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Bourses: les actions du secteur de la défense s’envolent en Europe

Les titres des entreprises du secteur de la défense flambent lundi dans les premiers échanges sur les Bourses européennes, portés par la perspective d’une augmentation des dépenses militaires sur le continent dans un contexte de tensions entre Kiev et Washington, faisant craindre un désengagement américain.Vers 08H30 GMT, Thales s’envolait de 13,80% et Dassault Aviation de 14,77% à Paris. À Londres, BAE Systems gagnait 17,31%. À Francfort, Rheinmetall prenait 14,31%, Hensoldt 18,82% et Thyssenkrupp, qui possède une filiale spécialisée dans les sous-marins, de 10,68%. Le constructeur aéronautique Saab, à Stockholm, s’octroyait 13,97% et Leonardo, à Milan, 9,98%.”La volonté européenne de soutenir l’Ukraine se traduira par une augmentation des dépenses militaires”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.”La crainte d’un retrait américain s’accentue, contraignant l’Europe à en faire plus. L’armement devient un secteur clé pour les investisseurs”, estime Jochen Stanzl, chez CMC Markets.Les alliés européens de Kiev ont resserré les rangs dimanche à Londres et affiché leur engagement à soutenir Kiev et à se réarmer face à la Russie, après sa vive altercation entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche vendredi.”L’Europe doit faire le gros du travail”, a déclaré le Premier ministre Keir Starmer, qui a réuni dans la capitale britannique le président ukrainien Volodymyr Zelensky et une quinzaine de dirigeants européens ainsi que le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle annoncé vouloir présenter “un plan global sur la manière de réarmer l’Europe” lors d’un sommet spécial de l’UE prévu jeudi à Bruxelles. “Nous devons urgemment réarmer l’Europe”, a-t-elle martelé.En Allemagne, les conservateurs de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates du SPD, en pleine négociation pour former un gouvernement, discutent de la création de deux fonds pour la défense et les infrastructures, totalisant environ 800 à 900 milliards d’euros, selon des informations de presse dimanche non démenties.”Même étalée sur dix ans, cette somme équivaudrait aux investissements réalisés en Allemagne de l’Est depuis la réunification, marquant un tournant historique”, dont profiteront les entreprises de la défense, selon une note de Deutsche Bank.

Course à l’IA et tensions commerciales au menu du salon du mobile de Barcelone

Frénésie autour de l’intelligence artificielle (IA) d’un côté, droits de douane américains de l’autre: le Salon mondial du mobile (MWC) ouvre lundi à Barcelone pour une édition marquée par les vives tensions commerciales générées par la politique de Donald Trump.La grand-messe de l’industrie des smartphones et des services connectés, où vont se presser quelque 100.000 professionnels, débute à la veille de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane américains sur les produits chinois, présents comme chaque année dans les allées du Salon. Déjà relevées de 10% depuis l’entrée en fonction de Donald Trump, ces taxes à l’importation doivent être à nouveau augmentées de 10% mardi. Le président américain a par ailleurs incité le Mexique et le Canada à appliquer des droits de douane similaires sur les produits chinois. Ces mesures tarifaires – que Trump menace d’étendre à d’autres partenaires, dont l’Union européenne – pourraient avoir des conséquences sur l’ensemble du marché de la tech et des smartphones, certains composants tels que les semi-conducteurs étant en grande partie importés de Chine. “Personne ne sait vraiment ce qu’il va se passer”, a commenté le PDG de l’équipementier finlandais Nokia, Pekka Lundmark, lors d’un événement en amont du salon dimanche. “Évidemment, une guerre commerciale ne serait dans l’intérêt de personne”, a-t-il complété, ajoutant que son groupe travaillait à partir de “différents scénarios” pour s’adapter aux changements de politique commerciale américaine.Selon Ben Wood, directeur de la recherche de CCS Insight, “la situation géopolitique sera un sujet brûlant” de cette édition. “Il y a une incertitude persistante” qui inquiète aussi bien “l’Europe” que “les entreprises chinoises”, insiste-t-il auprès de l’AFP. – “L’IA sera omniprésente”  -Présentes en force au MWC aux côtés d’autres poids lourds mondiaux des télécoms, les marques chinoises ont concentré dimanche leurs présentations, organisées en amont du salon, sur les nouveautés de l’année et les annonces d’investissement. Le fabricant de smartphones Honor a ainsi annoncé entrer dans une nouvelle phase de son développement avec une stratégie axée sur l’IA, baptisée “Honor Alpha Plan”, en détaillant un partenariat avec deux géants américain, Google cloud et Qualcomm.La marque, qui travaille au développement d’un smartphone “intelligent”, a présenté devant la presse un nouvel outil d’IA destiné à être intégré à ses produits.Le géant Xiaomi, troisième fabricant mondial derrière Apple et Samsung, a lui dévoilé une nouvelle gamme de smartphones, Xiaomi 15, représentative du développement croissant sur le marché de modèles premium et de l’intégration massive d’outils d’IA. Depuis l’arrivée de ChatGPT et le développement de l’intelligence artificielle générative, cette technologie s’est largement invitée chez les fabricants et sera cette année à nouveau au cœur des innovations mises en avant pendant les quatre jours du MWC. “L’IA sera omniprésente” mais les observateurs “ressentent une fatigue croissante” sur ce sujet, juge toutefois Ben Wood, qui pointe la difficulté à repérer des innovations “révolutionnaires” en la matière.Si l’IA est devenue “la pierre angulaire de la plupart des annonces de produits”, “il est souvent difficile d’appréhender les avantages tangibles” pour les consommateurs, insiste-t-il. Un défi pour les entreprises de la tech et des télécommunications qui cherchent à présenter des usages concrets de l’IA, avec notamment des “agents” capables d’exécuter des tâches du quotidien, pour doper leurs ventes. Signe que cette politique porte ses fruits: le secteur des smartphones, dont les ventes avaient reculé pendant deux années consécutives, a renoué l’an dernier avec la croissance.Selon le cabinet spécialisé IDC, 1,24 milliard d’appareils ont été vendus dans le monde l’an dernier, soit 6,3% de plus qu’en 2023. Et les fabricants restent optimistes pour 2025.”La forte croissance de 2024 prouve la résilience du marché des smartphones car elle s’est produite malgré des défis macroéconomiques persistants”, souligne Nabila Popal, directrice de la recherche chez IDC, qui insiste sur le dynamisme du secteur dans les pays émergents.

La montée en puissance des bus électriques en Europe plus rapide que prévu, selon une ONG

Près d’un nouveau bus sur deux (49%) vendu en Europe en 2024 était zéro émission (motorisation électrique ou hydrogène), dépassant les objectifs fixés par l’Union européenne sur les normes CO2 des autobus, selon l’ONG Transport and Environment (T&E). “Le succès des bus à zéro émission est dû à la réglementation européenne, qui a clairement indiqué au marché que les jours du diesel étaient comptés”, a indiqué Marie Chéron, experte pour T&E France, citée dans le communiqué de l’ONG publié lundi.D’après les textes, les bus de ville devront atteindre le zéro émission en 2035.”Si la croissance actuelle se poursuit, 100% des nouveaux bus urbains achetés en 2027 seront zéro émission”, a relevé T&E.Plusieurs mesures ont également favorisé le développement des motorisations électriques et hydrogènes au détriment du diesel, comme les zones à faible émissions décrétées par les municipalités.Il existe cependant des disparités en Europe, note T&E. En 2024, trois pays ont acheté 100% de bus électriques neufs. Il s’agit des Pays-Bas, de l’Islande et de la Finlande.La Norvège et le Luxembourg ne sont pas loin derrière avec respectivement 99% et 98% de bus électriques neufs immatriculés en 2024.”L’Estonie se distingue par une transition particulièrement rapide: 84% de nouveaux bus électriques en 2024, contre 0% en 2023″, salue également T&E.La France est en revanche à la traîne, avec seulement 33% de bus urbains électriques immatriculés en 2024, en deçà de la moyenne des pays de l’Union Européenne (46%). L’une des explications possibles à ce retard tient dans le choix de certaines collectivités, comme l’Ile-de-France, de miser sur le gaz et le biogaz. Avec 39% de bus neufs roulant au gaz en 2024, la France est un des principaux pays à miser sur cette énergie.”La part importante de gaz (biogaz compris) dans les immatriculations devrait faire l’objet d’une vigilance particulière en France. Elle peut devenir un piège pour les collectivités car elle retarde leur transition vers les technologies zéro émission”, ce qui “pourrait devenir coûteux” à terme, prévient Marie Chéron.L’Allemagne aussi accuse du retard avec 25% de bus électriques neufs alors que l’Espagne (57%) et le Royaume-Uni (56%), autres grands marchés pour les bus urbains en Europe, sont en avance. En queue de classement on retrouve la Grèce (9%), la Lituanie (5%), la Hongrie (4%) et la Slovaquie (0%).

Salon de l’agriculture: fréquentation en légère hausse, la sérénité “retrouvée”

Le Salon de l’agriculture a accueilli 607.503 visiteurs pendant neuf jours à Paris pour sa 61e édition, ont annoncé dimanche peu avant sa clôture les organisateurs de l’événement, saluant le “retour de la sérénité” après les heurts de 2024.La fréquentation est en légère hausse (+0,64%) par rapport aux 603.652 visiteurs de l’édition précédente, marquée par une visite mouvementée du président de la République dans un contexte de crise agricole.”Tout le monde a retrouvé la sérénité”, a déclaré dimanche à l’AFP le président du Salon international de l’agriculture (SIA) Jérôme Despey.Après les huées et les violences qui avaient entouré la venue d’Emmanuel Macron l’an passé, les organisateurs du Salon avaient élaboré une charte pour encadrer les visites politiques, en limitant notamment la taille des délégations et en encadrant les déambulations.Cette charte a été “bien respectée”, a ajouté M. Despey, qui note “l’absence d’altercations majeures” lors de la venue du président mais aussi des ministres et des chefs de partis politiques. Le nombre de visites protocolaires est d’ailleurs passé de 83 à 88 cette année.”Il y a eu des échanges qui ont pu être animés lorsqu’ils ont rencontré les organisations syndicales ou des agriculteurs qui veulent avoir des explications sur le Mercosur (…) ou sur le sujet de leur revenu, de la simplification (administrative) ou des moyens de production”,  a-t-il constaté.Le contexte est bien différent des 10 jours de colère agricole qui avaient précédé l’édition 2024. Le gouvernement estime avoir respecté ses engagements au travers d’aides d’urgence et de lois récemment adoptées ou en passe de l’être.”Tout n’est pas réglé, mais il fallait qu’on puisse faire passer des messages”, a déclaré Jérôme Despey, aussi viticulteur, après une année 2024 terrible pour les récoltes et pour les élevages ravagés par des épizooties.Jérôme Despey, dont c’était la première édition en tant que président, s’est aussi réjoui de l’impulsion donnée à l’aspect international du Salon qui avait pour la première fois un pays à l’honneur, le Maroc.Une attention qui avait irrité certains agriculteurs, qui ont fait de la tomate marocaine un des symboles de la “perte de souveraineté” agricole, alors que la France importe déjà la moitié de sa consommation de fruits et légumes.”Mon rôle, c’est de faciliter l’échange entre producteurs, et la discussion entre producteurs de tomates français et producteurs marocains a eu lieu”, affirme M. Despey.”Ils sont en train d’établir une charte de saisonnalité pour avoir des éléments de régulation. Pour que quand la tomate est en production en France, il y ait moins de télescopage avec les importations de tomates marocaines.”Le Salon, qui s’est tenu du 22 février au 2 mars, appartient au Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), constitué des grandes organisations agricoles, en particulier le fonds d’investissement Unigrains ou le syndicat historique FNSEA, dont M. Despey est aussi le vice-président.Le record de fréquentation de l’événement remonte à 2014, avec 703.407 visiteurs.Autre petite victoire, deux ans après la mise en place de campagne de prévention pour limiter la consommation d’alcool, “il y a eu moins de difficultés liées à l’alcool que ce qu’on a pu voir par le passé”, a souligné M. Despey.

Après la colère, la “sérénité retrouvée” au Salon de l’agriculture

Le Salon international de l’agriculture (SIA) ferme ses portes dimanche, au terme d’une 61e édition apaisée, contrastant nettement avec les tensions de l’an dernier et l’expression d’une colère profonde du monde agricole.Ils sont venus voir les taureaux de concours, monter dans la moissonneuse-batteuse, découvrir l’ail de la Drôme ou l’huile d’argan du Maroc, invité d’honneur de cette édition… 607.503 visiteurs ont parcouru les allées de la plus grande ferme de France, installée pendant neuf jours au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.La fréquentation a connu une petite hausse de 0,64% mais c’est surtout la “sérénité retrouvée” que le président du Salon Jérôme Despey tient à saluer, avec quelque 88 visites protocolaires “sans altercation majeure” entre politiques et agriculteurs.Après les huées et les violences qui avaient entouré la venue d’Emmanuel Macron en 2024, en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un “revenu décent” et de la “considération”, la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon.Samedi dernier, il a arpenté douze heures durant les allées, avec un passage obligé devant le box d’Oupette, la vache Limousine égérie du salon.”Tout n’est pas réglé, mais il fallait qu’on puisse faire passer des messages sereinement”, a déclaré dimanche à l’AFP Jérôme Despey, aussi viticulteur, après une année 2024 terrible pour les récoltes, les vendanges et pour les élevages, ravagés par des épizooties.- Souveraineté alimentaire -Emmanuel Macron s’est posé en défenseur des agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être “la variable d’ajustement” du pouvoir d’achat ou d’accords commerciaux, comme celui récemment passé entre l’Union européenne et des pays du Mercosur.Face à des syndicats inquiets, le président s’est engagé à tout faire “pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne” dans un monde instable où Pékin, Trump ou Poutine peuvent faire trembler les secteurs des vins, cognacs, fromages ou blés français.Après le président Macron, c’est aussi une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un “réarmement” qu’a défendue la ministre de l’Agriculture Annie Genevard: “La France doit produire plus pour manger mieux (…), produire plus pour rester une puissance exportatrice”.Cette vision a largement satisfait le premier syndicat agricole FNSEA, comme son rival de la Coordination rurale, qui n’ont de cesse de plaider pour moins de contraintes et de normes, et plus de “moyens de production” – notamment des pesticides et de l’eau.Au contraire, la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole qui défend une “réelle transition agroécologique”, s’est dite “extrêmement choquée”. La position du gouvernement constitue, selon elle, un “recul majeur” sur les questions environnementales “sans pour autant garantir des prix minimum” aux agriculteurs.- Agneau, tête de veau et grands patrons -Soucieux de tourner la page de la colère agricole, l’exécutif a mis en avant les engagements “honorés” depuis un an, avec notamment “500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales”, et la toute récente adoption de la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession.Comme toujours, élus et responsables politiques se sont succédé dans les allées. Le communiste Fabien Roussel a mangé une tête de veau au petit-déjeuner; l’écologiste Marine Tondelier a posé avec un agneau sur les genoux; l’eurodéputé d’extrême droite et président du Rassemblement national Jordan Bardella a multiplié les selfies.Tous ont globalement respecté la charte qui avait été mise en place pour mieux encadrer les visites politiques, se félicite M. Despey.Mercredi, plateau inédit: cinq patrons de la grande distribution, mais sans le leader du secteur E.Leclerc, ont présenté des “engagements” destinés à aider les agriculteurs sous l’impulsion de l’animatrice Karine Le Marchand.Cette initiative a laissé sceptique le secteur agro-industriel, qui a ironisé ou dénoncé un “coup de communication” avant la clôture samedi des négociations commerciales, particulièrement tendue cette année, entre la grande distribution et ses fournisseurs. Les supermarchés ont affirmé dimanche avoir obtenu en moyenne une “quasi-stabilité” des tarifs auxquels ils achèteront une grande partie de ce qui garnira leurs rayons en 2025.Les agro-industriels avaient eux demandé des hausses pour compenser l’augmentation des charges industrielles mais aussi de la matière première agricole.

En Californie, les menaces d’expulsions de Trump font trembler les travailleurs agricoles

La saison des semis est déjà bien entamée en Californie. Mais ces jours-ci, c’est surtout la peur qui prend racine dans la première région agricole des Etats-Unis: des milliers de travailleurs immigrés, habituellement employés dans les champs, redoutent d’être expulsés.”Nous devons nous cacher”, confie à l’AFP Lourdes Cardenas, une Mexicaine de 62 ans vivant à Fresno, dans le centre de l’Etat.”On ne sait pas si on va rencontrer la police de l’immigration. Nous ne pouvons être libres nulle part, ni dans les écoles, ni dans les églises, ni dans les supermarchés”, ajoute-t-elle, après 22 ans passés aux Etats-Unis. La rhétorique anti-immigration du président Donald Trump rend les immigrés “déprimés, tristes, anxieux”, résume-t-elle.Comme Mme Cardenas, plus de deux millions de personnes travaillent dans des exploitations agricoles aux États-Unis. La plupart sont nées à l’étranger, parlent espagnol et sont arrivées aux États-Unis il y a plus de 15 ans.Pourtant, 42 % d’entre eux n’ont pas d’autorisation de travail, selon les évaluations du gouvernement américain.Les descentes surprises effectuées en janvier par la police de l’immigration à Bakersfield, poumon agricole du centre de la Californie, ont fait froid dans le dos à la plupart des ouvriers.Elles ont rappelé que le pays qu’ils nourrissent depuis des décennies, et que certains d’entre eux considèrent comme leur patrie, a élu un homme qui veut se débarrasser d’eux.”Nous n’avions pas peur de la pandémie”, rappelle M. Cardenas, qui n’a pas cessé de travailler pendant l’épidémie de Covid-19. “Mais aujourd’hui, la situation se dégrade pour nous.”- Pression sur les salaires -S’ils limitent leurs sorties, les immigrés doivent survivre et ne peuvent pas arrêter de travailler.Mais la menace d’expulsions massives ne va pas se traduire par une augmentation du nombre d’emplois pour les Américains, contrairement aux promesses de Donald Trump, selon United Farm Workers, le plus grand syndicat de travailleurs agricoles.L’organisation estime que cela va créer une pression à la baisse sur les salaires de tout le secteur, car les sans-papiers, fragilisés, vont accepter de travailler pour encore moins d’argent.”Des milliers de personnes ont tellement peur d’être expulsées qu’elles sont prêtes à travailler pour bien moins”, pointe Antonio de Loera, un porte-parole du syndicat. “Ils ne vont pas dénoncer leurs problèmes de paie. Donc au final, cela va diminuer la valeur des travailleurs américains.”Pour les employeurs du secteur agricole, “c’est l’idéal”, poursuit-il. “Ils ont leurs travailleurs, mais ceux-ci ont tellement peur qu’ils ne s’organisent pas entre eux, qu’ils ne demandent pas d’augmentation de salaire, qu’ils ne signalent même pas les violations du droit du travail ou les conditions de travail dangereuses.”La vraie solution serait de régulariser les immigrés, selon lui.”Une fois qu’ils sont citoyens américains, nous sommes tous en concurrence sur un pied d’égalité”, rappelle-t-il.- Automatisation -L’incertitude qui pèse sur les travailleurs immigrés et les employeurs offre une opportunité aux entreprises de machines automatisées.A la World Ag Expo, la plus grande exposition agricole des États-Unis, qui s’est tenue récemment en Californie, l’entreprise OXBO a ainsi présenté un cueilleur de baies qui permettrait de réduire de 70% les besoins en main-d’œuvre pour la récolte.Ce genre de machine constitue une solution idéale pour réduire les coûts des chefs d’exploitation, et leur dépendance à la main d’œuvre immigrée, selon la société.”Il est de plus en plus difficile de trouver des personnes capables de faire ce travail, et il faut ajouter à cela le coût global de la main-d’œuvre”, explique Cory Venable, son directeur des ventes. “En disposant de ce type de technologie, nous pouvons donc réduire cette somme.””Au fil des ans, les défis liés à la main-d’œuvre sont de plus en plus difficiles à relever”, estime Gary Thompson, de Global Unmanned Spray System, une entreprise qui fabrique un épandeur d’engrais capable d’être piloté par une seule personne et de remplacer 10 à 12 tracteurs.”L’industrie agricole envisage vraiment l’automatisation, non pas comme une perspective pour le futur, mais comme quelque chose qui se produit maintenant”, insiste-t-il.Mais pour Lourdes Cardenas, ces machines ne pourront jamais remplacer la cueillette délicate, à la main, du raisins, des pêches et des prunes.”La machine va les détruire”, prévient-elle. “Nous les ouvriers agricoles, nous sommes indispensables.”

Une armée de mécanos d’Air France au service de 200 compagnies

Dans un immense hangar de maintenance d’Air France à l’aéroport de Paris Roissy, on se sent petit au pied de l’avion A350 baptisé Saint-Malo, mais ces jeunes mécaniciens savent l’apprivoiser, du moteur aux boutons de four défectueux. Ils sont 13.000 salariés dans le monde répartis dans 20 centres dont les plus gros situés dans les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy pour assurer le service de plus de 3.000 avions d’Air France-KLM, mais aussi de 200 autres compagnies aériennes, explique Gery Montreux, directeur général adjoint d’Air France Industries.La veille, Yanis Lasfar, mécanicien chez Air France depuis 2019, a remplacé un accumulateur du système de freinage du Saint-Malo. Ce jour de début février il monte à bord, où un apprenti fixe un siège avec un technicien, pour s’occuper d’un bouton du four de la cuisine. Son champ d’action? “Maintenance de l’avion, du global, cela peut être du moteur, des trains d’atterrissage…”Ce n’est qu’au “cerveau de l’avion” bardé de câbles et de serveurs qu’il n’a pas le droit de toucher, “c’est un autre métier”. – “Grosse machine” -A 27 ans, Kayze Camon a déjà 10 ans d’expérience chez Air France dont les deux dernières années dans la maintenance des Airbus.”Nos managers nous accompagnent pour qu’on évolue”, raconte Kayze Camon qui pour en arriver là avait suivi une formation de six mois après s’être occupé des toboggans sur un autre site de maintenance. Chaque intervention effectuée est signée, la personne qui l’a faite tamponne un papier et engage sa responsabilité. “C’est la première chose qu’on apprend”. “Il n’y a pas de fausses questions. Dans le cas de doute, on contacte le bureau technique d’Airbus. Si l’avion doit rester au hangar deux jours de plus, il restera deux jours de plus”, explique Vincent Annequin, technicien supérieur. Ici, on ne connaît pas de pénurie de pièces de rechange. S’il y en une qui manque au “magasin”, on la prélève sur un autre avion qui est en visite. “On a ce luxe de ne pas dépendre” des fournisseurs, souligne Vincent Annequin. “C’est une très grosse machine”, s’enthousiasme Yanis Lasfar. La maintenance est la seule activité qui a fonctionné à 100% pendant le Covid, ce qui a permis de faire rapidement démarrer les avions après le confinement. Air France possède même son propre banc d’essais à Roissy où sont testés les moteurs qui ont été réparés – jusqu’à 200 par an – qu’on certifie avant de les remettre dans les avions. Le test se passe “comme sur un avion” avec du carburant et de l’air pour démarrer le moteur. Un centre de données récolte tous les paramètres, explique Christophe Chatenet, responsable du site. – “Couture” et “cuisine” -Les problèmes d’approvisionnement persistent en revanche dans l’atelier des matériaux composites et sur le site du remontage des moteurs.  “Depuis le Covid, c’est cyclique, on a de temps en temps des grosses pénuries qui peuvent affecter notre flux. Certains chantiers attendent plusieurs mois jusqu’à un an”, raconte à l’AFP Alexandra Chardon, responsable de l’atelier.Ici on répare les nez d’avion, fortement soumis aux impacts d’oiseaux. Avec des gestes et matériaux qui évoquent les ateliers de couture et de cuisine. On découpe d’abord la zone endommagée, ensuite on la reconstruit dans un moule pour qu’elle garde sa forme aérodynamique. Les “couturiers” découpent un sac sous vide pour y placer des matériaux composites, l’appliquent sur le trou et envoient le tout cuire comme un gâteau à l’autoclave, un gros four.  Des gestes d’une grande technicité qui nécessitent au moins deux ans d’apprentissage. Kevin Normand est en train de les apprendre après avoir fait “un peu de restauration et de manutention”. “La mécanique et tout ce qui est manuel, ça m’intéresse depuis que je suis petit et je ne me voyais pas ranger des pâtes toute ma vie”.Avec l’augmentation du trafic aérien, l’industrie aéronautique manque de bras et met les bouchées doubles pour former ou recruter. “C’est un bon problème, la branche industrielle est très dynamique” avec de nouvelles compagnies aériennes qui font de la maintenance chez Air France, souligne Emmanuel Guérin, responsable du remontage des moteurs à Orly où l’on a besoin dès cette année de 80 mécaniciens de plus. “Il faut qu’on recrute entre 350 et 400 personnes tous les ans en production” dans la maintenance, un marché qui croît de près de 4% par an, conclut Gery Montreux.

Après la colère, une édition 2025 apaisée du Salon de l’agriculture

Le Salon international de l’agriculture (SIA) ferme ses portes dimanche, au terme d’une 61e édition apaisée, contrastant nettement avec les tensions de l’an dernier et l’expression d’une colère profonde du monde agricole.- Un Salon apaisé -Ils sont venus voir les taureaux de concours, monter dans la moissonneuse-batteuse, découvrir l’ail de la Drôme ou le rhum de Martinique… Des centaines de milliers de visiteurs ont parcouru les allées de la plus grande ferme de France, installée pendant neuf jours au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.Un premier bilan chiffré de la fréquentation sera donné dimanche soir, mais les organisateurs sont d’ores et déjà satisfaits de l’affluence et de la bonne tenue du Salon, dont le Maroc était l’invité d’honneur.Après les huées et les violences qui avaient entouré la venue d’Emmanuel Macron en 2024, en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un “revenu décent” et de la “considération”, la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon.Samedi dernier, il a arpenté douze heures durant les allées, sacrifiant au passage obligé devant le box de Oupette, la vache Limousine égérie du salon.- Souveraineté alimentaire -Emmanuel Macron s’est posé en défenseur des agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être “la variable d’ajustement” du pouvoir d’achat ou d’accords commerciaux, comme celui récemment passé entre l’Union européenne et des pays du Mercosur.Face à des syndicats inquiets, le président s’est engagé à tout faire “pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne” dans un monde instable où Pékin, Trump ou Poutine peuvent faire trembler les secteurs des vins, cognacs, fromages ou blés français.”On est frappés, on va devoir réagir”, déclarait quelques jours plus tard le commissaire européen à l’Agriculture Christopher Hansen en visite au Salon, après la menace américaine d’imposer des droits de douane de 25% à l’Europe.Après le président Macron, c’est aussi une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un “réarmement” qu’a défendue la ministre de l’Agriculture Annie Genevard: “La France doit produire plus pour manger mieux (…), produire plus pour rester une puissance exportatrice”.Cette vision a largement satisfait le premier syndicat agricole FNSEA, comme son rival de la Coordination rurale, qui n’ont de cesse de plaider pour moins de contraintes et de normes, et plus de “moyens de production” – notamment des pesticides et de l’eau.Au contraire, la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole qui défend une “réelle transition agroécologique”, s’est dite “extrêmement choquée”. La position du gouvernement constitue, selon elle, un “recul majeur” sur les questions environnementales “sans pour autant garantir des prix minimum” aux agriculteurs.En signe de protestation contre la possible réintroduction en France d’un insecticide néonicotinoïde, toxique pour les pollinisateurs, des militants de la Confédération ont déversé vendredi des sacs d’abeilles mortes sur le stand de Phyteis, lobby de l’industrie des pesticides.- Agneau, tête de veau et grands patrons -Soucieux de tourner la page de la colère agricole, l’exécutif a mis en avant les engagements “honorés” depuis un an, avec notamment “500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales”, et la toute récente adoption de la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession.Si “tous les problèmes ne sont pas résolus”, le Premier ministre François Bayrou a salué un “climat très positif”.Comme toujours, élus et responsables politiques se sont succédé dans les allées. Le communiste Fabien Roussel a mangé une tête de veau au petit-déjeuner; l’écologiste Marine Tondelier a posé avec un agneau sur les genoux; l’eurodéputé d’extrême droite et président du Rassemblement national Jordan Bardella a multiplié les selfies.Le salon a aussi permis de renouer un “dialogue” entre l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Coordination rurale (CR), qui avait auparavant appelé à la suppression de cette police de l’environnement.Mercredi, plateau inédit: cinq patrons de la grande distribution, mais sans le leader du secteur E.Leclerc, ont présenté des “engagements” destinés à aider les agriculteurs sous l’impulsion de l’animatrice Karine Le Marchand.Cette initiative a laissé sceptique le secteur agro-industriel, qui a ironisé ou dénoncé un “coup de communication”, alors que parallèlement, le gouvernement regrettait “une tension extrême” dans la dernière ligne droite des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs.

Négociations commerciales: les supermarchés annoncent une “quasi-stabilité” des tarifs

A l’issue des négociations entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels, les supermarchés ont affirmé dimanche avoir obtenu en moyenne une “quasi-stabilité” des tarifs auxquels ils achèteront une grande partie de ce qui garnira leurs rayons en 2025.”Les négociations sont finies”, a affirmé la déléguée générale de la fédération patronale des supermarchés (FCD) Layla Rahhou, dans un communiqué transmis à l’AFP. “L’atterrissage montre une quasi-stabilité qui sera bénéfique aux consommateurs après les années d’inflation que nous avons connues”, assure-t-elle.Selon cette dernière, “tout est signé à quelques rares exceptions près”, même si “les grandes multinationales ont joué la montre” dans ces négociations qui se sont achevées samedi.Le tarif d’achat a un impact sur le prix de vente final au consommateur, mais celui-ci est fixé librement par la distribution, en fonction de la marge plus ou moins élevée qu’elle décide de prendre sur chaque produit. L’AFP a par exemple consulté un graphique sur la différence entre le prix d’achat au fournisseur et celui du prix facturé au consommateur par un des distributeurs français. Le prix d’achat au fournisseur représente “en moyenne 72%” du prix de vente, selon cette source.Concrètement, pour un prix en rayon de 2,50 euros (hors taxe), le prix d’achat hors taxe au fournisseur serait de 1,80 euros. La marge de 0,70 euros est utilisée pour payer les frais de personnel (23 centimes), la logistique (11 centimes), les loyers (6 centimes), l’énergie (2 centimes)… Pour un bénéfice effectif d’un peu plus de 5 centimes, soit 2%.Les supermarchés font généralement peu ou pas de marge sur certains produits bien connus et comparables, le pot de Nutella de Ferrero ou la bouteille de Coca-Cola par exemple: les clients ont tendance à se baser sur ces produits pour déterminer quelle enseigne est la mieux-disante sur les prix en général.- “SRP+10” -Sauf exceptions, les magasins n’ont pas le droit de vendre à perte. Dans le cas de l’alimentaire, ils doivent même prendre une marge minimale de 10% depuis fin 2018.Cette disposition d’encadrement du “seuil de revente à perte” (dit SRP+10), adoptée dans le cadre des lois Egalim censées protéger le revenu des agriculteurs dans les négociations entre distribution et industriels, a coûté “plusieurs milliards d’euros” aux consommateurs, “sans impact sur le revenu agricole”, a récemment regretté l’association UFC-Que Choisir.Malgré cela, un consensus existe entre syndicats agricoles, industriels et grande distribution sur son maintien et le gouvernement prévoit de prolonger sa mise en place “pour trois ou quatre ans” dès le mois d’avril, a dit mercredi sur Public Sénat le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.Il a aussi précisé que la nouvelle révision des lois Egalim dans leur ensemble était attendue “avant l’été ou juste après l’été”.Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, les parlementaires se sont penchés à plusieurs reprises sur ces négociations tendues et leur impact sur la rémunération des agriculteurs, même si la grande distribution n’est qu’un des débouchés de la production agricole, à hauteur d’un gros tiers selon la FCD.- Sanctions en 2024 -Ces travaux législatifs prévoient notamment une “sanctuarisation de la matière première agricole” dans la négociation, pour éviter que le prix payé à l’agriculteur ne serve de variable d’ajustement.Mais les distributeurs manquent de visibilité sur “le montant de la matière première agricole” dans les box de négociation, a assuré dimanche Layla Rahhou, de la FCD. La loi Egalim “a été respectée, mais elle doit évoluer et imposer vraiment la transparence sur la matière agricole”.Des industriels ont de leur côté accusé les supermarchés de ne pas respecter ces lois, notamment en négociant depuis l’étranger le tarif, mais aussi la place en rayons ou le calendrier promotionnel par exemple.Les distributeurs assurent négocier à l’étranger pour un meilleur rapport de force face aux géants comme Mondelez ou Nestlé.Lors des négociations pour 2024, les centrales d’achat internationales de E.Leclerc et Carrefour, les deux premiers distributeurs français en parts de marché, ont été sanctionnées par la Répression des fraudes (DGCCRF) pour n’avoir pas respecté la date butoir des négociations.

A Strasbourg, l’IA co-crée sac à main et robe de soirée

Et si les chaussures que vous portiez avaient été conçues grâce à une intelligence artificielle (IA) générative? A Strasbourg, la start-up française Imki élabore des modèles d’IA pour des marques de prêt-à-porter afin d’accélérer le processus de création.Séduits par cette promesse, Jonak, Kiabi, Ba&sh, Jules ou encore The Kooples ont sauté le pas et mis au point des collections capsules avec la jeune pousse. “Denim”, “noir”, “minimaliste”, “chic”… Aurélie Pello tape des mots clés précis dans le logiciel dopé à l’intelligence artificielle et, en quelques secondes, surgit sur son écran une image extrêmement réaliste du vêtement: un jean oversize avec des plis.”Je peux faire quatre images par minute”, explique à l’AFP la directrice artistique et ingénieure en IA chez Imki à Schiltigheim, en banlieue de Strasbourg, dans l’ancienne école où s’est installée l’entreprise. Aurélie Pello doit toutefois spécifier certaines limites à la machine pour qu’elle ne s’égare pas. “Le mot +saumon+, sans contexte, l’IA ne saura pas si c’est un poisson ou si c’est une couleur”, détaille-t-elle. “Au début, on avait des robes avec des écailles roses”. Un souci rapidement corrigé en indiquant dans une case au logiciel de ne pas générer d’animal.”Oui, l’intelligence artificielle peut faire des erreurs”, reconnaît la styliste. “Mais, sur un simple dessin, vous n’aurez jamais cette capacité de projection de la matière ou du tomber des volumes”.- Moins de surstock -Ces rendus hyperréalistes permettent de limiter le nombre d’allers-retours entre l’atelier de confection et la cellule design, accélérant la prise de décision et la réalisation de prototypes.Un processus qui peut habituellement durer de six à huit mois.A l’occasion du salon VivaTech l’année dernière, Imki a par exemple présenté une collection denim avec trois silhouettes, composée de six pièces, réalisée grâce à l’IA en moins de 21 jours. Et ce, alors que “c’est le textile le plus compliqué”, soutient Eric Gehl, directeur des opérations de la start-up. “Comme vous allez plus vite mettre le produit en boutique, vous êtes plus proche de la tendance et de la demande client, et donc potentiellement de l’acte d’achat”, limitant le surstockage et les pertes associées, souligne de son côté Frédéric Rose, fondateur d’Imki.Sacs à main à strass et fausse fourrure noire, robe pailletée ou blousons, les pièces de la collection The Kooples ont été commercialisées l’automne dernier tout comme celles réalisées pour la marque de prêt-à-porter masculin Jules. Ces dernières comportent même une étiquette indiquant qu’elles ont été conçues avec de l’IA. – Réticences  -Mais certaines marques, plus frileuses, préfèrent rester au stade expérimental voire ne pas communiquer sur leur collaboration avec Imki et leur usage de l’intelligence artificielle. “Dans les studios de mode, l’arrivée des ordinateurs et des tablettes graphiques avait créé un remue-ménage”, raconte à l’AFP Thibaut Ledunois, chargé de l’entrepreneuriat à la Fédération française du prêt-à-porter féminin. “Cette réticence, on la voit à chaque nouveauté technologique”. L’IA “ne remplace pas un designer ni un créateur”, il s’agit simplement “d’un outil au service de l’efficacité et de l’augmentation de la créativité”, veut rassurer Eric Gehl.Reste la question sensible des données des entreprises nécessaires à l’entraînement et à la spécialisation des modèles d’IA d’Imki pour générer des visuels au plus près de l’ADN d’une marque. “Nous traitons les données de nos clients de façon sécurisée, sur nos propres infrastructures”, affirme M. Gehl.L’accès à certaines données propriétaires comme les patrons est toutefois encore “difficile à obtenir”, admet Florent Michel, directeur technique d’Imki.  Pour autant, la start-up, qui compte une vingtaine d’employés et cherche à lever des fonds, ne compte pas s’arrêter là. “Le monde du luxe est sur notre calendrier dans les mois qui viennent”, glisse Eric Gehl.