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Bétharram: la sortie d’un livre devancée par une interview de la fille de Bayrou

L’interview d’une fille de François Bayrou a fait de l’ombre à la sortie, jeudi, du livre du porte-parole des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, qui retrace son combat contre le “déni collectif” des violences de l’institution catholique et appelle à “ne plus regarder ailleurs”.Dans une interview à Paris Match publiée mardi, Hélène Perlant, l’aînée du Premier ministre, a révélé qu’adolescente, lors d’un camp d’été, elle fut rouée de coups par un curé officiant dans le collège de filles dirigé par la congrégation religieuse au cœur du scandale, où elle était scolarisée.”On se doutait que c’est ça qui serait mis en avant, c’est malheureux pour les victimes parce que ça leur vole un peu la vedette”, a déclaré Alain Esquerre mercredi à l’AFP, ajoutant que la fille de François Bayrou était aussi “très agacée” par la situation.”C’est très injuste, tout le monde parle de Paris Match, le livre n’est quasiment plus signalé”, a insisté Alain Esquerre.L’avant-dernier chapitre de son ouvrage “Le Silence de Bétharram” (éd. Michel Lafon) est consacré à “Hélène”. Elle y raconte les violences qu’elle a subies, affirmant n’en avoir jamais parlé à ses parents.”En tant que père de famille, ça me poignarde le cœur (…) Qu’on ne l’ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu, pour moi, c’est presque insupportable”, a réagi mercredi le chef du gouvernement lors d’un déplacement en Isère.Mais sa fille “n’est pas le centre de l’affaire”, a-t-il ajouté, “et en tant que responsable public, qui dépasse le père de famille, c’est aux victimes que je pense”.- “Une victime quelconque” -Hélène Perlant a contacté Alain Esquerre le 21 février, en lui précisant d’emblée qu’elle ne voulait pas parler du “scandale Bayrou” mais partager ses réflexions sur le “déni collectif” qui a entouré, des décennies durant, les violences commises à Bétharram.Dans l’interview à Paris Match, Hélène Perlant répond en revanche à plusieurs questions concernant son père, qui doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale.Accusé d’avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui par d’anciens élèves, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de l’institution, François Bayrou a démenti fermement à plusieurs reprises.”On fantasme le surhomme, le ministre ? On veut le mouiller ? C’est juste un quidam quelconque comme je suis une victime quelconque”, déclare sa fille.Pour elle, c’est le “déni collectif” qui a empêché son père, “comme tous les autres parents”, dit-elle, de comprendre “le système” et la “perversité” en place à Notre-Dame-de-Bétharram.- “Crime parfait” -Alain Esquerre a voulu dédier son récit de 250 pages “à tous les enfants victimes de violences physiques, morales et sexuelles commises par des adultes”.Le silence qui a prévalu jusqu’ici n’est “pas seulement celui d’une époque” mais celui “d’une nation” face à un “crime parfait”, commis sur des enfants “qui ont de très nombreuses raisons de ne pas parler”, estime l’ancien pensionnaire, victime lui-même de violences physiques.Il décrit un lieu conçu comme une “secte”, avec des enseignants jeunes, en début de carrière, face à des enfants “toujours en slip” lors des punitions ou dans la file de la douche hebdomadaire.On ne s’y fait pas agresser par malchance mais “selon une logique, un choix réfléchi”, analyse-t-il, face à la récurrence de témoignages d’enfants de familles monoparentales, élevés par une mère veuve ou une grand-mère pieuse.Les sévices défilent sous la plume de celui qui a recueilli, inlassablement, la parole de plus de 200 victimes depuis l’automne 2023 : les masturbations imposées sous la tente, les “douleurs anales aiguës” ressenties par un élève passé par la chambre d’un surveillant, les piqûres de seringues remplies d’eau dans les bras, qui font “un mal de chien” ; ou la “confession” qu’un prêtre fait subir à un jeune garçon, nu et agenouillé devant lui.Alain Esquerre évoque aussi ces repas où l’on ne mange pas à sa faim, malgré les 10.000 francs annuels de frais de scolarité, et revient sur la mort d’un enfant malade, une nuit au dortoir, alors qu’il est seulement sous la surveillance d’adolescents.Le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire il y a deux mois après une année d’enquête sur les plaintes. Un ex-surveillant de Bétharram a été mis en examen et placé en détention provisoire pour viol et agression sexuelle. Deux autres mis en cause ont bénéficié de la prescription des faits.

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Madagascar: EDF entre au capital d’un projet de barrage à plus de 500 M EUR

Le géant public français de l’électricité EDF va entrer au capital d’un projet de barrage à Madagascar estimé à plus de 500 millions d’euros, ont annoncé mercredi les chefs d’Etat malgache et français à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron dans l’île-Etat de l’océan Indien.Ce barrage dont la construction est prévue à Tamatave, à 350 km de la capitale, près de la côte est de l’île, est l’un des deux projets hydroélectriques majeurs du pays, d’une puissance de 120 mégawatts.Sa mise en service est prévue “fin 2030″, a indiqué EDF dans un communiqué en précisant que le groupe français assurerait la direction technique du projet (études de faisabilité, construction, exploitation).”Le coût de la production est très élevé et l’accès de la population très faible”, avait observé devant la presse le président malgache Andry Rajoelina avant d’annoncer la signature par EDF de l’accord pour “rejoindre le projet Volobe”.L’entreprise française doit entrer, via sa filiale EDF Renouvelables, à hauteur de 37,5% au capital du consortium chargé du projet, la Compagnie générale d’hydroélectricité de Volobe (CGHV), d’après un communiqué de cette dernière.A ses côtés, le groupe panafricain Axian spécialisé dans les télécoms, l’énergie, les services financiers, la fintech et l’immobilier détiendra 37,5%, et les 25% restant seront détenus par la société d’investissement Africa50, crée par des pays africains et la Banque africaine de développement, a précisé EDF.Serpent de mer de cet Etat insulaire pauvre de l’océan Indien, ce projet de barrage a été lancé en 2017 par le prédécesseur d’Andry Rajoelina.Le coût de sa réalisation est chiffré entre 525 et 700 millions d’euros par la présidence française.L’ouvrage de 25 mètres de haut et de 300 mètres de large sur le fleuve Ivondro doit permettre “l’accès à l’électricité à près de 2 millions de personnes”, d’après le même communiqué de l’Elysée. Il doit permettre aussi de participer à la “décarbonation du mix électrique du pays”, a souligné EDF, selon lequel la production d’électricité du barrage est estimée à 750 gigawattheures par an, soit un tiers de la production d’électricité actuelle à Madagascar. L’arrivée d’EDF “va donner un vrai coup de boost” pour “donner confiance aux prêteurs”, a souligné le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures malgache, Olivier Jean-Baptiste, en saluant le “professionnalisme” d’EDF qui “donne un surplus dans le sérieux et l’accélération du projet”.Outre le soutien de l’Etat malgache, il bénéficie d’un financement assuré par des bailleurs internationaux et d’une garantie de la Banque Mondiale, a souligné EDF.

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Climat: Jane Fonda accuse Trump d’avoir passé “un pacte avec le diable”

“Nous savons de quel côté il est”: l’actrice et militante Jane Fonda a accusé mercredi le président américain Donald Trump d’avoir “passé un pacte avec le diable”, en référence à son soutien aux énergies fossiles.”Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux pour regarder, que le président Trump a passé un pacte avec le diable, le diable étant l’industrie des énergies fossiles”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse aux côtés de responsables de Greenpeace.Connu pour ses positions climatosceptiques, Donald Trump a dès son retour au pouvoir le 20 janvier dénoncé l’Accord de Paris sur le climat. Il a depuis promis de “doper” l’extraction du charbon aux Etats-Unis et a plus largement entrepris de soutenir les énergies fossiles à coups de dérégulation.”Ces réglementations permettent à la population américaine et aux gens sur toute la planète de respirer un air propre, de boire de l’eau propre, et il est prêt à sacrifier tout ça”, a dénoncé Jane Fonda.”Alors nous savons de quel côté il est. Il est du côté de la mort, il est en train de nous tuer et de tuer la nature dont nous dépendons pour vivre”.Mais “malgré les tentatives de Donald Trump de démolir le multilatéralisme, de saper les processus internationaux pour protéger la nature”, “l’espoir pour l’avenir de la planète est toujours possible”, en agissant pour limiter la crise climatique, a plaidé la militante américaine de 87 ans.”Je ne sais pas si les gens réalisent ce qui vient vers nous, mais ce n’est pas la répétition d’une pièce de théâtre. C’est la réalité, et nous devons résister de toutes nos forces”, a-t-elle plaidé.”Généralement, lors de la Journée de la Terre (22 avril, ndlr), on dit +Réduire, réutiliser, recycler+. Mais cette année, nous disons +Réduire, réutiliser, résister”. 

Le Livret A à la peine en mars

Le Livret A continue son début d’année poussif, plombé par la baisse de son taux annoncée mi-janvier, signant le pire mois de mars depuis neuf ans, selon les données publiées mercredi par la Caisse des dépôts (CDC).Les dépôts n’ont dépassé les retraits que de 400 millions d’euros sur le produit d’épargne réglementée préféré des Français le mois dernier, un niveau bas plus vu depuis 2016.Comme au mois de janvier, cette “collecte nette” est inférieure à celle du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), au plafond pourtant plus faible, comptabilisée à 610 millions d’euros en mars. Le total des deux produits collecté par les banques le mois dernier, 1,02 milliard d’euros, est aussi au plus bas depuis neuf ans, de même que le total de la collecte des deux livrets sur le trimestre (3,53 milliards d’euros, aussi près de trois fois moins que les 9,08 milliards d’euros du premier trimestre 2024).Les Livrets A et les LDDS sont plombés par la baisse du taux de rémunération annoncé mi-janvier et effectif depuis le 1er février, de 3% à 2,4%, et souffrent de la concurrence d’un autre produit d’épargne également à capital garanti: les fonds euros de l’assurance vie.Une nouvelle diminution du taux du Livret A, autour de 1,7%, est “probable le 1er août prochain”, a prévenu dans une note le président du Cercle de l’épargne Philippe Crevel.Les deux composantes du calcul de la formule de ce taux aussi valable pour le LDDS, l’inflation et un taux d’intérêt interbancaire dépendant de la Banque centrale européenne (BCE), sont tous deux en recul ces derniers mois.Les encours des Livrets A et des LDDS atteignent néanmoins des records au 31 mars: 444,2 milliards d’euros pour les premiers et 162,4 milliards d’euros pour les seconds, soit 606,6 milliards d’euros au total.Le livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux épargnants modestes, a également passé un mois de mars difficile.Il affiche en janvier une collecte nette faible, à 140 millions d’euros, pour un encours total de 82,8 milliards d’euros.Le groupe BPCE, rassemblant notamment les Banques populaires et les Caisses d’épargne, a par ailleurs débuté ce mois-ci la commercialisation d’un produit d’épargne concurrent, le plan d’épargne avenir climat (Peac).Il s’agit d’une première en France pour ce plan destiné à orienter l’épargne des moins de 21 ans vers le financement de la transition écologique.

ArcelorMittal envisage “environ 600” suppressions de postes dans sept sites du nord de la France

Le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal envisage de supprimer “environ 600 postes” dans sept sites industriels du nord de la France en raison de “la crise qui frappe l’industrie de l’acier en Europe”.”Le projet concerne les 7 sites d’ArcelorMittal France Nord: Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire” a indiqué la direction du groupe dans un bref communiqué envoyé mercredi à l’AFP à l’issue d’un Comité social et économique (CSE) au siège à Saint-Denis.Ces sept usines emploient au total quelque 7.100 salariés.”Cette décision difficile à prendre s’explique par un contexte global difficile depuis plusieurs années pour l’industrie de l’acier en Europe” a déclaré le nouveau directeur général d’ArcelorMittal France Bruno Ribo au cours d’un bref entretien téléphonique.Selon lui, deux tiers des sureffectifs touchent plutôt des postes de production, et un tiers des fonctions support.Ce qui donnerait quelque 400 suppressions de postes côté production, et 230 pour les fonctions support du nord de la France, a indiqué à l’AFP Jean-Marc Vecrin, représentant national de la CFDT.M. Ribo n’a pas indiqué s’il s’agirait de départs contraints ou non. “Il est trop tôt pour chiffrer le nombre de personnes concernées” par le plan d’économie, “il découlera d’un processus d’orientation-consultation qui commencera la semaine prochaine avec les organisations syndicales, il y aura notamment des opportunités de reclassement à l’intérieur du groupe” a-t-il dit.Aux prises avec une crise historique de l’acier en Europe, ArcelorMittal avait déjà annoncé en février qu’il envisageait la délocalisation de certaines de ses activités support (marketing, commercial, etc.) d’Europe vers l’Inde.Un deuxième CSE avait d’ailleurs lieu à ce sujet au siège européen du groupe à Luxembourg, mercredi également.Selon M. Ribo, ces annonces ne devraient pas remettre en cause les projets d’investissement massif du groupe dans la décarbonation du site de Dunkerque, dont l’annonce a pour le moment été suspendue en raison de la crise.”C’est la restauration de notre compétitivité qui doit nous aider à finaliser la décision d’investissement sur le projet” a-t-il dit à l’AFP, “mais nous attendons aussi des mesures concrètes de la Commission européenne suite à la présentation de son plan acier”. Pour la France, “c’est l’hécatombe”, a réagi auprès de l’AFP Gaétan Lecocq, secrétaire général de la CGT ArcelorMittal à Dunkerque, qui a confirmé que “tous les sites” du nord du pays étaient concernés.”On ne va pas se laisser crever comme ça. On est dans le Nord, on est des métallos, on ne va pas se laisser faire”, a-t-il prévenu, indiquant être “en réunion de crise depuis le début de l’après-midi”.

Maltraitance animale: plainte de L214 contre un abattoir de la Loire

La préfecture de la Loire a annoncé mercredi qu’elle allait diligenter des investigations après le dépôt d’une plainte contre l’abattoir public de Charlieu (Loire) pour “cruauté envers les animaux” par l’association animaliste L214. L214 a dénoncé mercredi dans un communiqué des “conditions d’abattage déplorables des animaux” filmées par l’association dans cet abattoir, relevant de la “maltraitance animale” et de “graves non-conformités” selon elle.La plainte de l’association pour “cruauté, sévices graves et mauvais traitements”, a été enregistrée au tribunal de Roanne, près de Saint-Etienne, a confirmé ce dernier à l’AFP.”Les services de l’État dans la Loire diligenteront dans les prochains jours des investigations administratives approfondies”, a déclaré la préfecture, exprimant sa “vive préoccupation” face aux éléments transmis par l’association. Dans une série de vidéos “immersives” filmées entre “janvier et avril” et consultées par l’AFP, L214 montre des animaux “égorgés conscients malgré l’étourdissement préalable” ou “frappés par des opérateurs” ainsi que des “moutons découpés encore vivants”.L’association soutient que la viande produite dans cet abattoir est distribuée dans les circuits de distribution standard, bio et Label Rouge, et notamment servie dans des écoles et des crèches.”C’est le troisième abattoir de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui fait l’objet d’une enquête de L214 depuis le mois de novembre”, affirme L214 qui demande “un audit de l’ensemble des abattoirs” de la région, ainsi que “la fermeture de l’abattoir de Charlieu”.Début février la préfecture de Région avait suspendu l’activité d’abattage de la société Secat, à Saint-Romain-de-Popey (Rhône), après une inspection ayant mis en évidence “des anomalies majeures en matière de protection animale”.Un abattoir de Saint-Étienne-de-Cuines avait également été suspendu par la préfecture de Savoie à la suite d’une vidéo de L214 faisant apparaître des “constats de non-conformité”.L214, qui entend réduire la maltraitance animale en faisant évoluer la réglementation, vise à terme la disparition de l’élevage, de la pêche et de l’abattage d’animaux au profit d’une alimentation entièrement végétale. 

Chikungunya à La Réunion: le bilan provisoire passe à neuf morts, l’épidémie “se stabilise”

Trois nouveaux décès “liés au chikungunya” ont été enregistrés à La Réunion, portant à neuf le nombre de morts, selon les autorités sanitaires qui soulignent que l’épidémie se “stabilise à un haut niveau”.”Depuis le début de l’année, neuf décès survenus entre les semaines 11 et 14 (du 10 mars au 6 avril, NDLR) chez des personnes de plus de 70 ans porteuses de comorbidités ont été classés comme liés au chikungunya”, a annoncé mercredi Santé publique France (SpF) dans son bulletin hebdomadaire consacré à l’épidémie.Neuf autres décès, dont un néonatal, sont en cours d’investigation pour déterminer s’ils sont liés à cette maladie transmise par les moustiques. L’agence sanitaire précise que l’épidémie se “stabilise à un haut niveau de transmission”, avec plus de 39.000 cas confirmés de chikungunya signalés à La Réunion depuis le début de l’année.Du 7 au 13 avril, la dernière semaine pour laquelle les données sont connues, 350 passages aux urgences ont été enregistrés contre 289 la semaine précédente, soit une hausse de 21%.Le nombre de cas confirmés comptabilisés sur la même période est lui en baisse, de 6.237 à 4.304, mais Santé publique France précise que ce nombre n’est pas consolidé et qu’il pourrait donc s’avérer plus élevé.Au total, “47 cas graves de chikungunya ont été signalés principalement chez des personnes âgées ou des nourrissons nécessitant une prise en charge en soins intensifs”, souligne l’agence sanitaire. Il s’agissait de 27 adultes de plus de 65 ans, de trois personnes présentant des comorbidités et de 17 nourrissons de moins de trois mois.Jusqu’alors, 261 hospitalisations dépassant 24 heures ont été signalées, dont près de la moitié concernait des personnes de plus de 65 ans, et un quart des moins de 6 mois, a précisé l’agence sanitaire. – Vaccination au ralenti -L’épidémie évolue dans des sens contraires sur le plan géographique. Le CHU sud voit une “stabilisation” des passages en urgence quand les antennes nord, est et ouest du centre hospitalier de La Réunion sont confrontés à une augmentation, jusqu’à +40% au CHU Nord.Le sud de l’île, notamment la commune du Tampon, est le plus touché par le chikungunya depuis le début de l’année.Dimanche, le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l’envoi de renforts médicaux pour faire face au pic de l’épidémie. Le plan blanc avait été déclenché début avril.Il n’existe pas de traitement spécifique contre la maladie, mais une campagne de vaccination a été lancée début avril. Quelque 40.000 doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont arrivées à La Réunion et 60.000 doses supplémentaires ont été achetées.Mais la campagne “démarre timidement”, avec environ 3.000 personnes déjà vaccinées, a indiqué mardi le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), Gérard Cotellon, à Emmanuel Macron en déplacement sur l’île.Selon le ministre de la Santé Yannick Neuder, également sur place, “autour de 120.000” personnes pourraient avoir été contaminées par le chikungunya, maladie transmise par le moustique tigre.L’épidémie actuelle a commencé en août 2024, mais les cas ont explosé à partir de mars 2025. Avant cette flambée, aucun cas de chikungunya n’avait été signalé depuis 2010 à La Réunion. Une grande épidémie y avait touché 260.000 personnes et fait plus de 200 morts entre 2005 et 2006.La maladie, parfois surnommée la “maladie de l’homme courbé”, se distingue par des douleurs articulaires, des maux de tête ou des fièvres qui peuvent être très brutaux et intenses.

Longtemps invisibilisés, les viols génocidaires dans le viseur de la justice française

Depuis peu, la justice française considère les viols comme une arme génocidaire et affiche sa volonté de les poursuivre. Une priorité qui doit composer avec l’ardu recueil de preuves, au cœur de territoires souvent lointains et minés par la guerre.En 2026, la France doit juger, pour la première fois, l’un de ses ressortissants pour génocide et crimes contre l’humanité en Syrie, dont des viols sur trois Yazidies.Il s’agit de Sabri Essid, Toulousain parti en 2014 rejoindre le groupe jihadiste État islamique (EI) et présumé mort depuis 2018.Jusqu’ici, les procès en France de combattants de l’EI traitaient d’infractions terroristes.Cette fois, d’autres voix résonneront à l’audience et raconteront une histoire supplémentaire: celle subie par les populations, dont la destruction programmée des Yazidis.L’EI a revendiqué son “projet politico-religieux” dès l’attaque sur la région du Sinjar, en août 2014, ont relevé dans leur ordonnance les magistrates françaises enquêtant sur Sabri Essid. Les Yazidis hommes devaient se convertir ou mourir, les femmes, être réduites à l’esclavage. En particulier sexuel.En attestent des commandements sur les “relations” avec “une femme captive”, l’instauration de marchés aux esclaves…Une Yazidie, âgée d’un à neuf ans? Une centaine de dollars.Une adulte, de 40 à 50 ans? Quarante.Sabri Essid est soupçonné d’avoir acheté, vendu et violé des Yazidies.Ces violences sexuelles ont “constitué une étape dans le processus de destruction du groupe, conduisant à la destruction de son moral”, analysent les magistrates.Ces viols “sont utilisés pour remplir des objectifs précis, militaires, politiques ou économiques, en créant un climat de peur généralisée qui permet à l’ennemi d’y parvenir plus facilement”, observe pour l’AFP la juriste Léa Darves-Bornoz, mobilisée deux ans en Irak.Ils brisent la résistance, en fracturant des familles. “Quand une femme est violée, ou porte le soupçon de l’avoir été, elle n’est pas perçue comme une victime à soutenir, mais comme une source de honte à tenir à l’écart”.La crainte même d’être violée “pousse des populations entières à se déplacer et donne accès à des ressources territoriales à l’ennemi”.Or, la fuite de “quelque 150.000” Yazidis, principalement vers l’Europe, “hypothèque” leur avenir: le déracinement de “ce peuple religieux ancien” fragilise la transmission de leur identité, analyse le psychologue spécialisé Jan Ilhan Kizilhan.- “Masse des atrocités” – Ce calvaire des Yazidies a marqué un tournant dans les enquêtes françaises sur des génocides.L’horreur des marchés d’esclaves était “si central” qu’il a été “impossible d’invisibiliser” ces viols, analyse l’avocate Clémence Bectarte, représentant la Fédération internationale des droits de l’homme dans de multiples dossiers de crimes contre l’humanité.Ce génocide a imposé “un changement de paradigme” aux enquêteurs, alors que les crimes sexuels n’avaient “pas été une priorité pendant longtemps”.La France a déjà jugé des personnes pour génocides ou crimes contre l’humanité commis à l’étranger, en application de la compétence universelle. Ce principe permet à un État de juger ces crimes imprescriptibles qu’importe la nationalité de l’auteur, de la victime ou le lieu des faits dès lors, entre autres, qu’un suspect y dispose d’une résidence habituelle.Mais au cours des dix dernières années, la majorité des poursuites pour viols résultaient d’un travail acharné d’associations pour recueillir des témoignages.À l’instar du dossier visant Roger Lumbala, ex-chef rebelle en République démocratique du Congo (RDC) qui sera jugé en 2025, notamment pour complicité de crimes contre l’humanité incluant des viols, et dans lequel des associations avaient organisé deux campagnes de recherche de victimes.Une quinzaine a ensuite parcouru des milliers de kilomètres pour être auditionnée en France. Bravant risques sécuritaires ou entraves administratives, ces “survivantes” viennent “raconter les viols, le stigma, l’absence de soins…”, élevant la justice française au rang de “dernier recours”, souligne Me Bectarte.Un déplacement d’autant plus précieux que la géopolitique peut compliquer la venue de magistrats français sur zone.”Les viols ont longtemps été noyés dans la masse des atrocités”, reconnaît Sophie Havard, procureure, cheffe du pôle crimes contre l’Humanité (CCH) au parquet national antiterroriste (Pnat), dont la “politique pénale conduit désormais à prioriser leur prise en compte dans les procédures”. Récemment, le Pnat a demandé l’élargissement aux violences sexuelles dans plusieurs affaires visant l’EI.Sonia Mejri pourrait ainsi, sous réserve du pourvoi en cours, être la première Française revenue de zone irako-syrienne à être jugée pour complicité de crimes contre l’humanité. La justice lui reproche d’être complice des viols imputés à son ex-mari et cadre de l’EI, sur une Yazidie adolescente.- “Crédibilité” -En France, cette prise de conscience survient notamment en 2023, lors d’un procès traitant du génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, détaille Mme Havard.Des procès de Rwandais se tenaient pourtant à Paris depuis dix ans. On y jugeait des meurtres de masse, des tortures, mais pas de viols, les enquêtes n’en ayant pas révélés.En 2023, l’ancien médecin Sosthène Munyemana comparaît, des Tutsies dénoncent des sévices sexuels. “Être dans une institution judiciaire en France, loin du Rwanda, a libéré leur parole”, estime aujourd’hui Mme Havard.Le médecin, qui a fait appel, a bien été condamné. Mais pas pour complicité de violences sexuelles: il n’y a pu avoir d’investigation supplémentaire, en plein procès, pour corroborer les révélations. Comment enquêter sur des faits vieux de 40 ans, quand s’étiole la parole et s’effacent les souvenirs ?”On travaille sur des indices de crédibilité”, explique Céline Bardet, présidente de l’ONG We are not weapons of war. “A force de pédagogie, les enquêteurs prennent mieux en compte les rapports médicaux”, par exemple.Côté enquêteurs justement, peu d’États bénéficient d’une unité spécialisée, malgré des mécanismes internationaux spécifiques.La France s’est dotée en 2012 d’un pôle judiciaire national luttant contre les crimes contre l’humanité (cinq magistrats et quatre juristes), et d’un Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine, avec une vingtaine de gendarmes dédiés.Sur 162 procédures en cours couvrant 30 pays, une quinzaine visent notamment des violences sexuelles.Pour ces enquêteurs, les témoignages constituent la preuve centrale.Une fois les premières paroles recueillies, généralement par des associations locales, les enquêteurs cherchent à les objectiver.Toutefois, “réentendre peut susciter une retraumatisation”, prévient Mme Havard.Des précautions sont prises, avec “de nouvelles techniques d’audition”, conduites par les magistrats du pôle CCH eux-mêmes, aux côtés des enquêteurs. Sont privilégiées des équipes d’enquête restreintes et, autant que possible, féminines.- “Emboîtement des témoignages” -Les magistrats recourent également à des spécialistes du pays concerné, ou des violences de masse, pour repérer des schémas.La justice accepte ainsi des témoignages plus fragiles mais concordants, relèvent de fins connaisseurs du dossier, car leur emboîtement permet de se rapprocher d’une scène de crime dont les éléments matériels auraient disparu.À Kavumu par exemple, village du Sud-Kivu (RDC), une quarantaine de viols sur des mineures ont eu lieu entre 2013 et 2016 selon un même mode opératoire.”La communauté pensait initialement à des délinquants”, rappelle Daniele Perissi de l’ONG Trial International, “mais grâce à l’analyse du contexte”, de données téléphoniques jusqu’à des signes distinctifs comme “des bandes rouges” sur le cou des auteurs, “on a conclu à des attaques systématiques par une milice: ils recueillaient le sang des victimes, pensant que cela les rendrait invincibles”.”On ne saura jamais qui précisément a commis les viols en pleine nuit, mais le droit international dispose d’outils pour sanctionner la criminalité d’un groupe”, souligne M. Perissi.Cette approche fait bondir la défense. Nombre d’avocats y voient des poursuites politiques, estimant que la France veut s’afficher en soutien de victimes de génocides sans individualiser les poursuites judiciaires.”C’est comme condamner une personne pour un viol, sans photo ni trace de la scène”, s’insurge une robe noire.En France, ces failles sont prises en compte et des enquêtes n’aboutissent pas.Toutefois, un témoignage de plaignante, s’il est étayé par des éléments de contexte, peut mener aux assises, où d’autres femmes pourront se manifester.Reste, face aux jurés, à “nous assurer de la bonne réception de la parole des victimes”, relève l’avocate Sabrina Delattre.Elle a accompagné Esther lors des procès à Paris de Kunti Kamara, cet ex-commandant rebelle du Liberia condamné en appel en 2024 à 30 ans de réclusion pour barbarie et complicité de crimes contre l’humanité pendant la guerre civile. En première instance, Esther, “en état de choc”, s’était effondrée. “On a longuement discuté du risque de lui faire revivre le traumatisme” en appel, raconte l’avocate. Finalement, Esther est revenue à la barre, à huis clos.”Les victimes éprouvent du soulagement qu’on les écoute, surtout quand des rebelles restent impunis au Liberia”, analyse Me Delattre.Encore faut-il pouvoir raconter. Malgré “quelques procès emblématiques”, “le puzzle n’est pas complet”, déplore Esther Dingemans, du Global Survivors Fund, citant la Bosnie-Herzégovine et les quelque 20.000 victimes de violences sexuelles pendant la guerre (1992-1995).Et un procès ne garantit pas réparation. “Le sentiment de justice ne se limite pas à la procédure judiciaire”, estime Mme Dingemans, dont l’organisation fournit toit et éducation aux survivants. Cela passe aussi par “être entendu, vu, cru, avoir à manger” dans son propre pays, pour “reprendre sa vie”.

Lycée musulman Averroès: le contrat avec l’Etat rétabli par la justice

Le tribunal administratif de Lille a rétabli mercredi le contrat d’association liant l’Etat au lycée musulman lillois Averroès, rompu en 2023 par la préfecture pour des “manquements graves aux principes fondamentaux de la République”, ont annoncé le tribunal et l’association Averroès dans des communiqués.Le tribunal “a annulé la décision du préfet du Nord du 7 décembre 2023” de résilier le contrat d’association, jugeant “que la condition tenant à l’existence de manquements graves au droit n’était pas remplie” et “que la procédure suivie était entachée d’irrégularités”, a indiqué le tribunal administratif dans son communiqué.Pour plusieurs des manquements reprochés à l’établissement, le tribunal a estimé que “l’administration n’avait pas suffisamment démontré leur existence”, notamment concernant le “manque de pluralisme culturel de la documentation accessible aux lycéens”, le “caractère contraire aux valeurs de la République du cours d’éthique musulmane” et “l’existence d’un système de financement illicite”. L’association Averroès a salué dans un communiqué “une décision d’apaisement” et une “victoire de l’Etat de droit”, soulignant “le travail minutieux de la justice, loin des polémiques politiciennes de diversion alors que Averroès subit un véritable acharnement depuis plusieurs années”.Selon l’association, “cette décision à effet immédiat réattribue de manière rétroactive intégralement le contrat d’association au lycée Averroès”.Le tribunal indique dans son jugement que “l’annulation de la décision attaquée a nécessairement pour effet de rétablir l’association du lycée Averroès à l’enseignement public”, et laisse le soin à l’administration de tirer les conséquences du jugement.Le 7 décembre 2023, le préfet du Nord avait mis fin au contrat d’Averroès, privant l’établissement de subventions publiques depuis la rentrée 2024.Principal lycée musulman sous contrat jusqu’alors, il a vu ses effectifs chuter de 470 à 290 élèves. Pour assurer la rentrée de septembre et financer son fonctionnement, l’établissement a doublé ses frais de scolarité et lancé une cagnotte en ligne.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Turquie: un séisme de magnitude 6,2 secoue Istanbul, nombreuses répliques

Un puissant séisme de magnitude 6,2, dont l’épicentre se trouvait à 7 km de profondeur en mer de Marmara, a secoué mercredi Istanbul, suivi de dizaines de répliques, sans faire de victimes ni de dégâts, selon les premiers constats des autorités turques.Selon le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya, plus d’une cinquantaine de répliques dont une de 5.9 ont été enregistrées dans les deux heures suivant le tremblement de terre qui s’est produit à 12H49 locales (9H49 GMT).”Un tremblement de terre de magnitude 6.2 s’est produit dans la mer de Marmara aujourd’hui à 12H49 (9H49 GMT). Le tremblement de terre, d’une profondeur d’environ 7 km, a duré au total 13 secondes. (Il) s’est produit à 24 km de la côte de Silivri et a été ressenti dans les provinces environnantes dont Istanbul. À 15H12 (12H15 GMT), 51 répliques ont été enregistrées, dont la plus importante était de magnitude 5,9″, a précisé sur X le ministre.Le séisme et ses répliques ont été ressentis dans tous les quartiers de l’immense ville de 16 millions d’habitants, située sur le Bosphore et la Mer de Marmara.- réfugiés dans les parcs -Des milliers de personnes se sont jetées dans les rues, en proie à la panique, ont constaté des journalistes de l’AFP, et la plupart restaient réfugiées dans des parcs à ciel ouvert, certains munis de tentes, sans oser rentrer chez elles.Le 23 avril étant un jour férié en Turquie, les institutions, les écoles et de nombreux commerces sont fermés. “J’ai senti la secousse, je me suis jeté dehors” confie un peintre, rencontré près de la Tour de Galata après avoir dévalé ses quatre étages. “Nous avons paniqué, mais c’est tout… on a juste pris nos jambes à notre cou. Nous ne pouvons rien faire, absolument rien”, a confié à l’AFP un vendeur-ambulant.La puissante secousse de 6.2 a été ressentie selon l’Afad dans les villes voisines d’Istanbul, dans un rayon de plusieurs centaines de km jusqu’à Izmir sur la côte égéenne, ainsi qu’à Sofia, la capitale de la Bulgarie, et sur l’île grecque de Lesbos, selon les bureaux de l’AFP.Les autorités n’ont pas fait état de victimes ni de dégâts. La chaîne NTV a rapporté l’effondrement d’un immeuble inoccupé selon elle depuis près de 30 ans, dans le quartier de Fatih.Le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué “suivre les développements de près”.”Tous nos services d’urgence sont en état d’alerte. Aucun bâtiment ne s’est effondré selon les informations dont nous disposons à ce stade. Nous poursuivons les recherches”, a indiqué le gouvernorat d’Istanbul qui appelle “les citoyens à ne pas s’approcher de bâtiments endommagés”.Le ministre des Transports a de son côté relevé l’absence de dégâts aux infrastructures, “autoroutes, chemins de fer, aéroports, métros”, selon les premières observations.- La hantise du “Big one” – La Turquie est traversée par deux failles qui ont causé de nombreux drames par le passé.Istanbul vit dans la hantise du “Big one”: elle est située à 20 km de la faille nord-anatolienne et les plus pessimistes des experts prévoient un séime de magnitude 7 au moins d’ici à 2030, qui provoquerait l’effondrement partiel ou total de centaines de milliers d’édifices.Se voulant rassurant, le Pr Naci Görur, un des sismologues réputés du pays, a affirmé sur X que celui de mercredi n’était pas encore le bon: “Ces secousses ne sont pas les tremblements de terre majeurs auxquels nous nous attendons à Marmara” a-t-il indiqué.”Le véritable tremblement de terre ici sera plus fort et supérieur à 7″, insiste-t-il, tout en appelant “la population et le gouvernement à prendre des précautions même lorsqu’il n’y a pas de tremblement de terre” (…) pour préparer la ville”.Le sud-est du pays a subi un violent tremblement de terre en février 2023 qui a fait au moins 53.000 morts et dévasté la cité antique d’Antakya, l’ex Antioche.Le district de Silivri abrite notamment l’une des principales prisons du pays, où se trouvent incarcérés le maire d’oppposition d’Istanbul Ekrem Imamoglu et le mécène et philanthrope Osman Kavala.C’est également là qu’ont été conduits de très nombreux manifestants interpellés lors de la vague de contestation qui a suivi l’arrestation de M. Imamoglu le 19 mars, incarcéré à Silivri six jours plus tard.Le réseau d’entraide des parents des jeunes détenus a affirmé sur X que l’établissement n’avait pas subi de dégâts.