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Budget: Lecornu et ses soutiens critiquent la copie actuelle, promise au rejet en cas de vote

Des taxes déconnectées de “l’économie réelle” et une copie emprunte d'”insincérité”: le gouvernement et ses soutiens à l’Assemblée nationale critiquent sévèrement la version du projet de budget de l’Etat 2026 sur la table des députés, promise à un rejet en l’absence du soutien du bloc central.Lundi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a tenté de rassurer le monde de l’entreprise au sommet Choose France: certaines taxes votées en première lecture à l’Assemblée nationale “n’auront jamais d’application”. Et le chef du gouvernement de pointer des “aspirations à la justice fiscale ou sociale” qui “se déconnectent complètement de l’économie réelle”.Mardi, son entourage vend la mèche. Les groupes du camp gouvernemental à l’Assemblée lui ont signifié que même eux ne pourraient pas voter la partie recettes du projet de budget de l’État pour 2026, invoquant l'”insincérité” de mesures adoptées.Si ces groupes ont affirmé vouloir “un compromis” lors de la navette parlementaire, selon l’entourage du Premier ministre, ils devraient donc osciller entre abstentions et vote contre sur la partie recettes à l’Assemblée nationale d’ici à dimanche. En réunion de groupe, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a annoncé son rejet du texte: “On ne peut pas voter ce budget (…) vu toutes les horreurs fiscales” qu’il contient, a déclaré le député de Haute-Loire.   Dans le viseur du socle commun plusieurs mesures fiscales, notamment une taxe sur les multinationales adoptée à l’initiative de LFI. Elle “n’existe pas” faute d’assiette réelle, a affirmé M. Lecornu, mais une large partie du camp gouvernemental souhaite quand même qu’elle soit évacuée.A ce stade, l’Assemblée doit encore écluser plus d’un millier d’amendements sur cette partie recettes.Si le gouvernement a d’ores et déjà acté qu’un vote sur les dépenses ne serait pas possible, un vote sur cette première partie est encore envisageable. Il devra quoiqu’il arrive intervenir avant dimanche minuit, le gouvernement pouvant alors envoyer tout le texte au Sénat sans vote, avec les amendements adoptés. – “Texte orphelin” -En cas de rejet, hypothèse extrêmement probable puisque ni les oppositions ni la majorité ne s’y retrouvent, c’est le texte initial du gouvernement qui irait au Sénat.Pour les socialistes, qui ont fait le pari de la non-censure en espérant faire pencher le budget suffisamment à gauche, la copie actuelle est également insuffisante.Les députés ont tout de même voté un réindexation du barème de l’impôt sur le revenu, doublé la “taxe Gafam” ou encore revu à la hausse l’impôt sur les sociétés.Mais il n’y a “pas assez de justice fiscale”, notamment “sur le patrimoine”, pointe le député PS Philippe Brun.”Je ne vois pas une majorité se dégager. C’est pas la somme du compromis, c’est la somme de toutes nos envies. C’est un texte un peu orphelin de responsabilité”, a résumé lundi sur LCP Marc Fesneau, patron du groupe MoDem.Quelle que soit la version envoyée ou sortant du Sénat, le problème de majorité à l’Assemblée nationale se reposera tôt ou tard sur ce budget de l’Etat. Car le PS envisage pour le moment une abstention au maximum, qui ne suffirait pas à elle seule pour faire passer le texte. Une position qui échaude le camp gouvernemental, mécontent des concessions accordées sans garantie. Et les cadres du bloc central, comme ceux de l’opposition sont aujourd’hui peu optimistes.”Le plus probable c’est qu’on n’ait pas de budget de l’Etat voté en décembre, une loi spéciale pour reconduire celui de 2025, et un nouveau budget soumis en janvier-février”, résume l’un d’eux.Un cadre macroniste estime possible un compromis sur le budget de la Sécurité sociale, qui contient une suspension de la réforme des retraites susceptible de sécuriser suffisamment d’abstentions à gauche. Mais pas sur le budget de l’Etat, qu’il imagine passer par un 49.3 en février. Sébastien Lecornu a affirmé souhaiter un compromis “avant” fin décembre, “parce que s’il n’y a pas de budget, ce sera un mauvais compromis en gestion de crise plus tard”. Quant à Emmanuel Macron, il a pris position lundi sur ses réseaux sociaux: “Est-ce que je suis satisfait tous les jours de ce qui est voté au Parlement? Non, mais est ce que je pense que la stabilité politique est nécessaire et la recherche de compromis indispensable? Oui.”

TotalEnergies, un géant face à de multiples litiges

“Greenwashing”, “climaticide”, atteintes aux droits humains… Le géant pétrolier français TotalEnergies fait face ces dernières années à plusieurs procédures judiciaires en France lancées par des ONG sur des sujets climatiques, environnementaux et sociaux. – Une nouvelle plainte sur le Mozambique  – Lundi, l’ONG European Center for Constitutional and Human Rights a saisi le parquet national antiterroriste à Paris d’une plainte pour “complicité de crimes de guerre, de torture et de disparitions forcées” pour des faits datant de 2021 sur le site d’un méga-projet gazier, alors à l’arrêt après une attaque jihadiste en mars cette année-là.L’annonce intervient alors que le groupe, qui en est l’opérateur, s’est dit prêt fin octobre à redémarrer le projet en vue d’un début de production en 2029.La multinationale est accusée d'”avoir directement financé et soutenu matériellement” une unité militaire, composée de forces armées mozambicaines, qui aurait commis des exactions sur des civils à l’été 2021, sur fond de conflit entre l’armée et une milice affiliée au groupe EI.TotalEnergies est par ailleurs visé depuis mars 2025 par une enquête de juges d’instruction à Nanterre pour “homicide involontaire” après une plainte de survivants et proches de victimes de l’attaque jihadiste qui l’accusent d’avoir négligé la sécurité de ses sous-traitants. – Le projet pétrolier Eacop-Tilenga attaqué  -Autre projet contesté: le forage “Tilenga”, 419 puits en Ouganda, dont un tiers dans le parc naturel des Murchison Falls, associé au EACOP (East African Crude Oil Pipeline), le plus long oléoduc chauffé au monde, destiné à transporter les hydrocarbures jusqu’à l’Océan indien en traversant la Tanzanie.Vingt-six Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises (dont les Amis de la Terre France et Ouganda) ont lancé en juin 2023 une action civile pour demander “réparation” devant le tribunal de Paris de divers préjudices: expropriations abusives, compensations insuffisantes, harcèlement…Les associations Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont également déposé en janvier 2025 à Nanterre une plainte avec constitution civile, au pénal, pour qu’un juge d’instruction enquête sur ce projet jugé “climaticide”. Celle-ci est “à l’étude”, indique le parquet. – Condamné pour “greenwashing” -TotalEnergies a été condamné le 23 octobre au civil à Paris pour “pratiques commerciales trompeuses” en vantant à tort ses engagements vers la neutralité carbone d’ici 2050 sur son site commercial. Le groupe, qui était poursuivi par plusieurs associations, n’a pas fait appel. A Nanterre, il est aussi visé depuis 2021 par une enquête préliminaire du parquet après une plainte au pénal d’associations (Wild Legal, Sea Shepherd France et Darwin Climax Coalitions) qui l’accusent de “pratiques commerciales trompeuses” dans ses communications sur sa politique climatique. – Accusations de pollution pétrolière au Yémen -En janvier 2024, une cinquantaine de ressortissants yéménites ont assigné en référé TotalEnergies devant le tribunal de Nanterre en l’accusant de polluer une région désertique de l’Hadramaout, où le groupe a exploité des puits pétroliers des années 1990 jusqu’en 2015. Dans un référé similaire, le tribunal de Paris a jugé irrecevable le 3 décembre 2024 la demande de 8 plaignants yéménites.- Devoir de vigilance: audience en 2026 -Au nom d’une loi sur la vigilance sociale et environnementale des multinationales, une coalition de six ONG et 16 collectivités, dont Paris et New York, avait accusé en 2020 l’entreprise d'”inaction climatique”. Après une décision d’irrecevabilité en juillet 2023 du tribunal de Paris, la cour d’appel a déclaré en juin 2024 leur assignation recevable. L’affaire est renvoyée à une audience au tribunal prévue le 29 janvier 2026.- Des plaintes rejetées – Le 7 février, la justice a classé une plainte pénale déposée à Paris en mai 2024 par trois ONG (Bloom, Alliance Santé Planétaire, Nuestro Futuro) et huit personnes qui accusaient d’homicides involontaires et d’atteintes à la biodiversité du fait de l’activité du groupe dans les énergies fossiles.Par deux fois en 2022 et en 2023, la justice a écarté une plainte pour “complicité de crimes de guerre russes en Ukraine” déposée par deux associations qui reprochaient à TotalEnergies d’avoir continué à exploiter un gisement en Russie après le début de la guerre en Ukraine.

Droits de douane et taxe carbone, des barrières aux négociations de la COP30

À Belém, ville qui accueille les négociations climat de la COP30, difficile de manquer la BYD Dolphin Mini, une citadine électrique chinoise qui domine le marché automobile au Brésil. Alors qu’elle est rare en Europe et introuvable en Amérique du Nord.Les barrières aux échanges commerciaux sont un sujet qui pèse sur ce sommet de l’ONU, alors que la Chine pousse pour exporter plus librement ses technologies vertes. De grandes économies remettent aussi en cause l’Europe pour sa “taxe carbone” sur des produits comme l’acier ou les engrais.Des pays en développement, non concernés par ce Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), craignent que le dispositif n’en inspire d’autres.”Le commerce international, dans cette COP, contrairement aux précédentes, est déjà promu au rang des préoccupations”, explique à l’AFP Li Shuo, expert du climat et de la Chine à l’Asia Society. “On peut déjà s’attendre à ce qu’il soit la partie la plus prépondérante du résultat”.Traditionnellement, l’ambition politique et la finance dominent les discussions des COP: de combien réduire les émissions de gaz à effet de serre, quels montants apporter aux pays en développement pour se détourner des énergies fossiles…Outre la Chine, des pays comme l’Inde ou le Brésil ont tenté les années précédents d’imposer le commerce international comme sujet, en vain jusqu’à cette année. Mardi, une ébauche d’accord final publié par la présidence brésilienne de la COP30 consacre un paragraphe au commerce, dans lequel plusieurs options concurrentes, plus ou moins fortes, sont présentées.Le ton avait été donné lors de la venue des chefs d’État et de gouvernement à Belem, où le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang avait exhorté à “lever les barrières au commerce et assurer la libre circulation des produits verts de qualité”.- “Décarbonation radicale” -L’UE impose de lourds droits de douane aux véhicules chinois, pouvant monter au-delà de 45%, en fonction du constructeur. Le Canada et les États-Unis plus encore, dépassant 100%.Un négociateur d’un pays du Sud-Est asiatique explique à l’AFP que dans cette région on s’appuie sur des technologies chinoises à coût réduit, dont on trouvait “illogique” et “incohérent” que les Occidentaux se privent.”Il nous faut mener une décarbonation radicale de l’économie mondiale dans les deux prochaines décennies si nous voulons atteindre les objectifs de températures de l’accord de Paris. Dans la mesure où les politiques commerciales posent des barrières à notre réussite, c’est un sujet légitime”, estime Alden Meyer, analyste du groupe de réflexion E3G, interrogé par l’AFP à Belém.Le MACF, censé éviter la concurrence déloyale d’entreprises soumises à des normes environnementales moins strictes que dans l’Union européenne, est sévèrement critiqué par des pays émergents.”Les pays du Nord, après avoir utilisé des industries fortement carbonées pour se développer, baissent leur rideau face aux pays du Sud”, résume Mohamed Adow, du centre de réflexion Power Shift Africa.- Objectifs strictement climatiques -L’inquiétude va au-delà des industries concernées. Un négociateur d’un pays africain exportateur de cacao se montre préoccupé par le futur règlement anti-déforestation de l’UE, qui exigera une preuve qu’un produit ne vient pas d’une terre récemment gagnée sur la forêt.Les 27 insistent pour dire que le MACF vise bien des objectifs strictement climatiques, et non économiques.”Mettre un prix sur le carbone est une voie que nous devons explorer avec autant de monde que possible, dès que possible”, a martelé lundi le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Certains pays disent une chose ici dans les négociations, et une autre quand on leur parle en bilatérale”, précisait à l’AFP l’ambassadeur suédois au Climat, Mattias Frumerie. Pour lui, ces pays reconnaissent en privé que la taxe carbone est une incitation efficace.La Russie a attaqué le Mécanisme devant l’Organisation du mondiale du commerce, mais ses instances de contentieux sont paralysées depuis 2019. Et le Royaume-Uni et le Canada réfléchissent à leur propre taxe carbone.Personne n’attend que la COP de Belém ne résolve ” par magie” ces différends, souligne David Waskow, du centre de recherche World Resources Institute. “On veut les faire remonter à la surface, on veut se titiller. Parfois ça peut amener à repenser des politiques”.

Tensions avec Pékin: Tokyo appelle ses ressortissants en Chine à la prudence

Le Japon a appelé ses ressortissants en Chine à la prudence, dans un contexte de tensions entre les deux pays depuis des déclarations de la Première ministre nippone Sanae Takaichi concernant Taïwan, île que Pékin revendique.”Lors de vos déplacements, soyez particulièrement attentifs à votre environnement, notamment à la présence éventuelle d’individus suspects. Essayez autant que possible de vous déplacer en groupe”, met en garde un communiqué publié lundi sur le site de l’ambassade du Japon à Pékin.”Evitez autant que possible les lieux très fréquentés ou ceux susceptibles d’être identifiés comme fréquentés par des Japonais”, ajoute le document.Le porte-parole du gouvernement japonais Minoru Kihara a déclaré mardi que ces recommandations avaient été émises “sur la base d’une évaluation globale de la situation politique, y compris de la situation sécuritaire dans le pays ou la région concernée, ainsi que des conditions sociales”.A l’origine de la crise, des propos de la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi, qui a déclaré le 7 novembre que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île, au titre de la “légitime défense collective” prévue par une loi japonaise adoptée en 2015.Ces déclarations ont été interprétées comme l’indication qu’une attaque contre Taïwan – île dont Pékin revendique la souveraineté – pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo à Taipei. Taïwan ne se situe qu’à une centaine de kilomètres de l’île japonaise la plus proche.L’ambassade de Chine à Tokyo a jugé ces propos “ouvertement provocateurs”, estimant qu’ils “nuisaient gravement au climat des échanges entre les peuples”.Et dans un message sur X, supprimé depuis, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, avait menacé de “couper cette sale tête sans la moindre hésitation” en évoquant le discours de Mme Takaichi. Dans la foulée, Tokyo et Pékin avaient convoqué la semaine dernière leurs ambassadeurs respectifs.- Interdépendance -Pour tenter d’apaiser les tensions, Masaaki Kanai, haut responsable du ministère japonais des Affaires étrangères pour la région Asie-Pacifique, s’est rendu mardi au ministère chinois des Affaires étrangères à Pékin. Il a rencontré son homologue Liu Jinsong, qui a réitéré les “vigoureuses protestations” de Pékin sur “les propos erronés sur la Chine tenus par la Première ministre japonaise”, a indiqué une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.Le haut responsable japonais a pour sa part “fortement exhorté (la Chine) à prendre des mesures appropriées”, affirmant que “l’ordre public au Japon ne s’était en aucun cas détérioré”, selon la déclaration du ministère japonais des Affaires étrangères.Ce regain de tension fait craindre de graves conséquences économiques pour les deux puissances.Pékin a ainsi appelé les citoyens chinois à éviter de se rendre au Japon, provoquant lundi la chute des actions nippones en Bourse liées au tourisme et à la distribution.Li Hanming, un analyste du secteur aérien, a déclaré mardi à l’AFP qu’environ 500.000 billets d’avion entre la Chine et le Japon avaient été annulés selon lui depuis le 15 novembre.Pékin a aussi fait suspendre la sortie d’au moins deux films japonais dans ses cinémas: “Crayon Shin-chan the Movie: Super Hot! The Spicy Kasukabe Dancers” et “Les Brigades immunitaires”, a rapporté le journal China Film News, supervisé par un organisme officiel chinois.La Chine est la première source de visiteurs étrangers du Japon, qui a accueilli sur les neuf premiers mois de 2025 quelque 7,5 millions de visiteurs chinois, selon des chiffres officiels nippons, soit une envolée de 42% sur un an, et un quart du total des touristes étrangers. Attirés par un yen faible, ils ont dépensé l’équivalent de 3,28 milliards d’euros au troisième trimestre.Avant de prendre ses fonctions le 21 octobre, Mme Takaichi était considérée comme une ultraconservatrice, un “faucon” à l’égard de Pékin et elle se rendait régulièrement au sanctuaire Yasukuni, qui honore notamment plusieurs criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale.La Chine qualifie de telles visites de “provocations graves”.

La Bourse de Paris flanche face à l’aversion au risque

La Bourse de Paris cède du terrain mardi, dans un climat d’aversion au risque, en attendant des données clés aux Etats-Unis sur l’emploi et les résultats du géant Nvidia dans un contexte de méfiance face aux valorisations faramineuses dans le secteur de l’IA.Vers 10H30 heure de Paris, l’indice CAC 40 perdait 1,34% soit 109,16 points, pour s’établir à 8.009,86 points. L’indice vedette de la Bourse de Paris avait reculé de 0,63% lundi, terminant à 8.119,02 points.”Il semble que nous ayons affaire à un vaste événement de liquidation, les actions (étant) vendues en bloc” mardi, commente Neil Wilson, analyste de Saxo Markets.”Les indices européens enregistrent pour l’instant de lourdes pertes”, relève Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB, les places européennes dévissant de concert.”Plusieurs facteurs influencent actuellement les marchés”, explique-t-elle, “notamment les craintes concernant la valorisation des actions technologiques liées à l’IA, les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance économique américaine et le risque que la Fed ne réduise pas les taux suffisamment rapidement”.Les marchés vont accueillir cette semaine une série d’indicateurs américains, dont la publication a été retardée par la fermeture des services publics (“shutdown”) aux Etats-Unis du 1er octobre au 12 novembre, dont jeudi le rapport sur l’emploi en septembre.L’attention se focalisera également mercredi après la clôture de Wall Street sur les résultats du troisième trimestre (exercice décalé 2025-2026) du géant des puces Nvidia, dans un contexte d’inquiétudes grandissantes autour des valorisations du secteur.Amundi voit rougeLe premier gestionnaire d’actif européen Amundi s’attend à un ralentissement de la croissance annuelle de ses bénéfices d’ici 2028, en raison des incertitudes sur l’avenir de son partenariat avec UniCredit en Italie, l’un de ses principaux marchés.”Sur la période récente, Amundi a réalisé une croissance de son résultat (net, ndlr) de plus de 5% par an. Le contexte actuel (…) nous conduit à nous engager sur un rythme plus mesuré”, a admis lundi Nicolas Calcoen, directeur général délégué d’Amundi, lors d’une conférence de presse pour la présentation de son plan stratégique pluriannuel qui court jusqu’en 2028. Le titre Amundi cédait 1,73% à 65,45 euros vers 10H30 heure de Paris.TotalEnergies visé par une plainteLe géant des hydrocarbures TotalEnergies est visé à Paris par une plainte pour “complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées” au Mozambique, sur le site de son projet gazier en voie d’être relancé et qui était alors à l’arrêt, a appris mardi l’AFP de l’ONG allemande European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR).L’action TotalEnergies perdait 1,61% à 55,62 euros.

Reprise d’industrie en difficulté: la difficile équation du bon repreneur

Une usine en difficulté, des salariés et élus inquiets, un chevalier blanc qui surgit mais n’a parfois ni l’expertise, ni même l’intention nécessaires au redressement de l’entreprise… Trouver le bon repreneur n’est pas chose aisée.Le dossier Novasco en donne un exemple criant: un an seulement après avoir repris l’aciériste anciennement nommé Ascométal, le fonds britannique Greybull se retrouve voué aux gémonies par le gouvernement.Le ministre délégué chargé de l’Industrie Sébastien Martin a annoncé lundi son intention de “saisir les tribunaux” contre le fonds, alors que l’aciériste s’apprête à changer une nouvelle fois de mains avec à la clé la fermeture de plusieurs sites industriels et 500 emplois supprimés.”Quand vous êtes dans une situation critique, si n’importe qui passe par là et fait une proposition, vous regardez”, synthétise un bon connaisseur de l’industrie auprès de l’AFP. Ce n’est pas le premier fleuron historique à devoir se mettre sous la protection du tribunal de commerce. Concurrence internationale, inflation des coûts ou érosion des recettes… Les causes sont diverses, les conséquences se ressemblent souvent: emplois supprimés, grogne locale, sentiment d’abandon.”Un emploi industriel, c’est trois emplois induits dans la région. Les caméras, les politiques, tout le monde s’en mêle et il devient compliqué d’étudier sereinement les offres” de reprise, poursuit la source. – Incertitudes inévitables -A charge au tribunal de commerce de s’assurer de la crédibilité d’un candidat à la reprise. Il prend au préalable les avis des administrateurs judiciaires, des mandataires judiciaires qui représentent les intérêts des créanciers, du ministère public et des représentants des salariés.”Qu’il y ait des incertitudes sur la capacité d’un repreneur à faire face à ses obligations, c’est inhérent au monde de l’entreprise”, observe auprès de l’AFP l’avocat spécialisé dans le redressement d’entreprise, Jean-François Puget.Trois critères doivent en pratique guider les choix, poursuit cet associé du cabinet Cornet Vincent Ségurel: “la poursuite pérenne de l’activité de l’entreprise, le maintien de l’emploi, l’apurement du passif”.”Il faut regarder l’historique de l’éventuel repreneur, percevoir sa compréhension intime du métier et des savoir-faire” et bien sûr “évaluer sa solidité financière”, estime auprès de l’AFP Stéphane Gorce, président de la Société des Ingénieurs Arts & Métiers et bon connaisseur du monde de l’industrie.Se pose en outre la question délicate de l’éventuel passage sous pavillon étranger d’un fleuron national.Mais le candidat idéal ne se présente pas toujours.”Quel investisseur aujourd’hui va mettre 200 millions d’euros pour remettre sur pied un outil industriel” comme Novasco, alors que “les usines de sidérurgie européennes tournent à moins de 65% de leur capacité” et que le plan acier européen devant protéger la filière de la concurrence étrangère n’est, à date, “ni validé ni a fortiori mis en œuvre”, déplore Bruno Jacquemin, délégué général de A3M (extraction minière, métallurgie, sidérurgie et recyclage des métaux).- Liquidation parfois préférable -“Si aucun repreneur n’apparaît vraiment viable, on voit de plus en plus des tribunaux qui préfèrent liquider plutôt que continuer avec un énième” acheteur, observe Me Puget.Un temps candidats à la reprise de Novasco, deux repreneurs en série d’industriels, ACI Groupe et Europlasma, ont vu leur étoile pâlir dernièrement.Le premier, créé en 2019 par Philippe Rivière et Patrice Rives, a demandé fin septembre son placement en redressement judiciaire à Lyon, décision qui a poussé le ministre de l’Economie Roland Lescure à commander un “audit” sur cet acteur qui emploie 1.600 salariés.Le second a fait l’objet d’un droit d’alerte économique du CSE d’une des entreprises reprises, Fonderie de Bretagne. Dans la foulée, le cabinet de Sébastien Martin a annoncé un comité de suivi pour s’assurer que le repreneur tienne les engagements prononcés à la barre du tribunal de commerce.

Perrier: un tribunal français rend sa décision quant à la suspension des ventes

Les ventes de Perrier sous l’appellation “eau minérale naturelle” devront-elles être suspendues le temps que Nestlé Waters obtienne une nouvelle autorisation pour exploiter ses forages? Un tribunal français rend sa décision mardi, énième rebondissement d’un feuilleton de deux ans.”Les juges ont l’occasion de rappeler une évidence: une eau vendue comme eau minérale naturelle doit être… naturelle et originellement pure”, selon Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, qui avait saisi le tribunal de Nanterre (région parisienne) en référé au printemps.L’association argue que la microfiltration utilisée par le groupe sur ses eaux fait que celles-ci ne peuvent plus prétendre à l’appellation “eau minérale naturelle”, et demande une “interdiction de commercialisation” et “la cessation des tromperies”. Son avocat, Me Alexis Macchetto, était allé jusqu’à dire qu’il existait “un risque réel pour le consommateur”.Nestlé Waters & Premium Beverages, qui produit en France les eaux Perrier, Vittel, Contrex ou encore Hépar, conteste “fermement” les demandes d’UFC-Que Choisir, “notamment les allégations mettant en cause la sécurité alimentaire des produits”.”Toutes nos eaux” sont consommables “en toute sécurité”, assène depuis deux ans le groupe suisse, au cœur d’un scandale après qu’il a admis, début 2024 sous le coup de plusieurs enquêtes de presse, avoir utilisé par le passé des traitements interdits (charbon, UV) pour ses eaux.- Commercialisation “trompeuse”? -Ils ont été depuis remplacés par une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a été contestée, l’eau minérale naturelle ne pouvant faire l’objet de désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques, sauf exception pour retirer du fer ou du manganèse considérés comme nocifs.Le groupe affirme l’avoir fait dans le cadre d’un plan de transformation validé par le gouvernement français en 2023.Depuis, les autorités sanitaires ont estimé que cette microfiltration à 0,2 micron modifiait le microbisme de l’eau, poussant le groupe, sous injonction préfectorale, à la remplacer par une microfiltration à 0,45 micron.Si Nestlé Waters affirme que ce degré de microfiltration a été validé par les autorités, il a dû déposer de nouvelles demandes d’autorisation préfectorale pour exploiter ses forages et commercialiser sous l’appellation eau minérale naturelle.Alors que les préfets n’ont toujours pas rendu leur décision, UFC-Que Choisir affirme que la commercialisation actuelle est “trompeuse”.Nestlé Waters s’en défend, soulignant la mise en place depuis juin, indépendamment de la procédure judiciaire, d’une “vaste” campagne de communication dans les supermarchés et la presse, affirmant bien que les eaux Perrier, Contrex et Hépar “sont susceptibles” de ne pas être minérales naturelles selon “l’analyse par l’État de leur microfiltration”.- Pas d’impact sur les ventes -Dans l’immédiat, cette campagne ne semble pas avoir eu d’impact sur les ventes. Sur les bouteilles Perrier classiques, “le nombre de foyers acheteurs est resté stable”, souligne l’entreprise à l’AFP, précisant qu’elle vend toute sa production. Sur le dernier trimestre, avec une météo propice à la consommation d’eau, les ventes sont “même en croissance”.En revanche, la production des bouteilles bleues de Perrier fines bulles a reculé puisque des forages ont été suspendus depuis le début du scandale, et le groupe reconnaît que les ventes ont mécaniquement baissé.Une autre campagne de communication a été lancée ces dernières semaines, cette fois par les concurrents français de Nestlé Waters réunis dans la Maison des eaux minérales naturelles.”L’appellation eau minérale naturelle se mérite”, affirme le syndicat qui rassemble Danone (Evian, Badoit, Salvetat, Volvic) avec des plus petits acteurs (Wattwiller, Mont-Roucous, Eau neuve, Bonneval).Pour eux, la réglementation, dont Nestlé Waters a demandé une clarification, est limpide. “Nous partageons une responsabilité commune: protéger la pureté originelle. Sans traitement. Sans compromis”. C’est-à-dire avec une microfiltration à 0,45 micron réservée au retrait du fer ou du manganèse, ce qui n’est pas le cas pour les filtres utilisés par Nestlé Waters dans le cadre des demandes d’autorisation en cours.

La Coordination rurale renouvelle sa tête dans un congrès sous tension

C’est dans le Gers qui l’a vue naître que la Coordination rurale se réunit mardi et mercredi pour son congrès: deux camps s’affrontent pour prendre la tête du 2e syndicat agricole français, après sa percée historique aux dernières élections.La présidente sortante Véronique Le Floc’h, qui brigue un nouveau mandat de trois ans, fera face à Bertrand Venteau, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne depuis 2019.L’éleveuse de 52 ans, productrice de lait bio du Finistère-Sud, veut accompagner “la crise de croissance” du syndicat après son succès aux élections de chambres d’agriculture de janvier, et “consolider sa position d’acteur incontournable du monde agricole”.Bertrand Venteau, 46 ans, éleveur de vaches de race Limousine, promeut un syndicat “au service des équipes départementales dans la défense des paysans”. Une façon de rappeler aux sortants la primauté du terrain.Il est soutenu par les dirigeants des places fortes du syndicat aux bonnets jaunes, du Gers au Lot-et-Garonne: les “sudistes” estiment que la percée aux élections leur est largement attribuable, portée par une série d’actions musclées, comme la tentative de blocage de Paris en janvier dernier ou le saccage de bureaux de l’Office français de la biodiversité.Ils défendent une ligne dure, vue comme l’ADN d’un mouvement bâti de blocages en coups d’éclat. Certains ne cachent pas leur proximité avec l’extrême droite, à rebours d’une ligne officiellement “apolitique”.- “Dégagisme” -Le congrès débutera à 14H par un hommage à Jacques Laigneau, cofondateur et premier président de la CR, enterré au cimetière de Lussan, tout proche d’Auch.La journée sera clôturée par un discours de la présidente sortante, avant le vote organisé le lendemain matin.Mercredi, un premier scrutin départagera les deux candidats à la présidence, avant un second vote pour élire le comité directeur. Le corps électoral est composé des présidents des sections départementales de la CR, qui disposent chacun d’un nombre de mandats compris entre un et sept, au prorata du nombre d’adhérents de leur section.Les résultats seront proclamés en fin de matinée.Ils sont d’autant plus imprévisibles que depuis le dernier congrès électif, la CR a changé de dimension, s’imposant désormais dans 11 chambres d’agriculture (contre 3 auparavant) sur un total de 101.A l’issue d’une campagne de “dégagisme” qui a ébranlé l’alliance historique FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA), elle a obtenu près de 30% des voix des agriculteurs (contre 20% six ans auparavant).Toute la question est de savoir si ce dégagisme s’appliquera en interne.Car ces derniers mois, la Coordination rurale a relativement calmé le jeu sur le terrain, approfondi ses échanges avec le ministère de l’Agriculture, recruté et tenté de fédérer ses chambres.Une notabilisation qui déplaît au sud de la Loire, où le reproche de “cogestion avec l’Etat” adressé à la FNSEA vise désormais Véronique Le Floc’h et son comité directeur.- “Différence de méthode” -Insultes, intimidations, voire menaces: le ton est monté ces derniers mois, les “sudistes” estimant normal que le national renvoie l’ascenseur: en payant les amendes de ses adhérents qui ont fait le coup de poing en manifestation ou en s’alignant sur les méthodes de la bouillante “CR47”.La section syndicale du Lot-et-Garonne (47) a été longtemps dirigée par Serge Bousquet-Cassagne, qui revendique “18 procès en 30 ans” et dont la gestion “clientéliste” de la chambre d’agriculture du même département vient d’être sanctionnée par la Cour des comptes.Pour Christian Convers, secrétaire général sortant et soutien de Véronique Le Floc’h, “il n’y pas vraiment de différences de ligne” entre les deux camps “mais une différence de méthode”. “La Coordination rurale n’est plus aujourd’hui uniquement un syndicat de contestation, il faut porter les dossiers, discuter, avancer.”Un appel à “la responsabilité” qui fait bondir dans les rangs des partisans de Bernard Venteau, qui veulent ramener sur terre les “perchés” de Paris.

Perrier: décision attendue sur la suspension des ventes demandée par UFC-Que Choisir

Les ventes de Perrier sous l’appellation “eau minérale naturelle” devront-elles être suspendues le temps que Nestlé Waters obtienne une nouvelle autorisation pour exploiter ses forages ? Le tribunal judiciaire de Nanterre rend sa décision mardi, énième rebondissement d’un feuilleton de deux ans.”Les juges ont l’occasion de rappeler une évidence: une eau vendue comme eau minérale naturelle doit être… naturelle et originellement pure”, selon Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir, qui a saisi le tribunal en référé au printemps.L’association de consommateurs argue que la microfiltration utilisée par le groupe sur ses eaux fait que celles-ci ne peuvent plus prétendre à l’appellation “eau minérale naturelle”, et demande une “interdiction de commercialisation” et “la cessation des tromperies”. Son avocat, Me Alexis Macchetto, était allé jusqu’à dire qu’il existait “un risque réel pour le consommateur”.Nestlé Waters & Premium Beverages, qui produit en France les eaux Perrier, Vittel, Contrex ou encore Hépar, conteste “fermement” les demandes d’UFC-Que Choisir, “notamment les allégations mettant en cause la sécurité alimentaire des produits”.La décision sera rendue sous forme dématérialisée mardi. L’audience avait eu lieu fin septembre.”Toutes nos eaux” sont consommables “en toute sécurité”, assène depuis deux ans le groupe au cœur d’un scandale après qu’il a admis, début 2024 sous le coup de plusieurs enquêtes de presse, avoir utilisé par le passé des traitements interdits (charbon, UV) pour ses eaux.- Commercialisation “trompeuse” ? -Ils ont été depuis remplacés par une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a été contestée, l’eau minérale naturelle ne pouvant faire l’objet de désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques, sauf exception pour retirer du fer ou du manganèse considérés comme nocifs.Le groupe affirme l’avoir fait dans le cadre d’un plan de transformation validé par le gouvernement en 2023. L’action du gouvernement dans cette affaire a été vertement critiquée par une commission d’enquête sénatoriale en début d’année.Depuis, les autorités sanitaires ont estimé que cette microfiltration à 0,2 micron modifiait le microbisme de l’eau, poussant le groupe, sous injonction préfectorale, à la remplacer par une microfiltration à 0,45 micron.Si Nestlé Waters affirme que ce degré de microfiltration a été validé par les autorités, il a dû déposer de nouvelles demandes d’autorisation préfectorale pour exploiter ses forages et commercialiser sous l’appellation eau minérale naturelle.Alors que les préfets n’ont toujours pas rendu leur décision, UFC-Que Choisir affirme que la commercialisation actuelle est “trompeuse”.Nestlé Waters s’en défend, soulignant la mise en place depuis juin, indépendamment de la procédure judiciaire, d’une “vaste” campagne de communication dans les supermarchés et la presse indiquant bien que les eaux Perrier, Contrex et Hépar “sont susceptibles” de ne pas être minérales naturelles selon “l’analyse par l’Etat de leur microfiltration”.- Pas d’impact sur les ventes -Dans l’immédiat, cette campagne ne semble pas avoir eu d’impact sur les ventes. Sur les bouteilles Perrier classiques, “le nombre de foyers acheteurs est resté stable”, indique l’entreprise à l’AFP, précisant qu’elle vend toute sa production. Sur le dernier trimestre, avec une météo propice à la consommation d’eau, les ventes sont “même en croissance”.En revanche, la production des bouteilles bleues de Perrier fines bulles a reculé puisque des forages ont été suspendus depuis le début du scandale, et le groupe reconnaît que les ventes ont mécaniquement baissé.Une autre campagne de communication a été lancée ces dernières semaines, cette fois par les concurrents français de Nestlé Waters réunis dans la Maison des eaux minérales naturelles.”L’appellation eau minérale naturelle se mérite”, affirme le syndicat qui rassemble Danone (Evian, Badoit, Salvetat, Volvic) avec des plus petits acteurs (Wattwiller, Mont-Roucous, Eau neuve, Bonneval).Pour eux, la réglementation, dont Nestlé Waters a demandé une clarification, est limpide: “nous partageons une responsabilité commune: protéger la pureté originelle. Sans traitement. Sans compromis”. C’est-à-dire avec une microfiltration à 0,45 micron réservée au retrait du fer ou du manganèse, ce qui n’est pas le cas pour les filtres utilisés par Nestlé Waters dans le cadre des demandes d’autorisation en cours.

Le tandem Merz-Macron en quête de souveraineté numérique pour l’Europe

Le chancelier allemand et le président français veulent impulser mardi à Berlin la quête de “souveraineté numérique” d’une Europe terriblement dépendante des géants américains de la tech en pleine course à l’IA. Friedrich Merz et Emmanuel Macron, les dirigeants des deux plus grandes économies européennes, veulent donner un coup d’accélérateur à cette ambition à l’occasion d’un sommet réunissant, outre les politiques, des patrons des entreprises du secteur, à commencer par le spécialiste français de l’intelligence artificielle Mistral, et le géant allemand des logiciels SAP.Face à l’ampleur et la vitesse de la révolution technologique en cours, les dirigeants européens et les entreprises du secteur sont appelés à trouver des solutions pour avoir la main sur le destin numérique de l’Europe.Les inquiétudes liées à la domination américaine ont pris une autre dimension avec le retour à la Maison Blanche du président Donald Trump, qui mène une politique commerciale offensive avec ses droits de douane accrus et veut se désengager militairement du continent européen.Selon le ministre allemand du Numérique, Karsten Wildberger, la réunion de mardi aura donc pour “message central” que “l’Europe est prête à bâtir son propre avenir numérique”.S’exprimant lundi en marge de l’inauguration du chantier d’un centre de données estimé à 11 milliards d’euros, il a plaidé pour une Europe qui travaille “plus vite” et “ensemble”.Car un point clé est le reproche fait à l’Union européenne (UE) de tout ralentir avec ses règles et sa bureaucratie.L’UE doit d’ailleurs proposer cette semaine des assouplissements de sa réglementation concernant l’IA et la protection des données.Entreprises européennes et américaines n’ont cessé de dénoncer des législations trop complexes, freinant l’innovation et la compétitivité. Mais pour d’autres acteurs, en particulier de la société civile, il faut des garde-fous et protéger les données des citoyens.- Le défi du Cloud -Un autre enjeu des discussions à Berlin sera l’effort à faire pour créer des capacités européennes dans l’informatique à distance (“cloud computing”), un secteur sous la coupe de Google, AWS (filiale d’Amazon) et Microsoft.MM. Merz et Macron doivent marteler leur message à tour de rôle dans des discours mardi après-midi, lors d’une conférence plénière à laquelle assisteront aussi de nombreux ministres européens du Numérique.Outre la domination des États-Unis, l’Europe est aussi face au défi de sa dépendance à l’égard de l’Asie, en particulier la Chine, pour les équipements, semi-conducteurs ou composants d’ordinateurs.Selon une enquête menée par l’association allemande Bitkom, environ 90% des entreprises allemandes qui importent des biens ou services numériques se considèrent dépendantes de ceux-ci.- “Musée” technologique? -Interrogé par l’AFP, le président de Bitkom, Ralf Wintergerst, a souligné l’urgence d’investir massivement.”L’Europe ne doit pas se faire distancer, les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain”, a-t-il noté, “si l’Europe ne veut pas devenir un musée technologique, nous devons augmenter les investissements de manière significative”.Mais la bataille s’annonce difficile, entre croissance atone, retard accumulé, et des entreprises miniatures quand on les compare aux rivales américaines.Ainsi, selon Bitkom, les centres de données européens, un élément clé de la révolution de l’IA, avaient une capacité de 16 gigawatts l’an dernier, contre 48 aux Etats-Unis et 38 à la Chine.Autre exemple, certains récents investissements annoncés en Allemagne ne font qu’illustrer la dépendance vis-à-vis des Américains: un des projets est entre les mains de Google, l’autre repose sur les puces du géant Nvidia.Pour un responsable français, il ne s’agit donc pas tant d’une “confrontation” avec les Etats-Unis ou la Chine que de savoir “comment protéger nos coeurs de souveraineté et quelles sont les règles qui doivent être mises en place”.