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Duisbourg, ville de l’acier et symbole du virage à droite de l’Allemagne

Tout sourire, Alan Imamura réajuste une casquette bleue aux couleurs du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Son couvre-chef arbore fièrement le slogan trumpien: “Make Duisburg Great Again!”.”Autrefois, les gens nous regardaient bizarrement ou même nous insultaient, cela n’arrive désormais presque plus”, ajoute ce candidat de 51 ans du parti à Duisbourg, qui a enregistré dimanche soir un score historique au plan national.Au coeur de la Ruhr industrielle, près de la frontière néerlandaise, Duisbourg incarne le glissement à droite observé dimanche en Allemagne lors des législatives;- “Ceinture de la rouille” -Avec ses ouvriers métallos de moins en moins nombreux et l’âge d’or révolu des hauts-fourneaux de la sidérurgie, la capitale de la “ceinture de la rouille” germanique, ne semble plus un fief imprenable du parti social-démocrate SPD.Dimanche, l’AfD a doublé ses scores dans la cité et était dans l’une des circonscriptions au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates, qui voient leurs suffrages s’effondrer, comme au plan national. Les conservateurs eux progressent dans cette terre ouvrière. Longtemps cantonné dans l’Est du pays, sur les terres de l’ancienne RDA communiste, l’extrême droite progresse désormais aussi à l’ouest.”Je considère comme un grand danger de voir Duisbourg évoluer du SPD vers l’AfD (…) j’ai peur que mes petits enfants grandissent dans un monde où dominent le nationalisme, le racisme et la loi du plus fort”, dit Marius Kaussen, 67 ans.Ludger Schulppen, 63 ans, fut même membre du  parti social-démocrate avant de soutenir l’AfD.”Les gens qui immigrent ici ne sont pas ceux qui ont de bons emplois dans leur pays”, assure-t-il, “ils viennent pour les allocations sociales, j’ai beaucoup de collègues turcs aussi qui disent que eux ils n’ont rien reçu à leur arrivée, ils ont travaillé”.Duisbourg a une longue histoire d’immigration. La ville de l’acier a intégré après-guerre des générations de Turcs, Polonais et Italiens pour alimenter le “miracle économique” allemand. Aujourd’hui 58,3% des enfants scolarisés sont migrants ou d’origine immigrée, selon les statistiques officielles.La crise industrielle et l’arrivée de centaines de milliers de migrants depuis 2015 sont des griefs récurrents des habitants. Même dans l’électorat fidèle aux sociaux-démocrates.Les réfugiés “sont venus trop nombreux. Il faut bien arrêter de prendre des gens à un moment donné”, dit à l’AFP Rita Braun, 83 ans, venue mettre dimanche son bulletin dans l’urne et qui a “toujours voté SPD”.- Crise industrielle -Pour Ludger Schulppen, qui travaille pour l’ancien fleuron industriel ThyssenKrupp, la crise économique allemande ne permet plus d’intégrer les étrangers.”Il y a tellement d’entreprises qui ferment, il n’est plus possible pour les gens de venir ici et de trouver un travail”, dit-il.ThyssenKrupp a annoncé la suppression de 11.000 emplois dans les prochaines années. “Le climat est mauvais” dans l’entreprise, confie-t-il, “personne ne sait qui va être touché et ce qui va arriver”.Il est persuadé que les baisses d’impôts et la dérégulation voulues par l’AfD aideront l’industrie. C’est aussi ce que promettent les conservateurs.L’an dernier, aux élections européennes, le parti CDU est arrivé en tête avec près de 23%, coiffant de justesse sur le poteau le SPD, une césure dans l’histoire de la ville. L’AfD est ressortie à 16,7%.Sortie de terre au 19è siècle grâce à sa position stratégique le long du Rhin et près des gisements de charbon et de minerais de la Ruhr, Duisbourg cumule aujourd’hui les difficultés, même si elle reste la ville européenne qui produit le plus d’acier. Elle ne compte plus qu’un demi-million d’habitants, après en avoir perdu 100.000 depuis les années 1970.En dehors du centre-ville, de nombreux bâtiments abandonnés dominent le paysage. Et les logements bon marché de ces quartiers attirent de nouvelles communautés pas toujours bienvenues.Manuela Spitzwieser, une femme de ménage de 54 ans, s’en prend, en montrant un aire de jeux jonchée de détritus, aux gens qui “cassent tout” dans le quartier.Les rangées d’immeubles sont surnommées ici les “Géants Blancs”. Manuela a longtemps soutenu le parti social-démocrate. Maintenant elle a voté pour l’AfD dans sa cité de Hochheide de Duisbourg-Ouest. Comme, affirme-t-elle, tous les Allemands qui y vivent.

L’Australie inflige une amende à Telegram pour avoir répondu en retard à une demande du régulateur

Le régulateur de l’internet australien a annoncé lundi avoir infligé plus de 600.000 dollars d’amende à la messagerie Telegram, qui n’a pas exposé dans les temps sa politique de lutte contre les contenus problématiques.En mars 2024, l’agence eSafety avait enjoint Telegram et d’autres plateformes d’expliquer la façon dont elles détectent les contenus “terroristes”, de violence extrémiste et d’exploitation sexuelles de mineurs, a rappelé dans un communiqué sa cheffe, Julie Inman Grant.Telegram n’a répondu que le 13 octobre dernier, plus de cinq mois après la date butoir du 6 mai, faisant, selon Mme Grant, obstruction au travail de sa commission sur cette période.La messagerie cryptée se voit ainsi infliger une amende de 613.000 dollars (586.000 euros) et dispose de 28 jours pour la régler, demander un délai ou essayer de la faire annuler, selon le document.Si elle décide de ne pas payer, le régulateur pourra saisir un tribunal fédéral.”Montrer comment et où certaines de ces plateformes échouent, et aussi réussissent, dans la lutte contre ces contenus est vital afin de protéger la population et élever les standards de sécurité dans l’industrie, particulièrement en ce qui concerne les contenus les plus abjects”, poursuit Julie Inman Grant.Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a été arrêté puis mis en examen en France en août pour une série d’infractions relevant de la criminalité organisée, la justice lui reprochant globalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur la messagerie.Début décembre, pour son premier interrogatoire au fond, M. Durov avait dit avoir “pris connaissance de la gravité de tous ces faits (…) en garde à vue”.Le milliardaire franco-russe a été remis en liberté à la fin du mois, sous strict contrôle judiciaire, avec une caution de cinq millions d’euros, l’obligation de pointer au commissariat deux fois par semaine et l’interdiction de quitter le territoire français.

Enseignant au Venezuela: survivre avec un salaire de misère

Comment survivre quand on est enseignant au Venezuela avec un salaire mensuel de 15 dollars ? Bon nombre ont un second emploi, tablent sur la débrouille ou le soutien familial, mais beaucoup abandonnent leur vocation, changent de métier ou quittent le pays.Un panier de courses alimentaires de base pour une famille de quatre personnes coûte environ 500 dollars par mois : c’est 38 fois le salaire moyen d’un enseignant, depuis longtemps sous-payé, mais historiquement bas aujourd’hui.Maria Cerezo a 70 ans, dont 39 d’expérience face aux élèves. Elle jongle avec le budget familial, composé de son salaire, celui de sa fille, elle aussi enseignante, et de son époux avocat.”Avant, on achetait deux kilos de tomates, maintenant c’est deux petits oignons, trois tomates… Nos achats sont guidés par les restrictions parce qu’on ne peut pas dépenser plus”, assure l’enseignante à l’AFP.Le système éducatif vénézuélien connaît un déficit d’environ 200.000 enseignants, selon le président Nicolas Maduro, qui leur a demandé de retourner en classe et a promis d'”améliorer” leur qualité de vie grâce à des subventions pour les transports, la santé et l’alimentation, ainsi que des aides aux crédits immobiliers.La plupart des écoles publiques ne fonctionnent que deux ou trois jours par semaine, afin que les enseignants puissent exercer un autre emploi pour compléter leur maigre salaire.Certains ont choisi de donner des cours particuliers à domicile, d’autres ont tout simplement abandonné l’enseignement et se sont tournés vers d’autres professions, tandis que beaucoup font partie des huit millions de Vénézuéliens qui ont émigré depuis 2014 à la recherche d’une vie meilleure.- Friperie solidaire -Mais la relève d’enseignants se fait rare. Selon un rapport universitaire, les inscriptions de nouveaux étudiants dans le champ de l’éducation ont chuté de près de 90% entre 2008 et 2022.Maria Cerezo se refuse pour le moment à quitter le pays. Elle déambule entre les rayons de pantalons et de chemisiers dans une friperie ouverte par le syndicat des enseignants pour leur venir en aide.Une robe en nylon bleu à pois blancs lui plaît : elle entre dans la cabine d’essayage et se jauge face au miroir. Pour le moment, elle n’a pas les 2 dollars que coûte la robe et réfléchit à revenir demain.”Je reviendrai pour un pantalon”, dit l’enseignante qui pourrait être à la retraite mais se considère “active” et “forte” et ne veut pas arrêter de travailler.Le Ropero Solidario (L’armoire solidaire) de la Fédération des enseignants vénézuéliens est un dépôt-vente, majoritairement alimenté par des enseignants qui perçoivent 50% du prix de vente. Les vêtements sont vendus entre 1 et 4 dollars. La friperie propose aussi aux membres des programmes d’aide à l’achat de médicaments, de nourriture ou en cas de maladie.- “Avant on pouvait” -“Cette crise ne permet même pas d’acheter des vêtements de rechange, comment demander aux élèves d’aller à l’école dans un état impeccable ?”, se désole Kethy Mendoza, coordinatrice du magasin.Nicolas Maduro impute les bas salaires aux sanctions internationales américaines depuis 2015 et européennes depuis 2017. Mais pour les experts, la précarité des enseignants dure depuis plus longtemps.Kethy Mendoza, elle-même enseignante, accueille ses collègues et clients, les aide à s’habiller, donne son avis comme une parfaite vendeuse.Maria Cezezo se déplace dans le magasin et observe.”C’est une terrible situation”, se lamente-t-elle. “Avant, avec une paie, on pouvait acheter des vêtements, des chaussures, des appareils électriques. Désormais, c’est impossible”.

Viticulture: à Cognac, la réalité virtuelle au service de la taille des vignes

“Fais comme dans un rang”: casque immersif sur la tête et manette-sécateur en main, l’apprentie vigneronne élague le cep virtuel grâce à une simulation conçue en Charente pour former les futurs tailleurs de vigne et “décomplexifier” ce geste ancestral, “fondamental” en viticulture.Dans une salle de classe de l’Institut de Richemont, près de Cognac, l’étudiante en BTS manie les boutons avec doigté pour tailler un pied parfaitement modélisé, écourtant un sarment, comptant le nombre d'”yeux” (bourgeons) nécessaires.”Essaie de tailler en respectant les trajets de sève”, conseille son formateur Laurent Mabille, ingénieur agronome. “Fais comme si tu étais dans un rang.”Un écran de contrôle permet d’observer l’opération, avec le droit à l’erreur permis par ce logiciel baptisé Ampelos, du nom d’un personnage de la mythologie grecque proche de Dionysos, dieu du vin.”C’est la même sensation” que dans les vignes, témoigne Lola Billy, 20 ans, qui aspire à devenir vigneronne comme ses oncles. Et en cas de mauvaise coupe, “on peut revenir en arrière pour comprendre les erreurs qu’on fait, donc c’est assez impressionnant”.Dans la foulée, exercice appliqué dans des vignes de la maison de cognac Martell, mises à la disposition des étudiants: sous un soleil d’hiver, ces derniers jouent du sécateur sur de vrais ceps.”Grâce à la réalité virtuelle”, se réjouit Laurent Mabille, “on peut permettre à des apprenants débutants, à tout type de public même, d’apprendre à tailler”.- “Décomplexifier” -La simulation permet d’esquiver la saisonnalité et l’aléa météorologique: on peut enseigner toute l’année, alors que cette manipulation est en principe cantonnée aux mois d’hiver. “Et puis ça permet de décomplexifier ce geste technique qui peut être appréhendé comme difficile”, dit le formateur, rappelant qu’il faut en principe “plusieurs années” pour exercer un bon tailleur.Pour lui, “ce n’est pas gadget: c’est comme les simulations pour les pilotes de ligne, cela valide des compétences”.Ampelos pousse notamment à corriger les postures inadéquates sources de douleurs pour le tailleur, à visualiser la circulation de la sève dans le cep et, à terme, donnera un aperçu de son évolution d’une année sur l’autre en fonction de la taille virtuelle, explique Romain Soulié, cofondateur du studio Nyx, près d’Angoulême.Dans le cadre d’un consortium baptisé Vinum et doté d’un budget de 2,4 millions d’euros, incluant aussi le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou encore la maison de cognac Hennessy (groupe LVMH), ce studio informatique a lancé Ampelos en 2024, puisant dans des innovations issues du jeu vidéo.Des technologies qui sont “dans l’ADN” des aspirants vignerons, se félicite Yannick Laurent, directeur de l’Institut de Richemont, qui accueille plus de 300 étudiants et a investi “quelques milliers d’euros” pour la licence logicielle et le matériel.- Applicable à d’autres vignobles -“C’est complémentaire d’avoir cet outil virtuel et puis d’aller sur le terrain”, estime-t-il, décrivant la viticulture comme une culture “ancestrale” capable de “s’adapter”.Pour Mathilde Boisseau, directrice vigne et vin d’Hennessy, la taille est une “opération fondamentale”, notamment pour allonger la durée de vie des vignes et pour “ralentir l’arrivée des maladies du bois”, qui représentent environ 5 à 10% des ceps improductifs.Le géant du cognac, qui a fourni une parcelle à numériser, pourrait recourir au logiciel dans le cadre des ateliers destinés à ses 1.600 viticulteurs partenaires.D’autres vignobles pourraient en bénéficier, précise de son côté Romain Soulié: outre des vignes de Cognac et de Bourgogne déjà modélisées avec un grand souci du détail (un million de polygones par cep), la Champagne et l’Alsace vont suivre. Et le changement climatique, en étendant la viticulture à des régions nouvelles, va susciter un important besoin de formation.”On va commencer à planter des vignes ailleurs que les vignobles traditionnels, et il va falloir former les gens (de ces) terroirs”, souligne Romain Soulié, qui présentera le logiciel au Salon de l’Agriculture débutant samedi à Paris.”C’est une innovation applicable au monde entier”, résume Mathilde Boisseau.

Comment le blé français a perdu le chemin de l’Algérie

Longtemps premier acheteur du blé français, l’Algérie boude désormais les chargements de la céréale du pain exportée par l’ancienne puissance coloniale: un désamour antérieur à la récente crise diplomatique entre Paris et Alger, expliquent des acteurs du marché.Il fut un temps où les courtiers racontaient que “les meuniers algériens écrasaient plus de blé français que les meuniers en France”, relate Arthur Portier, analyste du marché céréalier chez Argus Media France.”La France a exporté jusqu’à 5 millions de tonnes de blé tendre par campagne à destination de l’Algérie, soit la moitié des exportations françaises hors Union européenne”, explique-t-il.Des échanges importants, nourris par la proximité géographique des deux pays, leurs liens historiques et l’augmentation des besoins alimentaires d’une population algérienne ayant quadruplé depuis l’indépendance.La France, premier producteur et exportateur européen de blé tendre, y trouvait un débouché naturel. “On avait un vieil accord tacite: on achetait du gaz algérien et l’Algérie du blé français. Ca a bien marché pendant 50 ans”, affirme un opérateur actif sur le marché européen.En 2018, les exportations de blé français vers l’Algérie représentaient plus de 5,4 millions de tonnes; en 2023, elles avaient chuté à moins d’un million de tonnes, selon les données des douanes françaises consultées par l’AFP.Entre juillet et décembre 2024, seul un bateau de 31.500 tonnes de blé tendre a pris la direction de l’Algérie, selon la même source.Ce tarissement des échanges intervient en pleine crise diplomatique: les tensions entre Paris et Alger se sont brutalement aggravées après la décision cet été du président français Emmanuel Macron de reconnaître la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental – alors qu’Alger soutient depuis plus d’un demi-siècle les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.En octobre dernier, les acteurs français du marché se sont même discrètement offusqués de n’avoir pas reçu un appel d’offre de l’office public algérien des céréales (OAIC), pourtant envoyé à tous les autres acteurs habituels.Le ministère algérien de l’Agriculture avait alors démenti l’exclusion volontaire d’un de ses “partenaires européens habituels” et évoqué une “consultation restreinte (…) régie par des critères techniques spécifiques”, dans un communiqué consulté par l’AFP.- “Grains punaisés” -Si, de l’avis général, la crise actuelle n’arrange pas les choses, “l’origine du changement d’approvisionnement de la part de l’Algérie n’est pas politique”, estime Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés.”A un moment donné, la France n’a pas pu servir le marché algérien, qui s’est tourné vers la mer Noire. Les meuniers ont goûté à la qualité russe et l’ont appréciée”, explique-t-il.C’est effectivement en 2016, année pluvieuse où la production de blé a chuté de 20% en France, que l’Algérie a importé pour la première fois du blé russe, selon un acteur européen du marché.Cette année-là, la Russie, qui a massivement investi dans sa production céréalière, devient le premier exportateur mondial de blé. En mars 2024, les céréaliers français réunis à Paris s’inquiètent de la voir “envahir le terrain de jeu des acheteurs de céréales dans le monde et principalement en Afrique”, selon l’expression de Jean-François Loiseau, président de l’interprofession.D’abord modestes, les importations algériennes de grains russes augmentent considérablement à partir de 2022-23, essentiellement au détriment des blés français mais aussi allemands ou argentins.Ce gonflement des achats à la Russie est rendu possible par un changement majeur: l’OAIC “a modifié son cahier des charges en 2021 en augmentant son taux acceptable de +grains punaisés+”, allant jusqu’à tolérer 0,5% de grains endommagés par des insectes contre 0,2% auparavant, pour correspondre aux qualités du blé de la mer Noire, explique Edward de Saint-Denis.L’Algérie s’est donc mise à acheter régulièrement du blé russe, moins cher que le français et dont la caractéristique est aussi un taux de protéine plus élevé, ce qui lui confère une qualité de panification appréciée par les meuniers algériens.Peu dommageable en 2024 car la France a peu à vendre après une piètre récolte de blé, l’absence de l’Algérie aux achats sur le marché français va vite devenir problématique: car cette absence, que les opérateurs espèrent “temporaire”, n’est pas compensée par l’augmentation des importations du Maroc ni par la Chine, “actuellement aux abonnés absents”, relève Arthur Portier.

Au Salon de l’agriculture, Macron tente de rassurer sur les accords commerciaux internationaux

Emmanuel Macron a affirmé samedi vouloir protéger l’agriculture française de la concurrence des produits étrangers et des taxes douanières américaines à l’inauguration du 61e Salon international de l’agriculture à Paris, une visite plus apaisée que l’an passé mais face à des paysans toujours remontés.Après les huées et les violences qui avaient entouré sa venue en 2024 en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un “revenu décent” et de la “considération”, la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon des produits du terroir.La visite présidentielle s’est achevée peu avant 20H00, après douze heures passées dans les travées du parc des expositions situé au sud de la capitale. Emmanuel Macron était resté une heure de plus l’année dernière.Mais l’actualité a vite rattrapé le chef de l’Etat, qui a interrompu sa déambulation pour s’entretenir à plusieurs reprises avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau après l’arrestation en Roumanie du narcotrafiquant multirécidiviste Mohamed Amra, avant que ne survienne l’attaque mortelle au couteau à Mulhouse, un “acte de terrorisme”, “islamiste”, selon Emmanuel Macron.En début de matinée, à la suite d’une rencontre avec les principaux syndicats agricoles, le président français a appelé à un “dialogue respectueux” avec les agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être “la variable d’ajustement” du pouvoir d’achat et d’accords commerciaux.Emmanuel Macron a assuré continuer de chercher une “minorité de blocage” au sein de l’Union européenne sur l’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur.Cet automne, l’opposition à ce traité commercial a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d’agriculteurs, qui se disent étouffés par la concurrence des produits étrangers produits avec des normes “moins disantes” sur les pesticides ou les antibiotiques par exemple.Lors de sa déambulation parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux, il a ensuite évoqué sa visite prévue lundi à Washington: “entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l’autre” avec des droits de douanes.Il a dit vouloir aborder le sujet avec le président américain Donald Trump, qui menace régulièrement les pays européens de réaugmenter les taxes douanières, comme il l’avait fait au cours de son premier mandat.En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d’un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu’ils exportent en masse vers les États-Unis, d’autant que le cognac souffre déjà d’un différend commercial entre l’UE et la Chine, son autre gros marché.- “Grande incertitude” -“On a redit au président que les choses n’avancent pas assez vite et (…) que la situation géopolitique nous mettait dans une grande incertitude”, a déclaré à l’AFP Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, après sa rencontre avec le président.”On veut que, demain, les producteurs puissent produire, pas pour exporter mais pour remplir nos assiettes”, a souligné de son côté Véronique le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat qui a effectué une percée aux élections professionnelles avec un discours dégagiste, à la fois libéral et souverainiste.Véronique Marchesseau, secrétaire générale du troisième syndicat agricole, la Confédération paysanne, a elle rappelé l’importance de garantir des prix minimum payés aux agriculteurs, face “aux problèmes climatiques et aux problèmes sanitaires”.En 2024, le Salon s’était ouvert après dix jours de colère agricole. Des milliers de visiteurs avaient été bloqués à l’extérieur du parc des expositions pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d’Emmanuel Macron.Samedi, quelques altercations ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des militants de la Coordination rurale, coutumière des actions coup de poing. Patrick Legras, porte-parole du syndicat, a fait état d’un militant en garde à vue et affirme avoir appelé ses membres à “calmer le jeu et ne pas répondre aux provocations”.- La star Oupette -L’ambiance générale est plus apaisée.”C’est une belle journée comparé à l’an passé. C’est une respiration politique, probablement, mais c’est surtout une respiration pour le Salon qui a énormément de visiteurs aujourd’hui”, s’est réjoui auprès de l’AFP Arnaud Lemoine, directeur du Ceneca, organisation propriétaire du Salon.Pour le gouvernement, ses engagements pris après l’édition 2024 ont été “honorés”: “500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales”, “soutien à la trésorerie”, “indemnisations” pour les cheptels touchés par les épizooties”…Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession et qui érige notamment l’agriculture au rang “d’intérêt général majeur”.Mais dans les allées, les agriculteurs se pressent encore auprès du président, avec un cahier de doléances fourni: rémunération, maladies animales, formation des jeunes agriculteurs, prédation du loup, simplification administrative…Le président a aussi assisté en fin d’après-midi à la signature d’un accord de la filière pêche, qui a fixé sa stratégie notamment pour le renouvellement de sa flotte vieillissante.Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui a ouvert ses portes au public peu après la ration du matin pour les veaux, vaches, moutons et brebis.

L’Allemagne entre rejet de l’immigration et besoin criant de main d’oeuvre

Kathrin Leffler est “inquiète” : cette responsable d’un hôpital allemand recrute une partie de son personnel à l’étranger mais le discours de plus en plus hostile à l’immigration jette une ombre sur l’attractivité du pays en manque désespéré de main d’oeuvre.Le parti d’extrême droite AfD, qui pourrait arriver en seconde position aux élections de dimanche, défend un plan d’expulsion massive des étrangers en situation illégale en Allemagne.Faute d’alliés politiques, ses chances d’arriver au pouvoir sont nulles mais l’essor de cette formation a conduit à une surenchère sur les questions identitaires et sécuritaires, notamment chez les conservateurs, favoris du scrutin.”Ces développements politiques ne sont certainement pas positifs pour nous”, dit à l’AFP Mme Leffler, directrice des soins à l’hôpital Ukb, l’un des grands établissements de Berlin.Le secteur des soins est l’un des plus frappés par la pénurie de personnel qualifié qui handicape lourdement la première économie européenne.Comme nombre de groupes industriels, hôpitaux et cliniques doivent désormais recruter leur personnel à des milliers de kilomètres de l’Allemagne.Au Mexique, où les équipes de Mme Leffler se sont rendus en août dernier, les responsables allemands n’ont pas ménagé leurs efforts pour séduire les candidats à l’émigration.- Déficit démographique -Or les débats politiques allemands “sont suivis à l’étranger”, note la directrice. Les postulants “regardent de très près dans quel pays ils vont aller vivre” et si ils y seront bien accueillis.”Satisfait” de sa nouvelle vie en Allemagne, Wassim Hadded est arrivé de Tunisie fin 2023 via le dispositif gouvernemental +Triple Win+ destiné à recruter des infirmiers dans sept pays étrangers en excédent de diplômés dans ce secteur.Cours d’allemand pris en charge, logement garanti à son arrivée: l’infirmier spécialisé âgé de 27 ans a été attiré par ce “programme qui s’occupe de tout”.Actuellement, environ 15% du personnel médical des hôpitaux allemands possède un passeport étranger et cette proportion s’accentuera avec le départ à la retraite de la génération du baby-boom, prévient Gerald Gass, président de la Société des hôpitaux allemands (DKG).Pour “compenser le déficit démographique”, le secteur a besoin de recrutement annuellement environ “40.000 immigrés qualifiés”, indique-t-il.L’Allemagne vient de passer des accords migratoires avec une dizaine de pays (Inde, Géorgie, Kenya, Maroc) pour y recruter des travailleurs.L’industrie, la logistique ou la construction manquent aussi de bras. Sans le recrutement d'”au moins 1,6 million d’étrangers” d’ici 2029, selon l’Institut allemand d’études économiques (DIW), “la transformation économique échouera et de nombreuses entreprises feront faillite”.”La situation politique actuelle n’aide pas à ce que l’Allemagne devienne compétitive pour ces travailleurs qualifiés”, observe Gerald Gass.- Travailler pour s’intégrer -Plus d’un million de Syriens et d’Afghans avaient trouvé refuge dans la première économie européenne en 2015 et 2016 sous le gouvernement centriste d’Angela Merkel.Sept ans après leur arrivée, en 2022, le taux d’emploi moyen des hommes syriens atteignait 73%, celui des femmes 29%, et ils étaient particulièrement représentés dans les secteurs en pénurie de main d’oeuvre, selon l’étude d’une agence gouvernementale du travail.Sous le gouvernement sortant d’Olaf Scholz, de nouvelles règles ont permis à des migrants déboutés du droit d’asile d’obtenir quand même un permis de séjour, à condition d’avoir une formation ou un emploi.Mais les conservateurs veulent revenir sur ce dispositif, partant du principe que procédures d’asile et migration économique doivent être “distinctement séparées”, explique à l’AFP le politologue Olivieri Angeli.Pourtant “offrir aux migrants un accès plus rapide” au travail légal “réduirait la délinquance” en même temps que le manque de personnel, assure Jean-Victor Alipour, chercheur à l’institut économique Ifo.Une série d’attaques mortelles imputées à des demandeurs d’asile ou des réfugiés, dans les mois précédant l’élection, ont enflammé le débat sur l’immigration durant la campagne électorale.”L’ambiance politique (…) crée de l’incompréhension chez de nombreux immigrants”, observe Mohamed El Kaada, qui préside une association de Marocains en Allemagne.”Il ne faut pas exclure ceux qui contribuent à façonner le pays depuis des décennies”, plaide-t-il

Le RN lance une campagne nationale contre l’accord UE-Mercosur

Le vice-président du Rassemblement national, Louis Aliot, a qualifié samedi de “catastrophique” le traité UE-Mercosur, alors que le RN lance une campagne nationale contre cet accord de libre-échange qui doit encore être ratifié par les pays européens.Dans une conférence de presse à Perpignan, M. Aliot, maire de cette ville, a dénoncé un accord entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur “qui va sortir au forceps dans une situation agricole française très difficile”.”S’il y a d’autres mobilisations, on sera là au soutien de nos agriculteurs”, a-t-il ajouté.”On ne pourrait être d’accord que s’il y avait une réciprocité dans les conditions de production. Vous pouvez ouvrir votre marché aux productions du monde entier, mais elles doivent respecter les mêmes normes”, a-t-il encore déclaré.Concernant l’opposition du président Emmanuel Macron au traité tel qu’il a été signé le 6 décembre, le maire de Perpignan a affirmé: “Ils savent très bien que les agriculteurs sont vent debout, que l’opinion est vent debout, et que la signature sèche du traité du Mercosur sans l’accord des parties agricoles en France serait catastrophique pour tout le monde”.”Si le président (Macron) et son gouvernement affirment rejeter cet accord, ils laissent pourtant son processus d’adoption se poursuivre à Bruxelles”, écrit le RN dans un communiqué.”Ce double discours est inacceptable. La France, deuxième contributeur net à l’UE, dispose de leviers de pression pour bloquer cet accord”, poursuit-il.Alors que le président du RN, Jordan Bardella, doit se rendre dimanche au Salon de l’agriculture, des milliers de tracts vont être distribués ce week-end par les militants “partout en France” pour rendre visible cette opposition, selon le RN.La France, opposée “au Mercosur tel qu’il a été signé”, continue à chercher une “minorité de blocage” au sein de l’UE pour empêcher sa ratification, a déclaré M. Macron peu avant l’inauguration samedi du 61e Salon de l’agriculture à Paris.L’accord contesté permettrait notamment à l’UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay, Bolivie), d’y exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques. Il permettrait en échange aux pays sud-américains d’écouler vers l’UE des denrées telles que viande, sucre, riz, miel, soja.

Au Salon de l’agriculture, Macron tente de rassurer sur la concurrence des produits étrangers

Emmanuel Macron a inauguré samedi le 61e Salon international de l’agriculture à Paris, dans un climat plus apaisé que les huées et violences de l’an dernier mais face à des agriculteurs remontés qui attendent toujours “des réponses concrètes” sur la concurrence des produits étrangers.Après avoir rencontré les principaux syndicats agricoles, le président français a appelé à un “dialogue respectueux” avec les agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être “la variable d’ajustement” du pouvoir d’achat et d’accords commerciaux.Emmanuel Macron a assuré continuer de chercher une “minorité de blocage” au sein de l’Union européenne sur l’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, revendication du monde agricole qui se dit étouffé par la concurrence de produits étrangers, notamment venus d’Amérique du Sud. “On veut que, demain, les producteurs puissent produire, pas pour exporter mais pour remplir nos assiettes”, a déclaré à l’AFP Véronique le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat qui a effectué une percée aux élections professionnelles avec un discours dégagiste, à la fois libéral et souverainiste.”C’est tellement facile d’exporter pas cher, d’importer cher et résultat (…) de ne pas payer les producteurs en France”, a-t-elle ajouté à l’issue d’un rendez-vous de quelques minutes avec Emmanuel Macron.Cet automne, c’est l’opposition à l’accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d’agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.- “Je lui serre pas la main” -“On a redit au président que les choses n’avancent pas assez vite et (…) que la situation géopolitique nous mettait dans une grande incertitude”, a déclaré à l’AFP Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique.Selon lui, la productivité agricole française “est en train de péricliter” et les Français ont de plus en plus dans leur assiette des produits “importés bien souvent produits dans des conditions moins disantes” qu’en France.En 2024, le Salon s’était ouvert après dix jours de colère agricole. Des milliers de visiteurs avaient été bloqués à l’extérieur du parc des expositions pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d’Emmanuel Macron, au milieu d’insultes, huées, bousculades et violences.L’ambiance cette année est plus apaisée. La sécurité a été renforcée, un commissariat mobile est prévu ainsi que des chartes pour encadrer les visites politiques.Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui a ouvert ses portes au public peu après la ration du matin pour les veaux, vaches, moutons et brebis. Les éleveurs bichonnent les quelque 2.500 bêtes qui participeront aux différents concours organisés au Salon.”On attend des réponses concrètes du chef de l’État. Le revenu, il n’y en a toujours pas. Il y a un problème de répartition des marges, tout est capté par la grande distribution”, se désole auprès de l’AFP Jean-Philippe Yon, éleveur venu de la Manche avec son bonnet jaune de la Coordination rurale enfoncé sur la tête. “Macron, moi je lui serre pas la main.”- Loi d’orientation agricole -L’entourage du président lui a conseillé d’éviter une visite marathon, à l’image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.Emmanuel Macron a découpé samedi le traditionnel ruban sous les yeux de la vache limousine Oupette, égérie de l’édition 2025, avant d’entamer son parcours, avec un public tenu à l’écart par des barrières.Plus d’un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l’heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs, qui réclament un revenu “décent”, plus de considération et moins d’injonctions.Pour le gouvernement, ses engagements ont été “honorés”: “500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales prévus dans le budget”, “soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté”, “indemnisations à hauteur de 75 millions d’euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties” ou encore “la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier”.Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l’agriculture au rang “d’intérêt général majeur”, facilite les installations, la construction de bâtiments d’élevage et le stockage de l’eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.Mais dans les allées, les agriculteurs se pressent encore auprès du président, avec un cahier de doléances fourni: rémunération, maladies animales, formation des jeunes agriculteurs, prédation du loup, simplification administrative…

Au Salon de l’agriculture, Macron attendu au tournant

Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l’agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l’an dernier.Pas d’incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui sont reçus l’un après l’autre depuis 08H00 par le président de la République.Emmanuel Macron ira ensuite inaugurer le Salon, avec la traditionnelle coupe de ruban, auprès d’Oupette, vache limousine égérie de l’édition 2025 qui met aussi un pays étranger à l’honneur, le Maroc, une première dans l’histoire de ce rassemblement. Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l’extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d’Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques… Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l’an dernier. “Le président doit rassurer les agriculteurs”, a déclaré samedi sur RMC Jérôme Despey, patron du Salon mais aussi vice-président de la FNSEA et viticulteur.L’entourage d’Emmanuel Macron lui a conseillé d’éviter une visite marathon, à l’image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.”Le président sera très probablement pris à parti”, a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l’attend sur les dossiers internationaux.Cet automne, c’est l’opposition à l’accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d’agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.”Je souhaite qu’il en parle à Donald Trump (…): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d’être compétitifs”, renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.- “Tendu” -Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, “ça va être tendu”. Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à “expliquer qu’on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d’Ukraine” — l’accord d’association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d’une “concurrence déloyale”.Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d’apaisement, dans l’espoir qu’Emmanuel Macron “aura vraiment quelque chose” à leur dire, selon sa présidente Véronique Le Floc’h.Plus d’un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l’heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu “décent”, plus de considération et moins d’injonctions.Pour le gouvernement, ses engagements ont été “honorés”: “500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales prévus dans le budget”, “soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté”, “indemnisations à hauteur de 75 millions d’euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties” ou encore “la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier”.Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l’agriculture au rang “d’intérêt général majeur”, facilite les installations, la construction de bâtiments d’élevage et le stockage de l’eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.”Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n’a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd’hui”, s’indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat. Elle estime que les demandes de l’alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d’une “réelle transition agroécologique”.