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Procès du RN: le parti, Marine Le Pen et 11 autres personnes seront jugés en appel

Le Rassemblement national et 12 des personnes condamnées dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, dont Marine Le Pen, ont fait appel du jugement, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.Le délai pour faire appel courait jusqu’à jeudi minuit. Au total, 24 personnes ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Paris le 31 mars (un expert-comptable avait été relaxé), en plus du RN.La moitié d’entre eux environ ont donc choisi d’accepter leur peine.Le procès en appel, prévu au premier semestre 2026 avec une décision à l’été 2026, devrait donc être plus court que le premier, qui avait duré deux mois, entre le 30 septembre et le 27 novembre 2024.L’écrasante majorité des prévenus avaient clamé leur innocence dans cette affaire. La cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen, son parti et Wallerand de Saint-Just (à l’époque trésorier du Front national devenu RN) avaient rapidement annoncé faire appel. Parmi les anciens eurodéputés condamnés, Louis Aliot (aujourd’hui vice-président du parti et maire de Perpignan), Nicolas Bay, Bruno Gollnisch, Fernand Le Rachinel ont aussi formellement fait appel. Tout comme d’anciens assistants parlementaires condamnés en première instance: Julien Odoul (actuel député RN de l’Yonne), Timothée Houssin (actuel député RN de l’Eure), Catherine Griset, Guillaume L’Huillier, et Jeanne Pavard.L’expert-comptable Nicolas Crochet, un ami de jeunesse de Marine Le Pen déjà condamné dans l’affaire Jeanne concernant les kits de campagne des législatives 2012, a également fait appel de sa condamnation.Marine Le Pen a été condamnée le 31 mars à cinq ans d’inéligibilité immédiate et quatre ans de prison dont deux ferme aménagés sous bracelet, le tribunal ayant estimé qu’elle était au “cœur” du système de détournements de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, à hauteur de 4 millions d’euros, entre 2004 et 2016.Le tribunal a justifié l’inéligibilité immédiate en mettant notamment en avant le risque de récidive, Marine Le Pen n’ayant jamais admis les faits ni pris “conscience”, selon le jugement, de “l’exigence particulière de probité” attachée à la fonction d’élue ni “des responsabilités qui en découlent”.

Procès de la boucherie “conspirative” de Brest: le verdict attendu en soirée

Après trois semaines d’audience, six hommes soupçonnés d’avoir fomenté des projets d’attentats depuis une boucherie de Brest se sont exprimés une dernière fois vendredi à leur procès à Paris, avant le verdict prévu dans la soirée.”On me reproche mon passage en Syrie mais je suis né en Syrie. Je n’ai jamais combattu là-bas. Je m’occupais d’aide humanitaire”, a dit Mohamad Darwish qui s’exprimait en arabe, via une interprète.Le parquet a réclamé 25 ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté des deux tiers, et une interdiction définitive du territoire français à l’encontre de l’accusé palestinien de 39 ans.Selon l’accusation, M. Darwish, par “l’aura” qu’il dégageait en raison de son passé de combattant au sein du groupe Etat islamique (EI), entre mars et l’automne 2014, “a galvanisé et motivé” le petit groupe qui se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés de la cour d’assises des mineurs spéciale.Me Sami Khankan, avocat de M. Darwish, n’a pas plaidé. A l’ouverture du procès, il avait demandé un supplément d’information et un ajournement du procès, refusés par la cour. Dernier avocat de la défense à s’exprimer – il n’y a pas de parties civiles -, Me Louis Heloun, avocat de Wahid Bouraya, 35 ans, le gérant de la boucherie “conspirative” de Brest contre qui treize ans de réclusion dont deux tiers de sûreté et six ans de suivi socio-judiciaire ont été requis, a dénoncé “un dossier tronqué”.”La thèse de la cellule prête à passer à l’action est chimérique”, a affirmé l’avocat. Dans cette affaire “on a insulté le droit, rétabli la loi des suspects”, s’est-il offusqué.Le dossier repose sur des écoutes faites par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans la boucherie de M. Bouraya entre novembre 2019 et janvier 2020.Selon l’accusation, les six hommes, dont un mineur de 16 ans à l’époque des faits, jamais réunis tous ensemble dans la boucherie, auraient projeté des actions violentes ou envisagé des départs en zone irako-syrienne.Mais au fil de l’audience, les projets d’attentats retenus initialement par l’accusation (rade de Brest, stade brestois, attaque d’un village isolé…) ont considérablement fondu. Il ne restait plus à l’issue des débats qu’un vague projet d’attentat durant le Nouvel An chinois à Paris ou Brest mais aucun plan d’action, aucune arme n’ont pu soutenir cette hypothèse.Beaucoup de ces accusations reposaient sur les aveux de “Mehdi” (le prénom a été modifié) mineur au moment des faits. Les larmes aux yeux, le jeune homme aujourd’hui âgé de 21 ans s’est excusé auprès de ses co-accusés. “C’est à cause de moi que vous vous retrouvez” dans le box des accusés, a-t-il dit. 

En Guadeloupe, des habitants résignés face à la démolition de leur quartier insalubre

Les bulldozers sont à l’œuvre à Vieux-Bourg, un quartier des Abymes, en Guadeloupe: ils “écrasent” les maisons, déclarées insalubres par les autorités. L’opération, censée transformer le quartier, soulève inquiétudes, souvenirs et résistances.Dans les ruelles étroites de Vieux-Bourg, les eaux ruissellent le long des maisons. À même le sol, carcasses de vélos et vieilles tôles s’amoncellent autour de plantes qui poussent dans la poussière. Sur les murs de plusieurs bâtisses en tôles et en bois, plus rarement en béton, un “avis de démolition” annonce la fin imminente.Ce quartier emblématique de Guadeloupe fait l’objet d’un vaste projet de renouvellement urbain porté par la communauté d’agglomération Cap Excellence, annoncé fin 2024 après un classement en zone insalubre par la préfecture.La préfecture évalue à 35.000 le nombre de logements indignes en Guadeloupe, soit 15% des résidences principales.A Vieux-Bourg, 160 maisons doivent être rasées, certaines déjà inhabitées. Soixante-cinq habitants seront relogés dans un premier temps, selon l’Établissement public foncier de Guadeloupe, chargé de racheter les parcelles. D’autres le seront plus tard – le projet s’étale sur deux ans, 84 familles étant concernées. “Des procédures d’expropriation sont en cours sur les 10 hectares concernés”, explique sa directrice, Corine Vingataramin.Mais la situation foncière est complexe. Nombre d’habitants vivent ici depuis des générations sans titre de propriété. L’indivision rend les démarches longues et parfois conflictuelles. Les bulldozers, eux, avancent.”Fin 2024, on a reçu un courrier de la préfecture qui nous enjoint de partir”, raconte Célina Mennock, la présidente de l’Association des habitants de Vieux-Bourg.”Malgré les réunions, la question du relogement n’est pas réglée. Le démarrage des démolitions crée le sentiment d’être mis devant le fait accompli”, ajoute-t-elle.- Paradoxes guadeloupéens -C’est le cas pour Georgette Sainte-Rose, 78 ans, installée dans le quartier depuis 1975. “Quand je suis arrivée, on parlait déjà d’écraser nos maisons (…) Aujourd’hui, rien n’est prévu pour nous reloger. Tout ça c’est du blablabla”, peste-t-elle en créole.Elle ne nie pas les problèmes du quartier: insalubrité, délinquance, délabrement. “Mais ici, dit-elle, c’est ma maison”. Elle évoque la solidarité entre voisins qui règne depuis “nanni nannan” (la nuit des temps en créole, ndlr), la vie de quartier et le jardin nourricier qu’elle cultive avec un voisin: aubergines, christophines, plantes médicinales.”Tout le monde en profite”, sourit Gitane Dragin, 68 ans, voisine et amie de Georgette. Elle aussi redoute un départ. “Mon cardiologue est à côté. Si je suis relogée loin, comment pourrais-je venir?” s’interroge-t-elle.Installé dans une minuscule échoppe en bois, Caliste Harry est le cordonnier du quartier. “Dans les années 1960, il y avait une usine de sucre ici, beaucoup d’activité économique”, se souvient-il. Les crises économiques, la fermeture des sites et les changements de population ont provoqué la dégradation du quartier. A 70 ans, il travaille toujours, comme beaucoup d’habitants aux petites retraites et aux carrières hachées.On lui a proposé d’installer sa boutique à Pointe-à-Pitre, mais il n’est pas séduit. “Cette rue est souvent cambriolée”, assure-t-il. Et devoir payer un loyer ne l’enchante pas.Comme lui, beaucoup se disent propriétaires, sans avoir de titre, mais avec une mémoire forte du lieu. D’autant que la question de l’indemnisation reste sensible. “On a laissé l’habitat se dégrader, ça ne vaut plus rien”, regrette Marlène Quimpert, une membre de l’association des habitants.”Ça revient à chiffrer le vécu des gens du quartier”, a-t-elle souligné auprès de Valérie Létard, la ministre du Logement, venue visiter ce quartier dont la reconstruction est présentée comme un modèle.”Ce qu’on fait ici, c’est de la dentelle, du cas par cas”, a répondu la ministre, promettant une réponse “adaptée”. Car ce projet mené avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) est censé inspirer d’autres réhabilitations, dans un territoire où les grands ensembles d’habitat insalubre sont une réalité de tous les jours. Aucune solution ne sera “totalement satisfaisante”, admet Célina Mennock: “On se résigne, on part, et on fera le deuil après”. 

Enlèvement du cofondateur de Ledger: le commanditaire présumé mis en examen à Paris

Le commanditaire présumé de l’enlèvement en janvier du cofondateur de Ledger, société spécialisée dans les cryptoactifs, a été mis en examen jeudi et écroué, a indiqué vendredi une source proche du dossier, confirmant des informations du Parisien.Ce suspect, âgé de 26 ans, était déjà en prison dans une autre affaire liée à un enlèvement, a précisé la source proche du dossier.Jeudi soir, un nouveau mandat de dépôt a été prononcé dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement de David Balland, cofondateur de Ledger.Devant les policiers, il a contesté être le commanditaire de l’opération, d’après la source proche.Contacté, son avocat Me Arnaud Fabre n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade.La compagne du commanditaire présumé est également poursuivie, selon la source proche du dossier.Selon le parquet de Paris, deux personnes, âgées de 26 ans, ont été mises en examen jeudi “dans l’affaire relative à l’enlèvement” de M. Balland.Elles ont été mises en examen pour “arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie commis en bande organisée” ainsi que pour “arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition, commis en bande organisée”.Ces chefs d’accusation sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité et d’un million d’euros d’amende.Les deux sont également poursuivis pour extorsion en bande organisée, blanchiment en bande organisée, blanchiment aggravé, association de malfaiteurs criminelle et recel de bien provenant d’un vol.David Balland et sa compagne avaient été kidnappés le matin du 21 janvier à leur domicile à Méreau (Cher).L’alerte avait été donnée par Eric Larchevêque, cofondateur de Ledger, qui avait reçu une vidéo d’un doigt coupé de David Balland, accompagnée d’une importante demande de rançon en cryptomonnaies.Séquestré à Châteauroux, David Balland a été libéré le 22 janvier. Sa compagne a été retrouvée ligotée dans le coffre d’un véhicule dans l’Essonne le lendemain.Six hommes et une femme, âgés de 20 à 40 ans, ont été aussi mis en examen dans la foulée, dans le cadre de l’information judiciaire instruite à Paris par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).

Les évêques d’Ile-de-France vont plancher sur l’accueil des baptisés

Les évêques d’Ile-de-France vont plancher pendant un an sur l’accueil dans l’Eglise des nouveaux baptisés, de plus en plus nombreux mais souvent mal accompagnés, a annoncé vendredi l’archevêque de Paris Laurent Ulrich dans un communiqué.Un Concile provincial se réunira “à partir de la Pentecôte 2026 et jusqu’à l’été 2027”, précise le communiqué également signé par les sept évêques d’Ile-de-France.Cette annonce intervient alors que l’Eglise catholique enregistre en 2025 une forte hausse des baptêmes d’adultes (+45%) et d’adolescents (+33%), avec une nette vitalité chez les moins de 25 ans, selon une enquête de la Conférence des évêques de France (CEF) publiée jeudi.Se félicitant de cet “afflux nombreux et vivant”, le communiqué souligne la “nécessité d’intégrer au mieux dans l’Église ces nouveaux chrétiens”.”Que devons-nous faire et faire de mieux en mieux pour qu’ils trouvent au milieu de nous de quoi grandir encore dans la foi?”, s’interroge-t-il.Les “catéchumènes” (postulants au baptême) sont préparés pendant deux ans environ avant de recevoir le sacrement, mais beaucoup déplorent la disparition de cet accompagnement après le baptême.Commentant ce nouveau dynamisme, le futur président de la CEF Jean-Marc Aveline avait estimé le 3 avril qu’il ne fallait “pas crier cocorico trop vite” car il y a “une responsabilité dans l’accueil” or “on n’a pas formé les accompagnateurs de catéchumènes”.”Il faut rattraper ce retard, on va le faire”, avait-il assuré.

Macron “confiant” dans la libération de Boualem Sansal, sujet d’une “attention particulière” d’Alger

Le président français Emmanuel Macron s’est dit “confiant” vendredi dans la libération à venir de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison ferme, car il fait l’objet d'”une attention particulière” de la part des autorités algériennes. “Je suis confiant parce que je sais qu’il y a une attention particulière, simplement voilà, j’attends des résultats”, a déclaré le chef de l’Etat lors d’une visite au Festival du Livre à Paris. “Notre souhait le plus ardent, c’est que les autorités algériennes puissent prendre la décision qui lui permettra de recouvrer une certaine liberté, de se soigner et de pouvoir réécrire”, a-t-il dit aux journalistes après avoir visité le stand du Maroc, invité d’honneur du Festival cette année. Boualem Sansal, 75 ans et incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite “Frontières” où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Il a fait appel de sa condamnation.De vives tensions ont affecté pendant huit mois les relations entre l’Algérie et la France, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé fin juillet de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger.Elles se sont encore aggravées notamment avec l’arrestation de l’écrivain et le refus par Alger début 2025 d’accepter sur son territoire des influenceurs algériens expulsés par la France. Ces tensions se sont néanmoins un peu apaisées ces derniers jours, à la faveur notamment d’un appel le 31 mars entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ayant acté la reprise du dialogue bilatéral. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, s’est rendu à Alger dimanche dernier pour confirmer cette “nouvelle phase” dans les relations entre Paris et Alger. 

Violences dans le porno: un livre raconte “les vies broyées, les vies têtues” de plaignantes

Après “les viols” et le “meurtre social”, survivre: le livre “Sous nos regards, récits de la violence pornographique” retrace les “vies broyées” mais “têtues” de plaignantes dans des dossiers judiciaires devenus emblématiques en France et visant le milieu du porno.Dans l’affaire de la plateforme “French Bukkake”, seize hommes, présumés innocents, doivent être jugés à Paris pour viols en réunion ou trafic d’être humains. Les investigations autour du site “Jacquie et Michel”, elles, se poursuivent.Des dizaines de femmes se sont constituées parties civiles. Depuis 2022, quinze autrices ont rencontré seize plaignantes refusant “d’être enfermées à perpétuité dans l’image de leurs corps violés”.Les bénéfices du livre, qui paraît vendredi aux éditions du Seuil, seront versés à la Fondation des femmes. “Ce livre, ce sont leurs vies broyées, leurs vies têtues”, écrivent les autrices.”Elles ont été victimes d’une surexposition” sur Internet, “d’un porno où on ne cherche pas à jouir ensemble, mais où la jouissance vient de la destruction de la femme”, analyse pour l’AFP l’autrice Hélène Devynck, à l’origine du projet avec Adélaïde Bon. “Nous voulions leur offrir, avec la littérature, un reflet où elles se voient belles”.Dans le dossier “French Bukkake”, de nombreux accusés assurent que les femmes étaient consentantes, qu’il s’agissait d’un jeu d’acteurs.- “Le prénom de ma fille” – Il y a d’abord Loubna, dont le prénom a été modifié comme pour les autres plaignantes.Loubna se “défonce” depuis que son compagnon la prostitue. Un jour, il lui parle d’un “nouveau plan”. Emmenée sur le lieu de tournage, Loubna, encore “défoncée”, “parle trop” et lâche le prénom de sa fille au caméraman qui l’accueille. Au sous-sol, deux hommes “là pour leur plaisir”. Suivent “des heures de pénétration”.”Parfois, elle arrive à parler. Elle dit qu’elle ne veut pas d’anal. Elle répète, elle hurle, elle se débat”, écrit la journaliste Alice Géraud, qui a mis en mots son calvaire.”La violence des hommes est un marteau-piqueur qui s’acharne sans relâche sur le corps de Loubna”. La mesquinerie aussi. Loubna découvrira le nom d’emprunt choisi par les réalisateurs pour la vidéo: “le prénom de ma fille”.Pauline, elle, “voudrait pouvoir dire qu’elle est aussi une jeune femme enjouée, pas seulement une rescapée de l’enfer”.Cette semaine, elle a lu, aux côtés d’autres plaignantes et d’autrices, des passages du livre à paraître, à la Maison des Métallos à Paris. Droite au micro, celle qui a tenté de se suicider s’est sentie “fière” devant ce public venu l’écouter, dit-elle à l’AFP après la lecture. “Pourquoi on n’aurait pas le droit d’aller bien ?”Toutes racontent “après les viols, le meurtre social”: le harcèlement, sur Internet et jusque devant chez elles, les inconnus qui leur crachent reconnaître “leur cul”. L’une dit avoir déménagé 18 fois en 12 ans.- “L’histoire d’un non” -Une heure et vingt minutes de récits de violence, mis en lecture par la metteuse en scène Lorraine de Sagazan. Le public, bouleversé, scande : “Justice !”, transporté par la solidarité manifeste entre autrices et plaignantes, aux âges et milieux sociaux variés.Agathe Charnet est, elle, de la même génération que la plaignante dont elle devait écrire le récit.”Petites filles d’Internet” des années 2000, elles ont partagé les “mêmes fragments d’adolescence”. Vu les mêmes images de “corps de gamines (…) se faisant retourner comme des crêpes par des hommes sans visages aux bites mastoïdes qui les traitaient sans interruption de +petites putes+, +belles salopes+ et de +sales chiennes+”. “Et au lieu de leur filer une mandale en pleine poire, les filles aux seins sublimes et au ventre nullipare se contentaient de placer judicieusement en levrette leurs fesses savamment bombées en hurlant que +oui, oui, oui+”, se souvient Agathe Charnet, retraçant l’impact de la pornographie sur sa “confusion intrinsèque de l’amour romantique et de la soumission”.Mais, tout compte fait, Agathe Charnet ne “racontera pas aujourd’hui l’histoire de M.”. “Si elle soutient pleinement la raison d’être de ce livre, M. a émis le souhait de ne pas finalement être dite ici”. Alors ce livre, c’est aussi “l’histoire d’un non”. Un non qui, pour une fois dans la vie de M., aura été respecté.

Exposition universelle 2025: la France place son pavillon sous le signe de l’amour

La France lèvera le voile dimanche sur son pavillon à l’Exposition universelle d’Osaka, conçu comme un “hymne à l’amour” propre à tisser des connexions avec le public d’un évènement mondial où quelque 160 pays et régions sont représentés.Il sera inauguré en présence de deux de ses parrains, l’actrice Sophie Marceau et le judoka Teddy Riner. L'”Expo-2025″ qui aura lieu du 13 avril au 13 octobre sur l’île artificielle de Yumeshima, s’inscrit dans la lignée de l’édition de 1970 organisée dans cette même ville d’Osaka (ouest) et dont l’impact fut majeur pour le Japon. Trois ans après l’Exposition à Dubaï, Osaka s’est choisie pour thème “la société du futur”, mettant l’accent sur l’intelligence artificielle et le spatial.Avec parmi les attractions-phares une météorite martienne, un minuscule coeur battant cultivé à base de cellules-souches, 32 sculptures d’Hello Kitty déguisées en algues…Organisées régulièrement à travers le monde depuis 1851 (celle de 1889 laisse pour héritage la Tour Eiffel à Paris), les Expositions universelles offrent l’occasion aux pays participants de rivaliser via l’architecture de leurs pavillons et la présentation de leurs cultures, techniques et savoir-faire.Pour cette édition, les pavillons sont entourés de la plus grande structure architecturale en bois du monde, un imposant “Grand Anneau” symbole d’unité.”On a voulu, nous, un pavillon ancré dans le champ des valeurs et de l’émotion”, déclare à l’AFP Jacques Maire, commissaire général du Pavillon France et président de la Compagnie française des expositions (Cofrex). Imaginé par un consortium franco-italien mené par le Français Thomas Coldefy, le bâtiment est enveloppé d’immenses drapés blancs.-Fil rouge-La France s’est inspirée de la légende japonaise du “akai ito”, fil rouge évoquant l’union de deux êtres liés par un cordon invisible et indestructible. “Il faut créer des liens et expliquer qu’on a des valeurs communes avec le Japon”, explique M. Maire. D’autant plus face aux tensions géopolitiques grandissantes en Asie-Pacifique, Paris affichant son soutien à Tokyo en faveur d’un ordre international fondé sur la coopération et le dialogue.L’exposition permanente du pavillon, sur 1.560 m2, a vu sa scénographie confiée à l’artiste plasticienne Justine Emard, mêlant culture japonaise et patrimoine français.Avec notamment, outre des sculptures de Rodin, une tapisserie géante d’Aubusson inspirée du film “Princesse Mononoke” du studio d’animation Ghibli… sous la surveillance d’une gargouille-chimère rescapée de l’incendie de Notre-Dame.Au fil des parcours, sont présents des géants hexagonaux du luxe, les vins alsaciens… “Si l’on veut donner confiance à la jeunesse, c’est en replaçant la technologie dans sa vraie dimension d’une réponse aux besoins fondamentaux de l’homme et la nature”, argumente M. Maire.-Billeterie décevante- Pendant six mois, la France ambitionne d’accueillir trois millions de visiteurs dans son pavillon.Mais les difficultés à écouler les billets de l’Expo-2025 ont illustré la complexité du système d’achats en ligne et le désintérêt des Japonais pour l’évènement. Une semaine avant l’ouverture, la vente totale de billets avait atteint les 8.701.432 billets… pour un objectif de 28 millions de visiteurs sur six mois.”L’Expo est trop tournée vers les Japonais (…) il y a une réelle difficulté à prendre compte les publics étrangers”, regrette Jacques Maire, tout en tablant sur un succès du pavillon français –où il attend de longues queues, le lieu n’accueillant que 2.500 à 3.000 visiteurs par heure. Le Pavillon France, qui a coûté 58 millions d’euros (dont 42,5 millions financés par l’État), a subi, comme d’autres pays participants, une flambée des coûts: renchérissement des matières premières, pénurie de main-d’oeuvre dans le BTP au Japon…Soit, selon M. Maire, une augmentation du coût au m2 de 30% à 40% par rapport à la période précédant le chantier.La structure, à vocation provisoire comme tous les autres pavillons d’Osaka-2025, se veut “durable”, avec des structures en acier destinées à être recyclées ou réutilisées, une “double peau extérieure” optimisant sa performance thermique durant le rude été nippon, et un toit végétalisé.Alors que le Japon a connu en 2024 l’été le plus chaud de son histoire, une structure ombragée abritera les files d’attentes et un espace-jardin de 330 m2 a été aménagé autour d’un massif olivier réputé millénaire.Le Pavillon France proposera des expositions temporaires, de l’artisanat aux innovations technologiques, en passant par l’exploration des océans.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Brésil: des indigènes des Amériques et d’Océanie interpellent la COP30

Près de 200 organisations indigènes et environnementales du monde entier ont demandé jeudi à la présidence brésilienne de la COP30 de s’engager à mettre fin aux énergies fossiles, lors d’une réunion des peuples indigènes à Brasilia.Elles ont remis une lettre à la présidence de la conférence sur le changement climatique prévue en novembre au Brésil, l’exhortant à soutenir les appels à “bloquer” les nouveaux projets d’exploitation pétrolière et à “réduire rapidement, de manière ordonnée et équitable” la production d’hydrocarbures dans le monde, principale cause du réchauffement de la planète.”La science est sans équivoque : il n’y a pas de place pour de nouvelles mines de charbon ou de nouveaux champs de pétrole et de gaz si le monde veut limiter le réchauffement à 1,5°C” par rapport à l’ère préindustrielle, souligne ce texte.Les peuples indigènes d’Amérique tiennent cette semaine leur assemblée annuelle à Brasilia, à laquelle ils ont également invité des indigènes d’Océanie.Ils ont marché jeudi vers le Congrès, le parlement brésilien, avec des banderoles en défense du “climat et de l’Amazonie”, avec à la clé un accrochage avec les forces de police qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, selon un photographe de l’AFP sur place.

L’hypothèque Le Pen, un casse-tête aussi pour ses adversaires

Tabou vertigineux au sein du Rassemblement national, le possible empêchement judiciaire de Marine Le Pen pour 2027 rebat aussi les cartes pour ses concurrents, chacun réévaluant les chances d’accéder au second tour face à la triple candidate ou à son dauphin Jordan Bardella.Condamnée, Marine Le Pen laisse toute la classe politique en sursis. A l’extrême droite d’abord, où dans l’attente du procès en appel qui lèvera ou confirmera son inéligibilité à l’été 2026, la patronne du RN affirme qu’elle “ne lâchera rien”. Opiniâtreté qui ferme la porte à tout “plan B” – comme Bardella.Mais les stratèges sont bien obligés de revoir leurs pronostics. Comme ce baron socialiste qui estime que le jeune président du parti d’extrême droite “a intérêt à se préparer” car “un second tour sera peut-être plus dur pour lui” que pour son expérimentée cheffe de file. Tout en soulignant avec malice que sans Marine Le Pen, à l’autre bout du ring “Jean-Luc Mélenchon perd son sparring-partner”.Argument balayé par le fidèle lieutenant Insoumis Manuel Bompard, qui fait au contraire le pari que “Bardella explosera en vol pendant la campagne”, parce qu'”une fois qu’on a gratté les éléments de langage à la surface, il n’y a plus rien”. Trop tendre, à l’en croire: “Mélenchon n’en ferait qu’une bouchée”.Une figure historique de la droite fait un calcul diamétralement opposé, partant du principe que le patriarche de la gauche radicale “ne sera probablement pas au second tour”, avec un ticket d’entrée attendu “autour de 20% à 25%”.Par conséquent, “il y a une place à prendre” face au RN, dont “le candidat restera à un niveau très élevé” et sera “qualifié y compris si c’est Bardella”, prédit cet observateur chevronné, pour qui “même Louis Aliot doit pouvoir le faire”.Le maire de Perpignan (lui aussi condamné dans l’affaire des assistants parlementaires européens) n’est cependant pas testé par les instituts de sondage. Notamment l’Ifop qui créditait Marine Le Pen de 34% à 37% à la veille de son verdict, et Harris Interractive qui situait Jordan Bardella entre 35% et 36% au lendemain de la décision du tribunal.- “Le vent en poupe” -Preuve par l’opinion que la condamnation de la favorite à deux ans de l’échéance “ne crée pas d’appel d’air pour ses adversaires”, constate la directrice générale d’Odoxa Céline Bracq, qui voit pour la première fois Mme Le Pen arriver en tête de son baromètre mensuel des personnalités politiques, suivie de près par M. Bardella sur la troisième marche du podium.”Pour le moment le RN a le vent en poupe” et cela “pose plutôt un problème à ceux qui voudraient lui reprendre des parts de marché”, d’autant que les sympathisants LR sont partagés sur la question de l’indépendance de la justice, souligne-t-elle.Ce qui expliquerait la surenchère entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, en lutte pour la présidence des Républicains. Dans leur logique, “Marine Le Pen n’étant plus candidate, il y a une course à droite pour conquérir la légitimité, faire l’union derrière soi et espérer l’emporter en 2027”, analyse le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.Une “convergence” des électorats de droite que le RN serait moins en mesure de réaliser à cause de ses critiques virulentes du “système” en général et de l’institution judiciaire en particulier, selon Luc Rouban. Ce parti “qui s’était dédiabolisé (…) retourne un peu à ses vieux démons”, au risque de perdre les électeurs “des classes moyennes supérieures diplômées” conquis aux dernières législatives, explique le politologue rattaché au CNRS et à Sciences Po.Mais gare à ceux qui s’imaginent siphonner les voix lepénistes. “S’ils pensent que le jugement pourrait conduire à un affaissement des intentions de vote, ils n’ont rien compris aux ressorts du vote RN”, avertit Emeric Bréhier, ancien député PS aujourd’hui directeur de l’Observatoire de la vie politique à la Fondation Jean-Jaurès.Et “peu importent les soubresauts judiciaires de Marine Le Pen”, les autres prétendants ont encore “beaucoup de haies à franchir”, qu’il s’agisse de “travailler sur leurs programmes” ou de “préparer les municipales”, rappelle-t-il. Après tout, si bien placé soit-il, “Edouard Philippe aussi aura besoin des 500 parrainages”.