Le gouvernement veut croire à un compromis malgré le rejet quasi unanime du budget
Le gouvernement de SĂ©bastien Lecornu a affirmĂ© samedi qu’un compromis reste possible au Parlement malgrĂ© le rejet Ă plate couture dans la nuit par l’AssemblĂ©e nationale du budget 2026, sans convaincre les oppositions qui envisagent de plus en plus clairement une loi spĂ©ciale pour maintenir le fonctionnement de l’Etat.”Nous n’en sommes qu’Ă la moitiĂ© du parcours parlementaire, et je reste convaincu qu’un compromis peut se construire”, a commentĂ© le ministre de l’Economie Roland Lescure, rejetant la responsabilitĂ© de cet Ă©chec sur “l’extrĂŞme droite et l’extrĂŞme gauche” qui “ont votĂ© ensemble des mesures inopĂ©rantes pour un budget insincère”.Fait inĂ©dit dans la Ve RĂ©publique, la quasi-totalitĂ© de l’AssemblĂ©e s’est opposĂ©e dans la nuit de vendredi Ă samedi au projet de budget de l’Etat, un vote sans surprise mais qui augure mal de son adoption avant la fin de l’annĂ©e, dans les dĂ©lais constitutionnels.Après 125 heures de dĂ©bats parfois houleux sur la fiscalitĂ© du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 dĂ©putĂ©s ont rejetĂ© la partie “recettes” du texte (un pour, 84 abstentions), emportant ainsi l’ensemble du projet de loi, sans mĂŞme Ă©tudier la partie “dĂ©penses”.Les groupes de gauche et le RN ont votĂ© contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisĂ©s entre votes contre et abstentions. Seul Ă voter pour, le dĂ©putĂ© du groupe centriste Liot Harold Huwart (Eure-et-Loir).L’AssemblĂ©e avait dĂ©jĂ rejetĂ© en 2024 le budget de l’État, de manière inĂ©dite sous la Ve RĂ©publique. Mais c’est une première qu’il le soit avec une telle ampleur.Le camp gouvernemental a largement invoquĂ© les mesures fiscales votĂ©es par les oppositions – “des horreurs Ă©conomiques”, selon Paul Midy (Renaissance) – pour justifier son absence de soutien au texte de l’exĂ©cutif. Le PS, qui a acceptĂ© de ne pas censurer le Premier ministre en Ă©change de la suspension de la rĂ©forme des retraites et d’un abandon du 49.3, espĂ©rait que les dĂ©bats permettent d’arracher une mesure de justice fiscale, “taxe Zucman” ou succĂ©danĂ©.Des propositions repoussĂ©es. Un cocktail d’autres taxes a cependant Ă©tĂ© approuvĂ©, sur la fortune improductive, les grandes entreprises, les multinationales ou les gĂ©ants du numĂ©rique.- “Le compte n’y est pas” -Mais “le compte n’y est pas”, a lancĂ© Boris Vallaud (PS), estimant les “recettes” insuffisantes pour “effacer” des Ă©conomies irritantes sur les politiques publiques. Le PS continuera toutefois Ă “chercher le compromis”, a promis le socialiste, dont le groupe avait permis l’adoption de la partie recettes du budget de la sĂ©curitĂ© sociale contenant, il est vrai, la suspension de la rĂ©forme de 2023 sur les retraites.Sans surprise, l’attitude des socialistes a Ă©tĂ© fustigĂ©e par le leader de LFI Jean-Luc MĂ©lenchon. “IncohĂ©rents et bordĂ©lisateurs, mĂŞme la macronie et les socialistes n’ont pas dĂ©fendu leur Ĺ“uvre”, a-t-il dit. Pour sa part, Marine Le Pen a estimĂ© que le vote des dĂ©putĂ©s “ne peut avoir qu’une conclusion : la dĂ©mission du gouvernement et la dissolution afin que le peuple se choisisse une majoritĂ© d’alternance”.Les deux textes budgĂ©taires – sĂ©curitĂ© sociale et Etat – ont devant eux un parcours d’obstacles qui rend leur adoption plus qu’hypothĂ©tique. Le premier a commencĂ© d’ĂŞtre examinĂ© au SĂ©nat, le second suivra dans la semaine.Le rapporteur gĂ©nĂ©ral du budget Philippe Juvin (LR) suggère au gouvernement de recourir finalement Ă l’article 49.3 de la Constitution, pour faire passer un budget avant le 31 dĂ©cembre. Mais SĂ©bastien Lecornu s’est engagĂ© Ă ne pas l’utiliser, et une telle manoeuvre serait politiquement difficile.Pour beaucoup, le gouvernement n’Ă©chappera pas Ă une “loi spĂ©ciale”, sorte de reconduction du budget 2025 qui permettrait de percevoir les impĂ´ts existants, de faire fonctionner l’Etat avant de reprendre les dĂ©bats parlementaires en dĂ©but d’annĂ©e.C’est l’hypothèse la “plus probable”, a estimĂ© samedi matin sur France 2 Eric Coquerel, prĂ©sident de la commission des finances de l’AssemblĂ©e nationale.”Il vaut mieux une loi spĂ©ciale plutĂ´t qu’un budget qui continuera Ă dĂ©classer la France et Ă appauvrir les Français”, a assĂ©nĂ© de son cĂ´tĂ© le prĂ©sident des RĂ©publicains (LR) Bruno Retailleau dans le Parisien.A ce stade, le gouvernement Ă©carte le scĂ©nario des ordonnances, ces textes qui permettent Ă l’exĂ©cutif d’imposer un budget sans passer par le Parlement.sl-are-sac-hr/dch  Â






