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L’armée française s’apprête à mettre fin à sa présence permanente au Sénégal

Les dernières installations militaires françaises au Sénégal doivent être officiellement restituées jeudi matin à ce pays, lors d’une cérémonie historique à Dakar qui marquera la fin de la présence permanente de l’armée française au Sénégal, mais aussi en Afrique centrale et de l’Ouest.  La présence permanente française au Sénégal date de 1960, année de l’indépendance du pays.   Depuis 2022, l’armée française a mis fin à sa présence permanente au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Gabon, où la base française s’est muée en “camp partagé” gabono-français axé sur la formation. Le “camp Geille”, plus grande installation militaire française au Sénégal située dans la capitale sénégalaise, et l’escale aéronautique militaire située à l’aéroport, doivent été restituées à l’Etat sénégalais jeudi lors d’une cérémonie à Dakar en présence du chef d’état-major des armées du Sénégal, le général Mbaye Cissé, et du général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française pour l’Afrique.Ce jour marque la fin officielle des Eléments Français au Sénégal (EFS), qui comprenaient environ 350 militaires français ayant pour mission principale de conduire des activités de partenariat militaire opérationnel avec les forces armées sénégalaises.Le retrait français avait été entamé en mars dernier et plusieurs installations avaient déjà été restituées depuis début mars par l’armée française.Le camp Geille, situé dans le quartier de Ouakam à Dakar, abrite le poste de commandement de l’état-major interarmées et l’unité de coopération régionale. Le Sénégal est resté après son indépendance l’un des alliés africains les plus sûrs de la France, ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l’Ouest. – Concertation -Mais les nouveaux dirigeants en fonction depuis avril 2024 ont promis de traiter désormais la France à l’égal des autres partenaires étrangers, au nom d’une souveraineté recouvrée.Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir avec un agenda de rupture, avait annoncé en novembre 2024 la fin en 2025 de toute présence militaire française et étrangère sur le sol national.”Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain”, avait alors déclaré M. Faye. Il avait assuré qu’il ne s’agissait pas d’un acte de “rupture” et avait défendu un “partenariat rénové” avec l’ancienne puissance coloniale et alliée historique française.La présence militaire française au Sénégal a reposé depuis 1960 sur des accords de défense et de coopération bilatéraux, avec un “appui à construction” de l’armée sénégalaise entre 1960 et 1974. Ce retrait avait de fait été acté côté français à partir de 2011/2012. En 2011, les Forces Françaises du Cap-Vert (FFCV), crées en 1974, avaient laissé la place aux EFS, ne disposant pas d’unités combattantes mais d’un réservoir d’instructeurs spécialisés. En 2012, un changement de la forme du partenariat militaire est entériné par la signature du traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre les deux pays. La défense de l’intégrité du territoire est alors assurée par les seules forces armées sénégalaises (plus d’unités combattantes françaises).Le retrait français du Sénégal s’est fait dans la concertation, dans un paysage sur le continent africain largement défiant sinon hostile envers la présence française.Face à la prise de pouvoir, par des putschs, de juntes devenues hostiles au Sahel, l’armée française déployée dans la lutte antijihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force. Elle dispose toujours d’une base, à Djibouti, qui accueille 1.500 personnes. Paris souhaite en faire un “point de projection” pour les “missions” en Afrique, après le retrait de ses forces du Sahel.

Hollande demande “une révision profonde” du budget pour ne pas censurer

François Hollande demande au gouvernement “une révision profonde” de son projet de budget pour 2026 s’il veut éviter une censure du Parti socialiste à l’automne. “Si le gouvernement veut écarter le risque de la censure, il doit réviser profondément ce budget. Il doit bouger et chercher des compromis”, a estimé l’ancien chef de l’Etat dans un entretien jeudi au Monde, deux jours après les annonces choc de François Bayrou sur un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros.Le député de Corrèze liste quatre conditions: “une augmentation de la fiscalité sur les hauts patrimoines, qu’il s’agisse du principe de la taxe Zucman ou du rétablissement d’un impôt modernisé sur la fortune”. Il demande ensuite de “revenir sur certaines aides aux entreprises et notamment sur les exonérations de cotisations sociales qui représentent plus de 70 milliards d’euros contre 35 milliards à la fin de mon quinquennat”. Le socialiste appelle aussi à “protéger les revenus des plus faibles, c’est-à-dire les petites retraites et les prestations familiales” ainsi qu’à “préserver les aides aux collectivités locales pour soutenir l’équipement du pays”.Déjà défavorable – mais minoritaire au sein de son groupe – à la dernière censure déposée par les socialistes sur les retraites, l’ancien président préférerait qu’on n’en arrive pas à la censure du gouvernement.Sans budget, la France “entrera dans une double instabilité, financière car les marchés seront cruels, et politique avec le spectre d’une nouvelle dissolution. Qui a vraiment intérêt à ce désordre ?”, prévient-il.Mais “l’esprit de responsabilité ne revient pas exclusivement à l’opposition. C’est d’abord à l’exécutif d’en faire la démonstration”, juge-t-il. 

La France, mauvais élève dans le paysage de la dette en Europe

Emprunter sur dix ans pourrait bientôt coûter plus cher à la France qu’à l’Italie. Après l’Espagne et le Portugal, qui bénéficient déjà de meilleurs taux, l’Hexagone s’englue à sa place de mauvais élève budgétaire de l’Europe.Début juillet, le taux de la dette souveraine italienne à échéance 5 ans a glissé sous le taux français, une première depuis 2005.Le prochain signal fort pourrait venir du taux d’emprunt à dix ans, la référence pour les comparaisons internationales, et donc pour évaluer la fiabilité financière d’un État aux yeux des marchés.- “Enormes efforts” -Le taux français à dix ans, actuellement à 3,37%, est au cÅ“ur des préoccupations tant l’écart se réduit avec celui de l’Italie, à 3,54%. Le “spread”, ou l’écart entre les deux, “se réduit à peau de chagrin”, souligne Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie de marché de Natixis IM.Il n’est désormais à moins de 0,2 point de pourcentage, contre 1,20 point il y a un an. Les courbes pourraient se croiser.Ce “rapprochement (…) ne fait que traduire une tendance que l’on constate dans dans les finances publiques”, affirme Philippe Ledent, expert économiste chez ING. Il estime qu’il faudra “d’énormes efforts” de la France pour renverser la vapeur.”Nous sommes à un moment critique de notre histoire”, a martelé mardi le Premier ministre français François Bayrou, en dévoilant ses mesures pour redresser les finances d’un pays soumis au “danger mortel” de “l’écrasement par la dette”.Il a rappelé que le déficit public de la France a atteint 5,8% du PIB en 2024, pour une dette publique représentant près de 114% du PIB, soit la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie.D’après les projections de la Commission européenne publiées en mai, la France devrait enregistrer le pire déficit public de la zone euro en 2025 et 2026.La France se retrouve “enlisée dans une croissance économique faible, des finances publiques hors de contrôle (…) et une notation qui a tendance à se dégrader”, poursuit M. Ledent.L’agence S&P a en effet amélioré en avril dernier la notation de la dette publique de l’Italie à “BBB+”, assortie d’une perspective “stable”, quand la note de la dette française (AA-) est assortie depuis février d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elle pourrait être rétrogradée.- “Pragmatisme spectaculaire” contre blocage politique -En face, malgré l’ampleur de la dette italienne – proche de 3.000 milliards d’euros en 2024, soit 135,3% de son PIB – Rome retrouve la faveur des marchés.La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et son gouvernement, sous forte pression pour réduire cette dette colossale, “ont fait preuve d’un pragmatisme économique tout à fait spectaculaire”, relève Mabrouk Chetouane.Le déficit public italien s’est réduit davantage que prévu en 2024, à 3,4% du produit intérieur brut (PIB). Des revenus fiscaux meilleurs qu’anticipé ont même permis de revenir à un excédent des comptes publics au quatrième trimestre 2024, ce qui n’était pas arrivé depuis 2019.De quoi “considérer que l’Italie est mieux en mesure de gérer sa dette que la France”, selon Benjamin Melman, responsable allocation d’actifs chez Edmond de Rothschild. La France est, elle, “perçue comme un pays qui n’arrive pas à faire de réformes, qui est déjà allé très loin avec un taux d’imposition important, et qui se retrouve aujourd’hui un peu bloqué”, explique à l’AFP Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM.Et depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, les investisseurs redoutent le blocage politique.Ils exigent donc un rendement plus élevé pour détenir de la dette française, “une prime” légitime “car il y a un risque que le pays devienne ingouvernable”, note M. Chetouane.L’annonce par François Bayrou d’une cure budgétaire draconienne de 43,8 milliards d’euros pour 2026 n’a d’ailleurs pas ému le marché obligataire, resté de marbre. Une indifférence qui devrait perdurer tant que les mesures présentées ne sont pas concrétisées.Pour M. Ledent, “il va falloir passer ce cap, et probablement l’une ou l’autre censure (du gouvernement) à la rentrée”.

Le Libanais Georges Abdallah va-t-il sortir de prison, après 40 ans? La justice française se prononce jeudi

Après plus de 40 ans de prison en France, peut-être la liberté. Le Libanais Georges Abdallah, condamné en 1987 pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien et considéré comme l’un des plus anciens détenus du pays, saura jeudi si la justice l’autorise à rentrer chez lui.La cour d’appel de Paris rendra sa décision à 09H00, en audience non publique et en l’absence de Georges Ibrahim Abdallah, détenu à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).Incarcéré en France depuis 1984, l’ancien chef d’un groupuscule de chrétiens libanais marxistes pro-palestiniens est libérable depuis 25 ans, mais a vu sa dizaine de demandes de remise en liberté échouer.Cette nouvelle demande pourrait être la bonne: le tribunal d’application des peines puis la cour d’appel se sont à quelques mois d’intervalle prononcés pour, estimant la durée de sa détention “disproportionnée” par rapport aux crimes commis, et jugeant qu’à 74 ans, ce détenu “âgé” aspirant à “finir ses jours” dans son village du nord-Liban ne présentait plus de risque de trouble à l’ordre public.Le jugement du tribunal en novembre avait immédiatement été suspendu par un appel du parquet antiterroriste. Quant à la cour, tout en se disant en février favorable à sa remise en liberté, elle avait repoussé sa décision de quelques mois, exigeant que Georges Abdallah fasse preuve d’un “effort conséquent” pour indemniser les victimes, ce qu’il a toujours refusé de faire, se considérant comme un prisonnier politique.Lors d’une nouvelle audience le 19 juin cependant, et sans s’épancher sur la position de son client ni l’origine des fonds, l’avocat de Georges Abdallah avait informé les juges que 16.000 euros se trouvaient désormais à disposition des parties civiles sur son compte en prison.Le parquet général, comme les Etats-Unis – parties civiles et qui se sont farouchement opposés à chacune de ses demandes de libération – ont considéré que cela ne suffisait pas, qu’il n’avait fait “aucun effort” car l’argent n’était pas le sien et qu’il n’y avait pas de repentir, ont rapporté des sources proches du dossier (l’audience n’était pas publique).- Départ immédiat -“La notion de repentir” n’existe “pas dans le droit français”, s’était indigné au sortir de la salle l’avocat de Georges Abdallah, Me Jean-Louis Chalanset. “J’ai dit aux juges +soit vous le libérez, soit vous le condamnez à mort+”.Reste à savoir si la cour a, elle, été convaincue. Si c’est le cas, elle ordonnera sa libération avec une condition: qu’il quitte immédiatement le territoire français et n’y paraisse plus. Un délai de quelques jours avec une date butoir pourrait lui être donné.Il videra dans ce cas sa cellule remplie de 40 ans de journaux et courriers quasi-quotidiens de ses soutiens, décrochera son drapeau rouge de Che Guevara du mur, puis il prendra un vol pour Beyrouth. Le Liban, qui réclame sa libération aux autorités françaises depuis des années, avait confirmé en décembre dans un courrier à la cour qu’il organiserait son retour.Aujourd’hui tombé dans l’oubli, à l’exception d’une poignée de fidèles manifestant chaque année devant sa prison ou de quelques parlementaires de gauche, Georges Abdallah était dans les années 80 l’ennemi public n°1 et l’un des prisonniers les plus célèbres de France.Pas à cause de son affaire, mais parce qu’on l’a longtemps cru, à tort, à l’origine de la vague d’attentats de 1985-86 qui avait fait 13 morts dont sept au magasin Tati de la rue de Rennes, et installé la psychose dans les rues de la capitale.Les véritables responsables, des pro-Iraniens, avaient été identifiés deux mois après la condamnation à la perpétuité de Georges Abdallah.Ce dernier n’a jamais reconnu son implication dans les assassinats des diplomates à Paris, mais les a toujours qualifiés d'”actes de résistance” contre “l’oppression israélienne et américaine”, dans le contexte de la guerre civile libanaise et l’invasion israélienne au sud-Liban en 1978. Il a toujours refusé de renier ses convictions.Son groupuscule des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises) est dissous depuis longtemps et “n’a pas commis d’action violente depuis 1984”, avait toutefois souligné la cour dans son arrêt de février, estimant que Georges Abdallah “représente aujourd’hui un symbole passé de la lutte palestinienne”.

Obsèques d’Ardisson à Paris, les invités attendus tout de noir vêtus

“Chers amis, chers ennemis, dernier bonsoir!” Dans une ultime mise en scène, les obsèques de Thierry Ardisson, producteur et animateur star décédé à 76 ans, sont célébrées jeudi à Paris, devant une assistance invitée à revêtir sa couleur fétiche, le noir.La cérémonie se tiendra à 16H30 en l’église Saint-Roch à Paris, la paroisse des artistes, avant une “inhumation dans la plus stricte intimité”, a indiqué sa famille à l’AFP.L’accès à l’intérieur de l’église sera “réservé aux invités”, à qui il est demandé de respecter le “dress code Ardisson (avec ou sans lunettes noires)”, c’est-à-dire le costume noir.”Chers amis, chers ennemis, dernier bonsoir! Retrouvez-nous pour dire au revoir à l’homme en noir”, est-il inscrit sur le carton d’invitation, portant la mention “Roch never dies”, clin d’Å“il à la paroisse du 1er arrondissement et promesse d’une bande-son éclectique à son image. Vedette du petit écran dès les années 1980, Thierry Ardisson est mort lundi à Paris des suites d’un cancer.L’annonce de son décès a suscité une pluie d’hommages, du président Macron aux patrons de chaîne en passant par de nombreuses figures du PAF (Arthur, Cyril Hanouna, Karine Le Marchand…).Mais des extraits d’émissions où il avait mis mal à l’aise ses invitées, comme les actrices Judith Godrèche ou Milla Jovovich, ont été aussi relayées. “J’étais ni con ni macho, on était dans l’époque” et “l’époque a changé”, balayait-il en mai sur France Inter.- “Face cachée” -Issu d’un milieu social modeste, l’ancien publicitaire a bousculé le paysage cathodique avec ses talk-shows à succès où se rendait le Tout-Paris, comme “Bains de minuit”, présenté depuis la boîte de nuit des Bains Douches à Paris, “Lunettes noires pour nuits blanches” au Palace et “Rive droite/Rive gauche”, premier magazine culturel TV quotidien en France.Il a connu ses plus belles heures avec “Tout le monde en parle” sur France 2 (1998-2006) où ses questions aux artistes comme aux politiques, parfois trash, ont souvent créé le buzz.Thierry Ardisson est ensuite passé aux commandes de “Salut les Terriens” (2006-2019), sur Canal+ puis C8, qu’il a dû arrêter après avoir refusé d’en baisser le budget.Réalisé par son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, un documentaire diffusé mercredi soir sur TF1 et disponible sur la plateforme TF1+, “La face cachée de l’homme en noir”, dresse un portrait tout en nuances de ce roi de la provocation, dépeint comme hypersensible et tourmenté.Dans cette émission testament, Ardisson, qui était croyant, retrace sa vie en 10 commandements, jusqu’au dernier depuis son lit d’hôpital au printemps: “La mort en face, tu regarderas”.”J’ai toujours tout mis en scène” et “je sais déjà la musique que je vais mettre à mon enterrement”, avait-il déclaré sur le plateau de son amie Léa Salamé sur France 2 en mai. “Ça m’intéresse d’aller jusqu’au bout”.- L’après -Paris Match a publié cette semaine en Une une photo de 2005, où Ardisson, lunettes fumées sur le nez, sourit allongé dans un cercueil. Il voulait que cette image soit publiée à sa mort, comme un pied de nez, et “on a tenu parole”, narre Jérôme Béglé, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire. À France Télévisions, la communicante Anne Méaux, une proche, l’a dépeint comme “passionné par les tendances, dans le temps court, et profondément préoccupé par le temps long et la suite”.Comme obsédé par l’après, le vétéran était revenu brièvement en 2022 avec “Hôtel du temps” sur France 3, où il interrogeait des stars défuntes dont les visages et voix étaient recréés grâce aux nouvelles technologies.”Où que j’aille, j’espère bien retrouver Denise Glaser et François Chalais (anciennes figures de la télé, ndlr), John Lennon et George Harrison (des Beatles), Paul Morand et Alain Pacadis (des auteurs)”, avait déclaré Ardisson à Paris Match dans une “interview jugement dernier” en 2005.

Au Pakistan, le gouvernement pris de court par la ruée vers l’énergie solaire

Usés par les coupures de courant répétitives et les factures d’électricité paradoxalement exorbitantes, de plus en plus de Pakistanais installent sur leurs toits des panneaux solaires, prenant de court le gouvernement éprouvé par des milliards de dollars de déficit.Autrefois apanage des quartiers riches, le solaire se révèle depuis peu être la première source d’énergie nationale et a fait son apparition dans les quartiers moins favorisés, où les habitants se serrent la ceinture pour pouvoir se l’offrir.”Le solaire nous facilite la vie, mais c’est un choix difficile pour des gens comme nous”, témoigne Farida Salim, dans sa modeste maison d’une allée de Karachi, mégalopole sur la côte sud du pays.Alors que les températures dépassent les 40°C, elle y reçoit des voisins venus se réfugier près de son ventilateur et apprécier un autre phénomène rare: l’absence de coupures.Mme Salim n’est plus raccordée au réseau d’électricité depuis l’année dernière, lorsqu’elle a refusé de payer ses factures pour protester contre les pannes longues de 18 heures.Veuve et mère de deux enfants handicapés, elle a vendu ses bijoux et emprunté de l’argent auprès de ses proches pour acquérir deux panneaux solaires, un onduleur et une batterie, pour 180.000 roupies (540 euros).Au Pakistan, l’énergie solaire comptait pour moins de 2% du mix énergétique en 2020 et 10,3% en 2024, d’après des données rassemblées par le centre de réflexion Ember, spécialisé en énergie.Et dans les cinq premiers mois de 2025, ce chiffre a presque doublé pour atteindre 24%, devenant la première source d’électricité et éclipsant le gaz, le charbon, le nucléaire mais aussi l’énergie hydraulique qui a fait l’objet de centaines de millions de dollars d’investissements ces dernières décennies.Le pays se rapproche ainsi de son objectif d’atteindre 60% d’énergie renouvelable d’ici 2030.- Taxe sur les panneaux solaires -Ces dernières années, la hausse des prix de l’énergie à l’échelle globale et les demandes répétées du Fonds monétaire international (FMI) de couper dans les subventions ont poussé le gouvernement à augmenter les prix de l’électricité: en trois ans, ils ont parfois augmenté de 155% et les factures dépassent parfois le coût du loyer.”La grande course vers le solaire n’est pas le résultat d’une impulsion gouvernementale”, note Mohammed Bassit Ghauri, expert de la transition énergétique à l’institut pakistanais Renewable first.”Les habitants ont fait ce choix du fait de leur grande frustration quant à l’énergie classique, inefficiente”, dit-il à l’AFP.Le pays de 255 millions d’habitants s’approvisionne en Chine voisine, où les prix de l’équipement solaire ont fortement baissé ces dernières années du fait de la surproduction, de la concurrence et des avancées technologiques, et en est devenu le troisième importateur.”Le Pakistan est clairement un chef de file dans l’énergie solaire sur toit”, relève Dave Jones, analyste en chef chez Ember.Mais cela inquiète le gouvernement, déjà affaibli par un déficit de huit milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) dans le secteur de l’énergie.Outre des coûteuses importations d’énergies fossiles, revendues à perte aux fournisseurs publics, Islamabad est tenu par des contrats avec des fournisseurs d’énergie privés, parfois possédés par la Chine, de leur verser un prix fixe qu’importe la demande.- “Déconnectés” -Un rapport gouvernemental s’inquiétait en mars de ce que l’énergie solaire crée “un fardeau financier disproportionné pour les consommateurs du réseau électrique, contribuant à la hausse des prix et affaiblissant la durabilité du secteur énergétique”.Islamabad a imposé le mois dernier une nouvelle taxe de 10% sur l’importation des panneaux solaires, tandis que le ministère de l’Energie propose de réduire drastiquement le taux auquel il achète du surplus d’électricité à des particuliers.Dans la ville orientale de Sialkot, le fabricant de tenues de sécurité Hammad Nour a fait le pari du solaire en 2023, la “meilleure” décision qu’il ait prise lui ayant permis d’économiser un million de roupies (3.000 euros) par mois une fois le système rentabilisé.Il comptait brancher sa deuxième usine textile au système solaire avant qu’une autre taxe ne fasse son apparition, augmentant les frais d’installation de près de 1,5 million de roupies (4.500 euros).”C’est injuste et ça donne un avantage aux grandes entreprises au détriment des petites, qui sont d’ordinaire les dernières à opter pour le solaire”, critique-t-il. “Les décideurs semblent totalement déconnectés des habitants et du monde des affaires”.

Dermatose des bovins: vaccination obligatoire et abattage “total” dans les foyers d’infection

La détection d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un élevage de bovins entraînera l’abattage total des animaux dans le foyer d’infection et une campagne de vaccination obligatoire dans la zone autour, a annoncé mercredi le ministère de l’Agriculture.Ces mesures, destinées à faire face à l’apparition fin juin en France de cette maladie non transmissible aux humains, font partie de la stratégie nationale adoptée mercredi lors d’une réunion extraordinaire du Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV), instance qui réunit les professions agricoles, les syndicats, des vétérinaires et des scientifiques.Cette stratégie a été “validée à l’unanimité des membres, sauf une voix”, précise le gouvernement dans un communiqué, au moment où des militants de la Confédération paysanne bloquent l’accès à des exploitations infectées en Savoie et en Haute-Savoie afin d’empêcher l’abattage des animaux.La stratégie validée prévoit:- “le dépeuplement par abattage total des foyers (unités épidémiologiques) infectés pour éteindre les sources du virus, en conformité avec les obligations européennes”,- “la mise en place de périmètres réglementés”, incluant des limitations de mouvements du bétail,- “une campagne de vaccination obligatoire dans ces zones réglementées” de 50 kilomètres autour des foyers.Après l’apparition d’un premier cas en Italie, le 20 juin en Sardaigne, un premier cas de dermatose nodulaire en France a été détecté le 29 juin à Entrelacs, en Savoie.Depuis, la propagation est rapide: au 15 juillet, “ce sont 24 foyers qui ont été confirmés dans deux départements, la Savoie et la Haute-Savoie”, précise le ministère.”La DNC n’est pas transmissible à l’être humain, ni par contact avec des bovins infectés, ni par l’alimentation de produits issus de ces animaux (viande, lait, fromage), ni par piqûres d’insectes”, rassure le communiqué. La maladie “se propage par les mouvements d’animaux infectés ou via des insectes vecteurs”, comme les taons et mouches piqueuses.Observée “massivement dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie, à la fin des années 2010”, la DNC “a pu être éradiquée de cette zone grâce à une campagne de vaccination établie conjointement avec les mesures de biosécurité”, rappelle le ministère.Un argument qui ne convainc pas tous les agriculteurs. “On a vu ce qui s’était passé en Grèce, dans les Balkans, on sait très bien que l’abattage total, ce n’est pas du tout une solution, que la maladie se propage quand même, et qu’en fait, par contre, ce sont des vies broyées, sacrifiées, et ça, ce n’est pas tenable”, avait déclaré à l’AFP la porte-parole de la Confédération paysanne Fanny Métrat avant la réunion.