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Guerre commerciale: la Bourse de Paris respire après une semaine de secousses

La Bourse de Paris évolue en petite hausse vendredi, reprenant son souffle au terme d’une semaine de montagnes russes, en raison de la guerre commerciale provoquée par Donald Trump.Vers 07H50 GMT, le CAC 40 prenait 0,36% à 7.151,79 points, en hausse de 24,66 points. La veille, l’indice vedette parisien avait grimpé de 3,83%.Les investisseurs du Vieux continent tentent d’aller de l’avant après une semaine de secousses, au gré des annonces douanières et revirements du président des Etats-Unis Donald Trump.Toutefois, ils “restent préoccupés par les incertitudes liées à la guerre commerciale” et “l’impact potentiel sur la croissance économique, l’inflation et l’emploi”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.”Actuellement, on peut avoir l’impression que les États-Unis ne savent plus ce qu’ils font”, explique Andreas Lipkow, analyste indépendant.Après plusieurs séances de débâcle, la Bourse profite depuis jeudi de l’annonce, la veille, par le président américain d’une suspension pendant 90 jours d’une partie des surtaxes à l’importation contre des dizaines de pays.Mais Washington a maintenu des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’Union européenne.Surtout, la Chine, deuxième économie mondiale, fait figure d’exception, avec des taxes additionnelles appliquées à ses produits atteignant désormais 145%, selon un décret de la Maison Blanche publié jeudi, ce qui a fait dévisser Wall Street.Vendredi, en réponse à Donald Trump, la gouvernement chinois a annoncé porter à 125% ses surtaxes sur les produits américains.”Il ne s’agit pas d’une désescalade, mais d’une escalade ciblée”, explique Stephen Innes, de SPI Asset Management. “Après le revirement du président américain, un choc économique extrême a été évité” mais cela ne va pas “changer radicalement les risques pour l’économie américaine et mondiale”, selon les analystes de LBPAM.Bruxelles pourrait d’ailleurs taxer les géants américains de la tech si des négociations ne parviennent pas à mettre fin à la guerre commerciale, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans une interview au Financial Times.En France, quatre mois après l’avoir rétrogradée d’un cran, l’agence de notation Moody’s doit dire vendredi si elle maintient la bonne note du pays, confronté au défi de respecter sa trajectoire budgétaire.La note de la dette publique française avait été abaissée de “Aa2” à “Aa3” (l’équivalent d’un 17/20) en décembre, au vu de la “fragmentation politique”, peu propice selon Moody’s au rétablissement rapide des finances publiques. Dans ce contexte, côté obligataire, l’emprunt à dix ans de référence atteignait 3,40%, contre 3,35% la veille en clôture.Stellantis a livré moins de véhicule en 2025Le constructeur automobile Stellantis (Fiat, Peugeot, Chrysler) perdait 2,51% à 7,78 euros vers 09H50 (heure de Paris), en dernière place du CAC 40.Le groupe a annoncé vendredi une baisse de 9% de ses volumes de véhicules livrés au premier trimestre 2025 sur un an, attribuée principalement à une baisse de la production en Amérique du Nord.

Indonésie: l’iPhone 16 enfin en vente après des mois d’interdiction

Les acheteurs impatients se pressaient vendredi dans les boutiques d’Indonésie pour pouvoir s’offrir un iPhone 16 désormais en vente après des mois d’interdiction dans l’archipel, ont constaté des journalistes de l’AFP.En octobre, le gouvernement indonésien avait interdit la commercialisation de ce modèle, le plus récent des iPhone, au motif qu’Apple n’avait pas respecté la réglementation exigeant que 40% des téléphones soient fabriqués à partir de composants fabriqués localement. Après être parvenu à un accord avec Jakarta, le géant américain avait annoncé fin mars une reprise des ventes pour le 11 avril.”Je suis très heureux d’avoir appris la nouvelle car nous pouvons maintenant acheter l’iPhone directement en Indonésie”, a témoigné Albert Wongso, 34 ans, consultant informatique, venu acheter dans une boutique de Jakarta le modèle iPhone 16 Pro pour remplacer son iPhone 11.”Parce que si nous l’achetons dans un autre pays, il est assez difficile, par exemple, de faire valoir la garantie”, a-t-il ajouté.En novembre, Jakarta avait rejeté une proposition d’investissement de 100 millions de dollars de la part d’Apple, estimant qu’elle ne présentait pas l'”équité” requise par le gouvernement. Apple a ensuite accepté d’investir 150 millions de dollars dans la construction de deux usines, l’une à Bandung, dans la province de Java Ouest, pour la production d’accessoires, et l’autre à Batam pour les AirTags. En février, le ministre de l’Industrie, Agus Gumiwang Kartasasmita, a indiqué qu’Apple s’était également engagé à construire un centre de recherche et de développement sur les semi-conducteurs en Indonésie, le qualifiant de “premier du genre en Asie”.La commercialisation de l’iPhone 16 sur le marché indonésien marque une victoire pour Apple sur un marché immense de 280 millions d’habitants.”L’Indonésie représente l’un des plus grands marchés pour Apple dans la région asiatique, après la Chine”, a commenté Nailul Huda, directeur de l’économie numérique au sein du Centre of Economic and Law Studies (CELIOS) de Jakarta.Le gouvernement indonésien envisage d’assouplir ses règles en matière d’exigences de contenu local pour le secteur des technologies de l’information et de la communication dans le cadre de ses futures négociations avec les États-Unis concernant les tarifs douaniers.Jakarta s’est vu imposer des droits de douane sur ses exportations à hauteur de 32% avant que le président américain Donald Trump n’annonce mercredi une pause de 90 jours dans l’application de ces nouvelles taxes.L’Indonésie a également interdit la vente des téléphones Google Pixel au même motif qu’ils ne respectaient pas l’exigence de 40% de composants produits localement.

Guerre commerciale: Xi appelle l’UE à “résister ensemble”, les marchés toujours fébriles

Le président chinois Xi Jinping a appelé vendredi l’Union européenne à “résister ensemble” face à la guerre commerciale de Donald Trump qui maintient les marchés boursiers dans un état de grande fébrilité.”La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale”, a lancé M. Xi à Pékin lors d’une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.Après son revirement spectaculaire mercredi, l’imprévisible président des Etats-Unis a une nouvelle fois défendu jeudi à Washington son offensive sur les droits de douane censée rapatrier de la production industrielle aux Etats-Unis, en assurant qu’elle était une “bonne chose”.Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi dans un message posté sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était “une pause fragile” et qu'”avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires”.Mais, face à l’incertitude que provoque la politique de Donald Trump et à la poussée de fièvre sino-américaine, les marchés financiers continuaient de tanguer.Dans le sillage de Wall Street, l’indice de Tokyo plongeait de 3,37% vers 06H00 GMT et l’indice de Séoul perdait 0,64%. Wall Street avait terminé en net recul jeudi, le Dow Jones perdant 2,50% et l’indice Nasdaq 4,31%.Après avoir ouvert en baisse, les places chinoises ont toutefois basculé dans le vert, à l’image de Shanghai dont l’indice reprenait 0,75%.En Europe, les marchés boursiers devraient ouvrir en petite hausse vendredi, sur un marché reprenant son souffle au terme d’une semaine de montagnes russes.Les contrats d’avant-séance à Paris sur le CAC 40 prenaient 1,06%, une quarantaine de minutes avant le début de la séance. La veille, l’indice vedette parisien avait fini à +3,83%.Les autres indices européens devraient aussi grimper, à l’image de Francfort (+1,04%), Londres (+1,01%) et Milan (+1,04%).Les Bourses avaient rebondi après le gel de 90 jours, annoncé mercredi par Donald Trump, des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.Mais les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.- “Très intelligent” -Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs.L’UE, de son côté, a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé “très intelligent”.Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, dorénavant soutiens de Donald Trump, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.”Il existe un large éventail de contre-mesures”, a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant “une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques” et le recours à l'”instrument anticoercition”, surnommé “bazooka” et pensé comme un outil de dissuasion. M. Trump, qui bouleverse l’ordre économique international, s’est montré serein jeudi en jugeant que “la transition aura un coût et posera des problèmes” mais qu’en fin de compte, “ça sera une bonne chose”.Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne “rien” voir d'”inhabituel aujourd’hui” sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.Un soupçon de délit d’initié selon des démocrates.Offrant du répit au reste du monde, l’ancien magnat de l’immobilier cible en priorité le rival chinois.- “Très intelligent” -Isolée face à l’administration Trump, la deuxième puissance mondiale, que les Etats-Unis jugent responsable d’une terrible crise de santé publique liée à un opioïde dans le pays, a promis de “se battre jusqu’au bout”.”La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et basé sur le respect mutuel”, a toutefois tempéré le ministère chinois du Commerce.D’autres pays asiatiques – très dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis – font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), laquelle a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.L’impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.Avec ses taxes à l’importation, Donald Trump pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser la production industrielle dans son pays qu’il estime être victime de méfaits de la mondialisation.Il veut ainsi encaisser des droits de douane et pousser ses partenaires à prendre plus de biens exportés. Mais, selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les pays qui commercent avec les Etats-Unis ne savent pas “comment négocier” car “il n’y a pas de théorie économique derrière ce qu’il [Donald Trump] fait”.burs-nr/ktr/lrb/pt/pz

A Shanghai, les employés de la finance inquiets face à la tempête Trump

Sous un écran géant affichant les cours de la Bourse dans le centre financier de Shanghai, les employés du secteur de la finance sont inquiets face à la guerre commerciale lancée par Donald Trump.Après l’effondrement des marchés au début de la semaine, le président américain a suspendu mercredi les droits de douane faramineux qu’il avait imposés à la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Mais face à la détermination de Pékin à rendre quasiment coup pour coup, Donald Trump avait annoncé mercredi que la surtaxe sur les produits chinois serait désormais de 125%, invoquant un “manque de respect” après une première riposte douanière de Pékin. La Maison Blanche a précisé jeudi, via un décret présidentiel, que cela la porterait en fait à 145%, en tenant compte d’autres droits de douane de 20% mis en place par le président américain pour punir la Chine d’héberger sur son sol des ateliers jouant un rôle dans la production de fentanyl, un opioïde à l’origine d’une graveDans le centre de Shanghai, la nouvelle ne semble pas perturber les passants qui profitent de la douceur du printemps. Mais Catherine, une professionnelle de la finance, sourit lorsqu’on lui demande si la semaine a été intéressante au travail.”Chaque nuit, Trump publie un message sur les réseaux sociaux, puis les marchés montent ou descendent (…) nous, les professionnels de la finance, nous en faisons l’expérience directe”, raconte-t-elle devant une statue en bronze représentant un taureau en pleine charge.- “Très gros risque” -La Bourse de Shanghai a plongé de 7% lundi, même si les cours ont depuis repris des couleurs.”Ses paroles et ses actes fragilisent tous nos systèmes financiers, en particulier le marché boursier mondial”, affirme à l’AFP M. Zhang, un de ses collègues.”Il représente un facteur d’imprévisibilité et d’incertitude, et cela constitue un très gros risque pour les investissements”.Le gouvernement chinois a appelé jeudi les Etats-Unis à “faire la moitié du chemin”, en clair à chercher un compromis acceptable par les deux parties, mais aucun signe réel de désescalade ne semble en vue.Pour Catherine, l’augmentation du taux des droits de douane, de toute façon déjà prohibitifs, n’a plus trop d’importance.”Lorsque (Trump) a mis 60% (de taxes), ça suffisait à stopper les échanges commerciaux. Alors s’il met 100, plus de 100, c’est juste un chiffre qui ne veut plus dire grand-chose, c’est juste l’expression de sa colère”, déclare-t-elle.Si M. Zhang dit n’avoir pas remarqué d’effet dans sa vie quotidienne pour le moment, il estime que l’ensemble de l’économie subira des répercussions en raison de l’importance du commerce extérieur pour la croissance chinoise.- “Un héros” -Les exportations de la Chine ont été un rare motif de satisfaction économique pour Pékin l’an passé. Les Etats-Unis étaient les premiers acheteurs de marchandises chinoises.”J’espère que les deux pays vont lever tous les deux leurs droits de douane, que cela pourra être discuté au plus vite et que ces négociations se termineront bien”, déclare M. Zhang.Pour Arthur Zheng, un Shanghaïen en 57 ans en pré-retraite qui promène son chien dans une poussette, la Chine n’a pas forcément à perdre du climat de compétition commerciale avec les Etats-Unis.”S’il augmente (les droits de douane), nous les augmenterons aussi (…) et les prix pour tout le monde deviendront de plus en plus élevés”, affirme-t-il.”Mais la plupart des produits qu’on achète nous, les Chinois ordinaires, ils ne sont pas importés”, note-t-il. “Beaucoup des choses qu’on utilise sont produits en Chine. On est autosuffisant.”Le quinquagénaire dit n’éprouver aucune animosité envers le président américain.”Je pense que ce type est un héros”, affirme-t-il avec enthousiasme.”Le monde a besoin de quelqu’un qui bouscule les codes. Mais j’espère qu’il saura orienter la situation dans une direction positive – il ne faut pas qu’il se contente de tout chambouler pour ensuite s’arrêter là, ce serait inacceptable.”

Sans les géants du prêt-à-porter, la Suède peine à trier ses habits usés

Les centres de collecte croulent sous les vêtements en Suède depuis le début de l’année en raison de l’obligation de trier les textiles, mais en attendant le soutien des géants de l’habillement, les communes sont débordées.”D’énormes quantités arrivent chaque jour, c’est dingue”, constate Brian Kelly, secrétaire général de l’association Artikel2 (ex-Emmaüs), face à la rangée de chariots remplis de leur point tri.Depuis le 1er janvier 2025, les pays européens doivent opérer une collecte séparée des textiles, comme pour le verre ou le papier. L’objectif est de favoriser une gestion circulaire de ces déchets: après le tri, ils sont réemployés ou recyclés s’ils sont trop abîmés. “Nous avons enregistré une augmentation d’environ 60% des textiles collectés entre janvier et février cette année, par rapport à la même période l’année dernière”, souligne Karin Sundin, spécialiste de ces déchets chez Stockholm Vatten och Avfall.Une fois triés, environ 60 à 70% sont destinés à la réutilisation, 20 à 30% seront recyclés (rembourrage, isolation, matériaux composites) et environ 7 à 10% seront brûlés à des fins énergétiques, selon l’agence suédoise de la protection de l’environnement.- Gros volumes -Une nette amélioration, selon les professionnels du secteur, qui rappellent qu’avant cette loi, un pull jeté finissait systématiquement incinéré. Faute d’infrastructures suffisantes, les vêtements usagés en Suède sont néanmoins encore largement exportés vers l’étranger, surtout en Lituanie, où ils sont triés, ou brûlés et transformés en énergie sur place. “Nous ne disposons pas de grandes installations de tri capables de valoriser l’ensemble des textiles, comme c’est le cas, par exemple, en Europe de l’Est. Cela s’explique par le fait que ce tri est très intensif en main-d’œuvre, ce qui le rend très coûteux”, explique Mme Sundin en faisant visiter à l’AFP le centre de collecte d’Östberga (sud de Stockholm).Les volumes en circulation sont gigantesques: en Suède, les déchets textiles représentent 90.000 tonnes par an, soit 10 kilos par personne, selon l’association Naturskyddsföreningen. Au sein de l’UE, elle atteint en moyenne 19 kilos par personne en 2022, contre 17 en 2019, selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).Sans compter la pollution générée par le secteur de l’habillement.  Fabriquer un tee-shirt de 135 grammes nécessite 2.500 litres d’eau et un kilo de produits chimiques, relève Yvonne Augustsson, conseillère au sein de l’agence suédoise pour la protection de l’environnement. “Cela entraîne une émission d’environ 2 à 5 kilos de gaz à effet de serre. En Suède, un vêtement est utilisé en moyenne 30 fois. Si on double cette durée d’usage à 60 utilisations — ce qui semble raisonnable — on réduit de moitié son impact climatique”, expose-t-elle.La gestion des déchets repose uniquement sur les communes, souvent dépassées par la quantité de textiles reçus. Dans le nord, certaines comme Kiruna continuent à tout brûler malgré la loi, faute de trouver preneur.  Les géants de l’industrie comme H&M et Zara sont attendus au tournant, et des négociations sont en cours au niveau européen pour établir leur responsabilité.Selon un accord provisoire conclu entre les pays membres de l’UE le 18 février, ces acteurs devront assumer les coûts liés à la gestion de leurs déchets textiles, y compris la mise en place de systèmes de collecte et de traitement. – Changement des mentalités -L’idée est de les inciter à produire “des vêtements conçus pour durer plus longtemps, tant en termes de qualité que de réparabilité”, décrypte Mme Augustsson. Un changement des mentalités chez le consommateur est également nécessaire. Pour rester dans les “limites planétaires”, il faudrait ne “pas acheter plus de cinq vêtements neufs par an”, prévient Beatrice Rindevall, présidente de Naturskyddsföreningen, association qui organise régulièrement des journées d’échange de vêtements.Dans la ville de Linköping, par une journée ensoleillée de mars, Eva Vollmer, une bénévole, s’affaire sur un campus étudiant. Veste rose fuschia aux manches garnies de plumes, jeans délavés, sacs, marinières… il y en a pour tous les goûts.”Les gens peuvent nous donner des vêtements en bon état, qu’ils ne portent plus (…) et les échanger contre d’autres”, dit-elle. “Notre objectif, c’est de créer une solution concrète pour offrir une réelle alternative”.Mais le marché de la seconde main a changé, avec des produits de plus en plus défectueux, note Karin Sundin. 

Le Panama autorise le déploiement de militaires américains à proximité du canal

Les troupes américaines vont être autorisées à se déployer autour du canal du Panama, selon un accord bilatéral vu par l’AFP jeudi, une importante concession faite à Washington, même si la possibilité de bases militaires est exclue.La présence de troupes américaines est une question sensible dans le pays d’Amérique centrale, car elle rappelle l’époque où les Etats-Unis y disposaient d’une enclave avec des bases militaires avant de céder le canal aux Panaméens en 1999.L’armée américaine et des sociétés militaires privées engagées par les Etats-Unis “pourront utiliser les sites autorisés, les installations et les zones désignées pour des entraînements, des activités humanitaires(…) et des exercices”, indique l’accord signé par le chef du Pentagone, Pete Hegseth, en visite cette semaine au Panama, et le ministre panaméen de la Défense, Frank Abrego.L’accord, d’une durée de trois ans renouvelable, précise que les installations seront la propriété de l’Etat panaméen et seront destinées à une “utilisation conjointe” par les forces des deux pays.Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, l’administration de Donald Trump a placé le canal de Panama, qui permet de passer de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique sans contourner l’Amérique du Sud, en haut de son agenda stratégique, notamment pour contrer les intérêts chinois dans cette zone latino-américaine que les Etats-Unis tendent à considérer comme leur sphère d’influence. Le président Trump a même évoqué la possibilité de “reprendre” le canal que les Etats-Unis ont construit en 1914 et cédé au Panama en 1999.”Nous avons signé plusieurs accords historiques (…) nous sommes en train de récupérer le canal. la Chine avait trop d’influence”, a déclaré jeudi à une réunion du gouvernement le ministre de la Défense, selon le compte X de la Maison Blanche.Les Etats-Unis participent depuis longtemps à des exercices militaires au Panama, mais la présence à long terme de forces américaines pourrait être un handicap politique pour le président panaméen de centre-droit, Jose Raul Mulino, estiment des politologues.- “Mettre le feu au pays” -M. Mulino, en déplacement au Pérou jeudi, a confirmé que les Etats-Unis avaient demandé à rétablir des bases militaires dans le pays et des “cessions de territoires”, ce qu’il avait refusé.”Vous voulez le désordre, (…) mettre le feu au pays?”, a-t-il indiqué avoir répondu à Pete Hegseth. “Ce canal est et restera panaméen.”Au cours d’une conférence de presse mercredi, le ministre américain de la Défense avait suggéré que les exercices de défense conjoints étaient “une occasion de relancer” une “base militaire” où opèreraient des “troupes américaines”, suscitant un malaise.”Nous ne pouvons pas accepter de bases militaires ou des sites de défense”, avait réagi M. Abrego lors de la même conférence de presse.Le gouvernement panaméen a indiqué que les Etats-Unis avaient supprimé une mention de la “souveraineté inaliénable du Panama sur le canal” dans la version anglaise d’un communiqué conjoint. Jeudi, il a demandé à Washington de mettre à jour le texte et de l’inclure.Le pays entretient des relations difficiles avec les Etats-Unis, après une occupation américaine de la zone du canal pendant plusieurs décennies et l’opération américaine il y a 35 ans pour renverser le dictateur Manuel Noriega qui avait fait plus de 500 morts.Les visées de Donald Trump sur le canal du Panama ont déclenché d’importantes manifestations dans le pays.- “Trahison” -Le dirigeant syndical Saúl Méndez a condamné l’accord bilatéral, y voyant “un recul de la souveraineté nationale”. “Ce que le gouvernement panaméen a fait est un acte de trahison, ce sont des vendus et ils doivent être jugés”, a-t-il déclaré à l’AFP.Selon la loi, le Panama exploite le canal en donnant accès à toutes les nations.Cette voie maritime assure environ 40% du trafic de conteneurs des Etats-Unis et 5% du commerce mondial.Mais le président américain a pointé du doigt le rôle de la société Panama Ports Company (PPC), filiale d’un groupe hongkongais, qui opère les ports situés aux deux extrémités du canal.Sous la pression de la Maison Blanche, le Panama a accusé PPC de ne pas respecter ses obligations contractuelles et a demandé à la société de se retirer du pays.La société mère des ports, CK Hutchison, a annoncé le mois dernier un accord visant à céder 43 ports dans 23 pays – dont ses deux ports sur le canal de Panama – à un consortium dirigé par le fonds d’investissements américain BlackRock, pour un montant de 19 milliards de dollars.Furieux, Pékin, a depuis annoncé un examen de l’opération par les autorités chinoises de la concurrence.

Les Bourses rechutent en Asie face à la guerre commerciale de Trump

Les Bourses asiatiques ont lourdement rechuté vendredi dans le sillage de Wall Street, signe d’inquiétude face à la guerre commerciale de Donald Trump et au moment où l’Union européenne menace de taxer les géants américains de la tech.Après son revirement spectaculaire mercredi, l’imprévisible président des Etats-Unis a une nouvelle fois défendu jeudi à Washington son offensive sur les droits de douane censée rapatrier de la production industrielle aux Etats-Unis, assurant qu’elle était une “bonne chose”.Mais face à l’incertitude que provoque cette politique et à la poussée de fièvre sino-américaine, les marchés financiers s’affolent.Dans le sillage de Wall Street, l’indice de Tokyo a plongé de 4,22% vers 03H00 GMT et l’indice de Séoul a décroché de 1,18%. Wall Street avait terminé en net recul jeudi, le Dow Jones perdant 2,50% et l’indice Nasdaq 4,31%.Les places chinoises souffrent également, à l’image de Shanghai dont l’indice cédait 0,23%.Les Bourses avaient pourtant rebondi après le gel de 90 jours, annoncé mercredi par Donald Trump, des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.Reste que les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.- “Catastrophe du libre échange” -D’ailleurs, le président du syndicat américain des ouvriers de l’industrie automobile (UAW), Shawn Fain, a salué jeudi ces taxes sur les voitures importées, afin de juguler la “catastrophe du libre échange”.Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs.Alors, si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, dorénavant soutiens de Donald Trump, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.”Il existe un large éventail de contre-mesures”, a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant “une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques” et le recours à l'”instrument anti-coercition”, surnommé “bazooka” et pensé comme un outil de dissuasion. Mais M. Trump, qui à 78 ans bouleverse l’ordre économique international, s’est montré serein: “La transition aura un coût et posera des problèmes, mais en fin de compte, ça sera une bonne chose”, a-t-il assuré lors d’un Conseil des ministres à la Maison Blanche.Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne “rien” voir d'”inhabituel aujourd’hui” sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.Un soupçon de délit d’initié selon des démocrates.Offrant du répit au reste du monde, l’ancien magnat de l’immobilier cible en priorité le rival chinois.La Maison Blanche a précisé dans un décret présidentiel que la surtaxe sur des produits “made in China” était dorénavant de 145%, c’est à dire 125% plus le taux initial de 20% imposé à Pékin pour des accusations de production de fentanyl, un opioïde responsable d’une terrible crise de santé publique aux Etats-Unis.- “Très intelligent” -Isolée face à l’administration Trump, la seconde puissance mondiale a promis de “se battre jusqu’au bout”.”La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et basé sur le respect mutuel”, a toutefois tempéré le ministère chinois du Commerce.D’autres pays asiatiques — très dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis — font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), laquelle a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.L’UE a aussi suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé “très intelligent”.L’impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane, sur fond de tensions sur le partage des eaux des fleuves Colorado et Rio Grande, à la frontière entre les deux géants.Avec ses taxes à l’importation, Donald Trump pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser la production industrielle dans son pays qu’il estime être victime de méfaits de la mondialisation.Il veut ainsi encaisser des droits de douane et pousser ses partenaires à prendre plus de biens exportés. Mais, selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les pays qui commercent avec les Etats-Unis ne savent pas “comment négocier” car “il n’y a pas de théorie économique derrière ce qu’il [Donald Trump] fait”.”C’est un autre monde”, a-t-il estimé dans l’émission américaine Democracy Now!burs-nr/phs

Accord sur les pandémies: incertitude sur l’issue des négociations à l’OMS

A quelques heures de l’échéance prévue, l’issue des négociations à l’OMS pour mieux protéger le monde d’une future pandémie reste incertaine vendredi, cinq ans après le Covid et face à la menace du H5N1, de la rougeole et du mpox.La conclusion de plus trois ans de négociations à l’Organisation mondiale de la santé sur un accord de prévention et de lutte contre les pandémies survient dans un contexte de coupes drastiques dans l’aide internationale américaine.Et le retrait des Etats-Unis de Donald Trump de l’OMS font peser des risques sur le système de surveillance internationale des risques sanitaires, selon les experts.”C’est le moment ou jamais” de conclure, a déclaré à l’AFP Suerie Moon, codirectrice du Centre de santé mondiale à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève.Des questions de taille ont ralenti les négociations ces dernières années, et encore cette semaine, dont celle de la surveillance des pandémies, du transfert de technologies et du partage des données sur les agents pathogènes émergents et sur les avantages qui en découlent, à savoir les vaccins, les tests et les traitements.Les négociations “font des progrès constants, mais il y a des sujets difficiles sur la table”, a commenté jeudi le directeur de l’OMS chargé des situations d’urgence sanitaire, Michael Ryan.Cette semaine est censée être le dernier cycle de négociations, plus de trois ans après la décision prise par les pays membres de l’OMS de doter le monde d’un texte qui doit permettre de prévenir et de mieux gérer les pandémies, après les graves erreurs du Covid-19.En juin dernier, les pays avaient décidé de prolonger les négociations en vue d’une validation finale en mai prochain, lors de l’assemblée annuelle de l’OMS. “Les Etats membres travaillent très dur jusque tard dans la nuit”, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pendant la conférence de presse.”Ils doivent continuer à s’écouter les uns les autres et à trouver un terrain d’entente” et “j’espère qu’ils parviendront à un accord”, a-t-il dit.Au siège de l’OMS — où se déroulent les négociations –, le sentiment d’urgence se fait sentir.”Disposer d’un plan pour faire face à la prochaine pandémie permettrait de sauver des milliers, voire des millions de vies”, a renchéri le Dr Ryan.- “Dernière opportunité d’agir” -Mais si le nombre de sujets en discussion se réduit, il se resserre sur les points les plus politiques. L’issue des discussions “est imprévisible. Les experts peuvent faire des progrès, mais au dernier moment, il faut aussi une certaine volonté politique”, a indiqué à l’AFP une source diplomatique.Le projet de texte “a fait des progrès substantiels, mais des divergences subsistent sur certains articles clés”, a commenté la mission chinoise auprès de l’AFP, appelant toutes les parties “à faire preuve de compréhension mutuelle” et à parvenir à un accord “qui soit significatif, équitable et réalisable”.Dans les couloirs, l’idée de prolonger les discussions jusqu’en mai afin de surmonter les derniers différends n’est pas totalement exclue.ONG et experts appellent les pays à faire des compromis.Ellen’t Hoen, avocate pour l’ONG Medicines Law & Policy, considère “il est très important de parvenir à cet accord, même si le texte n’est pas parfait”.”C’est bien plus préférable que de devoir négocier un tel accord à partir de zéro, car cela n’arrivera probablement qu’après la prochaine pandémie, et ce serait une situation inacceptable”, a-t-elle dit à l’AFP.”Cette réunion représente la dernière opportunité d’agir”, a rappelé aux négociateurs l’initiative internationale Prezode, lancée par la France en 2021 et qui vise à prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies en renforçant les coopérations avec les régions du monde les plus concernées.  “La prévention n’est pas une option ni un luxe. Elle est une condition d’équité et de sécurité sanitaire universelle”, a averti l’ONG, lors des débats à l’OMS.Le projet d’accord prévoit notamment la création d’un “Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages” (PABS en anglais). Il propose que les entreprises qui accepteraient de participer à ce mécanisme donnent à l’OMS un “accès rapide” à 20% de leur production de produits de santé liés à une pandémie, dont “au moins 10% en temps réel” sous forme de donations, mais certains pays — notamment des producteurs de ces produits — jugent ces seuils trop élevés.

France: Moody’s se prononce vendredi sur fond de croissance affaiblie

Croissance rabotée, imprévisibilité de l’offensive protectionniste américaine… Quatre mois après l’avoir rétrogradée d’un cran, l’agence de notation Moody’s doit dire vendredi si elle maintient la bonne note de la France, confrontée au défi de respecter sa trajectoire budgétaire.La note de la dette publique française avait été abaissée de “Aa2” à “Aa3” (l’équivalent d’un 17/20) en décembre, au vu de la “fragmentation politique” du pays, peu propice selon Moody’s au rétablissement rapide des finances publiques. C’est l’équivalent du “AA-” de Fitch et S&P mais, contrairement à la perspective négative de ces dernières, la perspective stable attribuée par Moody’s suggère qu’une nouvelle révision n’est pas envisagée à plus ou moins brève échéance. “Le scénario le plus probable, c’est que la note soit confirmée. C’est un peu plus incertain pour la perspective”, indique à l’AFP Norbert Gaillard, économiste et consultant indépendant.Depuis le revers de décembre, la France s’est dotée d’un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d’euros d’effort, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve, tandis que la menace d’une censure du gouvernement s’est momentanément éloignée. – Effort “reporté” -Mais le risque économique s’est accru avec la tempête commerciale déclenchée par le gouvernement américain le 2 avril, puis temporairement suspendue mercredi pour 90 jours – sauf avec la Chine. Citant des “incertitudes”, le ministre de l’Economie Eric Lombard a abaissé à 0,7% la prévision gouvernementale de croissance pour 2025, contre 0,9% auparavant et après 1,1% en 2024, l’alignant sur celle de la Banque de France. Ce taux de croissance pourrait-il à nouveau être raboté? “Si on réussit à faire baisser les droits de douane” – une surtaxe de 20% pour l’Union européenne ramenée à 10% mercredi – “on peut même avoir mieux, et sinon, nous verrons”, a éludé le ministre. Le gouvernement détaillera sa trajectoire budgétaire le 15 avril, lors d’une conférence sur les finances publiques autour du Premier ministre François Bayrou. L’exécutif a réaffirmé sa volonté de réduire le déficit public à 5,4% du PIB cette année, après 5,8% en 2024, pour être sous le plafond européen de 3% en 2029, une ambition qui maintient toutefois la France parmi les cancres de la zone euro. Cela relève de la gageure, estiment des économistes, alors que le gouvernement exclut d’augmenter à nouveau les impôts – en dehors du passage en revue des niches fiscales – et ne veut faire “ni plus (…) ni moins” que ce qui est inscrit au budget en termes de dépenses. “Pour arriver à ce maigre succès” d’un déficit à 5,4%, “le gouvernement a dû consentir d’énormes concessions” lors de discussions avec les partis politiques, pointe Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. “Tout l’effort est donc reporté sur les années ultérieures”, souligne-t-il dans une note, estimant “peu crédible” l’objectif de 2029: “On ignore comment ce qui est politiquement impossible maintenant pourrait être possible d’ici quelques mois pour le prochain budget”.- Arbitraire -Compliquant davantage l’équation budgétaire, aux perspectives d’activité assombries s’ajoutent la volonté d’augmenter les dépenses militaires et une remontée des taux d’intérêt pour les emprunts français, qui alourdit le coût déjà colossal de la dette (58 milliards d’euros en 2024 pour une dette à 113% du PIB, selon l’Insee).  “Avec une croissance plus faible que prévu”, le gouvernement “a très peu de marges de manœuvre”, abonde Norbert Gaillard. “On liste les mesures, mais on sait qu’elles sont impopulaires, qu’elles peuvent déclencher le vote d’une motion de censure, des manifestations, des mouvements de grève”, développe-t-il, citant les pistes d’un effort éventuel demandé aux retraités ou d’une hausse de la TVA avancée par le patronat. Au-delà de la fragilité de ses finances publiques, la France peut se prévaloir d’atouts: “son économie grande, prospère et diversifiée”, “la compétence de l’administration” ou “la bonne liquidité de la dette”, relève cependant Eric Dor. “La question est de déterminer si cela suffit encore, vu la forte instabilité politique du pays”, développe-t-il. “L’agence Moody’s aurait déjà des arguments solides pour dégrader la note de la France à A1”, mais “l’expérience apprend que les agences de notations prennent parfois des décisions qui semblent assez arbitraires.” 

Droits de douane: Trump promet un happy end aux Américains

Le président Donald Trump a une nouvelle fois défendu jeudi son offensive douanière visant à rapatrier de la production aux Etats-Unis, même si elle s’accompagne d’un “coût”, de “problèmes”, et de marchés en berne.”La transition aura un coût et posera des problèmes, mais en fin de compte, ça sera une bonne chose”, a assuré le président américain en Conseil des ministres. Le ministre des Finances Scott Bessent a affirmé pendant cette même réunion qu’il ne voyait “rien d’inhabituel aujourd’hui” sur les marchés.A rebours des places asiatiques et européennes, Wall Street a terminé en net recul jeudi. Le Dow Jones a perdu 2,50%, l’indice Nasdaq a reculé de 4,31% et l’indice élargi S&P 500 de 3,46%.Le pétrole et le dollar ont aussi fondu face aux craintes de ralentissement mondial de l’activité. L’or a franchi un nouveau record.Les marchés ont réagi négativement après que la Maison Blanche a clarifié l’ampleur de la surtaxe frappant désormais les produits chinois: 145%. Ils avaient caressé l’espoir d’une désescalade dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump.Mercredi, le président américain a offert un peu de répit à près de 60 partenaires commerciaux des Etats-Unis, délestés pour 90 jours d’une surtaxe punitive sur leurs exportations vers la première puissance mondiale.Ils restent toutefois visés depuis le 5 avril par 10% de droits de douane additionnels.Face à la détermination de Pékin à rendre quasiment coup pour coup, Donald Trump a dans le même temps concentré ses flèches sur la Chine et alors annoncé 125% de droits de douane additionnels. La Maison Blanche a précisé jeudi, via un décret présidentiel, que cela porterait en fait la surtaxe sur le “made in China” à 145%, en tenant compte d’autres droits de douane de 20% mis en place par le milliardaire républicain pour punir la Chine d’héberger sur son sol des ateliers jouant un rôle dans la production de fentanyl, un opioïde responsable d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Autres subtilités: cette surtaxe touchera la majorité des produits chinois mais pas tous (les semiconducteurs sont exemptés par exemple), et arrive en supplément des droits de douane qui existaient avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.- “Très intelligente” -Désormais isolées dans leur combat face à l’administration américaine, les autorités chinoises ont continué jeudi de tenir tête à Washington, promettant de “se battre jusqu’au bout” tout en se montrant disposées à rechercher un compromis.”La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et basé sur le respect mutuel”, a prévenu le ministère chinois du Commerce.Les autres pays ont préféré faire profil bas. L’Asean, bloc régional regroupant dix pays d’Asie du Sud-Est, dont le Vietnam et le Cambodge, s’est engagé jeudi à “ne pas imposer de mesures de rétorsion” contre les Etats-Unis.L’Union européenne a de son côté suspendu sa riposte pour “donner une chance aux négociations”, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.”Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures [sur les produits américains] entreront en vigueur”, a-t-elle cependant assuré.La décision de l’UE a été qualifiée de “très intelligente” jeudi par Donald Trump. – “Un autre monde” -Avec ses droits de douane, le locataire de la Maison Blanche pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser des activités aux Etats-Unis, encaisser des recettes publiques sur le dos des importations, et pousser les pays à ouvrir leurs portes aux produits américains.D’après Donald Trump, plus de 75 pays se sont d’ores et déjà manifestés pour négocier avec les Etats-Unis. Mais, selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les pays ne savent pas “comment négocier” avec les Etats-Unis car “il n’y a pas de théorie économique derrière ce qu’il [Donald Trump] fait”.”C’est un autre monde”, a-t-il déclaré dans une interview avec l’émission indépendante Democracy Now!Sa politique douanière pousse les autres pays à resserrer leurs liens. L’UE a ainsi annoncé jeudi que les Vingt-Sept allaient démarrer des négociations avec les Emirats arabes unis en vue d’un accord de libre-échange.burs-myl/els/ph