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Cédric Jubillar condamné à 30 ans de réclusion pour le meurtre de sa femme Delphine

Cédric Jubillar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle vendredi pour le meurtre de sa femme Delphine, dont le corps n’a jamais été retrouvé depuis sa disparition près d’Albi fin 2020.Le peintre-plaquiste de 38 ans a regardé impassible la présidente énoncer le verdict, mains serrées sur l’ouverture vitrée du box. La peine prononcée par la cour d’assises du Tarn est conforme aux réquisitions des avocats généraux. Sa défense a immédiatement annoncé qu’elle faisait appel.Epilogue d’un procès hors normes de quatre semaines, cette décision est tombée au terme d’environ six heures de délibéré.  “Est-il coupable d’avoir, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines donné volontairement la mort à Delphine Aussaguel épouse Jubillar?”. Au moins sept des neuf membres de la cour, composée de trois magistrats et six jurés, ont répondu oui à cette question.A l’énoncé du verdict, la famille et les proches de Delphine se sont étreints et embrassés sur les quatre bancs des parties civiles qu’ils occupaient en rangs serrés. Certains pleuraient également, tandis qu’un oncle de Delphine a fait un malaise. “On est tous sous le choc après quatre ans de procédure”, s’est réjoui un avocat des parties civiles, Me Philippe Pressecq. “Les jurés ont été à la hauteur de l’enjeu pendant ces quatre semaines”, a-t-il dit, “c’est parce qu’ils ont bien suivi et bien compris le dossier qu’ils ont pris une décision incontestable.”Juste avant que la cour d’assises du Tarn se retire pour délibérer vendredi peu après 09H00, Cédric Jubillar avait réaffirmé, comme il n’a eu de cesse de le clamer, n’avoir “absolument rien fait à Delphine”. Visage blême et yeux cernés, il avait lancé cette seule phrase, après quelques regards vers la salle et avoir été invité par la présidente Hélène Ratinaud à s’exprimer une dernière fois, comme le prévoit le Code de procédure pénale.Au bout de quatre semaines de ce procès ultramédiatisé, le ministère public avait requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’ouvrier en bâtiment. Sa défense réclamait son acquittement. – “Tapis rouge à l’erreur judiciaire” -Lors de leurs plaidoiries jeudi, les deux avocats toulousains qui défendent Cédric Jubillar depuis sa mise en examen et son placement en détention en juin 2021, s’étaient efforcés de semer le doute dans l’esprit des jurés. Alors que parties civiles et avocats généraux estimaient qu’un “pétage de plomb” de l’accusé a pu conduire au meurtre de l’infirmière de 33 ans, Me Emmanuelle Franck avait souligné qu'”un pétage de plomb, c’est ce qu’on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu’on ne contrôle rien, on éclabousse tout”. Or, avait-elle insisté, il n’y a aucune trace.”La conviction des gendarmes dès le premier jour” a empêché la manifestation de la vérité et le procès n’a fait que dérouler un “tapis rouge à l’erreur judiciaire”, avait plaidé Me Alexandre Martin.Depuis sa première prise de parole le 22 septembre au premier jour du procès, l’accusé, stoïque dans son box mais secoué de mouvements nerveux, avait invariablement martelé qu’il n’avait rien à voir avec la disparition de la mère de ses deux enfants.- “Le crime parfait attendra” -Pour les parties civiles et l’accusation, sa culpabilité ne faisait en revanche aucun doute. L’avocat général Pierre Aurignac avait estimé que “pour défendre l’idée de l’innocence de M. Jubillar, il faut écarter quatre experts, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur” qui a établi que la mère de famille n’a pas quitté son domicile la nuit de sa disparition.”Le crime parfait attendra, avait-il ajouté, le crime parfait, ce n’est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n’est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar.”

Dermatose: la France suspend pour 15 jours ses exportations de bovins

“Coup de massue” pour les éleveurs: face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé vendredi de suspendre les exportations d’animaux vivants pendant quinze jours, alors que la France est le premier exportateur mondial.En 2024, la France a envoyé à l’étranger 940.000 broutards, des bovins de quatre à quinze mois destinés à produire de la viande, et 356.000 veaux de moins de deux mois de type laitier, selon l’Institut de l’élevage.Cela représente plus d’un milliard d’euros selon les chiffres agrégés des douanes, sur les 2,8 milliards d’euros générés en 2024 par les exportations d’animaux vivants et de génétique.Ces animaux partent principalement en Espagne et en Italie pour être engraissés, pour parfois revenir en France à l’abattage. Ces deux pays frontaliers ont aussi enregistré des cas de dermatose nodulaire contagieuse, l’Italie quelques jours avant l’arrivée de la maladie en France en juin et l’Espagne plus récemment.”Pour 15 jours, nous fermons les marchés à l’export. Il n’y aura pas de sortie d’animaux en dehors du territoire national”, a confirmé la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en déplacement dans le Jura, où trois foyers ont été détectés ces dernières semaines.La ministre avait réuni vendredi un “Parlement du sanitaire” (éleveurs, vétérinaires, spécialistes, autorités…), au cours duquel elle a annoncé un renforcement des contrôles et des restrictions de mouvement des animaux dans les zones réglementées autour des foyers.”Les mouvements illégaux seront sévèrement sanctionnés”, a-t-elle ajouté, après avoir dit que les éleveurs qui refuseraient la vaccination se la verraient imposée. Rassemblements festifs avec animaux en France et marché à bestiaux dans les zones réglementées sont aussi interdits.Ces sanctions pourront prendre la forme d’amende ou du non dédommagement par l’Etat pour l’abattage du troupeau ainsi infecté.Selon un communiqué du ministère, les foyers recensés dans l’Ain, dans le Rhône, dans le Jura ou dans les Pyrénées-Orientales, alors que l’épicentre de la maladie se situait en Savoie et Haute-Savoie, “résultent probablement de mouvements d’animaux, dont certains illicites”.Pour la Confédération paysanne et la Coordination rurale, syndicats agricoles qui n’ont eu de cesse de dénoncer l’abattage total systématique et une réglementation “intenable”, notamment pour ceux dont les bovins étaient coincés en altitude, il est “insupportable” d’accuser ainsi les éleveurs.L’alliance syndicale dominante, FNSEA-JA, qui a jusqu’ici soutenu la stratégie du gouvernement, doit s’exprimer dans l’après-midi.- Confiance fragilisée -“C’est un coup de massue”, a dénoncé Sylvie Colas, de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole.L’administration a expliqué lors de la réunion matinale prendre les devants avant une réunion mardi à Bruxelles, qui pourrait aboutir sur une décision encore plus stricte de restriction d’exports pour la France, raconte-t-elle.L’Italie et l’Espagne sont disposées à importer des jeunes bovins vaccinés, ajoute-t-elle, quand le ministère invoque une confiance “fragilisée” des partenaires européens de la France.Une restriction plus stricte décidée par l’Union européenne aurait un impact conséquent sur une filière déjà en difficulté.Les deux syndicats appellent donc à la vaccination de l’ensemble du cheptel français et pas seulement dans les zones réglementées. Le gouvernement leur a opposé une fin de non-recevoir et a indiqué avoir commandé 800.000 vaccins à 1,40 euro l’unité (soit 1,12 million d’euros) pour un cheptel français de 15,7 millions de têtes, selon Sylvie Colas.Le secrétaire national de la Coordination rurale Christian Convers ajoute qu’une réunion doit se tenir au ministère lundi pour discuter notamment de la vaccination et, il l’espère, de la stratégie d’abattage pour éviter les dépeuplements complets de foyers.Sur les indemnisations des pertes de production – car la maladie a un impact sur la lactation des vaches tandis que les restrictions de mouvements et d’exportation creusent les trous dans les trésoreries des éleveurs – les “choses avancent”, tout comme sur les dérogations accordées pour rentrer les bêtes en estive à l’étable, ajoute-t-il.Il s’inquiète en revanche du repeuplement des troupeaux savoyards – plus de 1.700 animaux ont été abattus en France depuis juin – puisque les éleveurs devaient s’approvisionner notamment dans le Jura, désormais bloqué.

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En Irak, les agriculteurs confrontés à la hausse de la salinité de l’eau pour cause de sécheresse

Dans le sud de l’Irak, l’agricultrice Oum Ali est confrontée de plein fouet à la hausse en flèche de la salinité de l’eau douce, provoquée par la sécheresse: non seulement elle ne peut plus en boire, mais ses volailles se sont mises à mourir.”Avant, nous buvions, nous nous lavions et nous cuisinions avec l’eau du fleuve, mais maintenant, elle nous cause du tort”, explique la femme de 40 ans qui vit dans les marais asséchés d’Al-Mashab, dans la province de Bassora, à la pointe sud de l’Irak.Ces dernières semaines, Oum Ali dit avoir perdu des dizaines de canards d’élevage et 15 poules en raison d’une eau devenue trop saumâtre. “J’ai pleuré et je souffrais, j’avais l’impression que tout mon travail avait été vain”, confie cette veuve, mère de trois enfants.Sous l’impact du changement climatique qui fait baisser les pluies et monter la température, l’Irak souffre depuis des années de sécheresse. La baisse des débits d’eau douce augmente les niveaux de concentration en sel et en polluants divers dans le sud du pays, historique Croissant fertile, où convergent les fleuves Tigre et Euphrate avant de se jeter dans le Golfe.”Nous n’avons jamais observé de niveaux de salinité aussi élevés en 89 ans”, affirme Khaled Shamal, porte-parole du ministère irakien de l’Eau.Les niveaux de salinité mesurés le mois dernier dans la province de Bassora ont atteint 29.000 parties par million (ppm), contre 2.600 l’année dernière, détaille un rapport de son ministère.A titre de comparaison, l’eau dite douce doit normalement contenir moins de 1.000 particules de sels dissous par million et l’eau de mer avoisine les 35.000 ppm. Autrement dit, l’eau des marais du sud de l’Irak tient davantage de l’eau de mer que de l’eau douce. – “Plus d’eau” -Pour Hassan al-Khateeb, expert à l’Université irakienne de Koufa (sud), l’Euphrate a enregistré ces dernières semaines son niveau en eau le plus bas depuis des décennies. Au point où le Chatt al-Arab, principal chenal du delta commun du Tigre et de l’Euphrate, n’arrive plus à retenir l’eau salée du Golfe.Comme Oum Ali, Zoulaykha Hashem déplore que l’eau soit devenue très saumâtre dans la zone, et dit attendre une amélioration de la situation pour pouvoir irriguer ses grenadiers et figuiers.   “Nous ne pouvons même pas partir d’ici. Où irions-nous?”, lance-t-elle, dans cette région irakienne où le secteur agricole emploie un quart des femmes, selon l’ONU. En octobre 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), recensait quelque 170.000 personnes déplacées dans le centre et le sud de l’Irak en raison de facteurs liés au climat. Il y a plusieurs années, la pénurie d’eau avait déjà poussé Mariam Salman à quitter la province voisine de Missan pour Bassora, dans l’espoir que son buffle puisse profiter du Chatt al-Arab.”Mais ici aussi, il n’y a plus d’eau”, dit cette mère de trois enfants. Près de chez elle, l’AFP a vu trois squelettes de buffle sur la terre asséchée, tués, selon des habitants, par la pénurie d’eau.- Pêches en berne –    Le Tigre et l’Euphrate prenant leur source en Turquie, les autorités irakiennes ont à plusieurs reprises imputé aux barrages situés de l’autre côté de la frontière la réduction significative de leur débit.Les autorités irakiennes disent recevoir aujourd’hui moins de 35% de la part d’eau de ces deux fleuves allouée au pays, aux systèmes de gestion de l’eau défaillants après des décennies de guerre et de négligence.Pour Hassan al-Khateeb, le gouvernement irakien doit non seulement réaffirmer ses droits sur ces eaux, mais intensifier les projets de désalinisation des eaux du Chatt al-Arab.En juillet, le gouvernement a annoncé un projet visant à dessaler un million de mètres cubes d’eau par jour à Bassora, où les habitants se plaignent aussi de l’impact de la hausse de la salinité sur les pêches.  Hamdiyah Mehdi déplore que son mari, pêcheur, rentre beaucoup plus souvent bredouille en raison des “eaux troubles et salées” du Chatt al-Arab, ce qui affecte les finances, mais aussi l’humeur du foyer. “C’est vraiment difficile”, dit-elle, “ces frustrations nous poussent à nous prendre les uns aux autres” dans la famille.  

Publicité ciblée: le Conseil d’État confirme l’amende de la Cnil à Apple

Le Conseil d’État a rejeté mercredi le recours d’Apple concernant une amende de 8 millions d’euros infligée fin 2022 par la Cnil pour avoir imposé des traceurs publicitaires à ses utilisateurs en France, sans consentement explicite de ceux-ci.Dans sa décision, consultée par l’AFP, la haute juridiction a estimé que la sanction du gendarme français des données personnelles n’était pas disproportionnée, considérant le nombre de personnes concernées (27,5 millions entre juillet 2020 et juillet 2021) ainsi que le chiffre d’affaires mondial du géant de la tech.Elle a également affirmé que les activités en France d’Apple justifiait la compétence de la Cnil dans ce domaine, et que l’entreprise avait bénéficié d’un temps suffisant pour préparer sa défense.Sollicité vendredi par l’AFP, Apple a répondu rester “fidèles à (ses) principes pour protéger la vie privée des utilisateurs face aux entreprises consommatrices de données personnelles”.”Nous considérons (…) qu’un utilisateur devrait toujours avoir la possibilité de choisir s’il souhaite partager ses données et avec qui”, a ajouté l’entreprise.L’enquête initiale avait été lancée par la Cnil après une plainte de l’association France Digitale, qui fédère les start-up françaises et notamment des développeurs de logiciels distribués via le magasin d’applications du groupe américain.Le montant relativement limité de l’amende s’explique par le fait qu’Apple s’est mis en conformité rapidement pendant l’enquête de la Cnil, qui a eu lieu à la mi-2021.De plus, ces identifiants publicitaires ne permettaient à Apple de cibler les internautes que lorsqu’ils naviguaient sur le magasin d’applications mobiles (App Store), donc dans un champ bien borné. Enfin, l’autorité n’a pu sanctionner que les manquements en France. En mars dernier, Apple avait également écopé d’une amende de l’Autorité de la concurrence de 150 millions d’euros pour abus de position dominante dans le cadre du ciblage publicitaire sur ses appareils.

Le Secours catholique annonce le premier plan social de son histoire

Le Secours catholique a annoncé vendredi avoir présenté aux représentants de ses salariés un projet de plan social prévoyant la suppression de 130 postes en raison de “contraintes financières”, une première pour l’association caritative. Ce “projet de transformation”, présenté au comité social et économique jeudi, vise “à mettre en place une organisation sobre, en proximité des actions de terrain”, indique la direction dans un communiqué.Elle ajoute avoir engagé des discussions sur un plan de sauvegarde de l’emploi qui “comprendrait notamment une phase préalable de départs volontaires et porterait le nombre de postes en CDI de 932 à 802”, soit 130 postes en moins. Il s’agit de “sortir d’une zone de risque à moyen terme” à l’heure où, “comme de nombreuses associations de solidarité, le Secours Catholique est confronté à des contraintes financières auxquelles il est de plus en plus compliqué de faire face”, peut-on encore lire. Créé en 1946, le Secours catholique, qui vient en aide aux populations les plus précaires, compte à l’heure actuelle 932 salariés et près de 60.000 bénévoles. Dans un rapport publié en janvier, la Cour des comptes avait estimé que les déficits en 2023, la projection de déficit pour 2024 et l’augmentation des charges immobilières devaient “inciter” l’association “à rechercher les voies d’un retour à l’équilibre financier”.L’annonce de ce plan social survient dans un contexte économique compliqué pour les associations qui ont tiré le 11 octobre la sonnette d’alarme pour alerter sur leur situation budgétaire et réclamer un soutien de l’État. 

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Accord sur la décarbonation des bateaux: vote décisif sous pression américaine

Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont repris vendredi à Londres, dans la division, leurs travaux sur l’adoption d’un plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires, qui doit être voté dans la journée, mais que les Etats-Unis tentent de bloquer.L’adoption de ce texte, déjà approuvé en principe en avril, permettrait au secteur, extrêmement polluant, de prendre un virage climatique historique en contraignant les navires à réduire progressivement leurs émissions dès 2028, jusqu’à décarbonation totale vers 2050.Le système envisagé “n’est pas parfait”, a reconnu Arsenio Dominguez, le secrétaire général de l’OMI, à l’ouverture du sommet mardi. Mais “il fournit une base équilibrée.”La journée de jeudi a été marquée par de longues négociations entre les délégations –qualifiées de “chaotiques” par le représentant russe– qui se sont achevées à 3H30 du matin (2H30 GMT).M. Dominguez a demandé à ce que les membres de l’OMI, une agence de l’ONU où règne habituellement la règle du consensus, “ne réitérèrent pas” cette manière de négocier.- Marche arrière -Le plan litigieux vise à faire payer aux bateaux une sorte de taxe sur leurs émissions au-delà d’un certain seuil, en vue d’alimenter un fonds récompensant les navires à faibles rejets et soutenant les pays vulnérables au changement climatique.Cette tarification du CO2 doit les inciter à utiliser des carburants moins émetteurs de gaz à effet de serre.Les pays de l’Union européenne, le Brésil et la Chine ont réitéré cette semaine leur soutien à l’adoption de ce “cadre net-zéro” (appelé aussi NZF).Les Etats insulaires du Pacifique, qui s’étaient abstenus en avril, jugeant la mesure insuffisante, ont finalement indiqué qu’ils y étaient favorables.Mais l’opposition est forte du côté des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Russie et des pays producteurs de pétrole.Donald Trump, attaché aux énergies fossiles et qui a enclenché une marche arrière sur le climat depuis son retour au pouvoir, a appelé jeudi sur son réseau Truth Social à voter contre ce plan.”Les États-Unis ne toléreront PAS cette arnaque verte mondiale sous forme de taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière”, a-t-il affirmé.”Nous ne tolérerons pas d’augmentation des prix pour les consommateurs américains NI la création d’une bureaucratie verte pour dépenser VOTRE argent dans leurs rêves écologiques”, a poursuivi le président américain, qui a dans le passé qualifié le changement climatique de “plus grande arnaque” de l’Histoire.Les Etats-Unis vont jusqu’à menacer les délégations favorables au projet, avec des restrictions de visas pour les membres de leurs équipages, des pénalités commerciales ou des frais portuaires supplémentaires.- Manoeuvres américaines -Le représentant brésilien a dénoncé vendredi en plénière les “méthodes” américaines, disant espérer “que cela ne remplacera la manière habituelle de prendre des décisions au niveau mondial”.Les pressions américaines pourraient affecter des “pays malheureusement plus sensibles à l’influence” des Etats-Unis, a reconnu une source européenne auprès de l’AFP.Les Philippines — pays qui fournit le premier contingent mondial de travailleurs du secteur — pourraient faire évoluer leur position. Tout comme les îles des Caraïbes, dépendantes économiquement des croisières américaines. L’Argentine prévoit pour sa part de voter contre.Le vote pourrait donc être très serré, d’autant que les Etats-Unis préconisent, dans un dernier coup de théâtre, d’en changer ses modalités afin de le faire capoter.Les nouvelles réglementations de l’OMI sont habituellement considérées comme acceptées sauf si un tiers de ses 176 membres (ou alors l’équivalent de la moitié de la flotte marchande mondiale) déclare s’y opposer – un processus connu sous le nom d'”acceptation tacite”.Mais Washington propose une “acceptation explicite”, qui inverserait les rôles et nécessiterait que deux tiers des nations optent officiellement pour l’adoption.Ce changement de procédure, dans laquelle pèsent les abstentionnistes, doit être examiné vendredi par l’OMI.Les principales associations et organisations maritimes se sont pour leur part déclarées favorables à l’adoption du NZF, dans un souci de lisibilité réglementaire.

Genève met au ban les élèves frontaliers, colère côté français

Parents dévastés, enfants inquiets, communes et élus français en colère: les autorités cantonales de Genève ont décidé d’exclure les élèves frontaliers des bancs de leurs écoles, suscitant incompréhension et frustration côté français.Le bureau de Jean-Luc Pecorini, maire de la petite commune de Bossey en Haute-Savoie, surplombe la frontière suisse, située à environ 50 mètres de l’autre côté d’une route départementale. Au loin s’étend la ville de Genève.Comme ailleurs dans la région, Bossey accueille des travailleurs frontaliers, dont de nombreux Suisses, qui ne peuvent plus se loger à Genève, une des villes les plus chères au monde. Aussi, M. Pecorini juge “abrupte” la décision genevoise, tombée en juin, de bannir dès la rentrée 2026 les élèves frontaliers, qui sont en très grande majorité suisses.”On n’est pas contents”, réagit-il face à l’AFP, évoquant un sentiment partagé par d’autres maires français. Ouvrir une nouvelle classe coûterait quelque 80.000 euros, explique-t-il.Selon une source proche du dossier côté français, le nombre d’élèves concernés pour l’instant est d’environ 2.500, “mais par la suite c’est un flux continu d’élèves qui auraient été normalement scolarisés à Genève qui ne le seront pas”.Le coût financier des conséquences de cette décision est évalué à 60 millions d’euros pour la France (coût de scolarisation et des infrastructures), plus par la suite environ 15 millions par an, selon cette même source. – “Citoyens suisses de seconde zone” -Malgré les protestations et appels qui se multiplient, Genève demeure inflexible, invoquant le manque de places dans ses écoles et la pression démographique.”Les quelque 2.000 élèves frontaliers actuels qu’il ne faudra progressivement plus scolariser d’ici à 2029 correspondent à un peu plus de 200 postes de travail”, principalement des enseignants, “soit une économie d’un peu plus de 27 millions sur 4 ans”, ont indiqué les autorités genevoises à l’AFP.Pour les parents, c’est l’incompréhension.Roberto Balsa, un frontalier de 47 ans qui travaille dans l’informatique, déplore que Genève “mette dans la balance l’économie et les enfants”.”La nouvelle a très brutale” y compris pour sa fille de 7 ans, à qui d’autres enfants “ont dit qu’elle était une frontalière et qu’elle n’a rien à faire” à l’école suisse, raconte-t-il. Une stigmatisation évoquée par beaucoup de parents concernés.Les familles sont d’autant plus choquées qu’elles sont en très grande majorité suisses.”On est devenu des citoyens suisses de seconde zone”, se désole Joana, 35 ans et mère de deux enfants, qui souhaite garder l’anonymat par peur de représailles sur le plan professionnel.Comme de très nombreux frontaliers, cette jeune femme suisse, qui travaille dans le secteur de la santé, a quitté Genève en raison du manque de logements. “On a accepté de quitter notre logement insalubre au centre-ville pour nous installer en campagne, mais le fait de passer cette frontière était conditionné à cet accès à l’école” suisse, expose-t-elle. – “Très forte tension” -Certains parents se sont regroupés autour du collectif “Ecole pour tous”. Des familles ont déposé des recours devant la justice à Genève, d’autres participent à une pétition en ligne.A l’image d’Emmanuel, qui a requis l’anonymat pour se prémunir des critiques anti-frontaliers sur les réseaux sociaux. Père de quatre enfants, il juge la décision genevoise “discriminatoire”, faisant valoir que les frontaliers paient leurs impôts à la source en Suisse, avec seulement un tiers reversé en France.Au-delà de la mesure, l’absence de concertation a aussi choqué. En France, élus et représentants de l’Etat réclament la suspension de la décision pour ouvrir le dialogue.”L’ensemble des autorités françaises partage l’idée qu’on ne peut plus accepter que Genève, en raison du manque de logement, déporte l’accueil des travailleurs sur le territoire français sans réelle prise en compte de l’impact financier que cela génère”, a indiqué la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à l’AFP.En outre, a-t-elle relevé, “en renvoyant des élèves qui habitent en France, qui sont à 80% suisses et qui ont dans la quasi-totalité vocation à travailler en Suisse, Genève exporte la charge de la scolarisation en France alors que nos écoles sont déjà sous très forte tension en termes de capacité” dans cette zone appelée “France voisine” en croissance démographique constante.Florent Benoit, président de la Communauté de communes du Genevois, regroupant 17 communes de Haute-Savoie, se demande où va s’arrêter Genève “dans la sous-traitance” des politiques publiques.”Aujourd’hui on parle d’éducation, demain on parlera de quoi : des prisons ?” tonne-t-il.

Dans son ultime déclaration avant le verdict, Cédric Jubillar répète n’avoir “rien fait” à sa femme

Ultime déclaration avant l’épilogue d’un procès hors normes: Cédric Jubillar a réaffirmé vendredi matin n’avoir “absolument rien fait à Delphine”, son épouse disparue qu’il est accusé d’avoir tuée, juste avant que la cour d’assises du Tarn se retire pour délibérer et décider si le peintre-plaquiste est coupable ou non.Devant la cour qui doit prononcer le verdict dans l’après-midi, l’accusé de 38 ans, arrivé le visage blême et les yeux cernés, a lancé quelques regards vers la salle et a prononcé cette seule phrase après avoir été invité par la présidente Hélène Ratinaud à s’exprimer une dernière fois, comme le prévoit le Code de procédure pénale.Son avocate Emmanuelle Franck “croit qu’il a dit une ultime phrase qui lui ressemble beaucoup, qui est assez spontanée, qui est assez simple, qui réunit l’ensemble de ce que cet homme essaie de dire depuis quatre ans et demi”.Mais pour l’avocat des frères et sœur de la disparue, Laurent De Caunes, “ce sont des mots qui sont désincarnés, comme ceux dont il nous a gratifiés depuis le début de cette audience”.Au bout de quatre semaines de ce procès ultramédiatisé, le ministère public a requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’ouvrier en bâtiment, sa défense réclame son acquittement. “Est-il coupable d’avoir, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines donné volontairement la mort à Delphine Aussaguel épouse Jubillar ?”: c’est la question à laquelle devront répondre les trois magistrats et les six jurés, avec pour consigne que le doute doit profiter à l’accusé.Sept sur neuf doivent déclarer Cédric Jubillar coupable pour qu’il soit condamné. Si trois d’entre eux votent “non coupable”, il sera acquitté.”Il est bien évident (…) que nous espérons que cet homme soit acquitté”, a déclaré son autre avocat Alexandre Martin, vendredi à la sortie du palais de justice. Mais il a dit savoir, “que “rien n’est gravé dans le marbre avant que la décision ne soit rendue”.- “Tapis rouge à l’erreur judiciaire” -Lors de leurs plaidoiries jeudi, les deux avocats toulousains, qui défendent Cédric Jubillar depuis sa mise en examen et son placement en détention en juin 2021, se sont efforcés de semer le doute dans l’esprit des jurés. Alors que parties civiles et avocats généraux estiment qu’un “pétage de plomb” de l’accusé a pu conduire au meurtre de l’infirmière de 33 ans, Me Franck a souligné qu'”un pétage de plomb, c’est ce qu’on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu’on ne contrôle rien, on éclabousse tout”. Or, a-t-elle insisté, il n’y a aucune trace.”La conviction des gendarmes dès le premier jour” a empêché la manifestation de la vérité et le procès n’a fait que dérouler un “tapis rouge à l’erreur judiciaire”, a plaidé Me Martin.Depuis sa première prise de parole le 22 septembre dans le palais de justice d’Albi, l’accusé, stoïque dans son box mais secoué de mouvements nerveux, a invariablement martelé qu’il n’avait rien à voir avec la disparition de la mère de ses deux enfants.- “Le crime parfait attendra” -Pour les parties civiles et l’accusation, sa culpabilité ne fait en revanche aucun doute. L’avocat général Pierre Aurignac a estimé que “pour défendre l’idée de l’innocence de M. Jubillar, il faut écarter quatre experts, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur” qui a établi que la mère de famille n’a pas quitté son domicile la nuit de sa disparition.”Le crime parfait attendra, a-t-il ajouté, le crime parfait, ce n’est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n’est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar”.Pour Me Laurent Boguet, avocat des enfants du couple, “il ne l’a pas seulement tuée, il l’a étranglée pour la faire taire, il l’a effacée en faisant disparaître le corps”.Vendredi matin, Me Philippe Pressecq, avocat d’une cousine de Delphine, a regretté “le fait qu’il n’y ait pas eu d’aveux, cela va aggraver sa peine”. “A 22h30, elle était dans la maison, à 4h00 du matin elle n’y était plus et on sait qu’elle n’est pas sortie de la maison. Le dossier se résume à ça. Tout le reste n’est que littérature”, a-t-il dit.La décision fera l’objet d’un appel, ont fait savoir les parties. Un nouveau procès se tiendra en 2026, probablement devant la cour d’appel de Toulouse.

Le dernier membre retrouvé du “gang de Roubaix” peu coopératif à l’ouverture de son procès

Le procès de Seddik Benbahlouli, dernier membre retrouvé du “gang de Roubaix” après 27 ans de cavale, s’est ouvert vendredi devant les assises du Nord, pour sa participation présumée à ce groupe criminel des années 1990 mêlant grand banditisme et islamisme radical.L’audience a débuté peu avant 10H à Douai, mais l’accusé s’est montré d’emblée guère coopératif.”Je n’ai nullement l’intention de participer à ce procès. J’ai été clair depuis le début, à cause de la violation de mes droits dès les États-Unis”, a déclaré Seddik Benbahlouli, 55 ans, crâne dégarni et barbe poivre et sel fournie. Malgré ses protestations, il est d’abord resté dans le box des accusés à la demande de la présidente. “Vous devez au moins avoir cette dignité, c’est votre place”, lui a-t-elle lancé. Mais lorsque l’homme a tenté de quitter de force le box, les policiers sont intervenus pour le faire sortir de la salle d’audience.La journée sera notamment consacrée à l’enquête de personnalité.Arrêté en 2023 aux États-Unis, où il vivait sous une fausse identité, Seddik Benbahlouli, originaire de Roubaix, avait été interpellé pour infraction à la législation sur les étrangers puis extradé vers la France.Il sera jugé jusqu’au 27 octobre pour tentative de meurtre sur deux policiers en 1996, recel de véhicule volé et participation à une association de malfaiteurs.Il avait été condamné pour ces faits à 20 ans de prison en 2001, par contumace. N’ayant pas acquiescé à ce jugement, il est rejugé comme si cette condamnation n’avait jamais existé.Le “gang de Roubaix”, qualifié d'”islamo-braqueurs” par l’ancien patron de la brigade criminelle de Lille, Romuald Muller, qui doit témoigner lundi au procès, s’était formé au milieu des années 1990 autour d’un noyau d’hommes fréquentant la mosquée Dawa de la ville. La plupart de ses membres s’étaient rendus en Bosnie en 1994-1995, aux côtés d’islamistes venus combattre au sein de “brigades de moudjahidines”.En 1995 naissait l’idée de monter un groupe en France et d’organiser des braquages pour financer la cause islamiste armée.- “Eléments imparables” -Entre janvier et mars 1996, le gang mène une série de braquages et attaques à l’arme de guerre dans le nord de la France, causant la mort d’un civil à Roubaix lors d’une course-poursuite avec la police, et faisant plusieurs blessés.Le 28 mars, un attentat à la voiture piégée devant le commissariat de Lille échoue de peu, à quelques jours d’une réunion du G7 dans la ville.Le groupe est démantelé le lendemain, lors d’un assaut du Raid contre une planque à Roubaix. Quatre membres meurent sur place et le chef présumé, Christophe Caze, est abattu dans sa fuite en Belgique.Les cinq survivants ont été condamnés, en première instance ou en appel entre 2001 et 2007, à des peines de 15 à 25 ans de réclusion criminelle.Benbahlouli est lui soupçonné d’avoir ouvert le feu sur des policiers alors qu’il venait récupérer une Audi 90 volée, le 27 janvier 1996 à Croix, dans la banlieue lilloise. L’un des deux policiers avait été blessé par balle.”Il n’y a pas de raison que, parce que cet individu était en fuite, il n’ait pas à s’expliquer devant la justice, même 30 ans après”, a affirmé avant l’ouverture d’audience l’avocate des parties civiles, Me Blandine Lejeune, à l’AFP. Les deux policiers, aujourd’hui à la retraite, “s’en souviennent comme si c’était hier. Quand on a frôlé la mort, qu’on s’est fait rafaler par des balles de Kalachnikov, ça ne s’oublie pas”, a-t-elle ajouté. Dans le dossier, “il y a des éléments imparables”: de l’ADN de Benbahlouli “dans une trace de sang sur les lieux du crime. Je ne vois pas comment il pourrait contester les faits. En revanche, peut-être nous dira-t-il ce qu’il a fait pendant 30 ans?”, a poursuivi Me Lejeune.Après la chute du gang, Benbahlouli a disparu dans la nature. Selon les enquêteurs, il serait passé par le Togo, le Burkina Faso et le Yémen, avant de rejoindre la Belgique, sous une fausse identité. Sa trace s’est perdue en 1998. L’un des temps forts du procès devrait être la journée d’audience de mercredi, où les quatre autres survivants du “gang de Roubaix” doivent témoigner.