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Les Etats-Unis se retirent d’un accord sur une taxation minimale des multinationales

L’Union européenne (UE) a dit mardi “regretter” la décision du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, de retirer son pays de l’accord international introduisant une taxation minimale de 15% sur les bénéfices des multinationales, obtenu après de longues négociations en 2021.Parmi les dizaines de décisions prises au premier jour de son mandat, et au nom de la reconquête de la “souveraineté nationale” et de la “compétitivité économique”, Donald Trump a décidé que l’accord signé sous l’égide de l’OCDE n’avait “aucun effet aux Etats-Unis”.Pour lutter contre la course fiscale vers le bas, près de 140 Etats s’étaient engagés fin 2021 à instaurer un impôt minimal sur les sociétés à 15% sur les multinationales, ainsi qu’un mécanisme destiné à mieux répartir la taxation des géants du numérique là où ils exercent réellement leur activité.Selon l’OCDE, cette grande réforme fiscale était supposée rapporter chaque année plus de 200 milliards de dollars de recettes fiscales.Si le gouvernement précédent, et l’ancien président Joe Biden, avaient traîné des pieds durant les négociations et pour intégrer l’accord dans la législation américaine, il avait finalement profité de son grand plan vert (IRA), voté en 2022, pour intégrer une disposition permettant d’appliquer le premier pilier de l’accord.La Commission européenne “regrette le contenu” de la publication de la Maison Blanche, mais “pense que cela vaut la peine de prendre le temps de discuter de ces sujets avec la nouvelle administration fiscale aux Etats-Unis afin de mieux comprendre leurs interrogations et d’expliquer notre position”, a réagi le commissaire européen à l’économie Valdis Dombrovskis, lors d’une conférence de presse.Dans le document publié par la nouvelle présidence, il est aussi demandé au département du Trésor de préparer des “mesures de protection” à l’égard des pays qui imposent, ou prévoient d’imposer, une fiscalité “extraterritoriale ou qui affecte de manière disproportionnée les entreprises américaines”. “Non seulement Trump vient de tuer la faible réforme fiscale de l’OCDE mais il menace aussi de détruire tout ce qui a été construit depuis un siècle” en matière de fiscalité des entreprises, a réagi dans un communiqué Alex Cobham, à la tête de l’ONG Tax Justice Network, qui milite pour une taxation plus équitable.L’impôt sur les sociétés aux Etats-Unis est passé de 35% à 21% lors du vote du grand programme de baisses d’impôts réalisé durant le premier mandat de Donald Trump, en 2017, que le nouveau président souhaite pérenniser et même renforcer durant ce mandat.Mais le taux effectif, donc réellement payé par les entreprises, se situe plutôt autour de 9% depuis 2018, contre 16% en 2014, selon le Bureau de la responsabilité du gouvernement (GAO), l’organisme d’audit du Congrès américain.

Wall Street oscille pour le retour de Trump

La Bourse de New York a ouvert en ordre dispersé mardi, les investisseurs digérant les nombreux décrets signés aux Etats-Unis par Donald Trump la veille à la suite de son investiture, et gardant une attention particulière sur les droits de douane.Vers 15H20 GMT, le Dow Jones gagnait 0,63% et l’indice élargi S&P 500 avançait de 0,36%. L’indice Nasdaq restait proche de l’équilibre à +0,01%.”Les investisseurs reviennent d’un long week-end et il s’agit du premier jour où le marché est ouvert sous la nouvelle administration Trump”, commente auprès de l’AFP Adam Sarhan, de 50 Park Investments.Le marché est porté par “un vent positif”, notamment car “la semaine dernière, nous avons appris que l’inflation ne constituait pas une menace pour l’instant et que la Réserve fédérale américaine (Fed) dispose d’une marge de manÅ“uvre pour ne pas relever ses taux (directeurs, ndlr)”, assure l’analyste.Mais, note M. Sarhan, l’attention des investisseurs sera surtout tournée vers les décisions de Donald Trump et leurs conséquences sur l’économie et le marché américains. Sitôt investi, le nouveau président américain a signé une pluie de textes lundi, dont le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’accord de Paris pour le climat, la mise en place d’un état d’urgence à la frontière avec le Mexique contre l’immigration, et la grâce de plus de 1.500 assaillants du Capitole.Il a aussi affirmé qu’il comptait imposer des droits de douane de 25% aux produits issus du Canada et du Mexique à compter du 1er février.Ces mesures ont fait grimper la valeur du dollar, les investisseurs tablant en conséquence sur une inflation plus élevée aux États-Unis, ce qui laisserait moins de marge de manÅ“uvre à la Réserve fédérale américaine (Fed) pour abaisser ses taux dans les prochains mois.Vers 15H10 GMT, la devise américaine prenait 0,32% face à l’euro à 1,0383 dollar. Le billet vert écrasait aussi le peso mexicain et le dollar canadien.”Ce qui manquait dans les décrets d’hier, cependant, c’était une déclaration sur une action décisive en matière de droits de douane à l’encontre de la Chine. Au lieu de cela, le président Trump a déclaré que les accords commerciaux existants devraient être réexaminés afin de recommander d’éventuelles révisions”, a souligné dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.De façon générale, les décrets pris par le président américain sont “moins mauvais” pour le marché “que ce qu’anticipaient les investisseurs”, estime Adam Sarhan.Lundi, Donald Trump a aussi annoncé un état d'”urgence énergétique” national pour diminuer le coût de l’énergie et lutter contre l’inflation. “Nous allons forer à tout-va”, a-t-il répété, une formule devenue un de ses slogans de campagne (“We will drill, baby, drill”).Dans le sillage de ces déclarations, les valeurs pétrolières cotées à New York reculaient: Exxon Mobil lâchait 0,72%, Chevron perdait 0,55% et ConocoPhillips abandonnait 0,68%.Ailleurs à la cote, le laboratoire pharmaceutique Moderna bondissait de 9,74%, porté par l’annonce vendredi de l’octroi par le ministère de la Santé américain (HHS) d’un financement d’environ 590 millions de dollars pour développer des vaccins à ARN messager (ARNm) contre les pandémies de grippe.Alors que les craintes autour de la grippe aviaire s’accentuent, ce financement a pour objectif d'”améliorer les capacités de la technologie ARNm afin que les États-Unis soient mieux préparés à répondre à d’autres maladies infectieuses émergentes”, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué.Le groupe de médias de Donald Trump, Trump Media & Technology Group, plongeait (-12,29%) après l’investiture du Républicain et l’annonce du lancement de sa propre cryptomonnaie (devise numérique).La saison des résultats bat aussi son plein. La place américaine attend notamment les résultats du géant du streaming Netflix après la clôture ou de la compagnie aérienne United Airlines.Avant séance, le conglomérat industriel 3M (+4,46%) a publié des résultats trimestriels un peu meilleurs qu’attendu et annoncé ses perspectives pour 2025, tablant notamment sur des ventes en hausse.

Suicides chez France Télécom: la Cour de cassation consacre le harcèlement moral institutionnel

C’est l’épilogue judiciaire d’un dossier emblématique de la souffrance au travail. La Cour de cassation a rejeté mardi les pourvois de deux ex-dirigeants dans l’affaire des suicides chez France Télécom, et consacré dans le droit le harcèlement moral institutionnel. La décision de la Cour de cassation rend définitives les condamnations de l’ancien patron de France Télécom Didier Lombard, 82 ans, et son ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès, 75 ans.Ils avaient été condamnés pour harcèlement moral institutionnel le 30 septembre 2022 par la cour d’appel de Paris à un an de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende, des peines allégées par rapport à celles prononcées en première instance en 2019.Les deux ex-dirigeants de France Télécom (devenue Orange en 2013) ont fait face à la justice en raison de la mise en place à compter de 2006 de deux plans de restructuration consécutifs à la privatisation de l’entreprise en 2004, et prévoyant le départ de 22.000 employés et la mobilité de 10.000 autres (sur quelque 120.000 employés).Les dirigeants estimaient qu’ils ne pouvaient être condamnés sur le fondement de la loi définissant le harcèlement moral au travail pour ce qu’ils considéraient être une simple “politique d’entreprise”.”Indépendamment de toute considération sur les choix stratégiques” d’une entreprise qui ne relèvent que d’elle, “les agissements” visant à mettre en oeuvre, “en connaissance de cause, une politique d’entreprise qui a pour objet de dégrader les conditions de travail de tout ou partie des salariés aux fins de parvenir à une réduction des effectifs ou d’atteindre tout autre objectif, qu’il soit managérial, économique ou financier, ou qui a pour effet une telle dégradation”, peuvent caractériser une situation de harcèlement moral institutionnel, écrit la Cour de cassation dans son arrêt.- “Jusqu’au boutiste” -“Jusqu’au bout ils ont fait des pieds et des mains pour expliquer qu’il ne s’agissait que d’une politique d’entreprise” alors que “c’était du harcèlement voulu comme tel, organisé comme tel”, a réagi Me Claire Waquet, avocate de CFE-CGC Orange, partie civile.”Les anciens dirigeants sont désormais définitivement coupables de harcèlement moral”, s’est réjoui le syndicat dans un communiqué. “Nos premières pensées vont aux familles des victimes de la violence sociale de dirigeants inconséquents”.”C’est un grand arrêt”, qui “consacre parmi les formes de harcèlement au travail le harcèlement institutionnel” et le “fait entrer de plein pied dans le droit actuel”, s’est réjoui auprès de l’AFP Antoine Lyon-Caen, avocat du syndicat SUD-PTT. “Cela consacre en 2025 une jurisprudence pour des faits survenus 17 ans plus tôt, cela pose quand même question au regard du principe de non rétroactivité”, a commenté l’avocat de Didier Lombard, Me Louis Boré – un argument écarté par la Cour dans son arrêt.En première instance, l’ex-PDG et son ancien numéro 2 avaient été condamnés à un an de prison dont quatre mois ferme pour leur “rôle prééminent” dans la mise en place d’une politique de réduction des effectifs “jusqu’au-boutiste” sur la période 2007-2008 au sein de France Télécom.M. Lombard, qui a répété au procès en appel qu’il n’avait pas eu connaissance de l’ampleur du climat social dans son entreprise, avait lancé à ses cadres en 2006 que les départs devaient se faire “par la fenêtre ou par la porte”. Il avait également déclenché une polémique en parlant d’une “mode du suicide”, en 2009, au plus fort de la crise.Ces départs à “marche forcée” selon la justice avaient entraîné une “dégradation des conditions de travail” de “milliers de salariés”, dont certains se sont suicidés.La crise a éclaté au grand jour après le suicide en juillet 2009 de Michel Deparis, un technicien marseillais ayant mis directement en cause France Télécom dans une lettre.France Télécom est devenue le symbole de la souffrance au travail. L’entreprise, qui n’avait pas fait appel, avait été sanctionnée de l’amende maximum de 75.000 euros dans un jugement historique, devenant la première société du CAC 40 condamnée pour un harcèlement moral institutionnel.

A69: la justice administrative rejette une demande de suspension du chantier

Le tribunal administratif de Toulouse a rejeté mardi une demande de suspension en urgence du chantier de l’autoroute A69, dans l’attente d’une décision sur la poursuite de la construction de l’autoroute Castres-Toulouse.”Le juge des référés ne suspend pas les travaux de l’A69 car l’affaire devant être jugée +au fond+ par le tribunal le mois prochain, le projet en cause ne produira que très peu d’effet concret d’ici là”, écrit le tribunal administratif de Toulouse dans un communiqué.”Le juge des référés estime que l’impact de la poursuite du chantier, dans ce court laps de temps, demeurera très limité”, poursuit-il.En outre, selon le tribunal, “les impacts environnementaux ont d’ores et déjà été produits à l’échelle globale du chantier”.”De plus, au regard des délais nécessaires pour exécuter une interruption effective (…), une suspension prononcée en urgence aurait, de toute manière, eu des effets à une date avoisinant celle de l’audience du mois de février prochain”, précise-t-il.A l’audience, le 13 janvier dernier, les opposants à l’A69 avaient demandé la suspension “urgente” du chantier, dénonçant les effets sur l’environnement des “lourds travaux prévus” dans les semaines à venir.Le collectif la Voie est libre et d’autres associations avaient présenté ce recours après la réouverture de l’instruction concernant les autorisations environnementales du chantier, décidée le 9 décembre par le tribunal administratif de Toulouse.Cette décision avait été qualifiée d'”étonnante” par les associations qui, après des mois de lutte sans succès contre cette portion d’autoroute de 53 km, avaient repris espoir, quand la rapporteure publique, magistrate indépendante dont les avis sont souvent suivis, s’était prononcée pour une annulation de l’autorisation du chantier, lors d’une audience sur le fond le 25 novembre.La nouvelle audience sur le fond pourrait avoir lieu avant fin février, selon un calendrier prévisionnel communiqué aux opposants par le tribunal administratif.

Quand la sécheresse au Brésil fait flamber le prix du café

Un matin de septembre 2024, Moacir Donizetti a senti au loin une odeur de brûlé alors qu’il vérifiait l’état de ses caféiers. Quelques heures plus tard, les flammes ont ravagé son exploitation.”C’était désespérant: voir les flammes avancer, détruire notre plantation et arriver à 20 mètres de ma maison”, déplore ce petit producteur brésilien de 54 ans. Plusieurs centaines d’autres exploitations ont été touchées par cet incendie de végétation, le pire jamais enregistré à Caconde, commune qui produit le plus de café dans l’Etat de Sao Paulo (sud-est).Si le départ de feu a vraisemblablement eu pour origine un tas d’ordures brûlé par un habitant, sa propagation dévastatrice et totalement hors de contrôle est due avant tout à la sécheresse extrême qui a touché le Brésil l’an dernier.Les fortes chaleurs et les précipitations intermittentes dans des lieux comme Caconde ont des répercussions dans le monde entier.À Tokyo, Paris ou New York, le café devrait coûter de plus en plus cher en raison de la crise climatique au Brésil, plus grand producteur et exportateur mondial de cette denrée.La famille Donizetti a lutté quatre jours contre les flammes qui ont défiguré le paysage bucolique autour de sa ferme nichée au milieu de collines verdoyantes.Cinq hectares de plantations ont été dévastés, où Moacir était censé récolter un tiers de la production familiale.”Nous avons non seulement perdu une partie de la cueillette de cette année, mais aussi des prochaines, car il faudra attendre trois à quatre ans pour que cette terre redevienne productive”, déplore l’agriculteur, dépité au milieu des caféiers calcinés. “Cela fait environ cinq ans que le temps est trop sec. Parfois, il ne pleut pas pendant des mois. Il fait aussi beaucoup plus chaud, et quand arrive la période de floraison, le café est déshydraté et a du mal à résister”, poursuit-il.  L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée au Brésil, où le nombre de feux de forêt n’avait jamais été aussi élevé en 14 ans. La plupart des incendies ont été causés par l’homme et leur propagation a été aggravée par la sécheresse. Une chaleur et une sécheresse liées, selon les experts, au changement climatique.- Problème récurrent -Plus d’un tiers du café mondial est produit au Brésil, d’où le fort impact des déboires des fermiers brésiliens sur les prix.En hausse de 90% sur 2024, le cours de l’arabica, la variété la plus consommée, a battu le 10 décembre son record de 1977, à 3,48 dollars la livre à la Bourse de New York.”Je travaille dans ce secteur depuis 35 ans et je n’ai jamais connu une situation aussi difficile”, affirme le consultant brésilien en café Guy Carvalho.”Depuis la dernière grande récolte, en 2020, nous avons toujours eu des problèmes liés au climat”, souligne-t-il. Selon lui, la hausse des prix est due en grande partie à la “frustration” face aux récoltes décevantes quatre années de suite au Brésil, de 2021 à 2024, et des prévisions guère optimistes pour 2025.Sans compter les facteurs géopolitiques, comme les barrières douanières promises par Donald Trump avant son retour à la Maison Blanche ou la nouvelle réglementation européenne sur les produits issus de la déforestation.- Retour aux sources -Mais certains caféiculteurs brésiliens tentent de s’adapter à la crise climatique.À Divinolandia, commune située à 25 kilomètres de Caconde, Sergio Lange a remis au goût du jour une technique ancestrale: planter ses caféiers à l’ombre des arbres pour les préserver de la chaleur.”Quand je suis né, il faisait froid ici, l’eau gelait en hiver”, raconte ce producteur de 67 ans.”Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Avec ces températures, le modèle de production actuel sera bientôt dépassé”, prédit-il. Planter du café à l’ombre des arbres, tel qu’il était dans son habitat originel en Afrique, permet non seulement de le mettre à l’abri de la chaleur, mais aussi de faire en sorte que les grains mûrissent plus lentement.Ils sont ainsi plus gros et leur goût est plus sucré, ce qui augmente leur valeur sur le marché.Avec une cinquantaine d’autres producteurs, Sergio Lange a mis en place en 2022 un modèle de “caféiculture régénérative”: les plants coexistent avec d’autres espèces, ils poussent sans pesticide et sont irrigués naturellement à l’eau de source. “La productivité chute au début, mais on s’attend à un résultat fantastique d’ici quatre ou cinq ans”, explique-t-il, désignant avec fierté ses caféiers plantés dans la forêt à flanc de colline.

Norvège: l’énorme fonds souverain demande aux entreprises de respecter le bien-être animal

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec environ 1.700 milliards d’euros d’actifs, a exhorté les entreprises dans lesquelles il investit à respecter le bien-être animal, une nouveauté saluée par ses défenseurs.”Nous mettons régulièrement à jour nos attentes vis-à-vis des entreprises en matière de durabilité et nous avons récemment inclus le bien-être animal”, a déclaré Caroline Eriksen, une responsable du fonds, dans un courriel à l’AFP.En pratique, le fonds qui pèse près de 20.000 milliards de couronnes (1.695 milliards d’euros), demande aux groupes dans lesquels il détient des parts de respecter le code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale.Ce code recense de nombreuses recommandations visant notamment à épargner les animaux de la faim et de la soif, de la peur et du stress, de la douleur, des maladies et des blessures, ou encore de l’inconfort.Le bien-être animal, inclus fin décembre dans un document d’orientation sur les intérêts des consommateurs, sera débattu avec les entreprises dans le cadre du dialogue avec leurs directions et lors de votes des actionnaires, indique le fonds.Rédigés par le fonds lui-même pour soigner sa gouvernance, ces documents d’orientation sont distincts des règles éthiques, plus radicales, édictées par le ministère norvégien des Finances.Ces règles empêchent le fonds d’investir ou de rester présent au capital d’entreprises aux activités jugées néfastes (charbon, tabac, certains types d’armements…), une liste noire qui comprend aujourd’hui 107 noms comme Airbus, Boeing et British American Tobacco.Investi dans quelque 9.000 sociétés dans le monde, le fonds norvégien a notamment des parts dans des géants de l’agroalimentaire tels que le chinois WH Group et les américains Tyson Foods et Pilgrim’s Pride, tous donc invités désormais à mettre l’accent sur le bien-être animal.  L’annonce a été saluée par l’organisation Dyrevernalliansen (Alliance pour la protection des animaux), qui a évoqué “une avancée majeure”.”Nous travaillons depuis des années pour que le fonds souverain reconnaisse le bien-être animal comme facteur pertinent”, s’est félicitée Live Kleveland, porte-parole de l’association, dans un communiqué.Au fil des années, le fonds norvégien s’est doté de nombreux documents d’orientation recensant ses attentes dans de nombreux domaines, de la lutte contre le changement climatique au combat anti-corruption.Ses décisions sont d’autant plus importantes qu’elles sont ensuite imitées par d’autres investisseurs à travers le monde.

La start-up française d’IA générative Mistral envisage une introduction en Bourse

Mistral, la pépite française de l’intelligence artificielle générative, envisage une introduction en Bourse pour conserver son indépendance, a annoncé mardi son cofondateur Arthur Mensch à Bloomberg TV, lors du forum économique mondial à Davos.Interrogé sur la possibilité d’une introduction en Bourse, le dirigeant a répondu que “bien entendu, c’est le plan”, sans donner de calendrier, ajoutant que sa société n’était “pas à vendre”. “L’indépendance dont nous jouissons est une chose à laquelle nous tenons beaucoup”, a insisté cet ingénieur polytechnicien et normalien.”Nous avons quitté les géants américains de la tech pour créer une entreprise en Europe pour montrer que l’Europe a quelque chose à dire”, a indiqué Arthur Mensch, 32 ans, passé par le laboratoire d’intelligence artificielle de Google, DeepMind, avant de lancer Mistral. Fondée en avril 2023 avec deux anciens chercheurs de Meta, Mistral a connu, à l’image de son patron, une ascension fulgurante, bouclant en juin dernier un tour de table de 600 millions d’euros avec une valorisation estimée à près de 6 milliards d’euros.En tout, la start-up, qui a présenté dès ses débuts des modèles d’intelligence artificielle générative capables de concurrencer ceux de Meta, Google ou encore OpenAI, créateur de ChatGPT, a levé plus d’un milliard d’euros en moins d’un an. Si l’entreprise n’a pas besoin de nouveaux financements dans l’immédiat, “nous allons évidemment continuer à nous développer, ce qui nécessiterait de lever de nouveaux fonds” à terme, a précisé Arthur Mensch à Bloomberg TV. “Nous avons beaucoup de puissance de calcul mais moins que nos concurrents”, a-t-il reconnu, ajoutant: “Nous avons tout de même réussi à produire d’excellents modèles dans différents secteurs”. Développer des modèles d’intelligence artificielle demande en effet des capitaux très importants. A titre d’exemple, l’entreprise d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI, a conclu récemment un nouveau tour de table de 6 milliards de dollars, tandis qu’OpenAI, soutenu notamment par Microsoft, a lui levé 6,6 milliards de dollars. Mistral et l’Agence France-Presse (AFP) ont signé mi-janvier un accord qui permet au robot conversationnel de la start-up d’utiliser les dépêches d’actualité de l’agence pour répondre aux requêtes de ses utilisateurs.

A Davos, l’UE se dit pragmatique face à Trump et tend la main à la Chine

Pragmatisme face au retour au pouvoir de Donald Trump, et déjà une main tendue à la Chine et un voyage annoncé en Inde: la présidente de la Commission européenne a montré mardi à Davos que l’Europe cherchait de nouveaux alliés face au président américain.”Notre priorité absolue consistera à engager le dialogue sans attendre, à examiner quels sont nos intérêts communs et à nous préparer à la négociation”, a déclaré Ursula von der Leyen, qui tenait l’un des discours d’ouverture à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station de ski suisse.”Nous nous montrerons pragmatiques, mais nous ne renoncerons pas à nos principes. Pour protéger nos intérêts et défendre nos valeurs”, a-t-elle ajouté.Elle a d’ores et déjà pris la défense de l’accord de Paris sur le climat, qui “demeure le meilleur espoir de l’humanité toute entière”. Donald Trump a enclenché la sortie des Etats-Unis de cet accord, comme il l’avait fait pendant son premier mandat, remettant en péril les efforts mondiaux pour ralentir le réchauffement de la planète.En attendant de savoir comment évolue la relation avec le nouveau président américain, qui doit lui-même s’exprimer en visioconférence à Davos jeudi, Ursula von der Leyen a annoncé la couleur. “L’Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date, qui partagent nos valeurs, mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs. Le message que nous adressons au reste du monde est simple: nous sommes prêts à engager un dialogue avec vous si cela peut conduire à des avantages réciproques”, a-t-elle encore assuré.L’Union européenne est en particulier prête à “tendre la main” à la Chine et “approfondir” sa relation avec Pékin, a-t-elle assuré alors que le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang doit lui succéder à la tribune. “Il est temps de rééquilibrer notre relation avec la Chine, dans un esprit d’équité et de réciprocité”, a-t-elle estimé.- “Nouveaux partenariats” -Elle a aussi annoncé un voyage dans une autre grande économie émergente, l’Inde, avec l’objectif de “renforcer le partenariat stratégique qui lie l’Union européenne au pays le plus peuplé et à la plus grande démocratie au monde”.Dans un message sur X lundi, Ursula von der Leyen avait déjà dit venir à Davos notamment pour “forger de nouveaux partenariats” et “travailler ensemble pour éviter une course mondiale à celui qui sera le moins disant”.Les Européens sont les plus inquiets de la deuxième présidence Trump 2.0, et “presque seuls” dans cette situation, selon un récent rapport du Conseil européen des relations internationales (ECFR) basé sur un sondage auprès de plus de 28.000 personnes dans 24 pays du monde.”Les dirigeants européens pourraient avoir du mal à trouver une unité interne ou des alliés dans le monde s’ils essayent de mettre en place une résistance” au nouveau président, prévenait cependant l’ECFR.L’Europe sera aussi représentée mardi à Davos par le chancelier allemand Olaf Scholz, qui doit s’exprimer dans l’après-midi tout comme son principal opposant pour les élections législatives de février, Friedrich Merz.- Quelle paix en Ukraine? -Quel rôle les Etats-Unis de Trump joueront-ils dans le monde? La question a un impact important pour un pays comme l’Ukraine, qui s’approche de trois ans de guerre avec la Russie et dont le président Volodymyr Zelensky doit lui aussi prendre la parole dans l’après-midi à Davos.Alors que Washington fournit un soutien militaire et économique vital à Kiev, Donald Trump a critiqué cette aide et promis de résoudre rapidement le conflit. Mais à quelles conditions? Le gouvernement ukrainien craint d’être forcé à des concessions majeures.Dans son message de félicitations au nouveau président américain, Zelensky a d’ailleurs dit espérer qu’il permette d’atteindre “une paix juste et durable”. Son homologue russe Vladimir Poutine s’est de son côté dit “ouvert au dialogue”.  Les conflits au Moyen-Orient, à l’heure où une trêve vient d’entrer en vigueur à Gaza, devraient aussi être au coeur des interventions du président israélien Isaac Herzog et du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani. 

La Bourse de Paris accueille prudemment les premières annonces de Trump

La Bourse de Paris digère dans la prudence mardi la myriade de décrets présidentiels signés aux États-Unis par Donald Trump la veille, dans la foulée de son investiture.Vers 10H00, le CAC 40 prenait 0,09% à 7.740,34 points, en hausse de 6,84 points.”Donald Trump a effectué un retour hier soir fracassant au pouvoir (…), et a présenté des plans pour la mise en place immédiate d’ordres et d’actions destinés à changer radicalement le cours du pays”, a commenté John Plassard, responsable de l’investissement pour Mirabaud.Mais “le rythme des décrets présidentiels (de Trump) restera élevé aujourd’hui encore. Peu d’investisseurs osent donc vraiment sortir de leur réserve”, a expliqué Jochen Stanzl de CMC Markets.Le nouveau président américain a signé une pluie décrets présidentiels lundi sitôt investi, dont le retrait des États-Unis de l’OMS et de l’accord de Paris sur le climat, la mise en place d’un état d’urgence à la frontière avec le Mexique contre l’immigration, et la grâce de 1.500 assaillants du Capitole.Il a aussi affirmé lundi qu’il comptait imposer des droits de douane de 25% aux produits du Canada et du Mexique à compter du 1er février.La zone euro – qui exporte plus de produits vers les Etats-Unis qu’elle n’en importe – est également dans le viseur du nouveau président.Les Européens “sont durs, très durs. Ils n’achètent pas nos voitures, ni nos produits agricoles, ils n’achètent presque rien”, a affirmé Trump lundi soir à la Maison Blanche. “Nous allons donc régler ce problème en imposant des droits de douane ou en obligeant les Européens à acheter notre pétrole (…) et notre gaz”.Malgré ces vents contraires, “à court terme, la Bourse de Paris devrait profiter de l’engouement lié au retour de Donald Trump. Les investisseurs ont gardé en mémoire que sa première présidence fut marquée par une forte volatilité des actifs financiers, mais surtout par une hausse” des indices boursiers, a relevé Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement au sein de Pictet AM.Les marchés plébiscitent surtout les baisses d’impôts et les dérégulations promises par M. Trump, à même, selon eux, de stimuler la croissance.Les marchés regarderont aussi mardi la publication à 10H00 GMT de l’indicateur ZEW mesurant la confiance des investisseurs en janvier en Allemagne, première économie de la zone euro.Côté obligataire, le taux d’emprunt à dix ans français atteignait vers 10H00 3,29%, contre 3,30% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, s’établissait à 2,51%.

Trump jure de reprendre le canal de Panama et replace Cuba sur sa liste noire

A peine investi président, Donald Trump a juré lundi de reprendre le contrôle du canal de Panama, décidé de replacer Cuba sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme et jugé que Vladimir Poutine était “en train de détruire” la Russie en refusant de faire la paix avec l’Ukraine.Prenant une rafale de décrets présidentiels, le dirigeant républicain a ainsi promis de faire en sorte que les Etats-Unis soient à nouveau “respectés” dans le monde, mettant en avant une politique étrangère axée sur “l’Amérique d’abord”, tout en se posant en “artisan de la paix”.”L’héritage dont je serai le plus fier sera celui d’un artisan de la paix et d’un rassembleur”, a-t-il lancé dans son discours d’investiture.Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, “veut passer un accord. Je ne sais pas si Poutine le souhaite, peut-être pas. (Mais) il devrait le faire. Je crois qu’il est en train de détruire la Russie en ne scellant pas un règlement”, a déclaré le président Trump pour son retour dans le Bureau ovale, où il a signé devant la presse toute une série de décrets.Il s’était félicité auparavant qu'”un jour avant (son) entrée en fonction, les otages du Moyen-Orient soient rentrés dans leur famille”, faisant référence à la libération de trois otages israéliennes libérées dimanche des mains du Hamas, après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.Plus tard lundi, lors d’un rassemblement en salle, M. Trump a accueilli les familles d’otages encore détenus à Gaza, certaines tenant des photos de leurs proches.”Sous la direction du président Trump, nous prouvons que l’impossible peut devenir réalité”, a déclaré Steve Witkoff, émissaire du président américain pour le Moyen-Orient qui a participé aux récentes négociations de cessez-le-feu.Dans la foulée, le président Trump a révoqué une mesure de son prédécesseur Joe Biden qui avait permis de sanctionner des colons israéliens accusés de violences contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée.- “Golfe d’Amérique” -Mais le président Trump s’est aussi montré menaçant, disant vouloir “reprendre” le contrôle du canal de Panama construit par les Etats-Unis et transféré au Panama en 1999.”Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n’aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n’a pas été tenue”, a-t-il affirmé, en soulignant que les navires américains étaient “gravement surtaxés”.”Et surtout, la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre”, a asséné le président américain.Son homologue panaméen, José Raul Mulino, a aussitôt répliqué que “le canal appartient et continuera d’appartenir au Panama”.Ce sera là peut-être l’une des premières missions du nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, qui a été confirmé à ce poste lundi soir par un rare vote à l’unanimité du Sénat américain. M. Rubio, dont les parents sont d’origine cubaine, sera le premier chef de la diplomatie américaine à parler couramment espagnol.A cet égard, le président n’a guère tardé pour revenir sur le retrait de Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme, annoncé en toute fin de mandat par la précédente administration Biden dans le cadre d’un accord pour la libération de prisonniers politiques.- “acte d’arrogance” -Cuba a aussitôt réagi en qualifiant cette décision “d’acte d’arrogance et de mépris de la vérité”.Le recours à cette liste “révèle pleinement le visage hégémonique, autoritaire et brutal des Etats-Unis”, a également déploré mardi la Chine.Le président américain a par ailleurs estimé que le Danemark finirait par céder sur la question du Groenland, le territoire danois autonome dont il souhaite prendre le contrôle.”Le Groenland est un endroit merveilleux, nous en avons besoin pour la sécurité internationale. Je suis sûr que le Danemark va se faire à l’idée” de le céder aux Etats-Unis, a-t-il dit, en soulignant aussi que les Etats-Unis commenceraient à désigner le golfe du Mexique comme le “golfe d’Amérique”.”L’Amérique retrouvera sa place légitime en tant que nation la plus grande, la plus puissante et la plus respectée de la planète, inspirant la crainte et l’admiration du monde entier”, a martelé le président Trump, dont le retour à la Maison Blanche est vu avec inquiétude à travers le monde.