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L’avenir se précise pour la fusée européenne Ariane 6

L’avenir se précise pour la fusée Ariane 6 qui garantit à l’Europe son accès à l’espace: Arianespace a fixé mardi au 26 février son premier vol opérationnel et a signé des contrats avec la Commission européenne pour des missions ultérieures.  D’abord, fin de suspense concernant le premier tir commercial du programme européen: initialement envisagé fin 2024 puis annoncé “entre mi-février et fin mars”, il aura lieu le 26 février à 16h24 GMT depuis Kourou, en Guyane française, a annoncé Arianespace. Nouveau lanceur lourd européen, Ariane 6 avait réalisé un vol inaugural en juillet 2024, marquant le retour d’un accès autonome à l’espace pour l’Europe, malgré l’échec de la rentrée atmosphérique de l’étage supérieur en fin de mission.Ce premier vol n’emportait pas de satellites commerciaux, mais seulement une dizaine de micro-satellites d’universités.La première mission commerciale d’Ariane 6 permettra elle le lancement d’un satellite d’observation militaire, CSO-3, qui sera placé en orbite à 800 km d’altitude.Ce satellite est le troisième et dernier d’un programme commun à plusieurs pays européens piloté par la France, qui vise à mettre en orbite une constellation de satellites dédiés à l’observation de la Terre à des fins de défense et sécurité.”Avec ce lancement au service de la défense française et des besoins capacitaires de plusieurs pays partenaires, Arianespace garantit à la France et à l’Europe un accès autonome à l’Espace, au bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens”, salue David Cavaillolès, nouveau président exécutif d’Arianespace, cité dans le communiqué de la société.L’enjeu pour les Européens est de continuer à exister face au géant américain SpaceX qui lance ses fusées réutilisables Falcon 9 environ deux fois par semaine.- Deuxième vol commercial en août -Depuis le dernier vol d’Ariane 5, en juillet 2023, les Européens ne pouvaient plus mettre en orbite de satellites par eux-mêmes. Depuis l’invasion de l’Ukraine, ils n’ont plus accès au lanceur moyen russe Soyouz, tiré pendant dix ans depuis la Guyane. L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024 après avoir été clouée au sol pendant deux ans après un accident ayant entraîné la perte de satellites. Confirmant l’éclaircie pour le spatial européen, Arianespace a annoncé dans l’après-midi la signature de plusieurs contrats avec la Commission européenne, lors de la Conférence spatiale européenne à Bruxelles. Le satellite Sentinel-1D du programme Copernicus d’observation de la Terre de l’Union européenne sera ainsi placé en orbite “au second semestre 2025” avec la version à deux boosters d’Ariane 6. Le lancement du satellite Metop-SG-A1 d’Eumetsat, déjà annoncé à bord d’Ariane 6, “est avancé à août 2025 sur le deuxième vol commercial d’Ariane 6”, ajoute Arianespace. “En réaffirmant leur confiance en Ariane 6, nos partenaires européens renforcent l’industrie spatiale et la souveraineté de l’Europe”, s’est félicité M. Cavaillolès. La Commission européenne a également officialisé mardi l’attribution à Arianespace du lancement de deux premiers satellites de seconde génération pour la constellation Galileo, fleuron mondial de la navigation par satellite, qui fournit aux gouvernements, institutions et citoyens européens des services de géolocalisation de haute précision.Ce sera la quatrième mission du nouveau lanceur lourd européen au profit de la constellation Galileo dont la date n’a pas été annoncée.  Les douze premiers satellites de seconde génération sont actuellement en pleine phase de production respectivement au sein de Thales Alenia Space et d’Airbus Defence and Space, sous la direction de l’ESA.”2024 a été une année décisive avec le retour en vol de Vega-C et le vol inaugural d’Ariane 6. En rétablissant notre accès autonome à l’espace, cela nous permet aussi de nous projeter après deux-trois ans de repli. 2025 sera donc l’année de la remontée en cadence, à condition que la chaîne industrielle produisant les lanceurs, les propulseurs suive le rythme”, a souligné lundi le directeur du Centre Spatial Guyanais Philippe Lier (Cnes).Il s’attend également à “une activité très soutenue” du centre en 2026 avec 12 à 14 tirs prévus, tous lanceurs confondus. 

IA: DeepSeek, la start-up chinoise fondée par un “geek” qui bouscule les géants de la Silicon Valley

Le groupe chinois DeepSeek, qui a semé la panique à Wall Street avec son puissant robot conversationnel développé à bas coûts, est une start-up fondée par un génie des fonds spéculatifs persuadé que l’intelligence artificielle (IA) peut “changer le monde”, et décrit par ses proches comme “geek” plutôt qu’entrepreneur.Semblant faire irruption de nulle part sur la scène mondiale, DeepSeek est basé à Hangzhou, métropole de l’est de la Chine qui abrite le siège de nombreux géants tech du pays – d’où son surnom de “Silicon Valley chinoise”.Loin du fracas provoqué ces derniers jours aux Etats-Unis, les bureaux de l’entreprise à Hangzhou et à Pékin, que l’AFP a approchés mardi, semblaient fermés pour les congés du Nouvel An lunaire.Méconnu à l’étranger, DeepSeek soulève depuis quelque temps un vif intérêt en Chine, où il a été surnommé l’an dernier le “Pinduoduo de l’IA”, référence élogieuse à l’application de vente en ligne populaire qui a terrassé en cassant les prix les grands acteurs de l’e-commerce comme Alibaba.Le robot conversationnel R1 de DeepSeek a stupéfié les experts par ses performances et sa rentabilité basée sur des coûts de développement très limités… et il a été salué en Chine pour sa capacité apparente à contourner les sanctions américaines qui visent à empêcher l’accès du pays aux puces sophistiquées nécessaires à la révolution IA. DeepSeek a été créé par un prodige de la tech et de la finance, Liang Wenfeng. Né en 1985, il est sorti diplômé en ingénierie de la prestigieuse université du Zhejiang à Hangzhou, où il assure s’être convaincu que l’IA “allait changer le monde”. Il consacre alors des années à essayer d’appliquer l’IA à divers domaines, selon un entretien accordé l’an dernier au site chinois Waves.M. Liang finit par fonder autour de 2015 High-Flyer, société d’investissement spécialisée dans l’utilisation de l’IA pour analyser les tendances du marché boursier. Cette technique lui permet d’atteindre des dizaines de milliards de yuans d’actifs en gestion, en faisant l’un des principaux fonds spéculatifs quantitatifs de Chine. “Nous faisons simplement les choses à notre rythme, nous calculons les coûts, les prix. Notre principe est de ne pas subventionner (le marché) ni de faire d’énormes bénéfices”, a confié M. Liang.- “Davantage geek que patron” -Le Financial Times rapporte cependant que dès 2021, M. Liang a commencé à acheter des processeurs graphiques du spécialiste américain Nvidia pour un “projet parallèle” – ce que confirme un reportage d’un média local.Il n’était “pas du tout comme un patron, bien davantage un geek” avec une “capacité d’apprentissage terrifiante”, ont confié ses partenaires à Waves.Ce “projet” parallèle hors des marchés boursiers, c’est un robot conversationnel fondé sur l’IA générative: un produit qui vient d’ébranler l’univers américain de la tech… et qui a rapproché M. Liang des arcanes du pouvoir chinois.L’entrepreneur est apparu la semaine dernière aux côtés d’autres représentants-clés du monde des affaires pour une rencontre avec le Premier ministre Li Qiang, destinée à évoquer la politique économique à venir. La télévision étatique CCTV a montré un homme aux cheveux en broussaille, aux lunettes à monture épaisse, écoutant attentivement le dirigeant.- “Signal d’alarme” -Pékin a de bonnes raisons de se réjouir: le succès de DeepSeek remet en question les sommes colossales investies par les géants américains dans le développement d’une IA générative avancée, ainsi que la capacité des sanctions occidentales à empêcher des rivaux chinois de les égaler, voire de les dépasser. Le président américain Donald Trump l’a lui-même reconnu: c’est un “signal d’alarme” pour la Silicon Valley. “Un moment Spoutnik”, a réagi Marc Andreessen, investisseur réputé du secteur.Au risque d’amplifier les velléités de Washington à durcir encore les restrictions imposées aux entreprises technologiques chinoises.Dans son entretien à Waves, M. Liang soulignait déjà l’an dernier que ces restrictions américaines représentaient l’obstacle le plus difficile à surmonter: “L’argent n’a jamais été un problème pour nous. Le problème, c’est l’embargo sur les puces haut de gamme.”Au-delà des vicissitudes géopolitiques, il affichait son espoir que l’essor de l’IA puisse aider à mieux comprendre les tréfonds de l’esprit humain.”Nous émettons l’hypothèse que l’essence de l’intelligence humaine pourrait être le langage, que la pensée humaine pourrait être essentiellement un processus linguistique”, a-t-il expliqué. “Ce que vous considérez comme votre +pensée+ pourrait en fait être votre cerveau qui tisse du langage.”

Crues: 600 personnes évacuées en Ille-et-Vilaine, vigilance rouge étendue au Morbihan et à la Loire-Atlantique

La Loire-Atlantique et le Morbihan, en plus de l’Ille-et-Vilaine où 600 personnes ont été évacuées depuis dimanche, sont placés mardi en vigilance rouge pour crues par Météo-France après le passage de la dépression Herminia. “C’est une situation tout à fait exceptionnelle qui manifestement, dépasse l’histoire connue, en tous les cas, en matière d’inondations sur le territoire”, a déclaré à la presse François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, en visite à Rennes.”La chance à ce stade, c’est qu’il n’y a pas de victimes physiques”, a dit le ministre, non loin des flots déchaînés de la Vilaine. “Le pic n’étant pas encore parfaitement connu, on attendra, la décrue arrivera, mais évidemment sur une période qui sera un peu longue”, a-t-il prévenu.Selon la préfecture d’Ille-et-Vilaine, “600 personnes” ont été évacuées (établissements sanitaires et sociaux compris)” sur le département depuis dimanche.A Bruz, ce sont notamment plus de 70 personnes d’un Ehpad qui ont été transférées “sans problème vers le centre hospitalier Guillaume Régnier, avec ambulance et pompiers” après avoir activé un “plan blanc” en raison de la montée des eaux, a déclaré à l’AFP le directeur du centre hospitalier, Pascal Bénard.”Mes équipes sur le terrain n’arrêtent pas, elles sont épuisées”, a déclaré le maire de Bruz, Philippe Salmon.La vigilance rouge sur les trois départements de l’ouest concerne “les cours d’eau de la Seiche et de la Vilaine”, a précisé l’institut météorologique dans son bulletin de 06H00.Le Calvados, l’Orne, la Mayenne et le Maine-et-Loire ont été maintenus en vigilance orange aux crues.- “Très traumatisant” -Ces crues compliquent toujours mardi les déplacements. Le trafic ferroviaire est perturbé “sur les lignes Rennes-Redon et Rennes-Saint-Malo dans les deux sens de circulation”, indique sur X le réseau ferroviaire régional BreizhGo. A Guichen, au sud de Rennes, le maire Dominique Delamarre a indiqué que la Vilaine a atteint 4,74 m après avoir dépassé son niveau historique de 4,71 m. “Ca ne monte plus ce (mardi) matin, tout en sachant qu’on reste prudent parce qu’on est très inquiet pour demain (mercredi), car on nous annonce encore une pluviométrie importante”, a déclaré mardi à l’AFP M. Delamarre. Le département breton et notamment sa préfecture, Rennes, traversée par deux rivières, l’Ille et la Vilaine, subit des crues inédites depuis plus de 40 ans depuis le passage dimanche de la dépression Herminia, qui a succédé à la tempête Eowyn.Selon la maire de Rennes, Nathalie Appéré, “une centaine de maisons sont sinistrées et “quelques dizaines d’immeubles collectifs”, soit “15.000 personnes impactées”, parfois indirectement comme des caves ou des sous-sols inondés.”On a des dégâts matériels importants et évidemment pour des personnes qui sont sinistrées lourdement, c’est très traumatisant”, a souligné Mme Appéré. D’après Météo-France, à Rennes, “il n’avait jamais autant plu en janvier sur cette station ouverte en 1944 (169,6 mm en janvier 1995). Depuis le début du mois, il a plu trois fois plus que la moyenne sur cette période”.Interrogé par l’AFP, la président du département d’Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Chenut, a indiqué que “32 communes avaient déclenché leurs plans communaux de secours, chiffre qui va en augmentant très régulièrement”.”Des pluies vont être importantes entre 25 et 30 mm demain (mercredi), sur un territoire qui est totalement gorgé d’eau. Il y a des milliers et des milliers d’hectares de prairies inondées. Tous les ruisseaux débordent, tous les plans d’eau sont au maximum”, a-t-il dit, qualifiant la situation de “crise de grande ampleur par l’étendue du territoire concerné”.Selon Vigicrues, “sur la Vilaine aval, compte tenu de la propagation de la crue, des niveaux exceptionnels sont attendus à partir de la nuit de mardi à mercredi sur le secteur de Redon”, au sud de l’Ille-et-Vilaine.”La crue historique de 1936″, la “plus haute référence” pourrait être atteinte a souligné Julien Lemarié, chef du pôle Prévention des risques et Gestion de crises, lors de la visite des ministres François-Noël Buffet et Françoise Gatel au sein de la cellule de crise en préfecture.

Tempête Eowyn: l’UE envoie des générateurs électriques à l’Irlande

L’Union européenne mobilise une aide d’urgence en faveur de l’Irlande afin de rétablir rapidement l’électricité après le passage de la tempête Eowyn, marquée par des vents d’une puissance inédite, a annoncé la Commission.L’UE va livrer 13 générateurs électriques provenant de la réserve stratégique de la Commission hébergée en Pologne. Quatre générateurs offerts par le Danemark devraient également bientôt arriver en Irlande et aider à fournir de l’électricité sur place, a annoncé l’exécutif européen dans un communiqué.Ce soutien a été mobilisé, à la demande de Dublin, grâce à l’activation du mécanisme européen de protection civile qui permet à l’UE de coordonner l’aide des pays membres face à une situation d’urgence.”Nos pensées vont à toutes les personnes touchées et aux premiers intervenants en Irlande qui font de leur mieux pour ramener la situation à la normale”, a déclaré Hadja Lahbib, commissaire européenne à la Gestion des crises.”Le Centre de coordination de la réaction d’urgence de l’UE continue de suivre de près la situation et reste en contact constant avec les autorités nationales, afin de garantir que de l’aide supplémentaire puisse être rapidement acheminée si nécessaire”, a précisé la Commission. Lundi soir, la société irlandaise ESB Networks estimait qu’environ 204.000 foyers restaient privés d’électricité.La tempête a battu des records historiques, avec des rafales mesurées à 183 km/h près de Galway, sur la côte ouest, au-delà du précédent record de 1945. 

Affaire Ghosn: Rachida Dati renonce à citer en justice l’actuel président de Renault

La ministre de la Culture Rachida Dati a renoncé à citer en justice l’actuel président de Renault, Jean-Dominique Senard, devant le tribunal correctionnel de Nanterre, pour entrave à la justice et omission de témoigner en faveur d’un innocent, a indiqué mardi le parquet de Nanterre, sollicité par l’AFP. L’audience était prévue sur trois jours, de mercredi à vendredi, et n’aura donc pas lieu.Contacté, le conseil de Mme Dati, Me Olivier Baratelli, n’était pas joignable dans l’immédiat. L’avocat de M. Senard, Me Antonin Lévy, n’a pas souhaité commenter. Mme Dati avait saisi au printemps 2024 le tribunal correctionnel de Nanterre via la procédure dite de “citation directe” afin de faire comparaître M. Senard.Dans cet acte, l’avocat de la ministre avait accusé M. Senard d’avoir “dissimulé et fait dissimuler à la justice française des documents essentiels de nature à innocenter Madame Rachida Dati d’infractions qui lui sont reprochées”.L’ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy et ex-députée européenne est mise en examen pour corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public depuis juillet 2021, dans l’enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan quand Carlos Ghosn en était le PDG.Dans la citation, le conseil de Mme Dati avait affirmé que “le but recherché par Jean-Dominique Senard était d’accabler Carlos Ghosn dans une volonté générale de dénigrement et de critique des choix de son prédécesseur”, avec “une volonté claire d’omerta, destinée à accabler artificiellement Madame Rachida Dati pour atteindre Carlos Ghosn”.”M. Senard est serein face à cette nouvelle action, qui n’est fondée ni en droit ni en fait”, avait réagi en mai auprès de l’AFP Me Antonin Levy, l’avocat de Jean-Dominique Senard. “Depuis sa prise de fonctions, l’entreprise a coopéré pleinement avec les autorités judiciaires et a répondu à toutes les réquisitions émises par elles et tendant à obtenir les pièces permettant au juge de se former une opinion sur les activités de Madame Dati”, avait ajouté le conseil.

IA: DeepSeek, la startup chinoise fondée par un “geek” qui bouscule les géants de la Silicon Valley

Le chinois DeepSeek, qui a semé la panique à Wall Street avec son puissant robot conversationnel développé à bas coûts, est une startup fondée par un génie des fonds spéculatifs persuadé que l’intelligence artificielle peut “changer le monde”, et décrit par ses proches comme “geek” plutôt qu’entrepreneur.Semblant faire irruption de nulle part sur la scène mondiale, DeepSeek est basée à Hangzhou, une métropole de l’est de la Chine qui abrite le siège de nombreux géants tech du pays –d’où son surnom de “Silicon Valley chinoise”.Loin du fracas provoqué ces derniers jours aux Etats-Unis, les bureaux de l’entreprise à Hangzhou et à Pékin, que l’AFP a visités mardi, semblaient fermés pour les congés du Nouvel an lunaire.Méconnu à l’étranger, DeepSeek soulevait depuis quelque temps un vif intérêt en Chine, où il a été surnommé l’an dernier le “Pinduoduo de l’IA”: référence élogieuse à l’application de vente en ligne populaire qui a terrassé en cassant les prix les grands acteurs de l’e-commerce comme Alibaba.Le robot conversationnel R1 de DeepSeek a stupéfié les experts par ses performances et sa rentabilité basée sur des coûts de développement très limités… et il a été salué en Chine pour sa capacité apparente à contourner les sanctions américaines qui visent à empêcher l’accès du pays aux puces sophistiquées nécessaires à la révolution IA. DeepSeek a été créé par un prodige de la tech et de la finance, Liang Wengfeng: né en 1985, il est sorti diplômé en ingénierie de la prestigieuse université du Zhejiang à Hangzhou, où il assure s’être convaincu que l’IA “allait changer le monde”. Il consacre alors des années à essayer d’appliquer l’IA à divers domaines, selon un entretien accordé l’an dernier au site chinois Waves.Il finit par fonder autour de 2015 High-Flyer, société d’investissement spécialisée dans l’utilisation de l’IA pour analyser les tendances du marché boursier: une technique qui lui permet d’atteindre des dizaines de milliards de yuans d’actifs en gestion, en faisant l’un des principaux fonds spéculatifs quantitatifs de Chine. “Nous faisons simplement les choses à notre rythme, nous calculons les coûts, les prix. Notre principe est de ne pas subventionner (le marché) ni de faire d’énormes bénéfices”, a confié M. Liang.-“Davantage geek que patron”-Le Financial Times rapporte cependant que dès 2021, M. Liang a commencé à acheter des processeurs graphiques du spécialiste américain Nvidia pour un “projet parallèle” –ce que confirme un reportage d’un média local.Il n’était “pas du tout comme un patron, bien davantage un geek” avec une “capacité d’apprentissage terrifiante”, ont confié ses partenaires à Waves.Ce “projet” parallèle hors des marchés boursiers, c’est un robot conversationnel fondé sur l’IA générative: un produit qui vient d’ébranler l’univers américain de la tech… et qui a rapproché Liang Wengfeng des arcanes du pouvoir chinois.L’entrepreneur est apparu la semaine dernière aux côtés d’autres représentants-clés du monde des affaires pour une rencontre avec le Premier ministre Li Qiang, destinée à évoquer la politique économique à venir: la télévision étatique CCTV a montré un homme aux cheveux frisés, aux lunettes à monture épaisse, écoutant attentivement le dirigeant.-“Signal d’alarme”-Pékin a de bonnes raisons de se réjouir: le succès de DeepSeek remet en question les sommes colossales investies par les géants américains dans le développement d’une IA générative avancée, ainsi que la capacité des sanctions occidentales à empêcher des rivaux chinois de les égaler voire de les dépasser. Le président américain Donald Trump l’a lui-même reconnu: c’est un “signal d’alarme” pour la Silicon Valley. “Un moment Spoutnik”, a réagi Marc Andreessen, investisseur réputé du secteur.Au risque d’amplifier les vélléités de Washington à durcir encore les restrictions imposées aux entreprises technologiques chinoises.Dans son entretien à Waves, Liang Wengfeng soulignait déjà l’an dernier que ces restrictions américaines représentaient l’obstacle le plus difficile à surmonter: “L’argent n’a jamais été un problème pour nous. Le problème, c’est l’embargo sur les puces haut de gamme”.Au-delà des vicissitudes géopolitiques, il affichait son espoir que l’essor de l’IA puisse aider à mieux comprendre les tréfonds de l’esprit humain.”Nous émettons l’hypothèse que l’essence de l’intelligence humaine pourrait être le langage, que la pensée humaine pourrait être essentiellement un processus linguistique”, a-t-il expliqué. “Ce que vous considérez comme votre +pensée+ pourrait en fait être votre cerveau qui tisse du langage”.

La Bourse de Paris prudente face aux incertitudes

La Bourse de Paris évolue à tâtons mardi face aux incertitudes liées aux nouvelles menaces douanières de Donald Trump, à la saison des résultats d’entreprises et à la future politique des grandes banques centrales, au lendemain du choc provoqué par l’IA chinoise DeepSeek.Vers 8H50 GMT, le CAC 40 perdait 0,07% à 7.900,80 points, en recul de 5,78 points. La veille, l’indice avait perdu 0,27% à 7.906,58 points.”Les menaces douanières de Donald Trump suscitent de nouvelles inquiétudes sur les marchés”, a expliqué Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique chez XTB.Le président américain a annoncé dans la nuit de lundi à mardi que les États-Unis allaient imposer “dans un avenir très proche” des droits de douanes sur les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les métaux, tels que l’acier. “Si vous voulez arrêter de payer les taxes ou les droits de douane, vous devez construire votre usine ici en Amérique”, a-t-il lancé à destination des entreprises étrangères, lors d’une rencontre avec des élus républicains à Miami.Dans ce contexte, les groupes du secteur des semi-conducteurs français STMicroelectronics (-1,33% à 24,06 euros) et Soitec (-5,49% à 79,25 euros) reculaient à Paris.Des déclarations du nouveau secrétaire d’État au Trésor Scott Bessent soutenant une hausse progressive et générale des droits de douanes américains à partir d’un taux initial de 2,5% et potentiellement jusqu’à 20%, rapportées par le Financial Times, ont également ébranlé les investisseurs.Les marchés tentent aussi de surmonter le recul généralisé provoqué lundi par la montée en puissance du nouveau modèle chinois d’IA DeepSeek, capable de concurrencer les géants américains. Ses capacités, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent le secteur car elles ont été obtenues à faible coût. A Paris, Schneider Electric, qui avait déjà reculé la veille de 9,48%, cédait toujors 4,59% à 233,75 euros vers 8H50 GMT mardi. La principale perspective de croissance de ces groupes est la demande énergétique liées aux centres de données nécessaire pour développer l’intelligence artificielle.L’attention des marchés devrait désormais se tourner vers la politique monétaire des grandes banques centrales: la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit mardi et mercredi, avant la Banque centrale européenne (BCE) jeudi.Les analystes s’attendent à ce que les deux institutions prennent des chemins opposés.La BCE devrait poursuivre ses baisses de taux, sur fond d’atonie économique et de hausse des prix stabilisée en zone euro. La Fed pourrait elle préférer le statu quo, face à une inflation et une croissance toujours dynamiques aux États-Unis.Dans ce contexte, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait 3,28%, contre 3,27% la veille.Autre point d’attention: la saison des résultats qui bat son plein cette semaine.A Paris, les marchés attendent notamment avec impatience la publication du rapport annuel 2024 du poids lourd du luxe LVMH, prévu après la fermeture de la Bourse.Sartorius bonditLe groupe Sartorius Stedim Biotech (SSB), qui fournit du matériel aux laboratoires pharmaceutiques bondissait de 10,15% sur le SBF 120 vers 8H50 GMT. L’entreprise a certes connu une année difficile avec une baisse de son bénéfice net annuel de 17% à 280 millions d’euros en 2024. Mais le groupe est optimiste, notamment grâce à la hausse des entrée de commandes et prévoit de réaliser en 2025 une “croissance rentable” dans ses deux divisions.Alten grimpeLe groupe d’ingénierie et de technologie Alten (+8,88% à 7,35 euros sur le SBF 120) a fait état lundi après la séance d’une hausse de 1,8% de son chiffre d’affaires sur l’exercice 2024, selon des résultats préliminaires.

Les Bourses européennes prudentes à l’ouverture

Les Bourses européennes évoluent prudemment à l’ouverture mardi, focalisées sur les nouvelles menaces douanières de Donald Trump et la saison des résultats d’entreprises, au lendemain du choc provoqué par l’IA chinoise DeepSeek sur les marchés mondiaux.Vers 8H10 GMT, dans les premiers échanges, Londres prenait 0,29%, Milan 0,14% et Paris était à l’équilibre (-0,10%). Francfort prenait 0,37%, porté par son poids lourd SAP qui a présenté ses résultats avant Bourse.

La Silicon Valley ébranlée par l’IA chinoise à bas prix

L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle (IA) générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant à la fois de l’admiration, des accusations de tricherie, des dégringolades à Wall Street et des mises en garde allant de Davos à la Maison Blanche.Ce week-end, DeepSeek R1 est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.R1 est “impressionnant”, a déclaré lundi soir Sam Altman, le patron d’OpenAI. “Surtout étant donné ce qu’ils sont capables de fournir pour le prix”, a-t-il ajouté sur X.Un ministre australien a, lui, appelé à “être très prudent” face à l’IA chinoise. “Il y a beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre à temps sur la qualité, les préférences des consommateurs, la gestion des données et de la vie privée”, a déclaré Ed Husic, ministre australien de l’Industrie et des Sciences insistant sur la nécessité d'”être très prudent” face au chatbot chinois devenu rival des géants américains, dont ChatGPT.Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l’industrie parce qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût.La start-up affirme en effet n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.”C’est très stimulant d’avoir un nouveau concurrent”, a assuré Sam Altman, précisant qu’OpenAI allait “évidemment fournir de bien meilleurs modèles”.- “Moment Spoutnik” -“DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l’IA”, a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental.Pour préserver leur statut dominant dans l’IA, les Etats-Unis ont notamment imposé des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.Entreprise chinoise, DeepSeek n’a ainsi pas accès aux puces chères et ultra perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d’IA générative tels que ChatGPT.”Si la Chine rattrape rapidement les Etats-Unis dans la course à l’IA, l’économie de l’IA sera bouleversée”, a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, dans une note aux clients. Nvidia, qui a décollé ces deux dernières années grâce à la forte demande pour ses composants, a plongé en Bourse lundi, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière.Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais à Davos la semaine dernière, il avait appelé à “prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine”.Son groupe prévoit d’investir 80 milliards de dollars dans l’IA cette année. Meta (Facebook, Instagram) a de son côté annoncé vendredi que ses dépenses en capitaux allaient grimper à au moins 60 milliards de dollars cette année, principalement à cause de l’IA.Les performances de DeepSeek enchantent en revanche des start-up aux moyens plus limités, comme Perplexity AI, qui combine un assistant IA et un moteur de recherche en ligne.”DeepSeek R1 est désormais disponible sur Perplexity”, a indiqué l’entreprise sur X lundi, précisant que le modèle open source (ouvert) et les données des utilisateurs sont hébergés sur des “serveurs occidentaux”.- “Gosses de riche” -Les restrictions à l’exportation poussent les start-up chinoises à innover “en privilégiant l’efficacité, la mise en commun des ressources et la collaboration”, a souligné la MIT Technology Review. “Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés” à l’aide de techniques différentes, “en s’appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Nvidia.Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, est parmi ceux qui soupçonnent DeepSeek d’accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées.Des accusations d’une “équipe de gosses de riches” qui s’est fait “doubler par une équipe de gosses de pauvres”, a réagi sur X l’investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.Donald Trump a annoncé la semaine dernière un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, la concurrence avec la Chine étant l’une des principales motivations affichées.S’exprimant devant des élus lundi, il a jugé que DeepSeek constituait un “avertissement” pour les industriels américains à “rester très concentrés sur la concurrence pour gagner”.

Wall Street termine en ordre dispersé, les inquiétudes autour de l’IA plombent la “tech”

La Bourse de New York a évolué sans direction claire lundi, l’enthousiasme des investisseurs pour les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA) ayant été douché par l’arrivée d’un modèle chinois d’agent conversationnel à moindre coût, faisant dégringoler des géants comme Nvidia, tandis que les valeurs défensives ont resisté.L’indice Nasdaq a chuté de 3,07%, l’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,46%, tandis que le Dow Jones est parvenu à rester en territoire positif, finissant en hausse de 0,65%.”Tout ce qui a bénéficié de l’essor de l’IA ces derniers temps a connu une journée difficile aujourd’hui”, commente auprès d’un journaliste de l’AFP Karl Healing, de LBBW.Les investisseurs ont été pris de court par des informations selon lesquelles l’agent conversationnel de la start-up chinoise DeepSeek serait performant tout en fonctionnant sur des puces à capacité réduite, au risque de bousculer la domination des groupes américains du secteur.La sortie de R1, le dernier modèle de la start-up chinoise DeepSeek, a initialement reçu une attention limitée aux Etats-Unis, éclipsée par l’investiture de Donald Trump.Mais ce week-end, DeepSeek est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur la boutique en ligne d’Apple aux Etats-Unis, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.Plombé par cette option possiblement plus rentable, Nvidia, géant américain des semi-conducteurs, a dévissé de 16,97% à 118,42 dollars. Au terme de la journée, l’entreprise a lâché 589 milliards de dollars de capitalisation boursière, l’une des pires pertes de l’histoire selon la presse américaine.Nvidia a ainsi été rétrogradé de la première place à la troisième au tableau des capitalisations mondiales, derrière Apple et Microsoft.Cette dégringolade s’explique par une “réaction instinctive face à quelque chose de nouveau”, assure à l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. Selon lui, “il s’agit en quelque sorte de tirer d’abord et de poser des questions ensuite”.L’indice VIX – dit “indice de la peur” – qui mesure la nervosité des investisseurs, a évolué en nette hausse, s’accroissant de 20,54%.Outre Nvidia, une large partie du secteur des semi-conducteurs a été grevée par l’essor de l’outil chinois: Broadcom a plongé de 17,07%, AMD a lâché 6,37%, Micron a décroché de 11,71% et Marvell Technology a chuté de 19,10%.Les titres du secteur énergétique se sont écroulés également à New York, DeepSeek remettant en question les besoins en énergie pour le développement de l’IA. Constellation Energy (-20,85%), Vistra Corp (-28,27%), Talen Energy (-21,59%) et GE Vernova (-21,52%) ont sombré.Les entreprises du secteur des pipelines, Targa Resources (-4,70%), The Williams Companies (-8,43%), Kinder Morgan (-9,28%) et ONEOK (-3,90%) ont aussi été affectées.D’autres géants de la “tech”, qui ont réalisé d’immenses investissements pour faire leur place dans le secteur de l’IA, étaient également en berne, à l’image d’Alphabet (Google) qui lâchait 3,36% ou de Microsoft (-3,37%).Selon Karl Healing,les turbulences de lundi ont bénéficié aux valeurs dites défensives, c’est-à-dire théoriquement moins sensibles à la conjoncture, ce qui explique la relative bonne performance du Dow Jones.”Les biens de consommation de base, les matériaux, les soins de santé sont tous dans le positif”, à l’issue de la séance, relève M. Healing.Cette semaine, l’attention des investisseurs sera aussi tournée vers la Banque centrale américaine (Fed), dont la prochaine réunion se déroulera mardi et mercredi et devrait se conclure par un maintien des taux à leur niveau actuel.Vendredi sera également publié l’indice PCE d’inflation, privilégié par la Fed, pour le mois de décembre.