Test

Taxes sur les géants de la tech: état des lieux après le retrait du Canada

Le renoncement du Canada à sa taxe sur les géants américains de la tech sous la pression de Donald Trump, quelques mois après l’Inde, alimente des inquiétudes quant à l’avenir des taxes existantes ou en projet dans d’autres pays, surtout en Europe.”Près de la moitié des pays européens de l’OCDE ont annoncé, proposé ou mis en Å“uvre” une telle taxe au sein de leurs frontières, observe l’ONG Tax Foundation qui promeut une telle politique, dans l’attente d’une mesure mondiale.Or les négociations internationales ont du plomb dans l’aile après une décision samedi des pays du G7 d’exempter les multinationales américaines d’une taxation minimale mondiale à 15%.De quoi mettre en colère le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, qui milite depuis des années pour une telle mesure: “il s’agit de savoir si des gouvernements démocratiquement élus peuvent réglementer et taxer de puissantes entreprises, ou si des milliardaires de la tech peuvent dicter des politiques par l’intermédiaire de relais politiques”, a-t-il dénoncé dans un communiqué.Qui a imposé une telle taxe?France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, Autriche, Turquie, Brésil, Inde… Une dizaine de grands pays ont mis en place, ou prévu une taxation des entreprises internationales du numérique ces dernières années. L’objectif est de les faire payer là où elles exercent leur activité, et tenter de corriger l’optimisation fiscale que la dimension immatérielle de leur activité autorise.Généralement cette taxe porte sur le chiffre d’affaires de grandes entreprises essentiellement américaines comme Google (groupe Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft.La taxation varie d’un pays à l’autre en termes de chiffre d’affaires et de type d’activité pris en compte. Cela peut s’appliquer à la publicité en ligne, à la vente de données… “La plupart des taux proposés ou adoptés se situent dans une fourchette de 2% à 5%” du chiffre d’affaires des activités prises en compte, analyse la Fondation canadienne de la fiscalité.La plupart des pays ont mis en place leur mesure nationale dans l’attente d’un accord international, désormais considéré comme improbable. Ce que ça rapporteCette taxe rapporte davantage d’année en année dans la plupart des pays, selon des statistiques de l’Observatoire européen de la fiscalité remontant à juin 2023. Les recettes en France, en Italie, en Inde, au Royaume-Uni et en Turquie notamment montraient une progression constante.La taxe a rapporté environ 750 millions d’euros en 2024 à la France, selon les statistiques du gouvernement, et environ 800 millions de livres (près de 935 millions d’euros) par an au budget britannique. L’Italie a encaissé 455 millions d’euros en 2024 après 240 millions en 2021, selon la presse.A l’inverse, alors que le gouvernement espagnol tablait sur environ 1 milliard d’euros par an, en 2023 seuls 303 millions d’euros ont été générés via cette taxe, selon le journal La Vanguardia.Des décisions menacées?Avant le Canada, l’Inde avait déjà supprimé en avril sa taxation sur le numérique, à savoir une taxe de 6% sur les services de publicité en ligne fournis par des entités non résidentes, sur fond de négociations commerciales avec Trump.La question se pose désormais pour les autres pays: si le Royaume-Uni a déjà signé un accord commercial avec Washington, Londres veut aller plus loin et a toujours refusé de démentir qu’une suppression ou une adaptation de cette taxe était dans la balance.Le gouvernement espagnol n’a jamais parlé de revenir dessus jusqu’à présent.L’Italie non plus, mais lors d’une visite de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni à Washington en avril, la Maison Blanche affirmait dans un communiqué qu’elle et Trump étaient “d’accord pour dire qu’un environnement non discriminatoire en termes de taxation des services financiers était nécessaire pour permettre des investissements”.Un porte-parole du gouvernement allemand a indiqué lundi que l’abandon par le Canada de son projet de taxation ne “signifie absolument pas” que Berlin va faire de même, au moment où les dirigeants allemands réflechissent à un projet de loi de taxation.Interrogé par l’AFP en avril, le ministre de l’Economie Eric Lombard n’envisageait pas de supprimer la taxe française sur les services numériques tant que les Etats-Unis ne signaient pas l’accord international sous l’égide de l’OCDE. Mais l’inquiétude demeure: “les taxes sur les services numériques nationales restent vulnérables aux menaces économiques et politiques, en particulier de la part des États-Unis, qui ont toujours protégé leurs multinationales du numérique d’une imposition équitable à l’étranger”,  a réagi auprès de l’AFP l’ONG Tax Justice Network.

Dati dans l’arène de l’Assemblée pour défendre la réforme de l’audiovisuel public

Enfin l’épreuve du feu pour Rachida Dati. Les députés débattent à partir de lundi de la réforme de l’audiovisuel public, maintes fois repoussée et dont il n’apparaît pas certain à ce stade qu’elle puisse être votée dans le temps imparti.La ministre de la Culture n’a eu de cesse de soutenir l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (UDI, centre), qui prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un président-directeur général.Lors du passage du texte en commission mi-juin, France Médias Monde, branche internationale de l’audiovisuel public français (RFI, France 24), a été exclu du périmètre de la holding, sur proposition du gouvernement. La commission a aussi supprimé tout un pan du texte visant à “préserver la souveraineté audiovisuelle de la France”, avec des dispositions concernant les droits sportifs ou le développement de la radio numérique terrestre.La réforme, si elle aboutissait, serait un des rares trophées dont la ministre pourrait se prévaloir, alors qu’elle ambitionne de ravir la mairie de Paris à la gauche en mars 2026.Le projet de holding est combattu avec force par les syndicats de l’audiovisuel public. Ceux de Radio France ont lancé un mouvement de grève illimitée dès jeudi, le jugeant “extrêmement dangereux”, tant pour l’avenir des salariés que pour l’indépendance de l’information. A France Télévisions et l’Ina, les syndicats appellent à la grève à partir de lundi.”L’audiovisuel public est un enjeu citoyen (…) Il est utile à la démocratie, surtout dans un contexte très facturé avec les ingérences étrangères, les innovations technologiques et les groupes privés qui s’organisent et se structurent. Le statu quo n’est plus possible. Il est urgent de rassembler les forces de l’audiovisuel public”, a de nouveau justifié Mme Dati dans une interview à Challenges lundi.Le Premier ministre François Bayrou a apporté son soutien à la réforme dimanche sur RTL.Les débats commenceront par l’examen d’une motion de rejet déposée par les écologistes. Si elle est repoussée, la ministre devra affronter une véritable guérilla parlementaire, avec en pointe le député socialiste Emmanuel Grégoire, auteur de plus de 250 amendements, sur les 935 déposés.Peut-être un avant-goût des municipales ? Les militants socialistes parisiens choisissent lundi le candidat qui portera leur couleur, et pourraient désigner M. Grégoire, à moins qu’ils lui préfèrent le dauphin d’Anne Hidalgo, Rémi Féraud.- “Sérénité des débats” -Face à cette masse d’amendements, il semble peu probable que les débats puissent aller jusqu’au vote, en tout cas dans le temps pour l’instant prévu pour l’examen: lundi et mardi. Mercredi doit commencer l’examen d’un autre texte, sur l’allongement de la durée maximale du maintien en centre de rétention (CRA).”Malgré l’acharnement de Rachida Dati, le gouvernement n’a pas prévu les créneaux suffisants pour examiner le texte en entier”, se réjouit la députée du groupe écologiste et social Sophie Taillé-Polian.Mais Mme Dati reste “déterminée à ce que (les députés) puissent aller jusqu’au vote”, assure la rapporteure du texte, Virginie Duby-Muller (LR). Les débats reprendront si besoin vendredi, a confirmé Matignon à l’AFP.Dans cette bataille parlementaire, la mobilisation de la coalition gouvernementale est incertaine, un député du socle commun confiant un certain malaise. “J’ai l’impression qu’on accélère pour aller dans le mur”, dit cet élu, qui pointe aussi une gestion du dossier par Mme Dati qui n’a pas contribué à la “sérénité des débats”.En avril, un incident avait opposé en commission la ministre à une fonctionnaire de la chambre basse. Plus récemment, Mme Dati a créé l’émoi en s’en prenant au journaliste Patrick Cohen sur le plateau de C à vous, sur France 5, ou en affirmant sur France Inter que les auditeurs du service public étaient un “club” de “CSP+”, c’est-à-dire appartenant à des catégories socioprofessionnelles plutôt aisées.Le RN lui se montre circonspect: on est “plutôt partisan de s’abstenir sur cette réforme”, a affirmé dimanche sur Europe 1 le vice-président du RN Sébastien Chenu, dont le parti est favorable à une privatisation partielle de l’audiovisuel public.

Pesticides: la décriée loi Duplomb soumise à des tractations décisives au Parlement

La proposition de loi des sénateurs Duplomb et Menonville sur l’agriculture, décriée par la gauche pour ses mesures sur les pesticides ou les réserves d’eau, passe lundi au filtre d’une réunion de parlementaires qui s’annonce agitée mais décisive pour le cheminement législatif du texte.Le sort du texte qui vise à “lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur” est entre les mains de sept députés et sept sénateurs, lors d’une commission mixte paritaire (CMP) qui a démarré en début d’après-midi au Sénat.Ce petit comité, très majoritairement favorable au texte, tente d’élaborer un compromis sur la proposition de loi d’origine sénatoriale. Portée par Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (UDI, centre), l’initiative a été largement approuvée au Sénat, qui penche à droite. Mais à l’Assemblée nationale, les partisans du texte l’ont rejetée d’emblée pour éviter l’examen des milliers d’amendements des Insoumis et des écologistes, invoquant une “obstruction”.Pour le bloc central, la manÅ“uvre présente un avantage: le débat sera tranché à huis clos, dans les couloirs feutrés du Sénat et non dans l’hémicycle agité du Palais Bourbon, privé de majorité.- Acétamipride -Mais elle comporte aussi son lot d’incertitudes, car elle redonne la main aux sénateurs, dont la vision sur certaines mesures irrite plusieurs membres du camp présidentiel. Or en l’absence de texte voté à l’Assemblée nationale, les débats de la CMP repartent de la version du Sénat… Son volet environnemental inquiète. Sa disposition phare: la réintroduction, certes encadrée et à titre dérogatoire, de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Ses effets chez l’humain sont source de préoccupations, même si les risques restent incertains, par manque d’études d’ampleur.Autorisé ailleurs en Europe, il est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”.Autres mesures qui divisent, l’augmentation de l’influence du gouvernement dans le travail de l’agence sanitaire Anses sur les autorisations de pesticides, le relèvement des seuils d’autorisation environnementale pour les élevages intensifs, ou encore la facilitation du stockage de l’eau pour l’irrigation des cultures.Les opposants dénoncent d’importants reculs environnementaux. Après diverses manifestations durant le week-end, plusieurs dizaines de militants, élus, paysans et membres d’ONG se sont rassemblés lundi midi à proximité du Sénat, à l’appel du collectif Nourrir qui s’indigne d’une loi “au service de l’agro-industrie”.”Au scandale sanitaire s’ajoute un scandale démocratique: certains ont tellement honte du débat qu’ils ne peuvent pas regarder les Français dans les yeux et se réfugient dans le huis clos d’une CMP”, s’est insurgée la patronne des Ecologistes Marine Tondelier. “Nous ne laisserons pas cette loi gravissime passer sans que chacun prenne ses responsabilités”, promet de son côté la députée Insoumise Manon Meunier, qui proposera des amendements en CMP.- “Rien de révolutionnaire” -Tout comme la FNSEA, syndicat agricole leader, le gouvernement “souhaite que ce texte soit adopté parce que c’est un texte d’équilibre. La réintroduction de l’acétamipride, ce n’est pas la réintroduction des pesticides”, a souligné la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, lundi matin sur TF1. “Son rétablissement ne peut se faire que sous de très strictes conditions pour des filières qui aujourd’hui sont en impasse de traitement, mais qui demain, je l’espère, trouveront une solution en biocontrôle ou en en traitement alternatif”, a-t-elle ensuite commenté lors d’un déplacement dans une ferme bio des Yvelines.”Pour moi, ce n’est pas une bonne décision (…) Je trouve contre-productif de réautoriser cette molécule comme si elle était anodine, ce qui n’est pas le cas”, a en revanche déclaré la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, sur Sud Radio lundi, soulignant cependant les “conditions très encadrées” prévues par le texte.Au-delà de l’impératif de réunir au moins huit voix pour sur 14 en CMP, les élus doivent aussi s’assurer que le texte pourra être adopté lors d’un ultime vote dans les deux chambres, le 2 juillet au Sénat puis le 8 à l’Assemblée nationale. “C’est notre double objectif”, assure à l’AFP Franck Menonville. “Notre texte n’a rien de révolutionnaire. Il ne fait que rendre possible ce qui l’est dans l’ensemble des pays européens”.Selon plusieurs sources parlementaires, le volet sur l’acétamipride, auquel les sénateurs tiennent beaucoup, devrait bien être maintenu. En échange, le Sénat pourrait consentir à reculer sur les mesures concernant les compétences de l’Anses, un chiffon rouge notamment pour le MoDem.ama-sb-eg-jul/jmt/tes

A Séville, l’ONU appelle à “relancer le moteur du développement” face au “chaos climatique”

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé lundi la communauté internationale à “relancer le moteur du développement” face au “chaos climatique” et aux conflits internationaux, lors de la quatrième conférence internationale sur le financement du développement, organisée en Espagne.”Aujourd’hui, le développement et son grand catalyseur — la coopération internationale — sont confrontés à des vents contraires massifs”, a mis en garde M. Guterres au premier jour de cette rencontre qui se tient à Séville, dans le sud du pays, où règne une chaleur caniculaire.”Nous vivons dans un monde où la confiance s’effrite et où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde avec une économie au ralenti, des tensions commerciales croissantes et des budgets d’aide décimés. Un monde secoué par les inégalités, le chaos climatique et des conflits déchaînés”, a-t-il poursuivi.Dans ce contexte, il faut “accélérer les investissements”, “réparer et relancer le moteur du développement”, a insisté le responsable de l’ONU, en invitant la communauté internationale à “prendre les devants” en “investissant dans les domaines ayant le plus grand impact”, comme “les écoles” et “les énergies renouvelables”.Cette rencontre se tient dans un contexte particulièrement sombre pour l’aide au développement, touchée de plein fouet par la réduction de l’aide humanitaire décidée par le président américain Donald Trump, qui a supprimé 83% des financements de programmes à l’étranger de l’agence de développement USAID.- Les Etats-Unis absents -Avec 63 milliards de dollars d’aide publique en 2024, les Etats-Unis étaient jusque-là le principal pays donateur pour de nombreuses agences et ONG, actuellement confrontées à d’importantes difficultés, d’autant que d’autres capitales, comme Paris, Londres et Berlin, ont aussi réduit leurs aides.”Dans un monde où la communauté des donateurs se réduit de manière drastique et dramatique, il est temps de faire un pas en avant et non seulement de réaffirmer notre engagement, mais aussi de le redoubler”, a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, en appelant à faire de la conférence de Séville une “opportunité” pour “corriger” cette trajectoire.Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement participent à cette conférence dite FfD4, la quatrième du genre depuis 2002, aux côtés des responsables des principales institutions financières internationales et de 4.000 représentants de la société civile.Parmi les dirigeants présents figurent les présidents français Emmanuel Macron et sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Les Etats-Unis n’ont envoyé personne, après avoir quitté mi-juin la table des négociations en raison d’un désaccord sur le texte soumis aux délégations, accusé d’empiéter sur leur “souveraineté”.L’objectif de ce document de 38 pages, dit “engagement de Séville”, est de trouver des solutions pour les pays du Sud, confrontés selon l’ONU à “un déficit de financement estimé à 4.000 milliards de dollars par an” pour tenir leurs objectifs de développement fixés dans le cadre de l’Agenda 2030.- Critiques des ONG -Cela “nécessitera des ressources à une échelle et à un rythme sans précédent”, a prévenu lundi le président de la Banque mondiale Ajay Banga, en appelant à la mobilisation de l’ensemble des acteurs du développement face à “l’augmentation de la dette” et aux défis posés par le changement climatique.”Nous savons qu’il n’y a pas assez d’argent au sein des gouvernements, des organisations philanthropiques ou des institutions de développement pour répondre à toutes les projections ou à toutes les promesses. C’est pourquoi nous avons besoin du secteur privé”, a-t-il souligné.L'”engagement de Séville”, qui sera formellement adopté jeudi, dernier jour de la conférence, invite pour cela à revoir l’architecture financière internationale, en accordant notamment plus de place aux pays du Sud dans les grandes institutions et en exigeant une meilleure coopération contre l’évasion fiscale.Ce document, qui ne sera cependant pas contraignant sur le plan juridique, sera complété par des annonces unilatérales dans le cadre d’une “plateforme de Séville pour l’action”, portant notamment sur la taxation des billets d’avion.L'”engagement de Séville” est d’ores et déjà critiqué par les ONG, qui regrettent un manque d’ambitions et de solidarité de la part des pays les plus riches. A leur appel, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche soir à Séville pour réclamer une annulation de la dette et une taxation des super riches.

Ex-fleuron de l’innovation, Carmat et son coeur artificiel en cessation de paiements

Ex-symbole de l’innovation médicale française, le fabricant français d’un coeur artificiel, Carmat, a annoncé lundi être en cessation des paiements, à court d’argent faute de n’avoir pu rassembler des fonds pour payer ses créanciers.L’entreprise, qui avait alerté  il y a dix jours avoir un besoin urgent de se refinancer d’ici au 30 juin, va “solliciter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du Tribunal des Affaires Economiques de Versailles”, selon un communiqué.Dans l’attente de la décision du tribunal, qui devrait intervenir “dans les tout prochains jours”, la cotation de l’action Carmat a été suspendue.Le cours de l’action évoluait dernièrement autour de 30 cents, alors qu’il dépassait 100 euros voici une dizaine d’années.Créée en 2008 et entrée en Bourse en 2010, la société avait expliqué devoir rassembler au moins 3,5 millions d’euros d’ici au 30 juin, ainsi qu’environ 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Elle avait lancé le 20 juin une campagne de dons pour assurer la poursuite de ses activités.Son directeur général Stéphane Piat avait tenté dans un dernier élan la semaine dernière de mobiliser les investisseurs et même l’Elysée, pointant la difficulté d’accès aux capitaux pour financer l’innovation en France et évoquant le “crève-coeur” de voir possiblement disparaître une technologie française “iconique”.Il estimait que Carmat était sur “une rampe de lancement” après 42 implantations réalisées en 2024, un chiffre d’affaires de 7 millions l’an dernier et une rentabilité attendue d’ici “4 à 5 ans”.Mais après 30 ans de recherche, 550 millions d’investissements et 122 patients traités avec son coeur artificiel temporaire, inventé par le professeur Alain Carpentier, Carmat “n’est pas parvenue à ce stade à sécuriser un tel complément de trésorerie ni de nouveaux financements”.L’entreprise qui compte 180 collaborateurs entre son siège de Vélizy-Villacoublay et son site de production à Bois-d’Arcy, dans les Yvelines, “continue d’explorer toutes les options qui permettraient la poursuite de ses activités”.L’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire constituerait, selon elle, “le cadre le plus approprié pour faciliter cette poursuite”.Pour la suite, “les deux options les plus plausibles” sont “le rachat par un industriel du secteur” ou “un partenaire financier robuste qui viendrait soutenir les actionnaires historiques de Carmat jusqu’à atteindre la rentabilité”, estime Mohamed Kaabouni, analyste du courtier Portzamparc”Au regard du caractère stratégique de la technologie, l’intervention de l’État français n’est pas à exclure mais cela semble peu probable”, souligne-t-il dans une note.- “Coeur définitif” -Le coeur artificiel Aeson de Carmat est destiné aux patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque terminale dans l’attente d’un coeur humain disponible pour une transplantation. Il comprend une prothèse reproduisant la forme et la fonction d’un cÅ“ur naturel et d’une tablette pour régler les paramètres.Depuis sa première implantation sur un patient en 2014, l’appareil a subi de nombreuses évolutions, Carmat rêvant d’un “coeur définitif”, qui remplacerait le coeur malade.La société avait notamment suspendu volontairement les implantations entre fin 2021 et octobre 2022 pour apporter des améliorations au dispositif à la suite de dysfonctionnements qui avaient coûté la vie à deux patients.”L’insuffisance cardiaque, c’est une maladie qui tue plus que le cancer” et qui ne touche pas seulement des personnes âgées mais des adultes “autour de 54 ans”, avait souligné il y a quelques jours Anne-Céline Martin, de l’unité médico-chirurgicale d’insuffisance cardiaque sévère à l’Hôpital Européen Georges Pompidou qui a soutenu le projet Carmat dès le début.”Le seul vrai traitement de l’insuffisance cardiaque terminale, c’est la transplantation. Sauf que l’accès à la transplantation est limitée: on a toujours deux receveurs pour un donneur”, a illustré le professeur André Vincentelli, chirurgien cardio-vasculaire et thoracique au CHU de Lille.”Ne plus avoir le Carmat, c’est revenir à d’autres dispositifs d’une autre époque”, avait-il indiqué.Le concepteur du coeur artificiel total assure qu’il ne laissera pas tomber ses patients sous prothèses Aeson, et ce, “quelle que soit la décision du tribunal”.

La Bourse de Paris sans changement avant plusieurs publications économiques

La Bourse de Paris avance avec prudence lundi, à l’entame d’une semaine dense pour les marchés, entre publications économiques majeures et attente du budget américain, avec en toile de fonds les négociations commerciales entre les Américains et leurs partenaires commerciaux.Pour sa dernière séance du premier semestre, l’indice vedette CAC 40 faisait du sur place (+0,02%), prenant 1,65 point à 7.693,20 points vers 10H25 (heure de Paris). Depuis le 1er janvier, le CAC 40 gagnait plus de 4%, mais était bien en deçà des performances de son homologue allemand, le DAX, qui a bondi de plus de 20% sur la même période. Par ailleurs, les indices américains S&P 500 et Nasdaq ont touché de nouveaux records vendredi. “Cette hausse était inattendue pour certains, en raison des incertitudes politiques et des risques élevés de récession”, commente Susannah Street, analyste chez Hargreaves Lansdown.”Les marchés d’actions sont toutefois passés outre ces craintes”, notamment portés “par les progrès réalisés dans les négociations commerciales” avec les Etats-Unis, poursuit-elle.Dans ce contexte, “certains investisseurs remettent en question leur recentrage sur l’Europe”, commente Neil Wilson, analyste de Saxo Markets. Les marchés américains, qui font moins bien que les européens depuis le début de l’année, remontent la pente depuis plusieurs semaines et rattrapent en partie leur retard. Par exemple, l’indice élargi S&P 500 avance de près de 5% depuis le 1er janvier, et l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600 prenait plus de 7%.”Les négociations commerciales restent au centre de l’attention à l’approche de la date limite du 9 juillet”, affirme Neil Wilson, date à partir de laquelle des droits de douane plus élevés sur les importations aux Etats-Unis devraient entrer en vigueur.D’ici là, de nombreuses publications sont attendues. “Cette semaine sera écourtée par les jours fériés”, bousculant l’agenda de quelques publications économiques, écrit Jim Reid, économiste de Deutsche Bank dans une note.”Le rapport sur l’emploi aux Etats-Unis sera publié exceptionnellement jeudi avant le jour férié de l’Independence Day vendredi. Les données sur l’activité manufacturière américaine (ISM) seront publiés mardi et mercredi”, détaille l’économiste.Une série de données sur l’activité économique du secteur privé (PMI) cette semaine “donnera une bonne indication de la dynamique économique mondiale en juin”, ajoute Jim Reid.Parmi les autres temps forts à l’agenda des investisseurs, le forum annuel de la Banque centrale européenne (BCE) à Sintra, au Portugal, qui débute lundi jusqu’au 2 juillet, ainsi que des chiffres d’inflation en Europe.Aux Etats-Unis, “les espoirs de voir les baisses d’impôts de Trump entrer en vigueur cette semaine alimentent la hausse des marchés d’actions”, commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique de XTB.Donald Trump espère que le projet de loi parviendra sur son bureau pour promulgation avant le 4 juillet, jour de la fête nationale. Carmat suspenduLe fabricant français d’un cÅ“ur artificiel temporaire destiné à des malades souffrant d’insuffisance cardiaque sévère a annoncé lundi être en cessation des paiements et demander l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. L’entreprise a aussi annoncé demander “la suspension de son cours de Bourse à partir du 30 juin 2025”, selon un communiqué.

Le coeur artificiel de Carmat placé sous assistance judiciaire

Ex-symbole de l’innovation médicale française, le fabricant français d’un coeur artificiel, Carmat, a annoncé lundi être en cessation des paiements, à court d’argent faute de n’avoir pu rassembler des fonds pour payer ses créanciers.L’entreprise, qui avait alerté  il y a dix jours avoir un besoin urgent de se refinancer d’ici au 30 juin, va “solliciter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du Tribunal des Affaires Economiques de Versailles”, selon un communiqué.Dans l’attente de la décision du tribunal, qui devrait intervenir “dans les tout prochains jours”, Carmat, cotée en Bourse depuis 2010, a demandé la suspension de sa cotation “à partir du lundi 30 juin 2025”, avant l’ouverture des marchés.Son cours de Bourse évolue autour de 30 cents, alors qu’il dépassait 100 euros voici une dizaine d’années.Créée en 2008, la société avait expliqué devoir rassembler au moins 3,5 millions d’euros d’ici au 30 juin, ainsi qu’environ 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Elle avait lancé le 20 juin une campagne de dons pour assurer la poursuite de ses activités.Son directeur général Stéphane Piat avait tenté dans un dernier élan la semaine dernière de mobiliser les investisseurs et même l’Elysée, pointant la difficulté d’accès aux capitaux pour financer l’innovation en France et évoquant le “crève-coeur” de voir possiblement disparaître une technologie française “iconique”.Il estimait que Carmat était sur “une rampe de lancement” après 42 implantations  réalisées en 2024, un chiffre d’affaires de 7 millions l’an dernier et des besoins de l’entreprise, évalués à 35 millions d’euros à douze mois, qui allaient “se réduire tous les ans jusqu’à la rentabilité”, prévue d’ici “4 à 5 ans”.Mais après 30 ans de recherche, 550 millions d’investissements et 122 patients traités avec son coeur artificiel temporaire, inventé par le professeur Alain Carpentier, Carmat “n’est pas parvenue à ce stade à sécuriser un tel complément de trésorerie ni de nouveaux financements”.L’entreprise qui compte 180 collaborateurs entre son siège de Vélizy-Villacoublay et son site de production à Bois-d’Arcy, dans les Yvelines, “continue d’explorer toutes les options qui permettraient la poursuite de ses activités”.L’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire constituerait, selon elle, “le cadre le plus approprié pour faciliter cette poursuite”.- “Coeur définitif” -Le coeur artificiel Aeson de Carmat est destiné aux patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque terminale dans l’attente d’un coeur humain disponible pour une transplantation. Il comprend une prothèse reproduisant la forme et la fonction d’un cÅ“ur naturel et d’une tablette pour régler les paramètres.Depuis sa première implantation sur un patient en 2014, l’appareil a évolué et subi des améliorations, Carmat rêvant d’un “coeur définitif”, qui remplacerait le coeur malade.La société avait notamment suspendu volontairement les implantations entre fin 2021 et octobre 2022 pour apporter des améliorations au dispositif à la suite de dysfonctionnements qui avaient coûté la vie à deux patients.”L’insuffisance cardiaque, c’est une maladie qui tue plus que le cancer” et qui ne touche pas seulement des personnes âgées mais des adultes “autour de 54 ans”, avait souligné il y a quelques jours Anne-Céline Martin, de l’unité médico-chirurgicale d’insuffisance cardiaque sévère à l’Hôpital Européen Georges Pompidou qui a soutenu le projet Carmat dès le début.”Le seul vrai traitement de l’insuffisance cardiaque terminale, c’est la transplantation. Sauf que l’accès à la transplantation est limitée: on a toujours deux receveurs pour un donneur”, a illustré le professeur André Vincentelli, chirurgien cardio-vasculaire et thoracique au CHU de Lille.”Ne plus avoir le Carmat, c’est revenir à d’autres dispositifs d’une autre époque”, avait-il indiqué.Le concepteur du coeur artificiel total Aeson assure qu’il ne laissera pas tomber ses patients sous prothèses Aeson, et ce, “quelle que soit la décision du tribunal”.

Les Bourses européennes ouvrent en hausse

Les Bourses européennes ont ouvert en légère hausse lundi, à l’entame d’une semaine chargée en publications économiques, dans l’attente du projet de loi budgétaire poussé par Donald Trump et des évolutions des négociations commerciales entre les Américains et leurs partenaires commerciaux.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris prenait 0,17%, Francfort 0,22% et Londres 0,21%.

Le chef de la diplomatie chinoise en Europe pour resserrer les liens face à Washington

Le chef de la diplomatie chinoise entame lundi une tournée en Europe, destinée selon Pékin à faire des relations sino-européennes un pôle de “stabilité” face aux Etats-Unis et à un monde en proie aux bouleversements.Figure connue de son pays à l’étranger, Wang Yi, diplomate expérimenté de 71 ans, doit se rendre au siège de l’Union européenne (UE) à Bruxelles, ainsi qu’en France et en Allemagne.Sa visite intervient au moment où Pékin cherche à renforcer ses relations avec le Vieux Continent face aux Etats-Unis de l’imprévisible président Donald Trump, qui décrivent régulièrement la Chine comme leur rivale stratégique.Des différends demeurent toutefois entre Pékin et Bruxelles, notamment sur le plan économique.Parmi eux: le déficit commercial massif en défaveur de l’UE (357,1 milliards de dollars), les liens étroits Pékin-Moscou malgré la guerre en Ukraine, les surtaxes européennes sur les véhicules électriques fabriqués en Chine ou encore les représailles chinoises visant le cognac français.”Les relations sino-européennes font face à des opportunités importantes, à un moment où le monde connaît une accélération des transformations historiques, avec la montée inquiétante de l’unilatéralisme, du protectionnisme et des comportements hégémoniques”, a indiqué vendredi Guo Jiakun, un porte-parole de la diplomatie chinoise, dans une critique voilée des Etats-Unis et de leur guerre des droits de douane.Dans ce contexte, la Chine et l’UE se doivent de “préserver conjointement la paix et la stabilité mondiales, défendre le multilatéralisme et le libre-échange, préserver les règles internationales, l’équité et la justice, et s’imposer comme des forces de stabilité et constructives dans un monde en proie aux turbulences”, a-t-il souligné.- Ukraine -A Bruxelles, Wang Yi s’entretiendra avec la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, pour un “dialogue stratégique de haut niveau”, selon Pékin.Pendant son séjour en Allemagne, il rencontrera le ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, pour des discussions sur la diplomatie et la sécurité. Il s’agira de la première visite de M. Wang depuis la mise en place en mai à Berlin d’un nouveau gouvernement conservateur.En France, le ministre chinois rencontrera son homologue Jean-Noël Barrot, qui avait effectué une visite en Chine en mars.La guerre en Ukraine devrait être à l’ordre du jour de ses discussions en Europe.La Chine appelle régulièrement à des pourparlers de paix et au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays – sous-entendu Ukraine comprise. Mais elle n’a jamais condamné la Russie et a renforcé ses relations commerciales, diplomatiques et militaires avec elle depuis le début de l’invasion russe en février 2022.Les Européens l’accusent ainsi régulièrement d’offrir à Moscou un soutien économique crucial pour son effort de guerre.Sur le front commercial, les relations sino-européennes se sont tendues ces dernières années. L’UE reproche notamment au géant asiatique des pratiques économiques qu’elle juge déloyales.Le différend s’est intensifié avec la mise en place l’an passé par l’Union européenne de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.- Accord sur le cognac? -En représailles, Pékin vise notamment le cognac français, Paris ayant été l’un des principaux défenseurs de ces surtaxes sur les voitures “made in China”.Concernant le cognac, “un accord est stabilisé mais pas formellement validé par le ministère chinois du Commerce”, selon une source au ministère français de l’Economie.Par ailleurs, la Commission européenne a décidé il a deux semaines d’exclure les entreprises chinoises des commandes publiques de matériels médicaux dépassant cinq millions d’euros. Une mesure prise au nom des restrictions touchant les firmes européennes sur le marché chinois.En réponse, Pékin a fustigé le “deux poids, deux mesures” de Bruxelles.Autre point de friction bilatéral: les terres rares. Depuis avril, les autorités chinoises exigent des entreprises chinoises l’obtention de licences pour l’exportation de ces matériaux stratégiques, un secteur dans lequel la Chine est un poids lourd mondial.Ces métaux sont utilisés dans une grande variété de produits, notamment les smartphones ou les batteries de voitures électriques. Des industriels, notamment du secteur automobile, ont depuis dénoncé des autorisations d’exportations délivrées au compte-gouttes.La Chine a toutefois proposé en juin à l’UE l’établissement d’un “canal vert”, c’est-à-dire d’un accès prioritaire, pour faciliter les exportations de terres rares vers le Vieux Continent.

La communauté internationale réunie à Séville au chevet de l’aide au développement

A l’initiative de l’ONU, experts et dirigeants internationaux se retrouvent lundi en Espagne pour une conférence sur le financement du développement, mis à mal par les crises mondiales et les coupes budgétaires drastiques des Etats-Unis, qui ne participeront pas à la rencontre.Au moins 50 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus à Séville (sud) pour cette rencontre de quatre jours, aux côtés du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez et de 4.000 représentants de la société civile.L’objectif de cette conférence dite FfD4, la quatrième du genre depuis 2002, est de trouver des solutions pour les pays du Sud, confrontés – selon les Nations unies – à “un déficit de financement estimé à 4.000 milliards de dollars par an”, pour tenir leurs objectifs de développement durable.Parmi les dirigeants annoncés dans la capitale andalouse, frappée par une chaleur caniculaire, figurent le président français Emmanuel Macron, le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Colombien Gustavo Petro. Leur homologue sud-africain Cyril Ramaphosa a, lui, annulé sa venue pour des raisons de politique intérieure.Les Etats-Unis, pour leur part, n’enverront aucun représentant. Washington a, en effet, décidé mi-juin de quitter la table des négociations en raison d’un désaccord sur le texte soumis aux délégations, accusé d’empiéter sur leur “souveraineté” et de créer des structures “faisant doublon”.Cette rencontre survient dans un contexte particulièrement sombre pour l’aide au développement, touchée de plein fouet par la réduction de l’aide humanitaire décidée par Donald Trump, qui a supprimé 83% des financements de programmes à l’étranger de l’agence de développement USAID.Avec 63 milliards de dollars d’aide publique en 2024, les Etats-Unis étaient le principal pays donateur pour de nombreuses agences et ONG, actuellement confrontées à d’importantes difficultés, d’autant que d’autres capitales, comme Paris, Londres et Berlin, ont aussi réduit leurs aides.- “Regarder la vérité en face” -“Les gouvernements des pays riches sont en train d’effectuer les coupes les plus importantes dans l’aide au développement jamais enregistrées depuis 1960”, a dénoncé vendredi l’ONG Oxfam, inquiète de voir les pays du Sud “dévier tragiquement” de leur “trajectoire” de développement.Pour les pays concernés, la situation est d’autant plus délicate que l’endettement public a bondi depuis la crise du Covid-19. Selon les Nations unies, celui des moins avancés a ainsi triplé en 15 ans, et 3,3 milliards d’habitants vivent dans des pays dépensant plus pour rembourser leur dette que pour la santé ou l’éducation.”Nous devons regarder la vérité en face: de nombreux engagements restent non tenus”, alors que “le monde est confronté à des chocs sismiques rendant les défis financiers plus difficiles à résoudre”, a souligné Antonio Guterres, en référence aux nombreux conflits mondiaux.”Dans ce contexte mouvementé, nous ne pouvons laisser s’envoler nos ambitions”, a-t-il insisté.L'”engagement de Séville”, qui sera formellement adopté au terme de la conférence, invite pour cela à revoir l’architecture financière internationale, en accordant notamment plus de place aux pays du Sud dans les grandes institutions et en exigeant une meilleure coopération contre l’évasion fiscale.Ce texte de 38 pages, qui sera complété par des annonces unilatérales dans le cadre d’une “plateforme de Séville pour l’action”, servira de plan directeur pour le financement du développement au cours des dix prochaines années. De nature politique, il ne sera cependant pas contraignant sur le plan juridique.Un motif de mécontentement chez les ONG, déjà agacées par ce qu’elles considèrent comme un manque de solidarité des pays les plus riches. “Le Nord global continue de bloquer les réformes. Ce n’est pas du leadership, c’est du déni”, a ainsi regretté Mariana Paoli, responsable du plaidoyer chez Christian Aid.