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Sous pression, l’UE allège ses règles sur l’IA et les données

L’UE doit annoncer mercredi une série de mesures visant à réduire le fardeau réglementaire dans le domaine de l’intelligence artificielle et des données, au nom de l’urgence à redresser la compétitivité de l’Europe et combler son retard technologique.Accusée de céder à des pressions des lobbies du secteur des deux côtés de l’Atlantique, et du gouvernement américain, la Commission s’est défendue ces dernières semaines de vouloir affaiblir la réglementation européenne.Elle a assuré à plusieurs reprises préparer uniquement une loi de simplification prévoyant des “ajustements” ciblés, nécessaires aux entreprises pour se mettre en conformité à ces nouvelles règles, et réduire le fardeau bureaucratique et les coûts qui en résultent.Et y voit la déclinaison au secteur technologique de son offensive lancée l’an dernier, qui vise à redynamiser l’économie européenne et à combler le retard en matière d’IA.Parmi les mesures phare qui pourraient être dévoilées mercredi, selon une version provisoire du projet consultée par l’AFP, la Commission pourrait accorder un délai d’un an aux entreprises qui développent des systèmes d’IA considérés comme à “haut risque” pour se conformer à la loi européenne sur l’intelligence artificielle (AI Act).Entré en vigueur en 2024, avec une application progressive au cours des prochaines années, ce texte européen était censé protéger des dérives de l’intelligence artificielle sans brider l’innovation.Il classifie les modèles selon leur niveau de risque, avec des contraintes proportionnelles au danger.Mais cette législation a suscité une pluie de critiques d’entreprises européennes et américaines qui y voient un frein à leur développement.- “Complexité excessive et incohérences” -Le groupe américain OpenAI avait appelé Bruxelles à mettre fin à l’enchevêtrement des règles européennes (AI Act, DMA, DSA, GDPR…) et nationales, y voyant une chance pour l’Europe de “relancer sa compétitivité, protéger ses citoyens et renouer avec la prospérité et le progrès”.”Il y a un vaste consensus parmi les dirigeants d’entreprises selon lequel la simplification de la réglementation serait le levier le plus puissant pour développer l’investissement et l’innovation en Europe”, a défendu de son côté DigitalEurope, le lobby européen du secteur technologique.Autre point qui suscite l’inquiétude des défenseurs de la protection des données personnelles, la Commission pourrait autoriser l’utilisation de données privées pour le développement des modèles d’IA.Une possibilité très critiquée par les ONG, qui y voient une grave entorse au règlement européen sur la protection des données (GDPR).Parmi les dispositions qui auraient le plus de conséquences visibles pour les internautes, la Commission pourrait chercher à réduire la multiplication des bannières d’autorisation des cookies, ces outils de mesure et de pistage publicitaires.Ces bannières incessantes sont devenues une plaie au quotidien pour de nombreux utilisateurs, même si elles visaient au départ à leur donner un meilleur contrôle sur la collecte et d’exploitation de leurs données. Ces mesures, si elles sont confirmées, risquent de faire l’objet de débats agités au Parlement européen.”L’Europe souffre de la complexité excessive et des incohérences entre les règles qui sont déjà en place. Les silos et les doublons réglementaires, et l’application inégale des obligations créent des incertitudes pour les entreprises, et fragmentent le marché unique”, plaide l’eurodéputée bulgare Eva Maydell (PPE, droite), parmi les partisans de ces assouplissements.Au contraire, les eurodéputés sociaux-démocrates ont demandé à la Commission “de ne pas déréglementer et affaiblir le cadre juridique numérique soigneusement construit par l’UE”.”Au lieu des ajustements ciblés annoncés, la Commission propose de modifier des éléments fondamentaux tels que la définition des données à caractère personnel et les droits des personnes concernées par le GDPR”, s’alarme quant à elle NOYB, l’association du militant autrichien pour la protection des données Max Schrems.Elle craint également que l’UE accepte de “donner aux entreprises d’IA un chèque en blanc pour aspirer les données personnelles des Européens”.

Un tableau de Klimt devient la 2e oeuvre la plus chère jamais vendue aux enchères

Un portrait peint par l’Autrichien Gustav Klimt, vendu 236,4 millions de dollars (204 millions d’euros) par Sotheby’s mardi à New York, est devenu la deuxième oeuvre la plus chère jamais adjugée aux enchères.Seul le “Salvator Mundi” attribué à Léonard de Vinci a fait mieux, vendu pour 450 millions de dollars (alors environ 380 millions d’euros) à New York en 2017.Six acheteurs se sont disputé pendant 20 minutes “Le portrait d’Elisabeth Lederer” (1914-1916), estimé à 150 millions de dollars, qui représente la fille du principal mécène de Gustav Klimt dans une robe impériale chinoise blanche, devant une tapisserie bleue aux motifs d’inspiration asiatique.Sotheby’s n’a pas dévoilé le nom de l’acquéreur.A l’instar de ce tableau, les grands portraits en pied réalisés par le peintre autrichien pendant sa période phare (entre 1912 et 1917) sont “extrêmement rares”, explique Sotheby’s dans un communiqué. La plupart font partie des collections des grands musées et très peu sont détenus par des collectionneurs privés.Cette vente record intervient alors que le produit mondial des enchères d’œuvres d’art a chuté de 33,5% en 2024 à 9,9 milliards de dollars, son plus bas niveau depuis 2009, selon le rapport annuel Artprice publié en mars. En cause alors, outre un contexte économique difficile, le manque d’œuvres de grande valeur.Autre enchère remarquée mardi à New York, les toilettes en or massif du provocateur italien Maurizio Cattelan ont été vendues à une “célèbre marque américaine” pour 12,1 millions de dollars (10,4 millions d’euros), a indiqué Sotheby’s dans un communiqué.Une première version de l’oeuvre, baptisée “America”, a été volée en 2019 dans un château en Angleterre. Jamais retrouvée, elle a probablement été fondue pour être revendue. Trois hommes ont été condamnés dans cette affaire.- Au tour de Frida Kahlo ? -Plusieurs autres oeuvres de Gustav Klimt ont été adjugées lors des mêmes enchères, dont sa “Prairie en fleur” (c. 1908) pour 86 millions de dollars (74,2 millions d’euros) et sa “Pente forestière à Unterach am Attersee” (1916) pour 68,3 millions de dollars (58,9 millions d’euros).Ces tableaux champêtres, ainsi que deux études pour un portrait, faisaient partie de la collection de Leonard A. Lauder, héritier de l’empire des cosmétiques Estée Lauder, décédé en juin à l’âge de 92 ans.Au total, la vente des 24 lots de cette collection a généré 527,5 millions de dollars (455,6 millions d’euros), dont 391,7 millions (338,3 millions d’euros) rien que pour Gustav Klimt. “Un événement historique pour le marché de l’art”, a estimé Charles Stewart, directeur général de Sotheby’s, cité dans un communiqué.Pour l’artiste autrichien, le précédent record était allé à la “Dame à l’éventail” (1917-1918), adjugée pour 85,3 millions de livres sterling (98,9 millions d’euros, 108,8 millions de dollars) à Londres en 2023.Mis en vente jeudi par Sotheby’s à New York, un autoportrait de Frida Kahlo a de bonnes chances de devenir le tableau le plus cher réalisé par une femme.Estimée entre 40 et 60 millions de dollars (34 et 51 millions d’euros), cette peinture de 1940 intitulée “Le rêve (La chambre)” la représente dormant dans un lit surplombé d’un immense squelette.Le tableau le plus cher d’une artiste vendu jusqu’à présent est une oeuvre de 1932 de l’Américaine Georgia O’Keeffe, qui avait atteint la somme de 44,4 millions de dollars (alors 41,5 millions d’euros) en 2014.Aucune femme n’a franchi le seuil des 50 millions, dépassé plus de 150 fois par des hommes.Le record pour Frida Kahlo est un autre autoportrait de 1949, “Diego et moi”, qui s’est vendu pour 34,4 millions de dollars.

Budget de la Sécu: inflexible sur les retraites, le Sénat lance son marathon budgétaire

Le Sénat entame mercredi son marathon budgétaire par l’examen du budget de la Sécurité sociale, une occasion pour la droite de marteler son opposition inflexible à la suspension de la réforme des retraites, au risque d’anéantir toute chance de compromis final au Parlement.Après plusieurs semaines de débats parfois chaotiques à l’Assemblée nationale, les projecteurs se braquent désormais sur le Palais du Luxembourg.Les sénateurs se saisissent vers 16h30 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils siègeront sans interruption pendant sept jours sur ce texte, avant un vote solennel prévu mercredi 26 novembre. Puis ils s’empareront du budget de l’Etat, actuellement débattu à l’Assemblée.A la différence de cette dernière, la chambre haute dispose d’une très nette majorité acquise à une alliance entre la droite et les centristes.Cette configuration permet donc d’envisager sereinement un vote favorable, à condition d’arriver au bout des quelque 1.300 amendements soumis à l’hémicycle… Mais quelle sera la copie retenue par le Sénat ? Très irritée par le choix du gouvernement de se tourner vers le Parti socialiste en vue de négocier sa survie, la majorité sénatoriale n’entend pas rentrer si facilement dans le “compromis” souhaité par le Premier ministre Sébastien Lecornu.”Le gouvernement veut acheter à n’importe quel prix le fait de durer un peu plus”, s’est agacé mardi le patron des Républicains Bruno Retailleau, redevenu sénateur.- “Courage” -Droite et centristes n’auront donc aucun scrupule à refuser en bloc la concession majeure offerte par le gouvernement aux socialistes: la “suspension” jusqu’à janvier 2028 de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans. Soutenue de longue date par le Sénat, elle sera donc rétablie en séance publique, sauf immense surprise.”On n’est pas là pour maintenir coûte que coûte un gouvernement”, martèle le patron du groupe LR, Mathieu Darnaud. “On sait très bien que la suspension de cette réforme, ce sont des coûts supplémentaires”, ajoute-t-il.La réforme des retraites n’est pas le seul objet de désaccord entre députés et sénateurs, ces derniers ayant promis de supprimer des dizaines de mesures votées à l’Assemblée.”La copie de l’Assemblée n’est pas acceptable”, assume la centriste Elisabeth Doineau, rapporteure générale du budget de la Sécu. “Rien n’est agréable à porter, mais il faut aussi avoir le courage de revenir à un niveau de déficit qui rentre dans l’épure”.La sénatrice espère ramener le déficit de la Sécu à environ 17,5 milliards d’euros en 2026 – soit l’objectif initial du gouvernement – contre plus de 24 milliards selon la copie des députés.Pour ce faire, les sénateurs entendent réintroduire le principe de “l’année blanche”, c’est-à-dire le gel des pensions de retraites et des prestations sociales, à l’exception de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les retraites inférieures à 1.400 euros.Ils s’opposent aussi à la hausse de la CSG sur le capital, autre victoire des députés socialistes.- “Le retour des horreurs” -“C’est le retour des horreurs”, se désespère le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, promettant des “débats aussi durs qu’en 2023 sur la réforme des retraites”. Dans cette chambre où La France insoumise n’a aucun parlementaire, la gauche – socialiste, écologiste et communiste – a promis “d’entrer en résistance” en commun et de “faire bloc” pour “défendre des acquis”, malgré ses divergences stratégiques sur le budget.Interrogée ce week-end par Le Parisien, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a elle appelé les sénateurs à “œuvrer au compromis” sur les retraites.Mais la chambre haute et son président Gérard Larcher n’entendent pas, à ce stade, céder sur cette ligne rouge… Au risque de doucher les espoirs d’un compromis bâti entre les deux chambres du Parlement ?Au Sénat comme à l’Assemblée, l’immense majorité des parlementaires envisagent déjà l’échec de la commission mixte paritaire (CMP), réunion censée accorder les versions des deux chambres fin novembre. Cela obligerait les députés à entamer au pas de course une “nouvelle lecture” de ce PLFSS. Avec un risque chaque jour plus grand de voir le texte mis en place par voie d’ordonnances, si les délais constitutionnels – fixés au 12 décembre à minuit – sont dépassés… 

IA: Nvidia et Microsoft vont investir 15 milliards de dollars dans la start-up Anthropic

Les géants du numérique américains Nvidia et Microsoft ont annoncé mardi qu’ils vont investir respectivement 10 milliards et 5 milliards de dollars dans la start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) Anthropic, connue pour son outil d’IA générative Claude.Ces nouveaux investissements, annoncés dans un communiqué commun, devraient porter la valorisation d’Anthropic à 350 milliards de dollars, selon des sources proches citées par la chaîne américaine CNBC.Son concurrent OpenAI a récemment vu sa valorisation atteindre 500 milliards de dollars.La jeune entreprise s’est de son côté engagée à acheter pour 30 milliards de dollars de capacités auprès d’Azure, la plateforme d’informatique dématérialisée (“cloud”) de Microsoft, et mettra Claude à disposition des “clients entreprise d’Azure, avec un choix de modèles étendu et de nouvelles capacités”, selon le communiqué des trois entreprises.Cette annonce n’a cependant pas particulièrement séduit les marchés, les titres Nvidia et Microsoft reculant respectivement de 2,22% et 2,38% à la Bourse de New York vers 20H50 GMT, dans un marché globalement à la baisse alors que les craintes d’une possible bulle spéculative autour de l’IA montent chez les investisseurs.Le rapprochement entre les trois entreprises prévoit par ailleurs une collaboration en terme de conception et ingénierie qui doit permettre d'”optimiser les modèles d’Anthropic pour en obtenir la meilleure performance et efficacité”.”Nous allons petit à petit devenir les clients les uns des autres. Nous allons utiliser les modèles d’Anthropic, ils vont utiliser notre infrastructure et nous irons sur les marchés ensemble pour aider nos clients à profiter pleinement de la valeur créée par l’IA”, a déclaré, dans une vidéo commune, le PDG de Microsoft, Satya Nadella.”C’est la première fois que nous avons un partenariat d’importance avec Anthropic pour accélérer le développement de Claude”, a de son côté signalé le patron de Nvidia, Jensen Huang, “cet accord entre nos trois entreprises permettra d’apporter l’IA et le cloud à chaque entreprise, chaque industrie dans le monde”.- Craintes de bulle -L’annonce de ce partenariat entre les trois entreprises intervient alors qu’un autre géant du numérique, Google, a annoncé le même jour la dernière version de son outil IA, Gemini 3, qui doit notamment permettre de générer de manière autonome des projets d’écriture d’application à partir de consignes données en langage courant, et qui viendrait ainsi en concurrence de Claude.Egalement basée en Californie, Anthropic a été fondée en 2021 par des anciens d’OpenAI et se présente comme développant une IA qui se veut plus sûre.Comme sa concurrente, elle profite des énormes investissements réalisés par les géants du numérique, Microsoft et Nvidia en tête. Mais Anthropic comme OpenAI se voient également concurrencées par certains, à l’image de Google donc mais également d’Amazon, de Meta, ou plus récemment de xAI, lancée par Elon Musk.Depuis le lancement de ChatGPT il y a bientôt trois ans, le secteur a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour accélérer le développement et l’adoption de l’IA.Ces annonces interviennent alors que les marchés s’inquiètent des valorisations faramineuses du secteur du numérique, mais aussi des sommes importantes engagées, alors que le retour sur investissement semble être encore loin et le coût de développement de chaque nouvelle version augmente en produisant des innovations qui sont moins importantes.Depuis son plus haut fin octobre, le titre Nvidia, première valorisation au monde, a perdu plus de 12% de sa valeur et les marchés attendent la publication de ses résultats, attendus mercredi.Bien que la croissance des investissements dans l’IA ait été “un moment extraordinaire”, il existe une certaine “irrationalité” dans l’actuelle frénésie qui s’en est emparée, a reconnu lundi Sundar Pichai, le patron d’Alphabet, maison mère de Google.Autre difficulté qui se présente, la consommation d’énergie nécessaire pour faire tourner les serveurs de l’IA ne cesse d’augmenter, pour représenter 1,5% de la consommation mondiale d’électricité selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette voracité énergétique crée parfois des tensions sur les réseaux locaux, une contrainte que les géants du secteur tentent de contourner en signant des accords pour le développement de nouvelles sources d’énergie dédiées.

Wall Street termine en baisse, lestée par la tech et la Fed

La Bourse de New York a clôturé en baisse mardi, les inquiétudes concernant les valorisations des géants de l’intelligence artificielle (IA) continuant de peser sur le marché, de même que les incertitudes autour des taux de la Fed.Le Dow Jones a perdu 1,07%, l’indice Nasdaq s’est replié de 1,21% et l’indice élargi S&P 500 a cédé 0,83%.”Wall Street adopte une posture prudente face aux inquiétudes liées aux niveaux de valorisation élevés” de certains titres, résume Jose Torres, d’Interactive Brokers.”Une partie des pertes récentes sur le marché s’explique par les appréhensions concernant (…) le domaine de l’intelligence artificielle”, précise auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Les titres des géants de la tech ont atteint des niveaux stratosphériques en Bourse ces derniers mois, poussés par les espoirs que les investissements massifs dans l’IA ouvrent la voie à un nouveau cycle de croissance.Mais les analystes craignent de plus en plus que certaines actions soient allées trop haut, trop vite, menant à la création d’une bulle spéculative autour de l’IA.Dans un entretien à la BBC mardi, Sundar Pichai, le patron d’Alphabet, maison mère de Google, a reconnu que toutes les entreprises seraient lourdement affectées si cette bulle IA venait à éclater, ajoutant que la croissance des investissements y avait été “un moment extraordinaire”, avec potentiellement une certaine “irrationalité”.”Un point de bascule (…) pourrait venir des résultats de Nvidia demain après la clôture” de Wall Street, estime Art Hogan.Le géant des puces a encore perdu mardi 2,62% à 181,71 dollars. Le titre est tombé de plus de 12% depuis son plus haut en clôture enregistré fin octobre.De “bonnes nouvelles” de la première capitalisation mondiale “devraient susciter un certain enthousiasme pour d’autres acteurs du secteur de l’IA qui ont également connu un recul”, note M. Hogan.En parallèle, “la visibilité sur les prochaines mesures de la Fed (banque centrale américaine, ndlr) est devenue très floue, ce qui n’aide pas”, remarque l’analyste.Plusieurs membres de l’institution ont récemment joué la carte de la prudence sur une nouvelle baisse des taux à l’issue de la réunion de politique monétaire programmée les 9 et 10 décembre prochains.Des positions qui s’ajoutent à celles du patron de la Fed Jerome Powell, selon qui une détente supplémentaire est “loin” d’être acquise à la prochaine réunion de l’institution.Pour se faire une meilleure idée du cap privilégié par l’institution, le marché attend cette semaine une série de données dont la publication a été retardée par la récente fermeture des services publics aux Etats-Unis, avec notamment le rapport sur l’emploi pour septembre jeudi.Sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’Etat américain se détendait à 4,11% vers 21H25 GMT contre 4,14% la veille en clôture.A la cote, la chaîne américaine de magasins de bricolage Home Depot a franchement reculé (-5,82% à 337,18 dollars) après avoir abaissé ses prévisions pour l’année complète, du fait notamment d’une demande plus faible.Sont aussi attendues cette semaine les performances financières des géants américains des hypermarchés Walmart (-1,40%) et Target (+0,30%).Meta, maison mère de Facebook, a terminé dans le rouge (-0,54% à 598,74 dollars) bien qu’un juge fédéral américain ait estimé mardi que le groupe n’était pas en situation d’abus de position dominante sur le marché des réseaux sociaux.La justice rejette ainsi les arguments avancés par la Commission fédérale du Commerce (FTC) –une agence de protection des consommateurs– il y a cinq ans, après le rachat d’Instagram et WhatsApp.

Perrier: la vente de la célèbre eau gazeuse reste autorisée par la justice

Un tribunal français a autorisé mardi la poursuite de la commercialisation de la célèbre eau gazeuse Perrier, dont une association de consommateurs contestait la vente comme “eau minérale naturelle” en jugeant que la marque de Nestlé Waters était coupable de “tromperies”.”L’existence d’un risque sanitaire pour le consommateur lié aux eaux Perrier étiquetées +eaux minérales naturelles+ n’est nullement établie”, a décidé le tribunal de Nanterre, en région parisienne. En concluant “qu’aucun dommage imminent n’est démontré”.L’association de consommateurs UFC-Que Choisir arguait que la microfiltration utilisée par le groupe sur ses eaux faisait que celles-ci ne pouvaient plus prétendre à l’appellation “eau minérale naturelle”. Et demandait en conséquence à la justice une “interdiction de commercialisation” et “la cessation des tromperies”.Le tribunal a débouté l’association et l’a condamnée à verser 5.000 euros au groupe Nestlé Waters Premium Beverages pour couvrir ses frais de justice. “Nous sommes en colère”, a réagi sa présidente, Marie-Amandine Stévenin.Nestlé Waters, qui produit en France les eaux Perrier, Vittel, Contrex ou encore Hépar, a pour sa part salué une décision qui “confirme que la sécurité alimentaire des eaux minérales naturelles Source Perrier a toujours été garantie”.Il s’agit du enième rebondissement d’un feuilleton de deux ans. Qui a trouvé sa source quand le groupe suisse a admis, début 2024 sous le coup de plusieurs enquêtes de presse, avoir utilisé par le passé des traitements interdits (charbon, UV) pour ses eaux.L’avocat d’UFC-Que Choisir, Alexis Macchetto, était allé jusqu’à dire qu’il existait “un risque réel pour le consommateur”.Nestlé Waters avait contesté “fermement” les demandes de l’association, “notamment les allégations mettant en cause la sécurité alimentaire des produits”.- Commercialisation “trompeuse”? -Le groupe utilise depuis 2024 une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a été contestée, l’eau minérale naturelle ne pouvant faire l’objet de désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques, sauf exception pour retirer du fer ou du manganèse considérés comme nocifs.Le groupe affirme l’avoir fait dans le cadre d’un plan de transformation validé par le gouvernement français en 2023.Depuis, les autorités sanitaires ont estimé que cette microfiltration à 0,2 micron modifiait le microbisme de l’eau, poussant le groupe, sous injonction préfectorale, à la remplacer par une microfiltration à 0,45 micron.Si Nestlé Waters affirme que ce degré de microfiltration a été validé par les autorités, il a dû déposer de nouvelles demandes d’autorisation préfectorale pour exploiter ses forages et commercialiser sous l’appellation eau minérale naturelle.Alors que les préfets n’ont toujours pas rendu leur décision, UFC-Que Choisir soutient que la commercialisation actuelle est “trompeuse”.Nestlé Waters s’en défend, soulignant la mise en place depuis juin, indépendamment de la procédure judiciaire, d’une “vaste” campagne de communication dans les supermarchés et la presse, affirmant bien que les eaux Perrier, Contrex et Hépar “sont susceptibles” de ne pas être minérales naturelles selon “l’analyse par l’Etat de leur microfiltration”.- Pas d’impact sur les ventes -Dans l’immédiat, cette campagne ne semble pas avoir eu d’impact sur les ventes. Sur les bouteilles Perrier classiques, “le nombre de foyers acheteurs est resté stable”, souligne l’entreprise à l’AFP, précisant qu’elle vend toute sa production. Sur le dernier trimestre, avec une météo propice à la consommation d’eau, les ventes sont “même en croissance”.En revanche, la production des bouteilles bleues de Perrier fines bulles a reculé puisque des forages ont été suspendus depuis le début du scandale, et le groupe reconnaît que les ventes ont mécaniquement baissé.Une autre campagne de communication a été lancée ces dernières semaines, cette fois par les concurrents français de Nestlé Waters réunis dans la Maison des eaux minérales naturelles.”L’appellation eau minérale naturelle se mérite”, affirme le syndicat qui rassemble Danone (Evian, Badoit, Salvetat, Volvic) avec des plus petits acteurs (Wattwiller, Mont-Roucous, Eau neuve, Bonneval).Pour eux, la réglementation, dont Nestlé Waters a demandé une clarification, est limpide. “Nous partageons une responsabilité commune: protéger la pureté originelle. Sans traitement. Sans compromis”. C’est-à-dire avec une microfiltration à 0,45 micron réservée au retrait du fer ou du manganèse, ce qui n’est pas le cas pour les filtres utilisés par Nestlé Waters dans le cadre des demandes d’autorisation en cours.

TotalEnergies visé par une plainte pour “complicité de crimes de guerre” au Mozambique

TotalEnergies est visé à Paris par une plainte pour “complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées” au Mozambique, pour des faits datant de 2021 sur le site de son méga-projet gazier qui était alors à l’arrêt, des accusations que le groupe rejette “fermement”.L’association allemande European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) accuse le groupe français d'”avoir directement financé et soutenu matériellement la Joint Task Force (JTF), composée de forces armées mozambicaines, alors que celle-ci aurait détenu, torturé et tué des dizaines de civils” entre juillet et septembre 2021, selon son communiqué de presse.Ces exactions se seraient produites à l’entrée du site du projet gazier Mozambique LNG, dont TotalEnergies est le premier actionnaire (26,5%) et l’opérateur, et qui était alors en pause après une attaque jihadiste meurtrière en mars 2021 sur la ville voisine de Palma (nord). “TotalEnergies – qui n’a pas reçu communication de cette plainte – tient à rejeter fermement toutes ces accusations”, a réagi le groupe auprès de l’AFP.La plainte transmise lundi au parquet national antiterroriste (Pnat) à Paris –compétent pour les crimes internationaux– fait suite à des allégations rapportées par le média Politico en septembre 2024, puis par SourceMaterial et Le Monde.”Il apparaît impensable que TotalEnergies puisse opposer son ignorance des crimes de l’armée mozambicaine, mais aussi plus particulièrement des accusations de violations des droits humains visant la Joint Task Force, dès lors que la société les rapporte elle-même dans plusieurs documents internes transmis à ses financeurs publics”, affirme à l’AFP Clara Gonzales, directrice du programme entreprises et droits humains à l’ECCHR.Cette plainte tombe à un moment crucial pour le géant des hydrocarbures français qui s’est dit prêt le 25 octobre à relancer le projet gazier estimé à 20 milliards de dollars, en vue d’un début de production en 2029.Après l’attaque de jihadistes liés au groupe Etat islamique, actifs dans la province du Cabo Delgado depuis 2017, la multinationale avait déclaré la “force majeure” et suspendu son projet, en avril 2021. Le site est alors laissé sous la garde des forces de l’armée mozambicaine, regroupées dans la JTF, créée en 2020 en vertu d’un accord entre la filiale locale de TotalEnergies, Tepma 1, et le gouvernement de Maputo, accord interrompu en octobre 2023. – “Nouveaux” éléments -Selon Politico, lors de leur contre-offensive contre les jihadistes, des soldats travaillant pour le site ont intercepté des habitants et enfermé entre 180 et 250 hommes dans des conteneurs, les accusant de soutenir l’insurrection.  Détenus pendant trois mois, ils ont été battus, affamés et torturés, et plusieurs ont été tués. Les 26 derniers prisonniers sont libérés en septembre 2021, selon l’enquête du journaliste Alex Perry, sur la foi de témoignages.Mozambique LNG avait alors assuré n’avoir “jamais reçu d’information indiquant que de tels événements aient effectivement eu lieu”. TotalEnergies rappelle mardi que le consortium “a sollicité en novembre 2024” les autorités de Maputo en vue de diligenter une enquête sur ces allégations à l’encontre de l’armée mozambicaine, qui a été officiellement annoncée en mars 2025 par le Procureur général et “saluée” par le groupe français. Selon ECCHR, TotalEnergies était “au courant” de violations de droits humains par les forces armées.Le Monde et Source Material avaient affirmé en novembre 2024 que TotalEnergies avait, dès avril 2021, connaissance d’accusations d’actions violentes de la JTF sur des civils, selon des rapports sociaux émanant des équipes de Mozambique LNG et transmis à l’agence italienne de crédit à l’exportation (SACE), qui soutient le projet.Or pour l’ONG, “TotalEnergies a continué de soutenir directement la JTF” en fournissant logement, nourriture et des primes “conditionnées au respect des droits humains”.ECCHR avance aujourd’hui de “nouveaux documents” obtenus auprès des autorités néerlandaises, qui font état d’échanges entre l’agence hollandaise de crédit à l’export publique Atradius DSB et TotalEnergies, évoquant dès mai 2020 des risques d’atteintes aux droits humains des forces armées. Selon l’ONG, deux enquêtes d’agences de crédit à l’export ont été ouvertes.Cette plainte doit inciter “les financiers publics et les banques telles que Société Générale et Crédit Agricole” à engager “leur retrait immédiat du projet”, a réagi auprès de l’AFP, Lorette Philippot, des Amis de la Terre France, qui s’oppose à “l’expansion gazière au Mozambique”.

Un juge américain estime que Meta n’est pas en situation d’abus de position dominante

Meta, maison mère de Facebook, n’est pas en situation d’abus de position dominante sur le marché des réseaux sociaux, a estimé mardi un juge fédéral américain, rejetant les arguments avancés par la Commission fédérale du Commerce (FTC) il y a cinq ans, après le rachat d’Instagram et WhatsApp.Selon la FTC, qui est l’agence de protection des consommateurs, ces opérations, réalisées en 2012 puis 2014, visaient à réduire le nombre de concurrents de Facebook et ainsi maintenir un quasi-monopole sur ce marché.Le juge basé à Washington n’a pas été convaincu, offrant ainsi une victoire majeure au géant du numérique.”Quand bien même Meta aurait pu profiter d’une situation de monopole par le passé, l’agence (la FTC, NDLR) doit démontrer que cette situation perdure. La décision de la Cour met en lumière le fait que la FTC n’y est pas parvenue”, a souligné dans sa décision le juge James Boasberg.Dans un commentaire publié sur le réseau social X, le groupe a estimé que “la décision reconnaît la forte concurrence à laquelle Meta est confronté. Nos produits apportent quelque chose aux gens et aux entreprises et sont un exemple d’innovation américaine”.Durant le procès, qui s’est déroulé en avril et mai dernier, l’agence officielle avait tenté de mettre en avant que Meta avait établi un monopole sur les “réseaux sociaux personnels” qui permettent de rester en contact avec la famille et les amis, seul Snapchat lui faisant un peu de concurrence, de loin.Le fondateur et patron du groupe californien, Mark Zuckerberg, ainsi que l’ancienne directrice des opérations, Sheryl Sandberg, ont tous deux été entendus par le juge durant les audiences.Pour les avocats de la FTC, l’emprise de Meta sur les connexions familiales et amicales des utilisateurs lui donne des avantages sans pareils pour développer ses produits et engranger des milliards de dollars de bénéfices chaque trimestre.Ils ont notamment mis en avant les nombreux rapports faisant état de l’insatisfaction des clients à l’égard des plateformes de Meta, notamment le nombre de publicités, qui continuent pourtant à croître et à générer des profits faramineux.- Concurrence avec TikTok et YouTube -Mais le groupe avait répondu que ses rivaux sont YouTube et TikTok et que ces plateformes se livrent une concurrence acharnée sur un marché beaucoup plus vaste et en constante évolution pour capter l’attention des utilisateurs du monde entier.”Même si l’on peut discuter des données empiriques de Meta, elles mettent en avant une constante: les gens considèrent TikTok et YouTube comme des options alternatives à Facebook et Instagram et l’ampleur du chevauchement des activités est économiquement important. La FTC n’apporte aucune donnée contraire”, a relevé le juge, donnant ainsi raison aux arguments du groupe.Lors de son passage à la barre, M. Zuckerberg avait notamment assuré qu’Instagram aurait eu “beaucoup de mal” à croître sans Facebook, et que WhatsApp n’avait “pas assez d’ambition” avant le rachat.”Il est très difficile d’arriver à une telle taille. Il faut innover et résoudre de nombreux problèmes techniques, organisationnels et juridiques”, avait-il argumenté au sujet d’Instagram, qui compte aujourd’hui deux milliards d’usagers dans le monde.Face à l’essor fulgurant de TikTok, “nous avons vu notre croissance ralentir de façon dramatique”, avait également ajouté Mark Zuckerberg.Mark Zuckerberg a beaucoup courtisé Donald Trump pour tenter de régler l’affaire à l’amiable, mais la FTC, même sous présidence républicaine, n’a pas montré de volonté de renoncer à poursuivre les différentes grandes actions antitrust lancées ces dernières années dans le secteur des technologies.Google a été reconnu coupable d’abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu’Apple et Amazon font également l’objet de poursuites.Au total, quatre dossiers antimonopole, ouverts aussi bien par les gouvernements de M. Trump que de Joe Biden visent toujours les géants du numérique, alors que les autorités américaines de régulation mènent une offensive d’une rare intensité depuis le dossier de Microsoft dans les années 90.

COP30: le Brésil met la pression avec une première esquisse de compromis

A quatre jours de la fin de la COP30 et avant le retour de Lula, la présidence brésilienne de la conférence de l’ONU a publié mardi une première ébauche de compromis, mettant la pression sur les ministres qui sont loin d’avoir encore abandonné leurs lignes rouges.Le président brésilien Lula reviendra à Belem mercredi, un retour vu par les observateurs comme un moyen de peser sur les négociations pour atteindre le but de la COP30: démontrer en Amazonie que le monde n’a pas abandonné la coopération climatique, malgré les turbulences géopolitiques et économiques.”Comme toujours à ce stade des négociations, c’est mitigé”, a déclaré à l’AFP le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, présent à Belem depuis lundi.”Ce n’est pas particulièrement équilibré mais c’est une première ébauche”, a dit à des journalistes l’émissaire pour le climat du Royaume-Uni, Rachel Kyte.Wopke Hoekstra a prévenu qu’il n’était pas question de “rouvrir les compromis atteints difficilement l’an dernier en termes de financement” des pays riches en direction des pays en développement, et aussi dénoncé tout entraînement “dans une conversation artificielle sur les mesures commerciales”.M. Hoekstra réagissait à l’inclusion d’options, dans le projet de texte, faisant allusion aux mesures commerciales unilatérales, ce qui vise implicitement la taxe carbone aux frontières que l’UE va mettre en place en janvier et qui est critiquée comme protectionniste par la Chine et d’autres pays exportateurs.- “Mutirão” -Ce texte est baptisé “Mutirão mondiale”, en référence à un mot autochtone qui désigne une communauté qui se rassemble pour travailler ensemble sur une tâche commune. Publié inhabituellement tôt dans la semaine, par rapport aux habitudes des COP, il est vu comme la base d’un possible compromis entre les ministres, qui pourrait alors représenter le principal résultat de la COP.Une coalition d’Européens, de pays latino-américains et d’Etats insulaires se battent à Belem pour envoyer un message très clair sur la poursuite du combat climatique.”Nous devons montrer au monde que le multilatéralisme est vivant”, a déclaré Josephine Moote, représentante de l’archipel de Kiribati dans le Pacifique.Ed Miliband, ministre britannique de l’Energie, a appelé à conserver la “foi dans le multilatéralisme”. – “pression” -Le projet de compromis comporte de nombreuses options contradictoires, si bien qu’il devra encore être considérablement affiné avant tout accord entre les quelque 200 nations présentes à la conférence.Les négociateurs travaillent désormais jour et nuit pour qu’un accord sur les sujets les plus épineux puisse être adopté en séance plénière “d’ici le milieu de la semaine”.”Les Brésiliens ont un calendrier très ambitieux. Je pense que ça met beaucoup de pression aux délégués mais il y a une alchimie propre à chaque COP”, juge Rachel Kyte.Le texte laisse présager une bataille pour arracher des concessions mutuelles entre les blocs de pays sur l’aide financière ou sur le niveau d’ambition pour la réduction des gaz à effet de serre, et sur les énergies fossiles.Plusieurs options font en effet allusion à la transition vers une sortie des énergies fossiles, point qui oppose pays producteurs et les dizaines de nations qui souhaitent une “feuille de route” pour en sortir.”La référence actuelle dans le texte est faible et présentée comme une option. Il faut qu’il soit renforcé et adopté”, a prôné Tina Stege, l’émissaire pour le climat des Iles Marshall, aux côtés de représentants de la Colombie, du Kenya ou encore de l’Allemagne.Le texte suggère de tripler les financements des pays riches vers les plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique, d’ici 2030 ou 2035, ce qui correspond à une demande des pays du Sud.Sans décision financière sur l’adaptation “tout ce dont on discute ici n’est que symbolique”, juge Lina Yassin, chercheuse et déléguée du Soudan. “On repartira à la maison et demain rien n’aura changé.”

Tech: Macron prône la “préférence européenne” pour ne pas être le “vassal” des Etats-Unis et de la Chine

Ne pas être un “vassal”, “préférence européenne”, “forger son chemin numérique”: le président français et le chancelier allemand ont appelé mardi à la mobilisation pour “une souveraineté numérique” européenne, et rattraper le retard sur les Etats-Unis et la Chine.Friedrich Merz et Emmanuel Macron clôturaient un sommet de responsables politiques et d’acteurs de la tech avec l’objectif d’impulser en tandem cette quête d’indépendance technologique, alors que l’Europe accuse un retard considérable, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle.”Soyons clairs, l’Europe ne veut pas être le client des grands entrepreneurs ou des grandes solutions proposées, que ce soit par les États-Unis ou par la Chine. Nous voulons clairement concevoir nos propres solutions”, a indiqué M. Macron, martelant un “refus d’être un vassal”.Il a pointé une “fascination pour les solutions non européennes”, qui doit être contrée par la mise en place d’une “préférence européenne”, la “première priorité” afin de permettre l’essor des “champions” continentaux de la tech.”Nous travaillons ensemble vers un objectif commun : la souveraineté numérique européenne”, qui a un coût moindre que la dépendance, a déclaré M. Merz, appelant à ne pas laisser “la suprématie technologique” aux États-Unis et à la Chine.- “Centaines de milliards” -Selon le dirigeant allemand, les entreprises européennes ont fait plus de 12 milliards d’euros de promesses d’investissements lors du sommet.Un montant non-négligeable en Europe mais loin de la force de frappe des acteurs américains, et loin des “centaines de milliards d’euros chaque année [nécessaires] pour rester dans la course” soulignés mardi à Berlin par le ministre français de l’Economie Roland Lescure.Selon un communiqué commun, le sommet a rassemblé 900 personnes : ministres, représentants européens et patrons du secteur comme le spécialiste français de l’IA Mistral, et le géant allemand des logiciels SAP.Contrainte de compter sur les géants Nvidia, Google, Amazon et autre OpenAI, l’Europe est appelée à reprendre la main sur son destin numérique. Une condition avancée par le chancelier allemand, et soutenue par M. Macron : “simplifier radicalement nos pratiques réglementaires” accusées de freiner l’innovation, ce que la Commission européenne doit proposer mercredi dans son texte “omnibus”.Les deux pays ont notamment appelé à une pause de 12 mois pour certaines dispositions de la loi européenne sur l’IA.”Nous devons innover avant de réglementer”, a dit le président français, évoquant aussi le Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui doit, selon lui, être amélioré par Bruxelles.Quant à l’effort d’investissement, il doit être européen, pour que les “euros ne deviennent pas des dollars”, a prévenu M. Lescure. L’Europe ne peut “appeler à la souveraineté numérique (…) tout en laissant la porte ouverte à la big tech pour accéder au coeur même de nos données financières”, a-t-il souligné.L’UE pourrait aussi imposer aux géants du secteur des services “cloud” (informatique à distance) Amazon et Microsoft des règles renforcées, a annoncé la vice-présidente de la Commission chargée du Numérique, Henna Virkkunen.La Commission a ouvert mardi deux enquêtes pour “établir si Amazon Web Services et Microsoft devraient être désignés comme contrôleurs d’accès dans l’informatique à distance”, ce qui les soumettrait aux obligations du règlement européen sur les marchés numériques (DMA), a expliqué Mme Virkkunen.Le DMA est une loi emblématique entrée en vigueur l’an dernier et qui vise à mettre fin aux abus de position dominante des géants technologiques.- “Musée” technologique? -Toujours est-il que s’agissant de solutions AI, de semi-conducteurs, de composants informatique, l’Europe ne peut que compter sur les importations.Selon une enquête menée par l’association allemande Bitkom, environ 90% des entreprises allemandes importatrices se considèrent dépendantes de ceux-ci.Interrogé par l’AFP, le président de Bitkom, Ralf Wintergerst, a souligné l’urgence d’investir massivement: “nous devons augmenter les investissements de manière significative”.Mais la bataille est difficile, entre croissance atone, retards accumulés, et des entreprises miniatures quand on les compare aux rivales américaines.Ainsi, selon Bitkom, les centres de données européens, un élément clé de la révolution de l’IA, avaient une capacité de 16 gigawatts l’an dernier, contre 48 aux Etats-Unis et 38 à la Chine.