AFP Top News

Protection des océans: l’UE affiche ses ambitions, avant le sommet de l’ONU

Lutte contre la pollution et la pêche illégale, développement de réserves de carbone : l’Union européenne a présenté jeudi sa stratégie pour mieux protéger les océans et veut afficher son “leadership” avant un grand sommet de l’ONU à Nice la semaine prochaine.”L’océan se réchauffe. Son niveau s’élève. Il s’acidifie. La pollution par les plastiques, les produits chimiques et le bruit altère les écosystèmes marins (…). Il est urgent d’agir”, a souligné le commissaire européen Costas Kadis.Ce “pacte” européen sur l’océan ne constitue pas un big bang mais prévoit un renforcement des règles dans les années qui viennent.Pour mieux protéger la biodiversité, la Commission proposera d’ici à 2027 aux eurodéputés une loi sur les océans, via la révision de législations actuelles sur les milieux marins et la planification des activités maritimes.Cette future loi est une “première victoire”, a réagi l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau.Bruxelles promet aussi la création de “réserves européennes de carbone bleu” aux contours encore flous. L’UE souhaite cartographier et étendre des écosystèmes marins capables de davantage capter le CO2.- “Sentiments mitigés” des ONG -Les organisations environnementales ont fait part de “sentiments mitigés” après les annonces de l’UE. Certaines saluent le “signal” en faveur de la protection des océans, d’autres fustigent l’absence d’actions de court terme. Dans les aires marines protégées, des ONG comme Oceana et Surfrider réclament l’interdiction immédiate du chalutage de fond, une technique de pêche critiquée pour son impact écologique destructeur.  Mais ce sujet, très sensible pour les pêcheurs, divise les forces politiques. Et la Commission s’en tient à une simple recommandation, appelant à mettre fin à cette pratique à l’horizon 2030 dans les aires protégées.Contre la pollution, l’UE entend par ailleurs renforcer le système de surveillance par satellite CleanSeaNet, qui scrute les mers afin de détecter les déversements potentiels d’hydrocarbures.Un récent rapport de la Cour des comptes européenne en a démontré les considérables lacunes.En 2022-2023, les Etats membres ont donné suite à moins de la moitié des alertes et n’ont confirmé la pollution que dans 7% des cas. En cause bien souvent, le décalage entre le moment où l’image satellite est prise et celui où le contrôle en mer est effectué.Dans la même veine, la Commission veut renforcer la lutte contre la pêche illégale. Comme elle l’avait déjà annoncé, un système de certification numérique des captures (IT Catch) devient obligatoire en janvier 2026 pour les importations de poissons dans l’UE.- 70% d’importations -A propos de l’exploitation minière en eaux profondes, la Commission réitère son appel à faire une “pause” et respecter le “principe de précaution”. Des propos salués par l’ONG Seas at Risk.Avec sa nouvelle stratégie, l’UE promet d’accorder une attention particulière aux “petits pêcheurs” et aux “communautés côtières vulnérables”. Et compte présenter en 2026 une “vision de long terme” pour la pêche et l’aquaculture.Bruxelles souligne la place de la mer dans le quotidien des Européens. Environ 40% d’entre eux vivent à moins de 50 kilomètres des côtes. “L’économie bleue” représente près de cinq millions d’emplois et contribue à hauteur de plus de 250 milliards d’euros au PIB annuel de l’UE.Mais, paradoxalement, l’UE demeure encore dépendante et importe 70% des produits de la mer que les Européens consomment. Le tout dans un monde où l’océan est confronté à la pression sans cesse grandissante du réchauffement climatique et de la pollution.La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ira défendre ce “pacte” européen lundi à Nice, dans le sud de la France, à la troisième conférence de l’ONU sur les océans.Les espaces maritimes, qui couvrent 70,8% du globe, ont été victimes ces deux dernières années de canicules inédites menaçant la survie des espèces qu’ils renferment. La conférence permettra “soit d’inverser le déclin des océans d’ici à 2030, soit de documenter l’échec de l’humanité à agir”, a prévenu Maritza Chan, l’ambassadrice à l’ONU du Costa Rica, dont le pays est coorganisateur avec la France de cet événement.Mme Chan dit attendre 100 milliards de dollars de nouveaux financements publics et privés en faveur du développement durable de l’océan. “C’est ce qui est différent cette fois-ci : zéro rhétorique, maximum de résultats”, veut-elle croire.

Une installation aquatique et musicale monumentale au coeur de la Bourse de Commerce à Paris

Des tonnes d’eau qui chantent ont investi la rotonde de la Bourse de Commerce à Paris: l’écrin de la collection d’art de l’homme d’affaires François Pinault accueille à partir de jeudi une installation monumentale aquatique et musicale du Français Céleste Boursier-Mougenot.A la surface de ce bassin de 18 mètres de diamètre rempli de 75 tonnes d’eau bleutée, des dizaines de bols de porcelaine blanche de différentes tailles s’entrechoquent grâce à un léger courant initié par des pompes invisibles, créant une mélodie qui rappelle les cloches d’un carillon ou le son de poulies agitées par le vent contre les mâts de voiliers. Le public est invité à déambuler autour et peut aussi s’asseoir.L’ensemble, présenté dans le monde entier mais pour la première fois à Paris et à cette échelle, donne à l’immense cylindre de béton circulant conçu sous la verrière par l’architecte japonais Tadao Ando le coeur vibrant qui lui manquait.”Ici c’est ma partition, ce dispositif est une manière de caresser la rétine et de corréler avec le son”, dit à l’AFP Céleste Boursier-Mougenot, “aux anges” devant le résultat.”Ma problématique en tant que musicien était de pouvoir embrasser toutes les possibilités d’un matériau”, ajoute-t-il, un “défi technique” qu’il n’a cessé de relever depuis 1997 en l’expérimentant pour la première fois “avec des tortues de Floride dans une piscine gonflable” puis avec des objets domestiques, en créant, grâce à une pompe, “un courant avec deux hémisphères”.”C’est une installation autant visuelle que sonore, multisensorielle. Elle a une dimension cosmique qui fait référence à d’autres oeuvres de grands artistes comme les Nymphéas de Monet ou les grands +Bleu+ de Miro. Elle se reconfigure sans arrêt avec la lumière, en essayant de capter l’infini et les changements permanents”, commente Emma Lavigne, directrice générale de la collection.Présentée dans différents musées notamment en Asie, l’oeuvre offre “un moment de méditation qui rappelle les expérimentations des compositeurs américain John Cage ou italien Luigi Nono, essayant de traduire la couleur de l’eau de la lagune à Venise”, ajoute-t-elle.Né en 1961 à Nice, Céleste Boursier-Mougenot vit et travaille à Sète. Ses travaux, des dispositifs sonores extraits de toutes sortes de situations et d’objets, sont présentés depuis près de 30 ans dans les lieux d’art contemporain, en France et à l’étranger.

Le suspect du meurtre d’Hichem Miraoui, contestant tout crime “raciste”, va être présenté à un juge antiterroriste

Christophe B. est présenté jeudi à un magistrat antiterroriste en vue d’une mise en examen pour le meurtre d’Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien, samedi à Puget-sur-Argens (Var), un crime qu’il reconnaît mais dont il conteste le caractère raciste et terroriste.Après quatre jours de garde à vue et un transfert de l’enquête du parquet de Draguignan aux mains du parquet antiterroriste (Pnat), celui-ci a annoncé jeudi à l’AFP l’ouverture d’une information judiciaire pour cet attentat et la présentation de Christophe B. à un juge d’instruction, avant une éventuelle incarcération.”Dans le cadre de sa garde à vue, si Christophe B. reconnaît la matérialité des faits, il conteste toute motivation raciste à ses actes, ainsi que toute intention terroriste”, détaille le Pnat dans un communiqué.Christophe B., âgé de 53 ans et de nationalité française, pourrait être mis en examen pour assassinat terroriste et tentative de la même infraction en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion, mais aussi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, d’après un communiqué du Pnat. A Puget sur-Argens, samedi soir vers 22 heures, le suspect, qui avait consommé de l’alcool dans la journée, a selon le Pnat “tiré à plusieurs reprises” sur son “voisin”, Hichem Miraoui, depuis sa voiture.Il a ensuite tiré sur le logement d’un second voisin, puis sur deux de ses occupants, “blessant l’un d’entre eux à la main”, un homme né en 1990 en Turquie, “avant de prendre la fuite” en voiture. Il avait finalement été interpellé par des hommes du GIGN. D’après le communiqué, il avait diffusé sur Facebook avant les faits une vidéo interpellant ainsi les “Français” : “Réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont”. Il faisait “allégeance au bleu blanc rouge” et annonçait son intention de dire “stop aux islamiques”.Après son périple meurtrier et jusqu’à son interpellation à 5h00 le dimanche matin, il a publié selon le Pnat quatre autres vidéos sur Facebook dans lesquelles il décrivait un Etat “pas capable de nous protéger, de les renvoyez chez eux” et précisait “avoir dégommé les 2-3 merdes qui étaient près de chez [lui]”.Selon le Pnat, son examen psychiatrique n’a pointé “aucune pathologie ou anomalie mentale”.Outre les vidéos déjà évoquées, le parquet relève que Christophe B. avait déjà fait sur les réseaux sociaux “de très nombreuses publications portant notamment sur le terrorisme, les étrangers, l’islam, l’ultra-droite ou ciblant les instances gouvernementales françaises.”C’est la première saisine du Pnat concernant un homicide raciste lié à l’ultradroite.Une source proche du dossier a souligné à l’AFP que ce parquet spécialisé appréciait “au cas par cas” sa compétence concernant les faits liés à l’ultradroite, qui ne sont pas rattachés à un groupe dont les actions passées auraient déjà reçu une qualification terroriste, contrairement aux actes jihadistes avec le groupe Etat islamique.Cela se fait donc, selon cette source, au regard de la personnalité de l’auteur, de la gravité intrinsèque de l’acte et de l’intention finale de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur.En l’espèce, selon la source proche du dossier, Christophe B. avait bien comme volonté de “troubler l’ordre public par la terreur”. – “Haine des Arabes” -Mardi après-midi, devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a exprimé “une pensée émue” pour les victimes, leurs familles, mais aussi pour “la communauté tunisienne”. Ce meurtre est “clairement un crime raciste”, “sans doute aussi antimusulman”, et “peut-être aussi un crime terroriste”, a ajouté le ministre, “heureux” de la saisine du Pnat.”Je veux justice pour mon frère”, “victime d’un acte terroriste”, a déclaré mardi à l’AFP sa soeur Hanen Miraoui. Samedi soir, elle discutait au téléphone avec son frère quand “tout d’un coup, je l’ai entendu dire +Aïe+ puis la communication s’est interrompue”.D’après elle, le suspect “était connu dans le quartier de (son) frère pour sa haine des Arabes”.Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Nouri, a évoqué le “profond mécontentement et la profonde tristesse” des Tunisiens après ce “crime terroriste”.Organisée par les proches d’Hichem Miraoui, une marche blanche doit avoir lieu dimanche à 15H00 à Puget-sur-Argens.Les actes antimusulmans ont augmenté de 72% au premier trimestre, avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l’Intérieur.De nombreuses voix ont dénoncé à l’occasion de ce crime la stigmatisation de la communauté musulmane.

L’Assemblée appelle à abroger la réforme des retraites

Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a appelé jeudi à son abrogation lors d’un premier vote sur le sujet dans l’hémicycle, que la gauche espère voir érigé en étendard de la contestation malgré sa portée purement symbolique.A quelques jours de la fin des travaux du “conclave” de partenaires sociaux censés plancher de nouveau sur les retraites, les députés ont adopté une résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins), lors d’une journée dédiée à ses textes.A la tribune, le président du groupe Stéphane Peu (PCF) a dénoncé le passage de l’âge légal de départ à 64 ans, adopté à l’époque sans vote, grâce à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. “La plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005”, a-t-il lancé.Adoptée par 198 voix contre 35, avec celles de la gauche, du Rassemblement national et d’une partie du groupe centriste Liot, la résolution n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation, alors qu’une journée de manifestation et de grèves est justement organisée jeudi, à l’appel de la CGT.Quelque 165 points de rassemblement sont prévus en France. A Paris, le cortège s’est élancé en début d’après-midi depuis l’Ecole militaire et doit passer à proximité du lieu où la concertation sur les retraites se poursuit. Depuis Strasbourg, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a salué un “grand événement”, qui montre que “quand la démocratie parle, elle défait cette réforme”.Elle en a de nouveau demandé l’abrogation, promettant de ne pas “tourner (…) la page”. – Abrogation ou référendum -Le chef du groupe communiste, qui a commencé son discours devant un hémicycle quasiment vide, a exigé du gouvernement qu’il respecte le vote de la résolution, en abrogeant la réforme ou en convoquant un référendum.”La démographie et l’allongement de la durée de vie constituent des contraintes qui conditionnent les recettes et les dépenses de notre système de retraite. Que vous le vouliez ou non”, a rétorqué Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail. “Vous nous dites +très bien, on va dans le mur, mais proposons une abrogation symbolique+”, a piqué la députée macroniste Stéphanie Rist, dénonçant une “farce”.Le texte “affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives” de la loi du 14 avril 2023, à savoir “le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027″.”Une simple pétition de principe”, a critiqué Théo Bernhardt (RN), reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu les initiatives de son groupe pour une abrogation.Le RN mais aussi le groupe Liot et les Insoumis ont mené différentes initiatives parlementaires pour tenter d’obtenir un vote, sans succès. La dernière en date étant celle de LFI, fin novembre: la proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental.- Et la censure ? -Le sujet des retraites a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée.Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.Mais l’enthousiasme a rapidement fait place à la déception. Après avoir appelé à des discussions “sans totem ni tabou”, le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.Les organisations restant autour de la table prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. Pour l’instant, le Medef n’a exprimé aucune ouverture quant aux demandes des syndicats, qui veulent par exemple obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes qui ont eu des enfants, ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes.Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.

Nancy : les militants antinucléaire poursuivis pour une manif à Bure relaxés en appel

La cour d’appel de Nancy a infirmé jeudi le jugement qui avait condamné trois militants antinucléaires pour “attroupement” lors d’une manifestation en 2017 contre le projet de stockage souterrain de déchets radioactifs à Bure (Meuse).”Les pièces et les débats ne permettent pas” d’apporter à la cour la preuve que les sommations de dispersion des gendarmes ont été cumulativement annoncées, entendues ou vues par les prévenus, et que ces derniers ont pris part à l'”attroupement” le 15 août 2017, a déclaré le président de la cour.Ces trois éléments doivent être démontrés pour que des prévenus soient déclarés coupables d'”attroupement”. Or, “aucune pièce ne précise les modalités de sommation” des gendarmes, leur contenu ou “leur portée”, a-t-il poursuivi.La cour a aussi estimé qu’il apparaît que des vidéos, mentionnées dans l’ordonnance de renvoi des prévenus devant le tribunal correctionnel “n’ont pas été exploitées”.Il était reproché à trois militants de s’être maintenus, le 15 août 2017, malgré les sommations de dispersion de la gendarmerie, dans une manifestation organisée à proximité du site du projet Cigéo, où l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) souhaite enfouir 83.000 mètres cubes des déchets les plus dangereux du parc nucléaire français pour des millénaires.L’avocate générale Béatrice Bossard avait requis quatre mois de prison avec sursis à l’encontre de chacun des trois militants, estimant qu’ils poursuivaient, en ce jour d’été 2017, “un objectif clair d’affrontement” avec la gendarmerie et qu’ils avaient “largement dépassé les limites de la liberté d’expression”.Elle a rappelé à l’audience, le 24 avril, que l’un des militants était vêtu “de noir” et “encapuchonné”, et avait relaté des échanges téléphoniques qui témoignaient “de toute évidence d’une volonté de sabotage”.A l’audience, où la salle était remplie, avec une quarantaine de personnes debout pour suivre les débats, les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe des trois prévenus, après une longue procédure et des moyens d’enquête dont ils ont déploré la “disproportion”.Pour eux, il manquait dans ce dossier des éléments pouvant prouver que les sommations avaient été prononcées dans les règles par les gendarmes ou encore que les prévenus étaient bien présents dans le cortège au moment des sommations ou qu’ils voulaient s’y maintenir par la suite.- Moyens conséquents -Les prévenus avaient tour à tour dénoncé une procédure très lourde, ouverte depuis près de huit ans et qui a mobilisé des moyens d’enquête très conséquents, réservés d’ordinaire aux affaires de criminalité organisée, dont des IMSI-catchers – qui permettent d’intercepter en masse les données de connexion des téléphones portables.L’un des prévenus, Joël Domenjoud, avait évoqué des “mesures de surveillance extrêmement intrusives” imposées à l’encontre de “centaines de personnes”, quand une autre, Angélique Huguin, avait déclaré au nom du collectif : “Nous nous accrochons à la justice, quand bien même nous ne sommes pas dupes de son possible dévoiement par une machine policière et judiciaire qui s’emballe lorsque la puissance de l’Etat nucléocrate s’en empare pour écraser une lutte”.Ils ont ensuite fait usage de leur droit au silence, refusant de répondre aux questions de la cour.A l’origine de ce dossier se trouve une information judiciaire menée pendant 3 ans et 4 mois par un juge de Bar-le-Duc (Meuse), qui avait abouti à la mise en examen de 10 personnes, dont l’avocat Etienne Ambroselli.Sept militants avaient finalement été renvoyés en procès à l’issue de l’enquête, poursuivis notamment pour “association de malfaiteurs”, les autres bénéficiant d’un non-lieu. Six avaient été condamnés en première instance (mais aucun pour association de malfaiteurs), puis seulement trois en appel et sur des faits mineurs, les quatre autres étant relaxés de toutes les charges initialement retenues.En septembre 2024, la Cour de cassation avait ordonné la tenue d’un nouveau procès, au motif que la cour d’appel n’avait “pas justifié sa décision”, ne s’étant pas prononcée sur la possible “atteinte disproportionnée à la liberté d’expression des prévenus”.

Nancy : les militants antinucléaire poursuivis pour une manif à Bure relaxés en appel

La cour d’appel de Nancy a infirmé jeudi le jugement qui avait condamné trois militants antinucléaires pour “attroupement” lors d’une manifestation en 2017 contre le projet de stockage souterrain de déchets radioactifs à Bure (Meuse).”Les pièces et les débats ne permettent pas” d’apporter à la cour la preuve que les sommations de dispersion des gendarmes ont été cumulativement annoncées, entendues ou vues par les prévenus, et que ces derniers ont pris part à l'”attroupement” le 15 août 2017, a déclaré le président de la cour.Ces trois éléments doivent être démontrés pour que des prévenus soient déclarés coupables d'”attroupement”. Or, “aucune pièce ne précise les modalités de sommation” des gendarmes, leur contenu ou “leur portée”, a-t-il poursuivi.La cour a aussi estimé qu’il apparaît que des vidéos, mentionnées dans l’ordonnance de renvoi des prévenus devant le tribunal correctionnel “n’ont pas été exploitées”.Il était reproché à trois militants de s’être maintenus, le 15 août 2017, malgré les sommations de dispersion de la gendarmerie, dans une manifestation organisée à proximité du site du projet Cigéo, où l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) souhaite enfouir 83.000 mètres cubes des déchets les plus dangereux du parc nucléaire français pour des millénaires.L’avocate générale Béatrice Bossard avait requis quatre mois de prison avec sursis à l’encontre de chacun des trois militants, estimant qu’ils poursuivaient, en ce jour d’été 2017, “un objectif clair d’affrontement” avec la gendarmerie et qu’ils avaient “largement dépassé les limites de la liberté d’expression”.Elle a rappelé à l’audience, le 24 avril, que l’un des militants était vêtu “de noir” et “encapuchonné”, et avait relaté des échanges téléphoniques qui témoignaient “de toute évidence d’une volonté de sabotage”.A l’audience, où la salle était remplie, avec une quarantaine de personnes debout pour suivre les débats, les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe des trois prévenus, après une longue procédure et des moyens d’enquête dont ils ont déploré la “disproportion”.Pour eux, il manquait dans ce dossier des éléments pouvant prouver que les sommations avaient été prononcées dans les règles par les gendarmes ou encore que les prévenus étaient bien présents dans le cortège au moment des sommations ou qu’ils voulaient s’y maintenir par la suite.- Moyens conséquents -Les prévenus avaient tour à tour dénoncé une procédure très lourde, ouverte depuis près de huit ans et qui a mobilisé des moyens d’enquête très conséquents, réservés d’ordinaire aux affaires de criminalité organisée, dont des IMSI-catchers – qui permettent d’intercepter en masse les données de connexion des téléphones portables.L’un des prévenus, Joël Domenjoud, avait évoqué des “mesures de surveillance extrêmement intrusives” imposées à l’encontre de “centaines de personnes”, quand une autre, Angélique Huguin, avait déclaré au nom du collectif : “Nous nous accrochons à la justice, quand bien même nous ne sommes pas dupes de son possible dévoiement par une machine policière et judiciaire qui s’emballe lorsque la puissance de l’Etat nucléocrate s’en empare pour écraser une lutte”.Ils ont ensuite fait usage de leur droit au silence, refusant de répondre aux questions de la cour.A l’origine de ce dossier se trouve une information judiciaire menée pendant 3 ans et 4 mois par un juge de Bar-le-Duc (Meuse), qui avait abouti à la mise en examen de 10 personnes, dont l’avocat Etienne Ambroselli.Sept militants avaient finalement été renvoyés en procès à l’issue de l’enquête, poursuivis notamment pour “association de malfaiteurs”, les autres bénéficiant d’un non-lieu. Six avaient été condamnés en première instance (mais aucun pour association de malfaiteurs), puis seulement trois en appel et sur des faits mineurs, les quatre autres étant relaxés de toutes les charges initialement retenues.En septembre 2024, la Cour de cassation avait ordonné la tenue d’un nouveau procès, au motif que la cour d’appel n’avait “pas justifié sa décision”, ne s’étant pas prononcée sur la possible “atteinte disproportionnée à la liberté d’expression des prévenus”.

Greenpeace épingle Coca-Cola pour ses milliards de bouteilles plastique

Coca-Cola produit 120 milliards de bouteilles en plastique jetables par an, a dénoncé Greenpeace Afrique lors d’une manifestation en Afrique du Sud jeudi, exhortant le fabricant de sodas à utiliser des emballages en verre et métal pour réduire la pollution plastique.Les militants de l’ONG ont érigé un bouchon de bouteille rouge géant devant le bureau de l’entreprise à Johannesburg, barré du slogan “Mets le bouchon, Coca”, lors d’une manifestation organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement.Coca-Cola figure parmi les plus grands pollueurs plastiques au monde depuis six années consécutives, affirme Greenpeace.”Coca-Cola produit 120 milliards d’emballages plastique jetables chaque année. Et ce plastique — pour la plupart — finira dans l’environnement et dans les écosystèmes marins”, a déclaré à l’AFP Hellen Kahaso Dena, représentante de l’ONG.”Alors aujourd’hui, nous sommes devant leur bureau pour leur dire de réduire la production de plastique, d’investir dans la recharge et la réutilisation, et de s’assurer qu’ils investissent dans d’autres formes durables d’emballage comme le verre et les boîtes métalliques”, a-t-elle ajouté.Les affirmations de l’entreprise disant qu’elle promeut le recyclage des plastiques ne sont que du “greenwashing” (blanchiment écologique, ndlr), a-t-elle poursuivi. “Nous savons que près de 9% seulement sont recyclés. La majeure partie de ce plastique finira dans la nature”.Le groupe a également exhorté Coca-Cola à soutenir la campagne pour un traité mondial sur le plastique donnant la priorité à un plafonnement de la production plastique.Les négociations menées par les délégués de près de 200 pays pour élaborer le premier traité mondial contre la pollution plastique ont échoué en Corée du Sud l’an dernier, face à l’opposition d’un groupe de pays, producteurs de pétrole essentiellement.Une nouvelle série de négociations est prévue à Genève en août.Depuis l’échec de ces négociations, Coca-Cola a revu à la baisse ses engagements environnementaux en renonçant dans les faits à son objectif de 25% d’emballages réutilisables d’ici 2030, et reporté les échéances et réduit les volumes de ses objectifs de recyclage.Selon Greenpeace, plus de 99% des plastiques sont issus d’énergies fossiles, ce qui établit un lien direct entre production plastique et crise climatique.

Dans cet archipel riche en coraux, la Grèce interdit la pêche au chalut, un exemple en Europe

L’aube rougeoie sur le minuscule archipel grec de Fournoi, riche en coraux, tandis que le caïque en bois de Manolis Mytikas fend les eaux calmes du petit port avec à son bord les quelques poissons piégés dans ses filets.Sa modeste prise attire rapidement les îliens en quête de poisson frais, rare depuis des années au large de ce chapelet d’îles dans le nord-est de la mer Egée qui compte moins de 1.500 habitants au total.”Aujourd’hui, on était deux à sortir en mer, on a eu un peu de poisson par chance”, explique à l’AFP ce pêcheur de 76 ans à la peau tannée par le soleil méditerranéen. “Hier, on a gagné 30 euros. Avant-hier, pas un sou. On n’a même pas de quoi manger parfois!”Pourtant, dans le petit port de Fournoi, l’espoir renaît.  Fin mai, le gouvernement grec a interdit la pêche au chalut de fond dans les eaux de Fournoi et de six îlots inhabités proches pour protéger des récifs coralliens d’une exceptionnelle richesse récemment identifiés.Plus généralement, la Grèce va interdire le chalutage de fond dans les parcs marins nationaux d’ici 2026, et dans l’ensemble des aires marines protégées d’ici 2030, devenant ainsi le premier pays en Europe à prendre une mesure de cette envergure.Car la réalité des aires marines protégées dans le monde, qui figure parmi les sujets clés de la 3e conférence de l’ONU sur l’océan (Unoc 3) qui s’ouvre à Nice la semaine prochaine, est que la pêche y est généralement autorisée, y compris souvent par des chalutiers.- “Bulldozers” – “Enfin!”, s’exclame M. Mytikas qui ne décolère pas face aux ravages perpétrés par le chalutage qui consiste à racler les fonds marins avec un immense filet en entonnoir. Ils “ont ravagé la mer. Ils labourent les fonds marins et détruisent tout”, s’emporte-t-il tandis que son collègue Vaguelis Markakis, 58 ans, compare ces bateaux à “des bulldozers”.”Si on les empêche de venir ici, notre mer pourra revivre!”, assure M. Mytikas. “La mer sera à nouveau pleine de poissons!”, s’enthousiasme également M. Markakis alors que les pêcheurs de Fournoi affirment que les chalutiers pêchent dans leurs eaux.L’enjeu de cette interdiction est également environnemental.Les recherches menées dans cet archipel par les ONGs Under the Pole, qui organise des expéditions de plongée en milieu extrême, et Archipelagos, en collaboration avec des institutions scientifiques européennes, ont mis en évidence l’existence de véritables forêts animales sous-marines. A entre 60 et 150 mètres de profondeur, en basse lumière, les scientifiques ont recensé plus de 300 espèces benthiques, c’est-à-dire qui vivent au fond des eaux.”Ce que nous avons découvert dépasse l’imagination”, assure Anastasia Miliou, hydrobiologiste et directrice scientifique d’Archipelagos. “De vastes récifs coralliens vieux de plusieurs milliers d’années, encore intacts.”- Forêts sous-marines -Ces espèces animales, “lorsqu’elles se développent à forte densité, forment de véritables forêts sous-marines”, explique également Lorenzo Bramanti chercheur au Laboratoire d’écogéochimie des environnements benthiques du CNRS.Or “ces habitats sont extrêmement sensibles. Un passage de chalut suffit à les raser”, alerte Stelios Katsanevakis, professeur d’océanographie à l’Université de l’Egée.Et les dégâts s’avèrent “potentiellement irréversibles”, ajoute M. Bramanti. Car “une fois détruites, ces forêts peuvent mettre des décennies, voire des siècles à se reconstituer”.”Personne ne doute que la déforestation est une catastrophe écologique, il en va de même pour les forêts animales”, insiste-t-il.En interdisant la pêche au chalut de fond autour de Fournoi, il espère que la Grèce va servir d'”exemple aux autres pays méditerranéens”.”Nous devons agir rapidement car il s’agit des derniers écosystèmes encore épargnés par le changement climatique” car situés à des profondeurs supérieures à 70 mètres, insiste encore Lorenzo Bramanti.Mais du côté des professionnels de la pêche industrielle, la colère gronde. En Grèce, environ 220 chalutiers de fond sont en activité. Leurs représentants estiment que les restrictions à leur activité s’accumulent sans la moindre concertation.Ces décisions “se fondent sur des rapports d’organisations bénévoles (…) qui manquent de rigueur scientifique”, estime Kostas Daoultzis, vice-président de l’Union des armateurs de pêche au chalut de fond et président des armateurs de chalutiers mécanisés de Nea Michaniona, près de Thessalonique (nord).”Les consommateurs en pâtiront: les prix du poisson vont exploser”, juge-t-il.Selon lui, les chalutiers évitent déjà les zones coralliennes, où leurs engins risquent d’être endommagés. Mais il ne s’est pas exprimé spécifiquement concernant la zone de Fournoi. 

A Port-Cros, la plus vieille aire marine protégée d’Europe “montre le futur”

“Des dauphins, des puffins, des mérous… C’est une bulle de nature et pourtant on est entre Saint-Tropez et Marseille. Les gens disent que c’est un miracle”, s’enthousiasme Sophie-Dorothée Duron, directrice du parc national de Port-Cros.Ici, navigation, pêche et autres activités humaines sont soit interdites soit strictement réglementées. Un modèle que de nombreux experts, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice du 9 au 13 juin, aimeraient voir étendu à toutes les aires marines protégées (AMP), souvent fustigées comme étant seulement “de papier”.Créée en 1963 au large de Hyères en Méditerranée, Port-Cros est la plus ancienne AMP de France et d’Europe. D’abord centrée sur l’île éponyme, elle englobe depuis 2012 sa voisine Porquerolles et s’étend sur 1.700 hectares terrestres et 2.900 hectares marins. “C’est un petit joyau, un hotspot de biodiversité. On retrouve ici quasiment toutes les espèces de Méditerranée”, se réjouit Vincent Bardinal, garde-moniteur sur l’île, montrant du doigt les nuées de poissons qui fraient dans les herbiers marins.Girelles, crénilabres, castagnoles ou daurades: dans les eaux cristallines du coeur du parc, où la pêche est strictement interdite, “on a une très bonne image de ce que pouvait être la côte il y a peut-être 100 ans, avec une pression humaine presque inexistante”. Un mérou, prédateur emblématique de l’archipel, apparaît. “On peut les approcher à quelques centimètres alors que sur le continent ils fuient”, sourit Vincent Bardinal.- “Patchwork” -Pour assurer une cohabitation fluide, les règles de fonctionnement du parc sont établies en concertation avec les acteurs économiques de la région, avec l’avis d’un conseil scientifique.Les restrictions concernent aussi bien la vitesse de navigation que la pratique de la plongée et de la pêche ou encore l’interdiction d’approcher certaines espèces animales.”La particularité c’est d’être dans une zone très fréquentée, très anthropisée (transformée par l’activité humaine). Le pari a été de conserver la nature tout en permettant à une population de continuer à y vivre et à des touristes d’en profiter, il n’y a pas de mise sous cloche”, souligne Mme Duron.Si les deux îles n’ont que 350 habitants permanents, elles voient défiler jusqu’à 2 millions de visiteurs par an!”L’idée c’est de travailler sur un patchwork de zones en fonction des sensibilités de l’écosystème. Il y a des zones ultra sensibles où on réglemente voire interdit la présence humaine. Et il y a d’autres zones qui peuvent tolérer les visiteurs”, explique la directrice. Une charte encadre depuis 1999 le travail des 24 pêcheurs professionnels autorisés à pratiquer au cÅ“ur du parc. 350 pêcheurs de loisir peuvent aussi opérer, à condition d’afficher sur leur bateau l’autorisation renouvelable chaque année.”L’objectif n’est pas d’exclure la pêche mais d’encadrer une pratique traditionnelle”, explique Thomas Abiven, garde-moniteur du Parc, en pleine opération de contrôle à l’aurore, l’heure préférée des resquilleurs.”Au début, le parc s’est monté sans vraiment l’aval des pêcheurs”, reconnaît-il, “mais au fur et à mesure les discussions se sont mises en place. En contrepartie de pouvoir pêcher, ils ont l’obligation de déclarer leurs prises. Cela offre des données que l’on croise avec les scientifiques pour voir si les populations de poissons se portent bien. Puis ont peut durcir ou alléger la réglementation en fonction”.- “Capital-poisson” -La population de mérous est par exemple passée de 40 à près de 1.000 individus. Les herbiers de posidonie sont également en pleine expansion.”On observe clairement +l’effet réserve+, c’est-à-dire que la nature se porte mieux qu’en dehors du parc. Ça se voit sur le nombre de poissons mais aussi l’augmentation de leur taille moyenne”, détaille Sandrine Ruitton, enseignante chercheuse à Aix-Marseille Université, rattachée à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. “C’est comme un coffre-fort où on fait fructifier le capital-poisson”, poursuit-elle. “Les intérêts vont déborder à l’extérieur et cela va permettre aux autres écosystèmes et à la population humaine d’en profiter, c’est vertueux pour tout le monde”.La France compte aujourd’hui 565 AMP en métropole et Outre-Mer, couvrant 33% de l’espace maritime national. Mais les règles très strictes qui font le succès de Port-Cros font figure d’exception. “L’appellation d’AMP ne veut rien dire, il y en a dans lesquelles on peut chaluter”, s’insurge François Sarano, océanologue et ancien collaborateur du commandant Cousteau. “La définition comprend diverses petites réglementations mais c’est totalement insuffisant”.Et d’espérer des “règles beaucoup plus strictes” à l’occasion du sommet onusien de Nice: “Port-Cros n’est pas un conservatoire du passé, c’est un endroit qui nous montre le futur en intégrant la question de la pollution et du réchauffement climatique.”