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MaPrimeRénov’: les chaudiéristes bois manifestent pour bénéficier de la principale aide

Une soixantaine de professionnels ont manifesté jeudi à Paris pour exiger que les chaudières biomasse (bois et granulés) bénéficient de la principale aide à la rénovation énergétique proposée dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov’, a constaté une journaliste de l’AFP.”On réclame une égalité de traitement dans les subventions”, a martelé auprès de l’AFP Hervé Le Horgne, porte-parole du Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB), organisateur de la manifestation.Lors d’une audition devant les députés jeudi matin à l’Assemblée nationale, le ministre du Logement Vincent Jeanbrun a rappelé que les chaudières biomasse avaient été évincées des aides à la rénovation énergétique par geste (lorsqu’un seul type de travaux est réalisé) dans une logique de “recentrage” des subventions MaPrimeRénov’, qui connaît des difficultés budgétaires.Ces chaudières sont toujours éligibles aux aides MaPrimeRénov’ “à condition d’être sur de la rénovation d’ampleur”, c’est-à-dire dans un projet de rénovation globale d’un logement et non uniquement le changement du système de chauffage, a-t-il fait valoir.Jeudi matin, une soixantaine de professionnels du secteur ont exprimé leur colère et leur incompréhension rue de Constantine à Paris, à deux pas de l’Assemblée. Ils ont installé sur le lieu du rassemblement une dizaine de chaudières, parmi des pancartes indiquant notamment “le bois, l’énergie du pouvoir d’achat”.”La chaudière bois est dix fois moins carbonée que celle au gaz ou au fuel”, a mis en avant Hervé Le Horgne, qui a aussi vanté le coût d’une énergie locale “trois fois moins chère que l’électricité”.”Nos usines se retrouvent en surcapacité, et cela pose des problèmes économiques aux acteurs industriels, qui tardent à modifier leur ligne de production”, a souligné ce professionnel, inquiet face à l’éventuelle chute d’un secteur qui vend déjà “quatre fois moins de chaudières” qu’en 2022.

Otages en Syrie: Mehdi Nemmouche renonce à faire appel de sa condamnation à perpétuité

Le jihadiste Mehdi Nemmouche, condamné en mars à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir été un geôlier en Syrie du groupe Etat islamique et notamment de quatre journalistes français, a renoncé à faire appel, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.Sa condamnation devient donc définitive, alors que quelques jours après le verdict du 21 mars, son avocat, Me Francis Vuillemin, avait dans un premier temps annoncé faire appel.Mehdi Nemmouche avait été identifié comme leur ancien geôlier par Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres après l’attaque du musée juif de Bruxelles en 2014, pour laquelle il a déjà été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, pour quatre assassinats terroristes.Tout au long du procès, qui s’était tenu pendant cinq semaines en février et mars à Paris, le jihadiste, aujourd’hui âgé de 40 ans, avait juré n’avoir rejoint l’EI que pour y combattre l’ex-dictateur syrien Bachar al-Assad, et n’avoir jamais rencontré les quatre journalistes français.Ces derniers avaient pourtant formellement reconnu ce geôlier “pervers”, “sadique”, “qui parlait trop, qui parlait tout le temps”, en racontant leur supplice de dix mois dans les prisons de l’EI, mais souligné avoir vite compris que leurs vies avaient plus de valeur, aux yeux de leurs geôliers, que celles des milliers de Syriens torturés à mort dans les cellules voisines.Mehdi Nemmouche a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans.Dans son verdict, la cour d’assises spéciale de Paris avait étendu le périmètre des victimes reconnues à l’ensemble des 25 journalistes et humanitaires occidentaux kidnappés en Syrie, dont certains ont été assassinés dans des vidéos de propagande.Nicolas Hénin avait fait part mercredi de sa “satisfaction que M. Nemmouche (se soit) désisté de son appel”, dans un message publié sur le réseau social Bluesky.Un deuxième procès devrait toutefois se tenir pour l’un de ses co-accusés, le Syrien Kaïs Al Abdallah, aujourd’hui 42 ans, identifié comme l’ancien numéro 2 de l’EI à Raqqa et impliqué dans l’enlèvement des otages français, condamné en première instance à 20 ans de réclusion criminelle.

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Déchets radioactifs: étape clé franchie pour le projet de stockage Cigéo, jugé conforme aux attentes de sûreté

Le projet de Cigéo à Bure (Meuse), où doivent être enfouis à partir de 2050 les déchets nucléaires les plus dangereux, a franchi jeudi une étape clé avec la présentation de l’avis technique du gendarme du nucléaire, qui juge ses conditions de sûreté “satisfaisantes” en l’état.Avec cet avis, fruit de 30 mois de travaux d’expertise et d’instruction, ce projet peut désormais être soumis aux consultations obligatoires de l’enquête publique dans le courant du second semestre 2026. Il reviendra ensuite au gouvernement de délivrer ou non l’autorisation de création du site à travers un décret pris en Conseil d’Etat, une décision attendue au mieux en 2028.”C’est une étape clé très importante, mais ce n’est pas la fin de l’histoire”, a déclaré à l’AFP Pierre Bois, directeur général adjoint de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). De fait, bien des phases techniques et réglementaires jalonneront ce projet hors norme qui doit s’étaler sur 150 ans, de sa construction jusqu’à la fermeture définitive du stockage vers 2170. Lancé en 1991, le projet Cigéo, contesté par des écologistes et des associations locales, doit accueillir à 500 mètres sous terre des déchets de centrales nucléaires devant rester hautement radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d’années. Au total, 83.000 mètres cubes, dont la moitié déjà produits, sont destinés à reposer dans des alvéoles – en fait des tunnels de stockage. Ceux-ci accueilleront les déchets les plus nocifs, dit de “haute activité”, ainsi que les déchets dits de “moyenne activité à vie longue”. Cet avis, présenté jeudi au Parlement, vient synthétiser trois avis intermédiaires rendus en 2024 et 2025 en apportant un éclairage technique sur le dossier de demande de création, déposé début 2023 par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), mais sans constituer “un feu vert”.”Sur de nombreux points”, l’évaluation préliminaire de sûreté présentée par l’Andra dans son dossier est “satisfaisante”, a déclaré Pierre Bois, devant les parlementaires de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.L’ASNR précise toutefois que “d’autres compléments” devront ensuite être apportés par l’Andra à l’occasion des grands jalons du projet, dont la mise en service progressive est prévue “à l’horizon 2050” avec les premières descentes de colis radioactifs dans les alvéoles, a ajouté Olivier Dubois, commissaire de l’autorité.- “Lacunes” -Parmi les sujets de vigilance identifiés, certains portent sur la performance des ouvrages de scellement bouchant les galeries souterraines, la vitesse de corrosion des conteneurs métalliques contenant les déchets “haute activité”, la maîtrise du risque d’explosion dans les alvéoles et la maîtrise du risque d’incendie en cas de stockage de colis de déchets bitumés, des boues radioactives conditionnées dans du bitume et qui présentent un risque d’échauffement.”Malgré toutes ces lacunes, vous donnez un avis favorable et vous demandez à l’Andra de faire cette démonstration (de sûreté) plus tard”, y compris quand le projet sera autorisé, s’est étonné le député LFI Maxime Laisney, membre de l’Opecst, en évoquant une situation qui “renforce le sentiment du fait accompli”.En cas de feu vert, l’autorisation d’exploitation débutera par une phase pilote “permettant de conforter le caractère réversible et la démonstration de sûreté de l’installation, notamment par un programme d’essais”, précise la loi. Les nombreux jalons qui restent à passer “seront autant d’occasions de vérifier un certain nombre de points techniques et de revenir vers la société civile en l’informant et la consultant le cas échéant”, a expliqué Pierre Bois à l’AFP.Le site a été pensé pour accueillir les déchets existants et futurs des installations nucléaires déjà autorisées à fin 2016, ce qui comprend notamment les réacteurs actuels d’EDF dont l’EPR de Flamanville, les sites d’Orano (cycle du combustible) et du CEA (recherche), mais pas les déchets des six nouveaux réacteurs dont le gouvernement soutient la construction. Ainsi, toute éventuelle extension de capacité devra faire l’objet d’une nouvelle autorisation.La France a fait le choix d’un stockage dans une couche géologique argileuse profonde, âgée de 160 millions d’années, censée garantir la sûreté du stockage, tandis que la Suède et la Finlande ont opté pour un terrain granitique.

Rain forecasts raise fears in flood-hit Indonesia, Sri Lanka

Rain forecasts on Thursday raised fears of more damage in flood-hit Indonesia and Sri Lanka, after earlier deluges killed more than 1,500 people in four countries.In Indonesia, the weather agency warned the three hard-hit provinces on the island of Sumatra would see “moderate to heavy” rain between Thursday and Friday.The downpour started overnight and while …

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Inquiétude face à de nouvelles pluies prévues en Indonésie et au Sri Lanka

Des pluies attendues jeudi font craindre de nouveaux dégâts en Indonésie et au Sri Lanka, déjà durement touchés par les inondations qui ont fait plus de 1.500 morts dans quatre pays.En Indonésie, l’agence météorologique a averti que les trois provinces de Sumatra les plus touchées connaîtraient des pluies “modérées à fortes” entre jeudi et vendredi.L’agence indonésienne de gestion des catastrophes (BNPB) a actualisé jeudi soir son bilan qui atteint désormais 836 morts et 518 disparus, pour 839.000 habitants déplacés, dont 817.000 pour la seule province d’Aceh, la plus touchée.Le nombre de morts avait été annoncé au-delà de la barre des 800 mercredi soir avant d’être ramené, sans explications, à 776.Au Sri Lanka, le bilan s’établit à au moins 479 morts et plus d’1,5 million de sinistrés, soit la plus grave catastrophe naturelle subie par l’île d’Asie du Sud depuis le tsunami de 2004.Sur la grande île de Sumatra, dans l’ouest du vaste archipel indonésien, la pluie est de nouveau tombée dans la nuit de mercredi à jeudi mais jusqu’à présent à une intensité bien inférieure à celle qui a provoqué des crues soudaines et des glissements de terrain la semaine dernière.Une grande partie de l’Asie est actuellement en pleine saison de la mousson, qui provoque souvent des inondations.Mais deux systèmes météorologiques distincts ont déversé des pluies diluviennes sur l’ensemble du Sri Lanka, sur Sumatra, le nord de la Malaisie voisine et le sud de la Thaïlande la semaine dernière.Selon les experts, le changement climatique engendre des épisodes de pluie plus intenses car une atmosphère plus chaude contient davantage d’humidité, et des températures plus élevées dans les océans peuvent amplifier les tempêtes.En Indonésie, alors que les communications sont coupées dans de nombreuses régions de Sumatra et l’électricité irrégulière, des centaines de milliers d’habitants sont encore hébergés dans des abris temporaires.”Nous avons peur”, a confié Sabandi, une femme de 54 ans, réfugiée dans un abri à Pandan (Sumatra nord). “Nous craignons que si la pluie survient, les inondations reviennent”, a ajouté cette habitante qui ne porte qu’un seul nom.Traumatisée, elle a eu la vie sauve après avoir attendu sur son toit pendant deux jours, bloquée sans eau ni nourriture.”Ma maison était remplie de boue, il y en avait tellement que nous ne pouvions pas entrer”, raconte-t-elle.L’ampleur de la catastrophe à Sumatra rend les opérations de secours difficiles.À Banda Aceh, selon un journaliste de l’AFP, la file d’attente pour faire le plein dans une station-service s’étendait jeudi sur quatre kilomètres.Le gouverneur provincial a conduit un groupe de secours dans la région dévastée d’Aceh Tamiang mercredi soir, livrant 30 tonnes de produits de première nécessité, notamment de l’eau potable, du riz, des nouilles instantanées, des biscuits, des œufs et des médicaments, selon un communiqué.Dans la ville voisine de Langsa, Erni, âgée de 49 ans, a trouvé refuge avec sa famille dans une salle de prière islamique alors que sa maison a été dévastée. Mais elle reste inquiète.”Pour être honnête, nous n’arrivons pas à dormir, nous pensons constamment à ce qui se passerait si une nouvelle inondation survenait”, a-t-elle confié.- Mousson au Sri Lanka -Au Sri Lanka, l’agence météorologique a annoncé que des pluies de mousson devraient arriver à partir de jeudi après-midi sur le nord-est du pays.Les alertes aux glissements de terrain ont été renouvelées pour certaines des régions montagneuses centrales les plus touchées, et les habitants ont été priés de ne pas rentrer chez eux car les pentes saturées pourraient s’effondrer sous l’effet de nouvelles pluies.Mais jeudi, des recherches étaient en cours dans le village d’Hadabima pour retrouver les disparus. Dix-huit corps ont été extraits de six maisons détruites par des glissements de terrain, a déclaré à l’AFP un survivant, VK Muthukrishnan.Six personnes sont toujours portées disparues, a déclaré l’électricien de 42 ans. “Nous ne pouvons plus vivre ici car ce village est désormais un cimetière”, a-t-il dit.Le gouvernement a estimé mercredi à sept milliards de dollars le coût de la reconstruction, dans un pays en phase de fragile reprise depuis la grave crise économique en 2022.burs-sah-sco-ebe/pt

Les droits des enfants hospitalisés en psychiatrie gravement bafoués, alerte la contrôleure des lieux de privation de liberté

Il est urgent de garantir les droits des enfants hospitalisés en psychiatrie, gravement bafoués par l’usage de contention et d’isolement notamment, en créant un “statut du mineur hospitalisé” accompagné d’un plan national de réhabilitation de la pédopsychiatrie, selon la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.La prise en charge actuelle des enfants admis en soins psychiatriques – le plus souvent pour une hospitalisation demandée par les parents ou découlant d’une décision de justice – entraîne “de nombreuses et graves atteintes à leurs droits fondamentaux” (garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant et le Code de la santé publique), estime Dominique Simonnot dans un avis datant du 6 octobre et publié jeudi au Journal officiel.Cinquante-deux mille enfants âgés de 4 à 17 ans étaient hospitalisés en psychiatrie en 2023, selon l’agence technique de l’information sur l’hospitalisatoin (ATIH).  Basé sur de “nombreux signalements” et des visites d’établissements, l’avis appelle à faire “cesser sans délai” les atteintes subies par les enfants ayant besoin de soins de santé mentale, qu’elles résultent d’un “délabrement de certains services hospitaliers” ou de “l’approche inadaptée de certains professionnels”.Pourtant circonscrit par le législateur aux soins sans consentement – très rares pour les enfants, majoritairement hospitalisés pour des “soins libres” -, l’isolement des mineurs fait en effet l’objet d’un “recours massif”.Car un placement de mineur ordonné par un juge ne constitue pas nécessairement une hospitalisation sans consentement. Celle-ci n’est possible que dans deux cas: lorsque les troubles mentaux d’un mineur compromettent la sûreté des personnes ou portent gravement atteinte à l’ordre public, et lorsqu’il a été déclaré irresponsable pénalement, pour cause de trouble mental.Qu’ils soient hospitalisés en soins libres ou sans consentement, les enfants se retrouvent souvent pris en charge selon des modalités “nullement justifiées par leur état clinique”, “par des équipes insuffisamment formées, surchargées ou désemparées”, du fait d’une “grave crise de la pédopsychiatrie”, et souffrent “de nombreuses restrictions à leurs droits”.- “Quasi abandon” de scolarité -Parfois admis, faute de places dédiées, dans des unités pour adultes, ils peuvent être “hébergés à temps complet en chambre d’isolement” – quelquefois dépourvues de bouton d’appel -, “pour de longues durées”, les soignants n’étant “pas en mesure, faute de moyens, de les surveiller et de les protéger des adultes”. Cette privation de liberté est pourtant illégale hors du cadre des soins sans consentement.”Respect rarement assuré” de la volonté des enfants – jamais consultés sur les règles de vie imposées (privation de téléphone portable, rares visites autorisées…)-, absence de protection contre les violences liées à l’hospitalisation avec des adultes, contention, etc.: les atteintes graves aux droits des jeunes patients sont nombreuses. Et l’hospitalisation équivaut à un “quasi abandon” de la scolarité.Si nombre de soignants déplorent ces situations liées à un manque de moyens, matériels et humains, certains arguent du caractère thérapeutique de l’isolement et la contention, ce que ne justifie “aucune donnée probante”, selon la contrôleure. Ils se voilent aussi la face, juge-t-elle, par des “artifices de langage” comme d’appeler “chambre de soins intensifs” une chambre d’isolement, faisant ainsi “passer la contrainte pour un soin”. En visitant des établissements, Dominique Simonnot a notamment trouvé “un enfant de 12 ans isolé une journée entière”, d’autres “subissant des contentions pouvant durer plus d’une journée”, rapporte l’avis.Or “les mesures d’isolement et de contention prononcées à l’égard de mineurs en soins libres ne sont pas soumises au contrôle du juge, dès lors qu’elles ne sont pas censées exister”, et elles ne peuvent pas être contestées par le mineur, dont les droits ne sont de fait “presque jamais garantis”, dit l’avis. Pour remédier à ces graves abus, conclut la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, les pouvoirs publics doivent instaurer un “statut légal du mineur hospitalisé en psychiatrie”, interdire expressément l’isolement et la contention des mineurs et donner aux établissements “les moyens d’offrir” aux enfants “une prise en charge adaptée à leurs besoins médicaux et éducatifs particuliers”.

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“Pas de nourriture”: après les inondations, les habitants de Sumatra face aux pénuries

Nur Apsyah a bravé la chaleur accablante pour faire la queue sous un soleil de plomb à Sumatra, région indonésienne dévastée par les inondations. Mais elle fait partie des rares chanceux qui ont pu obtenir une aide alimentaire.Des centaines de personnes se pressaient mercredi devant un entrepôt, à l’extérieur de Sibolga, ville côtière de Sumatra nord, presque entièrement coupée du monde en raison des dégâts causés aux voies d’accès.”On n’avait jamais vu ça à Sibolga auparavant”, témoigne la jeune femme de 28 ans, attendant avec ses parents tandis que des soldats en treillis militaire maintiennent l’ordre et supervisent la distribution de riz.”Il n’y a plus de nourriture, l’argent est épuisé, il n’y a plus de travail. Comment allons-nous manger ?”, se demande-t-elle, interrogée sur place par une équipe de l’AFP.Au moins 836 personnes ont péri à Sumatra à la suite d’inondations et de glissements de terrain qui ont enseveli des maisons, emporté des ponts et coupé les routes, selon un bilan communiqué jeudi soir par l’Agence de de gestion des catastrophes (BNPB).La ville portuaire de Sibolga, dans le district de Tapanuli central, a échappé aux sinistres les plus importants, mais elle est désormais coupée du monde par les dégâts à sa périphérie.Les habitants viennent s’approvisionner en carburant, en eau et en nourriture dans un entrepôt appartenant à Bulog, une entreprise publique d’approvisionnement alimentaire située en périphérie. Mais les ressources s’amenuisent dangereusement.Nur évoque une situation “d’urgence”, assurant que des supérettes de la ville ont récemment été pillées.”Des gens qui n’auraient pas dû faire ça l’ont fait parce qu’ils ne reçoivent aucune aide des autorités”, ajoute-t-elle.Le ministre indonésien en charge de la Coordination du Développement humain et de la Culture, Pratikno, a déclaré mercredi que la distribution de riz aux habitants s’inscrivait dans le cadre de ses efforts pour “alléger le fardeau de la population”.A Sibolga, ceux qui ont eu la chance de recevoir un peu d’aide doivent tremper leur doigt dans l’encre pour éviter la double distribution.Certains hommes portent des sacs de riz de 50 kilos sur leur dos, tandis que les femmes les portent sur leur tête.Les files d’attente devant l’entrepôt et les pompes à carburant ont commencé à se résorber, mais les prévisions de pluies ont ravivé les craintes de nouveaux dégâts et de pénuries.- Six heures de file d’attente – De nombreux magasins de la ville restent fermés faute d’électricité. Les rares encore ouverts dépendent de générateurs.Sahmila Pasaribu fait partie de ces habitants qui ont passé des heures à la recherche de produits de première nécessité. Mais même si elle avait de l’argent, “il n’y a rien à acheter”.”C’est triste qu’à cause d’une telle catastrophe tout soit devenu rare: le carburant, le riz, l’huile de cuisson”, déplore cette femme de 55 ans.Dans un bureau de la compagnie des eaux appartenant à la municipalité, Sopian Hadi remplit des bidons alors que l’attente s’allonge devant ce rare point d’eau.Il s’y rend régulièrement depuis une semaine car l’eau a été coupée dans sa maison.”Nous avons besoin d’eau pour notre vie quotidienne, c’est notre source de vie”, déclare le propriétaire d’une épicerie, âgé de 30 ans, qui appelle les autorités à agir urgemment.Il n’y a pas que l’eau qui manque, et l’homme d’expliquer qu’il a dû rester dans une file d’attente pendant six heures pour faire le plein de sa moto.Pour autant, Sopian refuse de sombrer: “Je ne suis pas désespéré, car pour survivre, (nous) ne pouvons pas désespérer”.

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L’Union européenne trouve un accord sur une nouvelle génération d’OGM

Les députés européens et les Etats membres de l’UE ont scellé un accord dans la nuit de mercredi à jeudi pour autoriser des plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l’agriculture au sein de l’Union.Qualifiées de “nouveaux OGM” par leurs détracteurs, ces NGT permettent de modifier le génome d’une plante mais sans introduire d’ADN étranger, contrairement aux OGM de première génération.Les semences obtenues par NGT sont donc bien des organismes génétiquement modifiés mais ne sont pas “transgéniques”.Variétés résistantes à la sécheresse ou aux maladies, moins gourmandes en pesticides, blé pauvre en gluten… Les grands syndicats agricoles soutiennent ardemment ces biotechnologies, qui inquiètent les organisations environnementales.Au Parlement, l’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd (PPE, droite), rapporteure de ce texte, s’est réjouie d’une “avancée majeure”.- Changement climatique -“Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d’obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites”, a-t-elle assuré.Le centriste français Pascal Canfin a lui aussi salué une “excellente nouvelle”, avec “davantage de solutions” face aux pénuries d’eau.Le compromis scellé dans la nuit assouplit les règles actuelles pour une partie des NGT, dites de catégorie 1, qui, sous réserve d’un nombre limité de mutations, seront considérées comme équivalentes aux variétés conventionnelles.Les NGT résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides ne seront pas autorisées sur le marché, au nom de la durabilité.Et dans l’agriculture biologique, aucune NGT ne sera autorisée.L’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s’était montrée favorable à l’approche de Bruxelles visant à autoriser une partie des NGT.Plus prudente, l’agence sanitaire française, l’Anses, avait quant à elle préconisé dans un avis de 2024 une évaluation “au cas par cas” des “risques sanitaires et environnementaux” avant toute mise sur le marché.Le débat sur ces biotechnologies est tendu en Europe, où cette technique “d’édition” génomique était jusqu’ici classée dans la catégorie des OGM, tous interdits à la culture, à l’exception du maïs Monsanto 810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal.La simplification des règles était réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, comme par les grands semenciers, au nom de la compétitivité européenne face aux Etats-Unis et à la Chine, qui autorisent les NGT.Le Copa-Cogeca, qui regroupe les syndicats agricoles majoritaires, appelait à “libérer le potentiel” des NGT afin de placer “l’Europe sur un pied d’égalité avec ses principaux concurrents”. – Absence d’étiquetage – Des organisations environnementales et le secteur de l’agriculture biologique dénoncent à l’inverse une pente dangereuse, qui pourrait faire “courir des risques majeurs pour notre agriculture et notre alimentation”, avance l’ONG Pollinis.L’une de ses responsables Charlotte Labauge pointe notamment l’absence d’étiquetage dans les produits finaux, “une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs” selon elle.D’après l’accord, la présence de NGT de catégorie 1 devra figurer sur les sacs de semences achetés par les agriculteurs, mais pas dans l’étiquetage du produit final.Les débats se sont éternisés de longs mois au sein de l’Union européenne sur cette question de la traçabilité ainsi que sur les brevets dont pourront bénéficier ces NGT.Les eurodéputés et certains Etats membres redoutaient que ces brevets viennent déstabiliser le secteur agricole.Des ONG mettent aussi en garde contre une concentration de brevets onéreux aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs.Au Parlement, le socialiste français Christophe Clergeau a critiqué le compromis scellé dans la nuit. “On joue aux apprentis sorciers, on enlève aux consommateurs leur liberté de choix” et “on jette les agriculteurs dans les bras de grands groupes internationaux”, a-t-il affirmé à l’AFP.Cet accord doit désormais être approuvé une dernière fois par les Etats membres et le Parlement européen, pour entrer en vigueur.Entre la phase de test des nouvelles variétés et leur commercialisation, il faudra plusieurs années avant que des aliments produits avec des NGT arrivent dans les assiettes des Européens.

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Bois plutôt que pétrole: le pari d’un industriel face à la crise de la chimie allemande

Johannes Brodowski, un responsable régional d’une forêt de l’Est de l’Allemagne, examine un tas de bois de hêtre fraîchement coupé, destiné à remplacer les énergies fossiles dans des procédés de l’industrie chimique. Un pari écologique dont la rentabilité reste incertaine.Le groupe papetier finlandais UPM, spécialisée dans les biomatériaux, a inauguré durant l’été 2025 une raffinerie de produits biochimiques en Allemagne, un investissement de 1,3 milliard d’euros réalisé sans aide publique.Celui-ci a tout d’un défi, en pleine crise industrielle allemande. La chimie est particulièrement pénalisée par les coûts de l’énergie élevés et les surcapacités mondiales, si bien que la production du secteur, jadis un fleuron, est à son plus bas depuis 1995.Dans la région de Leuna, ancien bastion industriel très pollué de l’ex-RDA, UPM veut démontrer qu’on peut réussir en se sevrant des hydrocarbures grâce à la biomasse, c’est-à-dire en transformant des matières organiques en bioénergie.A partir de procédés innovants mais coûteux, l’entreprise espère convaincre une variété d’industries, en Europe comme en Asie, de verdir.Aujourd’hui, plus de 80% des produits chimiques allemands reposent sur des matières fossiles importées, selon Paul Münnich d’Agora Energiewende, un groupe d’expert de la transition énergétique. – Vestes polaires -Misant sur certaines propriétés du hêtre, UPM a passé un contrat d’approvisionnement avec le Land de Saxe-Anhalt, riche en forêts.Vêtu d’une veste orange fluo, Johannes Brodowski, responsable adjoint des opérations forestières régionales, explique que le groupe finlandais s’intéresse aux branches, moins commercialisées que les troncs et en général incinérées dans les usines.A l’avenir, elles pourront servir à fabriquer “des vestes polaires”, explique le garde forestier qui, ravi de ce nouveau débouché pour la sylviculture, table sur une hausse de 20 à 30% de la production régionale de hêtre.Le bois est transformé au parc chimique de Leuna, qui héberge plus d’une centaine d’entreprises. Ici flotte une odeur d’oeuf pourri caractéristique de cette industrie. Sur le site d’UPM, une autre senteur, plus sucrée, s’échappe d’un bâtiment. A l’intérieur, les copeaux de bois sont traités pour qu’ils éclatent “comme du pop-corn” jusqu’à former une bouillie, mise à fermenter dans d’immenses cuves métalliques, explique Martin Ledwon, vice-responsable de la communication de l’entreprise.A la fin du processus, deux types de produits: d’une part, des liquides utilisés pour fabriquer des vêtements ou des bouteilles, et d’autre part une poudre brune pouvant remplacer le noir de carbone issu d’énergies fossiles, qu’on retrouve notamment dans les pneus.- Décision “courageuse” -Le site espère tourner à plein régime en 2027 avec une production annuelle de 220.000 tonnes de produits chimiques.Ce serait une rare éclaircie en pleine crise de l’industrie chimique allemande, illustrée par la fermeture prochaine, près de Leuna, de deux usines du groupe américain Dow.Mais la rentabilité du projet est incertaine : les investissements et les délais de construction ont plus que doublé, principalement à cause de la pandémie de Covid-19. Ouvrir l’usine a donc été une “décision très courageuse”, juge Harald Dialer, responsable du site. Mais il veut y croire: “Grâce à des chaînes d’approvisionnement locales, nous pouvons être compétitifs et répondre aux besoins des marchés internationaux.”UPM aimerait pouvoir compter sur un coup de main de l’Etat allemand. Mais l’arrivée au pouvoir d’une coalition dominée par les conservateurs du chancelier Friedrich Merz a rangé au second plan les considérations écologiques. Confronté à une économie en berne, le gouvernement mise d’avantage sur la dérèglementation que la durabilité pour accroître la compétitivité industrielle. Harald Dialer admet volontiers qu’au lancement du projet en 2020, le développement durable était “plus au centre du débat”.Le responsable d’UPM avance donc d’autres arguments. Pour lui, le gouvernement et l’UE devraient appuyer l’industrie du Vieux Continent en imposant des quotas aux produits chimiques chinois à bas prix mais plus polluants. Des incitations financières “sont aussi nécessaires pour passer du pétrole fossile à la biomasse durable”, juge de son côté Paul Münnich d’Agora Energiewende.

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Egypte: Sainte-Catherine, haut-lieu de pèlerinage sur le Sinaï, s’inquiète d’un mégaprojet immobilier

Au sommet du Mont Sinaï en Egypte, près de l’endroit où, selon les trois religions du Livre, Dieu a parlé à Moïse, un bruit incessant trouble le silence: l’écho des engins de chantier qui s’affairent en contrebas.L’Egypte boucle sur ces terres isolées du sud du Sinaï un mégaprojet immobilier conçu pour attirer un tourisme de masse dans la bourgade de Sainte-Catherine, haut lieu de pèlerinage, avec son antique monastère orthodoxe, et de randonnées en montagne.Des experts en patrimoine et des habitants accusent les travaux d’avoir déjà abîmé le site, classé réserve naturelle et patrimoine mondial de l’Unesco. Il abrite le plus ancien monastère chrétien continuellement habité au monde et des tribus de Bédouins, désormais inquiets pour leurs terres ancestrales. “La Sainte-Catherine que nous connaissions n’existe plus. La prochaine génération ne connaîtra que ces bâtiments”, se désole un guide expérimenté de la tribu Jabaliya, en pointant un hôtel cinq étoiles, près d’une oliveraie où les bips d’un bulldozer en marche arrière couvrent le chant des oiseaux. Comme plusieurs témoins interrogés par l’AFP sur ce projet d’un budget de près de 300 millions de dollars, baptisé “Grande Transfiguration” ou “Révélation de Sainte-Catherine”, ce guide a demandé l’anonymat par crainte de représailles. “Il faut appeler les choses par leur nom: défiguration et destruction”, gronde John Grainger, ancien gestionnaire d’un projet de développement local piloté par l’Union européenne. La bourgade de maisons en briques rouges parsemée de vergers est désormais envahie d’hôtels – pas encore ouverts -, dont un complexe tentaculaire du groupe Steinberger, avec un centre de conférence et des centaines d’unités d’habitation. En juillet, l’association militante World Heritage Watch a appelé l’Unesco à inscrire le site sur la liste des patrimoines en danger. Mais le mois dernier, l’organisation a élu à sa tête Khaled El-Enany, ancien ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités. C’est pendant son mandat que l’Egypte a lancé le projet et démoli au Caire des pans entiers du cimetière historique de la Cité des Morts – également classé Unesco.- Mutinerie au monastère -A la lisière du mégaprojet, au pied du mont biblique du Sinaï, deux douzaines de moines en habits noirs entretiennent l’antique sanctuaire. En mai, un tribunal égyptien a statué que le monastère se trouvait sur des terres appartenant à l’Etat et que les moines orthodoxes grecs étaient simplement “autorisés à l’utiliser”, déclenchant une querelle diplomatique avec la Grèce et une kyrielle de réactions indignées des patriarcats orthodoxes. L’Egypte a défendu la décision judiciaire qui, selon ses détracteurs, laisse le lieu de culte et ses occupants à la merci du bon vouloir des autorités. En septembre, l’archevêque de Sainte-Catherine a été contraint de démissionner après une mutinerie sans précédent liée à son positionnement pendant la crise. Malgré les tensions, les moines ouvrent chaque matin leurs portes aux visiteurs, principalement des randonneurs levés à l’aube, accompagnés de guides de la tribu Jabaliya. Chaque année, ces Bédouins en tunique traditionnelle accompagnent des centaines de milliers de fidèles et de voyageurs. Ils réclament depuis des décennies de meilleurs services publics et des infrastructures pour sortir leur communauté de la pauvreté. Longtemps marginalisés, ils craignent maintenant que les projets de développement ne se fassent à leurs dépens. – “Pas de place pour nous” -En 2022, des bulldozers ont rasé le cimetière séculaire de la bourgade et des centaines de défunts ont été exhumés.”Ils sont arrivés un jour sans rien dire et ils ont détruit notre cimetière”, confie le guide. Aujourd’hui, le site funéraire sert de parking. Le bureau du gouverneur du Sinaï Sud n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP sur l’impact local du projet.L’Unesco avait demandé en 2023 à l’Egypte “d’arrêter la mise en oeuvre de tout développement”, de réaliser une étude d’impact et d’élaborer un plan de conservation. Cela n’a pas stoppé le chantier, que le gouvernement a déclaré en janvier avoir achevé à 90%. Les responsables gouvernementaux vantent ses avantages économiques et affirment que les décisions ont été prises en consultation avec la communauté. Mais les locaux rencontrés par l’AFP disent avoir été ignorés.”Personne ne sait ce qu’il se passera demain. Peut-être qu’ils nous diront de partir, qu’il n’y a plus de place pour nous”, regrette le guide. “Tu sais qu’ils ont détruit la moitié de ma maison?”, lance, apparemment désinvolte, un septuagénaire à un ami, tant l’information semble devenue banale dans ce grand chantier. Dans tout le pays, nombre de ceux qui ont vu leurs maisons démolies pour de récents projets touristiques, viaducs ou développements immobiliers se plaignent d’insuffisants dédommagements de l’Etat. A Sainte-Catherine, malgré les perturbations des travaux et la flambée des prix, beaucoup espèrent que le tourisme apportera la prospérité.Mais un responsable local exprime des doutes, en désignant un hôtel cinq-étoiles quasiment achevé, par delà les vignes et les cyprès: “ces hôtels sont énormes, les coûts astronomiques. Est-ce qu’ils seront remplis? C’est le vrai problème”.