Test

Trump inflexible sur les droits de douane, panique sur les marchés

Les marchés en Asie-Pacifique dévissent lundi face à l’inflexibilité du président américain Donald Trump sur les droits de douane qu’il a imposés au reste du monde, laissant présager une nouvelle journée noire planétaire.Chutes en milieu de journée de 10,7% à Hong Kong, de 9,7% à Taipei, de 8,7% à Shenzhen, de 6,4% à Tokyo, de 6,3% à Shanghai, de 4,9% à Séoul ou encore de 3% à Bombay: les premières Bourses à ouvrir après l’entrée en vigueur samedi des droits de douane punitifs américains ont été prises de panique.Le mouvement est d’autant plus brutal que la Chine a répliqué et annoncé vendredi, alors que nombre de places financières asiatiques avaient déjà fermé pour le week-end, ses propres droits de douane, alimentant les risques d’escalade destructrice pour l’économie mondiale.”Il ne s’agit plus seulement d’un conflit commercial, mais d’une refonte systémique de l’ordre économique mondial” dont les règles “sont en train d’être démantelées en temps réel”, a estimé Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.Au même moment, un grand nombre de pays cherchent, chacun de leur côté, à convaincre Donald Trump de les épargner.”Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes”, a déclaré le ministre des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC.Le président républicain reproche aux partenaires économiques des Etats-Unis de les “piller”. En conséquence, il a décidé d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux Etats-Unis, entré en vigueur samedi.Il va être relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%).”Nous avons des déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et beaucoup d’autres”, a écrit dimanche Donald Trump sur son réseau Truth Social.”La seule manière de régler ce problème, ce sont les droits de douane, qui vont rapporter des dizaines de milliards de dollars aux Etats-Unis”, a-t-il ajouté. “C’est magnifique.””Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible”, a expliqué Scott Bessent au sujet des partenaires commerciaux des Etats-Unis, “parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro”.Alors que la Chine a déjà riposté en annonçant des taxes supplémentaires de 34% sur les importations américaines, les dirigeants européens ont eux multiplié les contacts au cours du week-end avant une réunion lundi à Luxembourg des ministres du Commerce extérieur de l’UE pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”. “Le monde tel qu’on le connaissait a disparu”, a résumé le Premier ministre britannique Keir Starmer au sujet de cette remise en cause de l’ordre mondial du commerce.- “Traitement pour se soigner” -Interrogé sur la réaction violente des Bourses, Donald Trump a fait valoir dimanche, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, qu’il “(fallait) parfois prendre un traitement pour se soigner”.Dans la nuit de dimanche à lundi, les contrats à terme, produits financiers utilisés pour prédire l’orientation des marchés, laissaient présager d’une nouvelle chute de Wall Street lundi, après deux premiers plongeons jeudi et vendredi.”On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Et actuellement, la stratégie intelligente c’est de ne pas paniquer”, a lancé sur Fox News Peter Navarro, conseiller au commerce du milliardaire républicain.Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer lundi M. Trump à Washington pour évoquer entre autres la nouvelle taxe douanière de 17% que les Etats-Unis prévoient d’infliger à Israël.De son côté, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé un délai d'”au moins 45 jours” avant l’entrée en vigueur de droits de douane de 46% sur la production vietnamienne exportée aux Etats-Unis.Ce report laisserait le temps, selon lui, aux deux pays de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.”Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines”, a prévenu pour sa part Scott Bessent, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur plusieurs mois au moins.Les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions “le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane”, a jugé le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.Il s’opposait ainsi à la thèse selon laquelle ces nouvelles taxes allaient surtout pénaliser l’économie américaine, même s’il a concédé qu’il pourrait “y avoir des hausses de prix”. “Je ne pense pas qu’on va voir un effet majeur sur les consommateurs aux Etats-Unis”, a-t-il insisté.La plupart des économistes s’attendent pourtant à ce que les nouveaux droits sur les produits importés aux Etats-Unis provoquent une accélération de l’inflation et freinent la consommation.

Prisés des Texans, les pick-up victimes des droits de douane de Trump

Craignant que la “paranoïa” ne gagne les consommateurs à cause des droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis, Arthur Bibbs a décidé d’anticiper en achetant sans attendre un pick-up d’occasion.”J’ai peur que les gens deviennent paranoïaques avant qu’il y ait un réel impact”, explique à l’AFP cet homme de 38 ans, qui s’est rendu chez un concessionnaire du Texas “avant que les choses se compliquent”.Dans cet Etat du sud des Etats-Unis, où les secteurs du pétrole, de l’agriculture, de l’élevage et de l’énergie sont prédominants, les habitants sont nombreux à opter pour des véhicules tout-terrain, comme des pick-up ou des SUV.A Houston, la ville la plus peuplée du Texas avec 2,3 millions d’habitants, ces véhicules ont représenté 80% des ventes d’automobiles neuves en 2024, selon une association de concessionnaires locaux.A 74%, cette proportion est à peine inférieure dans l’ensemble du pays, avec des modèles des constructeurs Ford et Chevrolet parmi les plus vendus.Mais même les véhicules produits par ces marques américaines emblématiques ne sont pas 100% “Made in USA”: les modèles assemblés aux Etats-Unis utilisent de nombreuses pièces détachées provenant de l’étranger, entre autres du Mexique ou du Canada voisins.”Si vous assemblez aux Etats-Unis mais que les composants viennent de l’extérieur, il est évident que les prix s’en ressentiront”, affirme Tino Ruiz, propriétaire d’une concession de voitures d’occasion à Magnolia, au nord de Houston. Les Etats-Unis imposent des droits de douane de 25% depuis la semaine dernière à toutes les voitures qui n’y sont pas fabriquées, des surtaxes qui s’appliqueront également aux pièces détachées importées à compter du 3 mai.Ces tarifs douaniers s’ajoutent aux taxes déjà en vigueur, comme la “chicken tax”, d’une valeur de 25%, qui frappait les importations de camions légers et de pick-up depuis les années 1960.Le but affiché par Donald Trump est d’attirer des industriels aux Etats-Unis, mais les effets à long terme de cette politique restent imprévisibles.Les droits de douane “ne manqueront pas d’ébranler les chaînes d’approvisionnement du secteur (automobile) tout en augmentant les coûts pour les consommateurs”, a estimé le Centre des études stratégiques et internationales (CSIS) sur son site internet, deux jours avant leur entrée en vigueur.- Des milliers de dollars d’augmentation -Selon RoShelle Salinas, la vice-présidente de l’association des concessionnaires automobiles de Houston, les droits de douane pourraient se traduire dans un premier temps par “une légère augmentation des achats parce que les clients, inquiets à cause des prix, cherchent à anticiper d’éventuelles augmentations”.Celles-ci pourraient aller de 3.000 à 10.000 dollars en fonction des modèles, alors que le prix moyen d’un véhicule neuf aux Etats-Unis est déjà de 52.000 dollars – et “nettement plus” pour les pick-up -, rappelle-t-elle.”Je ferai plus de bénéfices mais je devrai payer plus cher pour acheter plus de véhicules”, estime Tino Ruiz, qui précise que “toute augmentation de (ses) coûts d’achat sera répercutée sur le client”.Arthur Bibbs, son premier client du mois, s’est décidé à acheter son pick-up d’occasion en pensant qu’il “n’en aurait peut-être plus le loisir” par la suite.Son choix s’est porté sur une marque américaine.”Je pensais à l’entretien et aux pièces de rechange dont je pourrais avoir besoin”, qui seront moins chères si elles commencent à être fabriquées aux Etats-Unis, pense-t-il.Pour Tino Ruiz, la concurrence ne doit pas subir d’entraves, pour laisser aux clients le choix d’acheter les véhicules qu’ils souhaitent.Les voitures américaines “commencent à avoir des problèmes au-delà de 160.000 km”, assure-t-il, alors que “les japonaises Toyota ou Honda vont jusqu’à 320.000km”.”Si vous voulez leur imposer des droits de douane, fabriquez de meilleures voitures”, assène-t-il.

Boeing de nouveau menacé d’un procès civil lié à l’accident d’Ethiopian

Un procès civil fédéral avec jury populaire contre Boeing doit commencer lundi, lié à l’accident d’un 737 MAX 8 d’Ethiopian Airlines en 2019, sauf accord de dernière minute hors tribunal.Ce procès, à Chicago (Illinois), devait examiner deux plaintes. Mais l’une d’entre elle a fait l’objet d’un accord dimanche entre les plaignants et l’avionneur américain, a indiqué dans la soirée une source judiciaire à l’AFP.”Des discussions sont en cours et devraient se poursuivre toute la journée, et dans les jours à venir”, avait indiqué Robert Clifford, avocat de nombreux proches de victimes, lors d’une audience préparatoire mercredi.Un accord à l’amiable peut intervenir à tout moment, même pendant le procès.Prévu pour durer deux semaines, ce dernier doit commencer par la sélection de huit jurés et sera le premier procès civil contre Boeing lié à cette catastrophe aérienne.Le 10 mars 2019, un Boeing 737 MAX 8 effectuant le vol ET302 d’Ethiopian Airlines entre Addis Abeba et Nairobi s’est écrasé au sud-est de la capitale éthiopienne six minutes après le décollage, tuant les 157 personnes à bord.Des proches de 155 victimes ont déposé un recours contre Boeing entre avril 2019 et mars 2021 pour mort injustifiée et négligence, entre autres. Selon un proche du dossier, au 27 mars, 18 plaintes étaient encore ouvertes.Ce sont désormais au moins trois plaintes supplémentaires qui ont, depuis, donné lieu à un accord en incluant celui conclu dimanche, selon plusieurs sources.Sauf entente de dernière minute, le tribunal va donc examiner à partir de lundi matin une seule plainte, portant sur la mort de Darcy Belanger, un Canadien marié âgé de 46 ans qui vivait à Denver.Il avait fondé l’ONG de protection de l’environnement Parvati.org et avait profité de vacances de son emploi dans la construction pour assister à une conférence de l’ONU à Nairobi.Pour simplifier la procédure, le juge fédéral Jorge Alonso a constitué des groupes restreints de cinq à six plaintes et a fixé, pour chaque groupe, une date de procès. Si toutes les plaintes d’un groupe aboutissent à un accord amiable, le procès est annulé.- Dernière minute -Boeing avait échappé in extremis en novembre à ce qui aurait été le premier procès civil lié à cet accident, grâce à une entente en fin d’après-midi la veille du début du procès.Un autre procès est prévu le 14 juillet.Ces procès ont simplement vocation à déterminer le montant de l’indemnisation des proches. Des témoins (famille, amis, collègues, etc) viennent parler de la victime et de l’impact de sa disparition sur leur vie.Les accords hors tribunaux, dont les conditions sont traditionnellement confidentielles, sont fréquents dans les procédures civiles aux Etats-Unis. Il appartient ensuite au magistrat chargé de l’affaire de les approuver ou de les rejeter.L’avion accidenté avait été livré en octobre 2018. Boeing “a accepté publiquement et dans les poursuites civiles la responsabilité des accidents du MAX car la conception du (logiciel antidécrochage) MCAS a contribué à ces événements”, avait relevé un avocat de l’avionneur lors d’une audience en octobre.Ce logiciel est aussi mis en cause dans l’accident d’un 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air qui s’est écrasé en mer le 29 octobre 2018 une dizaine de minutes après son décollage de Jakarta, tuant 189 personnes.Les vols commerciaux de ce modèle ont commencé en mai 2017. Toute la famille des 737 MAX a été clouée au sol pendant plus de 20 mois après ces catastrophes.Boeing a versé “plusieurs milliards de dollars”, en plus des sommes allouées lors de la procédure pénale devant un tribunal fédéral du Texas, avait souligné son avocat.Plusieurs dizaines de plaintes civiles ont également été déposées aux Etats-Unis concernant l’accident de Lion Air. Au 31 mars, une seule restait ouverte.Dans le volet pénal, portant sur les deux accidents, Boeing a signé en janvier 2021 un accord dit de poursuites différées (DPA) avec le ministère américain de la Justice.Il a été remis en cause après une série de problèmes de qualité de sa production, qui ont culminé avec un incident en vol en janvier 2024 sur un 737 MAX 9.Un second DPA a été déposé le 24 juillet auprès du tribunal fédéral de Fort Worth (Texas).Mais le juge Reed O’Connor l’a rejeté début décembre et a créé la surprise le 25 mars en annonçant l’ouverture le 23 juin d’un procès pénal avec jury populaire. Un accord peut intervenir d’ici là.

Droits de douane: Trump reste inflexible, plusieurs pays veulent négocier

Donald Trump est resté inflexible dimanche sur les droits de douane imposés au reste du monde malgré un nouveau coup de tabac sur les marchés, son administration soulignant que plus de 50 pays avaient pris contact avec la Maison Blanche pour négocier.”Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes”, a déclaré le ministre des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC.Le président républicain, dont les annonces ont fait plonger les marchés et déclenché un branle-bas de combat dans le reste de la planète, reproche aux partenaires économiques des Etats-Unis de les “piller”.En conséquence, il a décidé d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux Etats-Unis, entré en vigueur samedi.Il va être relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%).”Nous avons des déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et beaucoup d’autres”, a écrit dimanche Donald Trump sur son réseau Truth Social.”La seule manière de régler ce problème, ce sont les droits de douane, qui vont rapporter des dizaines de milliards de dollars aux Etats-Unis”, a-t-il ajouté. “C’est magnifique.””Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible”, a expliqué Scott Bessent au sujet des partenaires commerciaux des Etats-Unis, “parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro”.La Chine a immédiatement répliqué aux nouvelles taxes américaines et annoncé vendredi ses propres droits de douane.Les dirigeants européens ont eux multiplié les contacts au cours du week-end avant une réunion lundi à Luxembourg des ministres du Commerce extérieur de l’UE pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”. “Le monde tel qu’on le connaissait a disparu”, a résumé le Premier ministre britannique Keir Starmer au sujet de cette remise en cause de l’ordre mondial du commerce.- “Traitement pour se soigner” -Interrogé sur la réaction violente des Bourses, Donald Trump a fait valoir dimanche, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, qu’il “(fallait) parfois prendre un traitement pour se soigner”.Dimanche soir, les contrats à terme, produits financiers utilisés pour prédire l’orientation des marchés, laissaient présager d’une nouvelle chute de Wall Street lundi, après deux premiers plongeons jeudi et vendredi.”On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Et actuellement, la stratégie intelligente c’est de ne pas paniquer”, a lancé sur Fox News Peter Navarro, conseiller au commerce du milliardaire républicain.Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer lundi Donald Trump à Washington pour évoquer entre autres la nouvelle taxe douanière de 17% que les Etats-Unis prévoient d’infliger à Israël.De son côté, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé un délai d'”au moins 45 jours” avant l’entrée en vigueur de droits de douane de 46% sur la production vietnamienne exportée aux Etats-Unis.Ce report laisserait le temps, selon lui, aux deux pays de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.”Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines”, a prévenu pour sa part Scott Bessent, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur plusieurs mois au moins.Les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions “le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane”, a jugé le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.Il s’opposait ainsi à la thèse selon laquelle ces nouvelles taxes allaient surtout pénaliser l’économie américaine, même s’il a concédé qu’il pourrait “y avoir des hausses de prix”. “Je ne pense pas qu’on va voir un effet majeur sur les consommateurs aux Etats-Unis”, a-t-il insisté.La plupart des économistes s’attendent pourtant à ce que les nouveaux droits sur les produits importés aux Etats-Unis provoquent une accélération de l’inflation et freinent la consommation.Comme on lui demandait pourquoi la Russie ne figurait pas sur la liste des pays taxés, le conseiller économique a mis en avant les négociations en cours avec Moscou et Kiev sur la guerre en Ukraine. “Je pense que le président a pris la décision de ne pas mélanger les deux questions”, a-t-il déclaré. La Maison Blanche avait expliqué mercredi que des pays comme la Corée du Nord ou la Russie n’étaient pas concernés car ils font l’objet de sanctions américaines, ce qui bloque déjà tout commerce significatif.

Trump: la Chine a fait capoter un projet d’accord sur TikTok à cause des droits de douane

Donald Trump a rapporté dimanche que la Chine avait fait capoter un projet d’accord avec les Etats-Unis sur la vente du réseau social TikTok, à cause des nouveaux droits de douane imposés par Washington.”Si je leur avais donné une petite baisse de droits de douane, ils auraient approuvé l’accord en 15 minutes”, a déclaré M. Trump à des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One. “Ca vous montre la puissance des droits de douane, non?”Une loi votée en 2024 par le Congrès américain impose au chinois ByteDance de céder le contrôle de Tiktok sous peine d’interdiction aux Etats-Unis.Peu après son retour à la Maison Blanche fin janvier, Donald Trump avait reporté l’échéance de 75 jours, jusqu’au 5 avril. Il l’a prolongée une nouvelle fois de 75 jours vendredi, deux jours après avoir annoncé une volée de droits de douane sur l’ensemble des importations américaines, et notamment de 34% sur les produits chinois.La cession de la filiale américaine de TikTok nécessite le feu vert de ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente.Donald Trump, après avoir tenté de forcer la cession de la plateforme en 2020, s’est posé, depuis la dernière campagne présidentielle américaine, en sauveur du réseau social aux 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis.

Le gouvernement Trump affirme que des dizaines de pays veulent négocier sur les droits de douane

L’administration de Donald Trump a affirmé dimanche que plus de 50 pays avaient pris contact avec la Maison Blanche pour négocier sur les droits de douane généralisés imposés par Washington, prévenant que ces discussions pourraient prendre plusieurs mois.”Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes”, a déclaré le ministre des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC.Donald Trump, dont les annonces ont fait plonger les marchés et déclenché un branle-bas de combat dans le reste de la planète, reproche aux partenaires économiques des Etats-Unis de les “piller”.En conséquence, il a décidé d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux Etats-Unis, entré en vigueur samedi.Il va être relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%).”Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible”, a expliqué Scott Bessent, “parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro”.Alors que la Chine a immédiatement répliqué aux nouvelles taxes américaines en annonçant ses propres droits de douane, les dirigeants européens ont multiplié les contacts au cours du week-end avant une réunion lundi à Luxembourg des ministres du Commerce extérieur de l’UE pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”. “Le monde tel qu’on le connaissait a disparu” a résumé le Premier ministre britannique Keir Starmer au sujet de cette remise en cause de l’ordre mondial du commerce.Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer lundi Donald Trump à Washington pour évoquer entre autres la nouvelle taxe douanière de 17% que les Etats-Unis prévoient d’infliger à Israël.De son côté, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé un délai d'”au moins 45 jours” avant l’entrée en vigueur de droits de douane de 46% sur la production vietnamienne exportée aux Etats-Unis.Ce report laisserait le temps, selon lui, aux deux pays de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.- “Pas de report” -Mais le ministre américain du Commerce Howard Lutnick a prévenu dimanche que “les droits de douane (arrivaient)” et ne feraient pas l’objet, dans l’immédiat, d’exemptions négociées.”Il n’y aura pas de report”, a martelé l’ancien patron de la société de courtage Cantor Fitzgerald.”Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines”, a prévenu pour sa part Scott Bessent, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur plusieurs mois au moins.L’administration Trump balaye également le vent de panique qui souffle sur les places financières, Wall Street ayant vu s’envoler en deux jours plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.Les places mondiales ne sont pas épargnées: la Bourse saoudienne a ouvert la semaine dimanche avec une perte de 6,78%, sa plus lourde perte quotidienne en cinq ans.”On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Et actuellement, la stratégie intelligente c’est de ne pas paniquer”, a lancé sur Fox News Peter Navarro, conseiller au commerce du milliardaire républicain.Les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions “le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane”, a jugé le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.Il s’opposait ainsi à la thèse selon laquelle ces nouvelles taxes allaient surtout pénaliser l’économie américaine, même s’il a concédé qu’il pourrait “y avoir des hausses de prix”. “Je ne pense pas qu’on va voir un effet majeur sur les consommateurs aux Etats-Unis”, a-t-il insisté.La plupart des économistes s’attendent pourtant à ce que les nouveaux droits sur les produits importés aux Etats-Unis provoquent une accélération de l’inflation et freinent la consommation.Comme on lui demandait pourquoi la Russie ne figurait pas sur la liste des pays taxés, le conseiller économique a mis en avant les négociations en cours avec Moscou et Kiev sur la guerre en Ukraine. “Je pense que le président a pris la décision de ne pas mélanger les deux questions”, a-t-il déclaré. La Maison Blanche avait expliqué mercredi que des pays comme la Corée du Nord ou la Russie n’étaient pas concernés car ils font l’objet de sanctions américaines, ce qui bloque déjà tout commerce significatif.

Branle-bas face aux droits de douanes et à la “disparition” de l’ancien ordre commercial mondial

“Le monde tel qu’on le connaissait a disparu” avec la flambée des droits de douanes imposée par Washington, a affirmé dimanche le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a multiplié les contacts avec ses partenaires européens ce week-end.La décision du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douanes additionnels d’au moins 10% sur une grande partie des produits importés par les Etats-Unis fait craindre des répercussions massives sur l’économie mondiale et le commerce international.”Les anciens postulats ne peuvent plus être considérés comme acquis”, a estimé Keir Starmer dans une tribune au journal conservateur The Sunday Telegraph. “Le nouveau monde est moins régi par des règles établies, et davantage par des accords et des alliances”, a-t-il insisté.Durant le week-end, le dirigeant britannique s’est notamment entretenu avec plusieurs dirigeants européens pour discuter de l’impact de ces droits de douanes et évoquer les réponses envisagées.La décision américaine a déjà suscité un vent de panique sur les marchés financiers ces derniers jours, et l’inquiétude reste de mise avant la réouverture des Bourses mondiales lundi.Dimanche, Keir Starmer a échangé avec le chancelier allemand Olaf Scholz, son futur successeur Friedrich Merz, et avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les dirigeants ont affirmé que l’Europe devait “se montrer à la hauteur de la situation et veiller à ce que l’impact sur les travailleurs soit minimisé”, selon un compte-rendu publié par Downing Street.La situation rend “important pour le Royaume-Uni de renforcer simultanément ses relations commerciales avec d’autres pays”, a aussi fait valoir Keir Starmer, qui tente d’assouplir les barrières commerciales avec l’UE quatre ans après l’entrée en vigueur du Brexit.La veille, le dirigeant britannique s’était aussi entretenu avec le président français Emmanuel Macron. Ils avaient convenu qu’une guerre commerciale n’était “dans l’intérêt de personne”.Les consultations vont se poursuivre cette semaine au sein de l’UE. Les ministres du Commerce extérieur des 27 doivent se réunir lundi à Luxembourg pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”.L’UE s’est vu imposer des droits supplémentaires de 20% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Ils doivent entrer en vigueur le 9 avril. Bruxelles a promis d’ouvrir des “négociations sérieuses” avec Washington contre ces taxes jugées “injustifiées”.Lors de son échange avec Keir Starmer dimanche, Ursula von der Leyen a réaffirmé “l’engagement de l’UE à entamer des négociations avec les Etats-Unis, tout en précisant que l’UE était prête à défendre ses intérêts par des contre-mesures proportionnées si nécessaire”, selon un compte-rendu publié par la Commission.Elle a également “insisté sur sa détermination à travailler avec les partenaires (de l’UE) pour répondre à cette nouvelle réalité pour l’économie mondiale”, tout en reconnaissant que chacun “agira en fonction de ses propres priorités”. La Chine n’a, elle, pas tardé à riposter en dégainant des droits de douanes de 34% sur ses importations en provenance des Etats-Unis, le même niveau que celui annoncé par Donald Trump à l’égard des exportations chinoises vers les Etats-Unis, augurant d’une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales.- “toutes les options” envisagées -“Plus de 50 pays” ont entamé des négociations avec Washington, a indiqué dimanche le conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.A Londres, relativement moins mal loti que d’autres grandes économies avec un taux minimal de 10%, le gouvernement travailliste a lancé une consultation auprès du monde économique sur une éventuelle riposte.”La priorité immédiate est de rester calme et de se battre pour le meilleur accord possible”, a toutefois affirmé Keir Starmer dimanche. “Cependant, toutes les options restent sur la table”, a-t-il insisté.Le Premier ministre s’est dit “prêt à utiliser la politique industrielle pour protéger les entreprises britanniques de la tempête”. Samedi, le constructeur automobile Jaguar Land Rover a annoncé suspendre en avril ses expéditions vers les Etats-Unis, le temps d’analyser l’impact des droits de douanes.Le gouvernement britannique espère aboutir à un accord de partenariat économique plus large qu’il négocie depuis des semaines avec Washington, et qui pourrait supprimer tout ou partie de ces droits.”Je ne conclurai un accord que s’il est bénéfique pour les entreprises britanniques et la sécurité des travailleurs”, a toutefois prévenu Keir Starmer.

Leica rayonne après un siècle d’excellence photographique

Pour être “très rapide et discrète”, la photographe Franziska Stünkel, spécialisée dans les clichés urbains, pris sur le vif, ne jure que par son boitier Leica, appareil emblématique de la marque allemande qui fête son centenaire.L’artiste berlinoise, qui capture dans les reflets des vitres le court instant où objets et humains “coexistent” dans un même motif, explique qu’elle aime “réduire la photographie à l’essentiel”.Une pratique pour laquelle le petit boîtier noir de son modèle “M11” numérique fait merveille, dit à l’AFP la photographe de 51 ans .Bien avant elle, des figures du photojournalisme tels que Robert Capa et Henri Cartier-Bresson ont contribué à la renommée de Leica. Née à Wetzlar, dans le centre de l’Allemagne, la marque à la pastille rouge résiste grâce à un positionnement de niche sur un marché de la photo archi-dominé par les géants japonais tels que Sony, Canon et Nikon. Si l’entreprise Leica de fabrication d’optiques et de microscopes a été fondée en 1869 par l’entrepreneur Ernst Leitz, c’est en 1925 qu’elle a présenté son premier modèle d’appareil 35 mm qui a jeté les bases de la photographie moderne, auparavant pratiquée en chambre grand format.- 600 pièces par appareil -Aujourd’hui, les boîtiers “made in Wetzlar” sont toujours assemblés à la main dans une usine de la ville située au nord de Francfort. Dans un environnement sans poussière, 70 ouvriers, équipés de tournevis de précision et autres pincettes, assemblent plus de 600 pièces par appareil. Un travail minutieux “qui demande beaucoup d’expérience”, explique Peter Schreiner, responsable du montage des appareils photo. Dans une halle voisine, le polissage des lentilles se fait jusqu’à “une précision de 0,1 millionième de mètre”, avant les phases également délicates de collage et de laquage, souligne Roland Elbert, chef de la fabrication optique.Après une décennie difficile dans les années 2000, l’entreprise Leica affiche une santé insolente et a totalement embrassé la technologie numérique qui représente aujourd’hui l’essentiel des ventes.Un “appareil qui fait de vous un meilleur photographe”, affirme à l’AFP l’artiste Alan Schaller, qui utilise un modèle “M11 Monochrom”, dédié à la photographie en noir et blanc.Ce Britannique règle l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO de l’objectif, assurant être “plus rapide qu’avec n’importe quel appareil automatique”.Un modèle, le “M6”, reste fabriqué pour les nostalgiques de l’argentique.- Smartphones -Les ventes annuelles de l’exercice 2024/2025 devraient “atteindre la marque record des 600 millions d’euros pour une croissance annuelle proche de 10%”, se félicite Matthias Harsch, aux commandes de l’entreprise depuis huit ans.C’est plus rapide que les ventes mondiales d’appareils numériques qui ont crû de 4% en 2024 à 6,84 milliards d’euros, selon l’institut de consommation GfK.L’innovation reste au cÅ“ur de la marque avec un budget de recherche de “plus de 10 % des ventes”, affirme M. Harsch.Au-delà des appareils photo, Leica se diversifie avec des montres, un projecteur laser pour une expérience de cinéma à la maison, et surtout une incursion toujours plus prononcée dans la photographie mobile. Son optique équipe désormais les smartphones du chinois Xiaomi, numéro trois du secteur, et le “Leitz Phone”, conçu avec Sharp pour le marché japonais. Pour autant la marque chérie des artistes n’a pas l’impression de perdre son âme : “avec un téléphone, on fait des clichés, le reste c’est de la photographie”, sourit le patron, évoquant une “cohabitation pacifique” entre les deux segments.La différence est aussi dans le prix : compter près de 9.000 euros pour le boitier nu du “M 11” et quelques milliers d’euros de plus pour l’objectif. Leica ne communique pas le nombre d’unités vendues.Les droits de douane tous azimuts lancés mercredi par les Etats-Unis seront “examinés” par Leica, commente sobrement son patron. Lors du premier mandat de Donald Trump, l’entreprise avait déjà dû affronter des surtaxes frappant ses objectifs. L’Amérique du Nord a représenté en 2024 20% des ventes de Leica, contre un tiers pour l’Asie et autant pour l’Europe, hors Allemagne (10%).

Pro-Trump, les agriculteurs américains piégés par la guerre commerciale

Déjà plombés par des cours déprimés, les agriculteurs américains craignent de voir leurs exportations chuter après l’instauration de nouveaux droits de douane par Donald Trump, pour qui ils ont massivement voté l’an dernier.”On savait que ça arrivait”, explique Jim Martin, qui cultive du soja et du maïs dans l’Illinois (nord). “On s’inquiète de savoir comment tout ça va se résoudre.”Les Etats-Unis ont mis en place samedi une taxe universelle de 10% sur leurs importations, qui s’ajoute aux droits déjà en vigueur.Dès mercredi, le gouvernement Trump va encore les relever pour plusieurs dizaines de pays, dont la Chine, lestée de 34% supplémentaires.La Chine a riposté dès vendredi et imposé le même montant de droits de douane aux produits américains, une mesure qui entrera en vigueur jeudi.L’an dernier, l’agriculture américaine a exporté pour 24,6 milliards de dollars (22,4 mds d’euros) de sa production vers la Chine, son troisième partenaire commercial derrière le Mexique et le Canada.Le soja pèse, à lui seul, pour plus de la moitié du total (52%), très loin devant le boeuf (6%) et le coton (6% également).Les agriculteurs ont encore en mémoire le premier mandat de Donald Trump et les 25% assignés, en 2018, au soja américain par la Chine pour répondre à une première salve protectionniste des Etats-Unis.Les exportations de l’oléagineux en Chine avaient dégringolé de 75% cette année-là.Pour compenser une partie des 27 milliards de dollars de chiffre d’affaires perdus à l’export, le ministère de l’Agriculture (USDA) avait injecté 23 milliards d’aide en 2018 et 2019.Les électeurs des 444 comtés américains considérés comme dépendants de l’agriculture n’en ont pas moins voté à 78% pour Donald Trump à la présidentielle de novembre dernier, soit plus encore qu’en 2016 (73%).”Le président a dit que ça irait mieux à long terme”, observe Jim Martin, “donc il faut qu’on décide à quel point on est prêt à patienter”.- Double peine -Le tour de vis sur les tarifs douaniers intervient à une période où les cours du soja sont déjà proches de leurs plus bas depuis 2020, lestés par une production et des stocks abondants.Avant même ce début de guerre commerciale, le soja américain était déjà en mauvaise posture face à son concurrent brésilien, aidé par le dollar fort.En 2015, les deux géants de la glycine max, son nom scientifique, étaient encore au coude à coude sur le front de l’export.Cette année, le Brésil devrait vendre à l’étranger un volume plus que double de son rival (105 millions de tonnes contre 50), qui piétine depuis dix ans.La position du Brésil a encore été renforcée par l’ouverture, en novembre, du terminal portuaire géant de Chancay, au Pérou, financé par un opérateur chinois et qui va faciliter l’exportation vers la Chine de denrées alimentaires.”Il va y avoir encore moins de raisons d’acheter du soja américain”, anticipe Michael Slattery, qui cultive maïs, soja et blé dans le Wisconsin (nord). “C’est moins cher de l’acheter au Brésil, de très loin.””La perte de ce marché (la Chine) est un gros coup dur, parce qu’il est très coûteux de trouver d’autres acheteurs”, prévient Christopher Barrett, professeur à l’université de Cornell.En 2018, Donald Trump ne s’en était pris qu’à la Chine. Cette fois, il a relevé les droits de douane de tous ses partenaires commerciaux, ce qui pourrait amener d’autres pays à répliquer, souligne l’universitaire.Pour les exportateurs, la passe d’armes entre Etats-Unis et Chine est une double peine.Leurs ventes risquent d’être pénalisées, tandis que “les droits de douane vont augmenter le coût de leurs approvisionnements”, de l’outillage aux engrais, met en exergue la fédération paysanne américaine (AFBF).C’est “un bouleversement majeur de l’ordre international”, décrit Michael Slattery.”J’ai essayé de vendre autant de soja et de maïs que je pouvais”, dit-il, “avant que Trump n’annonce combien il allait appliquer de droits de douane.”

Le Vietnam demande un délai pour les droits de douane américains alors que sa croissance économique ralentit

Le Vietnam a demandé un délai de dernière minute pour l’application des droits de douane colossaux imposés par Washington, alors que sa croissance économique a légèrement ralenti au premier trimestre. La puissance manufacturière d’Asie du Sud-Est, dont les Etats-Unis sont le plus grand marché à l’exportation, a enregistré une croissance économique de 6,93% au premier trimestre 2025, en glissement annuel, en légère baisse par rapport à la croissance de 7,55% au dernier trimestre 2024, selon les chiffres publiés dimanche par le Bureau général des statistiques.Mais le Vietnam se voit imposer par les Etats-Unis des nouveaux droits de douane de 46%, censés entrer en vigueur le 9 avril et qui pourraient menacer son économie. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un nouveau blitz commercial mondial annoncé mercredi par le président américain Donald Trump, qui a fait vaciller les marchés du monde entier. Cependant, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé à M. Trump un délai d'”au moins 45 jours” pour l’application de ce nouveau tarif de 46%, selon une copie d’une lettre officielle consultée par l’AFP. Dans cette lettre, To Lam indique qu’il a nommé le vice-premier ministre Ho Duc Phoc pour servir de contact principal avec la partie américaine sur la question, “dans le but de parvenir à un accord le plus rapidement possible”. Il déclare également qu’il espère rencontrer M. Trump à Washington d’ici la fin du mois de mai pour finaliser l’accord. Vendredi, M. Trump avait déclaré avoir eu un appel “très productif” avec M. Lam, qui, selon lui, souhaitait conclure un accord sur les droits de douane. Malgré le défi que représentent les droits de douane américains, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh a estimé que l’objectif d’une croissance d'”au moins 8%” cette année était maintenu.- Des dommages importants -Les droits de douane américains menacent de “nuire considérablement” au modèle de croissance actuel du Vietnam, qui dépend fortement des exportations vers les Etats-Unis, estime Sayaka Shiba, analyste principal du risque-pays au sein du cabinet de recherche BMI. Dans le pire des cas, ils pourraient coûter au Vietnam 3 points de PIB cette année, selon elle. M. Trump a affirmé que le pays communiste imposait aux Etats-Unis des droits de douane de 90%, un chiffre basé sur l’excédent commercial de 123,5 milliards de dollars l’an dernier du Vietnam avec les Etats-Unis. Les experts estiment que les nouveaux droits de douane frapperont durement des secteurs économiques tels que les fruits de mer, les vêtements, les chaussures, le bois, les produits électroniques et les smartphones. Les grandes entreprises américaines qui ont des usines au Vietnam, comme Nike et Adidas, devraient voir leurs commandes diminuer et leurs chiffres d’affaire baisser, ce qui pourrait entraîner des réductions d’effectifs dans les usines et des pertes d’emplois, a estimé auprès de l’AFP Pham Van Dai, professeur d’économie à l’université Fulbright du Vietnam.Les investisseurs sont “dans l’expectative”, “c’est le pire moment pour eux pour prendre des décisions à long terme”, juge M. Dai, ajoutant qu’ils ont besoin “d’une politique plus claire de la part des Etats-Unis” et de connaître “les réponses des (autres) pays”.