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Harcèlement moral: d’ex-collaboratrices dénoncent la “paranoïa” de Nathalie Elimas

D’anciennes collaboratrices de l’ex-secrétaire d’État MoDem Nathalie Élimas, jugée à Paris pour harcèlement moral, ont pointé mardi une tendance “paranoïaque” qui a selon elles contribué à rendre leurs conditions de travail intenables.Pauline (prénom modifié) a tenu trois mois comme conseillère en communication de Mme Élimas avant de quitter son poste, “traumatisée par la toxicité” au sein du cabinet de la secrétaire d’État à l’Éducation prioritaire.À la barre du tribunal, elle a décrit “l’entreprise de destruction méthodique” mise en place, selon elle, par Nathalie Élimas, ainsi que “la paranoïa permanente” de la secrétaire d’Etat, “persuadée que tout le monde était contre elle”.La prévenue, qui a démissionné en mars 2022, n’a cessé de prendre des notes, relevant à peine la tête pour regarder les plaignantes.Aujourd’hui conseillère régionale en Île-de-France, elle a toujours contesté les accusations de harcèlement moral. Elle encourt deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.Cinq ex-collaborateurs, quatre femmes et un homme, se sont constitués parties civiles.En décembre 2021, la secrétaire d’État a fait l’objet d’une enquête administrative de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (IGESR), après des signalements internes concernant des “dysfonctionnements” relatifs “aux relations de travail”.Pauline a longuement décrit les injonctions contradictoires qu’elle recevait, notamment concernant la couverture médiatique de la ministre, jalouse de celle des autres femmes du gouvernement. “Elle voulait de la visibilité, mais elle pouvait annuler une interview 30 minutes avant”, “paniquée” à l’idée de se faire piéger, et “tout cela retombait sur moi”, a raconté l’ex-conseillère en communication.Clara (prénom modifié) elle aussi dit avoir subi les foudres de la ministre: les cris, les reproches, les accusations de déloyauté ou encore les critiques en cas d’absence ou de congé.”Je ne m’attendais pas à du soutien de sa part, la connaissant, mais je ne pensais pas qu’elle m’enfoncerait encore plus”, a-t-elle expliqué concernant un arrêt maladie après une fausse couche.”Elle m’a reproché mon absence pour l’opération (après la fausse couche, NDLR) et m’a accusée d’avoir tout inventé”, a poursuivi Clara, précisant qu’ensuite la ministre ne lui avait plus adressé la parole.”Il y a toujours eu une cible, et ça tournait”, s’est remémorée Marie, parlant d’un “climat de stress et d’épuisement”. La jeune femme a quitté le ministère après un arrêt maladie, angoissée, insomniaque et sous antidépresseurs.”J’avais l’impression de me consumer”, a ajouté Marie.Le procès doit se poursuivre jusqu’à jeudi.

Jugement Le Pen: le RN attaque les juges et “le système”, Bayrou fait part de ses “interrogations”

Au lendemain du jugement choc contre Marine Le Pen qui l’empêche, à ce stade, de concourir en 2027, le Rassemblement national a violemment riposté, dénonçant la “tyrannie des juges” et un “système qui a sorti la bombe nucléaire”, des déclarations qui ont poussé l’un des plus hauts magistrats de France à sortir de sa réserve.François Bayrou, qui s’était dit “troublé” par la décision, selon son entourage, a assuré devant les députés que le gouvernement n’avait “pas le droit” de “critiquer” une décision de justice.Mais il a fait part de ses “interrogations” sur l’application immédiate de l’inéligibilité, considérant qu’une “réflexion” doit être conduite par les parlementaires. “La loi à partir de laquelle les juges ont pris leur décision a été votée par le Parlement” et “c’est le Parlement qui décidera si oui ou non, il convient de toucher à l’écriture de la loi”.”Le système a sorti la bombe nucléaire et s’il utilise une arme aussi puissante contre nous, c’est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections”, a déclaré mardi Marine Le Pen devant les députés RN lors d’une réunion de groupe ouverte de manière inédite à la presse.”L’ingérence des magistrats dans l’élection présidentielle, voilà le trouble à l’ordre public (…) Ne vous laissez pas intimider (…) On sera là jusqu’à la victoire”, a-t-elle ajouté, très combative, à ses troupes qui l’ont ovationnée.”Tout sera fait pour nous empêcher d’arriver au pouvoir”, avait accusé plus tôt Jordan Bardella, établissant un parallèle entre “le climat” en France et la Roumanie, où un candidat d’extrême droite prorusse a été privé d’une victoire potentielle par l’annulation de l’élection présidentielle fin 2024.- “Procès équitable” -Tout en “condamnant les menaces” à leur égard, M. Bardella a dénoncé “la tyrannie des juges”, qualifiés de “rouges” car “on a le sentiment que ça se tourne souvent contre un camp politique”, en référence aux affaires Fillon et Sarkozy.Ces violentes critiques du RN ont poussé l’un des deux plus hauts magistrats de France, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, à dénoncer des propos “inacceptables” et à défendre une justice qui “n’est pas politique”.”La décision a été rendue au terme d’un procès équitable, à la suite d’un débat contradictoire qui a duré deux mois, une instruction qui a duré des années”, a réagi le magistrat.- Meeting du RN -Le RN refuse “de passer à autre chose” et va organiser dimanche à Paris “un meeting de soutien” à Marine Le Pen, dans le cadre de la “mobilisation populaire et pacifique” lancée par le parti après sa condamnation. Une invitation d’alliés européens est en réflexion au sein du parti. Dauphin sur le papier, Jordan Bardella a juré de sa “loyauté” envers la triple candidate à la présidentielle: “Nous allons continuer à deux, en binôme, main dans la main, à avancer dans l’intérêt du pays”.Marine Le Pen a martelé lundi son intention de “ne pas se laisser éliminer” et réclamé un procès en appel rapide. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a souhaité qu’il se tienne dans le délai “le plus raisonnable possible”.Ce deuxième procès ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, ce qui laisse une fenêtre de tir avant la présidentielle. “Techniquement, c’est probablement possible, c’est à examiner, à voir en fonction du calendrier judiciaire”, a déclaré M. Heitz, ajoutant que les dates seraient connues “probablement assez vite”.Mais c’est sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal. Marine Le Pen a également été condamnée à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n’ira pas en prison), et à une amende de 100.000 euros. Il a considéré qu’il y avait bien eu un “système” entre 2004 et 2016 pour faire faire des “économies” au parti en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant pour le parti. Le préjudice total est évalué à 4,1 millions d’euros.- Soutiens à l’étranger -Le jugement a été critiqué à l’étranger par ce que le président Emmanuel Macron avait qualifié “d’internationale réactionnaire”.Après le Kremlin, le Hongrois Viktor Orban ou encore l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, Marine Le Pen a reçu le soutien de l’Italienne Giorgia Meloni, du milliardaire Elon Musk et de Donald Trump, qui a comparé la condamnation de Marine Le Pen à ses propres déboires judiciaires.Le jugement a aussi divisé la classe politique française. Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), “la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple”. Laurent Wauquiez (LR) a regretté un fait “pas très sain dans une démocratie”.”Mettre en scène une opposition entre le peuple et la justice, c’est emprunter une voie sans issue qui nous conduit hors de l’état de droit, hors de la démocratie, hors de la République”, a mis en garde Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes.sac-far-lum-are/sde/cbn

Prisons: plus de 82.000 détenus dans les prisons françaises au 1er mars, un niveau jamais atteint

Le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 82.152 au 1er mars, un chiffre inégalé, selon des chiffres obtenus mardi auprès du ministère de la Justice.Avec 62.539 places opérationnelles au 1er mars, la densité carcérale globale était de 131,7% (contre 124,6% au 1er mars 2024) et dépassait même les 200% dans 15 établissements ou quartiers pénitentiaires.La surpopulation carcérale, que personne ne conteste, est un mal endémique français et contraint plus de 4.580 détenus à dormir sur des matelas posés à même le sol.La densité carcérale atteint 159,9% en maison d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines.Selon les données du ministère, 53.973 détenus étaient incarcérés au 1er mars dans un structure avec une densité supérieure à 120% et 42.627 dans une structure avec une densité supérieure à 150%.Le seuil des 80.000 détenus a été franchi pour la première fois au 1er novembre 2024 (80.130). Il n’a cessé depuis de grimper sauf au 1er janvier où l’on avait enregistré un léger tassement (80.669 détenus contre 80.792 au 1er décembre), pas inhabituel à cette période de l’année.Parmi les personnes incarcérées au 1er mars, 21.649 sont des prévenus, en détention dans l’attente de leur jugement définitif.Au total, 99.730 personnes étaient placées sous écrou au 1er mars, un nombre qui ne cesse aussi d’augmenter. Parmi elles, on compte 17.578 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur.La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en terme de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l’Europe.Pour tenter de désengorger les prisons, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a récemment enjoint les procureurs et les directeurs de prison au “repérage” des détenus étrangers “éligibles” à une expulsion du territoire français pour qu’ils puissent purger leur peine dans leur pays.”Plus de 19.000 détenus étrangers” sont incarcérés en France, selon le ministre. Parmi eux, environ deux tiers sont définitivement condamnés et pourraient être concernés par cette mesure, selon la Chancellerie. M. Darmanin a également annoncé, à l’occasion d’un voyage à Londres, le lancement dans les semaines à venir d’un appel d’offres visant à la construction de nouvelles places de prison via des structures modulaires.Cet appel d’offres s’inscrit dans l’objectif d’une construction de 15.000 places supplémentaires d’ici 2029.Les prisons modulaires sont “plus rapides à construire et moins chères”, a-t-il dit à la presse.Il a toutefois indiqué que seuls certains détenus, les moins dangereux, pourront être mis dans ces prisons modulaires.

L’Assemblée s’apprête à légiférer contre le narcotrafic, après des débats mouvementés

Un accouchement dans la douleur. Les députés devraient adopter mardi après-midi une proposition de loi sénatoriale pour “sortir la France du piège du narcotrafic”, après sept jours de vifs débats sur ce texte clé de la politique de sécurité du gouvernement.Si l’ensemble des groupes se sont accordés sur ses objectifs face à un fléau qui a largement débordé les métropoles, ils se sont souvent affrontés sur l’impact des mesures envisagées sur les libertés publiques et les droits de la défense, et sur leur efficacité.Rares sont finalement les dispositions à faire consensus, comme la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), au cœur du texte, ou la mise en place d’un régime plus attractif pour les “repentis”.Face aux trafiquants, “nous ne sommes pas dans un combat à armes égales”, avait défendu le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui, avec son collègue de la Justice Gérald Darmanin, a soutenu ce texte d’origine parlementaire.Une fois la proposition de loi adoptée, le gouvernement devrait convoquer une commission mixte paritaire permettant aux sénateurs et députés de s’accorder sur une version commune du texte. Son adoption définitive est prévue le 28 avril au Sénat et le 29 à l’Assemblée.Alors que la proposition de loi des sénateurs Étienne Blanc (LR) et Jérôme Durain (PS) avait été approuvée à l’unanimité au Palais du Luxembourg le 4 février, ce ne sera pas le cas à l’Assemblée, La France insoumise ayant déjà annoncé qu’elle voterait contre.”Le texte est pire qu’à l’issue de la commission des lois, et ne permettra pas de sortir la France du narcotrafic”, a jugé auprès de l’AFP le député LFI Antoine Léaument.Les socialistes ont eux annoncé qu’ils voteraient pour, sans exclure de saisir le Conseil constitutionnel si certaines dispositions sont maintenues dans le texte final, qui doit être “modifié et équilibré”, a jugé la porte-parole du groupe Mélanie Thomin.Les écologistes s’abstiendront, a déclaré Léa Balage El Mariky, soulignant qu’il y a dans le texte des “dispositions positives”, mais aussi des mesures “liberticides”. La communiste Elsa Faucillon a, elle, estimé que l’introduction dans le texte de quartiers de haute sécurité était une “barrière infranchissable” pour son groupe, qui sera majoritairement contre, avec quelques abstentions. – Quartiers de haute sécurité -Introduite à la veille du débat en commission à l’Assemblée, la création d’un nouveau régime de détention pour les gros trafiquants a occupé de longues heures de débats, avant d’être adoptée dans une version tenant compte de l’avis du Conseil d’État, sollicité par le garde des Sceaux.Les députés ont par ailleurs rétabli en séance – après l’avoir supprimée en commission – la création du “dossier coffre” ou “procès-verbal distinct” qui ne sera accessible qu’aux enquêteurs et aux magistrats, une mesure jugée par les avocats pénalistes et la gauche attentatoire aux droits de la défense. Également rétablies en séance, grâce au soutien du RN à la coalition gouvernementale et dans un hémicycle souvent très clairsemé: la possibilité de prolonger jusqu’à 120 heures la garde à vue des “mules”, ou celle d’activer à distance des objets connectés pour espionner des suspects à leur insu.D’autres mesures ont divisé l’hémicycle avant d’être adoptées, comme le recours, dans le cadre d’une expérimentation, au renseignement algorithmique pour détecter des menaces liées à la criminalité organisée; la possibilité donnée aux préfets de prononcer des “interdictions de paraître” sur les points de deal pour les personnes y participant, ou de fermer des commerces sur de simples soupçons de blanchiment; ou encore la généralisation de la visioconférence pour la comparution des gros trafiquants.Les députés se sont en revanche accordés pour ne pas rétablir une autre mesure supprimée en commission, entendant contraindre les plateformes de messagerie chiffrée (Signal, WhatsApp) à communiquer les correspondances des trafiquants aux enquêteurs. La séance consacrée à cette mesure, qui agrège contre elle de nombreux acteurs et experts de la cybersécurité, avait été particulièrement mouvementée, le système de vote électronique tombant en panne au beau milieu des débats.”Nous ne sommes pas victimes d’un dysfonctionnement lié à la sécurité informatique”, avait rassuré la vice-présidente Naïma Moutchou à la reprise de la séance. “C’est une petite pièce du système qui a chauffé… sous la tension”, s’était-elle amusée.

Michelin: le retour en grâce de Christopher Coutanceau, le sacre de Hugo Roellinger

Toujours plus de nouveaux talents et un retour en grâce: le guide Michelin a décerné lundi 68 nouvelles étoiles, dont une troisième à Hugo Roellinger et à Christopher Coutanceau, deux ans après la lui avoir retirée.”Il m’avait dit droit dans les yeux +Je reviendrai dans le Top 14+ et il avait raison!”, a lancé le directeur du guide rouge, Gwendal Poullennec, avant d’annoncer le nom de Christopher Coutanceau, qui avait obtenu son troisième macaron pour la première fois juste avant le premier confinement, en 2020, avant de le perdre en 2023.”Bien sûr, c’est le Graal. C’est comme un joueur de rugby qui gagne une Coupe du monde ou une Coupe d’Europe. C’est des moments qui restent gravés dans notre tête, dans notre coeur et dans notre histoire”, a expliqué à l’AFP le chef de 46 ans, connu pour son engagement en faveur d’une pêche durable et artisanale.”Et puis, c’est vrai qu’à La Rochelle, il n’y avait jamais eu de trois étoiles. Mais ça fait deux fois qu’on les ramène à la maison. Et j’en suis très fier, et très fier de l’offrir aussi à mes équipes”, a-t-il ajouté.”Je suis très honoré de recevoir cette distinction”, a pour sa part réagi auprès de l’AFP Hugo Roellinger, à la tête de l’établissement Le Coquillage en Bretagne, rendant hommage à sa femme Marine, ses équipes et sa soeur Mathilde, “qui mélange les plus belles épices”. “Bien sûr, ces trois étoiles, ça me fait plaisir de le faire pour mes parents”, a poursuivi le chef de 37 ans, fils d’Olivier Roellinger, monument de la gastronomie française. “C’est un grand bonheur, comme pour tout papa ou toute maman, de voir un garçon s’épanouir dans la même passion que la vôtre et, aujourd’hui, d’être reconnu par ses pairs”, a déclaré à l’AFP ce dernier, qui avait rendu en 2008 ses trois étoiles pour raisons de santé.- Chefs japonais à l’honneur -Ces deux promotions portent à 31 le nombre d’adresses triplement étoilées en France, après la rétrogradation il y a dix jours de la maison Georges Blanc, à Vonnas, dans l’Ain.Hugo Roellinger et Christopher Coutanceau succèdent à Jérôme Banctel, chef du Gabriel à Paris, et Fabien Ferré, qui avait obtenu l’an dernier trois étoiles d’un coup pour la réouverture de La Table du Castellet, dans le Var, un fait rarissime.Le millésime 2025, dévoilé à Metz, compte également neuf nouveaux restaurants deux étoiles, dont Maison Nouvelle de Philippe Etchebest à Bordeaux, et trois tenus par des chefs japonais. Blanc de Shinichi Sato et Sushi Yoshinaga de Tomoyuki Yoshinaga à Paris remportent un deuxième macaron seulement un an après avoir décroché une première étoile, tandis que L’Abysse Monte-Carlo, à Monaco, de Yasunari Okazaki est distingué dès son ouverture. Si, l’an dernier, aucune femme ne faisait partie du haut du palmarès, cette année le Michelin a récompensé d’une deuxième étoile la cheffe Fanny Rey et son compagnon pâtissier Jonathan Wahid pour leur restaurant L’Auberge de Saint-Rémy, à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), ainsi que l’établissement Rozó à Marcq-en-Baroeul (Nord), tenu par le chef Diego Delbecq et sa compagne pâtissière Camille Pailleau. – “Effervescence” -Un nombre record de 57 restaurants obtiennent par ailleurs un premier macaron, dont 28 qui n’étaient auparavant pas recommandés par le guide rouge.”Près de la moitié des nouveaux restaurants étoilés ont ouvert très récemment”, a précisé M. Poullennec. “C’est dire l’énergie du paysage culinaire français. La France reste une mosaïque unique, pleine d’effervescence et de conviction”, a-t-il insisté.Au total, la sélection du Michelin recommande désormais 654 tables étoilées (31 trois étoiles, 81 deux étoiles et 542 une étoile) réparties à travers toute la France. Pour ne pas gâcher les festivités, les rétrogradations avaient été annoncées en amont. Cette année, pas de tempête médiatique à la Marc Veyrat en 2019 ou à la Guy Savoy en 2023 mais la perte de la troisième étoile pour la maison Georges Blanc, après 44 ans au sommet. Créé en 1900 par les frères André et Edouard Michelin à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd’hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et se décline dans plus de 50 destinations. 

Jugement Le Pen: le RN riposte en attaquant violemment les juges et “le système”

Au lendemain du jugement choc contre Marine Le Pen qui, à ce stade, l’empêche de concourir à la présidentielle 2027, le RN a violemment riposté mardi en dénonçant la “tyrannie des juges” et en renouant avec son discours contre un “système qui a sorti la bombe nucléaire”, poussant l’un des plus hauts magistrats de France à sortir de sa réserve.”Le système a sorti la bombe nucléaire et s’il utilise une arme aussi puissante contre nous, c’est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections”, a déclaré mardi Marine Le Pen devant les députés RN rassemblés pour une réunion de groupe à l’Assemblée nationale, ouverte de manière inédite à la presse.”L’ingérence des magistrats dans l’élection présidentielle, voilà le trouble à l’ordre public (…) Ne vous laissez pas intimider (…) On sera là jusqu’à la victoire”, a-t-elle lancé, très combative à ses troupes qui l’ont ovationnée au lendemain de sa condamnation à une peine immédiate de cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires européens.”Tout sera fait pour nous empêcher d’arriver au pouvoir”, avait déjà accusé plus tôt Jordan Bardella, faisant un parallèle entre “le climat” en France et la Roumanie où un candidat d’extrême droite prorusse a été privé d’une victoire potentielle par l’annulation de l’élection présidentielle fin 2024.Tout en “condamnant les menaces” à leur égard, M. Bardella a dénoncé “la tyrannie des juges”, qualifiés de “rouges” car “on a le sentiment que ça se tourne souvent contre un camp politique”, en référence aux affaires Fillon et Sarkozy. Ces violentes critiques du RN depuis le jugement lundi midi ont poussé l’un des deux plus hauts magistrats de France, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, à dénoncer des propos “inacceptables” et à défendre une justice qui “n’est pas politique”.”La décision a été rendue au terme d’un procès équitable, à la suite d’un débat contradictoire qui a duré deux mois, une instruction qui a duré des années”, a réagi le magistrat.- Pas d’autre scénario -Mais le RN refuse “de passer à autre chose” et va organiser ce week-end des distributions de tracts et des mobilisations qui seront “pacifiques” car “nous ne sommes pas des fachos”, a promis M. Bardella.Le parti refuse d’envisager un autre scénario qu’une décision plus clémente en appel “pour permettre à Marine Le Pen d’être notre candidate à l’élection présidentielle”, a souligné Sébastien Chenu. Dauphin sur le papier, Jordan Bardella a juré de sa “loyauté” envers la triple candidate à la présidentielle: “Nous allons continuer à deux, en binôme, main dans la main, à avancer dans l’intérêt du pays”.Mme Le Pen a martelé lundi son intention de “ne pas se laisser éliminer” et réclamé un procès en appel rapide.Ce deuxième procès ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard.Ce qui laisse une fenêtre de tir avant la présidentielle. “Techniquement, c’est probablement possible, c’est à examiner, à voir en fonction du calendrier judiciaire”, a déclaré M. Heitz, ajoutant que les dates seraient connues “probablement assez vite”.Mais c’est sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal.Marine Le Pen a également été condamnée à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique (elle n’ira pas en prison), et à une amende de 100.000 euros. Le tribunal de Paris, dans son jugement, a “pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance”, ce qui fait hurler au RN que la décision est “politique”.Il a également considéré qu’il y avait bien eu un “système” entre 2004 et 2016 pour faire faire des “économies” au RN en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant pour le parti.Vingt-trois autres personnes ont été condamnées, ainsi que le FN devenu RN.- Soutiens à l’étranger -Une décision critiquée à l’étranger par ce que le président Emmanuel Macron avait qualifié, il y a quelques mois, “d’internationale réactionnaire”.Après le Kremlin, le Hongrois Viktor Orban ou encore l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, Mme Le Pen a reçu le soutien de l’Italienne Giorgia Meloni, du milliardaire Elon Musk et de Donald Trump lui-même, comparant la condamnation de Marine Le Pen à ses propres déboires judiciaires.Le jugement a aussi divisé la classe politique française. Le Premier ministre lui-même François Bayrou a fait connaître “son trouble”. Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), “la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple”. Laurent Wauquiez (LR) a regretté un fait “pas très sain dans une démocratie”.”Je trouve assez affolant de voir une partie de la droite et une partie, parfois aussi, de la gauche se mettre au secours de la contestation de la justice”, a réagi le socialiste Olivier Faure. D’autant que “le RN n’est pas empêché. Il aura bel et bien un candidat en 2027”, a-t-il remarqué sur RTL.Selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL, réalisé après le jugement, Jordan Bardella rassemblerait jusqu’à 36% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, un score similaire à celui de Marine Le Pen. Selon un autre sondage de Elabe pour BFMTV, une majorité de Français (57%) estime que la décision de justice est normale au vu des faits reprochés à Marine Le Pen.

A Dunkerque, le procès lunaire d’un adepte de la théorie des citoyens souverains

Un adepte de la mouvance complotiste des citoyens souverains a été condamné mardi à cinq mois de prison avec sursis à Dunkerque (Nord) pour avoir refusé un contrôle de gendarmerie: “Je ne reconnais pas le jugement”, a-t-il déclaré après l’audience, fidèle à ses convictions.”Je reste sur ma position, je ne reconnais pas le jugement” et “je récuse le tribunal”, a lancé cet homme de 53 ans qui se définit comme “non-citoyen” en quittant la salle d’audience, à l’issue d’un procès aux débats lunaires.Selon la théorie de la mouvance des citoyens souverains, l’État français n’existerait pas en tant qu’entité publique mais serait en réalité une entreprise de droit privé créée en 1947. Les adeptes de cette théorie apparue dans les années 1970 aux Etats-Unis et depuis dix ans en France estiment qu’ils n’ont pas consenti à entrer en interaction avec cette entreprise, et n’auraient donc pas besoin de se soumettre aux lois.Pierre L., qui n’avait pas pris d’avocat pour assurer sa défense, a été condamné à 5 mois de prison avec sursis et 500 euros de dommages et intérêts pour refus de se soumettre aux vérifications du véhicule et du conducteur, au contrôle d’alcoolémie et de stupéfiants, défaut d’assurance et violences volontaires sur un militaire de la gendarmerie sans incapacité.”Je n’ai pas à me soumettre à qui que ce soit”, “même pas à vous”, a-t-il lancé au début de l’audience à la juge. Laquelle lui a patiemment répondu qu’il vivait “parmi les citoyens français”, et donc qu’il devait se “soumettre aux mêmes règles que les autres”.- “Le code de la route n’existe pas” -Une vidéo de son contrôle par les gendarmes le 1er avril 2024 à Esquelbecq (Nord), filmée par sa compagne de l’intérieur de leur véhicule, avait largement circulé sur internet l’an dernier, suscitant la stupéfaction ou l’hilarité des internautes.On y voyait Pierre L. et sa conjointe refusant d’obtempérer, répétant “on ne contracte pas”, avant que les gendarmes brisent la vitre de leur véhicule.”La direction générale de la gendarmerie nationale est enregistrée comme entreprise et pas comme société publique comme ils le disent. C’est pour ça que j’ai dit que je ne voulais pas contracter”, s’est-il justifié mardi.”Le code de la route n’existe pas, il est caduc”, a-t-il encore prétendu à la barre.”Si la procureure reste là, ça veut dire qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs (…) donc plus de Constitution, donc je vous récuse”, a encore déclaré le prévenu. Cette instance est là “pour appliquer le droit” et n’est “en aucun cas une tribune politique ou idéologique”, a répliqué la procureure, qui avait requis une peine plus sévère, dix mois d’emprisonnement avec sursis.”Je me porte constitution partie civile”, a aussi déclaré confusément le prévenu au début de l’audience en coupant la juge.”Vous avez le droit de vous constituer partie civile mais cette plainte suivra d’autres voies” car le tribunal n’est pas saisi de cette plainte aujourd’hui, lui a-t-on répondu.”Donc je ne peux pas faire valoir mes droits”, en a conclu le prévenu.- “Un irresponsable n’est plus un citoyen” -Plutôt que de faire appel, il a dit vouloir déposer plainte contre le tribunal de Dunkerque et sa présidente auprès du “tribunal de Strasbourg” et de la Cour européenne des droits de l’homme.Pourquoi? Parce que “le tribunal de Strasbourg travaille avec la Common Law Court”, croit savoir Pierre L., en faisant référence à une pseudo-juridiction internationale admise par certains “citoyens souverains”.Avant son procès, il avait aussi affirmé à l’AFP que ce ne serait pas lui en tant qu'”être vivant” qui serait jugé à Dunkerque, mais sa “personnalité juridique”, qu’il a décrit comme étant une “marque déposée à l’Inpi” (l’Institut national de la propriété intellectuelle, NDLR) dont il serait “le mandataire exclusif”.Cet ancien entrepreneur, actuellement au chômage, a déclaré avoir découvert la théorie des citoyens souverains sur les réseaux sociaux fin 2022.Non-vacciné au moment de la pandémie, il a dit avoir “pris à la lettre” les propos du président Emmanuel Macron, qui avait déclaré qu'”un irresponsable n’est plus un citoyen” dans un entretien accordé au Parisien début 2022.

Bébé tué avec du Destop: l’ex-employée de crèche, jugée à Lyon, reconnaît les faits

Une ancienne employée de crèche a reconnu mardi, à l’ouverture de son procès à Lyon, avoir donné du Destop à une fillette dont elle avait la garde, tout en niant avoir voulu la tuer.”Je reconnais les faits mais ce n’était pas volontaire”, a déclaré Myriam Jaouen, 30 ans, devant la Cour d’assises du Rhône qui la juge jusqu’à jeudi pour le meurtre de la petite Lisa, onze mois, en 2022. “Je n’ai pas donné la mort volontairement”, a-t-elle insisté face aux quatre femmes et deux hommes, appelés comme jurés dans cette affaire qui a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements dans les crèches privées.Malgré ses dénégations initiales, Myriam Jaouen, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avait reconnu en garde à vue avoir empoisonné la fillette, parce qu’elle était “excédée par ses pleurs”. Ni ses défenseurs, ni l’avocate des parents de Lisa n’ont souhaité s’exprimer en marge des débats, qui s’annoncent éprouvants, tant les faits reprochés à l’accusée sont graves.Face à la douleur des parents, “on essaie de garder la plus grande discrétion”, d’être “taisant, soutenant et respectueux”, a résumé Sidonie Leblanc, avocate de l’association L’Enfant Bleu – Enfance maltraitée, qui s’est portée partie civile.”Je n’ose pas imaginer leur souffrance”, a ajouté Me Jean Sannier, pour l’association Innocence en danger, également partie civile, pour qui les “deux enjeux” du dossier sont la responsabilité de l’accusée et “la législation sur l’encadrement des micro-crèches”.Le drame s’est noué dans une de ces petites structures privées, qui accueillent au maximum 12 enfants.- Produit caustique -Le 22 juin 2022, Myriam Jaouen est seule à l’ouverture de la micro-crèche lyonnaise “Danton rêve” du groupe People & Baby, où elle travaille depuis trois mois. Peu avant 08H00, le père de Lisa, qui doit fêter son premier anniversaire quelques jours plus tard, lui remet l’enfant et s’en va. Selon les éléments réunis par les enquêteurs, dès 8H10 une mère venue déposer son enfant découvre la jeune employée paniquée ainsi que la fillette vomissant, et appelle les secours. Inconsciente à l’arrivée des pompiers, celle-ci décède à l’hôpital.Myriam Jaouen est interpellée quelques heures plus tard. Entre-temps, elle a fait du shopping dans un centre commercial.Lors de son audition, elle assure d’abord que Lisa a ingéré par accident de la peinture prévue pour une activité. Acculée par les enquêteurs, elle admet lui avoir fait boire du Destop.Elle assurera par la suite qu’elle ne savait pas qu’il s’agissait d’un produit caustique ou encore avoir effectué un geste très rapide. Mais l’enfant présentait des lésions si importantes que les experts sont convaincus qu’une grande quantité de liquide a été versée, une dose peu compatible avec un geste accidentel.- “Fragile” -Lors du procès, les débats devraient s’attarder sur la personnalité de Myriam Jaouen, une femme immature et tendant à l’affabulation selon des experts.  Même si la responsabilité de la crèche n’est pas engagée, des questions devraient émerger sur les conditions de travail dans cet établissement en sous-effectif chronique.Il faudra se pencher sur les circonstances qui “permettent à l’auteur de se livrer à son crime”, estime ainsi Me Jean Sannier, en dénonçant la logique de “rentabilité maximum” pratiquée dans les micro-crèches qui fait “rogner sur la sécurité”. Pour lui, cela a permis l’emploi d’une “salariée fragile, qu’on a recrutée sans regarder vraiment qui elle était”, alors qu’elle “avait été remerciée au bout de quelques jours” dans une autre crèche.Trois semaines après la mort de Lisa, le gouvernement avait saisi l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour analyser le secteur des crèches privées. Publié en avril 2023, son rapport décrit une qualité d’accueil “très disparate” et pointe une pénurie de personnel et une faiblesse des contrôles.Deux rapports parlementaires et trois livres-enquêtes ont ensuite épinglé “un système à bout de souffle” et une course au rendement menée au détriment des enfants, sans qu’aucune réforme de grande envergure ne soit menée à ce jour.

Pédocriminalité dans l’Eglise: le parcours “précurseur” de victimes pour se faire entendre

Un parcours “précurseur”: victimes d’agressions sexuelles par un frère de la communauté de Saint-Gabriel alors qu’ils étaient enfants, Gilles Peuzé et Michèle Le Reun-Gaigné sont allés, avec leur collectif, jusqu’au pape pour se faire entendre, et ils oeuvrent désormais à prévenir d’autres cas.A Lourdes, où ils participent lundi et mardi au colloque de la Conférence des évêques de France (CEF) contre les violences sexuelles, ils racontent à l’AFP leur combat jalonné de premières.Tous deux ont été agressés par le frère Gabriel Girard dans des écoles de la congrégation: Gilles Peuzé à Issé (Loire-atlantique) en 1967, alors qu’il avait 8 ans; Michèle Le Reun-Gaigné à Loctudy (Finistère) en 1969, à l’âge de 9 ans.”Ils ont tué notre enfance”, explique Michèle, en dénonçant “cette omerta qui a pu durer, cette association de malfaisants”.”L’agresseur était muté pour protéger la congrégation, l’Eglise a donné ces enfants en pâture”, ajoute Gilles.Une cinquantaine d’enfants ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles dans les écoles de cette communauté à Issé, Loctudy  et Chavagnes-en-Paillers (Vendée), de 1950 au milieu des années 1970. Une vingtaine d’agresseurs (tous décédés) ont été identifiés. Le frère Gabriel Girard a agressé à lui seul au moins une vingtaine d’enfants.Cinquante ans plus tard, le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise), faisant état de 330.000 enfants victimes depuis les années 50, a été un “séisme”, qui a permis d’enclencher pour le collectif un processus de réparation unique: “on a été précurseurs”, sourit Gilles Peuzé.En mai 2022, les Frères de Saint-Gabriel ont reconnu lors d’une cérémonie des actes de pédocriminalité sur une cinquantaine de personnes – une première à l’époque.”C’était un moment unique. On a été crus, et reconnus. Un moment de soulagement”, explique Gilles Peuzé.Autre première dix-huit mois plus tard: une vingtaine de victimes sont reçues par le pape François, le 28 novembre 2023.”Il nous a dit: +Je vous demande pardon au nom de l’Église+. Personne ne nous avait demandé pardon avant”, raconte Gilles Peuzé, encore ému.Antoine Garapon, le président de la Commission reconnaissance et réparation (CRR), voit là “une démarche pionnière”, du fait notamment de la configuration des abus, avec “un très gros abuseur”, le frère Gabriel.Mais les anciennes victimes ont aussi eu la chance d’avoir pour interlocuteur, à la congrégation, le provincial (responsable) Claude Marceau, “qui a compris comment bien se comporter avec des victimes”, ajoute M. Garapon.- “Nouvelle bombe” -“Les frères de Saint-Gabriel ont vite compris que ça allait leur coûter très cher, mais ils ont joué le jeu, ils ont payé”, ajoute M. Garapon.”Claude Marceau voulait prendre ses responsabilités”, explique Michèle Le Reun-Gaigné, en racontant la “relation d’amitié” progressivement tissée avec l’ancien provincial, désormais membre de l’association.Car les victimes ont fondé en octobre 2023 l'”Association pour la mémoire et la prévention des abus sexuels dans l’Eglise catholique de l’Ouest” (Ampaseo).”On voulait faire la mémoire de notre histoire, mais aussi de la prévention pour que ce que l’on a vécu ne se reproduise pas pour les générations futures”, explique Gilles Peuzé.L’Ampaseo défend “une approche collaborative avec les autorités religieuses” et “une communication active” pour aider à la prévention.Dans cette optique, les anciennes victimes ont fait l’objet d’un documentaire (“Le prix d’une vie”), ont rencontré les évêques de la province ecclésiastique de l’Ouest…Depuis les révélations sur Notre-Dame-de-Bétharram, “de plus en plus de victimes nous sollicitent”, raconte Michèle Le Reun-Gaigné, car “les victimes veulent parler aux victimes”.L’association Ampaseo, qui a envoyé un message de soutien au collectif de Bétharram, observe attentivement la réaction des autorités ecclésiales.”Ça vient de péter à la figure de l’Eglise, ils sont dans une situation de crise. Bétharram, c’est une nouvelle bombe”, estime Gilles Peuzé, qui l’affirme: “Il y en aura d’autres. Ça, c’est inévitable”.