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Conflits, climat et IA vont rendre l’inflation plus volatile, prédit la BCE

La Banque centrale européenne a averti que de nouveaux défis, allant des tensions commerciales et géopolitiques à l’intelligence artificielle et au changement climatique, pourraient rendre l’inflation plus volatile, justifiant une stratégie de politique monétaire plus souple dévoilée lundi.Ces changements structurels laissent présager des “écarts plus importants par rapport à l’objectif” de 2% d’inflation que s’est fixé l’institution de la zone euro, la poussant à se servir de sa panoplie d’outils “de manière souple (face) aux nouveaux chocs”, selon un communiqué.La stratégie monétaire initiale de la BCE, adoptée en 1998 et revue en 2003, a été révisée la dernière fois en 2021 avec un objectif d’inflation de 2% fixé sur le moyen terme, prenant en compte aussi bien les écarts inférieurs que supérieurs à cette cible.Cette redéfinition s’est révélée efficace “même lors de certains des chocs les plus violents et les plus persistants de l’histoire économique récente”, a salué lundi soir Christine Lagarde, présidente de la BCE en ouvrant le séminaire annuel de la BCE à Sintra.Mais alors que la zone euro est confrontée à des défis économiques et environnementaux croissants, la BCE a présenté un nouveau toilettage de sa stratégie de politique monétaire.”L’avenir est plus incertain, et cette incertitude risque de rendre l’inflation plus volatile”, a dit Mme Lagarde, résumant l’audit selon lesquels changement climatique, intelligence artificielle et fragmentation de l’économie mondiale rendent la trajectoire des prix plus aléatoire.Dans ce contexte, l’ensemble des instruments de politique monétaire dont dispose les gardiens de l’euro — taux directeurs, interventions sur les marchés obligataires, de manière indifférenciée ou en ciblant des États, prêts géants et conditionnés accordés aux banques,… — “demeureront dans la panoplie”, indiquent les conclusions.Mais “le choix, l’élaboration et la mise en Å“uvre de ces instruments seront suffisamment flexibles pour pouvoir répondre de manière souple aux évolutions de l’environnement de l’inflation”.- Leçons tirées -Lancé à l’été 2024, l’exercice de revue stratégique de la BCE a visé à tirer les leçons de la crise ayant poussé l’inflation à des niveaux record en 2021 et 2022, notamment via les prix d’énergie et les ruptures de chaînes d’approvisionnement, les banquiers centraux s’attirant des critiques pour avoir trop tardé à réagir.”Il est important de tirer des leçons des épisodes passés”, a expliqué le chef économiste de la BCE, Philip Lane.Le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui décide de la politique monétaire, tiendra compte “non seulement de la trajectoire la plus probable de l’inflation et de l’économie, mais également des risques et incertitudes qui l’entourent”, selon le communiqué.”Bon nombre de ses conclusions se reflètent déjà dans notre conduite actuelle de la politique monétaire”, a souligné Mme Lagarde, citant l’exemple des différents scénarios élaborés par la BCE sur l’impact des éventuelles mesures douanières américaines.La BCE s’engage aussi à tenir compte des “effets du changement climatique” et de “la dégradation de la nature” pour conduire la politique monétaire.Il manque des “mesures concrètes pour décarboner ses opérations (sur les marchés) ou verdir ses garanties (apportées par les banques contre l’octroi de prêts), un dossier bloqué depuis quatre ans”, regrette Clarisse Murphy, Chargée de campagne banques centrales au sein de l’ONG Reclaim Finance.Les annonces du jour ont laissé les observateurs sur leur faim, Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, évoquant un communiqué “très prudent”.”Sans surprise, l’évaluation par la BCE de sa révision de la stratégie de politique monétaire est clairement positive et empreinte d’autosatisfaction”, ironise Carsten Brzeski, chez ING.La prochaine revue de la stratégie de la BCE est prévue pour 2030.

Audiovisuel public: le texte rejeté dès l’entame des débats à l’Assemblée

Les députés ont rejeté dès le début des débats lundi la réforme de l’audiovisuel public, énième péripétie pour un texte au parcours chaotique, rejeté par les salariés concernés, mais que la ministre de la Culture Rachida Dati continue à défendre bec et ongles.La proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (UDI, centre), prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un président-directeur général.Les députés de gauche, rejoints de manière inattendue par ceux du Rassemblement national, ont voté largement (94 voix dont 16 RN contre 38) une motion de rejet du groupe écologiste et social, face aux bancs clairsemés de la coalition gouvernementale.Les représentants des groupes de gauche se sont réjouis à l’unisson de ce vote. “C’est un immense revers pour Rachida Dati et elle le mérite, parce que sa réforme était mal préparée”, s’est félicité le député PS Emmanuel Grégoire, qui ambitionne d’affronter Mme Dati à Paris lors des élections municipales de mars 2026.”La gauche ne voulait pas débattre. C’est une étape franchie. Le texte ira plus vite au Sénat”, a commenté le cabinet de la ministre auprès de l’AFP.La chambre haute pourrait examiner le texte dès la semaine prochaine selon une source parlementaire. Une source gouvernementale assure, de son côté, que “ce n’est pas arbitré”. Le Premier ministre François Bayrou avait apporté son soutien à la réforme dimanche sur RTL.Face à la presse, comme dans l’hémicycle, Mme Dati a défendu une réforme qu’elle porte à bout de bras depuis des mois, et qui serait l’un des rares trophées dont elle puisse se prévaloir rue de Valois.”Il nous faut un chef d’orchestre, sortir du fonctionnement en silo, avoir des stratégies très claires, réellement unifiées avec un PDG unique, une stratégie cohérente et coordonnée”, a-t-elle dit.- “Gâchis” -Pour le RN, le vote de la motion était une manière d’abréger les débats, alors que près de 1.300 amendements avaient été déposés, principalement par la gauche. “Il y en a marre de voir la gauche faire de l’obstruction systématique sur quasiment tous les textes dans l’hémicycle”, a expliqué à la presse le député RN Philippe Ballard.Le député du groupe MoDem Erwan Balanant a lui regretté un “gâchis démocratique” et un “gâchis pour l’audiovisuel”, alors même que son groupe avait des “réticences” sur le texte.Ce rejet signe-t-il une défaite personnelle pour la ministre, accusée d’avoir contribué à tendre les débats ces derniers mois ?”Dati a été trop violente ces dernières semaines. Elle s’est mis à dos beaucoup de députés centristes qui ne veulent plus lui offrir une victoire politique”, a décrypté lundi une source au sein de l’audiovisuel public.En avril, un incident avait opposé en commission la ministre à une fonctionnaire de la chambre basse. Plus récemment, Mme Dati a créé l’émoi en s’en prenant au journaliste Patrick Cohen sur le plateau de C à vous, sur France 5, ou en affirmant sur France Inter que les auditeurs du service public étaient un “club” de “CSP+” (membres de catégories socioprofessionnelles favorisées).Dans l’hémicycle, Mme Dati a dénoncé les “violentes attaques contre (sa) personne”. “Cette réforme n’est pas la réforme de Rachida Dati”, c’est une réforme “dans l’intérêt évidemment de l’ensemble des Français”, a-t-elle soutenu.Un point de vue combattu par les syndicats des médias concernés. Une grève illimitée a démarré jeudi à Radio France pour s’opposer aux restrictions budgétaires et à ce projet de réforme, que les syndicats jugent “extrêmement dangereux” tant pour l’avenir des salariés que pour l’indépendance de l’information. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) comptait lundi 67% de grévistes dans les rédactions du groupe.A France Télévisions, où le mouvement a débuté lundi, la direction a compté 15% de grévistes au cours de la journée.Plusieurs centaines de salariés s’étaient rassemblées lundi à la mi-journée à proximité du ministère de la Culture, scandant “Rachida Dati démission”.

L’ONU appelle à “relancer le moteur du développement” face au “chaos climatique”

Dénonçant les attaques contre le “multilatéralisme”, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé lundi à “relancer le moteur du développement” face au “chaos climatique” et aux conflits internationaux, lors d’une conférence sur le financement du développement. “Aujourd’hui, le développement et son grand catalyseur — la coopération internationale — sont confrontés à des vents contraires massifs”, a mis en garde M. Guterres au premier jour de cette rencontre de quatre jours organisée à Séville, en Espagne, frappée par une chaleur caniculaire.”Nous vivons dans un monde où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde avec une économie au ralenti, des tensions commerciales croissantes et des budgets d’aide décimés. Un monde secoué par les inégalités, le chaos climatique et des conflits déchaînés”, a-t-il poursuivi.Dans ce contexte, il faut “accélérer les investissements” et “relancer le moteur du développement”, a insisté le responsable de l’ONU, en appelant la communauté internationale à investir “dans les domaines ayant le plus grand impact”, comme “les écoles” et “les énergies renouvelables”.Cette rencontre se tient dans un contexte particulièrement sombre pour l’aide au développement, touchée de plein fouet par la réduction de l’aide humanitaire décidée par Donald Trump, qui a supprimé 83% des financements de programmes à l’étranger de l’agence de développement USAID.Avec 63 milliards de dollars d’aide publique en 2024, les Etats-Unis étaient le principal pays donateur pour de nombreuses agences et ONG, désormais confrontées à d’importantes difficultés, d’autant que d’autres capitales, comme Paris et Londres, ont aussi réduit leurs aides.- Les Etats-Unis absents -“Dans un monde où la communauté des donateurs se réduit de manière drastique et dramatique, il est temps de faire un pas en avant”, a martelé le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, en appelant à faire de la conférence de Séville une “opportunité” pour “corriger” cette trajectoire.Reconnaissant des “contraintes” sur les capacités de financement des pays riches, liées notamment aux “tensions” pesant sur leurs finances publiques, le président français Emmanuel Macron a lui critiqué la “guerre commerciale” imposée par Donald Trump, accusée de “tuer” les pays pauvres et émergents.Il ne s’agit pas de demander “des faveurs” mais “de l’équité” et “des investissements”, a insisté de son côté son homologue kenyan William Ruto.Une cinquantaine de chefs d’Etat et gouvernement participent à cette conférence dite FfD4, la quatrième du genre depuis 2002. Les Etats-Unis, eux, n’ont envoyé, personne: ils ont décidé mi-juin de quitter la table des négociations, en raison d’un désaccord contre le texte soumis aux délégationsCe document de 38 pages, dit “engagement de Séville”, propose une série de solutions pour les pays du Sud, confrontés selon l’ONU à “un déficit de financement estimé à 4.000 milliards de dollars par an” pour tenir leurs objectifs de développement fixés dans le cadre de l’Agenda 2030.- “Message aux puissants” -Cela “nécessitera des ressources à une échelle et à un rythme sans précédent”, a prévenu lundi le président de la Banque mondiale Ajay Banga, en appelant les acteurs du développement à se mobiliser face à “l’augmentation de la dette” et aux défis posés par le changement climatique.”Nous savons qu’il n’y a pas assez d’argent du côté des gouvernements, des organisations philanthropiques ou des institutions de développement pour répondre à toutes les promesses. C’est pourquoi nous avons besoin du secteur privé”, a-t-il souligné.L'”engagement de Séville”, formellement adopté lundi, appelle pour cela à une remise à plat de l’architecture financière internationale, avec une place plus importante accordée aux pays du Sud dans les institutions financières et une meilleure coopération contre l’évasion fiscale.Ce document – qui doit être complété par des annonces unilatérales dans le cadre d’une “plateforme pour l’action” – ne sera cependant pas contraignant sur le plan juridique. De quoi agacer les ONG, qui regrettent un manque d’ambitions et de solidarité de la part des pays riches.Répondant à une question de l’AFP, Antonio Guterres a reconnu lors d’une conférence de presse des “résistances” et adressé un “message aux puissants”: “Il est préférable pour eux de réformer le système maintenant plutôt que d’attendre et de se heurter à des résistances lorsque les rapports de force changeront”.

A Lyon, la canicule fait suer ouvriers et restaurateurs

Sous un soleil de plomb qui frappe le quartier bétonné de la Part-Dieu, ilôt de chaleur lyonnais, Mohamed Nassime et son équipe finissent de poser des dalles de béton devant la gare avant d’aller se réfugier au frais.Chapeau en palmier sur la tête, tee-shirt glissé dessous, le chef du chantier constate : “à part l’eau, il n’y a pas de solution” pour faire face aux températures écrasantes qui touchent la France et particulièrement ce quartier très minéralisé de Lyon, où le thermomètre a atteint 38°c lundi.Travailler sous la chaleur, les ouvriers en ont “l’habitude” et surtout leurs horaires ont été aménagés, relativise le Marocain, gants de protection aux mains.Depuis trois jours, les employés de cette société de revêtement de sol commencent tôt le matin avant que le soleil n’arrive à son zénith, et s’arrêtent parfois dès 10H00.Un décret renforçant les obligations des entreprises pour protéger leurs employés lors des canicules sera publié mardi, quand seize départements passeront en vigilance rouge, sur les 84 en alerte orange lundi.Plusieurs entreprises ont déjà aménagé leurs horaires: avec des livraisons de béton décalées en fin de journée, les ouvriers reprendront à 18H00, où le quartier de la Part-Dieu passe dans l’ombre grâce à ses hauts bâtiments, explique Mohamed Nassime.A Bellecour, à côté de la grande place en terre rouge où le mercure grimpe aussi en flèche, Mohamed Abdesamad commence lui son chantier à 6H00 du matin et finit à 14H30. Entre les deux, cet ouvrier à dû reboucher un trottoir en plein soleil. “C’est un peu dur, mais on n’a pas le choix”, dit-il, des gouttes de sueur ruisselant sur son visage.En Espagne, où le thermomètre a frôlé 46°C, deux ouvriers de voirie sont morts samedi à Barcelone et Cordoue.- “Brûlures” -Les horaires adaptés restent une gageure pour certains métiers, comme les restaurateurs, qui doivent se plier à une forte demande sous des températures extrêmes.Pendant les périodes de canicule, “je perds 4 à 5 kilos”, explique Mohamed Vicente, gérant d’un kebab à Lyon, car “on est littéralement en nage” du matin au soir. “C’est comme si tu étais dans un sauna toute la journée, à la différence qu’on fait des efforts physiques en plus”, souffle-t-il, et il n’y a “pas d’échappatoire”.Son restaurant, situé lui aussi dans l’ilôt de chaleur de la Part-Dieu, est climatisé, mais la température de sa cuisine reste insupportable.”Une friteuse à 200 degrés, une machine à kebab avec 4 flammes, les frigos, même la hotte elle n’arrive pas à tirer tout ça”, énumère le gérant, qui peine à se remettre de son week-end passé à servir de la fast-food sur un stand à un festival.”On a servi, sous 37 degrés, 6.000 repas en deux jours, avec les machines” qui émettent de la chaleur en plus, relève-t-il, “on a tous souffert”.”Et je passe les détails des brûlures liées à la transpiration”, ajoute le restaurateur.Une rue plus loin, derrière un stand de sandwicherie proposé par une brasserie, Marie Venet s’éponge le visage avec un torchon. Un ventilateur balaie ses cheveux attachés, mais dehors, sans la climatisation, “c’est dur”, explique cette employée de 48 ans.Seule solution, des bouteilles d’eau et les allers-retour à l’intérieur de la brasserie climatisée où elle va récupérer des commandes. “Ca me permet de me mettre un peu au frais”, explique l’employée, mais “je suis toujours là entre midi et quinze, toujours à ce poste”.

La Bourse de Paris prudente face aux discussions commerciales entre les Etats-Unis et leurs partenaires

La Bourse de Paris a fini en légère baisse lundi, attentives aux évolutions des négociations commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires, avant la date fatidique du 9 juillet, fixée par Donald Trump.Le CAC 40 a cédé 0,33% à 7.665,91 points, reculant de 25,64 points.”Les négociations commerciales restent au centre de l’attention à l’approche de la date limite du 9 juillet”, à partir de laquelle des droits de douane plus élevés aux États-Unis devraient entrer en vigueur, souligne Neil Wilson, analyste de Saxo Markets.”Il y a une inquiétude quant à ce qui va attendre les pays qui n’auront pas signé d’accord. Y aura-t-il un délai supplémentaire, ou seront-ils frappés de plein fouet par de nouveaux droits de douane?”, s’interroge Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore.Côté obligataire, l’emprunt à dix ans français a atteint 3,28%, contre 3,26% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, a atteint 2,60%.Chassé croisé entre Wall Street et l’EuropeDepuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis, la plupart des indices boursiers européens ont davantage grimpé que les américains, une situation inédite depuis plusieurs années, tant la force d’attraction de Wall Street est d’ordinaire puissante. Les incertitudes liés aux revirements du président américain sur sa politique commerciale, et la crainte de l’impact des droits de douane sur la croissance et l’inflation aux États-Unis, ont poussé les investisseurs à placer une partie de leur argent ailleurs.D’autant que le continent bénéficie de meilleures perspectives de croissance, grâce aux baisses des taux menées par la Banque centrale européenne, et aux projets de dépense d’investissements publics dans la défense et les infrastructures, en Allemagne notamment.Toutefois, la dynamique s’est retournée au cours du mois de juin.Si les autres indices européens bénéficient toujours d’une meilleure performance sur les six premiers mois de l’année, le CAC 40 (+3,86%) fait, lui, désormais moins bien que l’indice américain S&P 500, qui grimpe de 5%.”Les investisseurs reviennent vers la thématique de l’IA, porteuse de croissance aux Etats-Unis”, commente Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore. “Quant aux plans d’investissement en Europe, on a salué les annonces, mais on attend désormais leur exécution”, ajoute-t-il.Carmat suspenduLe fabricant français d’un cÅ“ur artificiel temporaire destiné à des malades souffrant d’insuffisance cardiaque sévère a annoncé lundi être en cessation des paiements et demander l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. L’entreprise a aussi annoncé demander “la suspension de son cours de Bourse à partir du 30 juin 2025”, selon un communiqué.

Arbitrage Tapie: l’ex-patron d’Orange Stéphane Richard condamné à six mois de prison avec sursis

L’ex-patron d’Orange Stéphane Richard a été condamné lundi à une peine de six mois de prison avec sursis par la cour d’appel de Paris, dans le dernier ricochet judiciaire en date de la tentaculaire affaire de l’arbitrage controversé de 2008 entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais.A l’issue de ce troisième procès et comme l’avait suggéré l’avocat général de la Cour de cassation, les magistrats ont requalifié l’infraction reprochée à l’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l’Economie en négligence plutôt que complicité de détournement de fonds publics. Stéphane Richard a également été condamné à une peine de 15.000 euros d’amende.Il avait été rejugé en mars-avril au côté du haut fonctionnaire Jean-François Rocchi, ancien responsable du Consortium de Réalisation (CDR), entité chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais. Ce dernier a également été condamné à une peine de six mois avec sursis pour négligence ainsi qu’à une amende de 8.000 euros. Ils devront aussi payer à eux deux 10.000 euros de dommages et intérêts et 10.000 euros de frais d’avocats aux parties civiles.Devant les prévenus présents pour écouter la décision, la cour a mis en avant “l’accumulation de négligences” de leur part. “Les faits sont graves car ils ont permis l’escroquerie” et “révèlent un comportement dans lequel l’intérêt, notamment financier, de l’Etat n’est pas la priorité”, a déclaré le président, prenant toutefois en compte le fait qu’ils n’avaient jamais été condamnés auparavant. “La cour m’a reproché d’avoir commis des négligences dans la phase préparatoire à l’entrée en arbitrage, ce que je conteste profondément”, a réagi auprès de l’AFP Stéphane Richard, 63 ans. “Cela me semble méconnaître gravement le rôle exact et les responsabilités qui en découlent d’un directeur de cabinet dans un ministère comme Bercy”, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il envisageait de former un pourvoi en cassation.Sa condamnation en novembre 2021 lui avait coûté son poste à la tête de l’opérateur téléphonique historique: aux côtés de trois autres prévenus, M. Richard s’était vu infliger un an de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende pour complicité de détournement de fonds publics.- 246 millions récupérés -Cette affaire découle du conflit qui avait opposé Bernard Tapie, décédé en 2021, et le Crédit Lyonnais, autour du rachat de l’équipementier allemand Adidas dans les années 1990.Un arbitrage privé avait donné raison en 2008 à Bernard Tapie et lui avait octroyé plus de 400 millions d’euros, dont 45 millions au seul titre du préjudice moral. Mais cette sentence controversée avait ensuite été annulée au civil pour “fraude” en 2015 et l’ex-ministre condamné à rembourser.Une enquête pénale avait en parallèle été ouverte pour déterminer si l’arbitrage avait été truqué en faveur de Bernard Tapie, et au détriment de l’Etat.Six hommes, dont l’ex-patron de l’Olympique de Marseille, avaient été renvoyés devant la justice mais, en première instance, tous relaxés de façon spectaculaire. En appel néanmoins, la cour avait tranché en sens inverse, estimant que l’arbitrage avait bien été biaisé pour “faire triompher” la “partie Tapie”.Par la suite, la Cour de cassation a validé définitivement les condamnations pour escroquerie de l’avocat historique de Bernard Tapie, Maurice Lantourne, et de l’un des trois arbitres qui avait rédigé la sentence, Pierre Estoup, ainsi que la relaxe d’un fonctionnaire.Concernant Stéphane Richard et Jean-François Rocchi, en revanche, la haute juridiction a relevé qu’ils ne pouvaient être condamnés pour complicité de détournement de fonds publics, dans la mesure où la cour d’appel avait, dans sa décision, reconnu qu’ils “ignoraient le caractère frauduleux de l’arbitrage”.Christine Lagarde avait déjà été reconnu coupable de négligence mais dispensée de peine en 2016 dans cette affaire par la Cour de justice de la République – seule habilitée à juger les ministres pour des faits commis en exercice.MM. Estoup et Lantourne, ainsi que les sociétés en liquidation de Bernard Tapie, ont été définitivement condamnés à payer près de 400 millions au CDR, qui est détenu à 100% par l’Etat. Le CDR a indiqué à l’AFP avoir recouvré, à juin 2025, 246 millions d’euros sur une dette totale qui s’élevait, avec les intérêts et les frais de justice, à 700 millions en 2023.

Wall Street ouvre en hausse, rassurée sur le plan commercial

La Bourse de New York a ouvert en hausse lundi, après ses records de la semaine passée, saluant les derniers développements dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et le Canada.Vers 13H50 GMT, le Dow Jones prenait 0,42%, l’indice Nasdaq avançait de 0,19% et l’indice élargi S&P 500 de 0,21%.”Le marché cherche à étendre ses gains de vendredi, qui ont permis (aux indices) d’atteindre de nouveaux records historiques”, expliquent les analystes de Briefing.com.Vendredi, le S&P 500 et le Nasdaq ont tous deux dépassé leur plus haut niveau historique en clôture. Les deux indices avaient chuté de plus de 12% en à peine quelques séances après que Donald Trump a décidé d’imposer des droits de douane tous azimuts en avril. Le début de semaine à Wall Street est aussi marqué par “un meilleur ressenti à l’égard du commerce, surtout en ce qui concerne le Canada”, note auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Ottawa a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la “tech” dans l’espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par le président américain.Ce “ton plus favorable sur le plan commercial” est “positif” pour le marché, résume M. Hogan.Les entreprises qui devaient être concernées par cette taxe évoluaient dans le vert: Meta (Facebook, Instagram) prenait 1,05% à 741,34 dollars, Alphabet – la maison mère de Google – gagnait 0,39% à 179,23 dollars, et Microsoft avançait de 0,30% à 497,41 dollars.Les investisseurs vont également surveiller le mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump, qui pourrait être adopté dès lundi par les sénateurs américains après être passé par la Chambre des représentants.Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’estimer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, estimait dimanche que cette “big beautiful bill” augmenterait la dette publique de plus de 3.000 milliards de dollars d’ici 2034.”Il y a encore beaucoup de travail à faire avant que ce texte arrive sur le bureau du président américain”, indique toutefois M. Hogan. La navette parlementaire doit le faire revenir devant la chambre basse pour approuver la version révisée.Côté indicateurs, des données sur l’activité manufacturière aux Etats-Unis seront publiées mardi et le rapport sur l’emploi est attendu pour jeudi.A Wall Street, la semaine sera par ailleurs écourtée par un jour ferié vendredi (Independence Day). Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait légèrement, à 4,26%, contre 4,28% vendredi en clôture. Ailleurs, au tableau des valeurs, l’entreprise de biotechnologies américaine Moderna brillait (+4,71% à 28,44 dollars) après avoir publié des résultats positifs pour son essai clinique sur un vaccin contre la grippe saisonnière, nouvelle étape dans son projet de vaccin combiné grippe et Covid-19, a-t-elle annoncé lundi.Le secteur financier avait le vent en poupe après les “stress tests” de la Réserve fédérale (Fed), qui ont montré que les principales banques américaines peuvent résister à une “grave récession” aux Etats-Unis.Walls Fargo gagnait 1,63% à 80,79 dollars, JPMorgan Chase prenait 1,17% à 290,40 dollars et Bank of America s’octroyait 0,73% à 47,46 dollars.

Taxes sur les géants de la tech: état des lieux après le retrait du Canada

Le renoncement du Canada à sa taxe sur les géants américains de la tech sous la pression de Donald Trump, quelques mois après l’Inde, alimente des inquiétudes quant à l’avenir des taxes existantes ou en projet dans d’autres pays, surtout en Europe.”Près de la moitié des pays européens de l’OCDE ont annoncé, proposé ou mis en Å“uvre” une telle taxe au sein de leurs frontières, observe l’ONG Tax Foundation qui promeut une telle politique, dans l’attente d’une mesure mondiale.Or les négociations internationales ont du plomb dans l’aile après une décision samedi des pays du G7 d’exempter les multinationales américaines d’une taxation minimale mondiale à 15%.De quoi mettre en colère le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, qui milite depuis des années pour une telle mesure: “il s’agit de savoir si des gouvernements démocratiquement élus peuvent réglementer et taxer de puissantes entreprises, ou si des milliardaires de la tech peuvent dicter des politiques par l’intermédiaire de relais politiques”, a-t-il dénoncé dans un communiqué.Qui a imposé une telle taxe?France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, Autriche, Turquie, Brésil, Inde… Une dizaine de grands pays ont mis en place, ou prévu une taxation des entreprises internationales du numérique ces dernières années. L’objectif est de les faire payer là où elles exercent leur activité, et tenter de corriger l’optimisation fiscale que la dimension immatérielle de leur activité autorise.Généralement cette taxe porte sur le chiffre d’affaires de grandes entreprises essentiellement américaines comme Google (groupe Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft.La taxation varie d’un pays à l’autre en termes de chiffre d’affaires et de type d’activité pris en compte. Cela peut s’appliquer à la publicité en ligne, à la vente de données… “La plupart des taux proposés ou adoptés se situent dans une fourchette de 2% à 5%” du chiffre d’affaires des activités prises en compte, analyse la Fondation canadienne de la fiscalité.La plupart des pays ont mis en place leur mesure nationale dans l’attente d’un accord international, désormais considéré comme improbable. Ce que ça rapporteCette taxe rapporte davantage d’année en année dans la plupart des pays, selon des statistiques de l’Observatoire européen de la fiscalité remontant à juin 2023. Les recettes en France, en Italie, en Inde, au Royaume-Uni et en Turquie notamment montraient une progression constante.La taxe a rapporté environ 750 millions d’euros en 2024 à la France, selon les statistiques du gouvernement, et environ 800 millions de livres (près de 935 millions d’euros) par an au budget britannique. L’Italie a encaissé 455 millions d’euros en 2024 après 240 millions en 2021, selon la presse.A l’inverse, alors que le gouvernement espagnol tablait sur environ 1 milliard d’euros par an, en 2023 seuls 303 millions d’euros ont été générés via cette taxe, selon le journal La Vanguardia.Des décisions menacées?Avant le Canada, l’Inde avait déjà supprimé en avril sa taxation sur le numérique, à savoir une taxe de 6% sur les services de publicité en ligne fournis par des entités non résidentes, sur fond de négociations commerciales avec Trump.La question se pose désormais pour les autres pays: si le Royaume-Uni a déjà signé un accord commercial avec Washington, Londres veut aller plus loin et a toujours refusé de démentir qu’une suppression ou une adaptation de cette taxe était dans la balance.Le gouvernement espagnol n’a jamais parlé de revenir dessus jusqu’à présent.L’Italie non plus, mais lors d’une visite de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni à Washington en avril, la Maison Blanche affirmait dans un communiqué qu’elle et Trump étaient “d’accord pour dire qu’un environnement non discriminatoire en termes de taxation des services financiers était nécessaire pour permettre des investissements”.Un porte-parole du gouvernement allemand a indiqué lundi que l’abandon par le Canada de son projet de taxation ne “signifie absolument pas” que Berlin va faire de même, au moment où les dirigeants allemands réflechissent à un projet de loi de taxation.Interrogé par l’AFP en avril, le ministre de l’Economie Eric Lombard n’envisageait pas de supprimer la taxe française sur les services numériques tant que les Etats-Unis ne signaient pas l’accord international sous l’égide de l’OCDE. Mais l’inquiétude demeure: “les taxes sur les services numériques nationales restent vulnérables aux menaces économiques et politiques, en particulier de la part des États-Unis, qui ont toujours protégé leurs multinationales du numérique d’une imposition équitable à l’étranger”,  a réagi auprès de l’AFP l’ONG Tax Justice Network.

Dati dans l’arène de l’Assemblée pour défendre la réforme de l’audiovisuel public

Enfin l’épreuve du feu pour Rachida Dati. Les députés débattent à partir de lundi de la réforme de l’audiovisuel public, maintes fois repoussée et dont il n’apparaît pas certain à ce stade qu’elle puisse être votée dans le temps imparti.La ministre de la Culture n’a eu de cesse de soutenir l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (UDI, centre), qui prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un président-directeur général.Lors du passage du texte en commission mi-juin, France Médias Monde, branche internationale de l’audiovisuel public français (RFI, France 24), a été exclu du périmètre de la holding, sur proposition du gouvernement. La commission a aussi supprimé tout un pan du texte visant à “préserver la souveraineté audiovisuelle de la France”, avec des dispositions concernant les droits sportifs ou le développement de la radio numérique terrestre.La réforme, si elle aboutissait, serait un des rares trophées dont la ministre pourrait se prévaloir, alors qu’elle ambitionne de ravir la mairie de Paris à la gauche en mars 2026.Le projet de holding est combattu avec force par les syndicats de l’audiovisuel public. Ceux de Radio France ont lancé un mouvement de grève illimitée dès jeudi, le jugeant “extrêmement dangereux”, tant pour l’avenir des salariés que pour l’indépendance de l’information. A France Télévisions et l’Ina, les syndicats appellent à la grève à partir de lundi.”L’audiovisuel public est un enjeu citoyen (…) Il est utile à la démocratie, surtout dans un contexte très facturé avec les ingérences étrangères, les innovations technologiques et les groupes privés qui s’organisent et se structurent. Le statu quo n’est plus possible. Il est urgent de rassembler les forces de l’audiovisuel public”, a de nouveau justifié Mme Dati dans une interview à Challenges lundi.Le Premier ministre François Bayrou a apporté son soutien à la réforme dimanche sur RTL.Les débats commenceront par l’examen d’une motion de rejet déposée par les écologistes. Si elle est repoussée, la ministre devra affronter une véritable guérilla parlementaire, avec en pointe le député socialiste Emmanuel Grégoire, auteur de plus de 250 amendements, sur les 935 déposés.Peut-être un avant-goût des municipales ? Les militants socialistes parisiens choisissent lundi le candidat qui portera leur couleur, et pourraient désigner M. Grégoire, à moins qu’ils lui préfèrent le dauphin d’Anne Hidalgo, Rémi Féraud.- “Sérénité des débats” -Face à cette masse d’amendements, il semble peu probable que les débats puissent aller jusqu’au vote, en tout cas dans le temps pour l’instant prévu pour l’examen: lundi et mardi. Mercredi doit commencer l’examen d’un autre texte, sur l’allongement de la durée maximale du maintien en centre de rétention (CRA).”Malgré l’acharnement de Rachida Dati, le gouvernement n’a pas prévu les créneaux suffisants pour examiner le texte en entier”, se réjouit la députée du groupe écologiste et social Sophie Taillé-Polian.Mais Mme Dati reste “déterminée à ce que (les députés) puissent aller jusqu’au vote”, assure la rapporteure du texte, Virginie Duby-Muller (LR). Les débats reprendront si besoin vendredi, a confirmé Matignon à l’AFP.Dans cette bataille parlementaire, la mobilisation de la coalition gouvernementale est incertaine, un député du socle commun confiant un certain malaise. “J’ai l’impression qu’on accélère pour aller dans le mur”, dit cet élu, qui pointe aussi une gestion du dossier par Mme Dati qui n’a pas contribué à la “sérénité des débats”.En avril, un incident avait opposé en commission la ministre à une fonctionnaire de la chambre basse. Plus récemment, Mme Dati a créé l’émoi en s’en prenant au journaliste Patrick Cohen sur le plateau de C à vous, sur France 5, ou en affirmant sur France Inter que les auditeurs du service public étaient un “club” de “CSP+”, c’est-à-dire appartenant à des catégories socioprofessionnelles plutôt aisées.Le RN lui se montre circonspect: on est “plutôt partisan de s’abstenir sur cette réforme”, a affirmé dimanche sur Europe 1 le vice-président du RN Sébastien Chenu, dont le parti est favorable à une privatisation partielle de l’audiovisuel public.

Pesticides: la décriée loi Duplomb soumise à des tractations décisives au Parlement

La proposition de loi des sénateurs Duplomb et Menonville sur l’agriculture, décriée par la gauche pour ses mesures sur les pesticides ou les réserves d’eau, passe lundi au filtre d’une réunion de parlementaires qui s’annonce agitée mais décisive pour le cheminement législatif du texte.Le sort du texte qui vise à “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur” est entre les mains de sept députés et sept sénateurs, lors d’une commission mixte paritaire (CMP) qui a démarré en début d’après-midi au Sénat.Ce petit comité, très majoritairement favorable au texte, tente d’élaborer un compromis sur la proposition de loi d’origine sénatoriale. Portée par Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (UDI, centre), l’initiative a été largement approuvée au Sénat, qui penche à droite. Mais à l’Assemblée nationale, les partisans du texte l’ont rejetée d’emblée pour éviter l’examen des milliers d’amendements des Insoumis et des écologistes, invoquant une “obstruction”.Pour le bloc central, la manÅ“uvre présente un avantage: le débat sera tranché à huis clos, dans les couloirs feutrés du Sénat et non dans l’hémicycle agité du Palais Bourbon, privé de majorité.- Acétamipride -Mais elle comporte aussi son lot d’incertitudes, car elle redonne la main aux sénateurs, dont la vision sur certaines mesures irrite plusieurs membres du camp présidentiel. Or en l’absence de texte voté à l’Assemblée nationale, les débats de la CMP repartent de la version du Sénat… Son volet environnemental inquiète. Sa disposition phare: la réintroduction, certes encadrée et à titre dérogatoire, de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Ses effets chez l’humain sont source de préoccupations, même si les risques restent incertains, par manque d’études d’ampleur.Autorisé ailleurs en Europe, il est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”.Autres mesures qui divisent, l’augmentation de l’influence du gouvernement dans le travail de l’agence sanitaire Anses sur les autorisations de pesticides, le relèvement des seuils d’autorisation environnementale pour les élevages intensifs, ou encore la facilitation du stockage de l’eau pour l’irrigation des cultures.Les opposants dénoncent d’importants reculs environnementaux. Après diverses manifestations durant le week-end, plusieurs dizaines de militants, élus, paysans et membres d’ONG se sont rassemblés lundi midi à proximité du Sénat, à l’appel du collectif Nourrir qui s’indigne d’une loi “au service de l’agro-industrie”.”Au scandale sanitaire s’ajoute un scandale démocratique: certains ont tellement honte du débat qu’ils ne peuvent pas regarder les Français dans les yeux et se réfugient dans le huis clos d’une CMP”, s’est insurgée la patronne des Ecologistes Marine Tondelier. “Nous ne laisserons pas cette loi gravissime passer sans que chacun prenne ses responsabilités”, promet de son côté la députée Insoumise Manon Meunier, qui proposera des amendements en CMP.- “Rien de révolutionnaire” -Tout comme la FNSEA, syndicat agricole leader, le gouvernement “souhaite que ce texte soit adopté parce que c’est un texte d’équilibre. La réintroduction de l’acétamipride, ce n’est pas la réintroduction des pesticides”, a souligné la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, lundi matin sur TF1. “Son rétablissement ne peut se faire que sous de très strictes conditions pour des filières qui aujourd’hui sont en impasse de traitement, mais qui demain, je l’espère, trouveront une solution en biocontrôle ou en en traitement alternatif”, a-t-elle ensuite commenté lors d’un déplacement dans une ferme bio des Yvelines.”Pour moi, ce n’est pas une bonne décision (…) Je trouve contre-productif de réautoriser cette molécule comme si elle était anodine, ce qui n’est pas le cas”, a en revanche déclaré la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, sur Sud Radio lundi, soulignant cependant les “conditions très encadrées” prévues par le texte.Au-delà de l’impératif de réunir au moins huit voix pour sur 14 en CMP, les élus doivent aussi s’assurer que le texte pourra être adopté lors d’un ultime vote dans les deux chambres, le 2 juillet au Sénat puis le 8 à l’Assemblée nationale. “C’est notre double objectif”, assure à l’AFP Franck Menonville. “Notre texte n’a rien de révolutionnaire. Il ne fait que rendre possible ce qui l’est dans l’ensemble des pays européens”.Selon plusieurs sources parlementaires, le volet sur l’acétamipride, auquel les sénateurs tiennent beaucoup, devrait bien être maintenu. En échange, le Sénat pourrait consentir à reculer sur les mesures concernant les compétences de l’Anses, un chiffon rouge notamment pour le MoDem.ama-sb-eg-jul/jmt/tes