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Aux abords du Rhin, la délicate réintroduction de tortues d’eau

A peine au contact de l’eau, la petite carapace s’engouffre et disparaît dans les roseaux: des cistudes d’Europe élevées en captivité découvrent les rives sauvages du Rhin, où ces tortues menacées sont progressivement réintroduites.Depuis plus d’une décennie, quelque 500 spécimens de ces reptiles à la peau noire tachetée de jaune ont déjà été lâchés, aussi bien côté Alsace que côté Rhénanie-Palatinat.En ce jour ensoleillé d’octobre, elles ne sont que 20 petites tortues, âgées de trois ans, à plonger vers l’inconnu, à savoir la zone alluviale de Woerr, une ancienne gravière renaturée des bords du Rhin.Le moment est particulièrement “symbolique”, confie Benoît Quintard, directeur du parc zoologique et botanique de Mulhouse, où les spécimens ont été élevés. Car pour la première fois, “des animaux nés côté français sont relâchés côté allemand”, à Neuburg am Rhein.”Cela nous permet d’augmenter la diversité génétique”, souligne Torsten Collet, représentant local de la Fédération allemande des associations environnementalistes (NABU), qui porte le projet dans le Land.”Et c’est le seul moyen de garantir que la population de cistudes d’Europe reste en bonne santé et continue à bien se reproduire ici”.- Ratons laveursCes reptiles aquatiques, également présents à l’état sauvage en milieu méditerranéen, avaient disparu des abords du Rhin il y a un siècle et demi suite à sa canalisation.Un vaste programme de réintroduction transfrontalier, financé côté français par la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), a été lancé en 2013 pour un coût global de plus de 1,3 million d’euros.”La volonté était de recréer des zones humides favorables au retour de la cistude, mais aussi favorables à une multitude d’autres espèces d’amphibiens et d’invertébrés aquatiques qui vont profiter de cette renaturation des sites”, souligne Benoît Quintard.Omnivore, cette tortue doit notamment à terme faire office de prédatrice pour des espèces exotiques envahissantes, comme la moule zébrée ou l’écrevisse calicot, originaire d’Amérique du Nord.Mais le pari n’est pas encore gagné. Jusqu’ici “35 à 40% des spécimens lâchés survivent”, souligne Jean-Yves Georges, directeur de recherche au CNRS à Strasbourg.D’abord parce que le reptile, qui mesure jusqu’à 20 cm à l’âge adulte et peut vivre de 60 à 80 ans, n’atteint sa maturité sexuelle qu’à partir de dix ans, ce qui rend le processus de reconstitution des populations particulièrement long.Et si des reproductions ont bien été actées, “il est clair qu’elles ne compensent pas la mortalité qu’on observe par exemple par la prédation du raton laveur”, nouvelle espèce exotique très friande de jeunes cistudes, qui s’est récemment jointe aux autres prédateurs traditionnels que sont les renards ou les grands échassiers, y compris les cigognes.- “Enormément de fierté”A ce stade, l’écrevisse calicot, quant à elle, consomme les proies de la tortue, qui se nourrit beaucoup d’invertébrés (insectes, vers) et de plantes, et réduit ainsi ses ressources alimentaires.”Donc, on a une population qui malheureusement est prise en sandwich et qui a globalement peut-être un peu de mal à s’en sortir”, reconnaît Jean-Yves Georges, dont les équipes surveillent méticuleusement l’évolution du programme.Les individus, identifiés par une puce électronique, sont régulièrement recapturés pour permettre un suivi précis de leur croissance, déplacements et reproduction.Il est trop tôt pour dire si l’opération réussira dans la durée, dit-il, et peut-être que d’autres réintroductions seront nécessaires à l’avenir pour assurer la pérennité de l’espèce. A Neuburg, Clément Creton est venu participer au relâchage des 20 cistudes qu’il a contribué à élever depuis trois ans.”Personnellement, c’est la première fois que je vis cela”, confie le jeune soigneur animalier du zoo de Mulhouse, disant ressentir “énormément de fierté”.”C’est pour ça qu’on fait ce métier (…) pour pouvoir réintroduire des espèces en danger dans leur milieu naturel”.

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Le méga ouragan Melissa s’apprête à toucher terre en Jamaïque

Le puissant ouragan Melissa s’apprête mardi à toucher de plein fouet la Jamaïque et pourrait provoquer des dégâts considérables dans le petit pays des Caraïbes, qui se prépare à affronter la pire tempête de son histoire.Avec des vents soutenus atteignant désormais les 295 kilomètres par heure, l’ouragan de catégorie 5, soit la plus élevée de l’échelle de Saffir-Simpson, continue de se renforcer à l’approche de l’île où il doit toucher terre incessamment.Il est désormais plus puissant que l’ouragan Katrina qui avait ravagé il y a 20 ans la Nouvelle-Orléans et fait plus de 1.000 morts.”C’est votre dernière chance de sauver votre vie (…) mettez-vous à l’abri immédiatement”, a exhorté le Centre national américain des ouragans (NHC) alors que des inondations sont déjà en cours par endroits et que des coupures d’électricité sont recensées, notamment dans la capitale Kingston.”Ce n’est pas le moment d’être courageux”, a lancé le ministre des Collectivités territoriales Desmond McKenzie, tandis que sur X, la star jamaïcaine du sprint Usain Bolt enjoignait à ses compatriotes de “rester en sécurité”.Les autorités météorologiques ont prévenu que la situation allait s’empirer, avec des bourrasques “potentiellement mortelles”, des inondations côtières sévères et des pluies diluviennes qui pourraient provoquer des “glissements de terrain catastrophiques”.L’ouragan a déjà fait trois morts en Haïti et un en République dominicaine, trois autres personnes étant décédées en Jamaïque alors qu’elles se préparaient à son arrivée.Le dernier ouragan majeur à avoir frappé le pays est Gilbert, en septembre 1988. Moins puissant que Melissa, il avait fait 40 morts et causé d’énormes dégâts.- Refus d’évacuer -Depuis, l’île a été touchée par d’autres tempêtes, dont l’ouragan Béryl l’an passé, dont les stigmates sont toujours visibles.Malgré ces précédents et des prévisions inquiétantes, de nombreux habitants refusent d’évacuer.”Même s’il était de catégorie 6, je ne bougerais pas”, a expliqué lundi Roy Brown, plombier-carreleur, rencontré par l’AFP à Port-Royal, petite bourgade côtière près de la capitale Kingston. Selon lui, beaucoup de gens ont gardé de mauvais souvenirs des abris anti-ouragans proposés par les autorités.Plus de 800 lieux ont été recensés comme refuges possibles. Le NHC a recommandé aux personnes n’ayant pas pu les rejoindre de se réfugier dans une pièce sans fenêtres, de se “couvrir avec un matelas” ou de porter un casque.Selon la Croix-Rouge, au moins 1,5 million de personnes, sur les 2,8 millions d’habitants de l’île, pourraient être touchées par Melissa.Le Premier ministre Andrew Holness a mis en garde lundi contre le risque de dégâts majeurs dans l’ouest du pays, où selon lui les infrastructures pourraient ne pas résister.- Glissements de terrain -L’inquiétude est d’autant plus grande que des glissements de terrain se sont déjà produits, certaines zones ayant reçu des précipitations importantes ces dernières semaines, a expliqué lundi à l’AFP Esther Pinnock, chargée de communication à la Croix-Rouge pour la Jamaïque.Or, “l’eau tue beaucoup plus de personnes que le vent”, rappelle auprès de l’AFP le météorologue Kerry Emanuel, qui insiste sur le rôle joué par le changement climatique.En réchauffant les mers, il entraîne l’intensification rapide d’un plus grand nombre de tempêtes, comme ce fut le cas pour l’ouragan Melissa.De fausses vidéos générées par l’intelligence artificielle ont envahi les réseaux sociaux, minimisant ou aggravant les risques, conduisant les autorités jamaïcaines à appeler la population à la plus grande prudence.L’ouragan doit toucher Cuba tôt mercredi. Les autorités ont fermé des écoles et commencé à évacuer des habitants, alors que le manque d’électricité freine la  diffusion des messages d’alerte.Continuant sa route vers le nord, l’ouragan pourrait ensuite toucher le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.burs-cha/ev

Chômage: derrière la hausse, les effets de la réforme de France Travail

Le nombre de chômeurs en France a augmenté au troisième trimestre en raison de l’inscription de nouveaux publics à France Travail et d’un changement de règles pour les radiations, mais, sans ces effets, il est orienté à la baisse, selon les chiffres officiels.Ces chiffres, publiés mardi, mettent donc en lumière des tendances contradictoires en fonction de l’interprétation qui en est faite, le gouvernement y voyant “une situation positive pour le marché du travail” malgré le contexte économique et budgétaire tendu, tandis que la CGT y lit “un chômage qui repart à la hausse”.Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégorie A (aucune activité) a ainsi augmenté de 1,6% au troisième trimestre 2025 par rapport au deuxième, et de 7,6% sur un an, rapporte le département des études du ministère du Travail (Dares).Le nombre de chômeurs de cette catégorie s’élevait en moyenne cet été à 3,26 millions.Ce chiffre tient compte de l’inscription automatique, depuis janvier, d’allocataires du RSA et de jeunes en parcours d’insertion. Sans ces nouveaux inscrits, le nombre de chômeurs de catégorie A aurait augmenté de seulement de 0,7% sur le trimestre et de 6,3% sur un an, indique la Dares.La hausse s’explique aussi par une baisse du nombre de radiations en raison d’un nouveau régime de sanctions entré en vigueur début juin. En moyenne, le nombre de radiations est ainsi tombé à 2.000 par mois au troisième trimestre, contre 45.000 par mois au premier trimestre 2025.Sans changement des règles de radiations, malgré les plans sociaux et les hésitations des employeurs à embaucher, le nombre d’inscrits au troisième trimestre 2025 aurait ainsi diminué 1% pour la catégorie A, selon le ministère, pour lequel “ce sont ces évolutions qui reflètent le mieux la situation conjoncturelle du marché du travail”.- “thermomètre perturbé” -Pour l’ensemble des trois catégories de chômeurs tenues de chercher un emploi (A,B et C), dont certains exercent une activité réduite, le nombre de chômeurs a progressé de 1,5% sur le trimestre et de 5,3% sur un an. Leur nombre s’élève à 5,7 millions.Cette hausse est réduite à 0,8% sur le trimestre et à 4% sur un an en retranchant les nouveaux publics. Enfin, sans tenir compte de la baisse des radiations, l’évolution pour l’ensemble des trois catégories serait orientée à la baisse au troisième trimestre, de 0,3%.”Correction faite des effets méthodologiques, on constate une baisse du nombre des demandeurs d’emploi”, se réjouit ainsi auprès de l’AFP le ministère du Travail, pour qui le “marché du travail reste solide et la dynamique de l’emploi préservée”.Beaucoup plus prudent, le directeur du département Analyses et prévision de l’OFCE Eric Heyer constate que “le thermomètre est perturbé par une mesure qui fait qu’on a moins de radiations”.Donc “pour comprendre, il faut retrancher d’un côté, de l’autre, je trouve ça très fragile”, a commenté l’économiste qui relève aussi une “file d’attente” de 867.000 nouveaux inscrits (les allocataires du RSA et les jeunes en insertion) qui, neuf mois après la mise en œuvre de la loi Plein Emploi, ne se résorbe que très lentement.”Le fait que ça fasse trois trimestres à des niveaux élevés, ça montre bien que France Travail n’a pas beaucoup de moyens pour recevoir” ces nouveaux publics, dit encore Eric Heyer.Dans un communiqué, la CGT dénonce de son côté la hausse du chômage , dont les jeunes sont “les premières victimes”.Selon la Dares, le chômage des moins de 25 ans, qui frappe environ un jeune sur cinq, a progressé sur le trimestre de 6,8% pour la catégorie A et de 4,4% pour les catégories A,B et C. Sur un an, il a bondi de 29,8% pour ceux sans aucune activité et de 19,5% en incluant l’activité réduite.Le 13 novembre, l’Insee publiera un autre indicateur: le taux de chômage pour le 3e trimestre, calculé sur la base d’une enquête permettant les comparaisons internationales. Au 2e trimestre, il était de 7,5%.

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Climat: la CEDH rejette un recours contre la Norvège

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté mardi un recours contre la Norvège au nom de la lutte contre le changement climatique, dans le cadre de la délivrance en 2016 de permis pétroliers dans l’Arctique.Ce jugement constitue un revers pour les défenseurs de la cause climatique, après l’arrêt rendu en 2024 contre la Suisse, accusée d’inaction face aux bouleversements du climat.Dans son arrêt de mardi, l’institution, basée à Strasbourg, estime qu’il n’y a pas eu violation de l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne des droits de l’homme.La CEDH avait été saisie il y a quatre ans par six jeunes militants norvégiens, ainsi que les branches locales des ONG de défense de l’environnement Greenpeace et Jeunes amis de la Terre.Les plaignants avaient aussi invoqué l’article 2 (droit à la vie) mais la cour n’a pas jugé “nécessaire” d’examiner leur requête sur ce point.Selon eux, l’Etat, avant d’accorder ces licences, “n’a pas procédé à une étude d’impact environnemental des effets potentiels de l’extraction pétrolière sur les obligations de la Norvège en matière d’atténuation du changement climatique”.L’arrêt reconnaît à ce sujet que “l’évaluation des incidences réalisée lors des processus ayant abouti à la décision de 2016 n’était pas réellement exhaustive”.Un point salué par Sigrid Hoddevik Losnegård, vice-présidente de Jeunes Amis de la Terre Norvège, satisfaite que “la Cour ait conclu que l’Etat doit évaluer les émissions globales liées à la combustion d’hydrocarbures avant d’approuver un nouveau champ pétrolier”.”Cela aura des conséquences importantes sur la façon dont on gère les activités pétrolières en Norvège”, a-t-elle déclaré à l’AFP.- Bras de fer judiciaireEn revanche, la CEDH n’a pas retenu l’argument selon lequel Oslo a omis de remplir son “obligation de protéger effectivement les individus contre les effets néfastes graves du changement climatique sur leur vie, leur santé, leur bien-être et leur qualité de vie”.Premier producteur de pétrole et de gaz d’Europe occidentale, la Norvège est régulièrement mise en cause pour son exploitation des hydrocarbures, source de prospérité mais aussi de dérèglement climatique.”La Cour établit clairement que nous ne violons pas les droits de l’homme”, s’est félicité le ministre norvégien de l’Energie Terje Aasland dans un courriel à l’AFP.L’Etat se contente “de chiffrer les émissions” générées par la combustion des hydrocarbures, mais sans se pencher sur leurs “conséquences concrètes (…), à savoir combien de gens en plus vont mourir, combien de glace en plus va fondre, combien d’événements météorologiques extrêmes en plus va-t-on avoir à cause d’elles”, a critiqué de son côté Frode Pleym, leader de Greenpeace Norvège.Cette décision est le point d’orgue d’une longue bataille judiciaire. Le 10 juin 2016, le ministère de l’Énergie norvégien accorde à 13 sociétés privées, parmi lesquelles le champion national Statoil (rebaptisé depuis Equinor), les américains Chevron et ConocoPhillips et le russe Lukoil, 10 licences d’exploration sur le plateau continental norvégien.S’appuyant à l’époque sur l’Accord de Paris qui vise à limiter à moins de 2°C le réchauffement climatique, les ONG font appel à la justice locale, jugeant cette attribution contraire à l’article 112 de la Constitution garantissant à chacun le droit à un environnement sain. A chaque fois, les tribunaux tranchent en faveur des autorités.- Précédent suisse -Les plaignants se tournent alors vers la CEDH, dont la mission de protéger les droits fondamentaux en Europe. Entre-temps, aucun gisement de gaz potentiellement rentable n’ayant été découvert, les sociétés ont restitué les licences. En 2024, la cour a rendu un arrêt historique en condamnant pour la première fois un Etat pour son manque d’action face au changement climatique, en l’occurrence la Suisse, poursuivie par une association.Cette décision est appelée à faire jurisprudence dans les 46 Etats membres du Conseil de l’Europe.Et en juillet, la Cour internationale de justice (CIJ) a adopté un avis consultatif stipulant que les Etats qui violent leurs obligations climatiques commettent un acte “illicite” et pourraient se voir réclamer des réparations par les pays les plus affectés.La CIJ avait particulièrement visé l’octroi de permis d’exploration ou de subventions pour les combustibles fossiles.

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Déjà trois morts en Jamaïque à l’approche du très puissant ouragan Melissa

L’ouragan Melissa, qui pourrait être le plus violent à toucher terre en Jamaïque et a déjà fait plusieurs morts, a commencé mardi à frapper le pays caribéen avec son lot d’inondations et de glissements de terrain.Avec des vents soufflant jusqu’à 280 kilomètres par heure, l’ouragan de catégorie 5, la plus élevée dans l’échelle de Saffir-Simpson, est déjà responsable de trois décès en Jamaïque, trois en Haïti et un en République dominicaine.”Ne sortez pas”, insiste le centre national américain des ouragans (NHC), qui anticipe des bourrasques “potentiellement mortelles”, des inondations et des ravages d’une ampleur comparable à ceux causés par les ouragans Maria en 2017 ou Katrina en 2005, à Porto Rico et à La Nouvelle-Orléans.Au moins 1,5 million de personnes, sur les 2,8 millions d’habitants de l’île, pourraient être touchées, selon la Croix-Rouge. “Mais ce chiffre est largement sous-estimé (…). L’ensemble de la population pourrait en subir les conséquences d’une manière ou d’une autre”, a déclaré mardi Necephor Mghendi, chef de délégation à la Fédération internationale de la Croix-Rouge, en conférence de presse à Genève.Selon les autorités jamaïcaines lundi, trois personnes ont été tuées alors qu’elles se préparaient en coupant des branches et en travaillant sur des échelles. Les ports et l’aéroport international ont été fermés.S’il ne perd pas en intensité, il s’agira de l’ le plus puissant à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques.Le Premier ministre Andrew Holness a alerté sur des risques de dégâts majeurs dans l’ouest du pays. “Je ne pense pas qu’une seule infrastructure de cette région puisse résister”, a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants à évacuer les zones les plus à risques.- Refus d’évacuer -Mais de nombreux habitants refusent. “Je ne veux tout simplement pas partir”, explique Jennifer Ramdial, une pêcheuse rencontrée lundi à Port-Royal, petite bourgade côtière près de la capitale Kingston. “Même s’il était de catégorie 6, je ne bougerais pas”, a abondé Roy Brown, plombier-carreleur.Selon lui, beaucoup ont gardé de mauvais souvenirs des abris anti-ouragans proposés par les autorités. Selon le Premier ministre, 881 abris sont ouverts dans l’île.De fausses vidéos générées par l’intelligence artificielle minimisant l’ouragan ont par ailleurs envahi les réseaux sociaux, a constaté lundi l’AFP, avec des habitants faisant la fête ou du jet ski. “Je vois toutes ces vidéos circuler. Beaucoup d’entre elles sont fausses”, a regretté Dana Dixon, ministre de l’Information.”Il y a ces casse-cou qui préfèrent rester avec leurs biens. Nous leur souhaitons bonne chance”, a commenté pour sa part à l’AFPTV Esther Pinnock, responsable de la communication pour la Croix-Rouge en Jamaïque.A Saint-Thomas, dans l’est, une soixantaine de personnes étaient réfugiées dans l’école primaire, a constaté l’AFP.Melissa doit provoquer mardi une submersion marine pouvant atteindre quatre mètres, menaçant d’inondations le littoral sud de la Jamaïque, ainsi que des pluies torrentielles dans les terres, a prévenu Michael Brennan, directeur du NHC.”Tout le monde en Jamaïque doit être désormais dans un endroit sûr, afin d’y rester le temps que la tempête passe”, a-t-il prévenu.- Changement climatique -L’ouragan évolue à une vitesse très basse, de 4 km/h. Pluies et vents puissants pourraient donc s’éterniser. La tempête “est lente et large, donc toutes les zones de l’île devraient ressentir un certain impact”, souligne Esther Pinnock, évoquant déjà quelques incidents de glissements de terrain.D’autant que les sols étaient déjà lourds, gorgés d’eau après les pluies des semaines précédentes, aggravant les risques de glissements de terrain.Pour le climatologue Daniel Gilford, le changement climatique aggrave par ailleurs “tous les aspects les plus néfastes” de l’ouragan.”Il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique”, a-t-il assuré à l’AFP.Le dernier ouragan majeur à avoir touché terre en Jamaïque était Gilbert, en septembre 1988, tuant 40 personnes et faisant d’énormes dégâts.L’ouragan devrait toucher Cuba tôt mercredi. Les autorités ont fermé des écoles et commencé à évacuer des habitants, alors que le manque d’électricité freine la bonne diffusion des messages d’alerte.Continuant sa route vers le nord, l’ouragan pourrait ensuite toucher le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.burs-cha-ube-dla/bfi

Cyberharcèlement de Brigitte Macron: à la barre, Zoé Sagan défend le droit à “la satire”

Aurélien Poirson-Atlan, connu sous le pseudonyme de Zoé Sagan, l’un des principaux prévenus accusés d’avoir cyberharcelé Brigitte Macron, cible d’une infox l’accusant d’être une femme trans, a revendiqué mardi au deuxième jour du procès le droit à “la satire”, qu’il considère comme “l’ADN du pays”.Les réquisitions contre les dix prévenus, âgés de 41 à 65 ans, jugés depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, sont attendues en fin de journée. Le jugement devrait ensuite être mis en délibéré.Cette riposte judiciaire en France, doublée d’une plainte aux États-Unis, intervient après quatre ans de polémiques et de rumeurs qui n’ont cessé d’enfler, largement relayées par les réseaux complotistes et d’extrême droite.Le compte X de M. Poirson-Atlan, 41 ans, supprimé depuis, a fait l’objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes d’extrême droite, ce qu’il a réfuté avec force à la barre.Zoé Sagan est un “personnage de fiction”, a expliqué le publicitaire, costume bleu cintré, une “intelligence artificielle féminine” “instigatrice d’un nouveau genre littéraire.”L’écart d’âge entre les époux Macron est considéré comme un “crime sexuel” par Zoé Sagan, une “pédophilie cautionnée par l’Etat” sur la plateforme d’Elon Musk.Outre ses propos visant Brigitte Macron, le publicitaire est connu pour avoir diffusé les vidéos à caractère sexuel du macroniste Benjamin Griveaux, qui avait dû renoncer en février 2020 à briguer la mairie de Paris.Toujours selon lui, Candace Owens est un “phénomène de société”, “une dinguerie” qui sera “étudiée dans les écoles de journalisme”.Le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d’extrême droite, auteure d’une série de vidéos vue plusieurs millions de fois, intitulée “Becoming Brigitte” (“Devenir Brigitte”).Plusieurs personnes jugées à Paris ont relayé les publications virales de l’Américaine, se réjouissant de voir “l’affaire Brigitte” s’internationaliser.Absente du procès, l’épouse du chef de l’Etat a indiqué aux enquêteurs que la rumeur avait eu “un très fort retentissement” sur son entourage et sur elle-même, rapportant que ses petits-enfants entendaient dire que “leur grand-mère est un homme”. Sa fille est attendue mardi à la barre.M. Poirson-Atlan a été applaudi à la fin de son passage à la barre.Lundi, plusieurs prévenus – courtier, professeur de sport ou informaticien – ont exprimé leur surprise d’avoir à répondre de publications “satiriques”, relevant selon eux de la liberté d’expression. La médium, Delphine J., connue sous le pseudo d’Amandine Roy, a souhaité exercer son droit au silence à la barre, expliquant qu’elle s’était déjà longuement “exprimée”.La Bretonne de 51 ans est l’autrice d’une vidéo virale publiée en 2021 affirmant que Brigitte Macron n’aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris son identité après une transition de genre.Vue plus de quatre millions de fois et depuis retirée de la plateforme, elle a largement contribué à amplifier la rumeur, selon les dires de Brigitte Macron rapportés par le président du tribunal.   

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Climat: des plans très loin de la bonne trajectoire pour respecter l’accord de Paris

Les plans climatiques élaborés par les pays du monde devraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de seulement “environ 10% d’ici 2035” selon un calcul de l’ONU publié mardi, qui reste très partiel en raison du retard d’une centaine de pays à publier leurs feuilles de route.Le Giec – les scientifiques mandatés par les Nations unies sur le climat – estime que les émissions doivent baisser de 60% à cet horizon, par rapport à 2019, pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à la période préindustrielle, le but le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.Mais le rapport de synthèse des engagements climatiques des pays à l’horizon 2035, publié à neuf jours du sommet de dirigeants du monde les 6 et 7 novembre à Belem au Brésil avant la COP30, montre que le monde n’est pas du tout sur la bonne trajectoire.Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a anticipé la semaine dernière en soulignant que “nous ne parviendrons pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C dans les prochaines années”.L’ONU a évalué les plans nationaux déposés à l’heure, à fin septembre, qui fixent un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et détaillent les moyens d’y parvenir. Mais plus d’une centaine manquent à l’appel, dont celui de l’Union européenne (UE), qui n’a fourni qu’une fourchette indicative, ou de la Chine, qui ne l’a pas formalisé à temps.L’ONU n’a donc pu inclure que les données de 64 pays dans sa synthèse et est incapable d’actualiser la trajectoire de réchauffement du monde, estimée l’an dernier à 2,1-2,8°C d’ici à la fin du siècle.Les données compilées, qui reflètent les engagements de pays représentant moins d’un tiers des émissions mondiales, “donnent une image assez limitée”, reconnaît Simon Stiell, le secrétaire exécutif de l’ONU Climat.- “Loin d’être suffisant” -Pour avoir une image plus complète, l’ONU a fait des calculs incluant les lettres d’intention de la Chine ou de l’UE. Mais aussi l’engagement américain dévoilé par Joe Biden, avant le retour de Donald Trump, qui est complètement caduc… ce qui rend le calcul mondial très fragile.”Cette image plus large, bien qu’encore incomplète, montre que les émissions mondiales devraient baisser d’environ 10% d’ici 2035″, indique Simon Stiell.”L’humanité est clairement en train d’infléchir la courbe des émissions à la baisse pour la première fois, même si cela reste encore loin d’être suffisant”, a-t-il souligné.Ces conclusions nourriront les vifs débats de la COP30, la grande conférence annuelle de l’ONU pour laquelle des pays européens et petites îles exposées aux ravages climatiques exigent que la question de la baisse des émissions, et donc des énergies fossiles, soit débattue.Le groupe des petits Etats insulaires (Aosis) a qualifié mardi d'”alarmante” l’absence de nouvelles cibles de la part de certains grands pays et estimé que la lenteur des progrès devrait représenter une “onde de choc pour chaque citoyen”. Avec un climat déjà en moyenne 1,4°C plus chaud aujourd’hui, de nombreux scientifiques estiment désormais que le seuil de 1,5°C sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, l’humanité continuant à brûler toujours plus de pétrole, de gaz fossile et de charbon.”La science est tout aussi claire: les températures peuvent et doivent absolument être ramenées à 1,5°C le plus rapidement possible après tout dépassement temporaire, en accélérant considérablement le rythme sur tous les fronts”, a insisté Simon Stiell.  Il est en effet théoriquement possible de dépasser de quelques dixièmes le seuil de 1,5°C puis d’y redescendre plus tard en absorbant des quantités industrielles de CO2 dans l’atmosphère, de manière naturelle (forêts) ou en ayant recours à des technologies de captage, aujourd’hui marginales et peu matures.Une solution risquée et dangereuse: un dépassement même temporaire entraînerait des “conséquences irréversibles”, ont mis en garde des scientifiques dans une vaste étude publiée l’an dernier dans Nature.

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Pluies record dans le centre du Vietnam: des milliers de personnes évacuées

Des milliers de personnes ont été évacuées au Vietnam après des pluies diluviennes record de plus d’un mètre en 24 heures qui ont submergé la ville de Hué, dans le centre du pays, a annoncé mardi le ministère de l’Environnement.Tandis que des habitants portant des capes de pluies pataugent dans des eaux allant parfois jusqu’à la taille, d’autres circulent à bord de petits bateaux dans les rues inondées de l’ancienne cité impériale avec ses monuments classés au patrimoine mondial de l’Unesco.De 19H00 dimanche à 19H00 (12H GMT) lundi, trois stations d’observation ont mesuré 1,7 mètre, 1,1 mètre, et plus d’un mètre de pluie à Hué, a indiqué le ministère dans un communiqué. L’ancien record, 99 centimètres, avait été établi en 1999.Plus de 8.600 personnes dans quatre régions ont été évacuées depuis samedi en raison de risques de graves inondations et glissements de terrain, d’après le ministère.”C’est la plus grande inondation que j’ai vécue, avec des niveaux d’eau dans ma maison d’à peu près 40 centimètres plus élevés que ceux de 1999″, a déclaré Tran Anh Tuan, un résident de Hué âgé de 56 ans. “Mon rez-de-chaussée est sous environ deux mètres d’eau. Nous avons déplacé tous les meubles importants à l’étage. Nous sommes dans le noir depuis plus d’une journée car l’électricité a été coupée”, ajoute M. Tuan auprès de l’AFP depuis sa maison de trois étages dans le centre de Hué.Les autorités de Hué ont prévenu les résidents que la pluie et les inondations pourraient durer jusqu’à vendredi.- Risque “au niveau le plus élevé” -Dans la ville historique de Hoi An, située non loin de Hué, des touristes ont été photographiés par les médias d’Etat circulant dans des rues étroites à bord de bateaux, et des journalistes de l’AFP ont pu observer les autorités évacuer plusieurs personnes des zones fortement inondées. Tôt mardi matin, de fortes pluies ont provoqué un énorme glissement de terrain de boue rouge sur environ trois kilomètres dans la province côtière de Quang Ngai, à environ 200 km au sud de Hué, isolant environ 1.700 personnes et endommageant les cultures, ont précisé les autorités locales.”Le niveau de risque de catastrophes naturelles dû aux crues soudaines et aux glissements de terrain est au niveau le plus élevé”, a déclaré Mai Van Khiem, directeur du Centre National de Prévisions Hydro-Météorologiques, dont les propos sont rapportés sur un site web gouvernemental, qui précise que davantage de pluies sont prévues jusqu’à mercredi.Des écoles sont restées fermées dans les villes de Hué et Danang depuis samedi, tandis que la voie ferrée reliant le nord et le sud du pays a connu des retards en raison des inondations.Selon les scientifiques, le réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus meurtriers et plus destructeurs.Pour chaque degré supplémentaire, l’atmosphère peut contenir 7% d’humidité en plus, préviennent-ils.Début octobre, le nord du Vietnam s’était déjà retrouvé sous de fortes inondations après le passage des typhons Bualoi et Matmo. Les catastrophes naturelles, et principalement les tempêtes, les inondations et les glissements de terrain, ont provoqué la mort ou la disparition de 187 personnes dans ce pays d’Asie du Sud-Est au cours des neuf premiers mois de l’année.

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Très puissants et très lents, les ouragans comme Melissa sont plus fréquents

Alimentée par les eaux anormalement chaudes des Caraïbes, la tempête Melissa s’est muée en ouragan de catégorie 5 ne se déplaçant qu’à toute petite vitesse, une combinaison qui pourrait amplifier ses effets, entre vents virulents et pluies diluviennes.Les scientifiques expliquent que des tempêtes qui s’intensifient rapidement tout en stagnant sont en augmentation alors que le climat se réchauffe. – “Marqueur du changement climatique” -D’une tempête tropicale accompagnée de vents soufflant à un peu plus de 110 kilomètres par heure, Melissa est classée en l’espace de 24 heures en ouragan de catégorie 4, avec des vents de 225 km/h. Puis elle s’est encore renforcée en catégorie 5, soit le niveau maximum de l’échelle de Saffir-Simpson.Sur les cinq ouragans de l’Atlantique cette saison, quatre se sont intensifiés de cette manière spectaculaire. “Nous n’avons pas eu tellement d’ouragans dans l’Atlantique cette saison, mais une proportion inhabituelle d’entre eux est passée par une phase d’intensification assez rapide”, déclare à l’AFP Kerry Emanuel, météorologue et climatologue au MIT. Il est difficile d’établir un lien de cause à effet entre le changement climatique et les événements en particulier, mais les scientifiques sont plus confiants lorsqu’il s’agit de tendances.”Pris dans leur ensemble, on pourrait très bien avoir affaire à un marqueur du changement climatique”, poursuit-il. Des températures de surface de la mer plus chaudes injectent plus d’énergie dans les tempêtes, leur donnant du carburant supplémentaire. Mais il faut nuancer: c’est en fait la différence de température entre l’eau et l’atmosphère qui détermine la force potentielle d’un ouragan.”Ce réchauffement atmosphérique tend à réduire l’intensité, et le réchauffement de la température de surface de la mer tend à augmenter l’intensité”, explique à l’AFP David Gilford, scientifique à l’organisation à but non lucratif Climate Central. En général, “la température de surface de la mer l’emporte” dans la détermination de la puissance des tempêtes.Melissa est passée au-dessus d’eaux plus chaudes de 1,4 °C du fait du changement climatique, selon une première analyse de Climate Central – des températures rendues au moins 500 fois plus probables par le réchauffement causé par l’homme.- “Situation terrifiante” -Qui dit océans plus chauds dit aussi tempêtes plus humides. “Nous estimons qu’il y aura entre 25 et 50% de précipitations supplémentaires lors d’une tempête comme Melissa en raison du changement climatique”, juge David Gilford. Facteur aggravant, la tempête avance lentement, à 4,8 km/h. L’ouragan devrait déverser entre 50 et 63 centimètres de pluie sur certaines parties de la Jamaïque.Jill Trepanier, experte en climatologie des ouragans à l’Université d’Etat de Louisiane, évoque la dangerosité des tempêtes comme Melissa. “Il peut s’agir d’ondes de tempête prolongée. Il peut s’agir de précipitations abondantes sur une période prolongée, et le bassin versant ne peut pas le supporter. Il peut s’agir de la vitesse extrême du vent sur une longue période de temps. La plupart des infrastructures ne peuvent pas le supporter”, dit-elle à l’AFP. “Il peut s’agir d’une combinaison des trois éléments”.La scientifique a rédigé un rapport l’année dernière sur les tempêtes stagnantes, relevant que ce type d’événements dans les Caraïbes se produit généralement en octobre, près des côtes. En principe, les tempêtes stagnantes se meurent à mesure qu’elles aspirent de l’eau froide des profondeurs de la mer. Melissa sort de l’ordinaire car elle s’est intensifiée en stagnant au même endroit – un signe que l’eau était si chaude, et la chaleur était si profonde, qu’elle a évité cet effet d’autodestruction habituel.”C’est une situation un peu terrifiante”, constate Mme Trepanier.Selon James Kossin, ancien climatologue de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), les données montrent clairement que le nombre de tempêtes stagnantes augmente. Un facteur d’explication possible est “l’amplification arctique” – quand le réchauffement climatique réduit la différence de température entre les basses et hautes latitudes de la planète, ce qui affaiblit les vents faisant normalement avancer les ouragans.Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer un lien de causalité, reconnaît-il.