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Le marché automobile français victime de l’attentisme, les électriques en force

Le marché automobile français s’est effrité de 0,3% en novembre sur un an, confirmant une année 2025 maussade sur fond d’attentisme des consommateurs, alors que les voitures électriques ont pour la première fois dépassé le quart des immatriculations.Au total, 132.927 voitures particulières neuves ont été mises en circulation sur les routes le mois dernier, un niveau équivalent à celui de novembre 2022, a précisé lundi la Plateforme automobile (PFA) dans sa livraison mensuelle de statistiques. Le marché automobile français, qui ne s’est jamais remis de la crise sanitaire, évolue 23% sous son niveau de novembre 2019, a souligné à l’AFP une porte-parole de la PFA, qui représente les constructeurs et équipementiers automobiles de l’Hexagone.Sur les 11 premiers mois de l’année, les immatriculations se sont contractées de 4,9% par rapport à la même période de 2024.La porte-parole a noté, parmi les facteurs expliquant la déprime du marché, un attentisme des consommateurs et des entreprises, dû aux “incertitudes politiques et économiques”, notamment le flou sur l’avenir du projet de loi de finances 2026 au Parlement.De leur côté, les voitures 100% électriques ont confirmé leur succès en novembre, conquérant 26% du marché, un niveau mensuel inédit attribué par la porte-parole de la PFA au succès du “leasing social”, la location avec option d’achat de véhicules électriques pour les ménages modestes avec aide de l’État, relancée en octobre pour un contingent limité de clients.Ce dispositif “a été assez porteur sur les ventes de véhicules” zéro émission, outre l’obligation faite aux entreprises d’intégrer au moins 20% de tels véhicules dans leurs flottes, selon la même source.Ce dynamisme a permis aux voitures électriques de conquérir une immatriculation française sur cinq depuis le début de l’année, là aussi un niveau record après les 17% sur l’ensemble des années 2023 et 2024.Ce sont néanmoins les voitures hybrides (carburant-électricité), dont les rechargeables, qui règnent sur le marché, avec 50,4% des immatriculations depuis janvier, une progression de 8,6 points sur un an. Les voitures à essence ont connu une trajectoire inverse, tombant à 21,6% contre 30,2% un an plus tôt.Le diesel, ancienne motorisation fétiche des Français, ne représente plus qu’une immatriculation sur 20 depuis début 2025, dix ans après le “dieselgate”, scandale des émissions polluantes truquées dont Volkswagen était à l’origine.- Débat sur l’horizon 2035 -La pénétration du marché français par l’électrique intervient pendant que le débat fait rage en Europe sur l’interdiction de la vente de voitures thermiques à l’horizon 2035. Le chancelier allemand Friedrich Merz a récemment annoncé qu’il demanderait à la Commission européenne de revoir sa copie, alors que l’industrie automobile de son pays accuse du retard dans la technologie électrique face à une Chine conquérante.C’est le 10 décembre que la Commission a prévu d’annoncer des mesures pour soulager le secteur automobile et l’aider dans sa transition vers la décarbonation.Le groupe Stellantis (Fiat, Peugeot, Citroën, Opel, Jeep…) salue “le soutien apporté par le gouvernement allemand à la révision des réglementations européennes”, a indiqué son PDG Antonio Filosa, dans une déclaration transmise à l’AFP.”Nous avons aujourd’hui une excellente occasion de repenser les règles et de concilier les trois objectifs clés de l’Europe : la décarbonation, la résilience industrielle qui protège les emplois et l’autonomie stratégique, et l’accessibilité financière”, a-t-il ajouté. En France, Stellantis a vu ses immatriculations reculer de 5,5% sur un an en novembre, selon les chiffres de la PFA lundi. Le groupe détient 23% de part de marché, derrière son rival Renault (dont Dacia) qui règne sur 26,6% grâce à une progression de 4% sur fond de développement de sa gamme électrique, en particulier la R5.Sur 11 mois, les deux groupes sont au coude-à-coude, l’entreprise au losange dépassant son rival de 0,2 point, à 26,7%. Stellantis a vu ses immatriculations fondre de 8% depuis le début de l’année, contrastant avec la hausse de 2,6% de Renault.Depuis le début de l’année, la R5 est la voiture électrique la plus vendue en France et pointe à la neuvième place du classement général, en tête duquel on retrouve la Renault Clio, la Peugeot 208 et la Dacia Sandero.

La Bourse de Paris recule avant une semaine de données américaines

La Bourse de Paris évolue en baisse lundi, prudente avant une série d’indicateurs économiques aux Etats-Unis qui seront déterminants pour la prochaine décision sur les taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).Vers 9H30 (heure de Paris), le CAC 40 perdait 0,39% à 8.090,76 points, en recul de 32,54 points. Vendredi, l’indice vedette parisien avait pris 0,29% à 8.122,71 points, en hausse de 23,24 points.Les marchés sont “gagnés par l’aversion face au risque, avant une série d’indicateurs économiques cette semaine”, relève Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.Premier rendez-vous ce lundi, avec les chiffres de l’ISM Manufacturier pour novembre aux Etats-Unis. Suivra ensuite le rapport mensuel sur les créations d’emplois dans le secteur privé pour la même période. Et enfin, vendredi, la très attendue inflation en septembre.Les acteurs du marché tenteront de déceler dans ces données des signes d’un ralentissement de l’activité et de l’inflation qui pourraient justifier une baisse des taux de la banque centrale américaine lors de sa réunion des 9 et 10 décembre.Ils font massivement le pari d’un recul de 0,25 point de pourcentage. Cet optimisme a fait grimper les Bourses mondiales la semaine passée.Mais le doute commence à nouveau à gagner du terrain: “la question est de savoir si nous n’avons pas trop anticipé la perspective d’assouplissement”, estime Stephen Innes de SPI Asset Management.D’autant que la publication de plusieurs indicateurs clés a été retardée en raison de la paralysie budgétaire (“shutdown”) de 43 jours qui a touché le pays et certaines données ne verront jamais le jour.Dans ce contexte, “des inquiétudes persistent quant au fait que la Fed pourrait se précipiter vers une baisse des taux sans disposer de données solides”, prévient Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.En Europe aussi, les indicateurs sont à l’honneur, avec la publication lundi des indices d’activités PMI manufacturiers pour novembre en Italie, en France et en Allemagne. Suivra l’inflation en zone euro mardi pour la même période.La Banque centrale européenne (BCE) se réunit elle le 18 décembre prochain.Côté obligataire, le taux d’intérêt de l’emprunt français à échéance dix ans atteignait, vers 9H30, 4,03%, contre 4,01% vendredi en clôture.Logiciel défaillant chez AirbusLe constructeur aéronautique Airbus (-2,30% à 199,40 euros) a annoncé vendredi le rappel de quelque 6.000 avions A320, pour remplacer en toute urgence un logiciel de commande vulnérable aux radiations solaires, après un incident fin octobre aux Etats-Unis.Lundi matin, moins de 100 appareils restaient immobilisés, a indiqué le groupe.Recommandation relevée pour AirFrance KLMLes analystes de JPMorgan ont relevé leur recommandation sur AirFrance KLM de “neutre” à “à surpondérer”, avec un objectif de cours relevé à 14 euros. Le titre du groupe bondissait de 8,34% à 11,41 euros sur l’indice élargi SBF 120.

Problème de logiciel: moins de 100 avions A320 restent immobilisés, annonce Airbus

Moins de 100 Airbus de la gamme A320 restent immobilisés en raison d’un logiciel de commandes vulnérable, sur les quelque 6.000 appareils potentiellement concernés, a annoncé lundi le constructeur aéronautique.”La très grande majorité” de ces appareils a été modifiée depuis l’annonce de ce problème vendredi, a précisé Airbus dans un communiqué, en disant œuvrer avec les compagnies aériennes à “la modification de moins de 100 appareils restants pour s’assurer qu’ils peuvent être remis en service”.Le géant industriel européen avait annoncé vendredi soir un rappel concernant son monocouloir à succès pour remplacer de toute urgence un logiciel de commande vulnérable aux radiations solaires, après un incident fin octobre aux États-Unis.Un vol de la compagnie américaine JetBlue reliant Cancun au Mexique à Newark près de New York avait dû se poser en urgence à Tampa, en Floride, après avoir brutalement piqué vers le bas.Airbus, qui avait exhorté vendredi ses clients à “arrêter immédiatement les vols” d’environ 6.000 appareils concernés, a pu rapidement intervenir sur des milliers d’aéronefs vendredi et samedi, atténuant les craintes de perturbations de grande ampleur sur le trafic aérien mondial.EasyJet, l’un des plus gros exploitants de la gamme A320, a indiqué lundi avoir réussi à mettre à jour l’avionique de tous ses appareils concernés “sans perturbation de notre programme de vols” pendant le week-end. L’ultra low-cost Wizz Air a également signalé lundi n’avoir dû effectuer “aucune annulation de vol” lors du processus, qui est terminé pour l’ensemble de sa flotte affectée.L’A320, dans ses nombreuses variantes, est l’appareil commercial civil le plus vendu au monde. Entré en exploitation en 1988, il avait été livré fin septembre à 12.257 exemplaires.Le chiffre d’une centaine d’A320 restant à modifier avait été évoqué dès samedi matin par le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, mais Airbus ne l’avait pas jusqu’alors confirmé.Lundi, le constructeur a renouvelé ses excuses “pour les difficultés et les retards occasionnés aux passagers et aux compagnies” par cette situation, en les remerciant de “leur compréhension vis-à-vis d’une décision de donner la priorité absolue à la sécurité”.

Internet: l’estimation d’âge par selfie en plein essor pour traquer les trop jeunes

De TikTok à Instagram en passant par les sites pornographiques, les plateformes en ligne traquent de plus en plus les utilisateurs trop jeunes. Les outils d’estimation d’âge par selfie vidéo gagnent du terrain, alimentant l’essor d’entreprises spécialisées.Poussée par de nouvelles législations plus strictes, notamment en Australie où l’interdiction des réseaux sociaux au moins de 16 ans entrera en vigueur le 10 décembre, cette solution présentée comme rapide et efficace suscite pourtant des critiques sur de possibles biais discriminatoires et des craintes sur la protection de la vie privée.Le fonctionnement est simple: quelques clics, un regard vers la caméra d’un smartphone ou d’un ordinateur, et le verdict tombe en moins d’une minute. “Nous avons estimé votre âge à 18 ans et plus”, indique ainsi la fenêtre ouverte par la plateforme de jeux vidéo Roblox.Au siège de la start-up londonienne Yoti, l’un des acteurs phares de cette technologie, des têtes de mannequins, certaines revêtues d’une perruque ou d’un masque, s’alignent le long de la fenêtre d’un vaste open-space.L’analyse par IA ne s’y laisse pas prendre: “nous ne pouvons pas être certains que l’image était celle d’un vrai visage”, répond la plateforme de la start-up via un téléphone portable, lorsqu’on lui présente ces contrefaçons.Au fil du temps, l’algorithme “est devenu très performant pour repérer les caractéristiques” des visages et estimer l’âge de l’utilisateur, affirme Robin Tombs, à la tête de cette entreprise fondée en 2014.- Vie privée -Yoti a vu son chiffre d’affaires grimper ces dernières années, atteignant 20 millions de livres (22,7 millions d’euros) à la clôture de son exercice annuel fin mars. Elle vient tout juste de commencer à dégager des bénéfices, et projette des revenus de 30 millions de livres cette année.La concurrence prospère aussi: Persona, Kids Web Services, K-id, VerifyMy… Comme Yoti, de nombreuses entreprises du secteur ont adhéré à l’Avpa (Age Verification Providers Association), qui compte 34 membres.L’association prévoyait en 2021 que les revenus annuels du secteur atteindraient 9,8 milliards de dollars entre 2031 et 2036 à l’échelle des 37 pays membres de l’OCDE, des chiffres qui n’ont pas été actualisés depuis.Iain Corby, directeur exécutif de l’Avpa, reste prudent face à l’avenir. “Tant de choses peuvent arriver. La réglementation évolue très rapidement, la technologie aussi”, résume-t-il à l’AFP.D’autant que les méthodes de vérification d’âge dopées à l’IA sont sujettes à critiques.Olivier Blazy, professeur en cybersécurité au sein de la prestigieuse école d’ingénieur française Polytechnique, pointe des solutions “potentiellement un peu intrusives ou dangereuses pour la vie privée”, en fonction notamment des informations partagées au sujet des utilisateurs entre un site et la solution de vérification d’âge qui en restreint l’accès.”Je pense que l’écosystème actuellement a basculé un peu vers l’IA, mais on va peut-être en revenir dans les années futures, dans un but de plus protéger la vie privée des utilisateurs”, indique-t-il.- Maquillage -Le spécialiste, qui a notamment travaillé en collaboration avec l’autorité française de protection des données personnelles, la Cnil, souligne aussi des imperfections techniques: “juste avec du maquillage classique, il est assez facile de se vieillir ou se rajeunir”, note-t-il.D’autres voix soulignent aussi certains biais dans les algorithmes, moins précis concernant l’estimation de l’âge chez des personnes non blanches.Dans un rapport d’évaluation publié en août par un organe indépendant mandaté par les autorités australiennes, les auteurs soulignent que la “sous-représentation des populations autochtones constitue toujours un défi que les vendeurs commencent à relever”.Chez Yoti, le patron Robin Tombs reconnaît avoir moins de données pour entraîner son modèle pour certaines tranches d’âge ou couleurs de peau. Il assure toutefois que son système est capable de “vérifier si les participants utilisent de faux accessoires ou du maquillage” et que toutes les données sont ensuite supprimées.Pour se prémunir des erreurs, les solutions intègrent des correctifs, paramétrables par les plateformes: lorsque l’accès est interdit aux moins de 18 ans, le système exige souvent que l’âge de l’utilisateur soit estimé à plus de 21 ans.Faute de quoi, l’utilisateur se verra demander une autre preuve. Souvent synonyme de la classique pièce d’identité.

En Provence, champ libre pour l’essor de l’amande et de la pistache

Dans un atelier qui embaume la pâte d’amande, des employés enfournent des plateaux de calissons. La traditionnelle confiserie de Provence est de plus en plus fabriquée avec des amandes locales, dont la culture est relancée depuis une décennie.Dans le sillon de l’amande, la pistache s’implante aussi en Provence, en Occitanie et en Corse, encore timidement mais portée par la volonté des agriculteurs de se diversifier face aux difficultés économiques et au réchauffement climatique.Et si la Californie, géant mondial du secteur, inonde les marchés, les producteurs français mettent en avant conscience écologique et fierté de produits haut de gamme.Dans les ateliers du Roy René, confiserie d’Aix-en-Provence, 50 tonnes d’amandes françaises sont désormais utilisées pour certains produits phares: calissons traditionnels, nougats ou pralines.Quand la maison est rachetée en 2014 par l’entrepreneur Olivier Baussan, elle importe des amandes américaines et espagnoles, rappelle le responsable communication Alexis Bertucat. Rapidement germe l’idée de replanter des amandiers.D’une part pour “retrouver une tradition” remontant au 15e siècle. “Si on fait des calissons à Aix-en-Provence, c’est qu’il y avait des producteurs d’amandes tout autour”, poursuit M. Bertucat.Volonté aussi d’instaurer des circuits courts. “Si on prend des amandes plus proches de chez nous, on fait baisser l’impact carbone.”- “Respectueuse de l’environnement” -La France compte désormais plus de 2.700 hectares d’amandiers, selon des chiffres officiels. La production (fruit débarrassé de sa coque) est d’environ 1.200 tonnes explique à l’AFP le producteur François Moulias.Une récolte qui “continuera d’augmenter” mais restera “toujours faible au regard du marché”, reconnaît-il, évoquant des importations frôlant les 50.000 tonnes.”Avec nos pratiques agronomiques plus vertueuses, on ne peut pas avoir les rendements des Américains”, ajoute M. Moulias indiquant que l’amande française “consomme cinq fois moins d’eau” que la californienne.En 2018, il cofonde avec l’ancien ministre Arnaud Montebourg la Compagnie des Amandes, qui s’associe aux agriculteurs pour planter des amandiers sur leurs terrains. L’entreprise dispose aujourd’hui de 230 hectares de vergers “sur tout l’arc méditerranéen”: Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Hérault et Aude.Une usine de transformation a été lancée en octobre. Elle approvisionne des artisans –chocolatiers, producteurs de nougat ou de macarons –comme Ladurée– et des grandes surfaces. Pour l’industrie cosmétique, les amandes se déclinent en poudre ou en huile.L’ambition: “Apporter au consommateur final une amande plus goûteuse, plus respectueuse de l’environnement et produite localement.”- “Résister aux sécheresses” -Dès 2011, Fabien Dauphin, producteur de cerises, s’est lancé dans l’amande comme “culture de diversification.”Il marche ainsi dans les pas de son arrière-grand-père, qui possédait des amandiers avant que le grand gel des années 1950 ne terrasse la filière.Aujourd’hui, M. Dauphin -président du syndicat des producteurs d’amande de Provence- possède 22 hectares à Cucuron. Ses amandes représentent la moitié de ses revenus, notamment grâce aux ventes en ligne, sur les marchés et dans des épiceries fines.”Ca reste un marché de niche. Nos clients sont souvent des gens à fort pouvoir d’achat”, reconnaît-il.Il réfléchit à se lancer dans la pistache. “C’est vraiment deux filières jumelles: on a besoin du même matériel et surtout, on a les mêmes clients.”Si la pistache française en est à ses débuts –550 hectares plantés, une récolte annuelle de 200 kilos–, dans un bassin méditerranéen enchaînant des records de canicule, la culture apparaît “fortement résiliente face au changement climatique”, explique Benoit Dufay, du Syndicat France Pistache.Le pistachier “résiste très bien aux sécheresses”, poursuit-il, même si pour garantir le rendement il faut “irriguer un minimum.”L’initiative a débuté en 2018 avec des agriculteurs et entrepreneurs locaux. La production s’oriente vers “un marché plutôt premium” valorisant un produit “100% français”.Mais pour des volumes conséquents il faudra attendre: les premières récoltes n’arrivent que six ans après avoir planté et les producteurs cherchent surtout une diversification, explique M. Dufay, dont le syndicat compte 130 adhérents.”Un vigneron qui diversifie, le but, ce n’est pas qu’il arrête totalement la vigne”, plaide-t-il. “Quand vous avez une culture qui ne se porte pas bien une année, vous avez la culture numéro deux qui permet d’assurer quand même un revenu.”

Budget de la Sécu: Lecornu intensifie les consultations à l’aube d’une semaine déterminante

Le Premier ministre Sébastien Lecornu sera à la manœuvre cette semaine pour tenter d’arracher un compromis sur le budget de la Sécurité sociale, de retour dans l’hémicycle à partir de mardi pour une nouvelle lecture décisive.Lundi à la mi-journée, le chef du gouvernement doit rencontrer successivement les responsables du PS et du PCF à Matignon. Il rencontrera également les représentants des écologistes mardi, et ceux du RN mercredi, après avoir vu ceux de Liot et de LR la semaine dernière.M. Lecornu, qui assistera à la discussion générale sur le budget de la Sécu mardi, a par ailleurs prévu des rencontres avec plusieurs organisations patronale et syndicales (Medef, CFDT, FO) et échangera avec des parlementaires sur la défense ou l’énergie, thèmes clés du budget de l’État.Lundi, il a adressé une lettre aux entrepreneurs afin de les rassurer face au “vrai danger pour le pays”: “l’absence de budget”. Il y évoque notamment “un moment de clarification nationale”, où chacun “devra dire où il se situe: avec ceux qui veulent faire tenir le pays, ou avec ceux qui préfèrent le voir vaciller”. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale revient à l’Assemblée dans la version transmise par le Sénat, assez éloignée de celle des députés, puisque les sénateurs en ont rejeté la mesure phare, la suspension de la réforme des retraites, et écarté une piste de recettes arrachée de haute lutte par les socialistes, à savoir la hausse de la CSG sur les revenus du capital.Un premier vote sur la partie “recettes” est attendu dans la semaine, et le vote sur l’ensemble du texte le 9 décembre.Samedi, la commission des Affaires sociales a rejeté le projet de budget, LR votant contre, tandis que le PS s’est abstenu.”On est assez loin d’un accord”, a convenu le président de la commission, Frédéric Valletoux, dont le groupe Horizons devrait hésiter en séance entre vote contre et abstention.Le vote de la commission ne préjuge pas forcément de la suite, mais il témoigne de l’étroitesse du chemin, avec un PS frileux et surtout un “socle commun” de plus en plus timoré.Alors que tout indique que LFI et l’alliance RN-UDR voteront contre, il faudrait, pour que ce budget soit adopté, que les groupes de la coalition gouvernementale l’approuvent, et qu’au minimum le PS et les écologistes s’abstiennent. Ou bien que le PS vote pour, alors que les écologistes semblent de plus en plus tentés de voter contre. – “Vitalité démocratique” -Lundi, les socialistes vont redire au Premier ministre leurs priorités: “défendre le pouvoir d’achat et les services publics, par la contribution des plus fortunés”, a expliqué le président du groupe des députés PS Boris Vallaud au Parisien samedi.Également sur la table: le sujet des franchises médicales, dont le gouvernement souhaite le doublement, à rebours de la gauche, et les exonérations de cotisations sociales, dont le PS souhaite la réduction “plutôt que de mettre à contribution les hauts patrimoines”.Les responsables PS viendront aussi selon M. Vallaud avec un message politique, pour demander à M. Lecornu s’il est “effectivement le chef de cette majorité”, alors qu’ils constatent “une grande dispersion” entre les quatre groupes censés soutenir le gouvernement, “notamment LR et Horizons”.De fait, LR montre peu d’empressement à soutenir le texte: “A l’heure où je vous parle (…) j’ai très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale”, a déclaré le rapporteur général du Budget de l’État Philippe Juvin.Dans sa lettre aux entrepreneurs, le Premier ministre défend la “vitalité démocratique” selon lui à l’œuvre depuis que la dissolution de 2024 qui n’a pas donné de majorité claire. Mais rappelle qu'”aujourd’hui, l’urgence est simple: avoir un budget”. “Je sais déjà que celui-ci ne reflètera pas mes convictions. Il est d’ailleurs bien possible qu’il ne reflètera complètement les convictions de personne. Mais ce budget de compromis issu du Parlement sera la condition pour que la France continue de se tenir à vos côtés”, affirme Sébastien Lecornu.Le gouvernement est décidé à obtenir un vote sur le budget mais la petite musique du 49.3 de se faire de plus en plus insistante, au PS comme chez LR.L’utilisation de cette arme constitutionnelle, abandonnée par M. Lecornu à la demande du PS, permettrait au gouvernement de faire adopter son texte sans que le PS ni LR ne soient obligés de le voter.

Les mineurs clandestins sud-africains face au crépuscule du charbon

En grandissant, Cyprial rêvait de devenir avocat. Adulte, il passe ses journées sous terre, dans une obscurité totale, à piocher la roche d’une mine de charbon clandestine en Afrique du Sud.Le grondement des brouettes résonne dans les tunnels étroits où lui et des dizaines d’autres hommes travaillent depuis l’aube. Certains creusent la paroi rocheuse, leurs faibles lampes frontales perçant à peine l’obscurité.D’autres poussent des charges pesant jusqu’à 100 kilogrammes à pleine vitesse dans les tunnels, puis sur une colline escarpée jusqu’aux camions servant à livrer le charbon à des vendeurs informels dans la ville voisine d’Ermelo, dans la province orientale du Mpumalanga, coeur charbonnier du pays.Ils pénètrent par un tunnel de fortune dans cette colline éventrée abandonnée par une entreprise minière.L’Afrique du Sud figure parmi les principaux producteurs mondiaux de charbon, qui alimente environ 80% de l’électricité du pays.Classé parmi les 12 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde, le pays est devenu en 2021 le premier au monde à signer un accord de partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) avec des pays occidentaux, pour un total de 8,5 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros). Principalement des prêts à conditions préférentielles destinés à financer la production d’énergies moins polluantes.Si la majeure partie de l’électricité est produite dans le Mpumalanga, les habitants disent avoir peu bénéficié de l’exploitation minière à grande échelle. Ils craignent que la transition énergétique ne les laisse à nouveau de côté.- “Artisanaux” ou “illégaux” ? -“Dans le puits, c’est noir comme dans un four. On ne peut même pas voir son doigt,” explique Cyprial, en tirant sur un joint pour l’aider à “faire disparaître toutes (s)es peurs”.”La moitié des jeunes d’ici à Ermelo font ce travail,” affirme cet homme qui s’exprime sous pseudonyme par peur de représailles des autorités.Avec un taux de 34%, le Mpumalanga est encore plus touché par le chômage que le reste du pays.Le charbon d’Ermelo alimente des centrales du pays et de l’étranger mais de nombreux habitants ici vivent dans des cabanes sans accès à l’électricité.”Ce minerai vient de chez nous, mais il est pris pour être vendu ailleurs… alors que les gens d’ici n’en bénéficient pas,” explique Cyprial à l’AFP.Le gouvernement qualifie Cyprial et les autres de “mineurs illégaux”, mais ils préfèrent le terme “mineurs artisanaux”.”Ce charbon, on le transporte vers des habitations pour que des gens puissent l’utiliser pour cuisiner et se chauffer,” déclare Jabulani Sibiya, représentant de l’union des mineurs artisanaux d’Ermelo.L’électricité produite dans le Mpumalanga est trop chère pour de nombreux habitants, une situation qui “n’est pas juste” selon lui.Le président Cyril Ramaphosa a qualifié ces mineurs de “menace” pour l’économie et la sécurité du pays, et les autorités tentent d’éradiquer cette activité. Il y avait plus de 40.000 mineurs clandestins en Afrique du Sud en 2021, d’après les estimations, mais principalement dans des mines d’or.- Transition vraiment “juste” ? -Les mineurs artisanaux d’Ermelo ont demandé un permis minier collectif, mais le processus est coûteux et lent, explique Zethu Hlatshwayo, porte-parole de l’Association nationale des mineurs artisanaux (NAAM).Cette année, le gouvernement a introduit un projet de loi destiné à faciliter la formalisation de l’exploitation minière artisanale. Mais le processus est entravé par la “paperasserie”, déplore Zethu Hlatshwayo.”Il faut avoir un terrain, des permis, une autorisation environnementale,” liste-t-il, en estimant le coût total à trois millions de rands (150.000 euros).Pour lui, une “transition juste” doit permettre aux gens ordinaires d’accéder aux richesses minières de l’Afrique du Sud. Cela corrigerait, d’après Zethu Hlatshwayo, “les injustices du passé”, en référence à l’apartheid, quand la lucrative industrie minière était le domaine réservé des Sud-Africains blancs.L’exploitation minière ne disparaîtra pas avec l’abandon du charbon, tant les matières premières stratégiques présentes dans le sous-sol sud-africain sont nécessaires à la fabrication de panneaux solaires ou de voitures électriques.Il est essentiel “d’inclure la durabilité et les mineurs artisanaux de communautés marginalisées,” plaide Zethu Hlatshwayo. “Ce ne sera pas une transition juste si on est laissés de côté”.

Le “Hollywood sur Danube” hongrois craint de faire les frais des taxes Trump

“Dune”, “Blade Runner 2049”, “The Witcher”: ces blockbusters ont tous été au moins en partie tournés à Budapest, surnommée le “Hollywood sur le Danube”. Mais l’industrie du cinéma hongrois florissante craint de faire les frais des taxes douanières de Donald Trump.”C’est comme une météorite qui se dirigerait vers la Terre : elle peut soit passer à côté de nous soit nous frapper de plein fouet”, estime Karoly Radnai, directeur général du cabinet fiscal hongrois Andersen.”Il n’y a aucun moyen de s’adapter. Si Trump introduit des taxes, ce sera très mauvais pour nous”, ajoute-t-il, alors que cette industrie pèse près d’un milliard de dollars.La capitale hongroise et la Hongrie dans son ensemble sont devenues des lieux de tournage incontournables pour les productions internationales ces 20 dernières années, en particulier pour les studios américains, grâce à des paysages pittoresques, une main-d’œuvre bon marché et un généreux programme de subventions.Or cet âge d’or pourrait cesser du jour au lendemain, si le président américain décide de mettre à exécution sa menace de taxer à 100% les films produits à l’étranger. Avec une centaine de projets par an, la Hongrie est désormais le pays le plus important pour Hollywood en dehors du monde anglophone, en particulier pour les services de streaming, selon Timothy Havens, professeur à l’Université de l’Iowa.”Les séries haut de gamme, avec des éléments visuels spectaculaires, sont leur produit d’appel”, souligne-t-il. Or c’est coûteux, “qu’il s’agisse d’effets spéciaux ou de prises de vue en extérieur”, d’où l’attrait de la Hongrie.Les experts conviennent que cette externalisation a sérieusement nui à la machine cinématographie californienne, mais ils sont sceptiques quant aux bénéfices de la taxation des tournages à l’étranger.”Le modèle actuel est si important pour les résultats financiers de Hollywood que les producteurs trouveront une solution pour contourner les taxes si elles sont mises en oeuvre”, selon M. Havens.Le commissaire du gouvernement hongrois pour le développement de l’industrie cinématographique, Czaba Kael, a affirmé à l’AFP que la question du cinéma avait été soulevée auprès de l’administration Trump dont M. Orban est proche.- “Savoir-faire” -En 2023, quelque 910 millions de dollars ont été dépensés dans le pays pour des productions cinématographiques étrangères, en majorité américaines, selon l’Institut national du film. Un chiffre qui a été multiplié par quatre en cinq ans.Mais il ne s’agit pas que d’argent, selon Czaba Kael qui dirige cet organisme public de soutien aux cinéastes.Il cite ainsi les selfies pris par des stars de passage qui offrent une publicité gratuite au pays de 9,5 millions d’habitants, mais surtout la transmission d’un “savoir-faire” par “les plus grands réalisateurs et directeurs de la photographie” qui a permis au cinéma hongrois de grandir. Dernier exemple en date, la série télévisée historique hongroise “Rise of Raven”, qui a bénéficié d’une diffusion internationale cette année.M. Kael rappelle aussi la percée de professionnels comme la décoratrice Zsuzsanna Sipos, qui a remporté, avec le Canadien Patrice Vermette, l’Oscar de la meilleure direction artistique en 2022 pour son travail sur le premier volet de “Dune” du réalisateur Denis Villeneuve.Les taxes de Donald Trump ne sont pas la seule ombre à peser sur l’industrie hongroise du cinéma qui emploie désormais 20.000 personnes.En juin, le Premier ministre Viktor Orban a pris la décision de suspendre le programme adopté en 2004, qui permet un remboursement de 30% des frais de production locale.Bien que M. Kael se veuille rassurant concernant la reprise de ces subventions, les producteurs hongrois craignent de plus en plus que la situation ne dure, en raison d’une croissance économique à l’arrêt qui pousse le gouvernement à réorienter ses dépenses vers des programmes plus susceptibles de plaire aux électeurs à l’approche des législatives d’avril.”Pour l’instant, les choses fonctionnent encore, mais cela pourrait très facilement s’effondrer”, craint le producteur américano-hongrois Daniel Kresmery, de la société HeroSuared, rencontré fin octobre sur le plateau de tournage d’un film d’horreur au nom tenu encore secret, dans le décor sinistre de l’ancien hôpital psychiatrique de Budapest.

Coup d’envoi apaisé des négociations entre industriels et supermarchés

Pâtes, poulet et calumet de la paix: source d’habituelles tensions sur fond de guerre des prix, les négociations commerciales annuelles entre la grande distribution et l’industrie agroalimentaire démarrent lundi dans un contexte apaisé après la signature d’une charte censée ramener le calme autour de la table.D’ici au 1er mars, trois mois de négociations intenses fixeront les prix et les conditions (modalités de livraison, calendrier promotionnel…) auxquelles les grandes surfaces s’approvisionnent auprès des fabricants.  Ces tractations opposent des distributeurs en quête de prix compétitifs pour attirer les clients, et des industriels invoquant coûts de production et besoins d’investissements. Opaques et sources de tensions, elles sont accusées de tirer vers le bas les revenus des agriculteurs malgré leur encadrement par la loi Egalim.Elles déterminent in fine les tarifs en rayon, uniquement pour les produits de grandes marques (par exemple Nutella de Ferrero, Actimel de Danone, bonbons Haribo…), et non ceux des marques des supermarchés (Carrefour, Marque Repère, U…), qui pèsent plus du tiers des ventes.Mais cette année, les discussions ont commencé avant l’heure, début novembre, pour élaborer une charte commune inédite engageant toutes les parties prenantes, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et cinq organisations d’industriels (Ania, Ilec, Feef, Pact’Alim, et la Coopération agricole).- Des PME mieux considérées -Au terme d’un dialogue “constructif”, aux dires de plusieurs participants, la fumée blanche est sortie dimanche, avec la signature d’un document construit autour de trois thèmes: le respect mutuel lors des échanges, une attention particulière portée aux PME et la valorisation des produits frais et de l’origine des produits.”C’est un signal positif après des années d’hyperinflation. N’oublions pas que l’enjeu de ces négociations est le tarif payé par le consommateur”, a commenté sur LinkedIn Thierry Cotillard, patron du Groupement Mousquetaires/Intermarché.Cette charte “constitue une avancée vers des négociations commerciales plus apaisées et de bonne foi”, s’est félicitée Karima Kaci, directrice générale de Pact’Alim, qui représente 3.000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) de l’industrie alimentaire.Le traitement différencié pour les PME, dont les négociations avec la grande distribution devront être bouclées avant le 15 janvier, a été particulièrement salué par les participants.”Ça veut dire des négociations plus rapides, plus courtes et ça permet de se concentrer sur le développement de l’activité, sur les investissements, sur le développement de produits”, résume auprès de l’AFP Léonard Prunier, de la Feef, qui représente 22.000 PME et ETI.- “Volonté collective” -Mais ce document, non contraignant, résistera-t-il à la guerre des prix?  Dominique Schelcher, le patron de Coopérative U, a dit redouter “des exigences très fortes des multinationales” face aux “postures beaucoup plus raisonnables des PME”, comme ce fut le cas dernièrement, selon lui, pour la négociation sur les chocolats de Pâques 2026.”L’enjeu principal pour les PME et ETI sera que la hausse des tarifs ne puisse être inférieure à la hausse de la matière première agricole. Il en va de notre souveraineté alimentaire”, prévient Karima Kaci.Le lancement prochain, par le Sénat, d’une commission d’enquête sur les marges de la grande distribution, à l’initiative des Ecologistes, pourraient aussi parasiter le processus.En 2025, les industriels de l’agroalimentaire ont obtenu 1,5% de hausse moyenne des prix alors qu’ils demandaient une augmentation moyenne de 5,7%.”Ce n’est pas juste un acte politique, c’est une volonté collective de progresser”, assure Judith Jiguet, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). “On va se donner des clauses de revoyure tout au long de ces trois mois à venir et on fera un bilan ensemble.””Pas de géant”, selon ses mots, ou simple vœu pieu? Le climat des prochains jours apportera de premières réponses.

Supermarchés et fournisseurs s’engagent à mener des négociations apaisées

La grande distribution et les fournisseurs agro-industriels ont-ils enterré la hache de guerre? A la veille du lancement de leurs négociations commerciales annuelles, ils ont annoncé la signature d’une charte inédite afin d’apaiser leurs relations, historiquement conflictuelles.”C’est une avancée dont la filière avait vraiment besoin et depuis longtemps”, a réagi auprès de l’AFP Judith Jiguet, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). “On revit chaque année la même chose, on sort épuisé de part et d’autre de la table”, ajoute-t-elle.Cette charte “constitue une avancée vers des négociations commerciales plus apaisées et de bonne foi”, s’est félicitée Karima Kaci, directrice générale de Pact’Alim, l’une des cinq organisations d’industriels signataires avec l’Ania, l’Ilec, la Feef, et la Coopération agricole.”C’est un signal positif après des années d’hyperinflation. N’oublions pas que l’enjeu de ces négociations est le tarif payé par le consommateur”, a commenté sur LinkedIn Thierry Cotillard, patron du Groupement Mousquetaires/Intermarché.Comme tous les ans démarrent, à compter de lundi, trois mois d’intenses négociations pour fixer les prix et les conditions (modalités de livraison, calendrier promotionnel…) auxquelles les grandes surfaces s’approvisionnent auprès des fabricants. Ces tractations opposent des distributeurs en quête de prix compétitifs pour attirer les clients, et des industriels invoquant coûts de production et besoins d’investissements. Opaques et sources de tensions, elles sont accusées de tirer vers le bas les revenus des agriculteurs malgré leur encadrement par la loi Egalim.Elles déterminent in fine les tarifs en rayon, uniquement pour les produits de grandes marques (par exemple Nutella de Ferrero, Actimel de Danone, bonbons Haribo…), et non ceux des marques des supermarchés (Carrefour, Marque Repère, U…), qui pèsent plus du tiers des ventes.- PME mieux considérées -La charte, initiée par le ministre du Commerce Serge Papin et la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, “pose des principes destinés à instaurer un climat apaisé: échanges respectueux, rendez-vous mieux organisés, modalités adaptées et maintien d’un dialogue suivi tout au long du processus”, selon les parties prenantes.Elle prévoit “un traitement différencié pour les PME”, avec une fin des négociations entre distributeurs et fournisseurs “au plus tard le 15 janvier 2026″ les concernant.”Elles ne sont pas équipées de la même façon que les autres, donc il faut les faire passer avant et il faut les traiter différemment”, justifie Judith Jiguet.”Dans ce cadre, l’enjeu principal pour les PME et ETI sera que la hausse des tarifs ne puisse être inférieure à la hausse de la matière première agricole. Il en va de notre souveraineté alimentaire”, complète Karima Kaci de Pact’Alim, qui représente 3.000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) de l’industrie alimentaire.Le dernier axe de l’accord porte sur “la valorisation des produits frais et la poursuite des démarches visant à favoriser l’information du consommateur, notamment en matière d’origine des produits”.- Clauses de revoyure -Mais ce document, non contraignant, résistera-t-il à la guerre des prix ? Les récentes et féroces négociations sur le chocolat pour Pâques 2026 peuvent instiller le doute.”Ce n’est pas juste un acte politique, c’est une volonté collective de progresser”, assure Judith Jiguet. “On va se donner des clauses de revoyure tout au long de ces trois mois à venir et on fera un bilan ensemble.””Cette charte est une première étape, la prochaine loi Egalim devra être l’occasion d’avancer sur la simplification de la loi, et le renforcement de la sanctuarisation de la matière première agricole”, souligne pour sa part Karima Kaci.Cet accord “est la preuve que des échanges constructifs et un dialogue nourri permettent de converger vers la mise en œuvre de pratiques responsables au service de relations commerciales équilibrées”, se sont félicités dans un communiqué commun les ministres du Commerce Serge Papin et de l’Agriculture Annie Genevard.Avant de rappeler, eux aussi, que “les engagements pris feront l’objet d’un suivi attentif afin d’en garantir l’application et l’efficacité”.