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Les derniers chasseurs-cueilleurs de Thaïlande revendiquent leur droit aux terres

Au coeur d’une forêt du sud de la Thaïlande, un jeune homme court, sarbacane en main, avant de décocher une flèche empoisonnée sur un singe.Le groupe qui l’accompagne s’approche en criant avant que l’animal ne tombe au sol.Cette chasse traditionnelle est toujours pratiquée par les Maniqs, l’un des plus petits groupes ethniques de Thaïlande et les derniers chasseurs-cueilleurs du pays.En voie de sédentarisation, les Maniqs réclament que leur droit de propriété soit reconnu sur les territoires qu’ils occupent depuis des générations mais qui sont à présent régis par les lois de protection de la nature.A 18 ans, Dan Rakpabon est le plus jeune chasseur des Maniqs. Il rapporte son trophée au thap, un abri de bambou au toit de feuilles, dans une clairière de Pa Bon. Il dépèce l’animal au dessus d’un feu pour brûler sa fourrure, puis le découpe avec soin pour répartir la viande en fonction de la taille de chaque famille.”Je suis très heureux à chaque fois que je pars en chasse. C’est notre nourriture”, dit-il.Pourtant, dans cette zone protégée de la forêt thaïlandaise, la chasse est illégale. Un défi que rencontrent de nombreux peuples autochtones dans le monde, sommés d’abandonner leur mode de vie traditionnel et qui doivent se battre pour des terres qu’ils ont toujours occupées.Ils se retrouvent fréquemment victimes des politiques de protection de la nature, même si plusieurs études montrent que leur usage limité des ressources contribue à la préservation de la biodiversité.”Le mode de vie traditionnel des Maniqs n’est pas une inquiétude”, reconnaît Chutiphong Phonwat, qui dirige le centre de protection de la faune sauvage de Banthat. “Ils ne détruisent pas la forêt”. – “Je peux écrire mon nom” -Pendant des siècles, les Maniqs, qui font partie de la branche de population plus large désignée sous le nom de Negritos, ont vécu comme des chasseurs-cueilleurs dans les forêts tropicales de la péninsule malaise, se déplaçant au gré des saisons pour se fournir en nourriture.Ils ne sont plus que 415, dispersés dans les montagnes du sud de la Thaïlande, selon les données de la Fondation pour l’éducation et l’environnement des peuples autochtones.La plupart sont sédentarisés en bordure de forêt, attirés par l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants, comme à Pa Bon, dans la province de Phattalung.Mais la vie moderne requiert de l’argent, contraignant les hommes à travailler sur des plantations d’hévéa pour trois à huit dollars par jour, tandis que les femmes confectionnent des sacs avec des feuilles de pandan pour les vendre.Certains ont des smartphones et les enfants vivent dans un village à 10 kilomètres de l’école.”Un jour mon enfant est venu me voir et m’a dit +Aujourd’hui je peux écrire mon nom+. Entendre cela m’a rendue fière”, indique sa mère, Jeab Rakpabon, qui gagne sa vie en tissant.Pour ces communautés, la chasse est devenue une activité occasionnelle plus qu’un moyen de subsistance.”J’ai grandi en suivant mon père dans la forêt pour chasser et chercher de la nourriture”, indique Tom Rakpabon, chef de la communauté de 40 personnes dont tous les membres se sont vu attribuer le même nom de famille par les autorités.”A présent nous devons acheter du riz, de la viande, des légumes au marché”.Tiraillés entre leurs traditions et le mode de vie moderne, les Maniqs revendiquent des droits de propriété à demeure sur les forêts protégées.”Nous voulons de vraies maisons, des terres pour cultiver les légumes”, dit Jeab Rakpabon. “Les abris de feuilles comme ceux-ci ne sont que temporaires”.- Situation précaire -La forêt est désormais classée comme une zone protégée où la loi thaïlandaise interdit la propriété privée des terres et restreint l’utilisation des ressources. “Les Maniqs, comme tout le monde, doivent respecter la loi de manière égale”, déclare Chalerm Phummai, directeur de l’Office de protection de la Faune de Thaïlande. Selon la réglementation, les communautés autochtones peuvent demander des permis d’utilisation des terres de 20 ans, et plusieurs ont été délivrés. Mais ce processus réduit les groupes autochtones à des occupants temporaires de leurs forêts ancestrales, soulignent les détracteurs. Une communauté Maniq vit depuis plus de 30 ans à Plai Khlong Tong, dans la province de Trang, où elle a établi ses propres plantations d’hévéas et des maisons en bois et en béton sommaires au milieu des arbres imposants.”C’est frustrant de vivre ainsi”, note cependant Thawatchai Paksi, dont la mère a épousé un planteur d’hévéa, impulsant le changement de mode de vie. “Nous avons besoin de permission pour presque tout, même pour couper un arbre ou construire une maison.Vivre sans titre de propriété place les habitants dans une situation précaire, explique le chef du village Sakda Paksi.”Si les Maniq possédaient des terres, on pourrait marcher sur nos deux pieds”.- “Plus rien dans la forêt” –Un groupe de la province de Satun a été réduit à mendier en bord de route, faute de trouver du travail. “Si personne ne nous donne à manger, c’est difficile”, dit leur cheffe, Jin Sri Thung Wa.”Il ne reste plus rien dans la forêt ici, et il n’y a aucun travail”, dit-elle.Les Maniqs se heurtent aussi à des discriminations de la part des Thaïlandais, notamment dans la façon dont ils sont désignés.”Les Maniqs ne sont pas des sauvages,” souligne Tao Khai, un autre chef communautaire. “Nous sommes un peuple de la forêt”.Les propriétaires d’une plantation de caoutchouc et site touristique permettent à son groupe de vivre sur leur territoire, mais ils n’ont pas de champs à cultiver et subsistent grâce à des travaux journaliers dans la région, complétés par la chasse. Chaque matin, un employé de la plantation conduit Duan Srimanang, 13 ans, et des dizaines d’autres enfants à l’école. En raison de ses faibles connaissances, elle étudie avec des enfants de sept ans, mais elle peut maintenant écrire son nom et apprend à lire. “Quand je serai grande, je veux avoir un travail et gagner de l’argent pour pouvoir m’occuper de ma mère et lui rendre la vie confortable et heureuse”, dit-elle.- Droits permanents -En septembre, une nouvelle loi thaïlandaise a créé des “zones ethniques protégées” pour les populations autochtones avec un régime plus flexible.”Les Maniqs n’obtiendront pas la propriété foncière, mais ils auront des droits d’utilisation des terres conformément à leur mode de vie traditionnel”, assure l’anthropologue Apinan Thammasena. “La sécurité foncière ne passe pas forcément par un droit de propriété. Elle peut prendre la forme de droits d’utilisation garantis et permanents des terres”, ajoute-t-il.Mais pour le député Laufang Bandittheodsakul, un membre des tribus Hmong, qui a participé à l’élaboration de la réglementation, les règles environnementales restent en place, ce qui peut potentiellement saper l’impact de ces mesures. “La législation foncière reste largement inchangée”, dit-il, soulignant que le service des forêts devait toujours autoriser l’accès à l’eau, l’électricité et la construction des routes.Tao Khai rentre de la chasse à la plantation d’hévéa, où Duan et ses amis font leurs devoirs éclairés par une lampe torche.”Cette terre nous a été donnée temporairement”, dit-il. “Les Maniqs veulent une maison où ils peuvent vivre pour toujours”.str/sah/slb/ane/lgo/gmo/ptCe reportage est une collaboration entre l’AFP et HaRDstories, avec le soutien du Centre Pulitzer.

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L’anguille, tradition gastronomique japonaise au menu d’un débat mondial sur sa préservation

Attablées dans un restaurant d’anguilles près de Tokyo, quatre amies s’apprêtent à déguster ce plat particulièrement prisé des Japonais, un poisson menacé dont la conservation doit faire l’objet d’un débat international à partir de lundi.”C’est un mets de luxe, qu’on mange pour se faire plaisir ou célébrer une occasion”, explique Yukiko Takahashi, une commerciale de 52 ans.Jusqu’à 85% de la consommation mondiale d’anguille se fait en Asie de l’Est, et notamment au Japon, qui pour répondre à la demande importe massivement: 73% des 61.000 tonnes consommées dans le pays en 2024 venaient de l’étranger.Tokyo voit donc d’un mauvais oeil une proposition de l’Union européenne, du Honduras et du Panama d’inscrire les 17 espèces d’anguille du monde à la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites), qui s’ouvre lundi à Samarcande (Ouzbékistan).En cas d’adoption, le commerce de l’anguille serait plus strictement réglementé.- Cycle de vie encore mystérieux -Le déclin mondial des populations d’anguilles est attribué par les scientifiques à une conjonction de facteurs: pollution des cours d’eau, destruction des zones humides, barrages hydroélectriques et pêche.L’estimation des populations est rendue difficile par le cycle de vie complexe de ce poisson, qui rend aussi sa conservation ardue.L’anguille du Japon, espèce commune à l’Asie de l’Est, se reproduit à l’ouest des îles Mariannes, à 2.000 à 3.000 km des côtes nippones. Ses larves évoluent en civelles (alevins) à l’approche des côtes, puis vivent en eau douce 5 à 15 ans avant de retourner pondre dans l’océan, et mourir.Dans l’archipel, les prises de civelles ont chuté à moins de 10% de leur niveau des années 1960.L’anguille du Japon et les variétés américaine et européenne du poisson -inscrites depuis 2014 sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)- représentent la quasi-totalité de la consommation mondiale.- Mets de luxe -L’anguille, appellée “unagi” au Japon, y est dégustée depuis des millénaires. Elle est généralement consommée en kabayaki, des brochettes grillées et trempées dans une sauce à base de soja et de mirin (alcool de riz).Pour perpétuer cette tradition, les Japonais sont prêts à mettre le prix.”Les clients comprennent que c’est un mets de luxe”, commente derrière les fourneaux le chef Tomoyuki Takashino, avant d’embrocher une anguille qu’il vient de tuer et de découper en filet. Le plat d’unaju, une anguille sur du riz servie dans une boîte en laque, est facturé 5.250 yens (29 euros au cours actuel). M. Takashino dit avoir vu le prix plus que doubler en quinze ans.La quasi-totalité des anguilles consommées au Japon viennent de l’élevage en aquaculture, qui repose entièrement sur la pêche ou l’importation de civelles, le poisson ne se reproduisant pas en captivité.- Impact “considérable” sur la filière -“Nous achetons les civelles, que nous élevons dans ces six bassins”, explique Takayuki Hiranuma, qui dirige la ferme d’aquaculture attenante au restaurant. Derrière lui ondulent 80.000 anguilles, dans une eau maintenue à 30°C et filtrée en permanence. En dix mois d’élevage, leur poids sera multiplié par 1.000, avant qu’elle soient vendues ou cuisinées sur place. Si la proposition d’inscription des anguilles était adoptée, “on dit que le commerce international ne serait plus aussi fluide. C’est un point qui nous inquiète énormément”, admet M. Hiranuma, jugeant que l’impact sur la filière serait “considérable”.Pour cette raison, le gouvernement japonais refuse la proposition de l’UE, s’appuyant notamment sur une étude de l’Université océanographique de Tokyo selon laquelle la population d’anguille du Japon a triplé depuis 1990.Le Japon a également mis en place des systèmes de quotas de pêche et de permis d’élevage, souligne auprès de l’AFP Tetsuya Kawashima, un responsable de l’Agence japonaise de la pêche. “Et nous coopérons avec la Chine, la Corée du Sud et Taïwan, territoires où vit l’anguille du Japon, pour limiter les quantités de civelles capturées et améliorer la gestion des stocks”, ajoute-t-il.Tokyo cite également l’avis d’un groupe d’experts de la FAO  – organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – jugeant “faible” le risque d’extinction des anguilles japonaise et américaine.- “Plus grand crime contre la faune” -Mais pour Andrew Kerr, de l’organisation Sustainable Eel Group (SEG), ces constats ignorent le trafic d’anguilles, qu’il qualifie de “plus grand crime contre la faune” de la planète.”Toutes sortes de stratagèmes sont utilisés pour faire passer une espèce pour une autre. Et ainsi, le trafic peut prospérer”, explique-t-il.L’approvisionnement asiatique a recours à la contrebande de civelles depuis l’UE, qui en a interdit l’exportation en 2010. Quelque 100 tonnes de civelles transiteraient ainsi chaque année, selon Europol.Mais “avec les nombreuses arrestations et démantèlements de chaînes d’approvisionnement illégales, l’arrivage européen a diminué et nous voyons l’essor des expéditions d’anguilles depuis les Caraïbes”, note M. Kerr.L’anguille américaine est “désormais menacée”, souligne-t-il.S'”il ne s’agit pas de leur risque imminent d’extinction”, M. Kerr insiste sur l’enjeu “de créer un sorte d’ordre mondial dans le commerce de l’anguille”. 

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En Guyane, les acteurs publics s’organisent face à l’érosion et la montée des eaux

Alors que la COP30 continue à Belem, les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles en Guyane, à quelques centaines de kilomètres de là, le littoral s’effrite, grignoté par une érosion chronique et menacé par la montée de l’océan Atlantique.”L’océan était beaucoup plus loin avant, à 100 mètres de la maison. Aujourd’hui, l’eau est à moins de 20 mètres”, montre Endrick Behary-Laul-Sirder.Cet habitant de Kourou a vu son quartier de l’Anse se transformer sous l’effet de l’érosion côtière et de plusieurs épisodes de submersions marines survenus entre 2016 et 2019. “Les vagues tapaient contre le portail”, se souvient ce trentenaire, employé du centre spatial.La rue où il habite depuis dix ans n’a plus qu’une seule voie: l’autre a été remplacée par une dune de deux mètres, érigée dans l’urgence par la municipalité.À Kourou, ville sans relief bâtie sur douze kilomètres de littoral, plusieurs quartiers sont directement menacés. “Que le trait de côte soit mouvant, ce n’est pas un problème car c’est endémique à la Guyane, contrairement à la montée de l’eau. On ne lutte pas contre l’océan”, souligne Jean-Paul Malaganne, directeur général adjoint de la ville, chargé de l’urbanisme.Les Guyanais sont habitués à vivre sur l’un des littoraux les plus dynamiques du monde. En cause les centaines de millions de tonnes de sédiments charriés chaque année par l’Amazone.Ces bancs de vase, larges de plusieurs kilomètres, remontent le long du plateau des Guyanes sous l’effet de la houle et du vent. Véritables boucliers naturels, ils amortissent la houle, puis se déplacent de près de 2,5 km par an, laissant parfois les plages à nu.”Dans l’Hexagone, l’érosion est suffisamment lente pour être anticipée”, explique Guillaume Brunier, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). “En Guyane, les échelles sont beaucoup plus rapides. On peut perdre ou gagner plusieurs dizaines de mètres par an.”- Relocaliser des quartiers – Un phénomène qui pourrait s’amplifier, selon le rapport GuyaClimat publié en 2022. Il formule plusieurs scénarios à partir des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), allant d’une hausse du niveau de l’océan Atlantique de 46 cm d’ici à 2100 dans le scénario faible, à jusqu’à 84 cm dans le scénario fort. “Cela générera un plus fort risque de submersion, car la taille et la force des vagues rétractent les vasières (…) In fine, il y aura moins d’espaces tampons”, poursuit Guillaume Brunier.À Kourou, le banc de vase qui amortit les vagues “se sera déplacé d’ici un an et demi à deux ans”, anticipe le BRGM, menaçant à nouveau le front de mer.Dès 2016, la Ville a engagé une stratégie d’adaptation. La première phase, prévue pour septembre 2026, consiste à poser des épis en bois pour casser les vagues “afin de donner une marge de 20-30 ans aux riverains”, détaille Jean-Paul Malaganne.Mais la seconde phase sera plus radicale: la relocalisation. Environ 400 familles, soit 10% de la population kouroucienne, devront déménager, estime la mairie. À l’extrême nord-ouest de la Guyane, la commune amérindienne d’Awala-Yalimapo a, dès 2019, inscrit dans ses documents d’urbanisme la relocalisation d’une partie des habitations, en sanctuarisant du foncier pour les futurs déplacés climatiques.Outre Kourou et Awala-Yalimapo, la Collectivité territoriale de Guyane élabore un plan d’adaptation au changement climatique, prévoyant des zones de repli dans son schéma d’aménagement régional révisé.Mais les élus disent se heurter à un cadre souvent inadapté. La loi Littoral interdit par exemple toute construction en continuité interrompue de l’urbanisation.”Quand il va falloir recomposer les communes exposées, un enjeu très important sera de pouvoir construire sans continuité de l’urbanisation”, souligne pourtant Juliette Guirado, directrice de l’Agence d’urbanisme de la Guyane.S’y ajoutent des contraintes budgétaires. Prévu dans le projet de loi de finances de 2025, le fonds national pour l’adaptation des communes littorales à l’accélération de l’érosion n’a finalement pas vu le jour. Pas plus qu’une taxe additionnelle sur les locations saisonnières de bord de mer, qui aurait pu rapporter annuellement 180 millions d’euros.Pourtant, l’enjeu est colossal. En effet, selon une étude présentée en juin lors d’un séminaire sur le changement climatique, le coût national de l’adaptation est évalué à 2,3 milliards d’euros par an, contre cinq milliards pour les dommages.

En Guyane, les acteurs publics s’organisent face à l’érosion et la montée des eaux

Alors que la COP30 continue à Belem, les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles en Guyane, à quelques centaines de kilomètres de là, le littoral s’effrite, grignoté par une érosion chronique et menacé par la montée de l’océan Atlantique.”L’océan était beaucoup plus loin avant, à 100 mètres de la maison. Aujourd’hui, l’eau est à moins de 20 mètres”, montre Endrick Behary-Laul-Sirder.Cet habitant de Kourou a vu son quartier de l’Anse se transformer sous l’effet de l’érosion côtière et de plusieurs épisodes de submersions marines survenus entre 2016 et 2019. “Les vagues tapaient contre le portail”, se souvient ce trentenaire, employé du centre spatial.La rue où il habite depuis dix ans n’a plus qu’une seule voie: l’autre a été remplacée par une dune de deux mètres, érigée dans l’urgence par la municipalité.À Kourou, ville sans relief bâtie sur douze kilomètres de littoral, plusieurs quartiers sont directement menacés. “Que le trait de côte soit mouvant, ce n’est pas un problème car c’est endémique à la Guyane, contrairement à la montée de l’eau. On ne lutte pas contre l’océan”, souligne Jean-Paul Malaganne, directeur général adjoint de la ville, chargé de l’urbanisme.Les Guyanais sont habitués à vivre sur l’un des littoraux les plus dynamiques du monde. En cause les centaines de millions de tonnes de sédiments charriés chaque année par l’Amazone.Ces bancs de vase, larges de plusieurs kilomètres, remontent le long du plateau des Guyanes sous l’effet de la houle et du vent. Véritables boucliers naturels, ils amortissent la houle, puis se déplacent de près de 2,5 km par an, laissant parfois les plages à nu.”Dans l’Hexagone, l’érosion est suffisamment lente pour être anticipée”, explique Guillaume Brunier, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). “En Guyane, les échelles sont beaucoup plus rapides. On peut perdre ou gagner plusieurs dizaines de mètres par an.”- Relocaliser des quartiers – Un phénomène qui pourrait s’amplifier, selon le rapport GuyaClimat publié en 2022. Il formule plusieurs scénarios à partir des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), allant d’une hausse du niveau de l’océan Atlantique de 46 cm d’ici à 2100 dans le scénario faible, à jusqu’à 84 cm dans le scénario fort. “Cela générera un plus fort risque de submersion, car la taille et la force des vagues rétractent les vasières (…) In fine, il y aura moins d’espaces tampons”, poursuit Guillaume Brunier.À Kourou, le banc de vase qui amortit les vagues “se sera déplacé d’ici un an et demi à deux ans”, anticipe le BRGM, menaçant à nouveau le front de mer.Dès 2016, la Ville a engagé une stratégie d’adaptation. La première phase, prévue pour septembre 2026, consiste à poser des épis en bois pour casser les vagues “afin de donner une marge de 20-30 ans aux riverains”, détaille Jean-Paul Malaganne.Mais la seconde phase sera plus radicale: la relocalisation. Environ 400 familles, soit 10% de la population kouroucienne, devront déménager, estime la mairie. À l’extrême nord-ouest de la Guyane, la commune amérindienne d’Awala-Yalimapo a, dès 2019, inscrit dans ses documents d’urbanisme la relocalisation d’une partie des habitations, en sanctuarisant du foncier pour les futurs déplacés climatiques.Outre Kourou et Awala-Yalimapo, la Collectivité territoriale de Guyane élabore un plan d’adaptation au changement climatique, prévoyant des zones de repli dans son schéma d’aménagement régional révisé.Mais les élus disent se heurter à un cadre souvent inadapté. La loi Littoral interdit par exemple toute construction en continuité interrompue de l’urbanisation.”Quand il va falloir recomposer les communes exposées, un enjeu très important sera de pouvoir construire sans continuité de l’urbanisation”, souligne pourtant Juliette Guirado, directrice de l’Agence d’urbanisme de la Guyane.S’y ajoutent des contraintes budgétaires. Prévu dans le projet de loi de finances de 2025, le fonds national pour l’adaptation des communes littorales à l’accélération de l’érosion n’a finalement pas vu le jour. Pas plus qu’une taxe additionnelle sur les locations saisonnières de bord de mer, qui aurait pu rapporter annuellement 180 millions d’euros.Pourtant, l’enjeu est colossal. En effet, selon une étude présentée en juin lors d’un séminaire sur le changement climatique, le coût national de l’adaptation est évalué à 2,3 milliards d’euros par an, contre cinq milliards pour les dommages.

Une compagnie de police controversée visée par de nouvelles plaintes

Plusieurs plaintes, dont une pour “actes de torture”, ont été déposées contre une compagnie de policiers opérant en Seine-Saint-Denis, déjà touchée par plusieurs scandales ces dernières années et dont la dissolution avait été annoncée, a appris jeudi l’AFP, confirmant plusieurs informations de presse.L’affaire a d’abord été révélée par les journaux Libération et L’Humanité, qui s’en sont fait l’écho mardi. Selon leurs récits, deux hommes, âgés de 15 ans et 24 ans et ne se connaissant pas, ont subi le 12 septembre des violences, insultes et humiliations de la part de policiers de la controversée compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) de Seine-Saint-Denis.Jeudi, la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué pour demander le démantèlement de cette compagnie “structurellement à la dérive”, dont quatre policiers avaient été condamnés en juin 2023 pour faux procès verbaux et, pour deux d’entre eux, violence volontaire en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique.Promise à la dissolution par l’ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, la compagnie a finalement été réorganisée et replacée sous l’autorité de la CSI de Paris.Sollicitée par l’AFP, la préfecture de police de Paris a renvoyé vers le parquet de Bobigny en charge du dossier.Selon les plaintes déposées devant l’IGPN et le parquet de Bobigny mi-septembre par le jeune âgé de 15 ans, que l’AFP a consultées, l’adolescent s’était réfugié dans un local poubelle en voyant des policiers et en entendant des tirs de mortiers à proximité de son immeuble.Alors qu’il se cache, il est interpellé et l’un des policiers lui assène “une dizaine de coups de poing avec des gants coqués” et l’insulte, selon l’une des plaintes, qui mentionne également dans le fourgon où il était menotté, des “coups au visage” avec une matraque de la part d’un policier tandis qu'”un autre le frappait à l’aide d’une bombe lacrymogène métallique à de multiple reprises”.”Durant ces violences, un des policiers filmait le mineur et lui demandait d’imiter le bruit d’un animal après chacun des coups portés” et notamment “de miauler puis d’aboyer”.Selon l’avocat du garçon, Me Pierre Brunisso, l’acte de torture se justifie par “la volonté d’humiliation” et “la durée” des violences.Dans sa plainte, la seconde victime présumée a indiqué que l’un des policiers en moto l’a “percuté volontairement avec sa roue avant sur le côté gauche de (s)a moto” après qu’il venait de descendre, comprenant que les policiers qui le suivaient “étaient là pour (lui)”. Il a ensuite reçu un coup de poing et est “tombé par terre, inconscient”.Il a ensuite repris conscience dans le véhicule où il a assisté aux coups donnés par “quatre policiers” sur l’adolescent.Interrogé par l’AFP, le parquet de Bobigny n’a pas donné suite.

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L’administration Trump planifie une expansion massive du forage d’hydrocarbures offshore

L’administration de Donald Trump a dévoilé jeudi un plan pour autoriser le forage de pétrole et de gaz sur des millions de kilomètres carrés dans les eaux côtières américaines, une démarche qui pourrait aboutir à une expansion massive de l’extraction d’énergies fossiles.Ce plan confirme le décalage croissant entre les Etats-Unis, qui boudent la COP30 au Brésil, et une grande partie du reste du monde qui tente de limiter les effets du changement climatique. Le projet prévoit d’ouvrir au forage 34 concessions dans les eaux du Golfe du Mexique – que M. Trump appelle Golfe d’Amérique -, au large de la Californie et le long de la côte nord de l’Alaska – dans une zone vierge qui n’a jamais été forée auparavant.Au total, plus de 500 millions d’hectares seraient accessibles à l’industrie pétrolière et gazière, une surface équivalente à celle de l’Amazonie.Avec ce plan, “nous garantissons que l’industrie offshore américaine reste forte, que nos travailleurs restent employés et que notre nation reste dominante sur le plan énergétique pour les décennies à venir”, a vanté le ministre américain de l’Intérieur, Doug Burgum, en reprochant à la précédente administration Biden d’avoir “freiné les concessions pétrolières et gazières offshore”.Même sous Joe Biden, qui avait fixé des objectifs climatiques ambitieux aux Etats-Unis et mis en place des restrictions sur le forage, la production américaine de pétrole a atteint des sommets historiques.Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump qualifie lui régulièrement le changement climatique d'”arnaque”. Il a méthodiquement défait la politique environnementale de son prédecesseur, s’est retiré de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement planétaire, et martèle qu’il veut forer des hydrocarbures à tout va.Le projet dévoilé jeudi risque toutefois de se heurter à des oppositions, dont celle du gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui a immédiatement dénoncé un “plan idiot de Trump”.”Cette tentative irresponsable de vendre notre littoral à ses donateurs pétroliers est vouée à l’échec”, a-t-il assuré dans un communiqué, alors que son Etat interdit de longue date les nouveaux forages offshore.”Nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour protéger notre littoral”, a-t-il promis.Les Etats touristiques bordant le Golfe du Mexique, encore marqués par le souvenir de la gigantesque marée noire causée en 2010 par l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, risquent également d’objecter. Le sénateur républicain de Floride Rick Scott a par exemple exprimé son opposition sur X.

Milipol 2025: quand l’innovation défie les menaces hybrides

Drones, désinformation, intrusions: face aux conflits hybrides, la sécurité ne se joue plus seulement au bout d’un fusil, comme le montrent les innovations présentées cette semaine au salon international de la sécurité intérieure Milipol près de Paris.- “Bulle” anti-drones-La start-up française Alta Ares présente sa “bulle” anti-drones inspirée du Dôme de fer israélien, une solution intégrale combinant radar, imagerie sur drone et drones intercepteurs. Il est utilisé en Ukraine où Alta Ares est implantée depuis 2023 pour arrêter les drones Shahed qui terrorisent les villes ukrainiennes, précise Eloi Delort, chargé des affaires publiques. Doté de l’IA intégrée, le système permet d’arrêter 5 à 6 drones sur 10, contre 3 sur 10 sans IA, précise-t-il en ajoutant que la technologie a été “validée sur le terrain”. Entraîner l’IA avec de la donnée réelle “fait la différence”.Les clients manifestent un intérêt croissant, “parce que malheureusement, c’est un sujet qui va préoccuper au-delà de l’Ukraine”.L’entreprise estonienne Defsecint, spécialisée dans la lutte contre les drones, a le même atout ayant installé dès 2022 un hub technologique en Ukraine. Face à la “guerre hybride”, le système anti-drone doit être “permanent ou déployable en très peu de temps” pour protéger frontières, infrastructures critiques (ports, centrales électriques) ou évènements publics comme festivals ou matchs de foot, dit à l’AFP Viido Naruskberg, responsable des programmes spéciaux de Defsecint.Le système intègre différents capteurs — radar, caméras, acoustique, radiofréquence — pour obtenir une vision complète du ciel avant de suggérer à l’opérateur la meilleure solution d’interception (drones, brouillage, leurrage…). La solution cumule les technologies émergentes d’Ukraine et celles d’Europe occidentale permettant de “réagir en quelques semaines aux nouvelles menaces”, souligne le responsable. Selon Marianne Rénaux, membre du jury Milipol innovation Awards qui a sélectionné ces entreprises, “combiner les capteurs multiples, détecter les signaux faibles et entraîner l’IA en environnement réel” constitue une avancée majeure. – Déjouer la désinformation –  L’entreprise israélienne Brinker décompose les récits malveillants et propose des contre-mesures à ses clients (gouvernements, ONG ou entreprises): retrait de contenus, démarches juridiques ou contre-récits basés “sur l’intelligence émotionnelle”. “Les faits ne comptent plus malheureusement” pour contrebalancer la désinformation, déclare à l’AFP Daniel Ravner, cofondateur et patron de Brinker.”Les campagnes d’influence basées sur la désinformation représentent le plus grand problème au monde” et manipuler l’information est “un front de guerre”, estime-t-il, citant parmi les “champions” Russie, Chine, Iran et Corée du Nord.   Brinker ne se limite pas aux outils classiques de vérification: elle s’intéresse aux discours problématiques, vrais ou faux, et à leur potentiel de création de chaos.- Ballon dirigeable – Pour surveiller les sites industriels sensibles, la start-up française Lium a développé un ballon dirigeable Horis “avec des systèmes de caméras embarquées et de l’IA qui va détecter départ de feu, fuite de gaz et intrusion”, explique le cofondateur Guilain Yvon.  Avec une résolution bien supérieure à celle des satellites et une autonomie de plusieurs semaines, le ballon envoie les alertes aux agences de sécurité et peut être utilisé à la fois en surveillance permanente et en gestion de crise.L’objectif est d’éviter les catastrophes comme l’incendie de Lubrizol à Rouen en 2019 ou l’explosion du port à Beyrouth en 2020, souligne Guilain Yvon.- Mini-caméra portable -Connectée au smartphone, la mini-caméra portable du néerlandais Phonecam filme et localise celui qui la porte, puis transmet en temps réel les menaces le visant, à un prix de 160 euros. “La Phonecam utilise la batterie et les capteurs de votre smartphone. Elle ne devient pas obsolète” car est mise à jour avec le téléphone, explique Jorge Iribarren, un responsable. – Tissu ignifuge qui respire -La norvégien Daletec innove dans les tissus ignifuges, mélange de fibres naturelles et synthétiques.Agréables au toucher, ces tissus de camouflage sont plus robustes tout en restant légers et confortables pour policiers ou militaires “qui passent toute la journée sur le terrain”, souligne le responsable du groupe, Erlend Hesjedal-Johannessen.

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ExxonMobil relance son projet gazier géant au Mozambique, suspendu plusieurs années

Le groupe pétrolier américain ExxonMobil a annoncé jeudi la reprise de son projet d’exploitation gazière offshore au Mozambique, suspendu depuis plusieurs années à cause d’une insurrection jihadiste.”Nous avons levé la force majeure concernant la zone 4 du projet de Rovuma LNG” –dans lequel ExxonMobil détient une participation indirecte de 25%–, a indiqué le groupe, affirmant que cette décision permettait de “rester sur la trajectoire” du projet dont la production devrait commencer en 2030.Cette notion juridique est invoquée lorsque des conditions exceptionnelles empêchent la poursuite d’un chantier, et l’exécution des contrats qui y sont liés.Une insurrection jihadiste dans la province du Cabo Delgado (nord du Mozambique) a fait plus de 6.200 morts depuis 2017, d’après l’ONG Acled, qui collecte des données sur les zones de conflit.Mais c’est une offensive jihadiste dans la ville de Palma en mars 2021 (environ 800 morts d’après l’Acled), qui a poussé les groupes pétroliers à suspendre leurs projets respectifs dans la région.D’après le site internet du groupe américain, la zone 4 est opérée par une société commune baptisée Mozambique Rovuma Venture (MRV).Celle-ci est détenue à 70% par un consortium qui comprend ExxonMobil, l’Italien ENI et le Chinois CNPC, tandis que XRG (Abou Dhabi), KOGAS (Corée du Sud) et Empresa Nacional de Hidrocarbonetos détiennent 10% chacun.”Nous travaillons avec nos partenaires et avec le gouvernement du Mozambique pour assurer la sécurité de nos employés et de nos infrastructures”, a poursuivi le groupe de Spring (Texas).Il a précisé que la planification était en cours de finalisation et que la décision finale d’investissement devrait intervenir dans le courant de l’année 2026.- 18 millions de tonnes -Le projet Rovuma LNG va “produire, liquéfier et distribuer du gaz naturel” par le biais de douze modules d’une capacité de 1,5 million de tonne par an (MTA) chacun, représentant une capacité totale de 18 millions de MTA par an, explique le groupe sur son site.Il prévoit également la construction d’infrastructures à terre.Darren Woods, patron d’ExxonMobil, a rencontré fin octobre le président du Mozambique Daniel Chapo au siège du groupe au Texas, ce qui a donné lieu à une “session très productive”.”Nous avons un très bon concept de projet sur lequel nous sommes en train d’avancer. La situation sécuritaire s’est grandement améliorée”, avait-il déclaré le 31 octobre, ajoutant être en train de faire comme son concurrent TotalEnergies.Le groupe français a en effet annoncé le 25 octobre avoir levé la force majeure et la reprise de son propre projet gazier – qui représente un investissement de 20 milliards de dollars – dans ce pays d’Afrique australe après quatre ans de suspension.Il espère reprendre la production en 2029, sous réserve de l’approbation par le gouvernement de son nouveau plan.Il a aussi réclamé au gouvernement du Mozambique une prolongation de dix ans de la concession et une compensation pour le surcoût lié au retard, qu’il chiffre à 4,5 milliards de dollars, selon une lettre dont l’AFP a obtenu copie le 26 octobre.Questionné jeudi par l’AFP, ExxonMobil n’a pas indiqué s’il comptait également demander une contrepartie.Le Mozambique a annoncé mercredi auditer les pertes causées par la suspension du projet du groupe français.En janvier 2020, le président mozambicain d’alors, Filipe Nyusi, avait annoncé vouloir créer un fonds souverain destiné à investir dans l’économie du pays qui serait alimenté par les revenus promis par l’exploitation gazière.De gigantesques réserves sous-marine de gaz se trouvent au large du Cabo Delgado et devaient à l’origine faire de Maputo l’un des principaux exportateurs au monde à l’horizon 2025.

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Après un incendie, dernière journée pour débloquer la COP30 en Amazonie

Retardées par un incendie, les chaotiques négociations climatiques de la COP30 entre près de 200 pays entrent vendredi dans leur dernier jour dans l’Amazonie brésilienne, sans consensus en vue entre des camps qui restent très opposés sur les énergies fossiles.”Au feu!” Le site à Belem a été évacué une large partie de la journée jeudi à cause d’un incendie, faisant perdre de précieuses heures au pire moment. Il n’a rouvert que dans la soirée, après une inspection des pompiers. Les négociations, déjà mal engagées, ne doivent reprendre pleinement que vendredi matin.C’est le troisième incident perturbant la conférence de l’ONU, démarrée la semaine dernière dans cette grande ville emblématique de l’Amazonie urbaine. Une incursion de manifestants indigènes puis le blocage de l’entrée avaient déjà désorganisé les travaux du sommet, organisé par le Brésil avec l’ONU.Le feu a éclaté vers 14H00 heure locale (17H00 GMT) en plein cœur du site temporaire érigé au Parque da Cidade, constitué d’immenses tentes climatisées. “Sortez!” ont crié des participants affolés en se ruant vers les sorties.En quelques minutes, de hautes flammes ont consumé une partie du toit dans le secteur des stands nationaux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le pavillon de la communauté d’Afrique de l’Est est l’un de ceux détruits par le feu. L’incendie a été maîtrisé en six minutes, selon les organisateurs. Dix-neuf personnes ont été prises en charge par les secours à cause des fumées, et deux pour des crises d’anxiété, selon le ministère de la Santé.Pour cette première COP en Amazonie, les Brésiliens avaient choisi comme mascotte un gardien de la forêt du folklore brésilien, Curupira, aux cheveux en forme de flamme. – “Détresse émotionnelle” -“Les difficultés opérationnelles juste avant le démarrage de la COP pouvaient laisser penser que ce type d’incident puisse se produire”, a confié à l’AFP une source proche de l’organisation, sous couvert d’anonymat.Le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell, s’était plaint dans une lettre aux Brésiliens, au début de la conférence, de problèmes de sécurité, de climatisation et de fuites d’eau.”Cela aurait pu arriver n’importe où dans le monde”, s’est défendu Celso Sabino, ministre brésilien du Tourisme, sur place.Mais de multiples participants ont signalé des problèmes de systèmes de câblages électriques ces derniers jours. L’AFP a constaté dans son propre espace de travail des fuites d’eau venant du plafond pendant les fortes pluies tropicales quotidiennes. Deux sources ont rapporté avoir entendu de l’organisation qu’une surcharge électrique avait causé le feu, mais les autorités n’ont pas encore communiqué sur sa cause.Il y a eu “des personnes en état de détresse émotionnelle et de choc”, a témoigné Kimberly Humphrey, spécialiste en médecine d’urgence, participant à la COP avec Doctors for the Environment Australia.- Blocages sur les fossiles -“Cela va retarder le processus” alors que c’est le “moment crucial”, a regretté Windyo Laksono, un délégué indonésien.La présidence brésilienne de la conférence, déjà en retard sur son calendrier, a la lourde tâche de mettre d’accord sur une série de textes 194 pays et l’Union européenne, membres de l’accord de Paris, pour une adoption par consensus, toujours une épreuve.L’une des idées les plus conflictuelles est poussée par plus de 80 pays européens, latino-américains ou insulaires: acter une “feuille de route” pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, afin d’aller plus loin que l’engagement à une sortie progressive des énergies fossiles pris à la COP28 il y a deux ans.Le président brésilien Lula l’a remise au centre du jeu mercredi lors de sa visite à Belem.Mais selon un négociateur sous couvert d’anonymat, la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Nigeria et le Russie s’y sont fermement opposés.Et cette “feuille de route” ne figurait pas dans le projet d’accord présenté aux délégations jeudi, et obtenu par l’AFP.Une trentaine de pays, dont la France, l’Allemagne et la Colombie, jugent cela inacceptable et ont menacé de bloquer le projet, dans une lettre adressée au président de la conférence, André Correa do Lago.

In U-turn, US rights report to track gender changes, DEI

In a sharp change, the United States said Thursday that its signature human rights report would start tracking countries that support gender changes for children and diversity and equity programs.First launched nearly 50 years ago, the State Department’s annual report on human rights practices has long attempted to offer comprehensive accounts of abuses overseas, often …

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