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A Sarreguemines, l’ “immense tristesse” après le suicide de Sara, 9 ans

Des roses blanches sur les grilles de l’école, des parents angoissés face au harcèlement scolaire: une “immense tristesse” frappe Sarreguemines (Moselle) après le probable suicide de Sara, 9 ans. Lundi matin, une dizaine de parents se sont rassemblés devant l’école Montagne Supérieure, située à Beausoleil, un quartier parsemé de logements sociaux entourés de verdure.”On a passé un week-end horrible, on n’arrive pas à dormir”, témoigne une mère de famille, refusant de donner son nom. “J’ai vu une photo de son visage. Et depuis, je m’imagine, je me mets à la place de sa mère. Comment elle va vivre avec cette douleur?”, ajoute-t-elle en évoquant Sara.La petite fille, scolarisée en CM2, a été retrouvée morte à son domicile samedi. Elle avait laissé un mot d’adieu à ses proches.Devant son école, un bâtiment orange d’un étage, des parents d’élèves se sont regroupés “en soutien” à sa famille mais aussi pour exprimer leur “inquiétude” et leur “colère” après le drame qui a frappé cette ville de 20.000 habitants située non loin de la frontière allemande.Plusieurs parents ont été reçus par les services du rectorat et une cellule d’écoute a été mise en place.”La tristesse de toute la communauté éducative est immense, la mienne aussi”, a déclaré à la presse le recteur de Nancy-Metz, Pierre-François Mourier, précisant avoir reçu les parents de Sara, “dévastés mais en même temps d’une extraordinaire dignité”. “Je souhaite évidement que tout l’éclairage soit fait. Il y a une enquête de police, il y aura des conclusions, et il est hors de question que quoi que ce soit, s’il y a quoi que ce soit, reste sous le tapis. Je m’y engage”, a déclaré M. Mourier.Selon des sources policières à l’AFP, Sara subissait, aux dires de sa mère, des railleries de ses camarades de classe en raison de son surpoids et elle avait déjà évoqué un passage à l’acte.Interrogé à ce sujet, le parquet a dit n’avoir “aucune information laissant penser qu’elle aurait évoqué un potentiel passage à l’acte” et a dit rester “très prudent” au sujet d’un éventuel harcèlement.- “Ils se moquaient” -“En classe, elle rigolait, elle était joyeuse un peu, mais des fois (d’autres enfants) l’insultaient”, raconte Abnor 9 ans, camarade de classe de Sara.”C’était souvent pas en classe mais après l’école quand on partait vers la route”, explique-t-il, ajoutant, “ils se moquaient”.”C’est pas gentil, (…) On est dans un établissement scolaire c’est pour apprendre, pour avoir un bon métier, avoir des sous, c’est pas un endroit pour harceler. Ni ici ni partout dans le monde”, commente l’enfant.Selon une proche de la famille de Sara, qui a voulu garder l’anonymat, un signalement du harcèlement avait déjà été effectué auprès de l’établissement. Pour la mère d’Abnor, “les enfants et les parents doivent être entendus”.”Quand nos enfants reviennent et nous disent qu’ils se sont fait embêter, on a beau leur dire de le dire au maître ou à la maîtresse, ça ne bouge pas. On va plus loin, on voit la directrice, on fait ce qui est en notre pouvoir. Mais on ne peut pas faire plus”, déplore une autre mère.Des roses blanches ont été accrochées aux grilles de l’établissement avant d’être retirées dans la matinée.Yoann Simon, un habitant de Forbach, à une vingtaine de km de là, est de ceux qui ont apporté une rose, confiant avoir “mal au coeur pour la famille”. “Il faut faire bouger les choses, le harcèlement ça devrait être puni”, observe-t-il.Selon une vaste enquête menée en novembre 2023, dans le sillage d’un plan interministériel contre le harcèlement scolaire, 5% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement. Mère de deux enfants en CE1, Elsa Deichel-Bohrer explique être venue devant l’école de Sara pour soutenir “la famille de la petite”, mais aussi “les élèves, parce qu’ils ne doivent pas comprendre ce qu’il s’est passé”. Pour elle, il faudrait “leur parler plus que trois heures par an de harcèlement”.

Le gouvernement Lecornu 2 s’installe, pour combien de temps?

Le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu, mêlant ministres politiques et techniciens, s’installe lundi mais pour combien de temps ? L’objectif du Premier ministre est d’éviter une censure possible dès cette semaine s’il n’annonce pas aux socialistes une suspension de la réforme des retraites.Après des passations de pouvoir que Matignon a souhaité “sobres”, sans presse ni invités, le chef du gouvernement réunit ses nouveaux ministres à 14H30 à Matignon, où il livrera quelques mots d’introduction pour marteler sa priorité de “donner un budget à la France d’ici la fin de l’année” et d’essayer de sortir le pays d’une crise politique inédite.Un premier Conseil des ministres doit se tenir mardi matin à l’Elysée. Le gouvernement y présentera les deux projets de budget, de l’Etat et de la Sécurité sociale, afin qu’ils puissent être transmis dans les temps au Parlement.Parallèlement, la commission des Finances de l’Assemblée nationale, présidée par le député LFI Eric Coquerel, commencera ses auditions.L’objectif est de garder le déficit en dessous des 5% du PIB, au lieu de 4,7%, a confirmé la nouvelle porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. Un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d’euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions.L’heure de vérité sera la déclaration de politique générale que le Premier ministre a prévu de prononcer mardi à 15h00. Les socialistes y attendent notamment la suspension “immédiate et complète” de la réforme des retraites de 2023.- Corde raide -Démissionnaire en début de semaine dernière, reconduit vendredi au terme d’une mission éclair auprès des forces politiques, Sébastien Lecornu est sur une corde raide. Le RN et LFI comptent le censurer dès cette semaine. Tout dépendra donc du PS.Depuis l’Egypte, où il assiste au sommet sur Gaza, Emmanuel Macron a appelé les forces politiques à “se ressaisir” et à “oeuvrer à la stabilité”, au lieu de “faire des paris sur l’instabilité” dans une allusion à ceux qui espèrent une dissolution de l’Assemblée ou une présidentielle anticipée.Lors d’une réunion avec les chefs de parti vendredi, le président de la République avait esquissé une concession: un décalage dans le temps de “la mesure d’âge” de départ à la retraite (passage progressif à 64 ans), symbole de son deuxième quinquennat.Mais ce geste reste insuffisant aux yeux de la gauche, qui veut à la fois une suspension de la mesure d’âge légal et de l’accélération de la hausse du nombre de trimestres cotisés. Sur ce point, les socialistes vont plus loin que la CFDT, dont la priorité est de “figer l’âge légal” selon sa patronne Marylise Léon.Sébastien Lecornu a présenté dimanche soir tard une équipe composée de nouveaux visages: huit de la société civile et 26 issus de forces politiques, dont 11 du parti présidentiel Renaissance. Les six ministres de droite ont été aussitôt exclus du parti Les Républicains (LR) de Bruno Retailleau qui avait donné pour consigne – contestée par les députés – de ne pas entrer dans l’équipe Lecornu 2.L’ex Première ministre Elisabeth Borne, auteure de la réforme des retraites qu’elle a proposée elle-même de suspendre, laisse sa place à l’Education à l’ancien directeur général de l’Enseignement scolaire Edouard Geffray.Le locataire de Matignon a, lui, passé la main aux Armées à l’ex-ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin. Il a confirmé une hausse des dépenses militaires, jugeant “indispensable” d'”accélérer (le) réarmement” du pays face au “durcissement” du monde.- “Fond de tiroir” -Moins attendu, alors que Sébastien Lecornu ne souhaitait pas s’entourer de personnalités ayant des ambitions présidentielles, Gérald Darmanin a été renommé garde des Sceaux.Avant de se rendre à Matignon lundi à l’heure du déjeuner, il a annoncé se mettre “en congé de (ses) activités partisanes”.Après les prises de distance successives de la droite et de la plupart de ses alliés centristes durant le week-end, le Premier ministre a remercié ceux qui “s’engagent dans ce gouvernement en toute liberté, au-delà des intérêts personnels et partisans”. Ce nouvel exécutif de 34 ministres a toutefois une durée de vie qui pourrait être limitée. Le gouvernement “va évidemment tomber”, a pronostiqué Jean-Luc Mélenchon lundi, le leader de La France insoumise estimant que les socialistes allaient voter la motion déposée dans la matinée par le groupe LFI.Le RN a également déposé lundi une motion de censure et votera celle des insoumis – l’inverse n’étant pas vrai.Le président du parti d’extrême droite Jordan Bardella s’en est pris à un PS qui tente “de se faire acheter” sur les retraites pour ne pas voter la censure d’un gouvernement de “fond de tiroir”.A ses yeux, une “victoire symbolique” sur les retraites n’est pas prioritaire sur la dissolution réclamée par “une majorité de Français”.

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Les récifs coralliens ont franchi un “point de basculement” climatique

Le monde est au seuil d’une “réalité nouvelle” sous l’effet du changement climatique, et ses récifs coralliens ont quasi certainement franchi un point de basculement catastrophique, avertissent des chercheurs dans une étude de référence publiée lundi.Une équipe internationale de quelque 160 scientifiques s’est penchée sur l’état de santé de la planète en scrutant des “points de basculement” potentiels qui pousseraient ses écosystèmes au bord du gouffre. Si ces points sont franchis, un effet domino de catastrophes en cascade, souvent irréversibles, peut se déclencher.”Malheureusement nous sommes désormais quasi certains que nous avons franchi un de ces points de basculement pour les récifs coralliens tropicaux d’eaux chaudes”, dit à l’AFP l’auteur principal, Tim Lenton, chercheur en sciences de l’environnement de l’université d’Exeter (Royaume-Uni).À 1,4°C de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle, ces récifs “subissent un dépérissement sans précédent, affectant la subsistance de centaines de millions de personnes qui en dépendent”, ainsi que la survie d’un million d’espèces marines, concluent les scientifiques dans l’étude.Depuis la dernière édition de leurs travaux en 2023, ils ont observé une mortalité des coraux “sans précédent”. Les récifs connaissent actuellement un épisode massif de blanchissement, signe de dépérissement, en cours depuis deux ans.- “Zone de danger” -Les coraux – barrières contre l’érosion et réservoirs de biodiversité, qui stockent également le carbone – blanchissent sous l’effet de la chaleur, ce qui les rend particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. Dans des océans plus chauds, ils expulsent les micro-organismes qui leur donnent leurs couleurs vives et leur fournissent leur nourriture, finissant par mourir de faim.Les coraux morts ne laisseront que des squelettes sans tissus vivants, qui seront recouverts progressivement par des algues et colonisés par des organismes plus simples, avant de s’éroder et se briser.Les chercheurs estiment qu’avec à 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle, la vaste majorité des coraux seront condamnés. Ce seuil sera franchi dans quelques années sauf réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.Cette limite de réchauffement, la plus ambitieuse de l’Accord de Paris (2015) est “sur le point de s’effondrer”, a récemment alerté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.Et la dépasser placerait “le monde dans une zone de danger encore plus grand”, affirme Tim Lenton.Le moment de la publication n’est pas choisi au hasard. Les négociateurs du monde entier se réunissent à Brasilia pour une pré-COP lundi et mardi, un mois avant l’ouverture de la grande conférence sur le climat à Belém.- Solaire et éolien -Depuis deux ans, les signes vitaux de la Terre se sont dégradés. D’autres seuils pourraient également être franchis prochainement avec la fonte irréversible des calottes glaciaires polaires, l’effondrement de courants océaniques cruciaux ou le dépérissement de la forêt amazonienne, où se tiendra la COP30. “Nous nous approchons rapidement de points de basculement planétaires multiples qui pourraient transformer notre monde, avec des conséquences dévastatrices pour les humains et la nature”, met en garde Tim Lenton.”Cela exige des mesures immédiates et inédites des dirigeants à la COP30 et des responsables politiques dans le monde”, juge-t-il.Mais les scientifiques soulignent aussi des avancées ces deux dernières années sur des points de basculement “positifs” susceptibles d’entraîner des effets favorables au climat en cascade.Certains secteurs ont déjà franchi ce seuil qui rend leur développement irréversible: énergies solaire et éolienne devenus bons marchés à travers le monde et adoption des véhicules électriques, batteries de stockage d’électricité ou pompes à chaleur sur certains marchés.D’autres technologies qui n’ont pas encore atteint ce stade semblent prometteuses, comme l’hydrogène ou l’ammoniac verts.

Nouveau gouvernement: “On attend des actes”, déclare Sophie Binet (CGT) à l’AFP

La CGT jugera le nouveau gouvernement sur ses “actes” et en premier lieu sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites, a déclaré lundi à l’AFP sa secrétaire générale Sophie Binet.Il y a une “attente très forte de rupture, avec des actes forts et immédiats notamment concernant la réforme des retraites”, a expliqué la dirigeante du deuxième syndicat français à la veille de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu.”Est-ce que le Premier ministre va enfin s’émanciper du président de la République et couper le cordon avec le patronat ? Pour l’instant on ne le voit pas”, estime-t-elle.Sur les retraites, elle s’inquiète de “la stratégie déployée depuis l’Elysée d’essayer de s’en sortir avec une nouvelle manœuvre de diversion, à savoir le décalage (dans le calendrier d’application de la réforme, ndlr). Ça voudrait dire confirmer les 64 ans avec une application qui serait seulement décalée de quelques mois, au mépris de la mobilisation de millions de travailleurs et travailleuses”.Pour la dirigeante syndicale, “la suspension, ça doit être le blocage de la réforme à 62 ans et 9 mois et 170 trimestres, un blocage immédiat qui ensuite permet au parlement de prendre ses responsabilités et de pouvoir voter sur l’abrogation dans un deuxième temps”.Concernant le nouveau ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, connu pour avoir négocié des accords avec les syndicats à la tête de la SNCF, “la question, c’est quelle va être sa marge de manoeuvre”.”Ce que l’on attend, ce sont des actes”, a ajouté la syndicaliste.”Est-ce que son mandat, c’est d’enterrer la réforme de l’assurance chômage, de trouver un chemin pour mener à l’abrogation de la réforme des retraites? Ou est-ce que tout va être décidé depuis Bercy” à partir d'”objectifs budgétaires” ?, a-t-elle détaillé.La leader de la CFDT Marylise Léon a de son côté estimé lundi sur TF1 que la nomination de M. Farandou était un “bon signal”. Sophie Binet rappelle toutefois que l’ancienne ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet “avait pris position initialement contre la réforme de l’assurance chômage et s’est retrouvée quand même à être la ministre du Travail qui a publié une lettre de cadrage pour nous imposer une réforme”. “On voit que le profil initial ne suffit pas à protéger contre ce genre de choses”, conclut-elle.

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Dieselgate: cinq constructeurs jugés à Londres, des milliards en jeu

Le procès hors norme de cinq géants de l’automobile, dont Renault et Peugeot-Citroën, s’est ouvert lundi à Londres, dernier épisode du scandale mondial des voitures diesel truquées, qui pourrait ouvrir la voie à des milliards de livres d’indemnisation.L’allemand Mercedes, le japonais Nissan et l’américain Ford sont les trois autres mis en cause dans cette procédure britannique, qui s’ouvre pour trois mois devant la Haute Cour. Tous nient les faits.Dans ce vaste dossier, qui a donné lieu à l’ouverture de procédures civiles et pénales dans le monde entier –par exemple en Allemagne, en France, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud– les plus grands fabricants automobiles sont suspectés d’avoir manipulé des véhicules pour passer les contrôles antipollution, notamment les émissions d’oxydes d’azote (NOx).La Londonienne Rosamund Adoo Kissi-Debrah, dont la fille de neuf ans, Ella, est morte en 2013 d’une grave crise d’asthme, depuis reconnue par la justice comme liée à la pollution de l’air, a tenu à être présente, avec une vingtaine d’autres manifestants, devant le tribunal.”Le médecin légiste a dit que si nous n’avions pas eu des niveaux illégaux de pollution de l’air là où nous vivons, non seulement elle n’aurait pas eu d’asthme, mais elle ne serait pas morte cette nuit-là”, a-t-elle déploré auprès de l’AFP. Elle attend “des excuses” des constructeurs.- “Tous les constructeurs” -“Des millions de voitures diesel circulent encore sur nos routes et rendent nos enfants malades”, ajoute, à ses côtés, Jemima Hartshorn, qui espère que le procès attirera l’attention du gouvernement sur la nécessité de “retirer ces voitures de nos routes”.Volkswagen, auquel le nom du Dieselgate est souvent associé, a reconnu dès 2015 avoir commercialisé plus de 11 millions de véhicules dans le monde équipés d’un logiciel détectant les phases de test pour diminuer ses émissions. Il a déjà réglé une facture dépassant les 30 milliards d’euros, dont la plus grande part aux Etats-Unis.Le constructeur allemand avait été reconnu coupable en 2020 par la Haute Cour de Londres d’avoir mis en place un “logiciel truqueur”. Sans reconnaître sa responsabilité, il avait mis fin aux procédures deux ans plus tard en réglant à l’amiable 193 millions de livres (222 millions d’euros).Mais l’affaire “est beaucoup plus large que Volkswagen: elle concerne presque tous les constructeurs” qui vendent des voitures au Royaume-Uni, affirme à l’AFP Martyn Day, du cabinet d’avocats Leigh Day, principal représentant des plaignants, pour qui les indemnisations pourraient se compter en “milliards de livres”.- “Manipulation” -Car l’issue du procès pourrait faire jurisprudence et s’appliquer aux autres constructeurs qui font l’objet de plaintes, comme Volkswagen-Porsche, Vauxhall-Opel, Jaguar Land Rover, BMW, FCA-Suzuki, Volvo, Hyundai-Kia, Toyota et Mazda. En tout, 1,6 million de conducteurs demandent compensation dans le pays.”Le plus important pour nous est de convaincre que toutes ces voitures sont équipées de dispositifs de manipulation” des émissions, a résumé à l’AFP M. Day peu avant l’ouverture du procès lundi.Adam Kamenetzky, un Londonien de 45 ans, estime avoir été “trompé” lorsqu’il a choisi en 2018 un SUV Mercedes gris, spécifiquement parce qu’il était censé être moins polluant. Selon lui, le véhicule est en réalité bien plus nocif, ce qui fait aussi baisser sa valeur.Présent à l’ouverture, il entend “demander des comptes” aux marques automobiles.Sollicités par l’AFP, Ford et Mercedes rejettent des “allégations sans fondement”. Renault et Stellantis, la maison-mère de Peugeot et Citroën, assurent que les véhicules vendus étaient tous “conformes” aux réglementations. Nissan n’a pas souhaité faire de commentaire.Le procès se concentrera d’abord sur la responsabilité des constructeurs, avant une éventuelle seconde procédure à partir d’octobre 2026 concernant les indemnisations.

“Peu déstabilisable”, Cédric Jubillar va être interrogé sur la nuit de la disparition de son épouse

Décrit lundi matin par un psychiatre comme “peu déstabilisable”, tout en étant fragilisé par des “angoisses d’abandon”, Cédric Jubillar doit donner, dans la foulée, sa version de la nuit de la disparition de son épouse qu’il est accusé d’avoir tuée.L’expert a examiné l’accusé à deux reprises et a décrit devant la cour d’assises du Tarn une “organisation défensive de sa personnalité”, un homme “impulsif” mais “peu déstabilisable”, qui a “une grande maîtrise de ses émotions”.Parallèlement, a souligné le psychiatre, l’enfance chaotique de Cédric Jubillar peut avoir fait de lui “un colosse aux pieds d’argile”, travaillé par des fragilités persistantes: “les angoisses d’abandon, ce sont des choses qui restent et mettent l’adulte en difficulté”.Dans la dernière ligne droite de ce procès, qui entre dans sa quatrième semaine, avocats généraux et parties civiles ont questionné le psychiatre sur la colère qu’aurait pu ressentir l’accusé face à la relation extraconjugale de son épouse ou sur sa mémoire parfois défaillante à propos de certains points. C’est “compliqué pour lui de parler de choses qui peuvent être émotionnellement difficiles pour lui”, a souligné le psychiatre.- “Abîme” -Vendredi, pendant les premières heures de son interrogatoire récapitulatif, le peintre-plaquiste de 38 ans est resté fidèle à son comportement depuis le début du procès: globalement stoïque, avec quelques signes de nervosité mais toujours des réponses directes, souvent courtes et peu développées. Et alors qu’il doit donner des explications sur la nuit du 15 au 16 décembre 2020, au cours de laquelle l’infirmière de 33 ans a disparu sans jamais être retrouvée, “il ne donne pas l’impression de mesurer l’abîme qui s’ouvre devant nous”, a estimé l’un des avocats des parties civiles, Laurent de Caunes, décrivant un accusé qui donne “une apparence très lisse et très évasive”.”C’est intéressant de voir qu’il choisit de ne pas répondre, ou de répondre le strict minimum, quand on sait que c’est un être exubérant, prolixe, un être qui, en dehors de la cour d’assises, a une grande gueule”, a analysé vendredi soir l’avocat de plusieurs cousins, oncles et tantes de la disparue, Mourad Battikh.Ni défense ni parties civiles ne s’attendent lundi à un rebondissement majeur. “Je n’ai aucune inquiétude sur les propos que tiendra Cédric Jubillar lundi”, a confié l’un de ses avocats, Alexandre Martin, “parce que depuis le début cet homme a toujours la même version sur ce qu’il a fait cette nuit-là”.”On n’obtiendra rien de Cédric Jubillar à cette audience”, a estimé Me Mourad Battikh. “La culture de l’aveu, ce n’est pas ce que l’on attend de ce procès”, a-t-il dit.- “Vérité judiciaire” -“Nous, ce qu’on attend, c’est qu’il y ait une vérité judiciaire qui s’exprime au regard des éléments du dossier (…) qui sont quand même très accablants”, a ajouté Me Battikh, en référence aux témoignages et aux indices recueillis comme les lunettes de Delphine, cassées, sa voiture changée de sens pendant la nuit, les cris de femme entendus dans la nuit…La semaine écoulée a notamment été marquée par le témoignage de la mère de l’accusé, Nadine Jubillar, qui a raconté comment, quelques semaines avant la disparition de sa belle-fille, Cédric lui aurait dit: “J’en ai marre, elle m’énerve, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne va la retrouver”, ce que l’accusé a en partie reconnu.”C’est une expression que j’utilise fréquemment”, s’est défendu Cédric Jubillar, en référence aux menaces également proférées à deux amis, avant de marteler, comme depuis le début du procès: “Je n’ai jamais fait de mal à Delphine.”Le reste de la semaine sera consacré aux plaidoiries des parties civiles et de la défense, ainsi qu’au réquisitoire des deux avocats généraux désignés pour ce procès où près de 90 personnes ont été entendues, dont 65 témoins et 11 experts.Le verdict est attendu vendredi. Cédric Jubillar encourt la réclusion à perpétuité.

Gouvernance de Gaza: la France jouera son “rôle” en soutien à l’Autorité palestinienne, assure Macron

Le président français Emmanuel Macron a assuré lundi que la France jouerait un “rôle tout particulier” pour veiller à ce que l’Autorité palestinienne soit intégrée à la future gouvernance de Gaza, insistant sur la représentation des Palestiniens dans ce processus.”Il est prévu que la France ait un rôle dans cette phase” de négociation de la suite du plan Trump pour Gaza, et “que nous soyons associés à cette gouvernance”, a-t-il dit en arrivant à Charm el-Cheikh en Egypte pour un sommet sur l’accord de paix en présence de Donald Trump.”Sur les questions de gouvernance, nous allons avoir un rôle tout particulier pour être au côté de l’Autorité palestinienne et veiller à ce qu’elle ait sa part, mais aussi qu’elle fasse ses réformes pour le jour d’après”, a-t-il ajouté.Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas sera “présent à ce sommet”, qui coïncide avec la libération des derniers otages détenus dans l’enclave, a-t-il ajouté, un “très bon signal” selon lui. “C’est la reconnaissance du rôle de l’Autorité palestinienne comme instance légitime”, a-t-il estimé, en plaidant pour que les Palestiniens soient “au cœur de la gouvernance de Gaza”.Plus d’une vingtaine de dirigeants sont attendus au sommet de Charm el-Cheikh, auquel le Hamas ne participera pas. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, initialement non attendu, participera finalement au sommet.Emmanuel Macron a aussi appelé à ne “pas oublier” la Cisjordanie, qui fait l’objet d’une colonisation accélérée par Israël, et à poursuivre les efforts pour la création d’un Etat palestinien, au côté de celui d’Israël.Il faut “faire le lien entre Gaza et la Cisjordanie” et “nous assurer qu’il y a un chemin pour permettre les deux Etats, la seule perspective politique qui permet véritablement une paix durable”, a-t-il insisté.Côté sécurité, Emmanuel Macron a indiqué que les Européens allaient “monter en charge” dans la formation des policiers palestiniens à Gaza mais que la France ne participerait pas à la force de stabilisation qui doit être mise en place. Il existe un “consensus” pour avoir “surtout des forces régionales et peut-être des contributions de certains pays comme l’Indonésie”, a-t-il dit. Ces pays demandent toutefois que cela se fasse dans un “cadre international”, c’est-à-dire à l’ONU, a-t-il insisté.La France co-organisera une conférence sur l’aide humanitaire à Gaza avec l’Egypte, qui l’accueillera, “dans les prochaines semaines”, a-t-il également précisé.

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Ce glacier résistait au réchauffement, est-il en train de succomber?

Le Groenland fond, les Alpes fondent, l’Himalaya fond, mais il existe une partie du monde où des glaciers massifs sont restés stables, voire ont gagné en masse, ces dernières décennies.Ces glaciers-là se répartissent sur le “toit du monde”, des milliers de kilomètres de chaînes de hautes montagnes en Asie centrale (Karakoram, Tien Shan, Kun Lun, Pamir). Et c’est au Tadjikistan dans les montagnes du Pamir qu’une longue et complexe expédition d’une douzaine de scientifiques financée par le Swiss Polar Institute et la fondation Ice Memory s’est rendue en septembre et octobre, accompagnée en exclusivité par un photographe de l’AFP.Il a fallu traverser en 4X4 le Tadjikistan d’ouest en est pendant quatre jours, puis monter à pied à plus de 5.800 mètres d’altitude sur la calotte glaciaire de Kon Tchoukourbachi, un dôme de glace tout près de la frontière chinoise.Pendant une semaine au sommet, par des températures glaciales et malgré une journée de blizzard, les scientifiques venus de Suisse, du Japon, des Etats-Unis et du Tadjikistan ont foré le glacier pour en extraire deux carottes de glace de 105 mètres, par tronçons.Ces couches de glaces compactées pendant des siècles, peut-être des millénaires, sont un trésor d’archive climatique car elles renseignent sur les chutes de neige, les températures, l’atmosphère et les poussières du passé.”Seule l’analyse en laboratoire le confirmera, mais nous espérons que la carotte sera exceptionnelle non seulement pour la zone, mais pour toute la région, probablement 20, 25 ou 30.000 ans”, confie à l’AFP Evan Miles, le glaciologue des universités de Fribourg et Zurich qui a mené l’éprouvante expédition, tout en restant très prudent.En remontant dans le temps, les chercheurs espèrent répondre à deux questions: pourquoi ces glaciers ont-ils résisté au réchauffement général? Et cette anomalie est-elle en train de prendre fin? “Toute cette région est unique au monde car les glaciers ont perdu très, très peu de masse depuis 25 ans, voire en ont gagnée”, explique Evan Miles.Des chercheurs pensent que l’anomalie de Karakoram, selon son nom officiel, prend fin. Les glaciers montrent en effet des signes de perte depuis quelques années, mais les scientifiques veulent déterminer s’il s’agit d’une variation naturelle, ou du début du vrai déclin.Pour en être certain, il faut une très longue période de mesures, “ce que les carottes peuvent nous fournir”, dit Evan Miles.Une conférence de presse célèbrera lundi à Douchanbé le succès de la mission. Une carotte sera expédiée au Japon, l’autre stockée dans un sanctuaire souterrain en Antarctique à la station Concordia, par -50°C, à la demande d’Ice Memory.Cette fondation, créée en 2021 par des universités et centres de recherche français, italien et suisse, a déjà collecté plusieurs carottes dans les Alpes, au Groenland, dans les Andes… Pourquoi les stocker dans ce sanctuaire en Antarctique? Pour permettre “aux scientifiques du futur de les analyser avec les outils les plus modernes dans 50, 100 ou 200 ans, et d’en extraire de nouvelles informations”, explique à l’AFP le climatologue suisse Thomas Stocker, ancien vice-président d’un groupe d’experts du climat de l’ONU (Giec), qui préside Ice Memory.”Nous perdrons probablement 90% de la masse des glaciers sur Terre”, rappelle-t-il. “Nous tentons de préserver une chose menacée par les activités humaines”.

Le gouvernement Lecornu 2 entre en fonction, pour combien de temps?

Le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu, mêlant ministres politiques et techniciens, entre en fonction lundi, avec l’objectif d’éviter une censure possible dès cette semaine si le Premier ministre n’annonce pas aux socialistes une suspension de la réforme des retraites lors de sa déclaration de politique générale mardi.Après des passations de pouvoir que Matignon a souhaité “sobres”, sans presse, sans invités et en intérieur, le chef du gouvernement réunira ses nouveaux ministres à Matignon à 14H30. Leur priorité sera de “donner un budget à la France d’ici la fin de l’année”, et d’essayer de sortir la France d’une crise politique inédite.Un premier conseil des ministres doit se tenir mardi matin. Le gouvernement y présentera un projet de budget avec “un objectif de déficit inférieur” à 5% du PIB selon la nouvelle porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, afin qu’il puisse être transmis au Parlement pour être débattu dans les temps impartis. Mais l’épreuve de vérité aura lieu dès mardi après-midi avec la déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale.Démissionnaire en début de semaine dernière, reconduit vendredi au terme d’une mission éclair auprès des forces politiques, Sébastien Lecornu est sur une corde raide. Le RN et LFI comptent le censurer dès cette semaine. Tout dépendra alors des socialistes, qui exigent du Premier ministre l’annonce d’une suspension de la réforme des retraites pour ne pas le faire chuter.Depuis l’Egypte, où il assiste au sommet sur Gaza, Emmanuel Macron a appelé lundi les forces politiques à “oeuvrer à la stabilité” et non à “faire des paris sur l’instabilité” dans une allusion à ceux qui espèrent une dissolution de l’Assemblée ou une présidentielle anticipée.Lors sa réunion avec les chefs de partis vendredi, le chef de l’Etat avait évoqué pour la première fois un décalage dans le temps de “la mesure d’âge” de départ à la retraite (passage progressif à 64 ans), symbole de son deuxième quinquennat. Mais ce geste reste insuffisant aux yeux de la gauche qui veut à la fois une suspension de la mesure d’âge légal et de l’accélération de la hausse du nombre de trimestres cotisés. Sur ce point, les socialistes vont plus loin que la CFDT, dont la priorité est de “figer l’âge légal” selon sa patronne Marylise Léon.- Equipe renouvelée -Sébastien Lecornu a présenté dimanche soir tard une équipe composée de nouveaux visages, dont huit de la société civile, et 26 issus de forces politiques, dont 11 du parti présidentiel Renaissance. Mais les six ministres de droite ont été aussitôt exclus du parti Les Républicains (LR) de Bruno Retailleau qui avait donné pour consigne – contestée par les députés – de ne pas entrer dans l’équipe Lecornu 2.Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, succède à Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, le PDG sortant de la SNCF Jean-Pierre Farandou est nommé au Travail, et l’ex-directeur général de l’Enseignement scolaire Edouard Geffray à l’Education, succédant à Elisabeth Borne qui quitte le gouvernement.Plusieurs ministres, déjà présents dans les gouvernement Bayrou ou Barnier, demeurent en place.Moins attendu, alors que Sébastien Lecornu ne souhaitait pas s’entourer de personnalités ayant des ambitions présidentielles, Gérald Darmanin a été renommé garde des Sceaux. Il a annoncé se mettre “en congé de (ses) activités partisanes”.Après les prises de distance successives de LR et de la plupart de ses alliés centristes durant le week-end, Sébastien Lecornu a remercié ceux qui “s’engagent dans ce gouvernement en toute liberté, au-delà des intérêts personnels et partisans”. Ce nouvel exécutif de 34 ministres, beaucoup moins resserré qu’annoncé, a toutefois une durée de vie qui pourrait être limitée. Le gouvernement “va évidemment tomber”, a pronostiqué Jean-Luc Mélenchon lundi, le leader de La France insoumise estimant que les socialistes allaient voter la motion de censure déposée dans la matinée par le groupe LFI.Le RN a également déposé lundi une motion de censure et votera celle de LFI – l’inverse n’étant pas vrai – pour faire chuter le gouvernement.Le président du RN Jordan Bardella s’en est pris à un PS qui tente “de se faire acheter” sur la réforme des retraites pour ne pas voter la censure d’un gouvernement de “fond de tiroir”. A ses yeux, une “victoire symbolique” sur la réforme des retraites n’est pas prioritaire sur la dissolution de l’Assemblée réclamée par “une majorité de Français”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

De la décharge au podium: au Kenya, les vêtements de seconde main ont leur défilé de mode

Dans une allée poussiéreuse du plus grand marché en plein air du Kenya, des mannequins défilent dans des tenues audacieuses fabriquées à partir de textiles collectés dans des décharges et de vêtements de seconde main n’ayant pas trouvé preneur.Chaque année, des milliers de tonnes d’habits d’occasion en provenance d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs arrivent dans le pays d’Afrique de l’Est, qui en 2023 a dépassé le Nigeria pour devenir le plus grand importateur africain de ce genre de marchandises, selon une étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology).Des milliers de ballots atterrissent donc dans l’immense marché Gikomba de Nairobi, aux toits couverts de tôle. Un après-midi ensoleillé d’octobre, une importante foule s’y rassemble pour voir des mannequins défiler. Sur leurs corps, des pièces issues de ballots jusqu’ici jugés invendables ou immettables.”Quoi ? Ils ont amélioré nos vêtements !”, s’exclame un commerçant alors que les modèles glissent sur un podium en bois.Le défilé de mode, Gikomba Runway Edition (“La piste de Gikomba”), le premier du genre, fait la part belle aux jeunes stylistes kényans, dont Morgan Azedy, un spécialiste du recyclage.Le talent du designer s’exprime dans sa maison d’une seule pièce, où un ventilateur vrombit tandis qu’il fait tourner sa machine à coudre. “Je vois toujours la saleté de l’environnement autour de moi”, explique le jeune homme de 25 ans, rencontré par l’AFP avant le défilé.Sur le podium, sa collection “Kenyan Raw” (“Brut kényan”) met en avant deux thèmes marquants : le streetwear en jean et un look gothique entièrement confectionné à partir de cuir recyclé provenant de décharges et de rejets de la fripe.- “Pollution” -En utilisant ces vêtements usagés, Morgan Azedy affirme vouloir “réduire la pollution”.L’industrie mondiale de la mode est particulièrement nocive pour la planète, représentant jusqu’à 10% des émissions de gaz à effet de serre, selon la Banque mondiale.Alors que le Kenya a importé environ 197.000 tonnes de vêtements d’occasion en 2023, d’une valeur de 298 millions de dollars (256 millions d’euros), selon l’étude du MIT, l’Environment for development (EfD), un centre de recherche, estime que plus de 30% de ces textiles sont inutilisables et finissent directement dans les décharges, aggravant le problème de pollution du pays.La plupart des vêtements modernes sont fabriqués à partir de matériaux synthétiques comme le nylon et le polyester, qui sont essentiellement du plastique. Ils ne sont donc pas biodégradables. Et leur volume augmente toujours plus, parmi les autres déchets au Kenya.Olwande Akoth, une styliste exposant ses pièces recyclées de kimonos, vendait autrefois ces vêtements d’occasion. Mais elle s’est découragée. “C’est juste des ordures”, soupire-t-elle.L’Afrique de l’Est importe environ un huitième des habits de seconde main du monde, fournissant des emplois à environ 355.000 personnes, selon une étude réalisée en 2017 par l’agence d’aide du gouvernement américain, USAID, démantelée cette année par l’administration Trump.Une bénédiction pour les ménages les plus pauvres, qui trouvent ainsi des vêtements très peu chers. Mais en contrepartie, l’industrie textile locale se retrouve face à une concurrence aux prix inégalables.- “Originalité” -Des pays comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda ont donc cherché à restreindre ces importations. Mais ils se sont heurtés à l’AGOA, un accord commercial entre Washington et le continent africain permettant en retour d’exporter certains produits “made in Africa” aux États-Unis sans droits de douane. En 2016, la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), dont ces pays font partie, a pensé interdire les vêtements de seconde main, mais a reculé face aux craintes de perdre l’accès privilégié au marché américain.L’AGOA a expiré fin septembre. Son renouvellement par l’administration du président américain Donald Trump reste très incertain.Pour l’œil créatif de Morgan Azedy, les inconvénients des accords commerciaux, ces montagnes de vêtements s’accumulant dans des décharges, constituent toutefois un trésor. D’autant qu’acheter du tissu neuf est simplement “trop cher”, dit-il.Entre ses mains, un pantalon en jean surdimensionné a été transformé en une veste à étages et à volants associée à un pantalon évasé et des chaussures à plateforme.Un souci d'”originalité” qui lui a permis de présenter sa collection à la Fashion Week de Berlin l’année dernière.Après avoir habillé plusieurs musiciens régionaux, Morgan Azedy rêve désormais encore plus grand : il veut emmener ce que d’autres considèrent comme des déchets textiles aux grands messes de la mode de Paris et New York.