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2.000 milliards, pour quoi faire? La proposition budgétaire de l’UE

Les 27 Etats membres de l’Union européenne ont débattu pour la première fois vendredi de son prochain budget, chiffré à 2.000 milliards d’euros, selon une proposition de la Commission.Un accent mis sur la compétitivité, des aides aux agriculteurs sous une toute nouvelle forme… Voici ce que contient le paquet mis sur la table par l’exécutif européen pour 2028-2034.Compétitivité, défense, éducationLe deuxième mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne a été marqué par un virage pro-entreprises, qu’elle justifie par une concurrence économique féroce des Etats-Unis et de la Chine.Cette orientation est clairement reflétée dans sa proposition de budget, avec 451 milliards d’euros alloués à la compétitivité et l’innovation.L’enveloppe comprend quelque 131 milliards d’euros pour l’espace et la défense. Des fonds censés financer la recherche et le développement, muscler l’industrie de défense européenne et assister les Etats membres dans l’achat d’armement.Le texte porte également à 40 milliards le budget consacré au célèbre programme de mobilité étudiante Erasmus.L’UE propose par ailleurs d’allouer 100 milliards de dollars à l’Ukraine, pour financer sa reconstruction.PAC ou pas PAC?Dans son nouveau budget, la Commission propose aussi une vaste refonte de la politique agricole commune, la PAC, ce mécanisme qui sert notamment à verser des aides directes aux agriculteurs.Plutôt que de lui consacrer un budget dédié, comme c’était le cas jusqu’ici, l’exécutif européen suggère d’intégrer la PAC à un fonds beaucoup plus vaste de “partenariat national et régional”. Une mesure qui alarme la profession, convaincue que cela reviendra à diluer les aides qui lui sont destinées.La Commission se veut pourtant rassurante et promet de sécuriser au moins 300 milliards d’euros pour les revenus des agriculteurs.Quid du climat?La Commission affirme que 35% du budget proposé, hors espace et défense, aura un impact positif pour le climat, soit quelque 650 milliards d’euros. Des ONG jugent que cet objectif est trop vague. C’est un “exercice de relations publiques”, sans garantie, redoute le WWF.Le think tank E3G pense au contraire que l’Union européenne augmente ses financements et qu’elle maintient les ambitions climatiques du Pacte vert adopté lors du précédent mandat. Mais la négociation s’annonce difficile dans les deux ans à venir, alors que l’Europe se droitise et qu’une série d’Etats européens réclament de réduire la portée de lois environnementales.Le come-back du nucléaireSans rentrer dans les détails, le nouveau budget ouvre par ailleurs la voie au financement de nouvelles capacités nucléaires. Dans le précédent budget, le nucléaire était présenté comme une priorité “négative”, donc non éligible à des fonds européens. Ce n’est plus le cas dans la proposition 2028-2034. Cela pourrait représenter la levée d’un tabou en Europe, où l’Allemagne s’oppose au financement de l’atome.En matière d’énergie, la Commission insiste sur la multiplication par cinq des fonds consacrés aux projets d’interconnexions entre pays européens, avec une enveloppe d’une trentaine de milliards d’euros. Une problématique soulevée lors de la panne géante en Espagne Etat de droit”Pas d’argent de l’UE, sans un respect de l’Etat de droit”: lors de sa présentation du budget, le commissaire européen au Budget, Piotr Serafin, a édicté cette règle claire.Bruxelles veut ainsi renforcer son dispositif qui conditionne le versement de milliards d’euros de fonds européens au respect de l’Etat de droit (indépendance de la justice, liberté de la presse…).Cet outil a été utilisé pour la première fois en 2022 contre la Hongrie qui a dénoncé un “outil de pression politique et idéologique”. Aide au développementDernière grosse tranche du budget européen: 200 milliards d’euros d’aide au développement.Le déblocage de ces fonds a été salué par plusieurs ONG après l’effondrement des financements américains dédiés à l’aide internationale.Cet argent servira aussi à multiplier des partenariats avec les pays situés le long des routes migratoires, comme la Tunisie ou le Maroc.Les Européens attendent de ces pays qu’ils stoppent les départs de migrants vers les frontières de l’UE, avec à la clé un paquet d’aide et des investissements. 

Les compagnies des eaux britanniques épinglées pour une hausse massive des pollutions

Le nombre d’épisodes sérieux de pollution causés par des compagnies des eaux en Angleterre ont grimpé en flèche l’an dernier, selon un rapport officiel publié vendredi, qui ternit un peu plus l’image d’un secteur en crise.Les compagnies des eaux britannique, privatisées depuis 1989, sont sous le feu des critiques depuis plusieurs années à cause du déversement de quantités importantes d’eaux usées dans les cours d’eau et en mer, accusées d’avoir trop peu investi dans un système d’égouts obsolète.Les neuf compagnies d’Angleterre ont vu “une augmentation de 60% des incidents de pollution graves en 2024 par rapport à 2023”, résume dans un communiqué l’Agence pour l’environnement (Environment Agency).Dans son rapport, cet organisme public a compté 75 épisodes de pollution grave, dont une grande partie causée par le fournisseur de la région de Londres Thames Water, en grande difficulté financière et qui cherche activement un repreneur privé pour éviter un sauvetage par l’Etat.Certains déversements “ont eu un impact sur des eaux protégées pour la faune et la baignade”, tuant parfois de nombreux poissons, précise l’Agence pour l’environnement, qui pointe le sous-investissement, l’entretien défaillant et les conséquences du changement climatique.Mais “aucun de ces facteurs (…) ne peut excuser le nombre inacceptable d’incidents de l’année dernière”, insiste l’organisme.La Commission parlementaire des Comptes publics a publié en parallèle, vendredi, un autre rapport appelant le gouvernement à réformer les régulateurs du secteur de l’eau (l’Agence pour l’Environnement et l’Ofwat), “débordés par le nombre” d’infractions des compagnies et “incapables de dissuader ces entreprises d’agir illégalement”.Alors que les factures d’eau vont augmenter au cours des prochaines années pour financer les investissements massifs indispensables, la Commission pointe dans un communiqué “les défaillances financières” et “les versements de dividendes excessifs” de ces compagnies qui plombent la confiance du public dans le secteur.Les chiffres de la pollution “sont honteux” a réagi vendredi le ministre britannique de l’Environnement Steve Reed, indiquant qu’une Commission indépendante sur l’eau rendra ses conclusions la semaine prochaine “pour renforcer les règles afin que nous puissions nettoyer nos rivières, nos lacs et nos mers”.L’exécutif travailliste, arrivé au pouvoir il y a un peu plus d’un an, a promis de réformer un secteur “en crise” et a déjà légiféré, notamment pour durcir les sanctions contre les patrons de compagnies qui ne respecteraient pas la loi.

Emballages: Bruxelles attaque la France pour son logo “Triman”

La Commission européenne a assigné la France devant la Cour de justice de l’UE pour contester son étiquetage obligatoire “Triman”, un logo de tri qui figure sur les produits recyclables et que Bruxelles considère comme un obstacle à la libre circulation des marchandises.Instauré en 2015, le logo “Triman” est ce personnage à trois flèches qui indique aux consommateurs qu’un produit ou un emballage ne doit pas être jeté avec les ordures ménagères, mais dans la poubelle jaune ou rapporté dans un point de collecte pour être recyclé.Mais l’Union européenne combat la multiplication des étiquetages nationaux, que Bruxelles considère comme un frein pour bâtir un marché intérieur européen puissant face à la Chine ou aux Etats-Unis.Il y a quelques semaines, devant la presse, le commissaire européen Stéphane Séjourné avait spécifiquement visé l’obligation française du logo Triman, y voyant une “barrière au marché intérieur”, car “l’étiquetage enferme le produit dans le marché français”.La Commission européenne a indiqué jeudi avoir saisi la Cour de justice de l’Union européenne contre la France, estimant “disproportionnées” les “exigences françaises” de cette signalétique, “un obstacle à la libre circulation des marchandises”. D’autres possibilités, “moins restrictives pour les échanges (commerciaux) entre les États membres, existent pour informer les consommateurs”, affirme la Commission. L’Union européenne prévoit par ailleurs une signalétique harmonisée d’ici août 2026 et qui devra être affichée sur tous les emballages à partir du 12 août 2028.

La Bourse de Paris en hausse, profite des records de Wall Street

La Bourse de Paris se laisse porter vendredi par les records de Wall Street la veille, après la publication de données rassurantes sur la santé économique des Etats-Unis, qui retardent toutefois la perspective d’une prochaine baisse des taux de la banque centrale américaine (Fed).L’indice vedette CAC 40 prenait 45,50 points (+0,58%) vers 09H40, à 7.867,50 points. La veille, il a bondi de 99,91 points (+1,29%).Les Bourses “européennes progressent, indiquant que la hausse spectaculaire des marchés actions mondiaux pourrait se poursuivre, les solides données économiques apaisant les inquiétudes sur la santé de l’économie américaine”, a commenté Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.La publication jeudi aux Etats-Unis d’une baisse la semaine dernière du nombre hebdomadaire de demandeurs d’emploi et d’une hausse en juin des ventes au détail, baromètre de la consommation des ménages, a été un facteur d’optimisme permettant à Wall Street de franchir de nouveaux records.”Avec des données économiques plus solides et une hausse continue des anticipations d’inflation, les investisseurs ont réduit leurs attentes de baisses de taux de la banque centrale américaine (Fed)”, a cependant souligné Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.Les taux directeurs de la Fed – qui guident les coûts d’emprunt des particuliers et des entreprises – sont compris entre 4,25% et 4,50% depuis décembre.L’un des gouverneurs de la Fed, Christopher Waller, a de nouveau défendu, jeudi soir lors d’un discours à New York, “sa préférence pour une baisse de 25 points de base lors de la réunion de fin juillet” du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), a retenu Jim Reid.”Avec une inflation proche de la cible (de 2% de la Fed, NDLR) et des risques de hausse limités, nous ne devrions pas attendre que le marché du travail se détériore pour baisser les taux”, a déclaré Christopher Waller, estimant que toute poussée d’inflation liée aux droits de douane serait temporaire selon lui.”Il est toutefois peu probable que Waller n’obtienne le soutien du FOMC en juillet et c’est pourquoi les mouvements sur le marché obligataire sont modestes”, explique Jim Reid.Sanofi acquiert BlueprintLe géant pharmaceutique Sanofi (+0,07% à 83,60 euros vers 10H05) a annoncé vendredi la “finalisation de l’acquisition de Blueprint Medicines”, une biotech américaine. L’opération permet au groupe français de se renforcer dans les maladies immunologiques rares, en ligne avec sa stratégie actuelle visant à devenir un leader mondial en immunologie.

Les Bourses européennes ouvrent en hausse

Les Bourses européennes ont ouvert en hausse vendredi, tirées par les records franchis la veille à Wall Street, après la publication de données jugées rassurantes sur la santé économique des Etats-Unis.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris prenait 0,47%, Londres 0,17%, Francfort 0,43% et Milan 0,45%.

Se diversifier pour survivre: au Japon, des PME prêtes à s’adapter face à la tempête Trump

Comme toutes les PME qui forment le cÅ“ur du tissu économique japonais, Mitsuwa Electric, fabricant de fils métalliques et autres composants, a traversé maintes épreuves au fil des décennies: désormais, son PDG Yuji Miyazaki s’efforce de garder son optimisme face aux barrières douanières érigées par l’administration Trump.Le Japon, bien qu’allié-clé des Etats-Unis, est soumis aux mêmes droits de douane américains de base de 10% que la plupart des nations, ainsi qu’à des surtaxes de 25% sur les voitures et de 50% l’acier. Et le pays est menacé d’un relèvement à 25% des surtaxes dites “réciproques”, suspendues jusqu’au 1er août.Pour autant, M. Miyazaki assure n’être “pas trop inquiet”. “Nous fournissons des produits très spécifiques à des industries spécialisées, où il est difficile de changer de fournisseur ou de pays d’approvisionnement au gré des changements de taxes douanières”, déclare-t-il à l’AFP, en arpentant le site de son entreprise créée il y a 92 ans.”Si les firmes américaines ne peuvent pas produire elles-mêmes des pièces, elles n’ont d’autre choix que de les importer, quels que soient les droits de douane”, insiste ce descendant du fondateur du groupe.Avec 100 employés, Mitsuwa Electric n’est pas une marque très connue. Mais comme beaucoup des millions d’autres PME – qui représentent 99,7 % des entreprises japonaises -, c’est une référence mondiale dans son créneau très spécialisé.Après avoir commencé à fabriquer des filaments pour ampoules électriques, elle produit aujourd’hui des tiges, aiguilles, plaques, tubes et fils de métal pour divers produits (phares automobiles, photocopieurs, appareils à rayons-X….). En 2022, elle a remporté un record mondial Guinness pour le plus fin fil métallique disponible sur le marché, d’un diamètre moitié plus mince qu’un cheveu.Mitsuwa compte parmi ses clients des entreprises en Asie, Europe et Amérique du Nord, dont le géant japonais de l’ingénierie Toshiba ou une filiale du constructeur automobile Toyota. Pour l’heure, il ne subit qu’un impact limité de l’offensive douanière américaine: un client du secteur automobile lui a demandé de baisser ses prix.Mais la situation pourrait s’aggraver. “Nous ne pouvons que nous adapter à l’évolution de l’environnement économique”, soupire M. Miyazaki.- “Tirer les leçons” -Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a certes envoyé son négociateur commercial, Ryosei Akazawa, à Washington à sept reprises depuis avril pour tenter d’arracher un compromis.Mais sa stratégie maximaliste, qui consiste à réclamer l’élimination totale de tous les droits de douane, alarme certains acteurs industriels à l’approche de la date butoir du 1er août. Un enjeu-clé pour la coalition gouvernementale, qui aborde en mauvaise posture des élections sénatoriales ce dimanche.Alors que l’automobile représente 8% des emplois au Japon, les exportations de voitures de l’archipel en direction des Etats-Unis ont chuté d’environ 25% sur un an en mai et juin.Plus généralement, l’imprévisibilité du président américain Donald Trump et la complexité des surtaxes douanières alarment les entrepreneurs, constate Jetro, l’organisation d’aide aux PME soutenue par le gouvernement.Depuis février, Jetro a reçu plus de 2.000 demandes de renseignements de ses membres concernant la politique douanière américaine, un flux qui s’est accéléré ces dernières semaines en vue  d’obtenir les “informations les plus récentes”. Le patron de Mitsuwa Electric lui-même commence à s’inquiéter de voir Washington mettre à exécution ses menaces de surtaxer à 200% les produits pharmaceutiques et de cibler les équipements médicaux. Mais, avec sa large gamme de produits et la diversification de sa clientèle, son groupe a été jusqu’à présent relativement protégé, observe-t-il.Cette stratégie de diversification est essentielle à la survie d’autres PME, abonde Zenkai Inoue, professeur à l’Institut des sciences de l’information de Kyushu. “Je propose une stratégie du +trépied+: il faut avoir au moins trois clients dans des régions différentes”, explique-t-il à l’AFP.”Pour une PME, assurer sa stabilité financière en sollicitant des financements bancaires est important pour survivre dans l’immédiat”, mais “la prochaine étape consistera à étendre ses canaux de vente à d’autres marchés”, ajoute-t-il.Selon cet expert, certaines entreprises japonaises ont tardé à se préparer aux droits de douane américains, alors même que M. Trump les avaient promis dès sa campagne électorale de 2024. “On a connu l’époque où les entreprises japonaises, fortement dépendantes du marché chinois, avaient été durement touchées par un changement soudain de politique de la part de Pékin”, rappelle M. Inoue. “Certaines n’en ont pas suffisamment tiré les leçons.” 

Japon: l’inflation ralentit plus qu’attendu en juin, le prix du riz double sur un an

L’inflation au Japon a ralenti plus qu’attendu en juin mais reste à un niveau élevé, tirée par un doublement sur un an des prix du riz, de quoi accroître la pression sur la coalition au pouvoir avant des élections cruciales ce dimanche.La hausse des prix à la consommation (hors produits frais) s’est établie à 3,3% sur un an le mois dernier, se modérant après 3,7% en mai, au plus haut depuis janvier 2023, selon des chiffres gouvernementaux publiés vendredi.Ce chiffre est meilleur que la prévision des économistes sondés par Bloomberg (+3,4%), mais s’établit toujours très au-delà de la cible de 2% fixée par la Banque du Japon (BoJ). Et l’inflation hors énergie et produits frais a accéléré à 3,4%, contre 3,3% en mai.La vertigineuse envolée des prix du riz, par ailleurs, ne s’essouffle pas: ils ont bondi de 99,2% sur un an en juin, après avoir déjà doublé en rythme annuel (+101%) le mois précédent.Cette flambée inédite depuis au moins un demi-siècle se poursuit malgré le déblocage par les autorités d’une partie des stocks stratégiques de riz du pays.L’inflation persistante exacerbe le mécontentement contre le gouvernement du Premier ministre conservateur Shigeru Ishiba, qui aborde en mauvaise posture des élections sénatoriales de dimanche, selon des sondages récents.- Le riz, enjeu électoral -A 68 ans, M. Ishiba dirige un gouvernement minoritaire depuis octobre, après avoir conduit le Parti libéral-démocrate (PLD) à un cuisant revers lors d’élections législatives. Sa coalition, formée du PLD et de son allié Komeito, risque désormais de perdre également sa majorité à la chambre haute du Parlement lors du scrutin du 20 juillet.Pour tenter d’atténuer l’impact sur les ménages et à l’approche des élections, Shigeru Ishiba a étendu les aides au logement, prolongé des subventions à l’énergie, et s’est engagé à verser des chèques de 20.000 yens (120 dollars) par citoyen.Le prix du riz, qui s’envole depuis l’automne, est néanmoins resté un enjeu-clé de la campagne.La récolte 2023 (consommée l’an dernier) avait été pénalisée par des chaleurs record, tandis que la demande de riz était gonflée en 2024 par des achats paniques suite à un avertissement des autorités sur un possible “mégaséisme”, par le renchérissement des aliments importés, et le stockage de négociants désireux de muscler leurs profits à terme. Plus généralement, les prix de divers produits alimentaires (fruits, viande…) ont contribué à tirer l’inflation en juin. Mais les factures d’électricité et de gaz ont augmenté moins qu’auparavant.”Le principal facteur à l’origine du ralentissement de l’inflation est le net recul des prix énergétiques, qui reflète la reprise des subventions aux achats d’essence”, souligne Abhijit Surya, analyste de Capital Economics.- Défi pour la banque centrale -L’archipel, longtemps englué dans une inflation nulle voire négative, est confronté à un changement de paradigme: depuis avril 2022, l’indice des prix à la consommation hors produits frais reste systématiquement au-dessus de 2%.La Banque du Japon (BoJ) a entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux pour contrer l’inflation, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante.Mais l’institution a récemment privilégié le statu quo monétaire face aux incertitudes liées à la guerre douanière lancée par les Etats-Unis: le Japon pâtit de droits de douane américains de 25% sur l’automobile et de 50% sur l’acier, et est sous la menace d’une surtaxe “réciproque” de 25% sur toutes ses exportations.M. Ishiba et le négociateur japonais Ryosei Akazawa rencontreront vendredi à Tokyo le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, pour tenter de débloquer des pourparlers dans l’impasse.Certes, vu le niveau toujours élevé de l’inflation, “il existe toujours des arguments convaincants pour que la BoJ reprenne son cycle de resserrement monétaire plus tard cette année”, estime Abhijit Surya.Mais l’institution pourrait rester suspendue aux négociations commerciales “toujours en suspens” entre Tokyo et Washington, avec “le risque (…) grandissant qu’elle reporte sa prochaine hausse de taux à début 2026″, tempère-t-il.”Cela place la BoJ dans une situation difficile: elle devrait maintenir son statu quo pour l’heure mais pas pour longtemps”, abonde Stefan Angrick, de Moody’s Analytics, misant sur une hausse des taux “d’ici janvier”.D’ici là, “les revirements de politique monétaire, la répercussion tardive des prix à la production et la dépréciation du yen continueront de pousser les prix à la consommation à court terme” sans que les salaires ne suivent, estime-t-il.

Les profits de Netflix bondissent grâce aux hausses de prix des abonnements

Netflix a vu son bénéfice net bondir de 45% à 3,125 milliards de dollars au deuxième trimestre, un signe que les hausses de prix et l’offre publicitaire sont de plus en plus payantes pour la plateforme leader du streaming vidéo.Le chiffre d’affaires du groupe américain est ressorti à 11,1 milliards, en progression de 16% sur un an, un chiffre supérieur à ses prévisions et à celles du marché, d’après son communiqué de résultats publié jeudi.Netflix a systématiquement dépassé les attentes du marché ces deux dernières années, y compris au premier trimestre 2025 grâce notamment aux augmentations des prix des abonnements.L’entreprise a revu ses prévisions à la hausse pour l’année 2025, tablant désormais sur des revenus compris entre 44,8 et 45,2 milliards, au lieu d’une fourchette entre 43,5 et 44,5 milliards.Cette nouvelle perspective “reflète principalement l’affaiblissement du dollar par rapport aux autres devises, ainsi qu’une croissance solide du nombre d’abonnés et des recettes publicitaires”, a-t-elle précisé.”Au-delà de la question de savoir si Netflix peut maintenir cette dynamique positive, les investisseurs vont surveiller de près ses récentes incursions dans le sport et la télévision en direct”, a commenté Paul Verna, analyste d’Emarketer.- “Elargir l’offre” -Fin 2024, la plateforme a diffusé en direct deux matchs de la ligue professionnelle de football américain NFL et un match de boxe entre Mike Tyson et le YouTubeur Jake Paul.En juin, la société californienne a signé un accord avec TF1, leader des audiences en France, pour diffuser les chaînes du groupe sur le service, une première mondiale.”On pourrait croire que nous avons assez de contenus incroyables pour satisfaire chaque personne sur la planète, mais il semblerait que nos abonnés veulent toujours plus de variété, c’est ce qu’on entend régulièrement”, a plaisanté le codirecteur général Greg Peters lors de la conférence aux analystes jeudi.”Donc le but fondamental de ce partenariat, c’est d’élargir notre offre de divertissement”, a-t-il ajouté.Netflix a ensuite conclu un partenariat avec l’Agence spatiale américaine, la Nasa, qui permettra bientôt aux utilisateurs de suivre les lancements de fusées et les mouvements d’astronautes dans l’espace.La plateforme comptait plus de 300 millions d’abonnés en décembre dernier, à la fin d’une saison des fêtes particulièrement réussie, où elle venait de gagner près de 19 millions de nouveaux abonnements.Mais l’entreprise ne divulgue plus ces chiffres désormais, afin de se concentrer sur les mesures “d’engagement” de l’audience (temps passé à regarder des contenus).- “Leader incontesté” -Au deuxième semestre, Netflix pourra compter notamment sur une nouvelle saison de “Mercredi” et la dernière de “Stranger Things” pour capter l’attention de ses membres.”Nous avons eu 44 titres nominés aux Emmys cette année. Ca, c’est de la qualité à grande échelle”, s’est félicité Ted Sarandos, l’autre codirecteur général de l’entreprise.Des contenus qui coûtent de plus en plus cher: Netflix prévoit une augmentation de ses dépenses pour la production et l’achat de contenus, sans entamer ses marges opérationnelles.L’engagement constitue un indicateur important pour l’abonnement avec publicité, dont la base d’utilisateurs a plus que doublé début 2025 par rapport à l’année précédente, selon Emarketer. Le service table sur 9 milliards de dollars de revenus tirés de cette formule d’ici 2030.Et pour toujours mieux optimiser l’engagement, Netflix teste depuis peu un outil d’intelligence artificielle (IA) générative qui permet aux abonnés de décrire ce dont ils ont envie en langage courant. Par exemple: “Je veux voir quelque chose d’effrayant, mais pas trop, et un peu drôle aussi”.”A ce stade, il ne fait aucun doute que Netflix est le leader incontesté du streaming haut de gamme”, souligne l’analyste Paul Verna. “Wall Street va donc s’intéresser davantage à sa capacité à faire croître son activité qu’à savoir s’il gagne la guerre du streaming ou non. (La réponse est oui.)”

Wall Street se montre rassurée par la santé de l’économie américaine

La Bourse de New York a progressé jeudi, portée par des données sur l’emploi et la consommation aux Etats-Unis meilleures qu’attendu, rassurant les investisseurs sur la santé de l’économie américaine.Les indices Nasdaq (+0,74%) et S&P 500 (+0,54%) ont tous deux franchi de nouveaux records en clôture. Le Dow Jones a lui gagné 0,52%.”Le résultat des ventes au détail a été le chiffre le plus influent (…) signalant un consommateur américain puissant qui surmonte les vents contraires”, commente Jose Torres, d’Interactive Brokers.Tirées par l’automobile, le bâtiment et les achats en boutiques, les ventes au détail ont progressé de 0,6% sur un mois, pour atteindre 720,1 milliards de dollars, après avoir trébuché de 0,9% le mois précédent (données inchangées).Sur un an, les ventes au détail sont en croissance de 3,9%.Mark Chambers, responsable du secteur de la vente au détail pour les Amériques chez EY, y voit “un signe encourageant qui montre qu’il y a une certaine dynamique positive parmi les consommateurs malgré la volatilité économique persistante”.Autre indicateur publié jeudi avant l’ouverture de Wall Street et accueilli avec optimisme par les investisseurs, les inscriptions au chômage se sont établies à 221.000 la semaine passée, soit moins que la période précédente et en deçà des attentes des analystes qui tablaient sur 235.000 demandes.Ces données font suite à la publication, plus tôt dans la semaine de deux indices d’inflation: le CPI, mesurant la hausse des prix côté consommateurs et qui s’est avéré en hausse mais conforme aux attentes, et son équivalent côté producteurs, le PPI, qui s’est révélé meilleur qu’attendu, car stable.”Le climat économique n’est pas défavorable (et) le marché est très résistant à la plupart des nouvelles”, juge auprès de l’AFP Steve Sosnick d’Interactive Brokers, qui pointe une “dynamique favorable” pour la place américaine.En parallèle, les inquiétudes concernant le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell “se sont un peu calmées”, souligne auprès de l’AFP Jack Ablin, de Cresset Capital Management.Le président américain Donald Trump a soufflé mercredi le chaud et le froid sur l’avenir de M. Powell, assurant réfléchir à le licencier avant de considérer la possibilité comme “très improbable”.Si le marché “ne semble pas avoir besoin d’une raison pour monter” à l’heure actuelle, “les résultats d’entreprises et les droits de douane peuvent modifier l’attitude du marché”, assure Steve Sosnick.Sur le marché obligataire, le rendement de l’emprunt à dix ans était stable par rapport à la clôture mercredi, à 4,45%.Côté entreprises, le constructeur américain de véhicules électriques Lucid a bondi (+36,24% à 3,12 dollars) après que la plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber (-0,23% à 90,54 dollars) a annoncé acquérir pour 300 millions de dollars d’action de l’entreprise avec l’ambition de créer une flotte de robotaxis.La compagnie aérienne américaine United Airlines a été recherchée (+3,11% à 91,22 dollars) après avoir affiné ses prévisions pour l’exercice 2025 afin d’intégrer un “changement positif” de la demande depuis début juillet.Le géant américain des snacks et des boissons PepsiCo a brillé (+7,45% à 145,44 dollars) malgré des résultats inférieurs aux attentes. Le groupe a toutefois confirmé ses objectifs pour l’ensemble de l’année.Le groupe GE Aerospace (-2,22% à 260,28 dollars), né de la scission l’an dernier du conglomérat General Electric, a été sanctionné pour avoir révisé à la hausse jeudi ses prévisions de bénéfices et de revenus pour 2025, porté par la forte demande dans le secteur aérien.Le laboratoire pharmaceutique Abbott Laboratories a été boudé (-8,52% à 120,51 dollars) après être passé à côté de ses prévisions trimestrielles. 

La Bourse de Paris bondit, portée par des données rassurantes sur l’économie américaine

La Bourse de Paris a bondi de 1,29% jeudi, portée par des données meilleures qu’escompté sur le marché de l’emploi et sur la consommation aux Etats-Unis, rassurant les investisseurs sur la santé de l’économie américaine.L’indice vedette CAC 40 a gagné 99,91 points et s’est établi à 7.822,00 points à la clôture. La veille, il avait cédé 44,12 points (-0,57%).”Les indices boursiers sont tirés à la hausse par les résultats d’entreprises et par la publication d’indicateurs économiques venus conforter l’idée que rien n’est alarmant sur l’économie américaine, malgré les droits de douane et la méthode Trump” qui ont chahuté les marchés ces derniers mois, commente Nicolas Budin, responsable de la gestion actions chez Myria AM.Les investisseurs ont salué la baisse du nombre hebdomadaire de demandeurs d’emploi aux Etats-Unis, ressortis à 221.000 la semaine passée, soit moins que la période précédente et en deçà des attentes des analystes qui tablaient sur 235.000 demandes.La publication des ventes au détail en juin aux Etats-Unis, baromètre de la consommation des ménages, qui représente plus de deux tiers du PIB américain, a été un autre facteur d’optimisme pour le marché. Elles sont reparties à la hausse le mois dernier, faisant même mieux qu’anticipé par les marchés, tirées par l’automobile, le bâtiment et les achats en boutique, selon les données du département du Commerce.Les ventes au détail ont progressé de 0,6% sur un mois, pour atteindre 720,1 milliards de dollars, après avoir trébuché de 0,9% en mai. Sur un an, elles sont en croissance de 3,9%.”Les craintes que les droits de douane pèsent sur la consommation ne se matérialisent pas pour l’instant”, commente Nicolas Budin. Toutefois, en réponse au manque de visibilité des derniers mois, les entreprises ont “anticipé leurs achats et ajusté leurs chaînes de production avant l’instauration des potentielles taxes” et cette demande anticipée “pourrait expliquer en partie la résilience actuelle de la consommation”, nuance le responsable de la gestion actions chez Myria AM.Legrand et Schneider Electric en vedetteLe fabricant de matériels et d’équipements électriques Legrand a relevé jeudi sa prévision de chiffre d’affaires 2025, tablant sur une croissance entre 10 et 12%, une annonce saluée en Bourse, le titre ayant bondi de 8,96% à 121,55 euros.”Cette annonce donne à croire que le groupe est très confiant pour la publication de ses résultats le 31 juillet”, souligne Nicolas Budin.La forte hausse du titre a entraîné dans son sillage l’action de Schneider Electric, géant des équipements électriques, qui a gagné 7,73%, à 239,75 euros.La hausse de ces deux noms du CAC 40 a aussi été accentuée par la publication des résultats du conglomérat industriel helvético-suédois ABB meilleurs qu’attendu pour le deuxième trimestre, explique M. Budin.Le groupe suisse, qui fabrique aussi bien des bornes de recharge pour véhicules électriques que des systèmes de traction ferroviaire ou des équipements électriques, a annoncé que ses commandes avaient bondi de 16% pour atteindre près de 9,8 milliards de dollars au deuxième trimestre, dépassant largement les prévisions. Publicis jugé trop prudentLe groupe français de communication Publicis a résisté au premier semestre et a très légèrement relevé ses prévisions annuelles malgré un contexte macroéconomique tendu, grâce à des gains de nouveaux contrats, a-t-il indiqué jeudi.L’entreprise table désormais sur une prévision de croissance organique à près de 5% pour 2025, contre une fourchette de +4% à 5% précédemment, d’après un communiqué. Malgré des résultats jugés solides, le marché a retenu “le ton prudent du groupe du fait du contexte économique”, commente Nicolas Budin.Après avoir grimpé de plus de 4% à l’ouverture du marché, le titre Publicis a conclu la séance sur une chute de 6,65% à 83,90 euros. Depuis le 1er janvier, le titre a fondu de 18,54%.