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En Norvège, la lente agonie du saumon sauvage face à l’aquaculture

De l’eau jusqu’à la taille, Christer Kristoffersen fouette l’air puis dépose sa ligne sur la rivière en crue. Au bout? Rien… Animal emblématique de la Norvège, le saumon sauvage s’est dramatiquement raréfié dans le pays scandinave, victime du changement climatique et de l’aquaculture.”Quand j’étais gamin au début des années 80, la rivière débordait de poissons à un point qu’on ne peut pas imaginer. Elle était remplie de truites de mer et de saumons. On pouvait en attraper 10 ou 15 en une soirée”, explique ce passionné de pêche sportive, planté dans la rivière Stjørdal (centre) gonflée par les pluies.Malgré ses décennies d’expérience, cela fait dix jours que le quinquagénaire rentre bredouille.Car le saumon se fait rare, à tel point que la Norvège l’a placé en 2021 sur sa liste rouge des espèces quasi menacées. Une proportion toujours plus importante de ces poissons qui migrent entre eau douce et eau salée ne reviennent pas frayer sur leur lieu de naissance, en amont des cours d’eau. Ils disparaissent en mer pour des raisons encore mystérieuses mais que les scientifiques pensent liées au changement climatique.Seuls 323.000 saumons sauvages ont remonté les rivières norvégiennes en 2024, soit moins du tiers par rapport aux années 1980, selon le Comité scientifique pour la gestion du saumon, organisme indépendant mis en place par les autorités.”La pêche au saumon est très importante pour la Norvège, tant pour les communautés locales dans les vallées fluviales que pour l’économie. Et elle attire de nombreux touristes”, souligne Aksel Hembre, vice-président de Norske Lakselver, association regroupant les exploitants des rivières à saumon.Mais, face à l’effondrement de la montaison (le nombre de poissons qui remontent les rivières), les autorités l’ont suspendue dans 33 cours d’eau l’an dernier et l’ont assortie cette année de restrictions (fermeture de certaines rivières, saisons raccourcies pour d’autres, quotas).Un coup de massue pour les professionnels du tourisme et les 60 à 80.000 pêcheurs sportifs qui se livrent à leur passion dans les cours d’eau où la population de salmonidés est jugée suffisamment abondante.- Poux de mer -Si le changement climatique perceptible dans les rivières (réchauffement des eaux, précipitations et sécheresse…) et en mer (modification de l’écosystème et des sources alimentaires…) est difficile à enrayer, un autre responsable est pointé du doigt: l’aquaculture.Depuis les années 1970, la Norvège produit du saumon d’élevage, une industrie lucrative qui a rapporté 10 milliards d’euros en 2024 –deuxième produit d’exportation derrière les hydrocarbures– et qui crée des emplois bienvenus sur le littoral.Ses fjords sont parcourus par des centaines de fermes aquacoles. Chacune de leurs six à douze cages flottantes peut contenir jusqu’à 200.000 poissons. Non seulement le saumon d’élevage est, selon certaines estimations, mille fois plus nombreux que le saumon sauvage mais il contribue aussi à éclaircir ses rangs.Les principales menaces qu’il fait planer sont liées aux poux de mer –des parasites qui pullulent dans les fermes–, les évasions qui peuvent générer des croisements génétiques indésirables, et les maladies, selon le Comité scientifique pour la gestion du saumon.Quand les saumons sauvages juvéniles (les “smolts”) migrent vers la mer et passent à proximité des élevages, “s’ils attrapent beaucoup de ces parasites, ceux-ci leur rongent la peau, peuvent leur sucer le sang, et finissent par les tuer”, explique le président du comité, Torbjørn Forseth.”Le croisement entre saumons sauvages et saumons d’élevage est problématique, car le saumon d’élevage est sélectionné et adapté à l’environnement d’une ferme aquacole, qui est évidemment très différent du milieu naturel”, ajoute le chercheur. “Certaines des caractéristiques de ces poissons (comme sa croissance rapide, ndlr) sont donc très néfastes pour le saumon sauvage”.- Cages fermées ?-Pour éradiquer ces problèmes, de nombreuses voix s’élèvent pour que les cages, aujourd’hui ouvertes sur leur environnement, cèdent la place à des systèmes fermés, hermétiques mais plus coûteux. “Nous exigeons qu’il n’y ait aucune émission, aucune fuite de poissons, et aucun impact des poux sur le saumon sauvage. C’est indispensable si nous voulons sauver celui-ci”, souligne Aksel Hembre.Si elle dit se préoccuper pour le saumon sauvage, l’industrie aquacole demande du temps.”Cela ne progresse pas très vite car c’est assez complexe. Imaginez construire un système fermé et l’installer en mer, comparé à un système ouvert. Il y a énormément de choses à prendre en compte”, fait valoir Øyvind André Haram, porte-parole de la Norwegian Seafood Association, qui regroupe les poids lourds du secteur.”Est-ce que quelque chose peut casser? Est-ce que certains éléments peuvent être affectés par les courants marins ou ceux des fjords? Il faut donc beaucoup plus de temps pour être sûr à 100% que ce système est sûr”, assure-t-il.Le secteur réclame aussi davantage d’études pour expliquer le déclin des stocks.De son côté, le Parlement s’est entendu en juin sur un texte prévoyant une régulation des élevages d’ici deux à quatre ans et qui devrait pousser le secteur à passer aux cages fermées.”Ils avancent à pas de souris, alors que le saumon sauvage a besoin d’une révolution”, regrette Ann-Britt Bogen, qui gère un gîte sur les rives de la rivière Gaula.  “Je crains bien d’être de la dernière génération qui pêchera le saumon sauvage en Norvège si le gouvernement ne prend pas ses responsabilités”.

EU chief von der Leyen comfortably survives confidence vote

EU chief Ursula von der Leyen on Thursday comfortably saw off a no-confidence vote in the European Parliament — but the rare challenge has exposed frictions between her backers and complaints about her leadership style.Lawmakers in Strasbourg rejected the censure motion — launched by the far-right over the European Commission president’s handling of Covid vaccine …

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La Corée du Sud tapissée de mouches, autre plaie du réchauffement climatique

Des sommets de montagnes recouverts, des devantures de restaurants souillées et une odeur pestilentielle. Une plaie s’abat chaque année sur la Corée du Sud: les invasions de mouches qui prolifèrent en raison du réchauffement climatique.Ces “bibions”, ou “mouches de la Saint-Marc”, volent le plus souvent en couple, d’où leur surnom de “lovebugs” (“insectes d’amour” en anglais), et colonisent le pays plusieurs semaines par an.Si ces insectes (Plecia nearctica) sont inoffensifs pour les humains, c’est leur nombre croissant qui gêne. Quand ils volent en groupe, la nuée peut tapisser un mur ou un chemin de randonnée. Et avec une durée de vie très courte, les bibions meurent souvent sur place, formant une couche de cadavres à l’odeur nauséabonde.”Au début, j’ai cru que c’était des ordures… En fait, c’était la puanteur d’insectes morts”, témoigne Ahn So-young, une randonneuse de 29 ans.”J’ai pleuré quand je suis montée ici. J’étais tellement effrayée”, raconte-t-elle.Les scientifiques pensent que ces mouches sont venues du sud de la Chine et ont profité de la hausse du mercure liée au changement climatique pour prospérer.”En général, de nombreux insectes tendent à se reproduire rapidement sous des températures chaudes”, rappelle à l’AFP Ju Jung-won, chercheur associé à l’Agence sud-coréenne de contrôle et de prévention des maladies.”Pour ce qui est des +lovebugs+, il semblerait que les températures et l’environnement de régions étrangères où elles sont présentes se retrouvent maintenant aussi en Corée du Sud, leur permettant de survivre”, ajoute l’expert.La quantité de plaintes concernant ces insectes a monté en flèche dernièrement, selon les données de la ville de Séoul.Ils dérangent même les stars de la K-pop: dans une vidéo devenue virale sur les réseaux, le chanteur de BTS RM semble lâcher un juron à leur vue, tandis que dans un autre extrait, son acolyte Jin souffle sur l’une de ces mouches en plein concert.Au sommet du mont Gyeyang, à Incheon, des agents publics en combinaison s’affairent à pelleter les amas de “lovebugs” mortes. D’autres volent en nuage. Il y en a tellement qu’il est difficile de garder les yeux ouverts.Dans les pires cas, les restes “se sont empilés sur plus de dix centimètres de haut”, raconte Jung Yong-sun, 59 ans, affecté à la lutte contre les nuisibles.”C’est comme marcher sur un coussin”, dit-il en se frayant un chemin parmi les immondices.- “Steak haché” -Selon Park Sun-jae, chercheur à l’Institut national des ressources biologiques, ces mouches de la Saint-Marc ont été repérées pour la première fois en Corée du Sud en 2015 à Incheon, à l’ouest de Séoul.”Depuis 2022, leur population a commencé à bondir”, explique-t-il à l’AFP, précisant que l’insecte “se retrouve maintenant dans toute la région métropolitaine du grand Séoul”.Cette année, l’invasion a fait beaucoup réagir en ligne, avec des créateurs de contenu présents dans les zones les plus touchées.Un YouTubeur a même fait un “steak haché” de “lovebugs” qu’il a mangé face caméra.”C’est pas mauvais. C’est (même) vraiment délicieux”, réagit-il dans sa vidéo visionnée 648.000 fois.Tout en haut du mont Gyeyang, Kim Ji-young et Sam Jung ont prévu une tenue entièrement blanche, une couleur qui attire les insectes.Positionnés devant un grand piège collant installé par le gouvernement, complètement noir d’insectes morts, les deux créateurs de contenu se filment en train d’être recouverts.”C’est probablement quelque chose que je ne revivrai jamais”, commente Sam Jung, son chapeau et ses habits grouillant de mouches.- “Monde bien plus malheureux” -Au-delà de l’aspect surprenant, l’invasion de “lovebugs” est synonyme de dérangement quotidien pour nombre de Séoulites.Au marché de Daejo, dans le nord-ouest de la capitale, des restaurateurs chassent en permanence les nuisibles pour protéger leurs produits.Mais les insectes ne cessent de s’entasser au sol et forcent les personnels de nettoyage à redoubler d’efforts, s’agace Chang Seo-young.”Je veux pouvoir déjeuner sans me préoccuper de +lovebugs+ qui se posent sur mon visage ou dans ma nourriture”, confie la commerçante de 48 ans à l’AFP.Les autorités sud-coréennes qualifient néanmoins les bibions d'”insectes bénéfiques”, car ils aident à dégrader les matières organiques des plantes. Normalement, ils disparaissent au début du mois de juillet au plus tard.Au vu des changements engendrés par le réchauffement de la planète, les scientifiques n’excluent pas les invasions d’autres espèces, y compris dangereuses.”Je crains que les générations futures ne souffrent énormément”, s’inquiète Jeon In-hyeop, 29 ans, après avoir balayé du regard la montagne Gyeyang, partiellement souillée.”Je sens que nos enfants pourraient finir par vivre dans un monde bien plus triste”, lâche-t-il.

La plateforme Booking épinglée en France pour “pratiques restrictives de concurrence”

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour “pratiques restrictives de concurrence” envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d’ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.Booking a jusqu’au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les “clauses et pratiques non conformes” dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d’une “astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d’euros”, précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).Cette décision s’appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking “comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français”.La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, “il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l’autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties”. Or, “le fait d’entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article”, note-t-elle.Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à “garantir l’accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible”, et à “notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales”.”La plateforme se doit d’indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l’importance relative de ces paramètres par rapport aux autres”, indique encore la DGCCRF.Et “en cas de suspension ou de résiliation du compte d’une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs”, ajoute l’administration.L’Umih, principale organisation professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'”avancée significative” que constitue cette injonction, qui doit permettre “un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme”. Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l’AFP que “bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l’enquête”, l’entreprise s’emploie “activement à dissiper toutes les préoccupations”.Elle assure avoir “collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d’élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d’hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs”.

Les députés entérinent la réforme du scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille

A moins de neuf mois des municipales, les députés ont adopté définitivement jeudi la réforme du scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille, qui va permettre selon ses défenseurs que “chaque voix compte” dans les trois métropoles.Le gouvernement a décidé de passer outre l’hostilité du Sénat pour donner le dernier mot à l’Assemblée nationale.Les députés ont approuvé la proposition de loi de Sylvain Maillard (Renaissance) par 112 voix contre 28. Le RN, la France insoumise, et la majorité de la coalition gouvernementale ont apporté leur soutien à la réforme, qui doit permettre de “rapprocher du droit commun” le mode de scrutin dans les trois métropoles, selon le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola (MoDem).La proposition de loi de M. Maillard met fin au mode de scrutin mis en place en 1982 via la “loi PLM”.Actuellement, les électeurs à Paris, Lyon et Marseille votent dans chaque arrondissement ou secteur pour une liste de conseillers, les élus du haut de la liste siégeant au conseil d’arrondissement et au conseil municipal.Le texte de M. Maillard prévoit à la place d’instaurer deux scrutins, l’un pour élire les conseillers d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour élire ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique.Il modifie aussi la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête, en la faisant passer de 50 à 25% – contrairement au droit commun, puisque c’est une prime de 50% qui s’applique dans toutes les communes de France.M. Maillard s’est félicité jeudi du fait que la loi permette de “mettre fin à un scrutin opaque et inégalitaire”, qui rendait possible “qu’un maire soit éventuellement élu à Paris, Lyon et Marseille sans avoir obtenu la majorité des voix”, comme ce fut le cas à Marseille en 1983, et qui liait l’issue du scrutin au vote de quelques arrondissements ou secteurs clés.La loi va permettre que “chaque voix compte”, s’est-il félicité.- Le PS divisé -Les opposants au texte – le PCF, les écologistes, une partie des socialistes, Horizons, le groupe centriste Liot – ont de leur côté martelé une nouvelle fois leurs critiques, tant sur la forme que sur le fond.Le député Stéphane Lenormand, du groupe indépendant Liot, a fustigé le calendrier de la réforme alors que le “code électoral (prévoit) explicitement qu’aucune modification de régime électoral ne peut avoir lieu dans l’année qui précède le premier tour d’un scrutin”. Il a aussi critiqué l’introduction d’une prime de 25% “surprenante car elle déroge au droit commun”, contrairement à l’intention affichée du gouvernement.Le PS parisien pointe une réforme conçue pour servir les intérêts de la ministre de la Culture Rachida Dati (LR), qui espère ainsi augmenter ses chances de ravir la mairie de Paris à la gauche.La maire de Paris, Anne Hidalgo, a dénoncé une “manÅ“uvre électorale” et un “coup politique de très bas niveau qui portent atteinte aux mairies d’arrondissement, abîment la démocratie”. Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a critiqué une réforme “brouillonne et clivante”, soulignant que, fait unique en France, les Lyonnais devront voter à trois reprises au niveau de l’arrondissement, de la ville et de la Métropole. A l’unisson, le patron de la métropole Bruno Bernard a jugé la réforme “inapplicable” dans la troisième ville de France, espérant que le Conseil constitutionnel “remette un peu d’ordre”.Le maire socialiste de Marseille Benoît Payan a lui salué un vote “qui met fin à un système dérogatoire qui a fait son temps, qui était injuste, qui ne fonctionnait plus”. Le député PS de Marseille Laurent Lhardit a voté pour le texte.- Fracture -La proposition de loi avait été rejetée pour la deuxième fois par le Sénat mercredi soir. La décision du gouvernement de s’asseoir sur le vote de la chambre haute est une fracture inédite entre le Premier ministre et le Sénat, devenu un allié fidèle de l’exécutif depuis l’entrée des Républicains dans la coalition gouvernementale.Le chef des sénateurs LR Mathieu Darnaud a dénoncé un “passage en force”, alors que François Bayrou avait assuré en février qu’il ne pouvait imaginer faire adopter ce texte sans compromis entre les deux assemblées.Gauche comme droite sénatoriales ont déjà promis de saisir le Conseil constitutionnel pour empêcher la promulgation du texte. A l’Assemblée, le député PS Stéphane Delautrette a annoncé qu’une “majorité de (son) groupe” saisirait les Sages “conjointement” avec les écologistes.

En Chine, la canicule accélère les ventes des usines de glace

Dans un hangar à la périphérie de Hangzhou, dans l’est de la Chine, des ouvriers utilisent des pinces géantes pour faire glisser des blocs de glace blanche sur un rail métallique, direction le camion frigorifique.Les ventes de glace ont explosé ces dernières semaines, stimulées par les vagues de chaleur qui balayent tout le pays à mesure que l’été s’installe, explique à l’AFP Sun Chao, propriétaire de l’usine de glace Feichao.Dans le monde entier, les vagues de chaleur gagnent en fréquence et en intensité en raison du changement climatique, et la Chine ne fait pas exception. 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, et cette année s’annonce également caniculaire.La semaine dernière, les autorités chinoises ont mis en garde contre les risques pour la santé de la chaleur sur une grande partie du territoire de l’est de la Chine, dont la région de Zhejiang, où est située la ville de Hangzhou.”Au printemps, en automne et en hiver, une hausse de température de deux ou trois degrés n’a pas d’impact important sur nos ventes. Mais en été, lorsque les températures sont légèrement plus élevées, la différence est importante”, explique  Sun Chao.Feichao est une usine relativement petite qui vend de la glace à des marchés traditionnels, aux transporteurs de produits et aux organisateurs d’événements.Alors que le mercure a récemment dépassé les 40 degrés Celsius dans de nombreuses villes de Chine, de la glace comme celle de Feichao est utilisée pour refroidir d’immenses espaces en plein air.Dans la province voisine du Jiangsu, les organisateurs d’un match de football auquel assistait 60.000 spectateurs ont placé plus de 10.000 grands blocs de glace autour du stade, selon le quotidien d’Etat Global Times. – 300 à 400 tonnes par jour -Mercredi, au moment où l’AFP observait le chargement des camions de l’usine Feichao, un employé d’un magasin de fruits de mers avoisinant s’approche pour acheter deux blocs de glace – environ 3 euros chacun – et les transporter dans deux grands sacs en plastique.”En mai et juin, je peux vendre environ 100 tonnes par jour. En juillet, ce chiffre augmente et je peux vendre environ 300 à 400 tonnes”, relève Sun Chao.Cela fait plusieurs années que la Chine doit faire face en été à des conditions météorologiques extrêmes.En juin, les autorités ont émis des alertes à Pékin quand les températures dans la capitale ont atteint près de 40 degrés Celsius. Selon les médias d’État, 102 stations météorologiques à travers le pays avaient enregistré la journée de juin la plus chaude de leur histoire.Au cours du même mois, six personnes ont été tuées et plus de 80.000 évacuées en raison d’inondations dans la province de Guizhou, au sud. La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde, qui sont à l’origine du changement climatiques, de l’avis général des scientifiques. Toutefois, le pays mène également sur le plan des énergies renouvelables, développant ce secteur à un rythme plus rapide que n’importe quel autre pays.

Le Parlement adopte définitivement le projet de loi pour “refonder Mayotte”, sept mois après Chido

Sept mois après le passage de Chido, le Parlement a définitivement adopté jeudi le projet de loi pour “refonder” Mayotte, département le plus pauvre de France confronté avant même le cyclone à d’immenses défis.Un ultime vote favorable du Sénat, à 228 voix contre 16, a permis à ce texte d’aboutir. Il attend désormais sa promulgation par le président de la République.Ce texte constituera “une étape vers une meilleure protection des Mahorais, vers l’égalité réelle, vers un développement concret et puissant du territoire au service de la population”, a salué Manuel Valls, le ministre des Outre-merCette “loi-programme” décline notamment 4 milliards d’euros d’investissements publics sur six ans et inscrit pour la première fois dans la loi la convergence sociale, c’est-à-dire l’alignement des droits sociaux avec les montants de l’Hexagone, avec pour horizon 2031.A Mayotte, 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté national, et le RSA, par exemple, y est encore deux fois plus bas.Dernier texte de loi à passer les griffes du Parlement avant la pause estivale, il vient clore une session parlementaire extraordinaire assez fructueuse pour le gouvernement, qui aura réussi à faire aboutir plusieurs textes malgré son absence de majorité à l’Assemblée nationale.Cette loi pour “refonder Mayotte”, fruit d’un compromis entre députés et sénateurs, avait été validée mercredi par les députés, avec le soutien de la coalition gouvernementale et de l’extrême droite. Le Rassemblement national, très mobilisé durant les débats, a même revendiqué “une victoire politique”.Mais la gauche, à l’Assemblée comme au Sénat, s’est partagée entre opposition et abstention, mettant notamment en cause “l’obsession” du projet de loi pour l’immigration, ont accusé plusieurs parlementaires.Le texte s’attaque en effet à deux “fléaux”, la lutte contre l’immigration clandestine et l’habitat illégal, “sans quoi” Mayotte risque d’être reconstruite sur du “sable”, selon les mots de Manuel Valls. Il prévoit par exemple de durcir les conditions d’obtention d’un titre de séjour alors que près de la moitié de la population y est étrangère. Plusieurs dispositions permettent de faciliter la destruction des bidonvilles, alors qu’un tiers de l’habitat est informel.Une mesure permet par exemple de déroger à l’obligation d’une offre de relogement au moment d’une évacuation.- Attentes des Mahorais -“À Mayotte, le droit commun ne s’applique plus. C’est devenu un laboratoire sécuritaire où l’on teste des lois que l’on n’oserait jamais appliquer ailleurs en France”, s’est indignée la sénatrice écologiste Antoinette Guhl.Le projet de loi prévoit en outre plusieurs mesures très attendues sur l’archipel. D’abord, la suppression d’ici 2030 du visa territorialisé, qui empêche un détenteur d’un titre de séjour mahorais de venir dans l’Hexagone. Les Mahorais y voient une injustice et un manque de solidarité de la France métropolitaine face à l’afflux massif d’immigrés clandestins venus notamment des Comores voisines.Le recensement exhaustif de la population à Mayotte dès 2025 est aussi inscrit dans la loi. Depuis des années, les élus locaux affirment que la population est sous-estimée avec pour conséquence des collectivités moins bien dotées qu’elles ne devraient l’être et des services publics saturés.Autre victoire pour les élus mahorais, la suppression de l’article facilitant les expropriations pour permettre la construction d’infrastructures dites essentielles. Cette mesure, ardemment défendue par le gouvernement et initialement votée par le Sénat, a provoqué une levée de boucliers sur l’archipel, les Mahorais s’inquiétant d’une mainmise de l’Etat sur le foncier.”Inédit”, “massif”, “historique”, les adjectifs laudateurs du gouvernement pour qualifier le texte ne manquent pas. Mais pour certains parlementaires, il passe à côté de nombreux enjeux de développement, notamment sur l’eau, la transition écologique et la santé. La députée mahoraise Anchya Bamana, qui siège au groupe RN, a par exemple rappelé que Mayotte vit toujours sous le régime des coupures d’eau, avant de lancer: “Comment justifier 1 milliard pour se baigner dans la Seine? Mais rien pour répondre à l’urgence de l’accès à l’eau potable pour les Mahorais”.

Prêts: le RN dénonce le “flou” des règles et l’absence d’accès au système bancaire

Le Rassemblement national, visé mercredi par une perquisition pour financement illicite de ses récentes campagnes électorales, a dénoncé jeudi le “flou” des règles régissant les prêts de particuliers aux organisations politiques auxquels le parti a recours faute d’accès aux prêts bancaires. “Nous n’avons jamais considéré évidemment que ces prêteurs pouvaient se substituer à un financement bancaire qui, malheureusement, nous est interdit”, a assuré sur RMC-BFMTV le président délégué du groupe RN à l’Assemblée, Jean-Philippe Tanguy, estimant que le refus des banques françaises de prêter au parti de Marine Le Pen était “le problème de base”. La perquisition du siège du parti d’extrême droite a été menée simultanément à d’autres au siège de plusieurs sociétés et au domicile de leurs dirigeants dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juillet 2024 pour escroquerie commise au préjudice d’une personne publique. En cause principalement, des prêts de particuliers pour financer la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022 et les législatives qui ont suivi, ainsi que les européennes de 2024, a indiqué le parquet de Paris.Ces prêts autorisés par la loi dans un cadre précis ne doivent pas être “habituels” au risque de devenir des dons déguisés selon les règles de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Cette dernière précise qu’elle saisit le parquet “dès lors qu’un même prêteur a consenti au moins cinq prêts, répartis sur une ou plusieurs élections, d’un montant total égal ou supérieur à 75.000 euros”.”Le caractère habituel n’est pas défini (…) est-ce que c’est deux, trois, quatre fois? Comment voulez vous qu’on le sache? Comment voulez-vous que les partis politiques puissent deviner une disposition qui n’est même pas inscrite ni dans la loi ni dans le décret du Conseil d’État?”, s’est agacé Jean-Philippe Tanguy. “Nous avons posé la question et nous n’avons jamais eu de réponse”, a-t-il argué, critiquant “un flou dans le code électoral”.Les autres partis “ont des prêts, nous, aucune banque ne nous prête”, a insisté sur franceinfo le porte-parole du groupe RN à l’Assemblée Thomas Ménagé, rappelant la polémique sur l’emprunt réalisé auprès d’une banque tchéco-russe en 2014, faute d’en obtenir un dans un établissement français. “J’appelle solennellement François Bayrou à ouvrir de manière urgente (…) la banque de la démocratie pour que tous les partis puissent se présenter devant les Français, avoir un financement qui tient la route sans avoir la nécessité d’aller même demander à nos militants”, a-t-il complété.