notamment les zones à faibles émissions, à rebours de leurs alliés du Modem et d’Horizons.En fin d’après-midi les députés seront appelés à voter, échaudés par trois mois d’examen hachés par les suspensions, dans des séances tantôt très disputées, tantôt dans un hémicycle sonnant creux.”Le titre du projet de loi ne correspond plus tout à fait à la réalité du texte”, euphémise Christophe Naegelen (groupe Liot), l’un des rapporteurs du texte.Eclectique, il prévoit dans sa rédaction actuelle toute une batterie de dispositions pour les particuliers, les entrepreneurs ou les commerçants, allant de la simplification du régime des baux commerciaux en passant par celle de la délivrance des licences IV pour la vente de boissons alcoolisées.Les principaux combats parlementaires ont tourné initialement autour de la simplification de l’action publique, et d’une revue “à la française” des agences de l’Etat et organes consultatifs susceptibles d’être supprimés. Sans “tronçonneuse”, ni “hache”, s’était engagé le ministre de la Simplification Laurent Marcangeli (Horizons).Au final, une vingtaine d’instances sont ciblées, au grand dam de la gauche qui a dénoncé des coupes à l’aveugle, mais aussi de la droite et de l’extrême droite déplorant un manque d’ambition.Mais le plus gros de la bataille s’est joué sur des questions environnementales, – les écologistes dénonçant un “détricotage accéléré du droit de l’environnement” -, et des marqueurs du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.Les Républicains et le Rassemblement national ont en effet obtenu la suppression des zones à faibles émissions, qui excluent des véhicules anciens et polluants, avec le concours de certaines voix macronistes et LFI, même si ces derniers sont opposés au reste du projet de loi.Contre la gauche et une partie du bloc central, la droite et le RN ont aussi obtenu un net recul du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre l’artificialisation des sols, en permettant aux collectivités de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces aménageables.Des votes très médiatisés qui “écrasent tout”, y compris certains “compromis intéressants”, regrette le rapporteur Stéphane Travert, apparenté au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).- Suspense  -Ainsi les députés EPR ont acté dimanche un vote contre, espérant renvoyer la version sénatoriale, plus neutre, devant la commission mixte paritaire (CMP, sept députés et sept sénateurs) chargée de trouver un compromis.Une décision majeure puisque l’addition de leurs voix à celles des groupes de gauche, tutoierait la majorité absolue. Et la gauche votera largement contre une “loi Trump-Milei”, a critiqué mardi Mathilde Panot, cheffe des députés LFI.”Les chantres de la culture du compromis” ne la défendent que “lorsqu’il y a une victoire à la fin de ce qu’ils défendaient”, s’agace Ian Boucard (LR), à l’initiative de l’un des amendements supprimant les ZFE.Le groupe indépendant Liot devrait se diviser avec au moins “7 voix pour”.Et la présence dans l’hémicycle et les choix individuels des parlementaires (certains macronistes envisagent de s’abstenir) joueront sur le résultat final. Les Républicains et l’alliance RN-Ciotti voteront pour, tout comme le MoDem et Horizons, ce qui peut conduire à un résultat serré.Le texte “porte un grand nombre de mesures de simplification attendues par notre tissu économique et nos concitoyens, il faut accélérer”, assume le patron du groupe Horizons Paul Christophe, estimant que la mesure sur les ZFE “a de grandes chances” d’être rejetée par le Conseil constitutionnel en tant que “cavalier législatif” – sans lien suffisant avec le texte initial.Un argument partagé par le groupe MoDem qui a annoncé après une réunion mardi qu’il voterait “pour” le texte.Si jamais l’Assemblée rejetait le projet de loi, il s’apprêterait à partir en CMP sans copie sous le bras, pour la troisième fois en un mois, laissant plus de marge aux sénateurs.”Voter contre c’est redonner encore la main aux sénateurs (…) il faut que nous puissions nous affirmer aussi en tant que représentation nationale”, a insisté Erwan Balanant, porte-parole du groupe MoDem.sac-parl/jmt/rhl

Législation américaine: pourquoi les stablecoins ont la cote ?

Le Sénat américain se prononce mardi sur un texte destiné à encadrer les stablecoins, ces cryptomonnaies présentées comme stables car adossées à des actifs traditionnels. Un secteur en plein essor, malgré des risques persistants pour les investisseurs et la stabilité financière. Explications.- Qu’est-ce que les stablecoins ? -Comme toutes les cryptomonnaies, les stablecoins reposent sur une technologie appelée “blockchain”, un registre décentralisé qui permet de se passer des circuits bancaires classiques.Mais à la différence du bitcoin ou de l’ether, les “cryptos” les plus connues, leur valeur est censée rester stable: elle est indexée sur une monnaie traditionnelle comme le dollar ou sur un actif réputé plus sûr comme l’or.Le Tether et l’USDC suivent ainsi le billet vert, avec théoriquement en réserve autant de dollars que de jetons en circulation, pour garantir cette stabilité.Les stablecoins servent à échanger d’autres cryptoactifs et à réaliser des opérations dans la finance décentralisée, sans passer par les banques.Mais leur usage s’est élargi: elles permettent aussi d’effectuer “des paiements transfrontaliers rapides et à faible coût, particulièrement utiles sur les marchés émergents où l’accès aux devises fortes et aux services bancaires” est limité, explique à l’AFP Dessislava Aubert, analyste chez Kaiko. C’est le cas en Argentine, au Nigéria ou en Turquie.Résultat: la capitalisation totale des stablecoins a atteint 246 milliards de dollars en mai, contre 20 milliards en 2020, et le volume de transactions a même dépassé celui de Visa et Mastercard en 2024, relève la Deutsche Bank.Signe de cet essor, l’entreprise Circle, qui émet l’USDC, vient de réaliser une entrée fracassante à la Bourse de New York.- Pourquoi les Etats-Unis veulent-ils réguler ? -Washington souhaite imposer des règles de transparence aux émetteurs de stablecoins américains pour renforcer la sécurité: ces derniers devraient détenir suffisamment d’actifs sûrs et immédiatement mobilisables, comme des dollars ou des bons du Trésor.Des contrôles réguliers sont également prévus pour les plus gros acteurs.Une telle loi permettrait aussi de soutenir la demande pour la dette américaine et le billet vert.L’effondrement du stablecoin Terra en 2022 illustre les risques du secteur: quand la confiance disparaît, la valeur du stablecoin peut chuter rapidement, entraînant des ventes massives de jetons et la vente urgente des actifs qui servent à les garantir.Il est en effet possible que “l’émetteur ne soit pas très fiable” ou se fasse pirater, d’où l’intérêt de contrôles, selon Murat Kantarcioglu, professeur à Virginia Tech.- La loi sera-t-elle suffisante ? -“Les nouvelles règles pourraient compliquer l’émission de stablecoins par les start-up, au risque de laisser quelques grandes entreprises, comme les géants de la technologie, dominer le marché”, souligne Dessislava Aubert.D’après le Wall Street Journal, Amazon et Walmart envisagent d’émettre leur propre stablecoin, que leurs clients pourraient utiliser.L’opposition démocrate cite aussi des risques de spéculation, de blanchiment et de conflits d’intérêts.Elle pointe notamment le rôle de proches de Donald Trump dans le lancement du stablecoin USD1, déjà utilisé par le fonds souverain émirati MGX.Enfin, en cas de faillite d’un émetteur, les pertes liées aux stablecoins “ne sont pas explicitement couvertes par les programmes d’assurance gouvernementaux”, “contrairement aux dépôts bancaires, qui sont assurés jusqu’à 250.000 dollars”, note Mme Aubert.- Et ailleurs ? -En Europe, la réglementation de l’Union européenne sur les cryptomonnaies (Mica), effective depuis décembre, encadre l’émission de stablecoins.Mais “99% de la capitalisation” de ce marché est déjà adossée au dollar, ce qui pose “un risque sérieux de déseuropéanisation et de privatisation de la monnaie”, a récemment mis en garde le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Lui défend le projet d’un euro numérique, qui serait garanti par la Banque centrale européenne.Le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Brésil avancent aussi dans la régulation.La Chine, elle, a banni les cryptomonnaies sur son territoire en 2021 et développe à la place sa propre monnaie numérique de banque centrale, l’e-yuan.La Russie envisage elle un stablecoin adossé au rouble ou à des devises amies comme le yuan.

El Dorado, la fièvre de l’or toujours présente au Venezuela

Un commerçant pèse sur une balance numérique l’or en poudre d’un client. Comme dans de nombreux villages miniers du Venezuela, à El Dorado l’or sert de monnaie pour les achats banals du quotidien mais continue de susciter fièvre et convoitises.Le bien nommé village d’El Dorado fait partie d’une région, baptisée l’Arc Minier de l’Orénoque, qui possède de grandes réserves minérales. L’exploitation minière illégale est généralisée, les gangs criminels et guérillas qui pratiquent l’extorsion voire exploitent directement certains sites sont omniprésents.Syndicats gérés par le crime organisé ou gangs indigènes y prélèvent le “vaccin”, une sorte d’impôt obligatoire garantissant la “protection”. Il est le théâtre de massacres: environ 217 personnes tuées entre 2016 et 2020.Un sujet dont on parle peu à El Dorado. Dans ses rues en terre, un essaim de motos bruyantes bourdonne en permanence, soulevant des nuages de poussière. Les 35 “grammes” affichés sur la balance équivalent à environ 3.000 dollars, explique le commerçant. Un gramme se vend entre 85 et 100 dollars. “L’or est une bénédiction qui nous permet d’acheter ce que l’on veut, mais il faut travailler dur”, déclare à l’AFP José Tobias Tranquini, un mineur de 48 ans.”Un jour à la mine peut ne rien te rapporter. Il y a des chanceux qui trouvent jusqu’à un kilo, mais depuis que je suis ici, je n’ai pas eu cette bénédiction”, poursuit-il, espérant toujours tomber sur le gros coup. El Dorado se situe sur la rivière Cuyuni, qui plus loin devient la frontière naturelle avec le Guyana voisin et l’Essequibo, le territoire que le Venezuela réclame au Guyana depuis plus d’un siècle. El Dorado a été créé pour être un fort militaire visant à contrer une attaque anglaise en 1895. Son nom s’inspire du mythe qui n’est finalement pas si éloigné de la réalité: les habitants les plus âgés racontent que lorsqu’il pleuvait, on pouvait voir des particules d’or émerger sur les chemins argileux du village.- Une tonne, un gramme -Hilda Carrero est arrivée à El Dorado il y a un demi-siècle, attirée comme beaucoup d’autres par la fièvre de l’or. À l’époque, le village était “de la jungle et des serpents”. Aujourd’hui, la population avoisine 5.000 habitants. “C’était moche”, se souvient cette femme de 73 ans dans sa petite épicerie où elle vend des bonbonnes d’eau pour trois millièmes de gramme d’or. Le bidon d’eau vaut l’équivalent d’un dollar et demi. “La vie du village, ce sont les mineurs”, souligne Carrero, qui explique qu’il y a des hauts et des bas entre les périodes de calme ou celles de découvertes de nouvelles mines, les “bullitas” ou petites ruées.”Il y a des jours où je ne vends même pas une bouteille”, dit-elle.L’Arc Minier a une superficie de 112.000 km². On y trouve aussi diamants, fer, bauxite, quartz et même coltan.Les écologistes dénoncent un “écocide” dans cette zone et l’effondrement des mines illégales avec des dizaines de morts.La route pour rallier El Dorado depuis Tumeremo, un centre régional, est parsemée de camps où des “moulins” traitent le sable pour y découvrir de l’or. Le configuration se répète: un grand hangar avec des toits en tôle, des terrains dégagés avec une énorme fosse où tombe le sable lavé dans les moulins. La terre extraite des mines est stockée dans des sacs pour la transporter jusqu’aux moulins, qui fonctionnent avec des moteurs modifiés de voiture. Là, le sable est fragmenté et mis sur des rampes de bronze, enduites de mercure, et sur lesquelles ruisselle de l’eau. Des particules presque imperceptibles à l’Å“il nu restent coincées dans un tapis vert. Une famille de cinq personnes travaille dans l’un de ces camps. Quatre heures sont nécessaires pour “traiter” une tonne de sable. Résultat du jour: un peu plus d’un “gramme”, soit environ 100 dollars. “Nous l’utiliserons pour acheter de la nourriture et ce dont on a besoin pour le moulin”, explique l’un des travailleurs, qui tient dans ses mains rudes, la minuscule pierre obtenue. D’un aspect irrégulier, elle est chauffée au chalumeau pour retirer les impuretés. “Le danger, c’est la fumée” qui se dégage en brûlant le mercure, explique le propriétaire du moulin tout en fumant une cigarette.

Déchets toxiques: la justice autorise le confinement définitif à Stocamine

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi le confinement définitif de déchets toxiques sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), rejetant les requêtes de la collectivité européenne d’Alsace, d’associations et de riverains, qui redoutent l’impact pour la nappe phréatique.Le tribunal a jugé que le déstockage des 42.000 tonnes de déchets (cyanure, arsenic, mercure…) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim, option défendue par les requérants, n’était plus réalisable en toute sécurité, notamment en raison de la dégradation des infrastructures.Le confinement définitif “constitue désormais, en l’état des meilleures techniques disponibles, la mesure la plus susceptible de préserver la ressource en eau et par suite le droit des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”, indique le tribunal administratif dans son jugement.Cette solution consiste à construire des barrières en béton autour des blocs contenant les déchets et à remblayer les puits y donnant accès de manière à assurer une étanchéité.C’est une “déception”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature. L’association se bat en justice contre le confinement définitif des déchets. “C’est extrêmement grave puisqu’on joue avec la santé de millions de personnes, avec l’eau potable de millions de personnes”, a-t-il déploré. “Mais pour nous ce n’est pas la fin d’un combat, on ne s’interdit absolument aucune procédure légale pour faire revenir l’État à la raison dans ce dossier”. Le jugement du tribunal administratif peut faire l’objet d’un appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. Il marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis des années défenseurs de l’environnement et l’Etat.Si l’autorisation d’entreposer ces déchets était initialement temporaire, l’État, par un arrêté de la préfecture du Haut-Rhin du 28 septembre 2023, a prolongé pour une durée illimitée l’autorisation de stockage. La société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site et détenue à 100% par l’État, a entamé depuis un vaste chantier pour couler des barrières de béton dans les galeries souterraines.- Dégradation des galeries -La décision de l’Etat et les travaux qui ont suivi suscitent une certaine opposition en Alsace. Des élus, des riverains et des associations redoutent que le maintien des déchets en profondeur, même sous le béton, ne pollue à terme la nappe phréatique d’Alsace. En cause: l’état de la mine, trop dégradé selon eux pour empêcher une infiltration d’eau qui finira, au contact des déchets, par contaminer la nappe phréatique, malgré la présence des barrières de béton.Mais le tribunal administratif a écarté la possibilité de déstockage, considérant que le confinement définitif constituait la mesure la plus susceptible de préserver l’environnement à court, moyen et long termes. A l’audience le 15 mai, le rapporteur public Alexandre Therre s’était prononcé en faveur de la poursuite des travaux de confinement, estimant que la “dégradation très significative” des galeries, où “les toits s’affaissent et les murs se rapprochent”, empêchait d’extraire “en toute sécurité” les déchets.Le jugement rendu mardi “entérine un fait accompli au mépris de l’environnement, de la santé et des alertes répétées” des citoyens et de la communauté scientifique, a déploré le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes dans un communiqué.”Malheureusement, ça devient une méthode de gouvernance, on le voit dans d’autres dossiers, comme l’A69 dans le sud de la France”, a renchéri Stéphane Giraud.Dans un rare communiqué transpartisan publié fin mai, neuf parlementaires alsaciens de tous bords avaient réclamé l’arrêt des travaux de confinement et le déstockage des déchets.”On ne parle pas des galeries qui ne sont pas effondrées et dans lesquelles l’extraction est encore possible” a regretté Sabine Drexler, sénatrice LR du Haut-Rhin et élue à la Collectivité européenne d’Alsace. “Et aujourd’hui vous avez une possibilité de retraitement des déchets qui n’était pas possible il y a 20 ans quand on les a descendus”, a-t-elle souligné auprès de l’AFP.Dans un rapport publié en décembre 2024, la Cour des comptes calculait que les retards successifs du chantier du confinement définitif avaient coûté à l’Etat 226 millions d’euros supplémentaires depuis 2013. 

“Conclave” sur les retraites: fumée blanche ou pas ?

Accord ou positions irréconciliables: impulsé par François Bayrou, le “conclave” des partenaires sociaux sur les retraites est entrée mardi matin dans sa dernière journée, avec la prise en compte de la pénibilité en point central des discussions.Le Premier ministre s’est dit prêt lundi à accorder “quelques jours de plus”, au-delà de la date butoir de mardi, aux cinq participants encore présents – CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal. Mais “on n’a pas besoin de plus de temps”, “il faut que ça se termine ce soir”, a plaidé sur RTL mardi matin, la numéro un de la CFDT Marylise Léon. Selon elle, “la balle est dans le camp des organisations patronales”, notamment sur le sujet de la pénibilité sur lequel il y a “blocage”.En arrivant au conclave mardi matin, le négociateur de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) Eric Chevée a qualifié d'”insupportable pour nous” la proposition de la CFDT, qui consiste à donner un coup de fouet au compte pénibilité déjà existant pour arriver à faire partir plus tôt les personnes ayant eu un travail pénible.”Notre proposition est la seule voie de passage”, a-t-il dit, en allusion à un dispositif proposé par la CPME, qui consisterait à créer des “points d’usure” pour les personnes “qui doivent porter des charges lourdes, subir des postures pénibles ou des vibrations mécaniques”, ouvrant “droit à des formations, des aides à la reconversion”.- “A côté du sujet” -La question à discuter mardi est de savoir “combien de personnes” pourront “partir plus tôt” du fait qu’ils ont fait un travail usant, a-t-il expliqué.La négociatrice de la CFTC, Pascale Coton a redit de son côté à son arrivée que le passage à 66 ans de l’âge de départ sans décote (contre 67 ans) était également “vraiment une ligne rouge” pour son organisation. “C’est un mandat que j’ai de mon organisation, on ne peut pas faire autrement”.Lundi, François Bayrou a manifestement pris de court les participants en lançant une proposition de dernière minute: accorder une “prime” aux salariés seniors.Sur RTL, Mme Léon s’est dite “sceptique”, en notant que “ça arrive un peu tard”, que “ce n’est pas chiffré”, ajoutant ne pas être “sûre que ça soit le problème du régime des retraites en fait”.Pour le président de la CPME, Amir Reza-Tofighi, “ce n’est pas là le sujet”. Cette prime “ne permettra pas d’avoir un accord avec les syndicats”, a-t-il jugé sur RMC.”C’est complètement à côté du sujet”, a tranché Sophie Binet (CGT, syndicat parti du conclave en mars) sur franceinfo, en notant que globalement, “la stratégie du patronat, c’est de concéder quelques miettes pour graver dans le marbre les 64 ans”.- “50/50” -Pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement, la fin du conclave est un instant de vérité.François Bayrou s’était alors engagé à présenter un éventuel accord des partenaires sociaux devant le Parlement.Dimanche, tant Marylise Léon que Patrick Martin, le président du Medef, ont estimé à 50/50 la probabilité que le conclave arrive à un accord.Même si ça ne faisait pas grand mystère depuis le début, le Medef a entériné depuis mardi dernier qu’il ne bougerait pas sur l’âge de départ à 64 ans. Cela ne signifie pas forcément une fin de non-recevoir pour les syndicats. Tout dépendra de ce que le patronat lâchera en termes de carrière des femmes, de pénibilité, ou d’augmentation de cotisation.  Car au-delà des aménagements qui pourraient être apportés à la réforme Borne, les partenaires sociaux doivent aussi parvenir à trouver les recettes financières pour permettre le retour à l’équilibre du système des retraites en 2030, alors que la prévision de déficit pour cette échéance est aujourd’hui de 6,6 milliards d’euros.Pour les sources de financement, les syndicats ne rejettent pas l’idée que les retraités puissent être mis à contribution. Les scénarios envisagés tournent autour d’une sous-indexation des retraites sur l’inflation – comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco – ou d’une augmentation des taux de CSG susceptible d’épargner les retraités modestes.Mais “Medef et CPME ne veulent pas participer à l’effort financier”, grince Pascale Coton pour la CFTC: les organisations patronales refusent en effet d’augmenter les cotisations salariales ou patronales.

La Chine veut affirmer son emprise sur l’Asie centrale à l’occasion d’un sommet régional

Le président chinois Xi Jinping a rencontré mardi lors d’un sommet au Kazakhstan les dirigeants des cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, une région où Pékin s’affirme comme la principale puissance aux dépens de la Russie et de son influence historique.Ce sommet dans la capitale kazakhe Astana a lieu deux ans après le premier, en Chine, et réunit Xi Jinping – arrivé lundi – avec les dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan.Sous influence russe entre le milieu du XIXe siècle et la chute de l’URSS en 1991, l’Asie centrale, dont la situation géographique entre Asie et Europe est stratégique et qui est riche en ressources naturelles, est convoitée par les grandes puissances tentant d’y concurrencer Moscou.Avant la session plénière du sommet, Xi Jinping a tenu des entretiens bilatéraux, appelant à multiplier la coopération tous azimuts.Selon le média étatique Chine nouvelle, il a notamment souligné mardi la nécessité de “faire progresser la construction du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan”, l’un des projets phares de Pékin dans la région.- Sommets “5+1” -Si les dirigeants centrasiatiques maintiennent de forts liens avec la Russie, le recul de l’influence de ce pays s’accentue depuis la guerre en Ukraine.Les cinq anciennes républiques soviétiques de la région profitent de cet intérêt croissant et coordonnent leurs politiques étrangères, comme en témoigne la multiplication des sommets “5+1”.Ces formats “5+1″ sont régulièrement organisés avec la Chine et la Russie mais aussi l’Union européenne (UE), les Etats-Unis, voire la Turquie et d’autres Etats occidentaux.”Les pays centrasiatiques oscillent entre différents centres de pouvoir, souhaitant se protéger d’une dépendance excessive à l’égard d’un seul partenaire”, note pour l’AFP Narguiza Mouratalieva, une politologue kirghize.Lundi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré “ne pas craindre” ce rapprochement entre la Chine, un “partenaire stratégique privilégié”, et les pays centrasiatiques, des “partenaires historiques naturels”.- Premier partenaire commercial -Symbole de cette concurrence, le Kazakhstan a annoncé samedi que les Russes construiraient la première centrale nucléaire dont il disposera sur son territoire et les Chinois probablement une deuxième.Mais la Chine s’est désormais imposée comme le premier partenaire commercial de l’Asie centrale, avec des échanges évalués à 95 milliards de dollars en 2024, selon les douanes chinoises, loin devant l’Union européenne (64 milliards d’après le Conseil de l’UE en 2023) et la Russie, avec 44 milliards.Car l’Asie centrale occupe une place majeure dans les grands projets d’infrastructures chinois des “Nouvelles routes de la soie”.”Ni la Russie, ni les institutions occidentales ne sont capables d’allouer des ressources financières aux infrastructures aussi rapidement et à une telle échelle, parfois en contournant des procédures transparentes”, explique Narguiza Mouratalieva.Par ailleurs, les entreprises chinoises multiplient les accords dans le domaine énergétique, à la recherche par exemple de gaz au Turkménistan, d’uranium au Kazakhstan et de terres rares au Tadjikistan.”L’Asie centrale est riche en ressources naturelles, dont l’économie chinoise en plein essor a besoin. Pour Pékin, s’assurer d’un approvisionnement ininterrompu en ces ressources en contournant les voies maritimes instables est un objectif important”, souligne la politologue kirghize.- “Sécurité” -La Chine se pose également en soutien des régimes centrasiatiques, majoritairement autoritaires.Au précédent sommet “Asie centrale-Chine”, Xi Jinping avait appelé à “résister aux ingérences extérieures” pouvant provoquer des “révolutions” renversant les pouvoirs en place.”L’Asie centrale borde la région autonome ouïghoure du Xinjiang (et) Pékin considère la stabilité des Etats centrasiatiques comme une garantie de la sécurité des frontières occidentales” chinoises, explique Mme Mouratalieva.  Car la Chine est accusée d’avoir placé en détention plus d’un million de Ouïghours, une minorité musulmane, dans sa région du nord-ouest dans le cadre d’une politique qui, selon l’ONU, pourrait s’accompagner de “crimes contre l’humanité”.De plus, l’Asie centrale reste avec ses 80 millions d’habitants peu peuplée au regard de sa superficie, comparable à celle de l’Union européenne. Et ce face aux 1,4 milliard de Chinois, désormais exemptés de visas dans certains pays de la région.Cela alimente la méfiance d’une partie des populations locales envers Pékin, tout comme la dette grandissante et les enjeux fonciers, suscitant chez elles la crainte d’une perte de souveraineté.

G7: départ anticipé de Trump, appel à la désescalade au Moyen-Orient

Donald Trump a quitté prématurément le sommet du G7 au Canada, assurant sans autre explication que son départ n’avait “rien à voir” avec des efforts en vue d’un cessez-le-feu au Moyen-Orient.Le départ anticipé de Donald Trump renforce l’incertitude autour de l’affrontement militaire entre Israël et l’Iran, sujet principal des discussions entre les dirigeants des pays du “groupe des 7” (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis, France, Italie et Japon) qui vont se poursuivre mardi sans le président américain.Selon des médias américains, Donald Trump va se rendre dans la “Situation Room”, la salle de crise de la Maison Blanche où les présidents américains réunissent leur Conseil de sécurité nationale dans les moments de crise géopolitique ou lorsqu’ils ordonnent des opérations militaires importantes.Peu avant le départ lundi du président américain du Canada, les dirigeants du G7 avaient publié une déclaration commune appelant à la “désescalade” et affirmant le droit d’Israël à “se défendre”. Selon eux, “l’Iran est la principale source d’instabilité et de terrorisme dans la région” et “nous avons toujours été clairs sur le fait que l’Iran ne pourra jamais disposer d’une arme nucléaire”.Signe des divisions qui traversent ce G7, Donald Trump s’en est pris à son homologue français Emmanuel Macron, lui reprochant d’avoir présenté de façon “erronée” que son départ du Canada visait à oeuvrer en faveur d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. “Faux! Il n’a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n’a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C’est beaucoup plus gros que ça”, a lâché Donald Trump sur son réseau Truth Social.”Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien”, a asséné le président américain. Auparavant, le président français avait affirmé en marge du sommet qu’une “offre (…) d’une rencontre et d’échange” avait été faite aux Iraniens par les Américains, ajoutant: “Si les Etats-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c’est une très bonne chose.”- Signaux confus -Pour la cinquième nuit consécutive, Israël et l’Iran ont échangé tirs de missiles et menaces guerrières. Téhéran annonçant des frappes “sans interruption jusqu’à l’aube” après une nouvelle vague d’attaques israéliennes.Donald Trump a multiplié les signaux contradictoires.Il avait assuré dans la journée qu’un “accord” allait être trouvé concernant le conflit entre l’Iran et Israël. Avant de lancer sur son réseau Truth Social ce message alarmiste: “Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement.”Alors que les spéculations enflent sur une participation américaine active à l’offensive aérienne sans précédent d’Israël, la Maison Blanche a redit que les forces américaines restaient “dans une posture défensive” au Moyen-Orient.Le site Axios affirme par ailleurs que l’exécutif américain n’a pas abandonné la voie diplomatique, et discute avec l’Iran d’une possible rencontre entre l’émissaire spécial pour le Moyen-Orient Steve Witkoff et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.- Nouvelles sanctions -Le départ de M. Trump a par ailleurs annulé de fait la rencontre bilatérale prévue ce mardi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il pourrait aussi modifier les plans du Premier ministre britannique Keir Starmer: il avait prévu d’annoncer mardi avec ses partenaires du G7 de nouvelles sanctions économiques contre Moscou pour “brider la machine de guerre” de Vladimir Poutine, selon un communiqué publié lundi soir par le gouvernement britannique.Donald Trump avait exprimé dès lundi son scepticisme face à toute nouvelle mesure contre Moscou: “Les sanctions, ce n’est pas si simple”, avait-il lancé, qualifiant aussi d'”erreur” la décision d’expulser la Russie de ce qui était alors le G8, après l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014.Alors que des bombardements russes ont fait au moins 14 morts dans la nuit de lundi à mardi à Kiev, la présidence ukrainienne a regretté mardi l’absence de “réaction adéquate du monde civilisé”.- Tensions commerciales -L’objectif de nombreux dirigeants présents était de désamorcer l’offensive commerciale de Donald Trump. Le président américain a imposé des droits de douane de 10% minimum sur la plupart des produits importés aux Etats-Unis et menace d’augmenter encore le niveau des taxes.Le président américain et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont confirmé les grandes lignes de leur entente commerciale trouvée en mai. De leur côté, les Canadiens ont indiqué qu’Ottawa et Washington avaient promis d’aboutir à un accord dans les 30 jours. Et la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen a indiqué sur X, après une rencontre avec Donald Trump, que les équipes américaines et européennes allaient “accélérer le travail en vue d’un accord (commercial) juste et bon”.

La Bourse de Paris en recul face au conflit Iran-Israël

La Bourse de Paris cède du terrain mardi, observant avec nervosité le conflit militaire entre Israël et l’Iran, et dans l’attente de la réunion mercredi de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 09H50 (heure de Paris), le CAC 40 perdait 0,79% à 7.681,66 points, en recul de 60,58 points. La veille, l’indice vedette parisien avait gagné 0,75% à 7.742,24 points.”La situation au Proche-Orient met les nerfs des investisseurs à rude épreuve”, relève Andreas Lipkow, analyste indépendant.Lundi, les Bourses avaient grimpé malgré le conflit, pariant sur un affrontement qui ne dégénérerait pas. Mais “avec l’interruption du sommet du G7 et le retour précipité du président Trump à Washington, l’inquiétude a été ravivée”, a expliqué le courtier IwaiCosmo Securities.Le président américain a quitté lundi prématurément le sommet du G7 au Canada, assurant sans autre explication que son départ n’avait “rien à voir” avec des efforts en vue d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran.Ces dernières heures, les deux pays ont échangé barrages de missiles et menaces, Donald Trump appelant face à la confrontation à “évacuer Téhéran immédiatement”.”Après que les Bourses se sont ralliées lundi à l’espoir que le conflit entre Israël et l’Iran resterait contenu” ces propos “signalent une escalade potentielle du conflit” et ils “inquiètent” relève Neil Wilson, de Saxo Markets.Téhéran a promis de bombarder Israël “aussi longtemps qu’il le faudra”. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui affirmé changer “la face du Moyen-Orient” avec cette offensive entamée vendredi.”Ce n’est pas une histoire de désescalade classique”, a résumé Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank. Autre point d’attention: la politique des banques centrales. La réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) débute mercredi.”La publication mercredi dernier de l’indice des prix à la consommation en mai à 2,4% sur un an plaide en faveur d’un statu quo monétaire”, sans baisse de taux, relève Christopher Dembik, conseiller en investissements chez Pictet AM.Côté obligataire, l’emprunt à dix ans français de référence atteignait 3,26% vers 9H50, contre 3,23% la veille. Son équivalent allemand évoluait autour de 2,55%.La publication de l’indice ZEW de la confiance des investisseurs en Allemagne, première économie du continent, pour le mois de juin sera aussi scrutée.FDJ United soutenue par JPMorganLe groupe de loteries et de paris sportifs FDJ United, nouveau nom de la Française des Jeux, gagnait vers 9H50 2,69% à 32,70 euros sur la Bourse de Paris, après une recommandation favorable de JPMorgan, qui a classé le titre “à surpondérer”.

Meta: davantage de contenus nocifs aux Etats-Unis depuis l’arrêt du fact-checking, selon une enquête

Le volume de contenus nocifs, y compris haineux, a augmenté sur les plateformes de Meta (Facebook, Instagram, Threads…) aux Etats-Unis depuis que l’entreprise y a cessé ses activités de fact-checking et assoupli sa politique de modération des contenus, selon une enquête publiée lundi.Cette étude, réalisée en interrogeant environ 7.000 utilisateurs actifs sur Instagram, Facebook et Threads, a été publiée par des organisations de défense des droits numériques et humains, notamment UltraViolet, GLAAD et All Out.D’après ce sondage, 77% des personnes interrogées se sentent “moins en sécurité” quand elles s’expriment librement sur les plateformes du groupe américain. Une personne sur six interrogée a dit avoir été victime d’une forme de violence basée sur le genre ou de violence sexuelle sur ces plateformes, tandis que 66% des répondants ont déclaré y avoir vu des contenus nuisibles, tels que des contenus haineux ou violents.En outre, 92% des utilisateurs interrogés ont déclaré qu’ils étaient préoccupés par l’augmentation des contenus nuisibles et qu’ils se sentaient “moins protégés” contre le fait d'”être exposés” à de tels contenus ou d’en devenir “la cible” sur les plateformes de Meta.L’entreprise de Mark Zuckerberg a refusé de commenter cette enquête.Le groupe américain, qui avait investi des milliards de dollars ces dernières années pour contrôler les contenus sensibles, avait annoncé en janvier l’arrêt de son programme de fact-checking aux Etats-Unis, auquel participait l’AFP. Meta avait aussi annoncé une évolution dans ses pratiques de modération des contenus, afin d’écarter moins de messages.”Trop de contenus étaient censurés alors qu’ils n’auraient pas dû l’être”, avait alors justifié le groupe, également propriétaire de Whatsapp. Ces annonces avaient été largement vues comme un moyen de contenter le président américain Donald Trump, très critique de la politique de modération de Meta ces dernières années.Le sondage a apporté “la preuve flagrante d’une augmentation des contenus nocifs, d’une diminution de la liberté d’expression et d’une augmentation de l’autocensure”, ont indiqué les associations qui ont publié l’enquête. Les “changements de politique” de Meta depuis janvier ont entraîné “un revirement radical des normes de modération des contenus que l’entreprise avait construites pendant près d’une décennie”, ont-elles souligné.

Les Bourses européennes ouvrent en recul

Les marchés boursiers européens évoluent en recul mardi, observant le conflit militaire entre Israël et l’Iran, et dans l’attente de la réunion mercredi de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 7H05 GMT, dans les premiers échanges, Paris perdait 0,74%, Francfort 1,02% et Milan 0,81%. Londres cédait 0,47%.