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Grand Steeple-Chase de Paris : de cavalières à entraineurs, le succès des femmes

En 2019, une première femme entraineur, Isabelle Pacault, remporte le Grand Steeple-Chase de Paris avec son cheval Carriacou. Depuis cette date, quatre éditions de cette course mythique ont été remportées par des femmes et elles seront quatre à seller leurs meilleurs chevaux dans ce marathon de l’obstacle dimanche à Auteuil opposant 14 concurrents.Et ces femmes d’exception ont un point commun : elles montent toutes à cheval: en concours hippique ou en courses. Comme bon nombre de cavalières, elles sont venues à l’équitation par amour pour la plus noble conquête de l’Homme.Cavalière de Concours complet, l’Anglaise Louisa Carberry détient le record de trois succès (2020-2021 avec Docteur de Ballon et en 2024 avec Gran Diose) dans le “Grand-Steeple”. Installée à Senonnes, en Mayenne, elle tentera un doublé avec Gran Diose cette année et un 4e sacre.Le matin elle monte ses champions. “L’entrainement d’un cheval d’obstacle présente beaucoup de bases similaires avec le concours complet. Il y a différents aspects tels que la préparation mentale et physique du cheval, la gestion du programme d’entrainement et le développement des aptitudes à sauter les obstacles”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.Dans le milieu du turf largement représenté par la gente masculine, “les chevaux nous rendent tous égaux, que l’on soit un homme ou une femme”, revendique-t-elle. “A la fin, c’est le cheval qui a le dernier mot”. Née en Suisse, d’un père italien, Daniela Mele a quitté son métier d’enseignante et son pays natal pour la France pour devenir jockey, en plat et en obstacle, défiant les lois de l’apesanteur au-dessus des haies.A peine installée entraîneur en 2019, elle gagne le Grand Steeple-Chase de Paris avec Rosario Baron. “Grâce à mon expérience de jockey”, dit-elle. Son travail “c’est une préparation réglée au millimètre pour révéler des chevaux. Un travail qui commence avant le début de carrière, à l’élevage, et qui s’étend sur plusieurs années, un cheval d’obstacle pouvant courir jusqu’à l’âge de 10 ans, voire plus”, raconte-t-elle.- “Un petit truc en plus ” -Et “il faut que le travail des chevaux reste ludique, qu’ils aient envie de courir. Il faut les observer, être à leur écoute”. Elle tentera sa chance avec Inaya Jones qui disputera son premier Grand Steeple-Chase.Basée à Maisons-Laffitte (Yvelines), Lucie Pontoir, a pour sa part commencé son aventure hippique à l’école du Moulin à Vent, le centre de renom pour la formation des jockeys à Chantilly. Elle a aussi fait ses armes en Australie. Le crack de son écurie Jazz Manouche sera son premier partant dans le Grand-Steeple. Selon elle, les femmes entraineurs “ont un petit truc en plus”. “On est plus fine, on est plus patiente mais compétitive”, souligne-t-elle. “On a toutes envie de gagner et surtout de battre les hommes”.Manon Scandella-Lacaille, ancienne femme jockey, installée entraineur à Calas (Bouches-du-Rhône) misera sur Hasard de Brion pour un premier sacre dans l’épreuve reine de l’obstacle en France.Jean-Paul Gallorini, le maître entraineur aujourd’hui retraité, est le premier à avoir confié ses chevaux à une femme jockey au milieu des années 80. Aujourd’hui, quinze chevaux de son élevage sont chez Lucie Pontoir.Selon lui, “les femmes ont quelque chose en plus, un rapport maternel avec le cheval”. Le secret de leur réussite, il le résume en quelques mots: “Amour, passion, compétence, sérieux, courage et détermination”.

L’ancien champion de natation Yannick Agnel va être jugé pour viol

L’ancien champion olympique de natation Yannick Agnel sera jugé pour le viol de la fille de son entraîneur, a annoncé jeudi le procureur de Mulhouse, neuf ans après les faits supposés. Le nageur est soupçonné d’avoir eu une relation en 2016 avec l’adolescente, alors qu’il était hébergé chez son entraîneur, qu’il était âgé de 24 ans et qu’elle n’en avait que 13. Il a toujours plaidé une relation consentie et amoureuse.L’ex-champion, désormais âgé de 33 ans, “a été mis en accusation devant la cour criminelle départementale du Haut-Rhin” des chefs de viol sur une mineure de moins de 15 ans, a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Mulhouse, Nicolas Heitz. Il est également poursuivi pour agression sexuelle sur la même victime.Il a en revanche bénéficié d’un non-lieu d’agressions sexuelles commises sur mineur de plus de 15 ans concernant une autre personne, a précisé le procureur. Yannick Agnel demeure présumé innocent et peut interjeter appel de ce renvoi, a ajouté M. Heitz, qui avait requis la mise en accusation le 7 mars dernier. Il est maintenu sous contrôle judiciaire.L’ordonnance de renvoi précise que les faits se sont produits entre le 31 décembre 2015 et le 31 août 2016 dans différents lieux: Mulhouse et la proche commune de Riedisheim, en Thaïlande et en Espagne (à Ténérife et en Sierra Nevada).- Différence d’âge -L’enquête avait débuté à l’été 2021 à la suite du dépôt de plainte de Naomé Horter, la fille de l’ancien entraîneur du nageur, Lionel Horter. L’adolescente était également licenciée au club à l’époque mais a depuis abandonné la natation. L’enquête avait débouché sur la mise en examen du nageur cinq mois plus tard, le 11 décembre 2021. A l’issue de 48 heures de garde à vue, Yannick Agnel avait “reconnu la matérialité des faits reprochés, même si pour certains viols il a un problème de mémoire”, avait expliqué la procureure de la République d’alors, Edwige Roux-Morizot.Yannick Agnel a toujours nié l’emprise qu’il pouvait avoir sur la jeune femme. Mais Mme Roux-Morizot estimait que “les faits sont constitutifs de viols et d’agressions sexuelles en raison de la différence d’âge, car la justice considère qu’il y a une véritable contrainte morale”. En juillet dernier, le nageur, retraité depuis 2016 et placé sous contrôle judiciaire, était revenu à Mulhouse, dans le bureau du juge d’instruction, pour une confrontation qu’il avait souhaitée avec son accusatrice, aujourd’hui âgée de 23 ans.A l’issue de cette réunion, qui avait duré deux heures, ni l’avocate de Yannick Agnel, Céline Lasek, ni celui de Naomé Horter, Thomas Wetterer, n’avaient fait de déclaration.Yannick Agnel possède l’un des plus beaux palmarès de la natation française: il a été double champion olympique à Londres en 2012 sur le 200 m nage libre et le relais 4×100 m, avant d’être sacré champion du monde dans ces deux disciplines en 2013.

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Climat: limiter les rots du bétail grâce à une algue, le pari d’une ferme de Tasmanie

C’est une ferme invisible à l’oeil nu, sans irrigation ni fertilisant: au large de Triabunna, en Tasmanie, s’étend une exploitation de 1.800 hectares où l’on cultive l’asparagopsis, une algue destinée à réduire l’impact climatique des animaux d’élevage.Plus d’une quarantaine d’études scientifiques ont établi ses bénéfices, explique la chercheuse Fran Cowley. Sous forme de complément alimentaire intégré au fourrage ou au grain, cette algue rouge, abondante sur le littoral de l’île australienne, peut réduire le méthane que les ruminants émettent par leurs rots et flatulences.Selon l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les ruminants, de par leur processus de digestion, produisent environ un tiers des émissions de méthane, le 2e grand gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique actuel.En laboratoire, “si on emploie la mesure la plus précise d’inhibition du méthane, l’asparagopsis est à même de supprimer 95% de la production de méthane des animaux qui en ingèrent”, souligne Mme Cowley, professeure à l’école de Science rurale et environnementale à l’université de Nouvelle-Angleterre.Elle a aussi mené l’expérience la plus longue en la matière, selon elle. Après 200 jours dans des parcs d’engraissement de bovins du Queensland australien, les émissions des animaux ont été réduites de moitié sur la période, par rapport au bétail non supplémenté, d’après des résultats publiés en août 2024.Il s’agit d’une amélioration par rapport à une précédente étude, la plus poussée alors sur le terrain, qui n’avait révélé qu’une réduction de 28% au sein d’un troupeau japonais.Selon Mme Cowley, le bromoforme que contiennent les algues influe sur le système digestif en réduisant rots et flatulences, mais n’a pas d’impact négatif sur la santé des animaux qui en ingèrent, ni sur les produits qui en sont issus.”Le bromoforme peut être cancérigène. Mais il est administré en très faible quantité et entièrement dissous dans la panse, il n’y a aucune accumulation dans le lait ou la viande, dont par ailleurs, ni le goût ni la consistance ne sont affectés”, explique la chercheuse.- Champ de recherche -A Triabunna, dans l’est de la Tasmanie, le PDG de Sea Forest crée dans sa vaste ferme marine des compléments alimentaires à partir des algues, sous forme d’huiles, de pellets et de pierres à lécher.Après une quinzaine d’années dans l’industrie textile, Sam Elsom s’est lancé en 2019, souhaitant devenir “le catalyseur d’une agriculture durable, sans coût supplémentaire pour les éleveurs ou les consommateurs”.Une partie de la production est assurée en pleine mer et une autre sur la terre ferme, dans des bassins alimentés en eau de mer, “un cadre qui permet de contrôler la lumière, la quantité de nutriments, la disponibilité en carbone et surtout (qui est) plus facilement reproductible qu’une concession marine”.Il dit travailler déjà avec Ashgrove, un producteur laitier de Tasmanie, la chaîne de hamburgers Grill’d, présente dans toute l’Australie, et qu’un accord a été signé l’an dernier avec Morrisons, une chaîne britannique de grande distribution.”Nous avons eu aussi des discussions très encourageantes avec des producteurs de produits laitiers en France, nous sommes en train de demander une autorisation pour nos produits auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)”, précise-t-il.Pour autant, cette solution reste aujourd’hui limitée.”En termes de régulation, il n’y a aucune incitation ni contrainte pour les éleveurs à réduire leurs émissions de méthane, pour le moins en Australie, mais à vrai dire aussi dans le reste du monde”, explique Fran Cowley. “Et les algues restent encore assez chères. Il faudrait en tirer une forte valeur ajoutée pour que ça vaille la peine, mais ce n’est pas le cas pour l’instant”.Que faire en outre pour la vaste majorité des ruminants qui dans le monde sont élevés en plein air?, ajoute-t-elle: “on ne peut pas ajouter ce complément alimentaire dans l’herbe qu’ils broutent”.La chercheuse est cependant optimiste. “C’est un champ de recherche assez nouveau qui a énormément avancé en à peine dix ans, et je m’attends à ce que de nouveaux produits soient créés dans les deux à cinq prochaines années.”

Cannes: la compétition retrouve la vedette, hommage à la photographe gazaouie tuée

Après Tom Cruise et la grosse machine hollywoodienne, le tapis rouge cannois remet les films en compétition à l’honneur jeudi, avec un premier long-métrage français, “Dossier 137” de Dominik Moll dans lequel figure Léa Drucker, et “Sirât” avec Sergi Lopez.La présentation de “Dossier 137” se fera sans l’un de ses acteurs, écarté par le délégué général du festival Thierry Frémaux en raison d’un signalement pour des violences sexuelles présumées, une décision inédite en accord avec la production du film, selon une information de Télérama confirmée par l’AFP.Cette troisième journée sera aussi marquée par l’hommage rendu à la photographe palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza le 16 avril.Cette Gazaouie de 25 ans est la protagoniste d’un documentaire réalisé par l’Iranienne Sepideh Farsi, qui sera projeté dans la soirée. “Put your soul on your hand and walk”, sélectionné à l’Acid, une section parallèle au Festival de Cannes, dévoile les échanges en visio entre la réalisatrice, réfugiée à Paris, et la photographe, chez elle à Gaza. Sa mort, ainsi que celle de toute sa famille à l’exception de sa mère, dans la frappe qui a détruit sa maison, a suscité une immense émotion dans le monde du cinéma. Jeudi, le cinéaste britannique Ken Loach, double Palme d’or à Cannes, a appelé sur X à “honorer cette jeune femme courageuse, ainsi que ses collègues journalistes palestiniens (…) qui ont donné leur vie pour témoigner du massacre de masse” à Gaza et à mettre fin aux “crimes de guerre” et au “génocide”.Mardi, jour de l’ouverture du festival, une tribune signée par 380 artistes dont Pedro Almodovar, Richard Gere ou Susan Sarandon, exhorait déjà à “ne pas rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est en cours”.Plusieurs ONG internationales, dont Amnesty International et Human Rights Watch, affirment qu’Israël a commis des actes de “génocide” à Gaza, une accusation rejetée par l’Etat israélien qui dénonce des “mensonges sans fondement”.Lors de la cérémonie d’ouverture, la présidente du jury Juliette Binoche avait elle rendu un hommage appuyé à la jeune photographe, rappelant que “Fatima aurait dû être parmi nous ce soir”.- Habitués de Cannes -La star française et les huit autres jurés, qui dévoileront leur palmarès le 24 mai, découvriront jeudi deux autres films programmés en compétition.Dans “Dossier 137” (1h55), de Dominik Moll, la Française Léa Drucker incarne une fonctionnaire de l’IGPN, la police des polices, chargée d’enquêter sur le cas d’un jeune homme blessé par un tir de LBD lors d’une manifestation de Gilets jaunes.Avec ce film policier, le cinéaste, révélé par “Harry, un ami qui vous veut du bien” (2000), revient à Cannes après avoir renoué avec le succès en présentant il y a trois ans sur la Croisette “La Nuit du 12”, sans être en compétition pour la Palme d’or. Le film, qui abordait la question des violences faites aux femmes, avait ensuite remporté sept César, dont celui de meilleur film.L’autre long-métrage du jour, “Sirât” (2h00), suit un père (Sergi Lopez) et son fils à la recherche de Mar, leur fille et soeur, disparue depuis plusieurs mois.Leur quête les mène dans une free party perdue dans les montagnes du sud du Maroc, où le duo rencontre un groupe en route pour une dernière fête dans le fin fond du désert. Ils vont décider de les suivre, dans l’espoir de retrouver Mar.L’Espagnol Oliver Laxe n’est lui non plus pas un inconnu à Cannes. Son dernier long métrage, “O que Arde” (Viendra le feu), a été récompensé d’un prix du jury dans la section “Un certain regard” en 2019. En 2016, le cinéaste a remporté le Grand prix de la Semaine de la critique pour “Mimosas, la voie de l’Atlas”.

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Un Thaïlandais arrêté pour trafic de bébés orangs-outans

La police thaïlandaise a arrêté un homme suspecté d’avoir introduit clandestinement deux bébés orangs-outans dans le royaume d’Asie du Sud-Est, dans une affaire liée à un réseau de trafiquants de la faune sauvage internationale.Le suspect de 47 ans a été appréhendé mercredi soir dans une station-service d’un quartier résidentiel de Bangkok alors qu’il se préparait à livrer les animaux à un client, a relaté la police dans un communiqué.Les deux orangs-outans, l’un âgé d’un an, l’autre de tout juste un mois, ont été retrouvés dans un corbeille en plastique, équipés d’une couche et d’un biberon, selon des photos diffusées par la police.L’arrestation intervient à la faveur d’une enquête menée conjointement avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Service de la pêche et de la faune des Etats-Unis (USFWS).Les orangs-outans, endémiques des îles de Bornéo et Sumatra, sont considérés en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ils comptent parmi les primates les plus victimes de trafic dans le monde.La police thaïlandaise a indiqué que les singes auraient été vendus pour quelque 300.000 bahts chacun (8.000 euros).L’homme arrêté a été mis en examen pour “possession illégale d’animaux sauvages protégés” et risque jusqu’à quatre ans d’emprisonnement.Les deux primates retrouvés, nommés Christopher et Stefan, ont été remis au Département des parcs nationaux, une agence ministérielle, pour bénéficier d’un examen vétérinaire et de soins.Le suspect a admis avoir été employé pour acheminer les animaux, ont partagé les forces de l’ordre, indiquant procéder à une enquête sur un réseau de trafiquants.La Thaïlande est une plaque tournante du trafic d’animaux sauvages, en particulier de spécimens d’espèces en danger d’extinction vendus à des prix élevés sur le marché noir en Chine, à Taïwan ou encore au Vietnam. 

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A69: au Sénat, une loi de validation pour relancer un chantier contesté

Suspendu par la justice administrative, le chantier de l’autoroute A69 Toulouse-Castres voit son sort examiné jeudi matin par le Sénat, qui devrait adopter une loi de “validation” pour tenter d’obtenir la reprise des travaux malgré des interrogations juridiques et l’opposition résolue des écologistes.Les parlementaires parviendront-ils à court-circuiter la suite de la procédure judiciaire entourant le projet? C’est tout l’objet de cette initiative atypique lancée à la chambre haute par les deux sénateurs du Tarn, Marie-Lise Housseau et Philippe Folliot.”Nous faisons notre travail de parlementaire en essayant de proposer une porte de sortie pour faire en sorte d’arrêter cette situation ubuesque et stopper cette gabegie”, a lancé M. Folliot dans la matinée, en ouverture des débats. Le vote est attendu à la mi-journée.Sa démarche, portée à l’identique l’Assemblée nationale par les députés du Tarn Jean Terlier (Renaissance) et Philippe Bonnecarrère (non-inscrit), entend permettre aux parlementaires de “reprendre la main”, après l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse de l’autorisation de construire cette portion d’autoroute de 53 km, entraînant la suspension du chantier entamé en 2023.Concrètement, il s’agit de faire reconnaître par la loi que ce chantier répond à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), nécessaire pour justifier aux yeux de la justice les atteintes portées à l’environnement par un tel chantier.Le texte de loi tient donc en quelques lignes seulement… Mais il promet des débats très animés, tant sur le fond que sur la forme, avec de sérieuses interrogations sur sa conformité à la Constitution, dénoncée par les oppositions au projet qui y voient une tentative de passage en force, voire de “contournement” de la séparation des pouvoirs.- “Désenclavement” -Les défenseurs du texte, qui défendent le nécessaire “désenclavement” d’un bassin d’environ 100.000 personnes (Castres-Mazamet) et veulent donner des perspectives aux acteurs économiques locaux, peuvent se targuer d’un soutien politique très large.Si le gouvernement ne pourrait “qu’accueillir positivement un vote favorable” du Sénat, selon le ministre des Transports Philippe Tabarot, l’exécutif a préféré ne pas “prendre position” officiellement sur ce texte, pour “n’interférer ni dans la procédure juridictionnelle en cours, ni dans le travail parlementaire”, a-t-il ajouté. Mais “la position du gouvernement n’est plus à prouver sur la nécessité de cette autoroute”, a-t-il pris soin de rappeler, alors que la cour administrative d’appel de Toulouse doit examiner le 21 mai un premier recours contre l’arrêt des travaux.Après l’adoption très probable du texte au Sénat, les députés ont déjà prévu de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 2 juin, lors d’un espace réservé au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).Ils peuvent ainsi légitimement envisager une adoption définitive dès cette date, tant le rapport de force leur semble favorable. En effet, seule une partie de la gauche – La France insoumise et Les Ecologistes notamment – s’opposent au texte au Parlement.Ces groupes y sont minoritaires, mais leurs troupes sont en nombre suffisant pour saisir le Conseil constitutionnel en vue d’obtenir la censure du texte.- “Précédent très grave” -“Le Conseil sera évidemment saisi”, a confirmé à l’AFP le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui dénonce “une loi de posture qui instaurerait un précédent très grave” pour les futurs projets.Les pro-A69 estiment à l’opposé que leur démarche ne “remet pas à en cause les principes constitutionnels”: elle répond simplement “à une situation d’urgence qui sert à éviter les conséquences dramatiques d’un arrêt du projet”, martèle le sénateur Horizons Franck Dhersin, rapporteur du texte.De nombreux élus suivent avec grande attention l’avenir de cette autoroute, dont la construction devait se terminer fin 2025. Elle conditionne selon eux de nombreux projets d’infrastructures.C’est pourquoi plusieurs élus socialistes d’Occitanie devraient voter pour le texte, à rebours de la position majoritaire du groupe, qui préfère ne pas participer au vote.

A69: au Sénat, une loi de validation pour relancer un chantier contesté

Suspendu par la justice administrative, le chantier de l’autoroute A69 Toulouse-Castres voit son sort examiné jeudi matin par le Sénat, qui devrait adopter une loi de “validation” pour tenter d’obtenir la reprise des travaux malgré des interrogations juridiques et l’opposition résolue des écologistes.Les parlementaires parviendront-ils à court-circuiter la suite de la procédure judiciaire entourant le projet? C’est tout l’objet de cette initiative atypique lancée à la chambre haute par les deux sénateurs du Tarn, Marie-Lise Housseau et Philippe Folliot.”Nous faisons notre travail de parlementaire en essayant de proposer une porte de sortie pour faire en sorte d’arrêter cette situation ubuesque et stopper cette gabegie”, a lancé M. Folliot dans la matinée, en ouverture des débats. Le vote est attendu à la mi-journée.Sa démarche, portée à l’identique l’Assemblée nationale par les députés du Tarn Jean Terlier (Renaissance) et Philippe Bonnecarrère (non-inscrit), entend permettre aux parlementaires de “reprendre la main”, après l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse de l’autorisation de construire cette portion d’autoroute de 53 km, entraînant la suspension du chantier entamé en 2023.Concrètement, il s’agit de faire reconnaître par la loi que ce chantier répond à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), nécessaire pour justifier aux yeux de la justice les atteintes portées à l’environnement par un tel chantier.Le texte de loi tient donc en quelques lignes seulement… Mais il promet des débats très animés, tant sur le fond que sur la forme, avec de sérieuses interrogations sur sa conformité à la Constitution, dénoncée par les oppositions au projet qui y voient une tentative de passage en force, voire de “contournement” de la séparation des pouvoirs.- “Désenclavement” -Les défenseurs du texte, qui défendent le nécessaire “désenclavement” d’un bassin d’environ 100.000 personnes (Castres-Mazamet) et veulent donner des perspectives aux acteurs économiques locaux, peuvent se targuer d’un soutien politique très large.Si le gouvernement ne pourrait “qu’accueillir positivement un vote favorable” du Sénat, selon le ministre des Transports Philippe Tabarot, l’exécutif a préféré ne pas “prendre position” officiellement sur ce texte, pour “n’interférer ni dans la procédure juridictionnelle en cours, ni dans le travail parlementaire”, a-t-il ajouté. Mais “la position du gouvernement n’est plus à prouver sur la nécessité de cette autoroute”, a-t-il pris soin de rappeler, alors que la cour administrative d’appel de Toulouse doit examiner le 21 mai un premier recours contre l’arrêt des travaux.Après l’adoption très probable du texte au Sénat, les députés ont déjà prévu de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 2 juin, lors d’un espace réservé au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).Ils peuvent ainsi légitimement envisager une adoption définitive dès cette date, tant le rapport de force leur semble favorable. En effet, seule une partie de la gauche – La France insoumise et Les Ecologistes notamment – s’opposent au texte au Parlement.Ces groupes y sont minoritaires, mais leurs troupes sont en nombre suffisant pour saisir le Conseil constitutionnel en vue d’obtenir la censure du texte.- “Précédent très grave” -“Le Conseil sera évidemment saisi”, a confirmé à l’AFP le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui dénonce “une loi de posture qui instaurerait un précédent très grave” pour les futurs projets.Les pro-A69 estiment à l’opposé que leur démarche ne “remet pas à en cause les principes constitutionnels”: elle répond simplement “à une situation d’urgence qui sert à éviter les conséquences dramatiques d’un arrêt du projet”, martèle le sénateur Horizons Franck Dhersin, rapporteur du texte.De nombreux élus suivent avec grande attention l’avenir de cette autoroute, dont la construction devait se terminer fin 2025. Elle conditionne selon eux de nombreux projets d’infrastructures.C’est pourquoi plusieurs élus socialistes d’Occitanie devraient voter pour le texte, à rebours de la position majoritaire du groupe, qui préfère ne pas participer au vote.

En France, un mémorial pour les victimes homosexuelles de la déportation

Un mémorial national en hommage aux victimes homosexuelles de la déportation va être inauguré samedi à Paris, nouvelle étape dans la reconnaissance des Triangles roses, grands oubliés de l’histoire de l’Holocauste pendant des décennies.”Le message c’est: on n’oublie pas et on reste vigilants”, déclare à l’AFP Jean-Luc Romero, adjoint à la mairie de Paris chargé notamment de la lutte contre les discriminations.Conçu par l’artiste Jean-Luc Verna, le mémorial a été installé dans les jardins du port de l’Arsenal à Bastille. L’oeuvre sera dévoilée samedi matin en présence notamment de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo.Contrairement à Sydney, Barcelone ou Amsterdam, le choix d’un monument en forme de triangle rose – symbole cousu par les nazis sur les uniformes des détenus homosexuels dans les camps – n’a pas été retenu pour ce mémorial qui rend également hommage à “toutes les personnes LGBTQIA+ persécutées à travers l’Histoire”.”L’idée c’est de penser aux victimes oublié.e.s de la déportation mais également aux victimes LGBT+ d’aujourd’hui pour qui le combat est loin d’être terminé”, souligne le président de l’association “Les Oublié.es de la mémoire”, Jean-Baptiste Trieu. Selon les estimations, entre 5.000 et 15.000 personnes ont été déportées à l’échelle européenne par le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de leur homosexualité. Pour la France, les chiffres des associations et des historiens varient entre une soixantaine et 200 personnes homosexuelles déportées.Pendant des décennies, le drame des Triangles roses reste méconnu en France comme à l’étranger. Il faudra attendre les années 1980 pour qu’une pièce de théâtre, des livres et des films commencent à évoquer la question. Le témoignage de Pierre Seel (1923-2005), qui fut interné en 1941 au “camp de redressement” de Schirmeck, en Alsace alors annexée par le IIIe Reich, fera également beaucoup pour que ce dossier sorte de l’oubli.Côté politiques, le discours du 26 avril 2001 de Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui estime que “nul ne doit rester à l’écart de cette entreprise de mémoire” marque un tournant. “Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l’Occupation contre certaines minorités – les réfugiés espagnols, les tziganes ou les homosexuels”, dit-il. Quatre ans plus tard, le président Jacques Chirac abordera à son tour le sujet. “Nous sommes là pour nous souvenir que la folie nazie voulait éliminer les plus faibles, les plus fragiles, les personnes frappées par le handicap dont l’existence même faisait affront à leur conception de l’homme et de la société”, déclare-t-il alors en avril 2005.”En Allemagne, mais aussi sur notre territoire, celles et ceux que leur vie personnelle distinguait, je pense aux homosexuels, étaient poursuivis, arrêtés et déportés.”- Nouvelles générations -En 2010, une plaque mémorielle est inaugurée à Mulhouse en “mémoire de Pierre Seel et des autres Mulhousiens anonymes arrêtés et déportés pour motif d’homosexualité”. La même année, une autre est posée au camp de concentration du Struthof (Bas-Rhin), où ont été déportés plus de 200 homosexuels.En 2022, une exposition “Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie” est organisée au Mémorial de la Shoah à Paris, une première. “Un succès”, se rappelle Sophie Nagiscarde, directrice des affaires culturelles du Mémorial, qui y voit le signe d'”un fort intérêt” pour ce pan méconnu de l’Histoire.”Il faut que des chercheurs continuent à travailler sur cette question parce qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver”, ajoute-t-elle.Une reconnaissance par l’Etat, un mémorial – et après? Pour les associations, il est crucial de continuer à parler de cette question aux nouvelles générations.”Notre objectif, à court terme, c’est que des modules de formation soient mis en place dans les établissements scolaires pour que cette question soit abordée en cours”, indique Jean-Baptiste Trieu.”C’est d’autant plus important de continuer à parler et à témoigner qu’on voit que les débats sont encore compliqués aujourd’hui”, ajoute Matthieu Chaimbault, de l’association Mémorial de la déportation homosexuelle (MDH), citant le refus du Sénat, début mai, d’ajouter un volet indemnitaire à la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité en France.Sans compter “ce qui se passe à l’international”, abonde Jean-Luc Romero, “avec des pays qui continuent de pénaliser l’homosexualité et le retour en arrière observé actuellement aux Etats-Unis”.

Décès de Daniel Bilalian, ex-présentateur des JT de France Télévisions, à 78 ans

Daniel Bilalian, ex-présentateur des journaux télévisés d’Antenne 2 puis France 2, est décédé mercredi à 78 ans des suites d’une maladie, a annoncé jeudi sa famille à l’AFP.Figure de l’audiovisuel bien connue des téléspectateurs pendant plus de 40 ans, il avait aussi été patron du service des sports de France Télévisions. Il avait pris sa retraite à l’automne 2016, à presque 70 ans, et avait depuis disparu des écrans.Le journaliste a été successivement grand reporter, présentateur et rédacteur en chef des journaux de 13h00 et de 20h00, et a également produit les magazines “Star à la barre” et “Mardi soir”. Né le 10 avril 1947 à Paris d’un père arménien et d’une mère originaire du Pas-de-Calais, Daniel Bilalian avait débuté sa carrière au quotidien l’Union de Reims en 1968. Il était entré à l’ORTF au bureau régional d’information de Reims en 1971, puis de Lille en 1972.Daniel Bilalian avait ensuite rejoint la direction nationale d’Antenne 2 au service de politique intérieure, une “maison” qu’il ne quittera pas jusqu’à sa retraite.

Saint-Germain-des-Prés, village tarnais fracturé par le chantier de l’A69

Comme dans l’album d’Astérix, un “grand fossé” coupe en deux la commune rurale de Saint-Germain-des-Prés (Tarn), où le chantier de l’A69 divise aussi les esprits avant l’examen au Sénat d’une demande de reprise des travaux de l’autoroute contestée.Sur la carte affichée dans le bureau du maire, un large trait rouge coupe le territoire communal. Et à quelques centaines de mètres de la petite mairie accolée à l’église du village, le trait devient un gouffre de plusieurs dizaines de mètres de large, avec en son cœur deux piles d’un pont inachevé qui en attend une troisième.”Très impactés”: c’est par ces deux mots que Raymond Frede, le maire de Saint-Germain-des-Prés depuis 18 ans, résume la situation de ses quelque 950 administrés face au chantier de l’A69.”Le va-et-vient des camions, beaucoup de poussière, oui c’est une grosse contrainte mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs”, rappelle le maire sans étiquette, favorable à l’autoroute même s’il aurait préféré un aménagement de la nationale actuelle en 2X2 voies, un projet abandonné il y a plusieurs années.Depuis le 27 février, date d’un jugement ayant interrompu les travaux de l’autoroute Castres-Toulouse, le ballet des semi-remorques s’est certes interrompu mais le chantier continue de chambouler la vie du village. “Tant qu’on n’aura pas le pont, on a une partie de Saint-Germain qui est isolée”, explique M. Frede, l’ouvrage devant permettre de rétablir la route actuellement coupée par le chantier. Les habitants de “45 maisons” de petits hameaux situés d’un côté du chantier ne peuvent plus traverser. “Moi, c’était surtout l’autre côté qui me faisait le plus travailler. Du coup, perte de clientèle d’environ 80%”, abonde Nadège, qui tient la seule épicerie-café du village.- “Usine à bitume” -“Les gars qui travaillaient (sur le chantier, ndlr) ont compensé cette perte parce qu’ils sont venus manger”, ajoute-t-elle, “mais là c’est double peine puisqu’ils ne sont plus là et que je n’ai toujours pas de route”.”C’est compliqué”, dit également Céline Maurel à bord de sa voiture, alors qu’elle vient chercher son fils, lycéen à Castres, à l’arrêt de bus coincé entre la nationale et le chantier. “On ne peut pas se garer, il y a de la boue, le croisement est dangereux”.L’arrêt du chantier est loin d’avoir apaisé les esprits dans la petite commune où le projet a creusé un “grand fossé”, métaphore volontiers reprise par les habitants, de l’album éponyme d’Astérix.”Il y a les pour, les contre; on ne veut pas en parler justement parce que ça crée des tensions”, confie Mme Maurel, qui s’occupe du secrétariat de l’association locale de pétanque.”J’ai senti clairement des voisins prendre du recul”, raconte Marie-Claude Amand, retraitée engagée contre l’autoroute et son “usine à bitume”, la centrale de production d’enrobé à chaud qui devait s’installer en surplomb du village pour produire la moitié des 500.000 tonnes de revêtement de l’autoroute.- “Chantier pharaonique” -Alexandre Lafon, un autre opposant, parle d'”une logique vieux monde et nouveau monde” entre “ceux qui voient qu’il y a un tournant à prendre (à cause de la) crise climatique, qu’il est nécessaire peut-être d’avoir une politique de limitation des déplacements carbonés, et ceux qui sont habitués à l’agriculture intensive, attachés à un mode de vie et ne comprennent pas pourquoi on les empêche d’aller plus vite à Toulouse”, détaille ce professeur d’histoire qui se partage entre le lycée de Castres et l’université de Toulouse.Les opposants et partisans se retrouvent sur le fait que le statu quo actuel n’est pas possible mais leurs visions de l’avenir continuent de diverger.”On ne peut pas rester avec un chantier ouvert, des ponts pas finis, ça ressemble à quoi, on ne va pas tout casser, ce serait une aberration”, estime le maire qui souhaite la reprise des travaux, tandis que Marie-Line Lattuca, opposante, espère un projet alternatif.”Il y a eu des grands esprits pour concevoir cette espèce de chantier pharaonique, on a sans doute des grands esprits qui vont pouvoir refaire tout ça, refaire pousser des choses”, espère cette retraitée.Dans son commerce, Nadège l’épicière aimerait en tout cas que les gens “arrêtent de se déchirer”. “Mon souhait? Qu’il y ait des solutions et pas dans dix ans”.