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Décarbonation: l’Occitanie inaugure l’autoroute ferroviaire Sète-Calais

Dans le port de Sète (Hérault) une rangée de camions semi-remorques et leurs chauffeurs attendent patiemment de “prendre le train”. Quasi simultanément, en face, une autre rangée de poids lourds se prépare à descendre des wagons: l’autoroute ferroviaire est née.Le “déchargement horizontal” des remorques de camions, permis par les wagons et dispositifs surbaissés inventés par le constructeur ferroviaire alsacien Lohr, va permettre de “transporter des conteneurs entre la Turquie et la Grande-Bretagne sans voir la route”, a salué mardi la présidente de la région Occitanie Carole Delga lors de l’inauguration du nouveau terminal ferroviaire au port de Sète-Frontignan, en présence du PDG de la SNCF Jean Castex.Le lancement de cette autoroute ferroviaire entre Sète et Calais avait été annoncé par M. Castex lui-même lorsqu’il était Premier ministre en 2020. Elle pourra permettre de transporter à terme 40.000 remorques de camions par an, enlevant autant de poids lourds émetteurs de CO2 de la route, contre 15.000 attendus cette année.En Occitanie, elle s’ajoute à celle qui relie Le Boulou près de Perpignan à la gare de Bettembourg au Luxembourg.- “Un tapis roulant” – Cette exploitation, lancée en 2007, supprime au moins 100.000 camions par an de la route, selon Marie-José Navarre, vice-présidente de Lohr, fabricant alsacien des wagons qui permettent d’accueillir facilement tout type de remorque de camion sans intervention de grues. “Cette liaison, très rentable, c’est un tapis roulant” avec cinq départs par jour, dit-elle.Christian Morin, directeur du site, se réjouit de voir arriver à Sète un nouveau client: le géant de la vente en ligne Amazon, dont des containers sont visibles sur le port. Le Boulou est tellement saturé, explique-t-il, que les containers Amazon venus d’Espagne en partance pour le Nord de l’Europe viennent à Sète pour être expédiés à Calais.Une troisième ligne d’autoroute ferroviaire, Cherbourg-Bayonne, a été inaugurée en juillet cette année, celle-ci pour le compte de l’armateur Britanny Ferries. Une quatrième, Bayonne-Bettembourg doit être lancée mi décembre, par VIIA, filiale de Rail Logistics Europe, le nouveau pôle fret de la SNCF, qui exploite aussi Sète et Le Boulou.Mais pour M. Castex, les choses ne vont pas assez vite. “Le transport ferroviaire de marchandises ne représente encore que 3% du total du transport de fret”, il y a beaucoup à faire, s’est-il désolé devant la presse.Le développement du ferroutage, ou autoroutes ferroviaires, annoncé depuis plus de 25 ans, est compliqué à mettre en œuvre car toutes les normes internationales du transport doivent être alignées (camions, rails, sécurité…), et très couteux en investissements. “On travaille sur le temps long” a ajouté le nouveau patron de la SNCF, confronté parallèlement à l’échec de la ligne de marchandises dite des “primeurs” entre Perpignan et Rungis, qui est fermée depuis l’été 2024, et n’a trouvé aucun repreneur malgré le soutien et les relances du même Jean Castex lorsqu’il était à Matignon. – Prototype unique au monde – Le transport de marchandises par rail, c’est “la voie à suivre” appuie Carole Delga, qui a fait de la décarbonation des transports une priorité.Mardi, elle a présidé au baptême de la première drague capable de fonctionner à l’hydrogène vert, dans le port de Sète. Ce bateau de 70 mètres, va aspirer le sable et les sédiments pour éviter l’envasement des ports. Conçu par le cabinet d’architecture navale LMG Marin, basé à Toulouse, c’est un prototype unique au monde, qui a reçu le soutien financier de l’Ademe. Il pourra être loué avec ses 20 marins à d’autres ports méditerranéens pour leur éviter de faire venir des dragues couteuses d’Europe du Nord, a indiqué Mme Delga.Mardi, à Sète, a également été inauguré un quai électrique pour réduire les émissions des bateaux à quai qui n’utiliseront plus leurs moteurs diesel en escale. Ce raccordement électrique sera obligatoire pour les bateaux de croisière et de conteneurs d’ici 2030 dans toute l’Union européenne.

Inde: Safran inaugure un site de maintenance de son moteur vedette

Safran a inauguré mercredi à Hyderabad en Inde, un centre de maintenance pour son moteur d’avion phare le Leap, une étape stratégique pour le groupe français dans un pays où le trafic aérien connaît une croissance fulgurante. “L’ouverture de ce site illustre l’importance de l’Inde pour notre groupe”, a souligné mercredi le directeur général de Safran Olivier Andriès. “Nous sommes fiers d’accompagner la croissance rapide des marchés d’aéronautique civil et militaire dans le pays ainsi qu’à contribuer à l’autonomie stratégique du pays”, a-t-il ajouté lors de l’inauguration. Safran entend tripler son chiffre d’affaires en Inde d’ici 2030 pour dépasser les 3 milliards d’euros, dont la moitié sera générée par les implantations indiennes, et multiplier par cinq ses approvisionnements dans le pays. Les perspectives dans le quatrième marché aérien au monde sont immenses pour le groupe français. “Au cours des 11 dernières années, l’écosystème de l’aviation en Inde a fait un bond décisif, doublant le nombre d’aéroports, d’avions et de passagers”, a rappelé mercredi le ministre de l’Aviation civile, Kinjarapu Rammohan Naidu.Le plus grand centre au monde de maintenance et de réparation des moteurs Leap inauguré mercredi, se situe à proximité de l’aéroport d’Hyderabad, une ville du centre du pays de près de dix millions d’habitants. Fabriqué par Safran et l’américain GE dans le cadre de leur coentreprise CFM, Leap équipe tous les Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo – les modèles les plus vendus des deux avionneurs – ainsi que les appareils chinois COMAC C919. Opérationnel à partir de début 2026, cet immense atelier d’une superficie de 45.000 m2 représente un investissement total de 200 millions d’euros et sera opérationnel début 2026. A terme, il sera doté une capacité annuelle de maintenance de 300 moteurs Leap qui équipent aujourd’hui la majorité des avions monocouloirs de nouvelle génération. L’Inde est le troisième marché mondial de CFM avec cinq compagnies aériennes indiennes exploitant plus de 400 appareils équipés de ses moteurs Leap et plus de 2.000 moteurs en commande. Au départ, ce site emploiera plus de 250 personnes et jusqu’à 1.100 à terme chargées de démonter, inspecter et réassembler plus de 300 réacteurs par an. Jusqu’à présent, les compagnies indiennes faisaient réviser les deux moteurs que comptent ces appareils monocouloir à l’étranger. “D’ici 2030, jusqu’à 90% de la maintenance des moteurs Leap des compagnies indiennes sera réalisée dans cet atelier, s’est félicité le ministre de l’Aviation civile, Kinjarapu Rammohan Naidu. “Cela permettra de réduire considérablement la dépendance aux centres étrangers, les coûts et de raccourcir les délais d’exécution”, a-t-il souligné.

Le chinois JD.com a accepté les conditions posées par Bercy en vue d’une entrée indirecte au capital de Fnac Darty, affirme Lescure

Le géant chinois de l’e-commerce JD.com a accepté les conditions posées par Bercy pour devenir de manière indirecte le deuxième actionnaire de Fnac Darty, a indiqué mercredi le ministre de l’Economie, Roland Lescure sur France Inter.Soulignant que Fnac n’était “pas un commerçant comme un autre”, Roland Lescure a affirmé s’être entretenu avec le groupe JD.com pour le “sensibiliser au caractère culturel du commerce en question et (…) pour poser des conditions. Ils les ont acceptées”. “Ces conditions sont très simples”, a-t-il explicité: “ils vont rester un actionnaire (…) dormant, aucun droit de gouvernance, aucun impact sur la gestion de l’entreprise”. “On passe d’un actionnaire allemand à un actionnaire chinois, qui n’aura aucun impact ni sur la gestion, la gouvernance”, a-t-il ajouté. JD.com, qui veut renforcer sa présence en Europe, est en cours de finalisation du rachat, pour quelque 2,2 milliards d’euros, du distributeur allemand Ceconomy, qui détient 22% du capital du distributeur français, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (28%). En septembre, face à l’arrivée attendue de JD.com au capital de Fnac Darty, le ministère de l’Economie avait demandé au groupe chinois de déposer une demande d’examen au titre du contrôle des investissements étrangers en France (IEF), ce qu’il a fait. Cette procédure visant à préserver les intérêts économiques de la France dans certains secteurs sensibles n’était finalement pas applicable dans ce cas, a expliqué Bercy à l’AFP, ajoutant avoir néanmoins demandé à JD.com de respecter certaines conditions dans le cadre de l’opération. Parmi ces dernières, outre la non intervention dans la gestion, “JD et Ceconomy se sont engagés à ne pas augmenter leur participation au capital de Fnac” et à ne pas en prendre le contrôle, selon le ministère de l’Economie.”La gouvernance de Fnac, qui est composée d’administrateurs indépendants, ne sera pas modifiée”, a-t-il ajouté.  Le directeur général de Fnac Darty, Enrique Martinez, a dit mercredi avoir “pris acte des annonces du ministre de l’Economie et des Finances et des garanties obtenues par le gouvernement de la part de JD.com dans l’hypothèse où le rachat de Ceconomy serait mené à son terme”. “Ceconomy n’est pas représenté au conseil d’administration et n’aura pas d’influence directe ou indirecte dans la gouvernance de notre groupe, qui pourra ainsi continuer à déployer sa feuille de route stratégique”, a-t-il ajouté dans une réaction écrite transmise à l’AFP. JD.com a par ailleurs lancé en France sa plateforme de vente en ligne Joybuy, où l’on trouve tous types de produits, de l’électronique aux vêtements, en passant par de l’alimentaire.

A Kinshasa, des terres agricoles englouties par le béton

Le chant des oiseaux et le bruit d’une rivière dans les environs de Kinshasa offrent une quiétude oubliée dans la capitale grouillante de la République démocratique du Congo (RDC), qui ne cesse de s’étendre, en engloutissant les terres agricoles.La vallée de Kimwenza, située aux marges de la mégapole de quelque 17 millions d’habitants, a deux faces: un versant a déjà disparu sous le béton, l’autre est encore couvert de forêts et de champs où s’alignent sagement épinards, oseille et ciboulette, cultures typiques de l’agriculture locale qui est à la peine.Kimwenza était jusqu’à récemment considérée comme un “grenier” pour nourrir Kinshasa, explique à l’AFP Ruphin Kinzonzi, un agriculteur du coin.  Au lever du jour, une procession de commerçantes traverse la rivière sur un pont de bois, panier sur la tête. Elles viennent chercher au pied des champs de M. Kinzonzi les produits qu’elles livreront en ville. Des volumes toutefois insignifiants comparés aux besoins. La RDC dispose de près de 80 millions d’hectares de terres arables et quatre millions de terres irrigables. Mais seul 1% est cultivé, selon une étude la FAO publiée en 2022.Connu pour ses ressources minières, le pays connait un “effet d’éviction des secteurs de l’économie autres que le secteur minier”, note l’organisation. Les entreprises qui importent des produits alimentaires “parviennent souvent à contourner les barrières tarifaires”, ajoute-t-elle, tandis que les producteurs locaux doivent composer avec des routes en mauvais état, jalonnées de barrières où sont prélevées des taxes illégales.Poulets importés du Brésil critiqués pour leur mauvaise qualité, fruits et légumes sud-africains ou importés par avion d’Europe envahissent les supermarchés kinois, et les prix sont souvent exorbitants.- “Petits moyens” -Sylvia Nkelane a quitté son quartier pauvre et densément peuplé pour travailler à Kimwenza. Cette ancienne éducatrice de maternelle ne connaissait rien à l’agriculture, mais son école a fermé, et elle s’est retrouvée contrainte à la débrouille, comme des millions de Kinois précaires. Elle a du verser une caution pour avoir le droit d’exploiter sa petite parcelle d’environ dix mètres sur trois et paie chaque mois un loyer. “Mais c’est provisoire”, déplore la jeune femme, pieds nus dans la terre fraichement sarclée. “Ici, c’est une concession privée, nous sommes là juste pour quelque temps, et si devions partir, nous n’aurions nulle part où aller”, dit-elle. La spéculation immobilière pousse de nombreux propriétaires terriens à transformer les parcelles agricoles en terrains à bâtir. Par ailleurs, les petits cultivateurs comme Sylvia ont rarement les moyens d’acheter outils, engrais et insecticides. “On est obligé de faire avec nos petits moyens, c’est compliqué”, déplore Ruphin, son voisin de parcelle. Seule une petite moitié des ménages agricoles congolais accède à des semences de qualité, et la quasi-totalité n’utilisent pas d’engrais, selon une étude du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) parue en 2024.- Sol “pauvre” -Malgré les pluies abondantes, la région de Kinshasa n’est guère propice à l’agriculture. La faute aux “sols sableux, à faible capacité de rétention d’eau et pauvres en matière organique”, qui caractérisent les rives du fleuve Congo, selon la FAO.Au nord-ouest de la ville, une ferme pilote, soutenue par le Programme alimentaire mondial (PAM), tente de transformer ce sable en terre exploitable.  Plants de carottes et papayers ont surgi d’un rectangle de terre sombre, grâce à une technique de fertilisation à base d’engrais biologiques, obtenus avec un mélange de compost et de fientes de poules, développée par Oswald Symenouh, agronome à la tête de l’entreprise qui exploite la ferme.”Ca permet la rétention d’eau, parce que la texture du sol a changé”, explique-t-il. Mais il faut environ “deux ans pour que ce sol soit bon à utiliser pour les différentes cultures maraichères”. Un investissement à long terme difficilement envisageable pour des petits agriculteurs, qui doivent être “formés et accompagnés”, concède-t-il.  Selon l’ONU, plus de 26 millions de personnes en RDC risquent de se trouver en situation d’insécurité alimentaire sévère d’ici début 2026. 

Cocaïne, survols de drones: Anvers est un port “vulnérable”, avertit son PDG

Le port d’Anvers, en Belgique, était déjà confronté au défi de la lutte contre le trafic de cocaïne. Sa direction s’inquiète désormais qu’il puisse être la cible d’attaques de drones, dans la “guerre hybride” imputée par les Européens à la Russie.”Dès qu’on veut créer le chaos, on attaque le moteur économique d’un pays. Ici malheureusement c’est le port. On est très vulnérables, c’est inquiétant”, déclare Jacques Vandermeiren, PDG de cette gigantesque plateforme, dans un entretien avec l’AFP.En novembre, le deuxième port de marchandises en Europe a été survolé par des drones d’origine inconnue, à l’instar d’autres sites stratégiques de Belgique, militaires et civils. Aucun explosif n’a été détecté. Il n’y a eu aucun blessé.Si la Russie n’a pas été officiellement pointée du doigt, cette série d’incidents a été vue par les autorités belges comme la preuve d’une opération coordonnée de “déstabilisation” émanant manifestement d’un acteur “étatique”, tous les regards se tournant vers Moscou. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’Europe reproche à la Russie de Vladimir Poutine de se livrer à une “guerre hybride” de plus en plus intense, faite de sabotages, de cyberattaques et d’ingérence. Des accusations réfutées par Moscou.En Belgique, la question de la vulnérabilité d’Anvers a surgi fin 2024, quand l’actuel Premier ministre Bart De Wever (alors maire de la cité flamande) a sollicité de l’armée un renforcement de la défense antiaérienne pour mieux protéger une zone portuaire de 12.000 hectares.”Il a eu raison”, commente Jacques Vandermeiren, expliquant qu’à l’inverse de la plupart des pays européens, la Belgique n’a pas amélioré cet aspect de sa défense depuis trois ans, “contrairement à ce qui a été convenu avec l’Otan”.Lors des récents survols inexpliqués, qui ont aussi concerné une centrale nucléaire située en bordure du port, “on a vu les drones, mais nos systèmes de radars ne les ont pas détectés, en raison des technologies utilisées”.Conséquence: de nouveaux radars mobiles susceptibles de prévenir d’éventuels actes malveillants seront livrés “dans les plus brefs délais”. “C’est la bonne nouvelle”.- La “guerre” au narcotrafic -Quant aux batteries antiaériennes américaines Patriot, une solution déjà évoquée par M. De Wever, “malheureusement il faut attendre cinq, six, sept ans avant de les avoir… si on veut les acheter”, poursuit M. Vandermeiren.Rotterdam, Hambourg, Brême, Le Havre: “tous les ports d’Europe de l’ouest sont plus que jamais concernés par cette problématique” des moyens de défense, fait-il aussi valoir.Et relever à 5% du PIB national les dépenses de sécurité dans l’Otan à l’horizon 2035 vise justement à inclure le coût de travaux destinés à renforcer des infrastructures clés telles les chemins de fer, tunnels ou ponts. Ce dont le port d’Anvers espère profiter, selon son PDG.Au chapitre des défis, le port flamand est aussi une des principales voies d’accès de la cocaïne sur le continent européen, en raison de son lien commercial historique avec l’Amérique du Sud.Et si l’an dernier les saisies de poudre blanche y sont tombées à 44 tonnes, contre un record de 116 tonnes en 2023, Jacques Vandermeiren ne crie pas victoire.Certes les contrôles ont été renforcés à Anvers, et la coopération améliorée avec les pays d’expédition, mais “si on saisit davantage chez le voisin, on a simplement déplacé le problème”, constate-t-il. Une allusion au bond des interceptions en 2024 dans le port français du Havre.”Créatifs et flexibles”, les narcotrafiquants adaptent sans cesse leurs méthodes pour atteindre le consommateur, selon M. Vandermeiren, et “on ne gagnera pas cette guerre tant qu’on ne s’attaque pas à la consommation!”.Pourquoi la demande en stupéfiants est-elle si forte aux Etats-Unis et en Europe et moins au Japon par exemple ?, interroge-t-il.”J’ai pu discuter avec eux. Les producteurs de bananes en Equateur et en Colombie m’ont dit qu’aucun conteneur de bananes ne partait jamais vers Tokyo ou Kobe en dissimulant de la cocaïne”.

Royaume-Uni: un budget périlleux, sous la pression des marchés et de l’opinion

Les Britanniques n’échapperont pas aux hausses d’impôts, mais certaines aides sociales devraient augmenter: le gouvernement travailliste du Royaume-Uni présente mercredi un budget à haut risque, avec le souci de rassurer les marchés tout en ménageant les électeurs.Au plus bas dans les sondages et devancé par le parti europhobe d’extrême droite de Nigel Farage, Reform UK, l’exécutif du Premier ministre Keir Starmer joue gros avec cette échéance attendue de longue date, qui donne lieu depuis des semaines à d’intenses spéculations.C’est à sa ministre des Finances Rachel Reeves que reviendra la tâche de défendre les arbitrages gouvernementaux à 12H30 GMT devant les députés, dans un discours où elle présentera ses nouvelles taxes, de probables coupes dans les dépenses, mais aussi des mesures “pour aider les familles face au coût de la vie”, selon un communiqué mardi.Certaines d’entre elles, plus symboliques que déterminantes, ont été égrenées ces derniers jours, comme le gel des tarifs ferroviaires ou celui des frais de prescription (généralement de 9,90 livres payées au service public de santé pour un médicament).Une hausse supérieure à l’inflation des pensions de retraite et du salaire minimum a déjà été annoncée. La suppression d’un plafond sur les allocations familiales est également attendue.Autant de marqueurs sociaux indispensables à un budget travailliste, surtout dans un pays à l’inflation persistante (+3,6% en octobre), où le gaz et l’électricité coûtent cher.- “Brexit chaotique” -Mais Mme Reeves est dans le même temps pieds et mains liés par une économie à la peine depuis le retour au pouvoir des travaillistes en juillet 2024: la croissance stagne (+0,1% au troisième trimestre), tandis que le déficit (aux alentours de 5% du PIB l’an passé) et la dette inquiètent les marchés, qui réagissent au quart de tour à chaque annonce budgétaire.Les taux d’emprunt sont ainsi montés en début d’année à un niveau inédit en plus de 25 ans.”Les marchés financiers sont très nerveux”, reconnaît James Wood, professeur d’économie politique à l’Université de Cambridge, interrogé par l’AFP. “Et l’absence d’un plan solide pour traiter les difficultés financières du Royaume-Uni ne fait qu’aggraver la situation.”Dans une tribune au Times, la Chancelière de l’Echiquier, son titre officiel, a blâmé dimanche les “profondes cicatrices de l’austérité” –c’est-à-dire les précédents gouvernements conservateurs–, “l’ombre d’une pandémie meurtrière”, mais aussi, fait nouveau dans la communication gouvernementale, “un Brexit chaotique”.”Je ne ramènerai pas la Grande-Bretagne à l’austérité, et je ne perdrai pas le contrôle des dépenses publiques”, a-t-elle promis mardi dans son communiqué, promettant de lancer “la plus grande offensive de croissance économique depuis une génération”.- Propriétés de luxe -Son précédent budget l’an passé n’a pas produit les effets escomptés: malgré 40 milliards de hausses d’impôts très impopulaires, dont 25 particulièrement décriées pour les entreprises, le gouvernement n’est pas parvenu à retrouver le chemin de l’équilibre budgétaire et de la croissance.Et pour l’exercice 2026/2027, Mme Reeves doit avoir trouvé 20 milliards de livres si elle veut remplir sa promesse de financer à terme chaque dépense (hors investissement) par des recettes, selon une estimation régulièrement citée par la presse et les analystes.Une augmentation de l’impôt sur le revenu, qui aurait rompu une promesse de campagne des travaillistes, a longtemps tenu la corde, selon la presse britannique, mais le gouvernement aurait renoncé.Il devrait en revanche prolonger le gel des seuils de cet impôt, une mesure qui fait payer davantage ceux dont le salaire augmente et franchit une tranche supérieure –parfois qualifiée de taxe déguisée.Des hausses de taxes sur les propriétés les plus luxueuses, les jeux d’argent ou sur les retraites privées sont aussi sur la table.

Wall Street termine en hausse, convaincue d’une baisse des taux de la Fed

La Bourse de New York a terminé en hausse mardi, les investisseurs pariant toujours sur une nouvelle baisse des taux de la banque centrale américaine (Fed) en décembre. Le Dow Jones a pris 1,43%, l’indice Nasdaq a avancé de 0,67% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,91%.Les indicateurs économiques du jour “ont contribué à renforcer les attentes sur une baisse des taux d’intérêt” de la Fed, résume auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones.Une politique d’assouplissement monétaire est de nature à aider la croissance, et donc à augmenter les perspectives de bénéfices des entreprises, d’où l’optimisme de Wall Street.Selon les données dévoilées par le département américain du Travail, l’indice des prix à la production (PPI) a progressé de 0,3% sur un mois en septembre.De leur côté, les ventes au détail ont connu une hausse mensuelle en septembre de 0,2%, moins rapide qu’au mois d’août et légèrement plus faible que le consensus du marché.Ces chiffres, dont la publication avait été décalée du fait de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, sont “un peu datés”, reconnaît toutefois M. Kourkafas.Mais ils viennent s’ajouter aux propos de plusieurs membres de la Réserve fédérale, qui ont plaidé pour la poursuite de la politique d’assouplissement monétaire.Désormais, les investisseurs s’attendent majoritairement à une baisse d’un quart de point lors de la réunion de la Fed des 9 et 10 décembre, ramenant les taux dans une fourchette comprise entre 3,50% et 3,75%. Ils étaient une minorité la semaine passée.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’Etat américain se détendait à 4,00% vers 21H15 GMT, contre 4,02% lundi en clôture.Côté entreprises, “les acteurs du marché tentent d’être un peu plus sélectifs dans le domaine de l’intelligence artificielle, car la concurrence semble s’intensifier”, remarque Angelo Kourkafas.L’action du géant des puces électroniques Nvidia a reculé de 2,59% à 177,82 dollars, minée par des informations de presse selon lesquelles Meta (Facebook, Instagram) envisagerait d’utiliser des puces de Google pour son informatique à distance (cloud).Le titre a accusé une baisse de plus de 16% depuis son plus haut niveau historique en séance, enregistré fin octobre.Autre grand nom du secteur, Advanced Micro Devices (AMD) a aussi trébuché (-4,15% à 206,13 dollars).Alphabet (maison mère de Google) a pour sa part atteint un nouveau record, pour la deuxième séance d’affilée, gagnant 1,53% à 323,44 dollars.L’enseigne de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch était en orbite (+37,59% à 90,27 dollars), profitant de performances financières meilleures qu’escompté pour le troisième trimestre, notamment grâce à sa marque Hollister.Le groupe de grande distribution électronique Best Buy a été recherché (+5,34% à 79,66 dollars) après avoir publié des résultats au-dessus des attentes et révisé ses prévisions à la hausse avant la période des fêtes.La semaine à Wall Street sera tronquée par un jour férié (Thanksgiving), jeudi, et la séance de vendredi sera quant à elle amputée de trois heures.

Accord entre la plateforme de musique IA Suno et Warner pour rémunérer les artistes

La plateforme américaine Suno, spécialiste de la musique générée grâce à l’intelligence artificielle (IA), s’est entendue avec la maison de disque Warner Music Group (WMG) pour rémunérer les artistes dont la production sera utilisée pour créer des morceaux.L’accord, annoncé conjointement mardi par les deux groupes, met, par ailleurs, fin au contentieux qui opposait Warner à Suno, le premier accusant le second devant la justice civile américaine d’avoir puisé dans ses catalogues sans autorisation et sans contrepartie financière.Le grand rival de Suno, Udio, avait initié cette nouvelle phase de la musique IA et enterré, il y a quelques semaines, la hache de guerre avec Universal Music Group et Warner, deux des trois éditeurs les plus puissants au monde, avec Sony Music Group.Ce développement devrait contribuer à faire évoluer le modèle économique de la musique IA pour y intégrer musiciens, chanteurs et ayants droit, qui s’inquiètaient de se voir privés d’une partie de leurs droits d’auteurs.Dans le cadre de la convention conclue avec WMG, Suno s’est engagé à remplacer, en 2026, son modèle d’IA existant par de nouvelles moutures, qui tiendront compte de l’accord de licence.La plateforme offrira désormais aux artistes et aux ayants droits de choisir s’ils permettent l’utilisation de leur musique, de leur nom, de l’image et de leur voix par les utilisateurs du site.Contacté pour savoir si les nouveaux modèles d’IA ne seraient développés qu’avec de la musique d’artistes et d’ayants droit ayant accepté, la start-up de Cambridge (Massachusetts) n’a pas donné suite.Robert Kyncl, patron de Warner Music Group cité dans le communiqué, a salué “une victoire pour la communauté des créateurs, qui va bénéficier à tous”.”Suno se développe rapidement, tant en nombre d’utilisateurs qu’en termes de chiffre d’affaires”, a souligné le dirigeant, pour qui l’accord est l’occasion de “définir des modèles qui augmentent les revenus et proposent aux fans de nouvelles interactions”.Suno connaît, de fait, une croissance très soutenue et atteint, fin octobre, 150 millions de dollars de chiffre d’affaires en rythme annuel.Mi-novembre, l’entreprise a levé 250 millions d’argent frais auprès d’investisseurs, parmi lesquels le géant des puces Nvidia, lors d’une augmentation de capital qui valorisait Suno 2,45 milliards de dollars.Le partenariat dévoilé mardi prévoit, par ailleurs, que Suno acquiert Songkick, site qui référence les concerts à venir et était jusqu’ici filiale de WMG. 

Quelque 300 supermarchés Auchan en passe de devenir des Intermarché et Netto

Le secteur de la distribution poursuit sa transformation: en difficulté, Auchan prévoit de basculer en franchise, sous bannière Intermarché et Netto, ses quelque 300 supermarchés, un “nouveau coup de massue” pour les salariés du groupe nordiste, qui conservera les hypermarchés à son nom.Le projet, “soumis à l’autorisation préalable des autorités de la concurrence compétentes”, pourrait “prendre effet fin 2026”, a précisé Auchan, propriété de la famille Mulliez, dans un communiqué.Concrètement Auchan Retail, la branche distribution du groupe, envisage de créer une “entité juridique dédiée” pour exploiter les magasins changeant d’enseigne, via un contrat de franchise conclu avec Intermarché/Mousquetaires.”Les fonds de commerce, l’immobilier restent propriétés d’Auchan, les salariés restent des salariés d’Auchan, et on travaillera sous enseigne Intermarché, qui nous livrera les marchandises, la politique commerciale, le concept magasin”, a expliqué à la presse Guillaume Darrasse, directeur général d’Auchan Retail. “C’est quelque chose qui va nous renforcer” avec des supermarchés qui bénéficieront “de l’ensemble des facteurs de compétitivité” d’Intermarché, notamment “la capacité à offrir des prix performants aux consommateurs, ce qui est indispensable dans un marché de plus en plus compétitif”, a justifié le patron du cinquième distributeur alimentaire en part de marché (8,6%, selon Kantar Worldpanel).L’opération doit permettre à Auchan de faire baisser les prix dans ses supermarchés, de 6 à 8% selon une source proche du dossier, tout en continuant le “travail” sur ses 117 hypermarchés, dont 20 sont “en refonte complète”, d’après M. Darrasse. “Ce n’est pas un modèle du passé”, a-t-il insisté, précisant que son groupe vient de se refinancer à hauteur de 1,8 milliard d’euros.Au total, le groupe compte 294 supermarchés, dont 261 intégrés et 33 franchisés. Ces derniers devront déterminer si le changement d’enseigne est une opportunité, “ce dont je ne doute pas”, a estimé M. Darrasse.- “Onde de choc” -Les 11.000 salariés des magasins intégrés (3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires) conserveront-ils leur régime actuel?  “Leur statut résultera du dialogue social dans le cadre du groupe Auchan, dans les règles normales du droit du travail”, répond M. Darrasse. La présentation du projet mardi aux instances du personnel a provoqué “une onde de choc”, dit à l’AFP René Carette, délégué syndical central à la CFDT Auchan, selon qui “toutes les organisations sont sorties de la réunion suite à l’annonce”.”Il y a un an, on nous annonçait un plan social (avec près de 2.400 suppressions d’emplois, NDLR) et aujourd’hui coup de massue” avec “11.000 salariés sacrifiés”, envoyés à la “concurrence avec leurs acquis sociaux en moins et une incertitude” quant à leur reprise, s’est-il indigné.Pour Djamal Otmani, délégué central à la CFTC, syndicat majoritaire, “c’est dramatique pour toutes ces familles.”Gilles Martin, délégué CFDT, a affirmé à l’AFP qu’après un passage en franchise, sur le long terme, “les salariés peuvent perdre jusqu’à 2.000, 2.500 euros en moyenne par an”.”Ce qui peut être rassurant, c’est que le groupe Intermarché”, troisième distributeur français, “a les reins très solides”, a-t-il ajouté, estimant toutefois qu’un accompagnement des salariés sera nécessaire.- “Acquis sociaux” -“On veut qu’Auchan s’engage à maintenir tous les emplois et tous les acquis sociaux”, a ajouté Franck Martinaud, délégué syndical Retail France FO.De son côté, Intermarché, qui a déjà réalisé deux opérations massives de reprise en deux ans – près de 300 magasins Casino en 2023/24, et 81 magasins Colruyt mi-juin – se retrouverait en pole position pour éventuellement acquérir à terme ces supermarchés Auchan.  Ce deal “gagnant-gagnant” va “nous permettre d’étendre notre emprise sur le marché français”, s’est félicité le patron des Mousquetaires, Thierry Cotillard. Les supermarchés d’Auchan représentent deux points de part de marché, et les Mousquetaires visent 20% en 2028, a-t-il souligné (contre 17,7% en octobre selon Kantar Worldpanel).Auchan, qui a repris en 2024 près de 100 magasins Casino, vient de céder 19 magasins à Lidl, dont 9 ex-Casino.L’annonce sur la transformation de 300 supermarchés Auchan en Intermarché et Netto s’inscrit dans un “partenariat plus large” entre les deux groupes, déjà marqué par une alliance de dix ans dans le domaine des achats, a rappelé M. Cotillard.ac-zl-bbr-max/ved/nth

La justice au chevet du repreneur en série ACI Group, 1.600 emplois en jeu

Le tribunal des activités économiques de Lyon a commencé mardi à examiner le dossier d’ACI Group, repreneur en série d’une quarantaine de sites industriels employant quelque 1.600 salariés, lui-même placé en redressement judiciaire en septembre dans un contexte de soupçons de malversations.Dans la soirée, l’audience a été renvoyée au 9 décembre, sans décision à ce stade sur une éventuelle liquidation judiciaire.. Enquête pénaleLa juridiction commerciale n’est pas la seule à s’intéresser à cette holding: le parquet de Lyon a confirmé à l’AFP avoir ouvert une enquête pénale à la suite de plaintes déposées par le groupe, dont l’une cible Philippe Rivière pour abus de biens sociaux. Fondateur et actionnaire majoritaire, M. Rivière a été privé par le tribunal de son mandat social à la tête de l’entreprise, désormais gérée par des administrateurs judiciaires. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur l’enquête pénale.A son arrivée mardi à l’audience, fermée au public, il paraissait tendu. “Le tribunal a ordonné un renvoi au 9 décembre, date à laquelle Philippe Rivière devrait avoir les fonds suffisants (…) pour proposer une sortie par le haut” de cette crise, “afin de préserver l’emploi et le groupe”, a assuré quatre heures plus tard à l’AFP son avocat Gauthier Doré, qui dit avoir plaidé dans ce sens.. Ultra-croissanceComment en est-on arrivé là ? Créé en 2019 par Philippe Rivière et Patrice Rives, ACI Group a racheté à tour de bras une kyrielle d’entreprises industrielles en difficulté, notamment spécialisées dans la fourniture de pièces pour les industries de la défense, de l’aéronautique et du nucléaire civil.En mars au salon Global Industrie à Lyon, M. Rivière reconnaissait qu’une telle boulimie d’acquisitions pouvait faire “peur”, notamment au “monde financier”. “C’est difficile avec nous parce que tous les mois on intègre une nouvelle société”, ce qui complique la lecture de l’activité économique y compris pour des professionnels.. Pourquoi un redressement?Les inquiétudes du monde financier n’étaient pas sans fondement puisque Patrice Rives a décidé en septembre de placer la holding en redressement judiciaire, sans publier d’explications et contre l’avis de Philippe Rivière. La situation interpelle jusqu’à Bercy. “La manière dont cette holding a été mise en redressement judiciaire et les conditions qui l’y ont amenée méritent qu’on s’y intéresse de très près”, déclarait début novembre le ministre de l’Economie Roland Lescure, indiquant avoir “demandé un audit” à ses services.La CGT Métallurgie, qui dit recenser les plaintes de nombreux salariés accumulant des arriérés de salaires ou les redoutant, manifestait mardi devant le tribunal à Lyon, dénonçant un “scandale industriel”. Fabrice Fort, coordinateur régional de la CGT Métallurgie, a évoqué “une affaire qui pourrait virer au scandale d’Etat”: “Rivière a bénéficié d’aides publiques, sans aucun contrôle”, pourtant dans des domaines sensibles touchant l’armement et le nucléaire, “pour ensuite siphonner les trésoreries des entreprises qu’il rachetait et faire remonter les fonds à la holding”. “C’est une technique éprouvée, Rivière est un Bernard Tapie bis mais, là, l’élève a dépassé le maître”, a asséné Fabrice Fort.     . Quel avenir pour les sites?Une douzaine de sociétés du groupe ont déjà été placées en redressement ou en liquidation directe ces dernières semaines.M. Lescure a promis que l’Etat se pencherait sur “toutes les filiales les unes après les autres”, dont certaines “vont bien” et d’autres “moins bien”, pour “tenter de trouver des repreneurs”.”L’Etat travaille, aux côtés des administrateurs judiciaires, à des solutions visant à préserver la continuité de l’activité sur le plus grand nombre de sites possibles, sous réserve d’une perspective de retour à la viabilité”, a indiqué Bercy à l’AFP, assurant que M. Rivière “ne participe pas aujourd’hui à ces discussions”.”On est bien revenu” du discours faisant de Philippe Rivière “un nouveau capitaine d’industrie, sauveur d’entreprises”, commentait le député de la Loire Pierrick Courbon (PS) qui avait accompagné des salariés lors d’un rendez-vous à Bercy le 18 novembre.