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Record de cargaisons transportées via la Route maritime du Nord en 2024

La Russie s’est félicitée d’un nouveau record de cargaisons transportées en 2024 via la Route maritime du Nord, avec laquelle elle ambitionne de concurrencer le Canal de Suez en profitant de l’impact du changement climatique, tout en reconnaissant à ce stade des limites logistiques à son développement.”L’année 2024 s’est soldée par un nouveau record pour la Route maritime du nord, avec 37,9 millions de tonnes de cargaisons transportées”, a annoncé mercredi à la presse Vladimir Panov, représentant spécial pour le développement de l’Arctique du groupe russe Rosatom, en marge du Forum arctique à Mourmansk (nord-ouest).Selon lui, le transit des cargaisons via cette voie commerciale reliant l’Europe à l’Asie par l’Arctique a pour sa part augmenté de 44% en 2024, en dépassant “pour la première fois” 3 millions de tonnes.”Il s’agit de cargaisons qui étaient historiquement transportées (…) via le Canal de Suez, mais maintenant les expéditeurs les redirigent vers la Route maritime du nord en été et en automne”, saison navigable sur la plupart du trajet du fait de la fonte des glaces accélérée par le réchauffement climatique, a-t-il affirmé.Avant que des attaques visant des cargos ne poussent les entreprises à changer de route, le canal de Suez représentait environ 10% du commerce maritime mondial.Si en 2024 il a perdu deux tiers de son trafic en raison des attaques des rebelles houthis du Yémen, 457 millions de tonnes de cargaisons ont toujours été transportées via le Canal de Suez, selon des statistiques officielles, soit douze fois plus que via la voie arctique.Or, si le changement climatique accélère le recul de la banquise, favorisant ainsi le développement de cette voie commerciale, ce trajet reste toujours très coûteux et il nécessite le recours à des brise-glaces à propulsion nucléaire.Pour “passer à un niveau supérieur” et envisager, à terme, le transport de 100-150 millions de tonnes de cargaisons par an, “il faut avoir entre 15 et 17 brise-glaces”, contre seulement 11 comme actuellement, a relevé le patron de Rosatom, Alexeï Likhatchev, lors du Forum arctique.Ke Jin, directeur général de la société chinoise China Freight Forwarding Company, a, quant à lui, qualifié le manque d’infrastructures portuaires capables d’accueillir de gros navires d'”un des problèmes principaux” au développement de cette route commerciale.Allié stratégique de Moscou, la Chine souhaite coopérer avec la Russie dans ce projet, tout comme l’Inde, selon Rosatom, dans une région qui attire les convoitises de nombreuses puissances.En juin 2024, Rosatom et le groupe chinois NewNew Shipping Line ont ainsi annoncé leur accord sur la mise en place d’une entreprise commune pour construire des navires porte-conteneurs adaptés aux conditions de navigation arctiques.

Mort d’Emile: “Probable” intervention extérieure, la piste familiale pas refermée

Il y a une “probabilité de l’intervention d’un tiers” dans la disparition et la mort d’Emile Soleil, dont le crâne présentait les traces d’un “traumatisme facial violent”, a déclaré jeudi le procureur d’Aix-en-Provence lors d’une conférence de presse.Les restes du garçonnet, disparu en juillet 2023, ont été déplacés peu avant leur découverte fin mars 2024, a poursuivi le magistrat, qui s’exprimait quelques heures après la fin des gardes à vue des grands-parents, d’un oncle et d’une tante de l’enfant. Il a précisé que la piste familiale n’était “pas encore refermée”.Les expertises introduisent “la probabilité d’intervention d’un tiers dans la disparition et la mort d’Emile Soleil”, a déclaré le procureur Jean-Luc Blachon.”Les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte. les expertises permettent aussi d’affirmer que le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt” et “de caractériser la présence sur le crâne découvert de stigmates anatomiques, évocateurs d’un traumatisme facial violent”, a-t-il détaillé.Les avocats des grands-parents maternels d’Emile Soleil avaient annoncé à trois puis cinq heures du matin la levée de leurs gardes à vue en sortant des locaux de la gendarmerie à Marseille, où ils étaient interrogés depuis mardi matin. Mais selon le procureur, la piste familiale n’est cependant “pas refermée”. “Comme vous le savez, les personnes qui ont été placées en garde à vue ont été remises en liberté. Parce que tout simplement, à l’issue de ces gardes à vue et à la lumière de l’ensemble des éléments réunis, les charges n’étaient pas suffisantes pour conduire à une mise en examen quelconque dans ce dossier”, a-t-il expliqué.

Algérie: cinq ans de prison ferme pour l’écrivain Sansal, au coeur de la crise avec Paris

Un tribunal algérien a condamné jeudi à cinq ans de prison ferme l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis novembre et au coeur de la plus grave crise diplomatique entre Paris et Alger depuis des décennies.Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger, a décidé “en présence de l’accusé, une peine de cinq ans de réclusion ferme”, soit la moitié de la peine requise par le Parquet, une semaine plus tôt. Il a aussi été condamné à une amende de 500.000 dinars algériens (environ 3.500 euros), selon un correspondant de l’AFP présent dans la salle.L’écrivain, reconnaissable à son catogan, est apparu à la barre, les cheveux rasés (comme tous les détenus en Algérie), en veste verte, sans menottes, semblant plutôt en forme alors qu’il souffre d’un cancer, selon la même source.M. Sansal, 80 ans selon éditeur Gallimard, était accusé notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire pour avoir repris à son compte, dans le média français d’extrême droite “Frontières”, la position du Maroc selon laquelle d’amples portions du pays auraient été amputées aux profits de l’Algérie, sous la colonisation française. Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions bilatérales, provoquées l’été dernier par un revirement français en faveur de la position marocaine concernant l’épineux dossier du Sahara occidental.Avant son incarcération, M. Sansal, un ancien haut fonctionnaire algérien, voix critique du pouvoir, faisait des allers-retours fréquents en Algérie, où ses livres sont vendus librement.Peu connu en France avant cette affaire, M. Sansal y bénéficie d’un vaste élan de soutien. Dès l’annonce de la condamnation, son avocat français François Zimeray a appelé le président algérien Abdelmadjid Tebboune à faire preuve “d’humanité” en graciant le romancier. “Son âge et son état de santé rendent chaque jour d’incarcération plus inhumain”, a-t-il dit.Il y a une semaine, le président français Emmanuel Macron avait déjà appelé à la libération de ce “grand écrivain, de surcroît malade”, disant avoir confiance dans “la clairvoyance” de son homologue qui sait “que tout ça (les accusations) n’est pas sérieux”.Lors de son procès où il a voulu se défendre seul, M. Sansal a nié toute intention de porter atteinte à son pays, expliquant avoir exercé sa “liberté d’expression”, tout en reconnaissant avoir sous-estimé la portée de ses déclarations, selon un média algérien assistant à l’audience. – “Point de repère” -Samedi dernier, M. Tebboune avait lancé des signaux d’apaisement en direction de Paris, estimant que le contentieux était “entre de bonnes mains”, avec comme “unique point de repère” Emmanuel Macron ou toute personne déléguée sur l’affaire, tel que son chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot.Selon le site d’information TSA, citant “deux sources”, une visite de M. Barrot à Alger est “en préparation”. Sur le Sahara occidental, pourtant déclencheur de la brouille bilatérale, M. Tebboune avait tenu des propos mesurés dénonçant pour l’essentiel des visites de responsables français dans ce territoire au statut non défini à l’ONU, et évoquant un “moment d’incompréhension” avec Paris.L’Algérie avait retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand Paris avait apporté son soutien à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour ce territoire contrôlé de facto à 80% par Rabat mais revendiqué depuis un demi-siècle par les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.M. Tebboune souhaite une “issue rapide et honorable” à la crise avec Paris, selon l’expert Hasni Abidi qui a évoqué la possibilité d’une condamnation suivie d’une grâce présidentielle, à la fin du ramadan, début avril. Selon lui, une fois le cas Sansal réglé, M. Macron pourrait reprendre la main sur un dossier “monopolisé par son ministre de l’Intérieur” Bruno Retailleau.Alger a accusé d'”algérophobie” la droite et l’extrême droite françaises, qui ont multiplié les appels à sévir voire rompre avec l’Algérie. M. Retailleau, en campagne pour devenir président des Républicains (droite) est à la pointe de cette bataille.Ce ministre a menacé d’une “riposte graduée”, après le refoulement par l’Algérie d’influenceurs algériens expulsés de France et suite à un attentat meurtrier, commis en février en France par un Algérien, objet d’obligations de quitter le territoire rejetées par Alger.

Médicaments: reflux des ruptures de stocks en 2024

Les ruptures de stocks de médicaments ont reculé en 2024 en France, après plusieurs vagues de hausse au cours des cinq dernières années, selon une étude publiée jeudi par les autorités.Une augmentation des ruptures de stocks avait été observée à partir de 2019, suivie d’une deuxième vague courant 2021-2022, puis d’une troisième qui a culminé à l’hiver 2022-2023 avec environ 800 médicaments destinés aux officines qui étaient en rupture au même moment.Fin 2024, ils étaient “environ 400” à manquer, “un niveau certes en retrait par rapport au pic mais encore élevé”, souligne cette étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) réalisée en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).Aucune classe thérapeutique de médicaments n’a été épargnée par la vague de ruptures de stocks qui a suivi l’année 2021, selon cette étude qui s’est appuyée sur les déclarations des industriels.Près des trois quarts des déclarations de ruptures de stocks ont concerné les médicaments du système cardio-vasculaire, du système nerveux (dont fait partie le paracétamol) et les antibiotiques.”La sévérité des risques de rupture de stock semble s’atténuer, si l’on en juge par le niveau des stocks déclarés”, constatent la Drees et l’ANSM.Ainsi, fin 2024, “la moitié des laboratoires disaient avoir plus de 2 mois de réserve contre 1,3 mois fin 2022”, selon Gladys Baudet, spécialiste des données à la Drees.Les laboratoires doivent informer l’ANSM, dès qu’ils en ont connaissance, de tout risque de rupture de stock ou de toute rupture de stock relative à un médicament d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), la catégorie la plus utile pour la santé. Sur les 17.000 médicaments qui sont commercialisés en France, 10.000 sont des MITM pour lesquels les laboratoires ont l’obligation depuis 2021 de constituer au moins deux mois de stocks.Pour la suite, il faut être “extrêmement prudents”, a estimé Catherine Paugam-Burtz, la directrice générale de l’ANSM, qui gère les tensions d’approvisionnement par exemple via des contingentements et des interdictions d’exportations.Les causes avancées par les laboratoires pour expliquer des ruptures de stocks sont souvent liées à une augmentation imprévue de la demande ou/et à un problème de production.”Dans 10% des cas seulement, la rupture ou le risque de rupture est lié à un problème de matière première”, fait observer Clément Dherbécourt, coauteur de l’étude.Une rupture de stock n’est pas équivalente à une pénurie. Un médicament peut être en rupture sans pour autant être indisponible en pharmacie.En l’occurrence, “le laboratoire ne parvient pas à reconstituer son stock, mais dans la plupart des cas, il arrive à continuer à vendre une partie de sa production” et “il n’y a n’a pas d’effondrement systématique des ventes”, observe M. Dherbécourt.”La mobilisation collective des acteurs a permis de faire bouger les lignes”, a salué l’organisation professionnelle des entreprises du médicament (Leem) dans un communiqué.Pour encore plus d’efficacité, elle préconise d’opter pour un système d’information unique de suivi des stocks de médicaments et de réviser les prix des molécules à risque, qu’elle juge trop bas, pour sécuriser leur production en Europe.Lundi, l’ANSM avait confirmé une amélioration des approvisionnements en amoxicilline, antibiotique le plus courant en France.

Procès libyen: les peines requises contre Nicolas Sarkozy et 11 prévenus attendues dans l’après-midi

Quelles peines le parquet financier demandera-t-il pour Nicolas Sarkozy et 11 autres prévenus? Au procès des soupçons de financement libyen, l’accusation est entrée jeudi dans son troisième et dernier jour de réquisitoire, avec les sanctions réclamées attendues dans l’après-midi.L’audience a repris vers 9H30 en l’absence de Nicolas Sarkozy, pas concerné par les réquisitions de la matinée qui concernent des volets annexes de ce dossier, notamment la possible vente fictive de tableaux flamands par Claude Guéant et l’achat à un prix surévalué d’une villa dans le sud de la France qui aurait permis de dissimuler un détournement de fonds libyens.Dans l’après-midi, les trois représentants du parquet national financier (PNF) entameront la dernière partie de ces réquisitions, en résumant ce qu’ils reprochent à chacun des prévenus. A la toute fin, ils listeront les peines réclamées pour chacun d’entre eux, probablement en finissant par Nicolas Sarkozy.Mardi et mercredi, au cours de déjà plus de 13 heures de réquisitions dans ce dossier foisonnant, ils ont dépeint Nicolas Sarkozy en “véritable décisionnaire” et “commanditaire” d’un pacte de corruption “inconcevable, inouï, indécent”, noué avec l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle de 2007.Ils ont aussi détaillé les “contreparties” diplomatiques, juridiques et économiques promises selon eux au régime libyen et ont affirmé que des “traces” d’argent liquide dans la campagne victorieuse alimentaient le “faisceau d’indices” du dossier.Dans un entretien au Parisien publié jeudi, Nicolas Sarkozy a une fois encore promis : “Je démontrerai mon innocence, ça prendra le temps qu’il faudra, mais on y arrivera”. Sa défense plaidera le 8 avril, au dernier jour du procès.Pour les procureurs, tous les délits pour lesquels il est jugé depuis le 6 janvier sont constitués: ils ont demandé au tribunal de le reconnaître coupable de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.Des infractions qui font encourir à l’ancien chef de l’Etat âgé de 70 ans 10 ans d’emprisonnement, 375.000 euros d’amende et une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.Se pose ainsi la question de savoir si l’accusation va requérir contre lui un mandat de dépôt (incarcération immédiate même en cas d’appel). – “Ambition dévorante” -D’autant que les procureurs ont fait référence aux précédentes condamnations de Nicolas Sarkozy, dont c’est le cinquième procès en cinq ans.”Derrière l’image de l’homme public se dessine, au gré des enquêtes judiciaires, la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l’honnêteté et la droiture”, a déclaré mardi soir Quentin Dandoy, l’un des trois procureurs.Assis face aux représentants du ministère public, Nicolas Sarkozy, qui clame vigoureusement son innocence depuis l’origine, a enragé en silence, les genoux agités, souriant parfois jaune ou ne pouvant réprimer une remarque outrée, indéchiffrable depuis les bancs de la presse.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, il porte depuis le 7 février un bracelet électronique à la cheville.En plus de l’ex-président, le PNF doit requérir contre onze prévenus, dont trois anciens ministres: Claude Guéant, 80 ans, absent pour des raisons de santé, ainsi que Brice Hortefeux, absent pour des raisons personnelles “légitimes” selon la présidente, et Eric Woerth, assis face aux procureurs jeudi matin, prenant des notes.Selon l’accusation, le premier, alors directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, a “négocié” en 2005 “pour le compte de Nicolas Sarkozy le pacte de corruption”, qui a été “mis en Å“uvre” par Brice Hortefeux.Quant à Eric Woerth, en tant que trésorier de la campagne, il doit être, pour le PNF, condamné pour complicité de financement illégal, car il aurait dissimulé de l’argent liquide dans les comptes.Deux canaux de financement, respectivement par virements et remises de cash, ont été mis en place, selon l’accusation, deux canaux qui correspondent aux deux intermédiaires de ce dossier: Ziad Takieddine (en fuite) et Alexandre Djouhri.Sont jugés aussi un ancien proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh (en fuite), ainsi que deux hommes d’affaires saoudiens, un banquier franco-djiboutien et un ex-cadre d’Airbus.

La France affiche en 2024 un dérapage budgétaire élevé mais moindre qu’anticipé

En plein casse-tête du gouvernement pour financer davantage la défense et préparer le prochain budget, la France affiche pour 2024 un dérapage budgétaire un peu moins élevé qu’anticipé par le gouvernement, même s’il reste le plus important de la zone euro. Après 5,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, le déficit public a atteint 5,8% en 2024, soit 169,6 milliards d’euros, a indiqué jeudi l’Institut national de la statistique (Insee). Le gouvernement tablait sur un chiffre autour de 6%. Sur France Inter, le ministre de l’Economie Eric Lombard a attribué ce résultat à “des dépenses très bien tenues” en fin d’année et à des recettes “un peu” meilleures que prévu” dans les dernières semaines. Il a toutefois déploré que ce n’était “pas une bonne nouvelle” car le déficit demeurait “trop élevé”, posant un “risque” en termes de “souveraineté”, nationale et financière. Outre des recettes moindres qu’anticipé, l’Insee a pointé l’accélération des dépenses publiques (57,1% du PIB) en 2024, les prestations sociales pesant 60% de cette hausse, particulièrement les retraites du fait de leur revalorisation. Les dépenses d’investissement des collectivités locales ont aussi progressé. La dette française a elle augmenté de 202,7 milliards d’euros sur l’ensemble de 2024 pour atteindre 113% du PIB, soit 3.305,3 milliards d’euros, le niveau le plus élevé derrière la Grèce et l’Italie. Un an plus tôt, elle était à 109,8%. – Objectif “atteignable” -En 2025, le gouvernement compte ramener le déficit à 5,4% du PIB puis sous la limite européenne de 3% en 2029.Le déficit plus faible que redouté rend l’objectif pour cette année “atteignable, d’autant plus que le contexte macroéconomique s’est beaucoup dégradé”, a commenté Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade. “Néanmoins, les finances publiques françaises restent dans une situation périlleuse”, a-t-il nuancé. Une conférence des finances publiques est prévue autour du Premier ministre François Bayrou le 15 avril, qui permettra  “de partager la situation budgétaire du pays à fin mars avec toutes les parties prenantes, élus, partenaires sociaux, collectivités locales…”, a annoncé Eric Lombard.  Selon lui, le budget est “pour le moment en phase” du côté des recettes.Sa collègue des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a estimé dans le journal l’Opinion jeudi qu'”une trajectoire de désendettement crédible ne peut être que partagée par toute la Nation”. Elle s’est dite favorable à un débat sur le financement de la sécurité sociale.  Mais les marges de manÅ“uvre du gouvernement sont limitées dans un paysage politique fragmenté et un environnement économique sous tension accrue.  La Banque de France a abaissé à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025 en raison des incertitudes internationales. Le gouvernement pourrait aligner la sienne (aujourd’hui fixée à 0,9%) voire descendre davantage en cas d’intense guerre commerciale avec les Etats-Unis. – “Sous le tapis” -“Depuis 30 ans, dès qu’il y a un problème, on fait de la dette, on fait du déficit, on glisse le problème sous le tapis”, estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. Or, avec la remontée des taux souverains, cette dette coûte plus cher. En 2024, les intérêts payés par le France se sont élevés à 58 milliards d’euros (+14,6% sur un an), soit 2% du PIB selon l’Insee, soit aussi peu ou prou le budget annuel de la défense.C’est dans ce contexte difficile que le gouvernement doit trouver de l’argent supplémentaire pour financer l’augmentation des dépenses militaires, justifiée en France comme dans le reste de l’Europe par la menace russe et le revirement géopolitique de Washington.  Signe de la difficulté de la tâche, sa porte-parole Sophie Primas a déclaré mercredi que la préparation du budget 2026 s’annonçait comme “un cauchemar”. Amélie de Montchalin a toutefois réitéré son refus d’augmenter les impôts. “Nous avons le plus haut déficit de la zone euro, le plus haut niveau de prélèvements de l’OCDE et 8 points de PIB de dépenses de plus que nos voisins européens. La réponse ne peut pas être l’augmentation mécanique des impôts! Les impôts exceptionnels de 2024 resteront exceptionnels”, a-t-elle affirmé. Elle s’est autorisée toutefois à passer en revue les plus de 400 niches fiscales. 

Face aux “crises”, le chef de la diplomatie française plaide pour le dialogue avec Pékin

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, en visite jeudi à Pékin, a plaidé pour un “partenariat franco-chinois puissant” face aux “crises” dans le monde, avertissant cependant que l’Europe défendrait ses “intérêts” et ses “valeurs”.”Plus que jamais, le contexte actuel exige un partenariat franco-chinois puissant au service de la stabilité géopolitique, de la prospérité et de l’avenir de notre planète”, a plaidé le chef de la diplomatie devant des étudiants, avant de s’entretenir avec son homologue Wang Yi.Les deux ministres se sont serrés la main à la somptueuse résidence d’Etat de Diaoyutai devant des drapeaux français et chinois, avant de s’entretenir à huis clos.Paris avait fait savoir que les discussions porteraient sur la résolution du conflit russo-ukrainien ainsi que sur le Moyen-Orient et sur les tensions commerciales entre la Chine et l’Union européenne.”Le rythme des crises s’accélère”, a déclaré le ministre français au côté de Wang Yi. “Nos deux pays doivent donc ensemble porter un dialogue de stabilité favorable à la recherche de solutions”.La France et la Chine ont cherché à renforcer leurs liens ces dernières années. Mais Paris a également mis sur la table les liens de Pékin avec Moscou, qui se sont fortement resserrés depuis la guerre en Ukraine, alors que la Chine n’a jamais condamné l’invasion russe.”Face aux défis politiques, économiques et sécuritaires, une nouvelle Europe est en train d’émerger rapidement. Elle a pour seule boussole l’autonomie stratégique”, a déclaré M. Barrot.”Elle sera particulièrement vigilante sur la défense de ses intérêts, de ses valeurs”, a-t-il ajouté.M. Barrot a également souligné que Paris et Pékin devaient “se coordonner pour promouvoir une paix juste et durable en Ukraine”.”La Chine a également un rôle à jouer pour convaincre la Russie de s’asseoir à la table des négociations avec des propositions sérieuses et de bonne foi”, a déclaré le ministre français à son homologue chinois.- “Adhérer au multilatéralisme” -Le chef de la diplomatie chinoise a de son côté averti que “la situation internationale a de nouveau changé, et va devenir encore plus chaotique”.Alors que la Chine est une cible majeure de l’offensive commerciale lancée par Donald Trump, il a insisté pour dire que la France et la Chine devaient “adhérer au multilatéralisme” et “travailler ensemble pour la paix et le développement dans le monde”.”La France s’oppose à toute forme de guerre commerciale et prône le dialogue sur les questions commerciales, en particulier entre l’Union européenne et la Chine”, a répondu M. Barrot.Il a abordé par la même occasion la question des sanctions douanières sur le cognac français, en réponse aux droits de douane supplémentaires de l’Union européenne sur les voitures électriques chinoises.M. Barrot a dit chercher une “solution rapide” à ce différend commercial, ce qui permettrait aux deux pays de se concentrer “sur la réalisation de partenariats et d’investissements pour l’avenir”.Après s’être entretenu avec son homologue chinois, le ministre français a rencontré le Premier ministre Li Qiang au Palais de l’Assemblée du Peuple.”Le monde ne connaît actuellement pas la paix et l’instabilité et l’incertitude augmentent”, a estimé M. Li, plaidant pour que “la Chine et la France, deux grands pays indépendants et responsables” renforcent “leur coopération”.Après cette étape à Pékin, le ministre français se rendra à Shanghai, où il doit inaugurer vendredi une usine de production d’hydrogène construite par le groupe français Air Liquide, et participer à un forum d’affaires franco-chinois.La visite de M. Barrot en Chine s’inscrit dans le cadre d’une tournée plus large en Asie, au cours de laquelle il s’est rendu en Indonésie et à Singapour.La menace d’une agression russe en Europe n’est “pas théorique”, a-t-il déclaré mardi depuis la cité-Etat d’Asie du Sud-Est, après que l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff a affirmé dimanche sur Fox News ne pas croire à une telle éventualité.”L’agressivité” de la Russie “au cours des trois dernières années s’est étendue bien au-delà de l’Ukraine elle-même”, avait alors déclaré M. Barrot devant un parterre de journalistes.

La Corée du Sud en proie aux incendies les plus destructeurs et meurtriers de son histoire

Les feux qui ravagent le sud-est de la Corée du Sud sont les plus destructeurs et les plus meurtriers enregistrés dans le pays, ont indiqué jeudi les autorités, faisant état d’un bilan alourdi à 27 morts.Plus d’une dizaine d’incendies se sont déclarés au cours du week-end, coupant les routes et les lignes de communication, et contraignant quelque 37.000 personnes à évacuer d’urgence.27 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, a indiqué le ministère sud-coréen de l’Intérieur et de la Sécurité, en prévenant que le bilan risquait de s’alourdir encore. Il s’agit du nombre de morts le plus élevé que le Service coréen des forêts recense les incendies de forêt en 1987.Les feux de forêt, contre lesquels luttent les pompiers, ont ravagé “35.810 hectares, soit plus que les incendies de 2000 qui étaient les plus destructeurs enregistrés”, a indiqué Lee Han-kyung, chef de la division des catastrophes et de la sécurité.Les changements du régime des vents et la sécheresse ont révélé les limites des méthodes conventionnelles de lutte contre les incendies, ont observé les autorités.- Sites classés -En plus des milliers de pompiers déployés, des centaines de soldats ont été mobilisés, et l’armée américaine fournit un soutien par hélicoptère depuis ses bases militaires du sud du pays.La plupart des personnes ayant péri dans les incendies sont des riverains, dont de nombreuses personnes âgées. Au moins trois pompiers sont également décédés et le pilote d’un hélicoptère engagé contre le feu a perdu la vie dans le crash de son appareil en zone montagneuse.Deux sites classés au patrimoine de l’UNESCO et populaires auprès des touristes, les villages de Hahoe et Byeongsan Seowon, sont toujours menacés.A Byeongsan Seowon, une ancienne académie confucéenne, des camions de pompiers projetaient de l’eau et des produits ignifuges sur le site historique dans un effort désespéré pour le sauver sur fond d’un ciel rendu opaque, ont constaté des journalistes de l’AFP.”Nous pulvérisons trois tonnes d’eau chaque jour pour prévenir les incendies sur l’ensemble du site, y compris les bâtiments”, a indiqué à l’AFP Lee Seung-myung, chef de l’équipe de sécurité incendie des pompiers d’Andong.Mais Choi Young-ho, un pompier, prévient que le site classé reste à la merci du vent. “S’il y a un vent fort, il transportera les flammes de loin, ce qui est très inquiétant”.Des précipitations sont prévues jeudi en fin de journée, qui pourraient aider les soldats du feu.- “Changement climatique” -Cette catastrophe, d’une ampleur jamais vue, “révèle une fois de plus la dure réalité d’une crise climatique sans précédent”, a souligné le chef de la division des catastrophes et de la sécurité.Il a relevé que les zones touchées n’avaient reçu cette saison que la moitié des précipitations moyennes.Yeh Sang-Wook, professeur de climatologie à l’université Hanyang de Séoul, a expliqué auprès de l’AFP que ce manque de précipitations avait asséché la terre, “créant des conditions favorables aux incendies de forêt”.”Cela peut être considéré comme l’une des causes fondamentales”, a-t-il estimé. “Nous ne pouvons pas dire que c’est uniquement dû au changement climatique, mais le changement climatique affecte directement (et) indirectement les changements que nous connaissons actuellement. C’est un fait incontestable”.2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en Corée du Sud, avec une température annuelle moyenne de 14,5°C – deux degrés de plus que la moyenne des 30 années précédentes -, selon l’Administration météorologique coréenne.Le nombre d’incendies dans le sud du pays a plus que doublé cette année par rapport à l’année dernière, ont indiqué les autorités.Certains types de conditions météorologiques extrêmes ont un lien bien établi avec le changement climatique, comme les vagues de chaleur ou les fortes précipitations. D’autres phénomènes, tels que les incendies de forêt, les sécheresses, les tempêtes de neige et les tempêtes tropicales, peuvent résulter d’une combinaison de facteurs complexes.Un autre expert, le professeur Hong Suk-hwan du département d’architecture paysagère de l’université nationale de Pusan, a pour sa part pointé les pratiques de gestion forestière et la priorité donnée par Séoul à la préservation des grands pins – chargés de résine huileuse.Si la Corée du Sud avait cultivé davantage d’arbres à feuilles caduques dans une forêt mixte naturelle, cela “aurait ralenti la propagation des feux de forêt”, dit-il.

Rixes mortelles près des écoles: Retailleau et Borne promettent “plus de dissuasion et de sanctions”

Les ministres de l’Education et de l’Intérieur ont promis jeudi davantage de “dissuasion et de sanctions” aux abords des établissements scolaires après la “longue litanie” de rixes mortelles intervenues ces derniers temps. Elisabeth Borne et Bruno Retailleau ont convoqué la presse tôt le matin, devant le lycée professionnel Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement à Paris. Dans un télégramme adressé mercredi aux préfets et recteurs d’académies, les deux ministres ont appelé à mener “des contrôles aléatoires aux abords des établissements scolaires” d’ici à “la fin de l’année scolaire”.Lundi après-midi, une altercation a éclaté entre bandes rivales des communes de Yerres et Brunoy dans l’Essonne, devant le lycée professionnel Louis-Armand de Yerres. Un jeune de 17 ans est mort après avoir reçu un coup de couteau dans le dos. “Quelques mois auparavant, c’était un jeune de 16 ans”, a rappelé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.”On ne peut pas s’accoutumer à l’inadmissible”, “cette longue litanie abominable on ne peut pas s’y résoudre”, a déclaré le ministre aux journalistes.”Nous avons décidé de mobiliser les préfets et les recteurs pour faire en sorte qu’il y ait plus de pression”, a-t-il dit.”On a voulu de façon aléatoire, inopinée, multiplier les opérations devant les établissements pour qu’il y ait des fouilles de sacs, pour rechercher les armes blanches, les stupéfiants”, “il faut sans doute plus de dissuasion, plus de sanctions”, a-t-il poursuivi.Si une arme blanche est découverte lors de la fouille d’un sac, le traitement réservé à l’élève variera en fonction de son âge.”S’il est majeur, systématiquement, c’est une c’est une AFD, une amende forfaitaire délictuelle” (une sanction pénale alternative aux  poursuites judiciaires ayant pour but de punir des petits délits, ndlr), a précisé Bruno Retailleau.”S’il est mineur, c’est direct commissariat, avec convocation des parents etc… On ne laisse rien passer”, a-t-il ajouté. 

La France affiche en 2024 un dérapage budgétaire moindre qu’anticipé

En plein casse-tête du gouvernement pour financer davantage la défense et préparer le prochain budget, la France affiche pour 2024 un dérapage budgétaire un peu moins élevé qu’anticipé par le gouvernement, même s’il reste l’un des plus importants de la zone euro. Après 5,4% du PIB en 2023, le déficit public a atteint 5,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, a indiqué l’Institut national de la statistique (INSEE), alors que le gouvernement tablait sur un chiffre autour de 6%. La ministre des Comptes public, Amélie de Montchalin, avait récemment laissé entrevoir un léger mieux par rapport aux prévisions, mettant en avant un “trou” de la sécurité sociale moins profond qu’anticipé et le ralentissement des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Son niveau reste toutefois très éloigné des 4,4% encore espérés à l’automne 2023, du fait de recettes moins dynamiques qu’anticipé. La dette française a augmenté de 202,7 milliards d’euros sur l’ensemble de 2024, et de 3,8 milliards au quatrième trimestre, pour atteindre 113% du PIB, soit 3.305,3 milliards d’euros. Au sein de l’union monétaire, seules la Grèce et l’Italie ont une dette publique plus élevée que la France. “Notre dette publique est passée de 30% à 110% du PIB en 40 ans” et les intérêts “dépassent malheureusement déjà notre budget de défense, et bientôt celui de l’éducation nationale”, a alerté mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. “La cause de cette maladie française est bien connue depuis trop longtemps: nos dépenses publiques croissent plus vite que nos recettes”: à modèle social équivalent, les dépenses dépassent de plus de 9 points de PIB celles des pays voisins, soit quelque 260 milliards d’euros, a-t-il fait valoir. Selon l’Insee, les dépenses publiques ont accéléré de 3,9% l’an dernier pour atteindre 57,1% du PIB tandis que les recettes ont augmenté de 3,1%, mais moins rapidement que le PIB.   – “Sous le tapis” -Le gouvernement compte ramener le déficit à 5,4% du PIB en 2025, avant de repasser sous la limite européenne de 3% en 2029.Afin de prévenir un éventuel nouveau dérapage, il réunira pour la première fois en avril un comité d’alerte associant notamment parlementaires et collectivités locales. Mais ses marges de manÅ“uvre sont limitées dans un paysage politique fragmenté et un environnement économique sous tension accrue.  Des économies ont déjà été décidées à hauteur d’environ 50 milliards d’euros cette année, et la menace américaine de relever les droits de douane risque de ralentir davantage l’activité, sur fond de hausse des taux d’intérêt à long terme, ce qui alourdit le coût de la dette. “Depuis 30 ans, dès qu’il y a un problème, on fait de la dette, on fait du déficit, on glisse le problème sous le tapis”, estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.  “Jusque-là, nos créanciers nous finançaient pas cher mais aujourd’hui, ils demandent plus cher (…) parce qu’ils nous considèrent comme plus risqués”, ajoute-t-il auprès de l’AFP. La Banque de France a abaissé à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025. Le gouvernement pourrait aligner la sienne (aujourd’hui fixée à 0,9%) voire descendre davantage en cas d’intense guerre commerciale. – “Cauchemar” -C’est dans ce contexte difficile que le gouvernement doit trouver de l’argent supplémentaire pour financer l’augmentation des dépenses militaires, justifiée en France comme dans le reste de l’Europe par la menace russe et le revirement géopolitique de Washington.  Mais, signe de la difficulté de la tâche, sa porte-parole Sophie Primas a déclaré mercredi que la préparation du budget 2026 s’annonçait comme “un cauchemar tant les difficultés financières (étaient) importantes”.Malgré ces défis, Nicolas Goetzmann, chef économiste de la société de gestion Financière de la Cité, se montre optimiste à plus long terme.”Pour la première fois depuis 25 ans en zone euro (…) des conditions sont en train d’être mises en place qui permettraient de dégager l’horizon de la croissance européenne, et notamment celle de la France”, relève-t-il, mentionnant le plan d’investissement massif en Allemagne et la mobilisation de fonds européens pour la défense.