AFP Top News

Le “maître des excréments” japonais fier de nourrir directement Dame nature

Depuis plus d’un demi-siècle, Masana Izawa suit la même routine quand un besoin naturel se fait ressentir: il repère un petit coin propice dans sa forêt isolée du Japon et baisse son pantalon.”Nous survivons en mangeant d’autres êtres vivants. On peut donc bien rendre à la nature nos excréments pour que les organismes du sol puissent les décomposer”, explique cet homme de 74 ans à l’AFP.”On redonne la vie. Quel acte pourrait être plus sublime?”, ajoute celui qui se qualifie lui-même de “Fundo-shi” (“maître des excréments”).Dans son domaine, c’est une sorte de sommité: il publie des livres sur le sujet, donne des conférences sur les excréments, les champignons et sa philosophie. Et les gens affluent dans son “Poopland” et sa “Fundo-an” (“maison des excréments”) en bois, vieille de plusieurs siècles, à Sakuragawa, au nord de Tokyo.Là, dans sa forêt privée grande comme un terrain de football, les visiteurs reçoivent un cours accéléré sur la façon de “faire caca” en plein air.”Noguso” (déféquer dans la nature en japonais) nécessite de creuser un trou, quelques feuilles pour s’essuyer, une bouteille d’eau pour se laver et des brindilles pour signaler l’endroit.Ce marquage permet de ne pas utiliser deux fois le même trou et de garder une trace du processus de décomposition.”Touchez le dos de ces feuilles! Vous sentez à quel point elles sont douces? C’est plus agréable que du papier,” dit-il à ses visiteurs du jour, en montrant des feuilles de peuplier argenté de la taille idéale d’une paume de main.- Converti à 20 ans -M. Izawa est un ancien photographe spécialisé dans la nature et notamment les prises de vue de champignons.Sa révélation sur les excréments a eu lieu à 20 ans lorsqu’il observe une manifestation contre la construction d’une station d’épuration.”Nous produisons tous des excréments, mais eux voulaient la station d’épuration mais qu’elle soit installée hors de leur vue!”, dit-il qualifiant les manifestants d'”égoïstes”.Considérant que les toilettes et le traitement des eaux usées nécessitent d’énormes quantités d’eau et d’énergie, il a préféré se mettre au “Noguso”.”Laisser la terre faire son travail est bien meilleur pour l’environnement”, proclame-il… alors même que la pratique est interdite au Japon.Pour prouver le bien fondé de sa démarche, il déterre d’anciens trous qui, selon lui, démontrent que les excréments humains sont entièrement et rapidement décomposés, à condition de ne pas contenir de résidus d’antibiotiques.”Les champignons dégradent et transforment des organismes comme les animaux morts, les excréments et les feuilles mortes en terre nutritive, sur laquelle pousse une forêt”, explique-t-il.- Goûter le sol -Izawa raconte que ses convictions inébranlables lui ont coûté cher –citant un voyage avec sa femme au Machu Picchu annulé après avoir appris que le célèbre site touristique péruvien était trop fréquenté pour qu’il puisse déféquer dans la nature.”J’ai mis mon couple en danger juste pour un seul +noguso+”, dit-il en riant.Il estime que le changement climatique et l’intérêt croissant pour des vies plus proches de la nature et durables peuvent convaincre d’autres amateurs, en particulier des jeunes.Kazumichi Fujii, 43 ans, pédologue à l’Organisation japonaise de recherche et de gestion forestières est du même avis.”C’est dû à la catastrophe de Fukushima, au mouvement de Greta Thunberg… à la méfiance envers les générations précédentes et au désir de modes de vie alternatifs”, affirme M. Fujii.Mais il prévient M. Izawa que ses méthodes ne sont peut-être pas aussi sûres qu’il le pense, en particulier son habitude de goûter le sol de “Poopland” pour démontrer le bien fondé de sa démarche.La ville d’Edo, ou Tokyo de la période pré-moderne, utilisait les excréments humains pour fertiliser les terres agricoles, mais “environ 70% des habitants souffraient d’infections parasitaires”, explique le spécialiste.”On doit me voir comme un monstre”, rit M. Izawa.”Mais c’est à cause de la société centrée sur l’humain. Dans tout le système écologique, aucun autre animal que les humains n’utilise les toilettes… l’humain est plutôt absurde à mes yeux.”Il espère maintenant vivement que son corps sera également décomposé dans la forêt au lieu du processus habituel au Japon qui consiste à être incinéré.”Je trouve que le but de la vie est de faire +noguso+”, clame-t-il.

Actions visant l’OFB: la ministre Pannier-Runacher appelle à “l’apaisement”

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé jeudi près de Rennes à “l’apaisement” au lendemain de dégradations et actions ayant visé des sièges de l’Office français de la biodiversité (OFB), cible de la colère de syndicats agricoles depuis plusieurs semaines.Mercredi, l’OFB a été une nouvelle fois ciblé, son siège départemental de l’Aude ayant été dégradé à Trèbes, près de Carcassonne, et son centre de formation dans le Loiret bloqué.”Ce sont des agents publics qui sont chargés notamment de missions de police, de l’environnement et de l’eau, qui appellent le même respect et qui ont la même dignité que les agents de police, les gendarmes, les agents de la répression des fraudes”, a déclaré Mme Pannier-Runacher lors d’un point presse en marge d’un déplacement sur la thématique de l’eau à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine). “Il est inacceptable que ces agents fassent l’objet de menaces, que ces agents fassent l’objet parfois de sabotages. Et je trouve qu’aujourd’hui, les responsables politiques doivent appeler à l’apaisement et à un vrai travail pour dissiper le malentendu qui existe et qui est entretenu par un certain nombre de positions syndicales, politiques, qui font de la petite politique sur un sujet majeur”, a ajouté la ministre. Les plus de 3.000 agents de l’OFB, dont 1.700 sur le terrain, sont chargés de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d’espèces protégées.Les relations se sont envenimées avec le monde agricole depuis la crise qui a secoué la profession l’an dernier, certains se plaignant de contrôles jugés intimidants.”Nous travaillons pour que les contrôles que peuvent faire les agents de l’Office français de la biodiversité soient compris. Ces contrôles ont un sens, la réglementation environnementale est complexe, elle peut parfois paraître incompréhensible. Elle peut conduire à des procédures pénales qui sont violentes pour ceux qui les vivent, qui peuvent ensuite déboucher sur des non-lieux (…)”.”Je préfère privilégier sur des infractions mineures la sanction administrative, c’est plus rapide, c’est plus clair. On évite cette dimension qui est extraordinairement intrusive d’une procédure pénale où on a l’impression d’être un grand délinquant. Lorsque vous garez mal votre voiture, vous avez une amende, lorsque vous faites mal une procédure environnementale, sans qu’il y ait un impact majeur sur l’environnement, vous avez une amende. Cela paraît raisonnable”, a dit Mme Pannier-Runacher.Les syndicats de l’OFB dénoncent pour leur part “des attaques répétées, orchestrées par une grande majorité de syndicats agricoles”, ayant “reçu une écoute gouvernementale plus que bienveillante”.

S. Korea investigators recommend Yoon be charged with insurrection, abuse of power

South Korean investigators recommended Thursday that impeached President Yoon Suk Yeol be charged with insurrection and abuse of power, as they handed prosecutors the results of their probe into his ill-fated declaration of martial law.Yoon should be charged with “leading an insurrection and abuse of power”, the Corruption Investigation Office said after a 51-day probe …

S. Korea investigators recommend Yoon be charged with insurrection, abuse of power Read More »

Intrusion dans la résidence du préfet de Martinique: 15 mois de prison ferme requis contre Rodrigue Petitot

Au moins 30 mois de prison, dont 15 avec sursis, ont été requis contre Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique, qui comparaissait détenu mercredi pour “menaces et actes d’intimidation” envers le préfet du territoire.La décision du tribunal de Fort-de-France a été mise en délibéré à vendredi à 08H00 locales (13H00 à Paris).”Il eût été naturellement préférable que la décision soit rendue ce jour”, a déclaré à l’AFP Me Eddy Arneton, l’un des cinq avocats du prévenu.En reportant à vendredi l’annonce du jugement, le tribunal atteint le délai maximal de dix semaines “au-delà duquel une décision ne peut pas être rendue”, avance-t-il. En effet, déroule Me Arneton, l’affaire devait être jugée le 15 novembre mais les avocats de M. Petitot avaient obtenu un renvoi.”Nous attendons la décision sereinement”, assure-t-il.La procureure Odile de Fritsch a requis contre le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) “une peine qui ne sera pas inférieure à 30 mois d’emprisonnement, dont 15 maximum” avec sursis, assortie d’un sursis probatoire de deux ans et d’un maintien en détention.Elle a en outre demandé au tribunal la confiscation des biens saisis et que soit prononcé à l’encontre du surnommé le “R” une interdiction de s’approcher de la résidence préfectorale et d’entrer en contact avec les victimes qui se sont constituées parties civiles.Dans un dossier différent, Rodrigue Petitot avait été condamné en décembre à dix mois de prison ferme aménageable pour intimidation à l’encontre de maires de Martinique.Il est reproché à M. Petitot d’avoir tenté le 11 novembre dernier de rencontrer le ministre chargé des Outre-mer de l’époque, Jean-Noël Buffet, qui effectuait un déplacement de quatre jours en Martinique, au terme de deux mois de tensions et plusieurs nuits d’émeutes en marge des manifestations contre le coût élevé des denrées alimentaires sur l’île. Après un face-à-face tendu devant la porte de sa maison, le préfet Jean-Christophe Bouvier avait refusé d’accéder à la demande du RPPRAC.”C’est le procès de l’atteinte à l’autorité de l’Etat”, a indiqué la procureure en débutant son réquisitoire. “Il s’agit d’une rébellion en réunion parfaitement constituée”, selon elle.- “Pas Nelson Mandela” -Murielle Renar-Legrand, bâtonnière du barreau de Fort-de-France et avocate de quatre policiers qui se sont constitués parties civiles, a, avant elle, dénoncé dans sa plaidoirie les “dérives insupportables” d’un mouvement pourtant “parfaitement légitime”.”M. Petitot n’est pas un Robin des bois, il n’est pas Nelson Mandela. C’est juste un prévenu de droit commun”, a-t-elle affirmé.Sa consÅ“ur Mélanie Luce, en défense, a asséné en réponse que “la justice doit servir à autre chose qu’à museler la contestation sociale”.”On veut incarcérer le symbole de la vie chère”, avait soutenu le prévenu la veille depuis son box. “Tout est fait pour éteindre le vrai combat”, a-t-il estimé.”Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte”, a-t-il par ailleurs soutenu devant le tribunal.Le visionnage durant l’audience d’images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l’incident a permis de confirmer ce point.Les trois autres militants du RPPRAC mis en cause dans l’incident, qui avaient filmé la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux, seront jugés le 31 mars.Quelques centaines de sympathisants du RPPRAC ont manifesté mercredi devant les grilles du tribunal, comme la veille, pour afficher leur soutien à M. Petitot, a constaté un journaliste de l’AFP.Des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers mois en Martinique, île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l’Hexagone, selon l’Insee. 

“J’ai demandé à l’IA de … “: de nombreux chômeurs utilisent l’outil dans leur quête d’un emploi

Ecrire un CV ou une lettre de motivation, passer un entretien fictif et “se mettre en confiance”: l’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée par des salariés en quête d’un nouveau job ou des demandeurs d’emploi qui veulent maximiser leur chance d’être recrutés. “J’ai été entrepreneure pendant huit ans. Et l’été dernier, j’ai dû me reconvertir et retourner sur le marché de l’emploi”, explique à l’AFP Elodie Germain, 46 ans. Un bémol: “Je n’avais jamais vraiment passé d’entretien d’embauche. Je me suis alors dit : +Pourquoi pas utiliser l’IA ?+”. “J’ai donné une fiche de poste, je lui ai envoyé mon CV et lui ai demandé: +A partir de ces données, peux-tu simuler un entretien ?+”, détaille la quadragénaire enthousiaste.Simple, basique… voire trop: jugeant l’outil “un peu trop sympa”, Elodie demande à ChatGPT “de lui poser des questions pièges”. En retour, l’outil lui indique que “le fait d’avoir été entrepreneure (lui) a donné une vision globale des enjeux de l’entreprise”, “de quoi (lui) redonner confiance” et lui permettre, in fine, de décrocher un poste de responsable de la communication.Comme elle, de plus en plus de chômeurs, quel que soit leur niveau d’études, utilisent l’IA pour chercher un job, selon une enquête publiée jeudi par l’Observatoire de l’IA et de l’emploi. Qu’ils soient à l’aise (56% des personnes sondées) ou pas, pas moins de 77% des chômeurs, particulièrement les femmes (79% contre 74% des hommes sans emploi) ont ainsi utilisé l’IA dans cet objectif, détaille l’étude. Pour les chômeurs sondés, l’IA permet notamment d'”améliorer la qualité des candidatures” qu’il s’agisse de rédiger des CV ou des lettres de motivation (40%), “accéder à plus d’offres d’emploi ou mieux les cibler” (33%), “mieux connaître et caractériser ses compétences” (29%) ou “mieux se préparer aux entretiens d’embauche” (19%), par exemple.- “Se détacher” mais sans faute -Formateur au sein du réseau “Mon assistant numérique”, Clément Thonon aide chercheurs d’emploi, personnes en reconversion ou celles en quête de nouvelles compétences, à mieux maîtriser ces outils, “des bases de la bureautique jusqu’à des usages plus avancés”.Quand on recherche un emploi, il faut “de plus en plus envoyer en masse” ses candidatures, et l’IA permet aussi au postulant de “se détacher”. La contrepartie, c’est qu'”on ne peut plus avoir une faute dans un CV ou dans une lettre de motivation (…) C’est un peu l’exigence supplémentaire”.Kevin Garnier, marketeur de 30 ans, ne se lasse pas de ces outils. Outre la mise à jour du CV ou le premier jet d’une lettre de motivation, le jeune Rennais est allé jusqu’à mettre “une photo de lui lambda en vacances et l’IA l’a transformée en photo professionnelle”. De quoi économiser “quelque centaines d’euros” chez un photographe, se réjouit-il.Quid des données personnelles ? “Il y a un sujet, c’est vrai, surtout que ce sont des entreprises américaines… “, sourit-il, mais “ça permet un tel gain de temps, une telle praticité… qu’on ne peut le négliger”.”On a le +accepter cookie+ facile”, plaisante Nasser, jeune diplômé en marketing et communication de 24 ans, qui a récemment crée une vidéo à l’aide d’une IA pour répondre à une offre “de poste de chargé de création sur Youtube auprès d’un influenceur”.Et pour lui comme pour Kevin, les retours sont plutôt probants et les recruteurs reviennent vers eux.A l’inverse, pour Alice Collier Titécat, 52 ans et ancienne directrice stratégique, “c’est la désillusion absolue”.”L’IA peut être un formidable outil pour se préparer en amont sur la dynamique d’un secteur, être le plus au fait d’une entreprise avant un entretien”, souligne-t-elle, mais “ma candidature reste bloquée au premier tri”. “Ce sont des bots qui écrèment et un profil comme le mien, avec 30 ans d’expérience acquise à l’étranger, n’a aucune chance (…) s’il n’y a pas d’humain pour regarder mon parcours”.

A l’Assemblée, les députés PS espèrent une journée de victoires “concrètes”

Bloquer les prix en outre-mer, augmenter les effectifs soignants à l’hôpital, généraliser les repas à un euro pour les étudiants: les députés socialistes espèrent faire adopter jeudi, lors de leur “niche” parlementaire, plusieurs mesures “concrètes, du quotidien”, et montrer ainsi qu’ils peuvent “arracher des victoires” en “construisant des majorités”.Huit propositions législatives au total figurent au programme de ce créneau réservé aux initiatives portées par les élus PS. Parmi elles, cinq ont de bonnes chances d’être examinées et votées avant que la “niche” ne se referme, à minuit.Toutes ont déjà trouvé une majorité pour être adoptées en commission, et l’une a même déjà été validée par le Sénat. Avec ces textes, les socialistes – qui ont renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget – entendent marquer des points. “Nous restons dans l’opposition, évidemment, mais nous montrons notre capacité à gagner des votes, à faire avancer des dossiers”, indique une source interne au groupe. Le chef des députés PS, Boris Vallaud, n’a pas caché mercredi qu’il attendait “sur certains textes, un soutien” de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite.Les députés macronistes auront une “position constructive” face à ces propositions “assez consensuelles”, a promis l’un des leurs, Pierre Cazeneuve. Tout en soulignant qu’il ne fallait pas y voir un “effet conjoncturel” – comprendre, lié à la récente décision des socialistes de ne pas censurer l’exécutif – car les députés de son groupe ont “toujours” eu une telle attitude lors des “niches” réservées aux partis de l'”arc républicain”, selon lui.Quant aux élus du Rassemblement national, ils voteront “comme d’habitude ce qui va dans le bon sens, celui de l’intérêt de la France et des Français”, a indiqué à l’AFP une source au sein du groupe.- Le “calvaire” des pannes d’ascenseurs -A l’ouverture de la séance, jeudi matin, les députés ont commencé par se pencher sur un texte visant à lutter contre la vie chère dans les départements d’outre-mer, où les prix sont actuellement de 30 à 42% plus élevés que dans l’Hexagone.Cette “injustice” économique et sociale “enferme” 2,8 millions d’habitants “dans un système où vivre dignement est un combat quotidien”, a martelé la rapporteure, Béatrice Bellay, élue socialiste de Martinique.Son texte comprend notamment des dispositifs visant à faciliter le plafonnement par l’Etat du prix d’un panier de biens de première nécessité – pour le ramener au niveau constaté en métropole – et à lutter contre les monopoles et les oligopoles.Les écarts de prix posent un “défi à la cohésion sociale” et créent une situation “insoutenable pour nos compatriotes ultramarins”, a reconnu le ministre chargé des outre-mers, Manuel Valls, soulignant que le gouvernement soutenait cette proposition de loi, “tout en considérant qu’elle peut et qu’elle doit être améliorée”.Parmi les autres initiatives inscrites à l’agenda de l’Assemblée ce jeudi, figure un texte déjà adopté au Sénat début 2023, qui propose d’instaurer progressivement dans les hôpitaux des ratios pour garantir un nombre minimal de soignants par patient.Les députés PS relanceront par ailleurs leur combat pour le “repas à un euro” pour tous les étudiants. Un précédent vote, sur le même sujet, avait échoué à une voix près début 2023, malgré le soutien de la gauche et du Rassemblement national. Or, le sujet reste d’actualité: “plus d’un tiers des étudiants nous expliquent que régulièrement, ils sautent un repas faute de pouvoir se le payer”, souligne M. Vallaud. Autre texte “concret”, selon ses promoteurs: une proposition pour mieux lutter contre les pannes d’ascenseurs, qui lorsqu’elles se prolongent constituent un “calvaire” pour les habitants d’immeubles de grande hauteur. Le PS prévoit d’obliger les sociétés gérant ces équipements à intervenir dans les deux jours ouvrés, et à constituer des stocks suffisants de pièces détachées pour réparer au plus vite.Avant minuit, le élus socialistes espèrent encore faire adopter une proposition pour lutter contre la “financiarisation” des crèches, dont les dérives ont récemment été dénoncées dans un livre-enquête du journaliste Victor Castanet. Le texte prévoit d’interdire aux fonds d’investissement d’investir dans ce secteur.

Plateforme porno “French Bukkake”: nouveau report de la décision en appel sur le périmètre du procès

La cour d’appel de Paris a de nouveau repoussé sa décision sur les recours intentés après le renvoi en procès de 17 hommes soupçonnés de violences sexuelles lors de tournages pour la plateforme pornographique “French Bukkake”, a appris jeudi l’AFP de sources proches du dossier.La décision doit désormais être rendue le 6 février.Fin août 2023, 17 hommes, âgés d’une trentaine à une soixantaine d’années, ont été renvoyés devant la cour criminelle départementale pour viols en réunion et/ou traite d’être humains en bande organisée notamment.Mais le périmètre de ce premier grand procès du porno amateur en France n’est pas encore acté: 11 mis en cause et 36 parties civiles ont fait appel.Ces recours avaient été examinés en novembre 2023, puis en juillet. Depuis, la décision a été ajournée plusieurs fois.Des parties civiles ont demandé une requalification des faits afin qu’une dizaine d’accusés soit jugés pour viols accompagnés d’actes de torture, de sexisme et de racisme.Si la chambre de l’instruction retenait la torture, les suspects encourraient une peine plus lourde devant une cour d’assises.Dans ses réquisitions dont l’AFP a eu connaissance, le parquet général a estimé que la circonstance aggravante de la torture n’était pas nécessaire car la jurisprudence permettait de prendre en compte “des viols particulièrement sordides”, le plus souvent qualifiés de viols en réunion.L’autre grand enjeu du dossier est l’infraction de proxénétisme, liée à la prostitution. A ce stade, seul le dirigeant de la plateforme, “Pascal OP”, compte parmi ses chefs de renvoi le proxénétisme aggravé.Mais des parties civiles ont demandé que plusieurs autres suspects ayant, selon elles, “aidé, assisté” aux tournages porno “rémunérés” soient jugés pour proxénétisme.Au contraire, les magistrats instructeurs ont estimé qu'”un tournage pornographique ne pouvait être juridiquement qualifié de relation prostitutionnelle” car il n’y avait pas de relation physique entre le client (qui regarde la vidéo) et l’acteur ou l’actrice.Plusieurs accusés ont fait appel, parfois jusqu’à demander le non-lieu. La plupart ont affirmé que les femmes étaient consentantes et accusé les enquêteurs de partialité dans l’exploitation des vidéos.

Borne défend un programme d’éducation à la sexualité “indispensable”

Initier les écoliers à la notion de consentement, parler de sexualité ou de discriminations de genre avec les plus grands: Elisabeth Borne a défendu jeudi le programme d’éducation à la vie affective et sexuelle, contesté par certaines franges conservatrices, qui doit s’appliquer à la prochaine rentrée.”Cette éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité est absolument indispensable”, a déclaré la ministre de l’Education sur France Inter. Ce programme, le premier élaboré sur ce sujet sensible, doit entrer en vigueur en septembre 2025 et prévoit trois séances annuelles dans l’ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés, comme théoriquement imposé par la loi depuis 2001. Mais ces séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle sont peu réalisées.Après plusieurs contretemps, ce texte sera examiné mercredi prochain par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), une instance regroupant notamment les représentants des professeurs et des parents d’élèves.La dernière version de ce programme, consultée par l’AFP et envoyée aux membres du CSE, s’efforce de répondre dans sa rédaction à certaines inquiétudes exprimées lors de son élaboration. A l’automne, il avait fait l’objet d’une fronde de la part d’associations conservatrices, puis de responsables politiques, dénonçant notamment la présence d’une “théorie du genre”. – “Identité de genre” au lycée -Alors que le terme “d’identité de genre” était apparu plus d’une quinzaine de fois dans certaines versions du texte, faisant polémique, il ne figure plus que sept fois dans la dernière version du programme. Le texte ne fait par ailleurs pas mention du terme précis d'”identité de genre” avant la seconde, un point souligné par la ministre, qui a mis en avant le fait que “ça fait partie du code pénal, donc je pense que c’est important aussi d’expliquer aux lycéens”.La notion seule de “genre”, différenciée du “sexe biologique”, est évoquée à partir de la cinquième.Le texte mentionne par ailleurs que l’éducation à la sexualité sera mise en Å“uvre sans pour autant “se substituer au rôle des parents et des familles des élèves”, une crainte exprimée notamment par l’enseignement catholique.Le programme souligne aussi que l’éducation à la sexualité “se construit en deux étapes successives: une +éducation à la vie affective et relationnelle+ pour l’école maternelle et l’école élémentaire, une +éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité+ pour le collège et le lycée” et qu’elle “nécessite un ajustement à l’âge et à la maturité des élèves”. La ministre s’est voulue rassurante sur ce point: “C’est un programme qui est très attentif à apporter les bonnes informations en fonction de l’âge de l’élève”.- Education “jamais instrumentalisée” -De manière pratique, ce sont “les professeurs” – sans préciser de quelle discipline – qui auront “la responsabilité première” de ce programme, “en lien avec les personnels éducatifs, sociaux et de santé de l’Éducation”. Quant aux “partenaires extérieurs, comme des associations” agréées, leur intervention sera “systématiquement anticipée, préparée et coordonnée” avec des membres de l’équipe éducative et s’effectuera “toujours en leur présence”, souligne le texte. Répondant à une autre inquiétude, il est précisé que les intervenants extérieurs “doivent respecter la nature scolaire de cette éducation, sans jamais l’instrumentaliser et en promouvant le respect et l’égalité”.Dans le précédent gouvernement Barnier, le ministre délégué à la Réussite scolaire, Alexandre Portier, avait lui-même exprimé son rejet du programme en l’état, avant d’être recadré par sa ministre de tutelle, Anne Genetet. Elisabeth Borne avait promis dès son arrivée que ce programme serait examiné par les instances de consultation de l’Education nationale d’ici “fin janvier”.Il faut “avoir en tête qu’on a un enfant toutes les trois minutes qui fait l’objet d’agressions sexuelles, souvent au sein de la famille”, “qu’on a plus de deux millions de mineurs qui sont exposés à des contenus pornographiques sur internet” et que “toutes les enquêtes le montrent, et notamment celle du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, le sexisme augmente”, a-t-elle martelé sur France Inter.