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Bétharram: Bayrou redit sous serment ne pas avoir eu d’informations privilégiées sur les violences

François Bayrou a maintenu sous serment mercredi n’avoir “pas eu d’autre information” que “par la presse” lorsqu’il était ministre de l’Education nationale dans les années 1990 sur les violences physiques et sexuelles au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, dédiant son audition parlementaire, très tendue, aux “victimes”. Il a jugé “très importante” pour ces victimes qu’il soit entendu par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale. “Si ma présence comme cible politique a permis que ces faits apparaissent, ce +Me too+ de l’enfance, alors cela aura été utile”, a-t-il affirmé. Les révélations sur Bétharram ont libéré la parole dans d’autres institutions catholiques.Sur un ton combatif, François Bayrou a dénoncé d’emblée “l’instrumentalisation” politique de l’affaire pour “abattre” le “gouvernement” après avoir juré, peu après son arrivée à 17H00, de dire la vérité.Signe de son état d’esprit, le chef du gouvernement avait posé près de lui le livre enquête “La Meute”, paru la semaine dernière, portant sur le fonctionnement très décrié de La France insoumise, dont le corapporteur de la commission Paul Vannier est un des députés les plus en vue.”Je maintiens l’affirmation qui est la mienne. Je n’ai pas eu d’autres informations comme ministre de l’Éducation nationale” (1993-97) “et je n’ai bénéficié d’aucune information privilégiée”, a répondu le Premier ministre lors d’un échange tendu avec l’élu LFI, qu’il a accusé d’avoir “menti” et de “déformer la réalité”.”Je n’ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective”, a-t-il encore attaqué.- “Procès politique” -Le scandale touche intimement François Bayrou, ancien ministre et ancien député, qui a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cet établissement catholique réputé, situé près de Pau, la ville dont il est resté maire, et où son épouse a enseigné le catéchisme.Se sont ajoutées les révélations de sa fille Hélène sur une agression physique par un prêtre dans un camp d’été. Des proches de ce prêtre assurent dans Libération mercredi que M. Bayrou avait été informé à l’époque d’une “gifle” donnée à sa fille.Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur environ 200 plaintes visant des faits présumés de violences et de viols dans l’établissement entre les années 1970 et 1990.Le Premier ministre répond à un duo improbable de rapporteurs: à Paul Vannier est associée la macroniste Violette Spillebout. Ils rendront leurs conclusions fin juin, après avoir entendu témoins, victimes et anciens ministres.François Bayrou a plongé dans les sondages en raison notamment de ce scandale qui lui colle à la peau depuis trois mois.Ses proches soulignent qu’il n’est pas l’objet de la commission d’enquête, laquelle porte sur “les modalités du contrôle par l’Etat et de la prévention des violences dans les établissements scolaires”.”Si c’est pour faire un procès politique du Premier ministre, ça ne servira à rien”, a prévenu le député MoDem Erwan Balanant, pour qui “le vrai sujet” est le silence qui a entouré ces violences.- “Je ne lis pas Mediapart” -Interrogé pour la première fois en février par le député Vannier après des révélations de Mediapart – “je ne lis pas Mediapart, c’est une hygiène personnelle”, a dit M. Bayrou mercredi -, le Premier ministre avait assuré n’avoir “jamais été informé de quoi que ce soit”. Il avait ensuite multiplié les dénégations, pourtant contredit par un ancien juge, un ex-gendarme et une professeure à la retraite, et même par sa fille aînée Hélène.François Bayrou a “menti” parce que “ça le gênait dans son ascension politique”, s’est emporté lundi le père d’une victime.L’ex-juge Christian Mirande estime dans Sud Ouest mercredi que François Bayrou “a fait gonfler le soufflé” de l’affaire en niant initialement être venu le voir en 1998 pour évoquer un dossier de viol impliquant un religieux de l’établissement, le père Carricart. Mais il assure que ni lui ni M. Bayrou n’ont violé le secret de l’instruction puisqu’ils ont échangé sur ce que relatait déjà la presse à l’époque.Emmanuel Macron a assuré mardi avoir “confiance” en François Bayrou pour répondre “à toutes les questions” posées. Peu dans son camp imaginent pourtant une censure contre lui sur cette affaire. “Le mensonge en politique, ça ne passe pas, mais c’est balancé par la vraie détresse du Premier ministre quand il a appris les violences contre sa fille” ou rencontré des victimes à Pau, estime une autre ministre. “S’il avait lui-même couvert l’institution pour la protéger au détriment des élèves, effectivement, il devrait partir”, a jugé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure sur TF1 mercredi matin.A l’autre bout de l’échiquier politique, le RN se montre clément, et le patron de la droite Laurent Wauquiez a souhaité sur France2 que l’affaire ne soit pas “instrumentalisée” car “c’est une tragédie”.

Après les athlètes, le public pourra piquer une tête dans la Seine cet été

Héritage promis des Jeux olympiques, la baignade dans la Seine va s’ouvrir au public cet été à Paris après un siècle d’interdiction, ainsi que dans la Marne, dans sept sites surveillés avec, assurent les autorités, une eau dépolluée.Rendez-vous le 5 juillet au matin sur les rives du bras Marie face à l’île Saint-Louis, là où la maire de la capitale Anne Hidalgo avait plongé un an plus tôt avec Tony Estanguet, le patron du comité d’organisation des JO, devant les caméras du monde entier.Une séquence historique au bout d’un siècle d’interdiction et la promesse jamais tenue de l’édile de Paris et futur président Jacques Chirac en 1988.”C’était un moment extraordinaire mais la baignade pour les Jeux n’était pas une fin en soi. Rendre la Seine baignable, c’est répondre d’abord à un objectif d’adaptation au changement climatique mais aussi de qualité de vie”, a expliqué Anne Hidalgo mercredi lors d’une conférence de presse.Outre le site du bras Marie, le public pourra piquer une tête gratuitement au bras de Grenelle (ouest) en face de l’île aux Cygnes, non loin de la tour Eiffel, et à Bercy, à l’est.Les baignades seront encadrées et surveillées, a précisé Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris chargé des sports. Avec une capacité d’accueil de 150 à 300 personnes en simultané. “On a voulu des infrastructures légères pour éprouver la nage en eau libre, parce que les gens n’ont pas envie de se retrouver dans une piscine”, a commenté Anne Hidalgo.- Le préfet “optimiste” -“Il n’y a pas de requin en vue, peut-être quelques silures qui ne sont pas bien méchantes”, a plaisanté l’édile socialiste.Le site de Grenelle sera le plus propice aux familles car il disposera d’un fond, contrairement aux deux autres où la Seine fait trois à quatre mètres de profondeur. Toilettes, douches, vestiaires seront à disposition, ainsi qu’une petite base nautique pour faire du kayak, à Grenelle. Le bras Marie bénéficiera lui de la proximité de Paris Plages.  Des drapeaux – verts, jaunes et rouges – permettront de connaître le débit de la Seine et la qualité de l’eau, rendue impropre à la baignade par les pluies et orages estivaux pendant une partie des JO. Le préfet de la région Ile-de-France et de Paris, Marc Guillaume, s’est néanmoins montré “encore plus optimiste” que l’été dernier sur la qualité de l’eau de la Seine et de la Marne, au vu des travaux de dépollution, pour lesquels l’Etat et les collectivités ont injecté 1,4 milliard d’euros. “Depuis cet été, 2.000 nouveaux branchements (aux réseaux d’assainissement, NDLR) ont été opérés. On a dépollué la Seine à 80% de ce qui était attendu. Pour les JO, il fallait en dépolluer les deux tiers afin d’atteindre les niveaux de normes de bactéries compatibles avec la baignade”, a expliqué le préfet.Des contrôles seront effectués quotidiennement par l’Agence régionale de santé (ARS) et, en cas d’incidents pluvieux, la baignade pourra être suspendue, “comme à la plage”, a fait valoir Anne Hidalgo.- “Efforts” des bateliers -Après des négociations avec les bateliers concernant le bras Marie, point névralgique de la circulation fluviale, mairie et préfecture ont accepté de restreindre la baignade au matin – sauf le dimanche.Et d’autres sites alternatifs “pérennes” sont à l’étude pour l’été 2026.”On a trouvé un point d’équilibre”, a réagi auprès de l’AFP Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris qui regroupe 130 entreprises.Pour des raisons de sécurité, les bateaux de croisière ne pourront pas circuler dans le bras Marie pendant les horaires de baignade comme ils le font habituellement. Ils devront naviguer dans le bras principal, de l’autre côté de l’île Saint-Louis, essentiellement dédié au fret et moins fluide. Le système de circulation alternée sera adapté pour éviter trop d’encombrements, a détaillé Olivier Jamey, estimant que les navigants consentaient à “des efforts importants”.Les Franciliens pourront aussi faire un plouf dans la Marne, où la baignade est interdite depuis 1970. Quatre sites ouvriront dès la fin juin dans le Val-de-Marne, dont celui historique de la plage du Banc de sable de Joinville-le-Pont, haut lieu des guinguettes.

Plateforme porno French Bukkake: des femmes torturées ? La Cour de cassation délibère

La Cour de cassation délibère mercredi après-midi dans l’affaire de la plateforme French Bukkake, qui a fait l’objet de multiples recours de parties civiles, en particulier sur trois points: les viols dénoncés ont-ils été commis avec torture, sexisme et racisme ?Dans cette information judiciaire, 16 hommes, présumés innocents, ont été renvoyés en procès pour viols en réunion ou trafic d’êtres humains, de 2015 à 2020. De nombreuses plaignantes ont demandé que soient ajoutées les circonstances aggravantes de torture, sexisme et racisme, qui feraient encourir aux suspects une peine plus lourde aux assises.Début février, la cour d’appel de Paris avait rejeté leurs requêtes. Une trentaine de parties civiles ont formé un pourvoi, examiné mercredi matin par la plus haute juridiction française.- “On va l’achever” – Dans ce dossier d’envergure, “on reconnait l’existence de viols, y compris aggravés par la sérialité, par des auteurs qui agissent en même temps sur plusieurs personnes, avec des propos insultants, humiliants”, a rappelé l’avocat général à l’audience.Mais pas la torture. “Le législateur n’a pas précisément défini les actes de torture et de barbarie”, a relevé l’avocat général.Or, selon “la jurisprudence de la Cour de cassation”, de tels actes sont “caractérisés par leur nature, leur durée, leur répétition, par une gravité exceptionnelle dépassant les simples violences et provoquant de souffrances aigües”.Sur le volet intentionnel, il faut aussi “un dol spécial”, mettant au jour “un comportement pervers”. Le dol concerne des agissements trompeurs dans le but de manipuler une victime.Dans French Bukkake, les blessures des plaignantes, comme “des plaies” engendrées par des pénétrations, ne résultent pas d’une violence d'”intensité encore supérieure”, a estimé l’avocat général, reprenant le raisonnement de la cour d’appel.Cette dernière avait écarté la torture car il n’y avait pas eu de “blessure distincte (aux viols) délibérément infligée”.Cette lecture s’oppose au ressenti de nombreuses plaignantes. Fanny avait raconté sa version des faits fin mars à l’AFP, requérant son prénom soit modifié pour garantir son anonymat.”J’ai subi une double pénétration vaginale sans en être informée” et “j’ai saigné”, se souvenait Fanny. “J’ai repoussé, pleuré. J’ai bien dit +Non+ (…) mais on m’a tenue plus fort”.”Je n’ai pas été une actrice”, affirmait Fanny. “On ne m’a pas fait signer de contrat, et surtout, une actrice joue un rôle. Tout ce qui a été montré à l’écran, la violence, les viols, je les ai vécus, il n’y a pas eu de simulation”.D’après des éléments d’enquête consultés par l’AFP, les gendarmes ont constaté, lors du visionnage du film, que l’un des dirigeants de la plateforme, surnommé “Pascal OP”, enjoignait “d’user complètement” de Fanny. “On va l’achever”, lui répondait une voix d’homme.- “Œuvres de l’esprit” – Concernant le sexisme et le racisme, la cour d’appel avait estimé que les propos des acteurs – “salope, pute, vide-couilles”… – étaient “délibérément outrés, joués” et non réellement destinés aux “jeunes actrices, mais au spectateur”.Pour la chambre de l’instruction, “les actes commis sur les actrices participent de la réalisation d’oeuvres de l’esprit”.”La chambre de l’instruction a qualifié, peut-être maladroitement, d’œuvres de l’esprit” ces tournages, a observé mercredi l’avocat général. “On cherche l’esprit… mais il y a quand même des acteurs”.Selon lui, il ne revient pas à la Cour de “faire la distinction entre la bonne ou la mauvaise pornographie”, et de trancher “un débat sociétal”, mais au législateur, “s’il le souhaite”, lors d’un débat ultérieur.La cour d’appel avait aussi écarté les accusations de proxénétisme au sujet des acteurs, qui n’avaient pas participé aux tournages pour “obtenir une jouissance sexuelle” mais pour “réaliser une oeuvre cinématographique”. Ce que contestent les parties civiles, s’appuyant sur des échanges entre accusés.L’avocat général, là encore, est d’accord avec la cour d’appel. Il rappelle que la prostitution est une “industrie légale”, avec un “droit du travail”, qui ne peut donc être assimilée à de la prostitution, illégale.Selon lui, le proxénétisme ne doit être retenu qu’à l’encontre du dirigeant de la plateforme, qui est accusé d’avoir permis à des abonnés du site de participer “pour satisfaire leurs envies sexuelles”.

Le rendez-vous raté de Macron sur le référendum et la fin du quinquennat

“Ce n’est pas le président qui fait les choses” : Emmanuel Macron a surtout fait aveu de faiblesse mardi lors d’une émission fleuve sur TF1 en décevant les attentes sur un référendum et en n’ouvrant pas de perspectives claires pour la fin de son quinquennat.”Je ne sais pas pourquoi il a été se mettre dans un truc comme ça. C’était long, il n’y avait pas d’annonce. Je l’ai trouvé en défensive”, estime, sans ambages, un cadre du camp présidentiel.Durant cette émission XXL à l’intitulé prometteur “Emmanuel Macron – Les défis de la France”, le chef de l’Etat entendait pourtant se remettre au centre du jeu intérieur après les soubresauts de la dissolution.Dans un paysage politique morcelé, marqué par un désamour croissant pour l’exécutif et la chose publique, il était surtout très attendu sur sa promesse de redonner la parole aux Français pour “trancher” des sujets déterminants.Au final, il n’a fait qu’en agiter la possibilité, sans plus de précisions, si ce n’est pour exclure les thèmes qui étaient les plus plébiscités dans l’opinion, retraites, immigration ou déficits publics. De quoi alimenter la machine aux frustrations alors que le président reste très impopulaire malgré un petit regain à la faveur de son action à l’international. – “Dissuasion référendaire” -La séquence sur le référendum, intervenue de surcroît en fin d’émission, après déjà plus de deux heures passées à défendre son bilan, a eu un “effet incroyablement déceptif”, résume Bruno Cautrès, politologue, à l’AFP.Au final il a presque donné l’impression de “ne pas être “convaincu” lui-même de la nécessité de dégainer un tel outil, dit-il, sauf à vouloir contourner un blocage des débats au Parlement, notamment sur l’aide à mourir.”Il a inventé l’arme de dissuasion référendaire”, a ironisé le député Modem Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi sur le suicide assisté, qui divise jusqu’au sein du gouvernement, devant l’Association des journalistes parlementaires (AJP).La fenêtre de tir pour un tel exercice s’annonce en outre très étroite. “C’est septembre”, esquisse Bruno Cautrès, avant les municipales de 2026 qui risquent de virer au vote-sanction.”En octobre, on sera déjà dans le dur des discussions budgétaires 2026 avec toutes les mauvaises nouvelles qu’il va falloir annoncer au pays. C’est pas là qu’on va nous expliquer qu’on fait un référendum sur les écrans et les réseaux sociaux”, relève le politologue.Emmanuel Macron s’est surtout longuement échiné à défendre son bilan avant de le ponctuer par un aveu inédit depuis le pari raté de la dissolution, ponctué par l’échec de son camp.- “Indémerdable” -“Je ne suis pas un homme-orchestre. Ce n’est pas le président de la République – et heureusement – qui fait les choses. Et encore moins depuis juillet dernier”, a-t-il lâché. De quoi rappeler “l’Etat ne peut pas tout” de Lionel Jospin ou “Contre le chômage on a tout essayé” de François Mitterrand, au risque de casser l’incarnation de la fonction présidentielle.”Tout ca pour ca”, renchérit le directeur de l’Ifop, Frédéric Dabi, jugeant que le chef de l’Etat est trop “resté en réaction” et qu’il a donné le spectacle “d’un président et d’un Premier ministre empêchés”.”On reste dans cette période d’éclipse du politique où les Français ont le sentiment que le président et le Premier ministre ne changent plus la vie, ne parviennent pas à résoudre les grands problèmes”, souligne-t-il.Face à une telle volatilité politique, il aurait “mieux fait de rester dans le couloir international” qui commençait “à payer” en termes d’image face aux outrances et au caractère imprévisible de Donald Trump, estime Bruno Cautrès.Emmanuel Macron s’est alors posé en chef de file des Européens devant une administration américaine prompte à négocier avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en l’Ukraine.”On est dans une situation +indémerdable+. Il essaye de trouver une ouverture. Mais s’il veut retrouver de la mobilité, il reste la dissolution”, considère le cadre de la majorité cité plus haut, sans illusion toutefois sur le score de son camp en cas de nouvelles législatives.

Parcoursup: une nouvelle labellisation pour faire le tri dans les formations privées

Face aux dérives constatées dans l’enseignement supérieur privé, le gouvernement va mettre en place une nouvelle labellisation des formations à destination des étudiants et des familles pour plus de “lisibilité” et de garanties de qualité sur la plateforme d’orientation Parcoursup.Le nouveau système de labellisation, fondé sur les établissements et non les formations, comprendra deux niveaux et se veut plus clair, promeut l’entourage du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste. Le premier niveau inclura les établissements relevant d’un “service public de l’enseignement supérieur”. Il s’agit d’universités et établissements privés à but non lucratif et répondant à des critères “de mixité sociale et d’adossement de leurs formations à la recherche”, a argumenté le ministre mardi lors d’un discours.Les écoles dites EESPIG (établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) trouveront leur place dans ce premier cercle. Il s’agit d’instituts catholiques, de certaines écoles de commerce ou d’ingénieurs. Des écoles de commerce relevant des chambres de commerce, auront vocation à y appartenir également si toutefois elles se soumettent aux conditions d’agrément.Ce premier cercle a vocation à recevoir des financements de l’Etat contre le respect d’un cahier des charges.Un second degré de labellisation de ce nouveau système comprendra les établissements privés dits “agréés”, à but lucratif ou non, qui ne répondent pas aux mêmes critères stricts mais qui dispensent une formation dont la qualité aura été certifiée par l’Etat.- “Zone de confiance” -Parcoursup, plateforme de candidature aux cursus du supérieur, doit être vue comme une “zone de confiance” pour les familles, indique le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.Les établissements qui n’auront pas reçu d’agrément dans le cadre de ce nouveau dispositif n’y seront donc à terme plus présents. “Au-delà de ces deux cercles se trouvent les établissements qui n’auront aucune reconnaissance spécifique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Ils sont néanmoins soumis à la régulation par Qualiopi pour l’accès aux fonds de l’apprentissage, garantissant ainsi un niveau minimal de qualité”, a par ailleurs souligné M. Baptiste.Une période de transition est prévue jusqu’en 2027.Deux propositions de loi pour mieux encadrer l’enseignement supérieur privé n’ont pas été mises au calendrier parlementaire avant la coupure estivale, mais M. Baptiste souhaite que son projet fasse l’objet d’un texte législatif d’ici septembre. La réforme en vue, qui donnera lieu à une concertation dans les semaines à venir avec les représentants de l’enseignement supérieur, nécessite en effet des ajustements du code de l’Education, indique-t-on au ministère.Mardi soir, le ministre a souligné que la croissance rapide de l’enseignement supérieur privé ces dernières années – il accueille désormais plus d’un quart des étudiants du pays – a été nécessaire pour faire face à une forte hausse de la population étudiante, mais a été “parfois insuffisamment encadrée”.Ce qui a généré certaines “difficultés”: “coûts parfois excessifs, manque de transparence des programmes, information insuffisante sur les débouchés, et surtout une qualité inégale”, a détaillé M. Baptiste.Des dérives comme des frais de réservation non remboursables, des classes bondées, des heures de cours érodées et une course aux rendements au détriment de la qualité ont aussi été mises en lumière dans l’enseignement supérieur à but lucratif dans le livre “Le Cube” de la journaliste Claire Marchal, qui porte sur le géant du secteur Galileo.Un resserrement des critères pour recevoir le label Qualiopi devrait être dévoilé rapidement, en collaboration avec le ministère du Travail.Ce travail avait été lancé dans la foulée des remous suscités par la parution du livre de Claire Marchal.Hors Parcoursup et hors formations professionnelles estampillées Qualiopi, le ministère estime que les établissements et cursus relèvent de la liberté d’entreprendre, de celle de choisir pour les jeunes et leurs familles, et non plus de sa responsabilité.La ministre de l’Education Elisabeth Borne avait indiqué avec M. Baptiste en mars à la suite de ces révélations qu’une inspection interministérielle serait missionnée pour “une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privé à but lucratif”.Elle pourrait l’être dans les jours à venir, indique-t-on au gouvernement.

Impossible n’est pas Tom Cruise au Festival de Cannes

Après la politique, place au grand spectacle: au lendemain de la cérémonie d’ouverture, marquée par le plaidoyer anti-Trump de Robert De Niro, le Festival de Cannes crée l’événement mercredi en invitant Tom Cruise pour le 8e volet de “Mission: Impossible”.La venue hors compétition de la superstar du cinéma hollywoodien, membre de l’église de scientologie, est l’un des événements les plus attendus de cette 78e édition.Les fans du héros Ethan Hunt ne pouvaient pas rêver d’un plus bel écrin pour clore une saga cinématographique devenue culte, et Cannes d’une star plus charismatique que l’acteur de 62 ans, l’un des rares capables d’attirer des millions de spectateurs sur son nom.Le show est assuré avec ce casse-cou, qui débarquait en hélicoptère sur la Croisette il y a trois ans pour présenter le nouveau “Top Gun : Maverick”, et électrisait en août dernier la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris, en sautant du toit du Stade de France.Pour ce qui est présenté comme l’ultime volet de la saga, en salles le 21 mai, Tom Cruise, qui montera les marches peu avant 19H00, n’a pas le droit de décevoir.On sait qu’il sera entouré de musiciens jouant la célèbre musique originelle de “Mission: Impossible”, signée Lalo Schifrin.La franchise dure “depuis 30 ans. C’est le premier film que j’ai officiellement produit et ça signifie tellement pour moi”, a confié Tom Cruise lors d’une conférence avec le réalisateur Christopher McQuarrie. “On s’est beaucoup amusés à la faire (…) et l’aboutissement intervient maintenant”, a-t-il ajouté.Le film, d’une durée XXL (02H49), promet de livrer aux fans toutes les clés de la saga, débutée sur le petit écran entre 1966 et 1973, lancée au cinéma par Brian De Palma en 1996 et conduite à son terme par le réalisateur Christopher McQuarrie.- Ouverture de la compétition -Le septième volet mettait Tom Cruise aux prises avec une intelligence artificielle machiavélique, l’Entité, et la suite promet de reprendre l’intrigue là où elle avait été laissée, avec les mêmes complices à l’écran, dont Simon Pegg et Hayley Atwell.Après une cascade parmi les plus spectaculaires de “Mission: Impossible”, à bord d’un train chutant dans le vide, Tom Cruise voltige cette fois accroché aux ailes d’un petit avion ou plonge dans les abysses pour pénétrer un sous-marin, selon les premiers extraits dévoilés.La journée est également marquée par l’ouverture de la compétition, avec deux premiers films en lice pour la Palme d’or: “Sound of Falling”, un drame allemand réalisé par une nouvelle venue, Mascha Schilinski, sur quatre générations de femmes, et “Deux procureurs”, de Sergueï Loznitsa.Le dernier résonnera avec l’actualité: grand nom du cinéma ukrainien, le réalisateur remonte à l’époque des purges staliniennes et promet une plongée “dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom”.Dans les sections parallèles, l’émotion sera au rendez-vous avec la projection, en ouverture de la Quinzaine des cinéastes, du film “Enzo”.Laurent Cantet, Palme d’or en 2008 avec “Entre les murs”, l’a écrit et préparé avec son ami et partenaire de travail de longue date Romain Campillo, distingué du Grand Prix à Cannes pour “120 battements par minute” en 2017.Cantet est décédé en avril 2024, juste avant le tournage du film, à 63 ans. Celui-ci a donc été bouclé par Campillo, comme un ultime hommage à son ami disparu.La cérémonie d’ouverture, entre 19h00 et 20h00 mardi, a réuni un peu plus de 2 millions de téléspectateurs sur France 2, pour une part d’audience de 14,5%, selon les chiffres de Médiamétrie mercredi.Second partenaire médias du Festival, le média en ligne Brut ajoute dans un communiqué que “cette cérémonie d’ouverture et les contenus diffusés par Brut sur les différentes plateformes ont enregistré une audience record avec 28 millions de personnes touchées dans le monde”.

Macron commémore l’attaque sanglante du péage d’Incarville, un an après

Un an après la sanglante attaque du fourgon transportant Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), Emmanuel Macron a inauguré mercredi un état-major de lutte contre la criminalité organisée, avant de déposer une gerbe à Caen en mémoire des deux agents tués.Cette attaque ultraviolente, commise le 14 mai 2024 par un commando lourdement armé qui avait aussi blessé trois autres agents, a profondément choqué les communautés pénitentiaire et judiciaire.Quelques centaines de personnes, parmi lesquelles figuraient les trois agents blessés, se sont réunies mercredi à la mi-journée devant le bâtiment du pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej) du centre pénitentaire de Caen, pour l’hommage rendu par le président de la République Emmanuel Macron aux deux fonctionnaires disparus.Après un moment de recueillement, le président a déposé une gerbe avant de s’entretenir en privé avec les familles des victimes, présentes à la cérémonie. Celles-ci ont demandé à ne pas être photographiées ou filmées durant l’hommage.”Aujourd’hui, la présence du président montre que, au sommet de l’État, on n’a pas oublié le drame”, s’est félicité Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Justice, appelant les magistrats à “davantage” recourir à la visioconférence qu’à l’extraction judiciaire. “C’est aujourd’hui le gros point noir”, selon lui.Cette attaque a marqué un tournant dans la lutte contre les narcotrafiquants, érigée en priorité. Fin avril, la loi narcotrafic, portée par deux sénateurs de bords politiques opposés, Etienne Blanc (Les Républicains) et Jérôme Durain (Parti socialiste), a été définitivement approuvée, un succès rare pour le gouvernement. La mesure phare du texte est la création en 2026 d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), compétent sur les dossiers les plus graves et complexes sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat). Un “état-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée” (EMCO), sur lequel pourra s’adosser ce nouveau parquet, est créé, composé de 15 personnes issues de 12 services différents, judiciaires et de renseignement, selon l’Élysée.Emmanuel Macron a entamé mercredi ses déplacements par l’inauguration de ce nouvel état-major, installé dans les locaux de la Direction nationale de la Police judiciaire (DNPJ) à Nanterre.Devant le chef de l’Etat, le patron de la DNPJ Christian Sainte a présenté l’EMCO comme un “outil à la hauteur des organisations criminelles”, notant chez ces dernières “l’usage d’une violence décomplexée”.Présents à l’inauguration, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a évoqué une “massification” des quantités de stupéfiants en circulation, notamment via “des dizaines de mules dans chaque avion”. Sa collègue chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a renchéri en évoquant une “submersion”.- Plaque à Incarville -Mercredi matin, une plaque noire saluant la mémoire des deux agents “victimes de leur devoir” a été dévoilée au péage d’Incarville, a constaté l’AFP. “Notre devoir, à toutes et à tous, est de faire vivre la mémoire de ces héros, de ne jamais oublier ce qu’ils représentaient, de dire haut et fort que la République ne cède ni à la peur ni à la violence”, y a déclamé Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires de Rennes, lisant un texte du garde des Sceaux Gérald Darmanin. Les familles des agents tués avaient fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas se rendre sur les lieux de l’attaque, avait indiqué lundi M. Darmanin.Après Caen, le chef de l’Etat se rendra à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, choisie par le garde des Sceaux pour accueillir les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.L’établissement a été vidé il y a quelques semaines de la quasi-totalité de ses occupants et est actuellement en travaux pour renforcer encore plus sa sécurité. Il devrait entrer en service au 31 juillet prochain.Une autre prison de haute sécurité, celle de Condé-sur-Sarthe (Orne), suivra d’ici mi-octobre pour accueillir également 100 autres figures du narcobanditisme. M. Darmanin a indiqué vouloir  créer par la suite d’autres quartiers de haute sécurité dans d’autres établissements.L’objectif est de placer ces détenus totalement à l’isolement, selon un régime de détention très strict inspiré de la lutte anti-mafia en Italie, qui comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs équipés d’hygiaphone, un accès limité au téléphone ou encore des auditions par visioconférence, pour éviter au maximum les extractions judiciaires, moment particulièrement sensible pour l’administration pénitentiaire.Des dispositions dénoncées par certains observateurs et des avocats comme attentatoires aux droits fondamentaux.Avec ces mesures, “la République désormais met tous ses moyens” pour qu’une évasion comme celle de Mohamed Amra “n’arrive plus”, a déclaré mardi M. Darmanin sur France 2.Le narcotrafiquant multirécidiviste a été interpellé à Bucarest le 22 février après neuf mois de cavale et remis à la France les jours suivants. A ce jour, les investigations menées par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), ont permis de mettre en examen 38 personnes, dont Amra, et d’en écrouer une trentaine. edy-mby-cor-pim-adr-abo-mac/mb/gvy

Des boîtes aux lettres pour “briser le silence” des violences faites aux enfants

“Je me fais harceler”, “ma mère me tape”, mon frère “m’a forcé à faire l’amour avec lui” : depuis plus de cinq ans, l’association Les Papillons recueille des mots d’enfants griffonnés dans des petites boîtes aux lettres installées dans des écoles, centres de loisirs et clubs de sport.”L’idée c’est de briser le silence” sur les violences faites aux enfants, explique à l’AFP le fondateur de l’association Laurent Boyet, à l’heure où ce type de violences est au coeur de l’affaire Bétharram. “Quand ça devient trop lourd, parfois le dire et s’entendre dire ce qu’on subit, ce n’est pas évident. L’écrire peut être plus facile”, poursuit-il. Violé par son frère entre ses 6 et 9 ans, lui-même n’est jamais “parvenu à parler” au moment des faits mais arrivait à “mettre par écrit” son calvaire dans son journal intime. “On est face à des agresseurs qui passent leur temps à nous interdire de parler, mais cela ne nous empêche pas d’écrire”, souligne Laurent Boyet, qui en veut pour preuve les 15.000 mots glissés depuis 2019 dans les boîtes aux lettres – 500 à l’heure actuelle – réparties sur le territoire.Hautes de quelques centimètres, ces boîtes siglées “si tu ne peux pas le dire, écris-le” délivrent des récits de disputes, de harcèlement scolaire, de violences physiques, de violences sexuelles, que ce soit dans la sphère familiale, sportive ou éducative.Sur une petite feuille, les enfants sont invités à laisser leur prénom, leur âge, le nom de l’école ou du club de sport et de préciser s’ils ont besoin d’aide pour eux ou pour un de leurs amis. Le nom de l’agresseur est également demandé avant d’écrire ce qu’ils ont sur le coeur dans un grand carré blanc.  “Dès que je fait mes devoir et que je me trompe il me frape fore et je pleur” (sic), “Il m’a embrasser et quand on joué à un jeu il m’a touché les partie intime, et puis ma mère me frape”, “Il ma forcer à faire l’amour avec lui (mon frère)”, “mes parent me tape si je me trompe, sa me fé peur et a prè je fé des cauchemar”, peut-on lire sur certains messages.Les mots sont ramassés au moins deux fois par semaine par “une personne de confiance” désignée par la mairie, la plupart du temps des policiers municipaux, qui ensuite les remettent à l’association via une plateforme sécurisée. Les psychologues de l’équipe prennent alors le relai, font le tri parmi les messages, orientent l’équipe de l’école et font des signalements sur les cas les plus graves. – “Souffrance” – Pour Géraldine Gythiel, directrice de l’école élémentaire Blanche à Paris qui accueille depuis fin janvier une boîte aux lettres de l’association, difficile de ne pas “adhérer” à cette initiative.”Cela complète bien ce qu’on fait dans les écoles” dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux enfants, dit-elle à l’AFP. “C’est une façon autre de recueillir la parole de l’enfant parce que certains enfants n’arrivent pas à parler.”Au moment de l’installation de la petite boîte en métal blanc dans le hall d’entrée de l’école, les questions des enfants, sensibilisés au préalable par une courte vidéo, ont fusé : “on peut parler de toutes les violences?” “est-ce qu’on peut écrire pour un camarade?”, “est-ce qu’on est obligés de passer par la boîte pour parler?”La première semaine, “il y a eu une dizaine de mots concernant exclusivement la malveillance entre enfants, dont on avait déjà connaissance et qu’on avait déjà traité”, se souvient la directrice. “Cela montrait que ce n’était pas réglé et qu’il fallait qu’on continue à accompagner ces enfants”. Depuis, “c’est un mot de temps en temps” qui “montre la souffrance d’un enfant”. Si certains mots sortent du cadre initial, d’autres permettent des condamnations. En septembre 2024, un grand-père a ainsi été condamné dans l’Ain à 12 ans de prison pour inceste sur trois de ses petites-filles, dont une avait dénoncé les faits via une boîte aux lettres “Papillons”.En France, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle toutes les trois minutes, 700.000 élèves sont victimes de harcèlement à l’école et plus d’un million de mineurs sont victimes de maltraitances, selon les chiffres officiels. 

Les paysages cézaniens sur la Sainte-Victoire menacés par un projet immobilier ?

Entre les herbes hautes parsemées de pissenlits et les arbres de Judée en fleurs d’un terrain vallonné en friche, des papillons butinent sous les chants d’oiseaux. A l’horizon se dresse fièrement la montagne Sainte-Victoire, rendue mondialement célèbre par les peintures de Paul Cézanne.Mais les vues depuis cette parcelle longtemps oubliée située au sud-ouest d’Aix-en-Provence, où l’artiste impressionniste posait régulièrement son chevalet, ne seront-elles bientôt plus qu’un souvenir, visible dans ses seuls tableaux ? C’est ce que redoutent plusieurs collectifs, pour qui un projet immobilier pourrait entraver la vue sur ces célèbres paysages, immortalisés par le peintre né et mort à Aix (1839-1906).Associations environnementales, d’architectes ou encore de défense du patrimoine cézannien sont vent debout contre un aménagement urbain porté par la municipalité.D’ici 2040, 3.600 logements (dont 25% sociaux), 6.000 mètres carrés de commerces et services, 70.000 mètres carrés de bureaux doivent voir le jour sur ce terrain de 40 hectares, enclavé entre deux autoroutes, à 30 minutes à pied du centre-ville.A terme, jusqu’à 12.000 habitants devraient vivre sur cette parcelle, dont les constructions obstrueraient selon les opposants considérablement la vue, restée relativement dégagée en dépit d’une ligne haute tension et de quelques habitats lointain, se fondant dans la végétation. “Détruire les motifs cézanniens, c’est quelque chose de choquant: c’est un patrimoine très important pour Aix-en-Provence, qui attire beaucoup de touristes”, proteste Didier Bonfort de l’association “Sauvegarde des paysages de Cezanne”.Selon lui, 52 tableaux ont été élaborés par le peintre provençal depuis ce point de vue. Le collectif s’insurge également “de la négation de ce lieu”, exclu de l’exposition-événement consacré au “maître d’Aix” et ses sites fétiches, par la mairie qui se serait volontiers passé de cette polémique à quelques semaines de l’inauguration de son “année Cezanne” dont les affiches tapissent la ville. Sa maire de droite, Sophie Joissains (UDI), avait demandé “qu’il n’y ait pas d’expropriation et la protection totale des propriétés privées; la protection totale des massifs boisés et la valorisation patrimoniale de tous les éléments ayant une valeur patrimoniale, dont les sites cézanniens”, explique à l’AFP Isabelle Loriant-Guyot, responsable communication de la ville.”Ces points ont été respectés. La municipalité n’a eu de cesse de rendre compatible l’héritage de Cezanne avec la nécessaire extension de la ville”, défend-t-elle.- “Projet obsolète” -Pour justifier son projet, la ville s’est appuyée en amont sur l’expertise de Denis Coutagne, historien de l’art et spécialiste internationalement reconnu de Cezanne, chargé d’identifier les lieux et perspectives utilisées par le peintre pour les préserver. “Ces préconisations ont été respectées en tous points”, assure la municipalité.Selon l’expert, longtemps directeur du musée Granet d’Aix-en-Provence, qui héberge 10 oeuvres de l’artiste, “pour l’essentiel, les sites cézanniens de la Constance (du nom de ce quartier, NDLR) ne seront pas en péril mais enfin mis en valeur”. Au contraire, le projet “va chercher à rendre accessible ces sites” actuellement oubliés du public car “situés en bordure d’autoroute ou sur des terrains privés”.Regrettant une “polémique dommageable”, il estime “qu’aucune ville au monde ne fait autant pour mettre en valeur un peintre de son cru”.Outre l’aspect culturel, plusieurs collectifs alertent sur les potentiels dommages environnementaux du projet, envisagé depuis 1997 et qui a reçu en mars l’aval de la préfecture des Bouches-du-Rhône, assorti de nombreuses dérogations à l’interdiction de destruction “d’espèces animales et végétales protégées” (tulipe sauvage, orvet fragile, rainette méridionale, hirondelle de fenêtre, chouette hulotte…).”L’urbanisation sur une zone humide bloquant l’écoulement des eaux pose problème: le site est certes laissé à l’état de nature aujourd’hui mais cet état volontaire est nécessaire”, avance Stéphane Salord, co-président de l’association Arc fleuve vivant.”C’est un projet très obsolète comme on n’en fait plus. Artificialiser 40 hectares, ça n’a plus de sens aujourd’hui”, abonde Pascal Clément de l’association d’architectes “Devenir” qui dénonce une “opportunité foncière”.