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Chômage: lancement d’une négociation sur les ruptures conventionnelles aux contours très flous

Ils ont un calendrier mais divergent sur les objectifs et la forme reste floue: les partenaires sociaux ont lancé mercredi la négociation sur les ruptures conventionnelles souhaitée par le gouvernement pour faire des économies, sans le Medef, grand absent.Au lendemain du coup d’éclat des trois organisations patronales représentatives, qui ont annoncé souhaiter faire non pas 400 millions d’euros d’économies par an sur l’assurance chômage, comme le gouvernement le demande, mais un milliard, les partenaires sociaux se sont réunis au siège de l’Unédic, à Paris.Les cinq organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et une seule des trois organisations patronales, la CPME, ont défini un calendrier de négociation s’étalant jusqu’à fin janvier, comme demandé par le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. Le Medef et l’U2P (artisans, commerçants) étaient absents.Le négociateur de la CFDT, Olivier Guivarch, a assuré que l’U2P serait présente à la prochaine séance, sans s’avancer pour le Medef. Depuis la rentrée, les ruptures conventionnelles sont dans le viseur du gouvernement en raison de leur coût. Souhaité par le Medef et créé en 2008, ce dispositif permet à un salarié et à son employeur de rompre un CDI à l’amiable, le salarié touchant des indemnités chômage.D’après l’Unédic, en 2024, les dépenses d’allocations chômage liées à ces ruptures ont atteint 9,4 mds d’euros, 26% du total.Samedi, le ministre du Travail s’est dit prêt à renoncer à une nouvelle réforme globale de l’assurance chômage – demandée par François Bayrou lorsqu’il était Premier ministre -, à condition que les partenaires sociaux négocient d’ici fin janvier sur les ruptures conventionnelles.En août, François Bayrou avait adressé une lettre de cadrage aux partenaires sociaux, leur demandant 2 à 2,5 mds d’euros d’économies par an sur 2026-2029, puis 4 mds à partir de 2030.Un document rejeté par les syndicats qui jugeaient l’effort bien trop important, quelques mois après l’entrée en vigueur d’une convention chômage normalement valable pour quatre ans.Avec la CPME et l’U2P, ils avaient demandé à Sébastien Lecornu d’y renoncer. Ce retrait leur permettrait, disaient-ils, d’ouvrir une négociation sur les contrats courts, abordant aussi les ruptures conventionnelles.- Partir de zéro -Mercredi, M. Guivarch a jugé la négociation ouverte et indiqué désormais attendre que le gouvernement retire le document de cadrage de François Bayrou.”Nous partons plutôt de zéro (objectif d’économies, NDLR) puisqu’il y a une convention (d’assurance chômage) en vigueur, effective jusqu’en 2028. Si nous partons de zéro, que les organisations patronales partent d’un milliard, avec un gouvernement qui évoque 400 millions, ça laisse des perspectives pour cette négociation”, a-t-il estimé.La CGT entend “demander des comptes au patronat sur l’usage des ruptures conventionnelles et des contrats courts”, selon son négociateur Denis Gravouil, qui évoque comme levier le montant des cotisations versées par les entreprises à l’assurance chômage.”On aimerait que le gouvernement nous soutienne dans cette démarche (de chercher un milliard d’économies, NDLR), mais il y a sûrement un chemin de passage entre 400 millions et un milliard”, a voulu croire, côté patronat, Marie-Karine Tibi (CPME).Au-delà des objectifs d’économies de la négociation, son périmètre et sa forme restent très flous.Pour Frédéric Belouze de la CFTC, il ne doit s’agir que d’un avenant à la dernière convention d’assurance chômage. “On estime que le coup de rabot donné l’an dernier est bien suffisant”, avertit-il.Quant à la négociation sur les contrats courts, elle déborderait le cadre de l’assurance chômage et l’échéance de fin janvier.Le régime de l’assurance-chômage est piloté par l’Unédic, un organisme paritaire. Mais depuis 2018, les marges de manœuvre des partenaires sociaux sont restreintes car le gouvernement leur adresse en amont une “lettre de cadrage” fixant des objectifs. Sans accord, l’Etat reprend la main avec un “décret de carence”.Les organisations patronales “veulent-elles avoir un accord ou veulent-elles que l’Etat reprenne le main ?”, s’est interrogé mercredi Jean-François Foucard de la CFE-CGC.

Dépossédé de sa fortune, un héritier d’Hermès attaque LVMH et Bernard Arnault pour 14 milliards d’euros

Quinze ans après son raid sur Hermès, Bernard Arnault et son groupe LVMH sont rattrapés par cette saga entre fleurons du luxe français: un héritier du sellier, affirmant avoir été dépossédé de ses actions du joyau familial, réclame 14 milliards d’euros.Nicolas Puech, 82 ans et résident suisse, accuse son ex-gestionnaire de fortune, Eric Freymond, décédé en juillet, de l’avoir spolié de ses actions, au profit du grand rival, le milliardaire Bernard Arnault, 76 ans, et de LVMH.Celui qui est l’un des arrière-petits-fils du fondateur de la maison de la rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris chiffre son préjudice à 14,3 milliards d’euros, et a déposé son assignation le 15 mai 2025, a indiqué une source judiciaire à l’AFP, confirmant une information de Libération.Il s’agit d’une procédure civile, mais Nicolas Puech avait déjà engagé une action pénale contre M. Freymond en 2024. Ce dernier avait été mis en examen avant son décès par des juges d’instruction parisiens. Cette enquête “est toujours en cours”, a précisé le parquet de Paris, interrogé par l’AFP.”LVMH et son actionnaire réaffirment avec force n’avoir, à aucun moment, détourné des actions de la société Hermès International, de quelque façon que ce soit ou à l’insu de quiconque et ne détenir aucune action +cachée+”, a réagi mercredi dans un communiqué le géant du luxe, critiquant des “allégations dépourvues de fondement”.Contactés par l’AFP, les conseils de M. Puech n’ont pas souhaité commenter.- Montages financiers -Dans le détail, M. Puech, souvent présenté comme en froid avec le reste de sa famille, estime avoir été dépossédé par son ancien gestionnaire de fortune de six millions d’actions, via des montages financiers.Ces titres, hérités de la maison fondée par son arrière-grand-père, représentent près de 5,76% du capital, soit environ 14,3 milliards d’euros au cours actuel.Selon Le Canard Enchaîné mercredi, M. Freymond aurait avoué devant les juges français l’été dernier, peu de temps avant son suicide, avoir vendu en 2008 à LVMH, 4,8 millions de ces titres, après plusieurs autres ventes plus restreintes. Le sort des actions dont avait hérité M. Puech reste entouré de mystère. “J’ai depuis longtemps la conviction que Nicolas Puech n’a plus ses actions”, avait lâché fin juillet le gérant d’Hermès, Axel Dumas, interrogé après la disparition de son ancien gestionnaire de fortune.- Raid boursier -Il pourrait être lié à la rivalité historique entre l’empire du luxe LVMH, propriétaire des griffes Louis Vuitton et Christian Dior, et Hermès, sellier-maroquinier familial devenu un titan du luxe, célèbre pour ses sacs Kelly et Birkin et ses carrés de soie.Au début des années 2010, LVMH était entré par surprise au capital de Hermès, surprenant le marché et les autorités boursières faute de déclaration de franchissement de plusieurs seuils réglementaires, pourtant obligatoire.L’offensive poussait les membres de la famille à s’unir dans une holding pour contrer les appétits de Bernard Arnault.A l’issue de l’une des sagas les plus marquantes de la Bourse de Paris, l’affaire s’était soldée par une condamnation de LVMH à payer une amende de huit millions d’euros, un record à l’époque, mais un montant très faible au regard de la force de frappe financière du géant du luxe.Un an après sa sanction et après quatre ans de bataille entre les deux géants, LVMH actait son retrait du capital d’Hermès et empochait au passage une plus-value de 2,4 milliards d’euros.”Pour rappel, LVMH et Hermès International ont conclu en septembre 2014 un accord sous l’égide du Président du Tribunal de commerce de Paris et deux juges d’instruction ont rendu une ordonnance de non-lieu en octobre 2015, suivant en cela les réquisitions du Parquet National Financier et le désistement de partie civile d’Hermès International”, précise dans son communiqué LVMH. L’une des questions non résolues est de savoir si les actions de M. Puech avaient été vendues ou non lorsque Bernard Arnault, le patron de LVMH, avait discrètement accumulé une participation dans son concurrent.fbe-cbr-kap-meh/jbo/spi

Reprise ou liquidation: la justice tranchera l’avenir de Brandt le 11 décembre

Des centaines de salariés inquiets chez Brandt, groupe centenaire d’électroménager, sont suspendus à une décision de justice désormais attendue le 11 décembre sur l’avenir de ce fleuron industriel français en grandes difficultés financières.”On subit, c’est l’inquiétude qui prédomine et nous aurons encore dix jours à attendre”, a soupiré Dylan Wrede, agent logistique depuis dix ans chez Brandt. “C’est une situation très difficile”, a ajouté ce salarié, rencontré mercredi par l’AFP à la sortie d’une usine du groupe près d’Orléans, où la production est au ralenti depuis des semaines.La décision du tribunal des affaires économiques de Nanterre sera rendue le 11 décembre prochain, ont indiqué plusieurs élus locaux à l’AFP.Une audience mercredi était suivie de près par les quelque 700 employés de Brandt, inquiets alors que leurs salaires ne seront plus versés après le 15 décembre. “Un beau cadeau de Noël”, a résumé l’un d’eux.Le scénario d’un arrêt de l’activité et d’une mise en liquidation est particulièrement redouté.Parmi les offres présentées, seul le projet de Scop (société coopérative et participative), soutenu par le groupe Revive, permettrait de sauver au moins 300 emplois, d’après le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin.Plusieurs élus et représentants de collectivités ont d’ailleurs fait le déplacement à Nanterre mercredi pour soutenir une initiative présentée comme celle de la dernière chance, notamment au nom de la défense du “savoir-faire français”.”Nous avons mis tous les éléments sur la table, cela a été l’occasion de montrer la nature et la fermeté de notre engagement”, a déclaré à l’AFP le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, à l’issue de l’audience.La Scop serait aussi l’unique possibilité de sauver les deux usines du groupe, situées près d’Orléans (Loiret), et à Vendôme (Loir-et-Cher), selon des sources syndicales.Ce projet rappelle le cas de la verrerie Duralex, reprise sous ce même statut de Scop en juillet 2024.La tâche s’annonce difficile. Entre 20 et 25 millions d’euros au total seraient nécessaires pour relancer l’activité de Brandt.- Soutien de l’Etat -Le gouvernement a annoncé un soutien de l’Etat à hauteur de 5 millions d’euros, suivi par la région Centre-Val de Loire qui a promis de mettre sur la table plus de 5 millions d’euros au total.La métropole d’Orléans s’est engagée sur une contribution du même ordre de grandeur, selon François Bonneau.”Quand on fait la somme de tout ça, on est à près de 20 millions d’euros d’engagements publics” consacrés au “redémarrage” de deux usines, a affirmé le président de région, jugeant l’effort “assez remarquable”.Il reste à savoir si les banques, poussées par le ministre délégué à l’Industrie à “jouer le jeu”, répondront à l’appel pour convaincre le tribunal de la viabilité du projet.En jeu, le 11 décembre prochain, l’avenir du fabricant des produits Brandt, mais aussi celui de trois autres marques françaises d’électroménager Vedette, Sauter et De Dietrich.Outre ses deux usines en France, en Centre-Val de Loire, Brandt possède un centre de service après vente en région parisienne, à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise). Son siège social est situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).Brandt, propriété depuis 2014 du groupe algérien Cevital, réalise 260 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’entreprise subit notamment les conséquences des temps difficiles vécus par le secteur du gros électroménager, lié à la crise de l’immobilier.Ce secteur a subi l’an dernier un nouveau recul de ventes (-3,9%), après avoir déjà baissé en 2023.

La Bourse de Paris atone, l’attention sur la Fed et l’Ukraine

La Bourse de Paris a terminé atone mercredi, prise entre les attentes de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) après la publication d’un rapport sur l’emploi privé américain, et en l’absence de nouvelles avancées des négociations pour la paix en Ukraine.Le CAC 40 a terminé la séance en timide hausse de 0,16%, soit un gain de 12,81 points, pour s’établir à 8.087,42 points. L’indice vedette de la Bourse de Paris avait perdu 0,28% mardi, pour s’établir à 8.074,61 points.”Les investisseurs suivent de près la décision de la Réserve fédérale américaine sur les taux d’intérêt prévue la semaine prochaine”, commente Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group.Ils digèrent les chiffres moroses de l’emploi privé aux Etats-Unis. Le secteur privé a détruit 32.000 emplois le mois dernier aux Etats-Unis, selon l’enquête régulière ADP/Stanford Lab publiée mercredi, prenant de court les marchés qui s’attendaient au contraire à des créations nettes.”Ce chiffre est nettement moins bon que le précédent”, commente Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique de Lombard Odier AM.Si le marché de l’emploi ralentit, cela veut dire que la dynamique économique aussi, ce qui permet à la Fed de disposer des marges de manœuvre pour assouplir sa politique, afin de soutenir l’activité.En parallèle, les investisseurs gardent aussi un œil sur l’évolution des discussions pour un accord de paix en Ukraine.Le Kremlin a estimé mercredi que les récents “succès” de l’armée russe sur le front en Ukraine, où elle grignote du terrain de façon continue, avaient “influencé” les pourparlers russo-américains de mardi, qui n’ont débouché sur aucune percée.Airbus réduit son objectif de livraisonAirbus s’est résigné mercredi à réviser en baisse son objectif de livraisons d’avions pour 2025, conséquence d’un problème de qualité sur des panneaux de fuselage de son appareil vedette, l’A320.Le géant industriel européen, qui avait jusqu’alors promis au marché de livrer 820 appareils de tous les types cette année, estime désormais qu’il ne pourra en remettre que 790 à ses clients.”Concernant les conséquences financières, Airbus a indiqué conserver une forte confiance dans le maintien de ses objectifs annuels”, notent les analystes de RBC.Airbus a pu rapidement intervenir sur des milliers d’aéronefs vendredi et samedi, atténuant les craintes de perturbations de grande ampleur sur le trafic mondial. Lundi, Airbus a connu un autre revers en devant reconnaître ces “problèmes de qualité” sur des panneaux de fuselage, un incident “circonscrit” selon l’entreprise.”Nous pensons également que l’impact final du problème de qualité des panneaux métalliques sera limité”, estiment les analystes de RBC. Ils maintiennent leur objectif de cours à 240 euros.L’action Airbus a terminé en progression de 4% à 198,12 euros mais reste en perte de 3,10% sur la semaine.Feu vert chez StellantisLe titre de Stellantis a grimpé mercredi, après le relèvement mardi d’une recommandation de la banque suisse UBS de “neutre” à “achat”, qui voit l’horizon du groupe automobile se dégager en Amérique du Nord.La Maison Blanche devrait annoncer mercredi un assouplissement des normes d’efficacité énergétique, selon les informations de l’agence Bloomberg, ce qui faciliterait la vente de véhicules à essence par les constructeurs automobiles, note UBS dans son analyse publiée mardi après la clôture des Bourses européennes.L’action du constructeur automobile a terminé en forte hausse de 7,64% à 9,82 euros.

Blocage des agriculteurs grecs: le gouvernement met en garde contre l’escalade

Le gouvernement grec a mis en garde mercredi les agriculteurs contre toute escalade de leur mouvement de blocage routier visant à protester contre le retard du versement de subventions européennes, ralenti par une enquête sur une vaste fraude.”Des actions extrêmes, des fermetures prolongées de routes nationales, de bureaux de douane et d’aéroports – ce sont des actions qui ne servent pas leur cause (celle des agriculteurs). Elles causent des problèmes à d’autres groupes sociaux”, a déclaré le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis dans des propos retransmis à la télévision en conseil des ministres.Des milliers d’agriculteurs bloquent avec leurs tracteurs depuis dimanche l’autoroute Athènes-Thessalonique, dans le nord de la Grèce. Ils ont menacé mercredi de fermer la frontière avec la Bulgarie.Le gouvernement a tenté de maintenir l’autoroute ouverte avec la police anti-émeute, mais mercredi, les manifestants sont arrivés jusqu’à 10 km de la frontière avant d’être bloqués par les forces de l’ordre.De longues files de voitures et de camions se sont déjà formées à la frontière.Les agriculteurs grecs sont confrontés à une forte baisse de revenus, à cause d’une épidémie de variole du mouton qui a entraîné la perte de 400.000 bêtes. Une enquête des autorités européennes sur une vaste fraude aux subventions agricoles ralentit par ailleurs leur versement.Les procureurs européens avaient révélé ce scandale de fraude en mai en ouvrant l’enquête. Selon les autorités grecques, le préjudice porte sur plus de 30 millions d’euros de subventions de la PAC (Politique agricole commune de l’UE) détournées par des personnes réclamant une aide pour des terres qu’elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux.- “Dupés” -Le gouvernement assure que les agriculteurs en droit de recevoir des subventions ne perdront pas de revenu quand l’enquête sera terminée.”Tout le monde est conscient que nous traversons une période de transition difficile”, a lancé M. Mitsotakis mercredi. Les agriculteurs non fraudeurs toucheront plus de 500.000 euros de plus qu’en 2024, a-t-il précisé. De nombreux paysans jugent ces garanties insuffisantes et tardives.”Nous ne voulons plus être dupés. Depuis 2014, les subventions n’ont cessé de diminuer”, a dénoncé Aris Lioutas, cultivateur de coton de 55 ans et syndicaliste local, sur la route de Promachonas.”Avant, je touchais environ 6.000 euros (de subventions) par an pour environ 150 acres (60 hectares) de coton, mais cette année, je n’ai même pas reçu 1.000 euros à cause du scandale”, dit-il à l’AFP à côté d’une longue rangée de tracteurs plantés de drapeaux noirs et grecs.La famille de Giorgos Nikolis, 18 ans, cultive des tomates industrielles. Il affirme que tout le secteur est “désespéré”.”Le secteur primaire est en train de mourir, et les conséquences seront très néfastes pour la société dans son ensemble”, juge-t-il, dénonçant aussi le fait que “les prix de nos produits sont scandaleusement bas”.De leur côté, les éleveurs réclament des indemnisations suite à la perte de plus de 400.000 moutons et chèvres, abattus à cause d’une épidémie de variole du mouton. Les autorités refusent d’autoriser la vaccination des troupeaux, arguant qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité.”Des gens ont tout perdu en une journée à cause de cette maladie”, selon M. Nikolis. “Nous sommes tous désespérés. Ca ne peut plus durer, et chacun doit le comprendre”. Christos Trikalianis, un cultivateur de maïs de 65 ans, dit avoir appris que des personnes ayant des relations politiques percevaient des millions en subventions, et s’être senti “four de rage”.”Les subventions que nous recevons sont désormais scandaleusement faibles. Il y a quelques jours à peine, j’ai reçu environ 700 euros nets”, fustige-t-il. “C’est une véritable insulte d’entendre parler de millions distribués à des gens qui n’ont aucun lien avec la production agricole”.

Les Bourses européennes terminent sans élan

Les Bourses européennes ont terminé sans élan, privées de nouvelles sur un potentiel accord de paix en Ukraine et après la publication des chiffres américains sur l’emploi dans le secteur privé, alimentant les attentes de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).La Bourse de Paris a terminé en légère hausse de 0,16%, quand le reste des principales places européennes a terminé autour de l’équilibre. Francfort a ainsi cédé 0,07%, Londres 0,10% quand Milan s’est octroyé quelque 0,06%.

Le luxe “made in Italy” bousculé par des enquêtes sur ses sous-traitants

Le monde feutré du luxe italien est bouleversé par une série d’enquêtes sur des conditions de travail dégradantes chez des sous-traitants dans le pays, le gouvernement dénonçant des attaques contre le très prisé “Made in Italy”. Salaires de misère, ouvriers qui dorment dans l’atelier pour fabriquer des articles vendus des milliers d’euros: des enquêtes menées par le parquet de Milan ont révélé un grave manque de supervision des chaînes d’approvisionnement. En conséquence, cinq grandes marques de mode – parmi lesquelles une filiale d’Armani et le spécialiste du cachemire Loro Piana (groupe LVMH) – ont été placées temporairement sous administration judiciaire depuis 2024.- Tod’s -Mercredi, les avocats du chausseur Tod’s se sont présentés devant un juge milanais, la marque étant accusée de faire fabriquer dans des conditions dégradantes des pièces pour ses chaussures mais aussi les uniformes de ses équipes. Les avocats ont obtenu un délai pour “renforcer le système de contrôle” de la société sur ses fournisseurs, selon la requête consultée par l’AFP. L’audience a été renvoyée au 23 février 2026, a indiqué le juge. Tod’s a souligné dans un communiqué que le groupe voulait “depuis toujours (…) faire toute la lumière sur cette question sérieuse (…) considérant que protéger et défendre la dignité des travailleurs fait partie des valeurs les plus importantes de notre famille et des principes fondateurs du groupe”.Le gouvernement italien est aussi passé à l’offensive pour défendre ses marques: le ministre de l’Industrie Adolfo Urso a déclaré que la réputation des marques italiennes était “attaquée”.Il a proposé un certificat pour les entreprises de luxe leur permettant de montrer que leurs produits sont conformes à la législation en vigueur – une mesure que les critiques ont qualifiée de sans effet, en partie parce qu’elle est volontaire. Le procureur de Milan Paolo Storari a mis en lumière avec ses enquêtes le côté sombre de l’industrie du luxe. À ce jour, les enquêtes ont aussi ciblé la filiale italienne de Dior et le maroquinier Alviero Martini, et les procureurs ont suggéré que d’autres enquêtes pourraient suivre. Les procureurs avaient déclaré le mois dernier que Tod’s – dont les mocassins en cuir peuvent coûter plus de 800 euros – avait “parfaitement conscience” de l’exploitation de sous-traitants chinois. Tod’s aurait ignoré ses propres audits révélant des horaires de travail prolongés et des salaires trop bas – avec des travailleurs payés jusqu’à 2,75 euros de l’heure en Italie – ainsi que des zones de couchage au sein des ateliers considérées comme “dégradantes” par les procureurs. En vertu de la loi italienne, les entreprises peuvent être tenues responsables des infractions commises par des fournisseurs agréés. – Image de marque -Les défenseurs des salariés de la mode dénoncent des abus depuis des décennies. Les fournisseurs “sont à la merci de ces grandes marques qui imposent leurs conditions commerciales, avec des prix trop bas qui ne permettent pas de couvrir tous les coûts”, a déclaré à l’AFP Deborah Lucchetti, coordinatrice nationale de la Clean Clothes Campaign en Italie. Les fournisseurs de premier rang se tournent alors vers d’autres sous-traitants, imposant des conditions toujours plus strictes, ce qui conduit à abuser de leurs employés, en majeure partie immigrés. Dans un contexte de ralentissement du luxe et de hausse des coûts de production, ces petites et moyennes entreprises ont fermé par dizaines de milliers ces dernières années, selon les représentants du patronat. Leur image de marque étant attaquée, certaines maisons ont tenté de rassurer l’opinion publique. Elles ont par exemple coupé les liens avec des fournisseurs en les blâmant pour avoir dissimulé des abus.Prada a invité des journalistes la semaine dernière dans son usine de Scandicci, près de Florence (centre), montrant la transformation étape par étape du cuir souple en sacs à main de luxe. Le groupe mène une “bataille constante” avec inspections et contrôles pour garder une chaîne d’approvisionnement propre, a assuré le directeur marketing du groupe Lorenzo Bertelli, également président de Versace. 

Accord au sein de l’UE pour interdire le gaz russe à l’automne 2027

Un accord a été trouvé mercredi entre eurodéputés et États européens pour interdire toutes les importations de gaz russe dans l’UE à l’automne 2027, afin de priver Moscou d’une manne qui finance sa guerre en Ukraine.”C’est l’aube d’une nouvelle ère, celle de l’indépendance énergétique totale de l’Europe vis-à-vis de la Russie”, a salué la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, devant la presse.La fin des importations à l’automne 2027 est un compromis entre le Parlement européen, qui souhaitait une interdiction plus rapide, et les États membres qui voulaient prendre un peu plus de temps. “Nous y sommes parvenus”, s’est réjoui le commissaire européen à l’énergie Dan Jorgensen. “Fini les tentatives de chantage. Fini les manipulations de marché par Poutine. Nous sommes solidaires de l’Ukraine”, a-t-il souligné.La Russie a aussitôt fustigé la décision de l’Union européenne qui se “condamne” à “accélérer” sa perte de puissance avec de l’énergie “plus coûteuse”, a réagi le Kremlin.Pour le gaz russe importé via des gazoducs, l’interdiction des contrats d’achat de long terme — les plus sensibles car ils courent parfois sur des dizaines d’années — entrera en vigueur le 30 septembre 2027 sous réserve que les stocks soient suffisants, et s’appliquera au plus tard le 1er novembre 2027.Pour le gaz naturel liquéfié, le GNL, l’interdiction des contrats longs s’appliquera dès le 1er janvier 2027, conformément à de précédentes annonces d’Ursula von der Leyen visant à sanctionner la Russie.Du côté des contrats de courte durée, l’interdiction entrera en vigueur le 25 avril 2026 pour le GNL et le 17 juin 2026 pour le gaz acheminé par gazoduc. Ce calendrier devra être approuvé une dernière fois par les États membres et le Parlement, mais l’accord scellé dans la nuit de mardi à mercredi ouvre la voie à un vote sans suspense.Les entreprises européennes pourront invoquer un cas de “force majeure” afin de justifier légalement ces ruptures contractuelles, en mentionnant l’interdiction d’importation décidée par l’UE.- Orban défie l’UE -La Commission européenne a opté pour une proposition législative plutôt que des sanctions, car elle peut être adoptée à la majorité qualifiée des États membres.Le but est de contourner un veto de la Hongrie et de la Slovaquie, deux pays considérés comme proches de Moscou et fermement opposés à ces mesures.Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a encore défié l’UE fin novembre en promettant de poursuivre les importations d’hydrocarbures russes lors d’une rencontre avec le président Vladimir Poutine au Kremlin.Quand le plan européen de sortie du gaz russe sera définitivement adopté, la Hongrie saisira la justice européenne pour le contester et pour “défendre sa sécurité énergétique”, a prévenu le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto mercredi.Outre la question du gaz, la Commission entend présenter dans les mois qui viennent une proposition pour mettre fin aux importations de pétrole russe en Hongrie et en Slovaquie d’ici fin 2027.L’Union européenne avait décidé de se sevrer du pétrole russe dès 2022 mais avait accordé une exemption à ces deux pays enclavés.Près de quatre ans après l’invasion de l’Ukraine, Bruxelles veut priver la Russie de la manne financière tirée de ses hydrocarbures.La part du gaz russe dans les importations de gaz naturel de l’UE est passée de 45% en 2021 à 19% en 2024.Mais si l’Europe s’est efforcée de réduire ses approvisionnements par gazoducs, elle s’est en partie tournée vers le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen.Derrière les États-Unis (45%), la Russie occupe une place centrale avec 20% des importations de GNL de l’UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés.En tout, les importations de gaz naturel russe de l’UE devraient représenter encore 15 milliards d’euros cette année.

Réutilisable ou rien: MaiaSpace au coeur du rattrapage européen des fusées compétitives

Sous les néons de la Protofactory de la start-up française MaiaSpace, repose un immense cylindre en acier: le premier étage de la future fusée assemblé cette année, et que l’entreprise espère réutiliser dès 2028. Un pari audacieux pour rattraper le retard européen face à SpaceX. Loin derrière l’entreprise fondée par Elon Musk qui envoie des fusées réutilisables depuis 2015 et talonnée par les concurrents européens, cette filiale d’ArianeGroup y croit malgré tout sur son site de Vernon, en Normandie, à 80 km de Paris.  “Les lanceurs européens seront réutilisables ou ne seront pas”, déclare à l’AFP Yohann Leroy, président exécutif de MaiaSpace créé en 2022. Une conviction partagée par le directeur de l’Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher qui a prôné dans une interview à l’AFP en octobre le développement de fusées réutilisables européennes pour l’après-Ariane 6 afin de casser la domination de SpaceX. MaiaSpace a été préselectionnée par l’ESA pour son projet European Launcher Challenge (Défi des lanceurs européens) avec quatre concurrents: les allemands Isar Aerospace et Rocket Factory Augsburg, le britannique Orbital Express Launch et l’espagnol PLD Space.”Il n’y aura pas de marché pour tout le monde”, commente pour l’AFP Pierre Lionnet, directeur de recherche à Eurospace, qui rassemble les industriels européens de l’espace.”Il y a de la place pour au maximum deux acteurs en Europe sur le segment de marché que nous visons (…) Beaucoup resteront sur le bord du chemin”, reconnaît le patron de MaiaSpace.- “Pas sûr à 100%” -Les vols d’essai des groupes allemands ont subi des échecs mais ont eu lieu tandis que Maia n’est pas encore sur le pas de tir: initialement prévu en 2025, le premier lancement est maintenant programmé fin 2026.”On met toutes les chances de notre côté pour tenir cette date. Evidemment on ne peut pas la garantir à 100%”, ajoute Yohann Leroy.  Après s’être vu attribuer l’an dernier le pas de tirs des Soyouz russes à Kourou, la start-up qui emploie 330 salariés – contre 20 en 2022 – avait dû “réajuster son plan de développement” pour démarrer ses activités en Guyane française.  Yohann Leroy assure que ce calendrier retardé sera au final “mieux pour le projet. Cela évite de dupliquer certains investissements”.Mais il admet qu’il faudra aussi “du temps pour maîtriser la réutilisation”: les tentatives de récupération du premier étage de la fusée sur une barge commenceront “aux alentours du huitième ou neuvième vol”, pas avant 2028, précise-t-il. Une fois maîtrisée, cette récupération du premier étage qui “représente à peu près 50% du coût du lanceur” permettra de diviser les coûts “par plus que deux” et de “proposer des prix plus compétitifs” que la concurrence, promet-il.  Il cite comme autres avantages la réutilisation prise en compte dès la conception de la fusée ainsi que sa capacité d’emport allant jusqu’à 4 tonnes, plus importante que chez les concurrents européens. Ces paramètres vont garantir un prix du lancement par kilo (indicateur clé pour une fusée) à 6.000 euros, comparable au prix catalogue de SpaceX, assure Yohann Leroy. – Casse-pipe et tire-bouchon -Si le pas de tir à Kourou est encore en cours de réaménagement, l’avenir de la fusée Maia se concrétise. La semaine dernière, MaiaSpace a été sélectionnée pour le lancement en 2027 de la mission Toutatis, une démonstration d’action dans l’espace constituée de deux satellites pour le compte de l’Agence de l’innovation de défense. Un projet du français U-Space, spécialisé dans les nanosatellites, avec le soutien du missilier MBDA. Cet accord suit le premier contrat commercial pour le groupe signé en mars avec le français Exotrail pour la plateforme Spacevan à partir de 2027.D’ici là, le travail s’annonce intense à Kourou comme à Vernon. La Protofactory qui abrite le démonstrateur du premier étage long de 33 mètres va s’agrandir et devenir une véritable usine, Maiafactory.A quelques pas, dans la forêt, des installations surnommées “tire-bouchon” et “casse-pipe” servent de terrain d’épreuves: la première teste la séparation de l’étage supérieur, la seconde la résistance des réservoirs à la poussée du moteur, étapes décisives avant de voir la fusée s’élever vers l’espace.

Wall Street ouvre en ordre dispersé, digère les chiffres moroses de l’emploi privé

La Bourse de New York évoluait sans direction claire mercredi, prenant note d’un indicateur décevant sur l’emploi privé aux Etats-Unis, qui vient néanmoins renforcer les attentes d’une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 14H45 GMT, le Dow Jones prenait 0,22%, l’indice Nasdaq reculait de 0,43% et l’indice élargi S&P 500 était proche de l’équilibre (-0,09%).La place américaine a été prise de court par l’enquête régulière ADP/Stanford Lab, publiée peu avant l’ouverture, selon laquelle le secteur privé a détruit 32.000 emplois le mois dernier aux Etats-Unis.Les analystes anticipaient une tendance légèrement positive, avec entre 10.000 et 40.000 créations d’emplois, selon les consensus publiés respectivement par Trading Economics et MarketWatch.”Ces chiffres ne sont vraiment pas bons”, commente auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.”Il n’y a aucun moyen de présenter cela comme une bonne nouvelle pour l’économie, à moins, bien sûr, que vous ne soyez un trader qui s’intéresse surtout à la probabilité de baisses de taux de la Fed”, ajoute l’analyste.La faiblesse de l’indicateur ADP est de nature à conforter les marchés dans l’idée que la banque centrale américaine abaissera ses taux pour la troisième fois consécutive, à l’issue de sa réunion des 9 et 10 décembre.Une politique d’assouplissement monétaire est de nature à aider la croissance, et donc à augmenter les perspectives de bénéfices des entreprises.Certains analystes jugent insuffisamment fiables les données ADP. Mais “compte tenu du manque de données gouvernementales actualisées, ce rapport est le meilleur aperçu dont nous disposons” pour anticiper la politique monétaire de la Fed, explique M. Sosnick.La publication de plusieurs indices américains clés a été retardée en raison de la paralysie budgétaire (“shutdown”) de 43 jours qui a touché les Etats-Unis.Le marché attend désormais l’indice des prix à la consommation PCE pour le mois de septembre, qui sera publié vendredi.”Seul un chiffre très élevé inciterait la Fed à agir”, estime M. Sosnick.L’institution dispose d’un double mandat: elle doit veiller à ce que le marché de l’emploi reste dynamique, mais aussi maintenir l’inflation proche de 2% sur le long terme.Sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’Etat américain se détendait à 4,06%, contre 4,09% à la clôture mercredi.Côté entreprises, les investisseurs ont accueilli une nouvelle salve de résultats d’entreprises. La chaîne américaine de grands magasins Macy’s perdait du terrain (-2,53% à 22,13 dollars) malgré des performances financières trimestrielles au-dessus des attentes et une révision à la hausse de ses prévisions annuelles.La marque d’habillement American Eagle Outfitters s’envolait (+16,01% à 24,16 dollars), grâce à des ventes en hausse au troisième trimestre de son exercice fiscal.Le spécialiste des jeans s’est récemment retrouvé au cœur d’une polémique après une campagne publicitaire avec l’actrice Sydney Sweeney.Certains internautes ont accusé American Eagle de promouvoir des idéaux de suprématie blanche, tandis que d’autres l’ont au contraire saluée pour ce qu’ils considèrent comme une réaffirmation des valeurs traditionnelles.Le titre du spécialiste de la cybersécurité CrowdStrike tombait (-3,46% à 498,70 dollars) malgré des résultats trimestriels très légèrement supérieurs aux attentes du marché.