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Ports africains: Bolloré visé par une plainte pour recel et blanchiment

Un collectif panafricain a déposé plainte contre le groupe Bolloré, le milliardaire français Vincent Bolloré et son fils Cyrille pour recel et blanchiment d’actifs dans le cadre de plusieurs concessions portuaires gérées par l’entreprise jusqu’à la cession de ses activités africaines en 2022, a appris l’AFP mercredi.Financement de campagnes électorales, responsables politiques nommés administrateurs des filiales du groupe, contrats attribués sans appels d’offres: ces pratiques, documentées dans au moins cinq pays africains, “constituent vraisemblablement la face émergée d’un système” Bolloré, affirment les plaignants.Emblématique du groupe Bolloré, sa branche logistique en Afrique employait plus de 20.000 personnes dans plus de 20 pays sur le continent africain et possédait notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.De façon inédite, une dizaine d’associations basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, rassemblées au sein du collectif “Restitution pour l’Afrique (RAF)” et soutenues par un consortium international d’avocats, dénoncent la manière dont le groupe Bolloré y a obtenu puis géré des concessions portuaires majeures ces vingt dernières années.Le recel présumé concerne les activités du groupe au Cameroun, Ghana et Côte d’Ivoire, selon la plainte consultée par l’AFP. S’ajoutent le Togo et la Guinée pour le chef présumé de blanchiment.Sollicité par l’AFP, le groupe Bolloré n’avait pas réagi dans l’immédiat.Dans le cas des ports de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée), la justice française, déjà saisie depuis 2013, soupçonnait le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour aider frauduleusement les campagnes présidentielles 2010 de Faure Gnassingbé et Alpha Condé, au bénéfice d’une filiale phare de l’époque, Bolloré Africa Logistics.Le groupe a négocié un accord en vertu duquel il s’est acquitté d’une amende de 12 millions d’euros contre l’abandon des poursuites. En revanche, le parquet financier a requis en 2024 un procès pour corruption et complicité d’abus de confiance contre Vincent Bolloré.”Le groupe a déjà reconnu qu’il y avait une partie de ces activités qui avaient eu lieu. Est-ce que c’est l’arbre qui cache la forêt?”, interroge l’avocat parisien Antoine Vey.Concernant les ports de Douala et Kribi (Cameroun), Tema (Ghana) et Abidjan (Côte d’Ivoire), la nouvelle plainte vise des faits présumés de “recel” de favoritisme, de trafic d’influence ou encore de prise illégale d’intérêt, des infractions qu’auraient commises des responsables politiques ou administratifs locaux, mais grâce auxquelles le groupe aurait sciemment obtenu des concessions de terminaux à conteneurs.- Cibler “le corrupteur” -Un rapport de la commission nationale anti-corruption du Cameroun, cité dans la plainte, évoque par exemple 60 millions d’euros de redevances et d’amendes collectées par le groupe Bolloré dans le cadre de ses concessions à Douala et Kribi, et qu’il aurait “retenus” au lieu de les reverser à l’Etat.Au Ghana, en 2014, le consortium Bolloré/Maersk aurait par ailleurs convaincu le président John Dramani Mahama “d’attribuer le contrat du port de Tema à sa société ad hoc, Meridian Port Service, de manière secrète et sans appel d’offres”, alors que 56 entreprises étaient déjà positionnées, toujours selon la plainte. La méthode retenue pour calculer la durée d’exploitation du port aurait en outre conduit à “une perte nette de 4,1 milliards de dollars pour le Ghana”.En 2003, l’attribution du terminal à conteneurs d’Abidjan par le président Laurent Gbagbo de gré à gré pour 15 ans, avait également suscité l’indignation de l’opposition ivoirienne, le directeur pays de la Banque mondiale évoquant alors “un contrat qui déroge fondamentalement aux principes de la bonne gouvernance”, ajoutent les plaignants.L’autre volet de la plainte porte sur le supposé “blanchiment” des profits issus des concessions obtenues de manière présumée frauduleuse dans les cinq pays précités. Regroupées au sein de Bolloré Africa Logistics, ces concessions constituent selon les plaignants “une part substantielle de la valeur d’entreprise de cette filiale, laquelle a été cédée en 2022 pour un montant de 5,7 milliards d’euros” à l’armateur italo-suisse MSC.”Cette plainte se focalise sur les corrupteurs, c’est-à-dire ceux par lesquels, en fait, l’argent est injecté dans des territoires dans lesquels, après, il est blanchi”, alors que les affaires dites de “Biens mal acquis” ont jusque-là essentiellement ciblé des dirigeants africains s’étant enrichis personnellement, souligne Me Vey auprès de l’AFP.L’objectif? “Cibler l’argent sale qui a été perçu par le corrupteur et le restituer aux peuples africains qui ont été lésés”, explique Jean-Jacques Lumumba, à la tête du collectif RAF.Cet argent, dit-il, “c’est moins d’hôpitaux, moins d’écoles, moins de routes, moins de projets d’infrastructures. Et c’est un avenir qu’on est en train d’enlever à nos jeunes”.Les plaignants espèrent ainsi voir s’appliquer la loi française de 2021 qui permet de financer des projets de développement dans des pays étrangers grâce aux avoirs saisis dans des affaires de “biens mal acquis”.

Retraites: la CFDT veut définir de “nouvelles règles” pour le conclave

La CFDT participera à la poursuite des négociations prévue jeudi entre partenaires sociaux sur les retraites mais le conclave ne peut pas continuer “tel qu’il existe”, a prévenu mercredi la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon.Le Premier ministre François Bayrou, en écartant la possibilité d’un retour à 62 ans de l’âge de départ à la retraite, “a rompu le contrat, dont acte”. “Jeudi, on va donc se retrouver parmi ceux qui ont envie de travailler et on va définir des nouvelles règles et des nouveaux sujets”, a-t-elle déclaré sur BFMTV/RMC.La poursuite des négociations bat de l’aile depuis les déclarations de François Bayrou dimanche qui a répondu “non” à une question sur un retour à la retraite à 62 ans, donnant l’impression de préempter l’issue des discussions.Le Premier ministre a maintenu ses propos mardi à l’Assemblée nationale en déclarant qu’il ne jugeait “pas possible” d’abroger la mesure phare de la réforme des retraites de 2023, qui a décalé l’âge de départ à 64 ans.A la suite de ces propos, la CGT a décidé mardi de proposer à ses instances de “quitter les concertations” et pourrait rejoindre Force ouvrière qui avait claqué la porte dès le 27 février, dénonçant une mascarade.Côté organisations patronales, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a également quitté le “conclave” mardi, voyant dans ces négociations un “jeu de dupes”.La CFDT “ira jeudi pour dire +on arrête le conclave retraites tel qu’il existe là, tel qu’il a démarré+”, a déclaré Marylise Léon, précisant s'”affranchir de la lettre de la lettre de cadrage qui a été posée”.Pour la numéro un de la CFDT, premier syndicat français, “c’est le moment de se dire qu’il faut un peu siffler la fin de la récréation”. “On est aujourd’hui dans un moment extrêmement important pour les travailleurs et les travailleuses et ils ont besoin d’avoir des représentants qui agissent en responsabilité”, a-t-elle ajouté, estimant être “peu la seule adulte dans la pièce”. Elle a notamment épinglé “un gouvernement qui change les règles du jeu des organisations qui décident de partir” et “un patronat qui reste mais qui boude dans son coin et qui ne fait aucune proposition.””Nous, on veut discuter de l’âge, de l’âge de départ. C’est le cœur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, a-t-elle souligné. 

La Malaisie face à des défis de taille pour devenir la nouvelle Silicon Valley

La Malaisie consent de gros efforts pour devenir un acteur majeur de l’industrie mondiale des semi-conducteurs afin de capitaliser sur une forte augmentation de la demande générée par l’intelligence artificielle (IA) mais face à des défis de taille, la partie est loin d’être gagnée, estiment les analystes.La signature d’un accord majeur avec le géant britannique des puces Arm début mars est la dernière étape vers la réalisation de l’objectif du pays d’Asie du Sud-Est de produire ses propres puces à haute valeur ajoutée dans les cinq à sept prochaines années.La Malaisie est déjà un acteur de premier plan de l’industrie des semi-conducteurs, l’île de Penang (nord-ouest) étant même surnommée la “Silicon Valley de l’Orient”. Mais son rôle se limitait jusqu’ici au conditionnement, à l’assemblage ou au test des puces. Le royaume qui ambitionne de rivaliser avec les principaux géants régionaux tels que Taïwan, la Corée du Sud et le Japon se heurte cependant à sérieuses contraintes internes telles que la pénurie de talents, des problèmes de financement et d’autres lacunes dans la chaîne d’approvisionnement.”Nous manquons encore de talents, car notre enseignement supérieur est moins préparé à produire des diplômés dotés des compétences adéquates”, explique à l’AFP Shafiq Kadir, analyste chez CGS International.Pour Wong Siew Hai, président de l’Association malaisienne de l’industrie des semi-conducteurs, le pays fait face à une “pénurie de personnes adaptées disposant de l’expérience et des compétences spécifiques”.”Nous perdons en moyenne 15% de nos talents dans l’industrie des semi-conducteurs chaque année à cause de la fuite des cerveaux”, déplore M. Wong, alors que des Malaisiens expérimentés choisissent de travailler à l’étranger pour de meilleurs salaires et opportunités.Aux termes de l’accord conclu avec Arm, société détenue par le groupe japonais Softbank, la Malaisie versera 250 millions de dollars (228 millions d’euros) à Arm sur dix ans pour un transfert de technologies.L’accord prévoit également la formation de 10.000 ingénieurs locaux aux technologies des semi-conducteurs, tandis qu’Arm ouvrira son premier bureau dans la région à Kuala Lumpur.- “Eléphants blancs” -Pour Farlina Said, spécialiste des cyber-technologies à l’Institute of Strategic and International Studies (ISIS) à Kuala Lumpur, “construire l’infrastructure sans un nombre suffisant d’acteurs peut créer des éléphants blancs pour le secteur”.”Pour augmenter la chaîne de valeur, la Malaisie doit d’abord trouver des moyens pour du transfert de connaissances afin de développer les capacités locales”, estime-t-elle.”Ensuite, il faut des fonds pour développer l’écosystème autour du transfert de connaissances. Cela inclut des transferts de technologie, des viviers de talents et la pérennité de la recherche et développement, ajoute-t-elle.L’effort de 5,3 milliards de dollars (4,8 milliards d’euros) du gouvernement au cours de la prochaine décennie pour développer le secteur des semi-conducteurs est faible par rapport aux investissements publics de la Chine ou des États-Unis, relève de son côté M. Wong.- objectif 270 milliards de dollars en 2030 -La Malaisie ne part cependant pas de zéro et constitue depuis longtemps un acteur clé du secteur des puces électroniques, avec des infrastructures sur l’île de Penang.Des multinationales “comme Intel et AMD disposent toutes deux d’activités de conception de circuits intégrés à Penang”, souligne M. Shafiq pour qui le pays est “en mesure de bénéficier de cette situation, car davantage de capitaux et d’attention sont consacrés à la conception de circuits intégrés”.Selon l’entreprise allemande Bosch, la Malaisie représente environ 13% de la production mondiale de produits finis.Quant aux exportations de semi-conducteurs de la Malaisie, elles sont Le logo de ARM sur une de ses puces. Photo prise à Kuala Lumpur le 4 mars 2025évaluées à 387,98 milliards de ringgits (87,4 mds USD, 80,4 mds EUR) en 2024, par la Malaysia External Trade Development Corporation, faisant du pays l’un des 10 premiers exportateurs de puces au monde.Ojectif de l’Association malaisienne de l’industrie en 2023: porter ce chiffre à 270 mds USD (248 mds EUR), ce qui, selon Wong, permettrait au pays de “maintenir sa position relative dans le monde” en tant que l’un des premiers exportateurs de semi-conducteurs.

La ministre du Logement Valérie Létard veut serrer la vis des diagnostiqueurs de performance énergétique

Pour rendre le diagnostic de performance énergétique (DPE) “irréprochable”, la ministre chargée du Logement Valérie Létard a annoncé mercredi une série de dix mesures pour mieux encadrer les diagnostiqueurs. Le DPE est “un outil essentiel pour définir le niveau de qualité d’un bien au regard de sa consommation énergétique, des factures qu’il va générer en terme de chauffage (…) et de l’impact qu’il a sur le climat” et doit être “irréprochable”, a déclaré Valérie Létard sur TF1.Le DPE donne une note de A (la meilleure) à G (la plus médiocre) et prend en compte un certain nombre de paramètres, comme l’isolation des murs et du toit, le système de chauffage, la présence de logements mitoyens, etc. Cette note est de plus en plus déterminante pour fixer la valeur d’un bien immobilier à vendre, elle est prise en compte dans l’octroi d’aides à la rénovation énergétique et si elle est trop basse, elle empêche la location du logement.”On fait chaque année 4 millions de DPE”, parmi lesquels “à peu près 70.000” sont frauduleux ou “de complaisance”, a détaillé la ministre. “C’est peu, c’est 1,7%” des DPE.  Pour “mieux repérer et mieux contrôler”, Valérie Létard souhaite utiliser l’intelligence artificielle et la base de données de DPE de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et relier chaque diagnostiqueur et chaque DPE à un QR code. Ces QR codes permettront aux propriétaires de vérifier sur le site de l’Ademe que leur “DPE remplit toutes les conditions” et que le diagnostiqueur n’a pas été radié, ce qui est le cas de 500 professionnels sur les 10.000 actifs en France actuellement.Les contrôles de diagnostiqueurs vont être multipliés par quatre, avec une inspection par an pour chacun et les sanctions seront plus sévères: jusqu’à deux ans d’interdiction d’exercer en cas de fraude, contre 6 mois actuellement. Pour limiter les pressions qu’un propriétaire peut faire peser sur un diagnostiqueur, le DPE sera délivré de façon dématérialisée le soir ou le lendemain de la visite dans le logement. Valérie Létard a aussi annoncé lancer une mission parlementaire pour examiner s’il est utile de créer un ordre pour les diagnostiqueurs.Le gouvernement souhaite également mieux contrôler les organismes de certification et de formation des diagnostiqueurs, pour éviter les conflits d’intérêts, a indiqué le ministère à l’AFP. Concernant les aides à la rénovation énergétique, la ministre a rappelé sur TF1 que “229 millions d’euros de fraude” ont été évités en 2024, via la détection de “44.000 dossiers frauduleux de demandes de MaPrimeRénov'”. 

Face aux turbulences, la Fed encline à attendre d’y voir clair avant de bouger ses taux

La Réserve fédérale (Fed) américaine devrait laisser ses taux inchangés mercredi à l’issue de sa deuxième réunion depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le temps que le brouillard se dissipe sur les effets de ses politiques.Les acteurs de la finance, qui s’attendent à un maintien des taux à leur niveau actuel, vont guetter ce que pensent désormais les responsables de la banque centrale de la trajectoire de la première économie mondiale.Vont-ils réduire leur prévision de croissance, anticiper une inflation plus élevée, un chômage accru ?En quelques semaines, depuis la dernière réunion de la Fed fin janvier, le panorama a singulièrement évolué.Les entreprises ont commencé à encaisser de nouvelles taxes sur les importations, les consommateurs à surveiller de près leur porte-monnaie, et les investisseurs à sérieusement douter que les Etats-Unis puissent sortir sans dommages de l’essoreuse enclenchée par le président Donald Trump.Outre son offensive exponentielle, ponctuée de revirements, sur les droits de douane, le chef de l’Etat investi le 20 janvier a lancé le milliardaire Elon Musk à l’assaut de l’Etat fédéral, pour tailler dans les dépenses et faire fondre le nombre de fonctionnaires.Jusque-là, face à une économie florissante et un taux de chômage faible, la Fed s’était surtout focalisée sur la lutte contre l’inflation, encore au-dessus de sa cible de 2% (à +2,5% sur un an en janvier, par rapport au pic de 7,2% en juin 2022, selon l’indice PCE privilégié par la banque centrale).Mais les spécialistes anticipent désormais un rebond de l’inflation – ce qui implique en principe que la Fed augmente ses taux d’intérêt pour la freiner -, en même temps qu’un refroidissement de l’économie – ce qui plaide pour une baisse de taux afin de relancer la machine.Dans l’immédiat, “nous n’avons pas besoin de nous presser, et sommes bien placés pour attendre plus de clarté” sur les changements politiques en cours, a déclaré le président Jerome Powell le 7 mars, fermant la porte à toute variation des taux à court terme.Ils sont depuis décembre dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.- “Chaos” -“Il n’y aura pas de variation des taux directeurs, et il y a une bonne raison à cela: c’est la politique la plus appropriée en ce moment, car on ne sait pas vraiment jusqu’où les droits de douane vont aller et pour combien de temps”, remarque auprès de l’AFP l’ancien président de la Fed de Boston Eric Rosengren. “Il est donc très difficile d’estimer l’impact sur l’inflation ou l’emploi”, ajoute-t-il. “Que pense le FOMC (Comité de politique monétaire) du chaos autour des droits de douane provoqué par Washington ?” s’interroge dans une note Matt Colyar, économiste pour Moody’s Analytics.Il pense que les projections économiques des responsables de la Fed en donneront une idée, sachant que les précédentes remontent à décembre, et que, “depuis, le contexte économique des Etats-Unis a radicalement changé”.Il s’attend à une prévision de croissance révisée à la baisse et à ce que le rythme de l’inflation soit réévalué à la hausse.Les initiatives du président désorientent jusqu’à l’économiste Michael Strain, du centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute.Favorable à plusieurs pans de son programme (baisses d’impôts, dérégulation, réduction du poids de l’Etat fédéral…), il vient de qualifier de “catastrophe” sa gestion de la politique économique.”Il était auparavant inconcevable qu’un président – y compris Trump pendant son premier mandat – fasse délibérément autant de mal à l’économie”, a-t-il écrit sur son blog. “Heureusement que Trump a hérité d’une économie solide”, a-t-il relevé, estimant qu'”il en faudrait beaucoup pour faire plonger l’économie en récession” et que le président peut encore “regagner la confiance des investisseurs et des consommateurs” d’ici là.

L’Equateur réduit ses exportations de pétrole après une grave fuite d’hydrocarbures

La compagnie pétrolière publique équatorienne Petroecuador a déclaré mardi en situation d’urgence son principal oléoduc et a réduit ses exportations de brut en raison d’une fuite qui a gravement pollué plusieurs rivières et privé d’eau potable des dizaines de milliers d’habitants du nord-ouest du pays.Petroecuador a annoncé qu’elle suspendait ses exportations de brut de la variété Oriente (l’une des deux que produit le pays avec la variété de moindre qualité Napo) pour cas de force majeure, une cause qui devrait lui éviter de se voir infliger des pénalités par ses clients pour violation de contrat.La déclaration d’urgence “ne dépassera pas 60 jours et vise (…) à allouer toutes les ressources nécessaires pour minimiser l’impact de ce cas de force majeure sur l’exploration, l’exploitation, le transport et la commercialisation des hydrocarbures”, a déclaré la compagnie dans un communiqué.Provoquée le 13 mars par un glissement de terrain, la fuite a libéré dans la nature des dizaines de milliers de barils de pétrole brut qui ont pollué au moins cinq cours d’eau, dont le fleuve Esmeraldas, et la côte de l’océan Pacifique.”Nous parlons de 500.000 personnes affectées”, a déclaré à la télévision Teleamazonas Vicko Villacis, le maire d’Esmeraldas, capitale de la province du même nom. Il a estimé la quantité de pétrole déversée à environ 200.000 barils.Petroecuador, de son côté, n’a pas fourni d’estimation.- Mélange de pétrole et d’eau -En raison de la pollution, “il n’y a pas de formes de vie dans l’eau” des rivières Caple et Viche où “circule un mélange de pétrole et d’eau”, a indiqué le biologiste marin Eduardo Rebolledo, de l’Université catholique d’Esmeraldas, à la chaîne de télévision Ecuavisa.Or dans cette zone où “le service d’eau potable est limité, les gens dépendent beaucoup des rivières”, souligne-t-il. Des milliers d’habitants vivent notamment de la pêche. Amarrés, certains bateaux de pêche et leurs filets étaient couverts de pétrole, a constaté l’AFP.”Si cela continue ainsi, on ne pourra plus pêcher”, s’inquiète Luis Cabezas, un habitant de Rocafuerte.Les autorités ont déclaré dimanche l’état d’urgence environnementale dans toute la province et notamment dans une zone protégée abritant plus de 250 espèces animales, en particulier des loutres, des singes hurleurs, des tatous, des frégates et des pélicans.L’entreprise publique Petroecuador, responsable de l’oléoduc, a recours à des camions-citernes pour récupérer le pétrole déversé dans la localité de Quinindé.Trois navires transportant de l’eau potable sont attendus au port d’Esmeraldas, selon la société.Vendredi, Petroecuador avait annoncé l’activation d’un plan pour contrôler la fuite sur l’oléoduc endommagé, qui fait partie du réseau transéquatorien (SOTE) acheminant l’or noir dans le pays depuis l’Amazonie.L’Equateur produit quelque 475.000 barils de pétrole par jour, l’un de ses principaux produits d’exportation qui lui ont rapporté 8,6 milliards de dollars en 2024.

La Banque du Japon maintient inchangés ses taux, sur fond d'”incertitudes” économiques

La Banque du Japon (BoJ), qui a entamé en 2024 une normalisation de sa politique monétaire, a laissé mercredi ses taux inchangés, conformément aux attentes et malgré une inflation persistante, pointant les incertitudes sur la conjoncture économique mondiale.L’institution, au terme d’une réunion de deux jours, a maintenu à 0,5% son taux directeur, qu’elle avait relevé en janvier lors de sa précédente décision.La BoJ se montre prudente, soulignant les conséquences potentielles de la guerre commerciale tous azimuts déclenchée par le président américain Donald Trump. Les Etats-Unis ont notamment ciblé directement les exportations d’acier nippones.”Concernant les risques pesant sur nos perspectives, de grandes incertitudes subsistent quant à l’activité économique au Japon, notamment l’évolution de la situation commerciale (…) et celle des prix des matières premières”, a-t-elle souligné dans un communiqué.”Je suis préoccupé par l’incertitude entourant l’évolution de l’économie et des prix à l’étranger”, avait déjà déclaré la semaine dernière le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, alors que les tensions commerciales pourraient plomber la croissance mondiale.Ce statu quo de la politique monétaire était largement anticipé par les marchés.Après une hausse de 0,25 point de pourcentage en janvier, “la BoJ entend évaluer l’impact des récents changements de sa politique monétaire sur l’économie avant de prendre sa prochaine décision”, soulignait Stefan Angrick, de Moody’s Analytics, avant l’annonce.”Parallèlement, la vague de mesures douanières et de menaces de Washington ont maintenu les marchés financiers sous tension, ce qui renforce pour la BoJ les raisons de rester immobile”, a-t-il ajouté.D’ailleurs, dans un environnement économique et commercial planétaire précaire et volatil, les banques centrales britannique et américaine devraient également opter cette semaine pour le statu quo.Afin de contrer le retour de l’inflation au Japon depuis deux ans et demi, la BoJ a entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante où ils étaient restés quasi-nuls.L’institution les a relevés par deux fois l’an dernier, puis à nouveau en janvier.- Revalorisation salariales -De l’avis des analystes, elle devrait reprendre ses relèvements de taux plus tard dans l’année.”Le cycle de resserrement de la Banque est encore loin d’être terminé (…) il existe une forte probabilité d’une hausse des taux lors de la réunion de mai de la Banque”, a ainsi réagi Marcel Thieliant, de Capital Economics.”Après tout, l’inflation est bien supérieure à l’objectif de 2% fixé par la BoJ (…) et les négociations salariales du printemps ont abouti à des hausses de salaires encore plus importantes que l’an dernier, ce qui devrait entraîner de nouvelles pressions à la hausse sur l’inflation au cours des prochains mois”, explique-t-il.Ainsi les prix à la consommation au Japon (hors produits frais) ont gonflé de 3,2% sur un an en janvier, au plus haut depuis un an et demi, très au-delà de la cible des 2%, sur fond d’envolée des prix des céréales et de l’énergie.Les prix du riz, qui ont encore enregistré une envolée record de 71,8% sur un an en janvier, “devraient rester à des niveaux élevés en 2025” en dépit des mesures gouvernementales pour limiter cette hausse, reconnaît la Banque.La BoJ a par ailleurs noté mercredi “une amélioration modérée de la situation de l’emploi et des salaires” — un élément clef pour sa politique monétaire.La puissante Confédération japonaise des syndicats de travailleurs (Rengo) a ainsi obtenu, dans le cadre des négociations annuelles, une augmentation moyenne de 5,46% des salaires pour ses membres en 2025, la plus forte hausse depuis trois décennies dans l’archipel, face à l’inflation tenace.La BoJ mise désormais sur un “cercle vertueux” où les revalorisations des salaires permettraient de gonfler la consommation.

Nigeria: incendie sur l’un des principaux oléoducs du pays

Un incendie a touché l’un des plus importants oléoducs du Nigeria, le plus grand producteur de pétrole du continent, a annoncé mardi la police de l’Etat de Rivers (sud), sans donner de détails sur les dégâts. “Un incendie s’est déclaré sur le Trans Niger Delta Pipeline exploité par Shell Petroleum Development Company (SPDC)” situé “à la frontière des communautés de Kpor et de Bodo”, dans le Delta du Niger, a déclaré la police dans un communiqué . “Au cours d’une patrouille de nuit de routine, des agents de sécurité ont vu l’incident et immédiatement alerté la direction de SPDC”, qui “a mis en place les protocoles de sécurité nécessaires, notamment la fermeture du pipeline concerné”, ajoute-t-elle.”La situation est désormais sous contrôle et il n’y a plus de menace pour les habitants ou l’environnement”, a assuré la police, qui n’a toutefois pas donné de détails sur les dégâts matériels ou environnementaux liés à l’incendie.La police de Rivers a également précisé avoir arrêté deux personnes pour “acte de sabotage potentiel”.  Le Trans Niger Pipeline (TNP) transporte le pétrole brut des champs onshore du sud du Nigeria jusqu’au terminal d’exportation de Bonny, situé dans l’offshore nigérian.  En réalité, la gestion de l’oléoduc est désormais entre les mains du consortium Renaissance Africa Energy, qui a finalisé la reprise des actifs onshore de Shell dans le delta du Niger la semaine dernière. Renaissance est une alliance entre la compagnie Petrolin de l’homme d’affaires bénino-gabonais Samuel Dossou-Aworet et quatre sociétés pétrolières nigérianes. Les fuites de pétrole sont fréquents dans la région en raison du manque d’entretien des oléoducs, mais également d’actes de vandalisme.Les groupes armés, mais aussi des habitants, siphonnent régulièrement le brut des pipelines appartenant aux grandes compagnies pétrolières qu’ils raffinent ensuite sur des sites illégaux et revendent au marché noir.Ces cinq dernières années, l’agence nationale nigériane de détection et d’intervention en cas de déversements d’hydrocarbures (NOSDRA) a répertorié près de 3.870 déversements de pétrole au Nigeria, principalement dans la zone du delta du Niger.Malgré l’immense richesse en hydrocarbures du pays, la plupart des habitants vivent dans une grande pauvreté et accusent régulièrement les grandes compagnies pétrolières d’avoir elles aussi contribué à la pollution de leur région sans participer à son développement.Des décennies de marées noires ont dévasté des mangroves et des villages entiers, où la pêche et l’agriculture étaient autrefois la principale source locale de revenus.La communauté de Bodo a lancé une procédure contre Shell à la suite de déversements de pétrole en 2008, sur laquelle la justice britannique n’a pas encore tranché.

Wall Street déprime, les incertitudes continuent de peser

La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, en manque de conviction face à l’instabilité commerciale, économique et géopolitique, tout en attendant la décision de la banque centrale américaine (Fed) mercredi.Le Dow Jones a reculé de 0,62%, l’indice Nasdaq a lâché 1,71% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 1,07%.Le marché connaît actuellement “de grandes incertitudes”, résume auprès de l’AFP Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.D’une part, “les marchés sont préoccupés par (…) les droits de douane” annoncés par le président Donald Trump, lesquels, “dans une large mesure, devraient être appliqués”, explique l’analyste.Avec ces droits “réciproques”, les produits importés aux Etats-Unis depuis un pays donné devraient être taxés au même niveau que le sont les produits américains entrant dans ledit pays. “Nous ne mettrons pas en place nos droits de douane” si les partenaires commerciaux des Etats-Unis renoncent à ces pratiques, a toutefois assuré le ministre de l’Economie Scott Bessent mardi sur Fox News.D’autre part, le marché surveille de près une situation géopolitique toujours “préoccupante”, commente M. Cahill, avec la reprise de bombardements meurtriers à Gaza, et une conversation téléphonique mardi entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui s’est conclue sans percée majeure en vue d’un accord de cessez-le-feu russo-ukrainien.Dans ce contexte, les investisseurs ont aussi les yeux tournés vers la banque centrale américaine, la Fed, qui annoncera mercredi sa décision sur l’actualisation des taux directeurs américains.La grande majorité des observateurs s’attendent à un maintien des taux d’intérêt à leur niveau actuel, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.Les analystes n’attendent donc pas de surprises, mais garderont un oeil sur le cap privilégié par la Fed dans les prochains mois. “Nous verrons s’ils revoient à la baisse, ou à la hausse, leurs attentes en matière de taux cette année”, avance M. Cahill.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est détendu à 4,28%, contre 4,31% la veille en clôture.Ailleurs, à la cote, “les grandes capitalisations continuent de sous-performer, ce qui constitue le principal frein aux indices”, observe dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com. L’ouverture de la conférence annuelle de Nvidia, le géant des puces d’intelligence artificielle Nvidia, a semblé décevoir les investisseurs, selon M. Cahill: le groupe a reculé de 3,43%, emportant dans sa chute une partie du secteur des semiconducteurs comme Broadcom (-3,00%), AMD (-1,00%) ou Micron (-1,35%). Alphabet, la maison-mère de Google, a perdu 2,34% après l’annonce par l’entreprise d’un “accord définitif” pour le rachat de la start-up américaine Wiz, spécialisée dans la cybersécurité, pour 32 milliards de dollars.Cette prise de contrôle se fera entièrement en numéraire, selon un communiqué publié mardi, et devrait être finalisée en 2026.C’est de très loin la plus importante acquisition jamais réalisée par Google et Alphabet, qui se renforcent dans la sécurité informatique, considérée comme un marché de croissance.

Guadeloupe: deux ans prison requis contre l’ancien PDG d’Air Antilles, accusé de détournement d’aides Covid

Deux ans de prison dont un avec sursis ont été requis mardi contre l’ancien dirigeant de la compagnie aérienne Air Antilles, poursuivi par le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre  pour escroquerie et travail dissimulé, des faits présumés commis en pleine crise sanitaire du Covid-19.Le parquet a également requis contre Eric Koury, qui dirigeait à l’époque la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire), opérateur d’Air Antilles et Air Guyane, 100.000 euros d’amende, cinq ans d’inéligibilité et trois ans d’interdiction et d’exercer et de gérer une entreprise dans ce secteur d’activité.Il est accusé d’avoir frauduleusement perçu, entre mars 2020 et septembre 2021, plusieurs millions d’euros d’aides publiques liées au chômage partiel, en déclarant des employés ne faisant plus partie de ses sociétés ou en gonflant artificiellement les horaires d’autres salariés, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane.Il lui est également reproché d’avoir sous-déclaré des heures travaillées, causant un manque à gagner de plus de 1,2 million d’euros pour l’Urssaf.Au total, les infractions relevées ont coûté “plus de 5 millions d’euros” à l’Etat, a relevé le procureur dans ses réquisitions.”Les réquisitions sont justes, adaptées et à la hauteur des faits”, a réagi devant les journalistes Me Marie-Michelle Hildebert, avocat des parties civiles, dénonçant la “galaxie Koury” en référence “au nombre de société dont il est l’actionnaire, montrant l’immensité de son pouvoir économique”.L’avocat de la défense Me Blaise Guichon, qui a plaidé pour la relaxe, s’est dit pour sa part “très serein”, ajoutant qu’il n’y avait eu “aucune enquête sérieuse dans cette affaire”.Confronté à des dettes importantes, le groupe Caire avait finalement été liquidé en septembre 2023, entraînant l’arrêt brutal des vols et la suppression de la majorité des près de 300 emplois de l’entreprise.Air Antilles a toutefois été relancée sous une nouvelle bannière, portée par un consortium possédé à 60% par la Collectivité de Saint-Martin et à 40% par le groupe Edeis.La compagnie a repris les opérations, avec une flotte réduite et un recentrage sur certaines liaisons stratégiques dans la région, en juillet 2024. Air Guyane, en revanche, n’a pas survécu à la faillite du groupe.La décision du tribunal sera rendue le 20 mai prochain.