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Le RN de nouveau mis en cause pour des irrégularités au Parlement européen (presse)

Défaut d’appels d’offres, surfacturations et dons à des associations: le Rassemblement national et plusieurs de ses alliés au Parlement européen sont soupçonnés de diverses irrégularités, selon un rapport de l’institution bruxelloise révélé jeudi par Le Monde avec d’autres médias allemands et autrichien.Après l’affaire des assistants parlementaires européens, qui a valu à Marine Le Pen et plusieurs cadres de son parti une condamnation fin mars (le procès en appel doit se tenir d’ici l’été 2026), de nouvelles accusations venues de Bruxelles visent le Rassemblement national.Cette fois-ci, le parti d’extrême droite est suspecté, avec ses alliés de l’ex-groupe Identité et Démocratie, d’avoir “indûment dépensé” plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024, selon un rapport de la direction des affaires financières du Parlement européen.D’après ce document, dévoilé par Le Monde ainsi que par l’émission de télévision allemande Kontraste, le magazine Die Zeit et l’hebdomadaire autrichien Falter, la majeure partie de cette somme a bénéficié à deux sociétés liées à des proches de Marine Le Pen, à savoir son ancien conseiller Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc.L’agence de communication e-Politic a ainsi perçu 1,7 million d’euros après un appel d’offres “purement formel” et entaché de “graves problèmes de conformité” selon les inspecteurs bruxellois, qui estiment par conséquent que “toutes ces dépenses (…) sont irrégulières”.Même chose pour l’entreprise Unanime, qui a empoché plus de 1,4 million d’euros pour des travaux d’impression, de surcroît sous-traités à moindre coût, avec une marge évaluée à 260.000 euros. Des faits qui rappellent l’affaire dite “des kits de campagne”, dans laquelle M. Chatillon, Mme Blanc et des membres de l’ex-Front national avaient été condamnés pour escroquerie et abus de biens sociaux.Le RN et ses alliés sont par ailleurs incriminés par le Parlement européen pour de multiples dons à des associations n’ayant “aucun lien” avec leurs activités politiques à Bruxelles. Stérilisation de chats errants, amicale de sapeurs-pompiers, restauration d’une paroisse… Au total, plus de 700.000 euros ont ainsi été distribués en cinq ans à des structures souvent liées à des proches d’eurodéputés d’extrême droite, ou situées dans leur région d’élection.Auprès du Monde, l’ancien secrétaire général du groupe Identité et Démocratie, le Belge Philip Claeys, a rejeté en bloc ce qu’il a qualifié d'”allégations incorrectes”, assurant que “tous les paiements effectués dans les cinq dernières années ont été dûment facturés, justifiés et contrôlés”.Interrogée jeudi matin à ce sujet sur RTL, Marine Le Pen a affirmé ne pas en avoir eu connaissance: “Je ne sais pas ce qu’il en est, je n’ai pas regardé ce dossier”.Mais “il peut y avoir des désaccords administratifs avec le Parlement européen” et “on va essayer, encore une fois, de les résoudre”, a-t-elle ajouté, avant de qualifier l’institution d'”organe politique (qui) mène à l’égard de son opposition une guerre de tranchées” et lui “cherche des noises matin, midi et soir, en toute circonstance”.

Alcool et mineurs: près de neuf supermarchés sur dix enfreignent la loi, selon une association

Près de neuf supermarchés sur dix enfreignent la loi en vendant de l’alcool aux mineurs dénonce, au vu de tests menés à Nantes, Angers et Rennes, l’association Addictions France, qui réclame jeudi des “sanctions réellement dissuasives” et des contrôles fréquents par l’État.Sur 90 établissements des enseignes Auchan, Lidl, Leclerc, Diagonal, U Express, Intermarché, Carrefour (City, Market et Express), Monoprix, Franprix et G20 testés en avril et en mai, 86% ont vendu de l’alcool à des mineurs, selon l’association. Contre 93% lors d’une opération similaire en 2021.”Malgré l’interdiction formelle de vente d’alcool aux mineurs et l’engagement de l’État à mieux la faire respecter, l’accès à l’alcool reste en 2025 très aisé pour les mineurs”, déplore auprès de l’AFP Myriam Savy, responsable du plaidoyer chez Addictions France.Pour ces tests, des mineurs se sont rendus, accompagnés d’un huissier, dans des supermarchés dont certains avaient “déjà fait l’objet de constatations”. Seuls 8% des établissements ont demandé une pièce d’identité.Or l’article L.3342-1 du Code de la santé publique précise que “la personne qui délivre la boisson exige du client qu’il établisse la preuve de sa majorité” via un “acte systématique”, “non conditionné par le simple doute sur l’apparence physique du client”, rappelle Addictions France.Ces achats tests “ont systématiquement été réalisés en pleine journée, en semaine”, souvent “avec peu voire aucun client à la caisse”, précise l’association pour devancer l’argument d’une “pression liée à l’affluence” pour justifier le non-contrôle de l’âge. Sur les 25 magasins Carrefour testés, seuls deux ont refusé la vente, deux également chez les 11 Lidl testés, comme au sein des sept magasins du groupe Coopérative U visités. Parmi les autres enseignes: un seul magasin E.Leclerc sur six a refusé la vente au mineur, un seul Intermarché sur sept, aucun Monoprix sur les six testés et aucun Auchan (sur deux).À l’été 2023, l’association avait testé en Loire-Atlantique 42 bars, cafés et points de restauration rapide: un seul avait refusé la vente au mineur.Ses constatations en 2023-2024 ont donné lieu à l’ouverture de 37 procédures judiciaires, dont les premières “ne seront plaidées que le 9 décembre 2025”: ces deux ans de délai “renforcent un sentiment d’impunité et banalise la transgression de la loi”, juge Addictions France.- Sanctions “réellement dissuasives” -Face à “l’inefficacité générale du dispositif réglementaire actuel” et de la “Charte d’engagements responsables” signée par la grande distribution en 2019, en partenariat avec la Fédération du commerce et de la distribution, l’association demande des contrôles aléatoires systématiques par l’État, et des sanctions “réellement dissuasives”. Avec des amendes atteignant 2% du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise si celui-ci est inférieur à 100.000 euros, et 10% à partir de 500.000 euros, avec un recours aux sanctions administratives systématisé (avertissement, suspension, retrait de la licence après deux récidives). Des moyens dédiés permettraient de juger ces délits sous six semaines. Car si vendre de l’alcool à un mineur est un délit passible d’une amende de 7.500 euros, le double en cas de récidive avant cinq ans, aujourd’hui “les contrôles sont rares, les poursuites peu fréquentes et les condamnations à hauteur de la peine maximale quasiment inexistantes”, affirme Addictions France.Jeudi, un porte-parole de Carrefour a assuré à l’AFP que “la majorité de (ses) magasins respectent” cette interdiction, ajoutant qu’il allait la “rappeler une nouvelle fois” à ses employés.”La re-sensibilisation va être extrêmement forte”, a affirmé le PDG de Coopérative U Dominique Schelcher sur BFMTV/RMC. “Nos hôtes, nos hôtesses de caisse doivent être exemplaires sur ce sujet-là, on n’a pas droit à l’erreur.”En comparaison, en Suisse, qui allie prévention, contrôles aléatoires fréquents et sanctions dissuasives, 65% des vendeurs ont contrôlé l’âge des acheteurs en 2023, contre 54% en 2014, selon l’association.En juillet 2024, la cour d’appel de Pau a confirmé la condamnation de l’enseigne Lidl à 5.000 euros d’amende pour avoir vendu de l’alcool à un mineur de 16 ans, Kilian, qui s’était tué à Urrugne (Pyrénées atlantiques) en 2021 en heurtant un pylône à scooter après avoir été percuté par un ami circulant, lui aussi alcoolisé, sur son scooter.Lidl s’est pourvu en cassation.

“Inaction” climatique: les décrocheurs de portraits de Macron déboutés par la CEDH

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a débouté jeudi les 11 militants écologistes qui avaient formé un recours après leurs condamnations pénales pour avoir décroché et conservé les portraits du président Emmanuel Macron dans plusieurs mairies de France.La Cour, qui siège à Strasbourg, a jugé que les poursuites pénales engagées après les actions commises par ces militants à Paris, La Roche-de-Glun (Drôme) et Lingolsheim (Bas-Rhin) en 2019 devaient être considérées “non comme revêtant un caractère dissuasif à l’expression de leur message, mais comme faisant partie de leur stratégie de communication”.Elle estime également que les condamnations prononcées, des peines d’amendes avec sursis allant de 200 à 500 euros, figurent parmi les “sanctions les plus modérées possible”, et ne sont donc “pas disproportionnées”.Les magistrats européens rappellent également que les tribunaux français avaient retenu, “pour fonder leurs condamnations, l’absence de restitution des portraits”, estimant que le seul décrochage des photos du chef de l’Etat “aurait suffi par lui-même à l’expression du message” militant.Deux des sept juges européens ont cependant émis une opinion inverse, minoritaire, considérant que les condamnations prononcées à l’encontre des militants écologistes constituaient bien une violation de leur liberté d’expression.- “On va continuer” -“Il ne faut jamais se laisser décourager”, a réagi auprès de l’AFP Pauline Boyer, l’une des “décrocheuses” du réseau Action Non-Violente – COP21, estimant que le message diffusé à l’occasion de ces happenings restait “malheureusement toujours valable, six ans après”.”Je fais de la désobéissance civile parce que je suis persuadée que c’est un poumon de la démocratie. Ce sont souvent les mobilisations citoyennes qui ont fait évoluer les lois. Aujourd’hui ce n’est plus possible de voter des lois qui détricotent le droit de l’environnement et ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Nos actions sont nécessaires, et donc même si on perd devant la CEDH, ce n’est pas grave, on va continuer”, a-t-elle assuré.Elle a cependant exprimé un regret, également mentionné par les juges minoritaires: “le fait de considérer que notre action est irréversible parce qu’on n’a pas encore rendu ces portraits, c’est une manière d’acter que la France ne va pas faire son travail en matière de protection du climat jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron”, a-t-elle déploré.La CEDH “est passée à côté du vrai sujet et de la vraie nature de ces mouvements d’expression politique”, s’est désolé Paul Mathonnet, l’un des avocats des décrocheurs.”La question n’était pas de savoir si les éléments constitutifs de l’infraction étaient réunis ou si la peine était proportionnée. Le problème est plutôt de savoir si les poursuites, les mesures de garde à vue, d’enquête, de perquisition, la condamnation… n’étaient pas une atteinte à la liberté d’expression”, a-t-il analysé.”La charge de la procédure pénale ne participe pas de la stratégie de communication des militants. C’est une erreur d’appréciation de la Cour, qui n’a pas pris en considération les implications de la procédure pénale et ses aspects dissuasifs, même lorsque cela se termine par une peine d’amende”, a-t-il poursuivi, exprimant son intention de faire appel auprès de la Grande chambre.Selon lui, la décision de la CEDH est de nature à “retirer un moyen d’action à la jeune génération, qui soit tombera dans l’apathie, soit dans des modes d’action plus extrêmes”.- Nouvelle jurisprudence – Cependant, depuis les premières condamnations de décrocheurs, la Cour de cassation avait fait évoluer sa jurisprudence sans attendre la décision de la CEDH.Le 29 mars 2023, elle avait validé la relaxe prononcée à l’encontre d’un autre groupe de décrocheurs, relevant “l’absence d’atteinte à la dignité de la personne du président de la République” et rappelant que “les changements climatiques constituent un sujet d’intérêt général”. Elle avait aussi souligné la valeur modique du portrait, 8,90 euros (cadre non compris). Depuis, d’autres décisions de relaxe ont été prononcées dans des dossiers similaires.Selon l’ONU, l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, couronnant une décennie “extraordinaire de températures record”. La vague de chaleur qui a touché la France depuis fin juin a également établi plusieurs nouveaux records de températures.

Education: un élève portant une arme passera systématiquement en conseil de discipline

Tout élève portant une arme sera systématiquement traduit devant le conseil de discipline de son collège ou de son lycée, prévoit un décret gouvernemental paru jeudi, dans un contexte marqué par une série d’agressions à l’arme blanche dans des établissements scolaires.Le chef d’établissement sera tenu de saisir le conseil de discipline “lorsqu’un élève introduit une arme dans l’établissement ou porte une arme sur lui”, selon ce décret paru au Journal officiel. Jusqu’alors, la saisine du conseil de discipline n’était systématique qu’en cas d’agression physique d’un membre du personnel. Pour les autres cas, elle restait à l’appréciation du chef d’établissement.Cette mesure avait été annoncée par la ministre de l’Education, Elisabeth Borne, en début d’année, alors qu’un lycéen avait été grièvement blessé dans la cour de son établissement à Bagneux (Hauts-de-Seine).Depuis, d’autres agressions ont marqué l’actualité, dont le meurtre d’une surveillante de collège à Nogent (Haute-Marne) et celui d’une lycéenne par un autre adolescent à Nantes.Ces agressions ont suscité de nombreuses réactions dans le monde politique, certains élus appelant à un renforcement des mesures sécuritaires dont un resserrement des contrôles.Le Premier ministre, François Bayrou, a exprimé son souhait de travailler à “l’expérimentation” de portiques de sécurité à l’entrée des établissements scolaires, une mesure controversée. Pour l’heure, le gouvernement a annoncé début juin que 186 couteaux avaient été trouvés à l’issue de plus de 6.000 fouilles inopinées et menées depuis la fin mars.Mme Borne a toutefois également exprimé son scepticisme sur le tout-sécuritaire, soulignant l’impossibilité d’organiser des fouilles quotidiennes et appelant à ne pas transformer les établissements scolaires en “bunkers”.Elle a présenté en juin un “protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes”. Celui-ci est censé être porté par chaque établissement d’ici à la fin de l’année.

“38°C, ressenti 41°C” : les pressings s’adaptent, contraints de travailler sous une chaleur de plomb

Au plus fort de la vague de chaleur cette semaine à Paris, le thermomètre affiche 38°C. Et depuis 8h du matin, à l’intérieur du pressing Saint-Martin, dans le IIIe arrondissement, Hichem Regaieg lave et repasse les vêtements.Pour le soulager, quelques ventilateurs soufflent. Mais ils ne font que brasser de l’air chaud, auquel s’ajoute la chaleur émise par les trois machines de nettoyage fonctionnant en continu.”Quand vous faites du 8H-20H, c’est fatigant…”, déplore M. Regaieg, qui regrette de ne pas avoir l’autorisation d’installer une climatisation dans sa boutique, faute d’accord de la mairie. Pressings et blanchisseries, qui utilisent des machines particulièrement génératrices de chaleur, doivent adapter leur mode de travail et leurs horaires pour mieux supporter les fortes chaleurs de l’été et leurs pics caniculaires: pour les personnels et pour le matériel.Car, au-delà d’un impact physique sur les humains, la forte chaleur peut aussi engendrer des problèmes techniques: les machines sont censées être “adaptées” à ces températures, mais il arrive qu’elles dysfonctionnent.Le quadragénaire, qui travaille dans cet établissement depuis 13 ans, se rassure : “ce n’est pas tout le temps comme ça, heureusement”.”Et on fait des pauses !”, sourit-il en s’essuyant le front avec une serviette.- Éviter d’émettre de la chaleur -Mercredi matin dans un autre pressing de la capitale, dans le XVIIe arrondissement, Katia Mahni apprécie la relative fraîcheur matinale, après avoir travaillé l’après-midi mardi. La porte d’entrée grande ouverte laisse passer une légère brise, après une nuit où le mercure n’est pas descendu sous la barre des 21°C.La principale machine de cette petite boutique de la chaîne Sequoia Pressing “monte à 70°C”, explique Mme Mahni, désignant un boîtier métallique imposant derrière le comptoir. Pour réduire l’exposition à la chaleur, “on lance toutes les machines avant midi et on éteint tout l’après-midi”.”Mardi après-midi, on a tout éteint, même l’éclairage! Il faisait quand même 38°C, mais en ressenti 41°C”, soupire l’employée.Le repassage nécessite aussi un peu d’adaptation: “on repasse en aspiration et pas en soufflerie”, pour éviter d’émettre de la chaleur. Si cette boutique est restée ouverte aux horaires habituels, plus d’un tiers des 60 établissements gérés par Sequoia Pressing, deuxième acteur du secteur en France, ont dû fermer l’après-midi lors du pic de chaleur, selon le président et fondateur du groupe Nicolas de Bronac.”Pour les boutiques pour lesquelles on a une température qui n’est plus acceptable, on est obligé de les fermer et on prévient les clients”, indique-t-il à l’AFP.- “Extrêmement pénible” -L’arrivée des vacances d’été s’accompagnant d’une affluence particulière pour les pressings, avant le départ des clients, ces établissements ne peuvent en revanche pas se permettre de fermer complètement. Inès Rossignol, représentante de la Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, a créé sa boutique en périphérie de Lyon il y a 15 ans, après avoir été styliste dans la haute couture.”C’est un métier extrêmement pénible parce qu’on est toujours debout”, souligne-t-elle. “On a du mal à trouver des gens qui veulent travailler dans ces conditions, donc dans les pressings on fait très attention” aux employés, dit-elle.Alors que les canicules doivent se multiplier et s’intensifier dans les prochaines années, sous l’effet du réchauffement du climat, un décret impose aux employeurs depuis le 1er juillet de nouvelles obligations en matière de prévention contre les risques liés à la chaleur, dont l’aménagement des postes de travail (stores occultants, ventilation, brumisation…) et l’adaptation de l’organisation du travail, notamment des horaires.Une pratique que met déjà en Å“uvre Mme Rossignol: les jours de forte chaleur, elle arrive au pressing à 4H du matin pour faire tourner les machines, afin de “soulager le personnel”. L’après-midi, “on boit beaucoup d’eau” et “on fait des courants d’air avec des ventilateurs”. Impossible en revanche d’installer une climatisation, assure-t-elle, à cause de dépenses d’électricité déjà conséquentes.

“38°C, ressenti 41°C” : les pressings s’adaptent, contraints de travailler sous une chaleur de plomb

Au plus fort de la vague de chaleur cette semaine à Paris, le thermomètre affiche 38°C. Et depuis 8h du matin, à l’intérieur du pressing Saint-Martin, dans le IIIe arrondissement, Hichem Regaieg lave et repasse les vêtements.Pour le soulager, quelques ventilateurs soufflent. Mais ils ne font que brasser de l’air chaud, auquel s’ajoute la chaleur émise par les trois machines de nettoyage fonctionnant en continu.”Quand vous faites du 8H-20H, c’est fatigant…”, déplore M. Regaieg, qui regrette de ne pas avoir l’autorisation d’installer une climatisation dans sa boutique, faute d’accord de la mairie. Pressings et blanchisseries, qui utilisent des machines particulièrement génératrices de chaleur, doivent adapter leur mode de travail et leurs horaires pour mieux supporter les fortes chaleurs de l’été et leurs pics caniculaires: pour les personnels et pour le matériel.Car, au-delà d’un impact physique sur les humains, la forte chaleur peut aussi engendrer des problèmes techniques: les machines sont censées être “adaptées” à ces températures, mais il arrive qu’elles dysfonctionnent.Le quadragénaire, qui travaille dans cet établissement depuis 13 ans, se rassure : “ce n’est pas tout le temps comme ça, heureusement”.”Et on fait des pauses !”, sourit-il en s’essuyant le front avec une serviette.- Éviter d’émettre de la chaleur -Mercredi matin dans un autre pressing de la capitale, dans le XVIIe arrondissement, Katia Mahni apprécie la relative fraîcheur matinale, après avoir travaillé l’après-midi mardi. La porte d’entrée grande ouverte laisse passer une légère brise, après une nuit où le mercure n’est pas descendu sous la barre des 21°C.La principale machine de cette petite boutique de la chaîne Sequoia Pressing “monte à 70°C”, explique Mme Mahni, désignant un boîtier métallique imposant derrière le comptoir. Pour réduire l’exposition à la chaleur, “on lance toutes les machines avant midi et on éteint tout l’après-midi”.”Mardi après-midi, on a tout éteint, même l’éclairage! Il faisait quand même 38°C, mais en ressenti 41°C”, soupire l’employée.Le repassage nécessite aussi un peu d’adaptation: “on repasse en aspiration et pas en soufflerie”, pour éviter d’émettre de la chaleur. Si cette boutique est restée ouverte aux horaires habituels, plus d’un tiers des 60 établissements gérés par Sequoia Pressing, deuxième acteur du secteur en France, ont dû fermer l’après-midi lors du pic de chaleur, selon le président et fondateur du groupe Nicolas de Bronac.”Pour les boutiques pour lesquelles on a une température qui n’est plus acceptable, on est obligé de les fermer et on prévient les clients”, indique-t-il à l’AFP.- “Extrêmement pénible” -L’arrivée des vacances d’été s’accompagnant d’une affluence particulière pour les pressings, avant le départ des clients, ces établissements ne peuvent en revanche pas se permettre de fermer complètement. Inès Rossignol, représentante de la Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, a créé sa boutique en périphérie de Lyon il y a 15 ans, après avoir été styliste dans la haute couture.”C’est un métier extrêmement pénible parce qu’on est toujours debout”, souligne-t-elle. “On a du mal à trouver des gens qui veulent travailler dans ces conditions, donc dans les pressings on fait très attention” aux employés, dit-elle.Alors que les canicules doivent se multiplier et s’intensifier dans les prochaines années, sous l’effet du réchauffement du climat, un décret impose aux employeurs depuis le 1er juillet de nouvelles obligations en matière de prévention contre les risques liés à la chaleur, dont l’aménagement des postes de travail (stores occultants, ventilation, brumisation…) et l’adaptation de l’organisation du travail, notamment des horaires.Une pratique que met déjà en Å“uvre Mme Rossignol: les jours de forte chaleur, elle arrive au pressing à 4H du matin pour faire tourner les machines, afin de “soulager le personnel”. L’après-midi, “on boit beaucoup d’eau” et “on fait des courants d’air avec des ventilateurs”. Impossible en revanche d’installer une climatisation, assure-t-elle, à cause de dépenses d’électricité déjà conséquentes.

L’exploitation minière en haute mer pourrait affecter la vie marine, selon une étude

L’exploitation minière en haute mer pourrait impacter la vie marine, des plus petits organismes aux grands prédateurs tels que l’espadon et les requins, a révélé une étude publiée jeudi et financée par l’industrie.La société canadienne The Metals Company a déboursé environ un million de dollars pour que l’organisme australien pour la recherche scientifique, le CSIRO, examine des données récoltées dans l’océan Pacifique.D’immenses étendues du fond marin de l’océan Pacifique sont couvertes de nodules polymétalliques, sortes de galets plus ou moins riches en manganèse, cobalt, cuivre ou nickel.The Metals Company a créé la surprise en sollicitant auprès de Washington, via sa filiale américaine, le premier permis d’extraction minière commerciale dans les eaux internationales, notamment dans la zone de Clarion-Clipperton.Située entre le Mexique et Hawaï, la “zone de fracture de Clipperton” est une vaste plaine abyssale d’environ quatre millions de kilomètres carrés.Contournant l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) dont les Etats-Unis ne sont pas membres, la société canadienne compte profiter d’une loi américaine de 1980 récemment réactivée par Donald Trump pour démarrer son projet d’ici deux ans.Les sociétés d’exploitation minière n’ont pas encore trouvé le meilleur moyen de récupérer les nodules qui se trouvent à cinq kilomètres ou plus de profondeur.Leurs efforts se concentrent sur des machines de récolte robotisées qui aspirent les nodules en parcourant le fond de l’océan.Des espèces, telles que les concombres de mer, les vers marins, les étoiles de mer et les crustacés, pourraient connaître “des déclins significatifs” en terme de population en raison de ces pratiques, indique l’étude.Certaines espèces se rétabliraient partiellement en une année, mais les “filtreurs” et les petits organismes qui se nourrissent de sédiments ont montré “un rétablissement minimal”.- Métaux toxiques -“Sur le fond marin, nos recherches montrent qu’il y a des impacts locaux substantiels provenant de différentes opérations minières”, a déclaré jeudi le scientifique Piers Dunstan lors d’une conférence.Les poissons prédateurs pourraient voir des métaux toxiques commencer à s’accumuler dans leur organisme après une exposition prolongée aux panaches de sédiments rejetés par l’excavation.”L’espadon et les grands requins ont accumulé les plus fortes concentrations simulées de métaux”, ont noté les scientifiques dans leur rapport.”Ce projet aide à garantir que, si l’exploitation minière en haute mer devait aller de l’avant, il existe une approche claire pour comprendre les risques et impacts potentiels sur la vie marine et les écosystèmes”, a déclaré M. Dunstan.Tina Soliman-Hunter, professeure de l’Université Macquarie en Australie, a expliqué qu’il s’agissait à ce jour de l’une des études “les plus complètes” sur l’exploitation minière en haute mer.”Sans de telles recherches, il existe un risque de dommages liés aux activités minières pouvant persister sur des générations”, a-t-elle souligné.Impulsée par WWF, une Coalition d’entreprises pour stopper l’exploitation minière des fonds marins s’est lancée en 2021 et 64 entreprises l’ont rejointe.Des institutions financières comme la Deutsche Bank, Credit Suisse (UBS), le Crédit Agricole ou la Banque européenne d’investissement ont aussi indiqué qu’elles ne financeraient pas cette activité.

Boualem Sansal condamné en appel: “une douche froide”, selon Kamel Daoud

Le Prix Goncourt 2024 Kamel Daoud a évoqué l’effet d'”une douche froide” jeudi, deux jours après la condamnation en appel à cinq ans de prison ferme de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, déjà incarcéré depuis sept mois en Algérie.”Je garde espoir, comme tout le monde, et j’espère vraiment me tromper, j’espère vraiment me tromper et le revoir ici en France, libre et en bonne santé mais, ce matin, c’est quand même une douche froide”, a déclaré M. Daoud, lui aussi franco-algérien, à la radio France Inter.Mardi, la cour d’appel d’Alger a confirmé la peine de prison infligée en première instance à Boualem Sansal, 80 ans et atteint d’un cancer, reconnu coupable d'”atteinte à l’unité nationale” pour avoir déclaré que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc.La France, qui réclame depuis des mois sa libération, a “regretté” cette condamnation et espère désormais une grâce du président algérien Abdelmadjid Tebboune.”Ce matin, en lisant la Une des principaux journaux algériens, c’est une douche froide”, a détaillé Kamel Daoud. “C’est le même titre qui a été publié par pratiquement tous les journaux avec la même question : +de quoi se mêle la France?” “Quand on a le même titre sur les mêmes Unes le même jour, ça veut dire que l’instruction est venue d’en haut et ça n’augure pas de quelque chose de bon”, a-t-il poursuivi, dénonçant par ailleurs le “procès d’intention” intenté, selon lui, à Boualem Sansal en France où certains l’accusent d’être d’extrême droite.”Ça, c’est douloureux, ça en dit beaucoup sur l’Algérie, ça en dit beaucoup aussi sur la France”, a-t-il commenté.Visé lui-même par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie, une plainte et une assignation en France, Kamel Daoud a redit son sentiment d’être “harcelé” en raison de ses critiques contre les autorités de son pays natal.L’Algérienne Saâda Arbane l’attaque pour violation de la vie privée dans son dernier roman “Houris”, accusation que l’auteur rejette. Mme Arbane, qui est une ancienne patiente de l’épouse psychiatre de l’auteur, a, comme l’héroïne du livre, survécu à un massacre pendant la décennie noire de guerre civile en Algérie.”Ceux qui me pourchassent et me persécutent aujourd’hui, ce n’est pas la démocratie norvégienne, c’est la dictature algérienne et donc ça devrait rester en tête de ceux-là mêmes qui viennent faire les procès des écrivains algériens”, a-t-il estimé.

L’eau dessalée au secours de l’agriculture dans le sud du Maroc

Elle est coûteuse et critiquée pour son impact environnemental. Mais sans l’eau dessalée, “on ne serait plus là”, dit la responsable d’un géant de la production de tomates cerises dans le sud du Maroc.Abir Lemseffer, directrice générale adjointe du groupe Azura, fait référence à la grave sécheresse liée au changement climatique, que traverse le pays depuis 2018.Dans la plaine de Chtouka, à une soixantaine de kilomètres d’Agadir, les 800 hectares d’exploitation de ce groupe franco-marocain sont irrigués à 100% par de l’eau dessalée.Depuis 2022, la station de dessalement fournit l’équivalent de 125.000 m3 d’eau par jour pour l’irrigation de 12.000 hectares de primeurs. Mais aussi 150.000 m3 par jour pour l’eau potable destinée à 1,6 million d’habitants de la ville et ses environs, indique à l’AFP Ayoub Ramdi, responsable au sein de l’Office régional de mise en valeur agricole.La station compte atteindre 400.000 m3 par jour, dont la moitié destinée à l’irrigation, à fin 2026.Sans cette eau, affirme l’agronome Rqia Bourziza, “un scénario catastrophique se profilait au Maroc”.L’agriculture, qui représente environ 12% du PIB du pays, a été gravement affectée par un stress hydrique aigu, du fait de six années consécutives de sécheresse.- “Eau chère” -A l’échelle nationale, le Maroc dispose de 16 stations de dessalement d’une capacité totale de 270 millions de m3 par an et entend atteindre 1,7 milliard de m3 par an d’ici 2030.Si 1.500 agriculteurs irriguent avec l’eau dessalée dans la région du Souss-Massa qui englobe Agadir, d’autres n’y ont pas souscrit en raison de son coût.C’est le cas de Hassan qui cultive, sur un demi-hectare, de la courgette et du poivron irrigués par l’eau d’un puits partagé par 60 agriculteurs.”Je ne peux pas me permettre d’utiliser cette eau car elle est chère”, explique cet homme qui n’a pas souhaité donner son nom.L’eau dessalée est vendue à 0,48 euro le m3 (cinq dirhams hors taxe) contre en moyenne 0,096 euro par m3 (un dirham) pour des eaux conventionnelles.A la sortie de l’usine, cette eau coûte en fait encore plus cher: 1,05 euro par m3 (onze dirhams). Mais les contributions publiques de 40% à ce projet font baisser le tarif.Pour l’agronome Ali Hatimy, “le coût de l’eau dessalée réduit considérablement le nombre des cultures pouvant être irriguées, car elle n’est amortie que par des cultures à très haute valeur ajoutée”.Ce que confirme Mme Bourziza: l’irrigation à l’eau dessalée est une “très bonne alternative”, mais “lorsqu’elle est utilisée dans des cultures à haute valeur comme les tomates ou l’arboriculture”.Au-delà du coût, “la production de l’eau dessalée demande énormément d’énergie électrique et les rejets de saumure ont un impact sur les écosystèmes marins”, note Ali Hatimy.M. Ramdi de l’Office de mise en valeur agricole assure qu'”aucun impact” n’a été constaté autour de la ville côtière d’Agadir, et que des diffuseurs sont utilisés “dans les conduits de rejet pour diluer la saumure”. – L’eau des nappes “insuffisante” -Les enjeux dans la région du Souss-Massa, qui totalise 85% des exportations marocaines de produits maraîchers, sont de taille.Les cultures maraîchères y occupent 29.000 hectares, pour une production de près de deux millions de tonnes par an et près de 940 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon le ministère de l’Agriculture.La station de dessalement a ainsi permis d’éviter une perte de plus de 860 millions d’euros en valeur ajoutée en plus de préserver plus d’un million d’emplois par an, selon M. Ramdi.”Le dessalement a sauvé l’agriculture dans Chtouka”, dit avec enthousiasme Mohamed Boumarg en arpentant une de ses serres de tomates, produit phare de la région.”Avant, je ne cultivais que cinq hectares car j’étais conditionné par la quantité d’eau que j’avais. L’eau de nappe n’était pas suffisante”, raconte cet agriculteur de 38 ans qui exploite désormais une vingtaine d’hectares dont 60% de la production est destinée à l’export.”Il en va de notre survie”, souligne Mme Lemseffer: “Soit on accepte de sacrifier une partie de la marge en utilisant de l’eau dessalée, soit on met la clef sous la porte”.

Saône-et-Loire: un adolescent tué et quatre blessés dans l’accident de leur voiture suivie par la police

Un adolescent est mort et quatre ont été blessés jeudi matin près de Montceau-les-Mines, quand leur véhicule a effectué une sortie de route, a annoncé la préfecture de Saône-et-Loire.L’accident dont les circonstances “restent à éclaircir” s’est produit vers 05H00 sur la commune de Gourdon, alors que le véhicule était “suivi à distance” par la police, a-t-elle précisé dans un communiqué. Les cinq victimes, dont l’une était au volant, sont âgées d’environ 15 ans, selon la préfecture qui ne donne pas plus de détails.Le jeune décédé était un passager âgé de 13 ans, a précisé à l’AFP le parquet de Chalon-sur-Saône. Le conducteur, 15 ans, et les autres passagers ont été hospitalisés mais leur vie n’est pas en danger, a-t-il précisé.Le véhicule, qui appartenait aux parents d’un des adolescents, est tombé en contrebas de la route et a heurté un arbre, selon le parquet qui ne dispose pas de davantage d’informations à ce stade.