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TotalEnergies réduit encore ses émissions en 2024 et assure maintenir le cap

Le groupe pétrogazier français et 4e major mondiale TotalEnergies a déclaré jeudi qu’il avait encore réduit son empreinte carbone en 2024 et qu’il maintenait “le cap” de ses objectifs climatiques, à deux mois d’une assemblée générale de ses actionnaires toujours très scrutée.En présentant son rapport “climat”, la compagnie s’est employée à montrer qu’elle fait figure de bonne élève au milieu des revirements sur la transition énergétique récemment annoncés par les Majors européennes Shell et BP. “Forte de ces résultats, TotalEnergies maintient le cap de sa stratégie et est devenue la société la plus engagée dans la transition énergétique parmi les majors”, a affirmé l’entreprise.TotalEnergies déclare avoir réduit ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre en 2024, par rapport à 2023, pour un total de 461 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2e, -2,9%) ou de 449 MtCO2e (-2,6%), selon les deux méthodes de calcul retenues à partir de ses tableaux de comptabilité carbone. Cela représente environ un quart de plus que toutes les émissions de la France sur son territoire. L’empreinte carbone inclut le dioxyde de carbone (CO2) généré par la combustion de l’essence, du kérosène ou du gaz vendu par TotalEnergies, mais aussi les rejets de méthane (molécule du gaz), un puissant gaz à effet de serre qui peut fuir des forages ou des gazoducs et s’échapper dans l’atmosphère.Les émissions dites directes, générées par ses activités d’extraction et de production, que la major en soit l’opérateur ou non, sont déclarées à 43 MtCO2e en 2024 (-4,4% sur un an).Mais l’essentiel de l’empreinte carbone des groupes pétroliers comme TotalEnergies est ailleurs, dans les émissions dites indirectes, notamment celles issues de la combustion des produits vendus à ses clients. Celles-ci ont été de 342 MtCO2e en 2024, soit une baisse de 2,6% par rapport à 2023 qui n’est pas parvenue à convaincre les défenseurs du climat.”La réalité, c’est que TotalEnergies cherche à forer davantage de pétrole et de gaz”, a réagi auprès de l’AFP Kelly Trout, de Oil Change International, en évoquant des projets “dangereusement déphasés par rapport aux objectifs climatiques”.- Virage dans l’électricité -Les militants ont déjà été refroidis en février par l’annonce du groupe d’alléger ses investissements “bas carbone” de 500 millions de dollars, les abaissant de 5 à 4,5 milliards. Ils seront de 4 à 5 milliards, a dit jeudi le groupe, en assurant garder le cap de la transition, grâce à son virage dans l’électricité.A côté du pétrole et du gaz (87% de ses ventes), l’électricité a arraché pour la première fois une part de 11% dans la production du groupe, de l’électricité éolienne et solaire surtout mais aussi produite dans des centrales alimentées au gaz, fossile donc.”Fondamentalement, cette partie de la stratégie ne changera pas, nous continuerons à développer cette activité dans le domaine de l’électricité”, a déclaré le PDG Patrick Pouyanné devant les investisseurs.Mais l’ONG Reclaim finance a dénoncé une “hypocrisie” du groupe dans le fait notamment qu’il veut augmenter sa production pétrogazière d’environ 3% par an jusqu’en 2030, surtout du gaz, une priorité du groupe qui investit en masse dans le gaz naturel liquéfié (GNL).Le groupe vante en effet le rôle de cette énergie comme une “alternative vertueuse” dans les pays carburant au charbon pour leur électricité, une affirmation contestée par des scientifiques et experts du climat. L’empreinte carbone du GNL peut en effet rivaliser avec celle du charbon dans certains cas, à cause de son processus industriel (extraction, liquéfaction, transport maritime qui engendre des fuites).La “neutralité carbone” en 2050 visée par l’entreprise est soumise à la condition que “la société”, c’est-à-dire les pays où elle opère, impose de facto la sortie du pétrole. Or TotalEnergies n’a pas déclaré d’intention d’arrêter ses activités pétrolières et s’appuiera largement sur des compensations ou des absorptions de carbone, techniques non éprouvées à grande échelle.En attendant, le groupe a décidé pour 2025 de “renforcer ses objectifs de baisse” de ses émissions directes (incluant ses activités et l’énergie qu’elle consomme) et de méthane. TotalEnergies estime être allée plus vite que prévu en réduisant de 55% ses propres émissions de méthane en 2024 par rapport à 2020 et compte faire encore mieux avec une réduction de 60% en 2025, avant -80% en 2030.

Procès libyen: une peine “dissuasive” de sept ans de prison requise contre Nicolas Sarkozy

Une peine “ferme”, “juste”, et “dissuasive”, au regard de la “gravité des faits”: le parquet financier a requis jeudi sept ans de prison à l’encontre de l’ex-chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir noué un pacte de corruption avec l'”infréquentable” dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour satisfaire ses “ambitions politiques dévorantes”.Au terme de trois mois de procès et de 10 ans d’enquête, “c’est un tableau très sombre d’une partie de notre République qui s’est dessiné”, a déclaré à la fin d’un réquisitoire fleuve à trois voix le procureur financier Sébastien de la Touanne.”Un tableau marqué par une corruption de haute intensité, attisée par l’ambition, la soif de pouvoir, la cupidité et qui a tissé sa toile jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat”, a-t-il ajouté.L’accusation n’avait pas mâché ses mots contre l’ancien président pendant les deux premiers jours des réquisitions, et est resté sur la même ligne, devant un Nicolas Sarkozy à la mine grave, et à l’air pétrifié au moment de l’annonce de la peine demandée contre lui.Alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 2005, Nicolas Sarkozy s’est engagé, avec ses “plus proches collaborateurs” Claude Guéant et Brice Hortefeux, dans une “quête effrénée” de financements pour satisfaire ses “ambitions politiques dévorantes”, poursuit le magistrat.Il n’a “pas hésité” à conclure “un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années”, pour pouvoir “accéder à la magistrature suprême”, ajoute-t-il.- “Devoir d’exemplarité” -L’accusation a également réclamé une peine d’inéligibilité de cinq ans contre Nicolas Sarkozy, et 300.000 euros d’amende.Il est un “homme public” qui a exercé des multiples fonctions mais a fait fi de son “devoir d’exemplarité”, a “méprisé” les règles encadrant la vie politique, continue le procureur d’un ton sobre.Depuis le début de cette affaire, Nicolas Sarkozy “a contesté les faits dans leur intégralité, et ne semble pas prendre la mesure de la gravité des atteintes à la probité qui lui sont reprochées”, martèle le procureur, rappelant qu’il a déjà été condamné. C’est son cinquième procès en cinq ans.Quelques minutes après la fin des réquisitions, l’ex-président a dénoncé “la fausseté et la violence des accusations et l’outrance de la peine réclamée”, qui ne visent selon lui qu’à “masquer la faiblesse des charges alléguées”. Il a ajouté vouloir “croire dans la sagesse du tribunal”, qui ne rendra sa décision que dans plusieurs mois.Contre Claude Guéant (absent pour des raisons de santé) accusé d’être impliqué dans toutes les étapes du “pacte de corruption” et de s’être “personnellement enrichi”, le parquet a requis six ans de prison et 100.000 euros d’amende.Ce serviteur de l’Etat était “tout comme Nicolas Sarkozy tenu à un devoir d’exemplarité et d’intégrité”, a souligné le procureur.Trois ans de prison et 150.000 euros d’amende ont aussi été requis contre Brice Hortefeux.Contre le trésorier de la campagne Eric Woerth, qui selon le procureur a “recueilli et accepté des fonds” libyens, un an de prison (aménagé d’office) et 3.750 euros d’amende ont été requis. – “Agents de corruption” -Le PNF a également requis contre les “agents de corruption” et intermédiaires Ziad Takieddine (en fuite) et Alexandre Djouhri des peines de respectivement six ans de prison et trois millions d’euros d’amende, et de cinq ans et quatre millions, pour avoir mis en place selon l’accusation les canaux de financement libyen vers la campagne.Tout au long du réquisitoire, les procureurs ont dépeint Nicolas Sarkozy en “véritable décisionnaire” et “commanditaire” d’un pacte de corruption “inconcevable, inouï, indécent”, noué avec l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle de 2007.Ils ont aussi détaillé les “contreparties” diplomatiques, juridiques et économiques promises selon eux au régime libyen et ont affirmé que des “traces” d’argent liquide dans la campagne victorieuse alimentaient le “faisceau d’indices” du dossier.Pour les procureurs, tous les délits pour lesquels il est jugé depuis le 6 janvier sont constitués: ils ont demandé au tribunal de le reconnaître coupable de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.Nicolas Sarkozy, qui clame vigoureusement son innocence depuis l’origine, et dont la défense plaidera au dernier jour du procès le 8 avril, avait enragé en silence, genoux agités, souriant parfois jaune ou ne pouvant réprimer une remarque outrée, indéchiffrable depuis les bancs de la presse.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, il porte depuis le 7 février un bracelet électronique à la cheville.

Le petit Emile probablement tué, la piste familiale toujours ouverte

L’hypothèse de l'”intervention d’un tiers” se dessine dans la disparition et la mort du petit Emile, selon le procureur d’Aix-en-Provence, qui n’écarte pas totalement la piste familiale même si les grands-parents, l’oncle et la tante de l’enfant sont ressortis libres de garde à vue.Le procureur de la République Jean-Luc Blachon a distillé jeudi matin des éléments factuels, un an après la découverte fortuite du crâne et des restes du garçonnet, âgé de deux ans et demi lors de sa disparition en juillet 2023.”Les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte, a déclaré M. Blachon devant des dizaines de journalistes, ajoutant que selon les expertises, “le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt” et que des “stigmates anatomiques, évocateurs d’un traumatisme facial violent” ont été retrouvés sur son crâne. Les expertises introduisent donc “la probabilité d’intervention d’un tiers dans la disparition et la mort d’Emile Soleil”, a ajouté le procureur.Quelques heures auparavant, quatre membres de la famille du garçonnet, interrogés par les enquêteurs depuis mardi, sont ressortis de leurs gardes à vue libres et sans poursuites.La piste de l’implication d’un ou plusieurs membres de la famille “n’est pas fermée” et “les personnes qui ont été placées en garde à vue ont été remises en liberté” car “les charges n’étaient pas suffisantes pour conduire à une mise en examen quelconque dans ce dossier”, a toutefois insisté M. Blachon.La piste familiale semblait effectivement se préciser depuis mardi matin, avec le rebondissement spectaculaire qu’a constitué l’interpellation à l’aube de Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d’Emile, ainsi que de deux enfants majeurs du couple. Ils avaient été placés en garde à vue pour “homicide volontaire” et “recel de cadavre”.- Calme absolu -Un séisme de plus dans cette famille discrète de fervents catholiques qui compte 10 enfants au total, dominée par le patriarche rigoriste du clan, le grand-père, 59 ans.”Je suis catholique mais quand même eux, c’est un peu comme une secte, c’est bizarre de ne mettre aucun enfant à l’école. Ici les gens parlent, on entend de vieilles histoires. Beaucoup disent sur les pages Facebook que c’est le père (Philippe Vedovini, NDLR), moi je leur dis qu’on n’en sait rien !”, a témoigné auprès de l’AFP une commerçante de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), qui n’a pas souhaité donner son nom.Un calme absolu régnait jeudi autour de la maison familiale des Vedovini, cossu mas provençal entouré d’un paysage bucolique dans cette commune située entre Aix-en-Provence et Aubagne, dont plusieurs volets restaient fermés.Les parents d’Emile, Colomban et Marie, y ont été vus arriver en voiture peu après 08H00. Après la remise en liberté de leurs clients dans la nuit de mercredi à jeudi, les avocats des grands-parents avaient fait part de leur soulagement.”Au bout de 17 heures d’auditions aujourd’hui (jeudi), la garde à vue est levée”, avait annoncé vers 05H00 Me Isabelle Colombani, avocate du grand-père, en sortant de la gendarmerie.”Il est parfaitement normal que les enquêteurs étudient toutes les hypothèses, afin de ne laisser aucune zone d’ombre”, a de son côté estimé Me Julien Pinelli, l’avocat de la grand-mère d’Emile, dans un message transmis à l’AFP après la conférence de presse du procureur.- 287 auditions -Jean-Luc Blachon avait précisé mardi que ces gardes à vue devaient permettre de vérifier et confronter “des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois”.En la matière, les chiffres sont impressionnants: les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Marseille ont depuis presque 21 mois épluché 3.141 signalements, procédé à 287 auditions, analysé 27 véhicules, ratissé 285 hectares. Sans parler des 50 perquisitions et millions de données de communication à analyser, a détaillé le colonel Christophe Berthelin, patron de la section de recherches, lors du point presse de jeudi.Emile a disparu le 8 juillet 2023, alors qu’il venait d’arriver chez ses grands-parents, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1.200 mètres d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence.Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de ratissages judiciaires, aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte fortuite, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d’os avaient également été retrouvés dans la même zone.Début février, les obsèques du garçonnet s’étaient tenues en la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), parents et grands-parents d’Emile affichant une certaine distance. Le soir même, les grands-parents publiaient un communiqué estimant que “le temps du silence doit laisser place à celui de la vérité”.stt-alc-san-jra/so/gvy

Paris summit rejects Russia sanctions relief, mulls Ukraine force

European countries agreed at a summit in Paris Thursday to ramp up rather than lift sanctions on Russia over its war against Ukraine, as Britain and France began sketching out plans to send a “reassurance” force after any peace.President Emmanuel Macron hosted the meeting of Ukraine’s European allies and President Volodymyr Zelensky in the latest effort …

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De l’eau, des pesticides, de l’action: la FNSEA à l’offensive lors de son congrès

Des “moyens de production” dans une Europe qui doit “se réarmer” sur le plan agricole: réunie en congrès à Grenoble, la FNSEA a haussé le ton jeudi face à la ministre de l’Agriculture, listant les doléances des agriculteurs après plus d’un an de crise.”Depuis notre dernier congrès, nous avons vécu une année d’une exceptionnelle intensité”, a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA dans son discours de clôture, rappelant le mouvement de colère de début 2024, les crises sanitaires et climatiques, “l’instabilité politique peu commune” et la campagne “âpre” pour l’élection aux chambres d’agriculture en janvier.Le syndicat historique, allié aux Jeunes agriculteurs, a perdu à cette occasion sa majorité absolue dans le vote des agriculteurs mais conserve la présidence de 84 chambres sur 102. Le congrès a été l’occasion de tourner la page en actant la nécessité “d’accélérer la transformation du syndicat” et sa féminisation. Mais c’est la “combativité”, revendiquée par Arnaud Rousseau, qui a le plus transpiré de son discours face à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Laissons l’immobilisme et la colère stérile à ceux qui s’en contentent”, a-t-il déclaré, en allusion à la Coordination rurale qui a effectué une percée en janvier sur un discours dégagiste visant la FNSEA.- “Réarmement” -S’il a reconnu les mesures obtenues dans le cadre du budget 2025 (allègements fiscaux notamment), l’adoption de la loi d’orientation agricole mi-février ou encore des plans d’urgence sectoriels, Arnaud Rousseau a appelé la ministre à ne “pas céder à la tentation de penser qu’avec ces premières avancées, il est possible de reléguer au second plan les sujets agricoles”.Selon lui, le “réarmement de notre souveraineté alimentaire” est le “pendant indispensable aux efforts pour créer une défense indépendante et solide”. Et pour cela les agriculteurs ont besoin de “moyens de production”. Ses revendications pour alléger la réglementation en matière de stockage de l’eau ou sur les seuils à partir desquels les élevages doivent effectuer des études environnementales ont été très applaudies.Mais c’est sa charge contre le flou autour du calendrier parlementaire concernant une proposition de loi visant notamment à réintroduire en France des pesticides néonicotinoïdes – encore autorisés en Europe – qui a eu le plus de succès parmi les adhérents du syndicats.”Madame la Ministre, quand on s’engage publiquement sur une date devant les agriculteurs, la moindre des choses est de s’y tenir”, a-t-il lancé, en référence à la promesse obtenue lors du Salon de l’agriculture en février de voir la loi inscrite à l’agenda de l’Assemblée début avril.Annie Genevard, qui a rappelé son soutien à la proposition et sa volonté de la faire avancer, lui a répondu que “l’encombrement législatif” était tel que le gouvernement était encore à la recherche d’une date, provoquant quelques huées dans l’assemblée.- Bataille “sémantique” -“Le vrai sujet c’est de convaincre les députés de l’adopter”, a-t-elle ajouté, le texte ayant été vivement critiqué par la gauche et les écologistes qui dénoncent le retour de pesticides “tueurs d’abeilles” et des retours en arrière sur l’environnement.Une réponse qui n’a pas satisfait le dirigeant syndical, qui a ensuite déclaré à des journalistes que l’incertitude sur l’examen de cette proposition, aggravée par l’inconnue de la pérennité du gouvernement, pourrait pousser ses troupes à se “mobiliser”.Après avoir listé lors de son discours des demandes précises sur la simplification ou la prédation du loup, Arnaud Rousseau a aussi rappelé à l’ordre Emmanuel Macron face à la perte du potentiel de production de la France, première puissance agricole européenne. “Il s’était engagé à nous donner sa nouvelle vision au Salon 2024! Nous l’attendons toujours!”Le président, tout comme Annie Genevard, a plusieurs fois évoqué la nécessité de “réarmer” la France pour assurer sa “souveraineté alimentaire”. Une expression adoptée par les ministres européens de l’Agriculture ainsi que par le commissaire Christophe Hansen dans une vidéo diffusée au congrès.La FNSEA estime ainsi avoir gagné la bataille “sémantique” mais attend encore sa concrétisation dans les faits.Alors que débutent les discussions sur la prochaine politique agricole commune, Arnaud Rousseau a appelé au maintien d’une PAC “commune”, à une augmentation de son budget mais aussi à une simplification des réglementations.Mercosur, guerres commerciales, discussions sur l’intégration de l’Ukraine à l’UE: l’agriculture ne peut plus être la “victime collatérale”, a-t-il asséné. 

De l’eau, des pesticides, de l’action: la FNSEA à l’offensive lors de son congrès

Des “moyens de production” dans une Europe qui doit “se réarmer” sur le plan agricole: réunie en congrès à Grenoble, la FNSEA a haussé le ton jeudi face à la ministre de l’Agriculture, listant les doléances des agriculteurs après plus d’un an de crise.”Depuis notre dernier congrès, nous avons vécu une année d’une exceptionnelle intensité”, a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA dans son discours de clôture, rappelant le mouvement de colère de début 2024, les crises sanitaires et climatiques, “l’instabilité politique peu commune” et la campagne “âpre” pour l’élection aux chambres d’agriculture en janvier.Le syndicat historique, allié aux Jeunes agriculteurs, a perdu à cette occasion sa majorité absolue dans le vote des agriculteurs mais conserve la présidence de 84 chambres sur 102. Le congrès a été l’occasion de tourner la page en actant la nécessité “d’accélérer la transformation du syndicat” et sa féminisation. Mais c’est la “combativité”, revendiquée par Arnaud Rousseau, qui a le plus transpiré de son discours face à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Laissons l’immobilisme et la colère stérile à ceux qui s’en contentent”, a-t-il déclaré, en allusion à la Coordination rurale qui a effectué une percée en janvier sur un discours dégagiste visant la FNSEA.- “Réarmement” -S’il a reconnu les mesures obtenues dans le cadre du budget 2025 (allègements fiscaux notamment), l’adoption de la loi d’orientation agricole mi-février ou encore des plans d’urgence sectoriels, Arnaud Rousseau a appelé la ministre à ne “pas céder à la tentation de penser qu’avec ces premières avancées, il est possible de reléguer au second plan les sujets agricoles”.Selon lui, le “réarmement de notre souveraineté alimentaire” est le “pendant indispensable aux efforts pour créer une défense indépendante et solide”. Et pour cela les agriculteurs ont besoin de “moyens de production”. Ses revendications pour alléger la réglementation en matière de stockage de l’eau ou sur les seuils à partir desquels les élevages doivent effectuer des études environnementales ont été très applaudies.Mais c’est sa charge contre le flou autour du calendrier parlementaire concernant une proposition de loi visant notamment à réintroduire en France des pesticides néonicotinoïdes – encore autorisés en Europe – qui a eu le plus de succès parmi les adhérents du syndicats.”Madame la Ministre, quand on s’engage publiquement sur une date devant les agriculteurs, la moindre des choses est de s’y tenir”, a-t-il lancé, en référence à la promesse obtenue lors du Salon de l’agriculture en février de voir la loi inscrite à l’agenda de l’Assemblée début avril.Annie Genevard, qui a rappelé son soutien à la proposition et sa volonté de la faire avancer, lui a répondu que “l’encombrement législatif” était tel que le gouvernement était encore à la recherche d’une date, provoquant quelques huées dans l’assemblée.- Bataille “sémantique” -“Le vrai sujet c’est de convaincre les députés de l’adopter”, a-t-elle ajouté, le texte ayant été vivement critiqué par la gauche et les écologistes qui dénoncent le retour de pesticides “tueurs d’abeilles” et des retours en arrière sur l’environnement.Une réponse qui n’a pas satisfait le dirigeant syndical, qui a ensuite déclaré à des journalistes que l’incertitude sur l’examen de cette proposition, aggravée par l’inconnue de la pérennité du gouvernement, pourrait pousser ses troupes à se “mobiliser”.Après avoir listé lors de son discours des demandes précises sur la simplification ou la prédation du loup, Arnaud Rousseau a aussi rappelé à l’ordre Emmanuel Macron face à la perte du potentiel de production de la France, première puissance agricole européenne. “Il s’était engagé à nous donner sa nouvelle vision au Salon 2024! Nous l’attendons toujours!”Le président, tout comme Annie Genevard, a plusieurs fois évoqué la nécessité de “réarmer” la France pour assurer sa “souveraineté alimentaire”. Une expression adoptée par les ministres européens de l’Agriculture ainsi que par le commissaire Christophe Hansen dans une vidéo diffusée au congrès.La FNSEA estime ainsi avoir gagné la bataille “sémantique” mais attend encore sa concrétisation dans les faits.Alors que débutent les discussions sur la prochaine politique agricole commune, Arnaud Rousseau a appelé au maintien d’une PAC “commune”, à une augmentation de son budget mais aussi à une simplification des réglementations.Mercosur, guerres commerciales, discussions sur l’intégration de l’Ukraine à l’UE: l’agriculture ne peut plus être la “victime collatérale”, a-t-il asséné. 

Trois ans après Orpea, le gouvernement se veut rassurant sur la sécurité des Ehpad

Le scandale Orpea avait ébranlé le secteur des résidences pour personnes âgées et entamé la confiance des familles. Trois ans plus tard, et à l’issue d’un vaste plan de contrôles, le gouvernement estime que la grande majorité des Ehpad ne posent pas de problèmes majeurs. Lancé en 2022 après la révélation de cas de malversations financières et de maltraitances, le plan de contrôle a permis d’inspecter la quasi totalité (96%) des 7.500 établissements accueillant des personnes âgées en France, a indiqué jeudi la ministre de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq. Près de 90% des contrôles n’ont débouché sur aucune “injonction”, mesure corrective liée à un risque grave, a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse à Paris. A l’inverse, environ 11% des établissements ont été considérés en situation dégradée. Au total, 55 sanctions administratives ont été prises : 11 cas de fermeture définitive d’activité totale ou partielle pour dysfonctionnements mettant en danger les résidents, neuf cas de suspension provisoire notamment pour insuffisance de professionnels qualifiés et 35 cas de mise sous administration provisoire. Quarante cas ont été signalés au procureur de la République. Sur l’ensemble des contrôles effectués, un tiers a été réalisé sur site, les deux-tiers sur pièces. “Un suivi a été effectué, maintenant on reste en veille, en vigilance”, a assuré la ministre, précisant qu’un “système d’information serait disponible” en janvier 2026 afin d’alerter de manière plus fluide les autorités “en cas de risque ou de maltraitance”. “S’il y a eu des problèmes dans certains”, les Ehpad “accompagnent, dans leur très grande majorité, bien nos aînés”, avec des “professionnels vraiment dévoués”, a insisté Charlotte Parmentier-Lecocq. “C’est parfois difficile pour les familles d’oser poser des questions, interpeller des professionnels ou la direction de l’Ehpad”, a-t-elle ajouté. “Il faut vraiment que les familles se sentent libres de pouvoir poser toutes les questions qu’elles veulent, ou de faire remonter les problèmes qu’elles perçoivent, et ça, ça doit se jouer au sein de l’Ehpad.” “Cette confiance est importante à restaurer parce qu’on a besoin des Ehpad et on a besoin des professionnels qui y travaillent” au vu des “besoins “exponentiels” des prochaines décennies liés au vieillissement de la population.- Pistes de financement -Pour y faire face, le gouvernement a budgété l’embauche de 6.500 équivalents temps plein (ETP) en 2025 et réaffirmé son objectif de 50.000 ETP supplémentaires en France d’ici à 2030. Pour apporter “un souffle financier” aux Ehpad, le fonds d’urgence dédié aux établissements en difficulté a été porté de 100 millions à 300 millions d’euros, a rappelé Charlotte Parmentier-Lecocq, précisant que les critères de répartition de ces financements étaient en train d’être examinés.Le gouvernement travaille parallèlement à “identifier de nouvelles pistes” de financement pour les Ehpad”, qui accueillent plus de 600.000 résidents et qui sont ressortis exsangues du Covid-19, du scandale Orpea et de l’inflation.”On n’est pas dans une projection à ce stade d’une nouvelle loi de programmation grand âge” mais “l’engagement budgétaire est bien présent”, a-t-elle assuré.Après les Ehpad, le gouvernement entend désormais passer au gril les établissements pour personnes handicapées.  “Ce que l’on souhaite c’est cibler” les structures “où il peut y avoir plus de risques donc nous allons d’abord cibler les établissements qui concernent les enfants et les établissements avec hébergement”, a-t-elle ajouté, précisant que l’objectif était de contrôler 500 établissements d’ici la fin de l’année.”Il s’agit de la même logique que le plan de contrôle des Ehpad, voir toutes les structures, mais en faisant davantage de contrôles sur site.”

Enchères: le yacht Stefania vendu 10 millions d’euros au profit de l’Etat

Le Stefania, yacht de luxe saisi dans une affaire de blanchiment impliquant un Biélorusse, est finalement parti aux enchères jeudi à La Ciotat pour 10 millions d’euros, une somme qui ira directement dans les caisses de l’État.Les enchères, étaient menées par l’étude De Baecque pour le compte de  l’Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc).La mise à prix avait initialement été fixée à 10 millions d’euros, mais elle avait finalement été abaissée à 9,5 millions, a expliqué à l’AFP le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, après la vente.”Les magistrats français se battent contre la criminalité organisée internationale et ce résultat valorise ce travail”, a ajouté M. Bessone.La vente était organisée depuis les chantiers navals de La Ciotat, ville méditerranéenne située près de Marseille, au pied du bateau, mis au sec après quelques travaux.Long de 41 mètres, ce navire quasi-neuf construit en 2021 est doté de ponts spacieux et d’intérieurs Art Déco tout en marbre blanc et plaquages dorés. Il propose cinq suites avec salles de bain privatives et notamment un jacuzzi.Estimé initialement entre 10 et 12 millions d’euros, le Stefania devient le bien non immobilier le plus cher vendu par l’Agrasc depuis sa création en 2011.Ce yacht avait été saisi en octobre 2023 par la police italienne, à la demande des autorités françaises, lors d’une escale près de Gênes (nord de l’Italie), alors qu’il s’apprêtait à prendre le large, direction Dubaï.La justice française l’a saisi avec une fastueuse villa estimée à 10 millions d’euros sur la Côte d’Azur, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Le parquet de Marseille, qui a mené l’enquête, a en effet estimé que “l’analyse des montages financiers complexes, des sociétés écrans et des mouvements de fonds suspects en provenance de paradis fiscaux confirmait la volonté de dissimuler l’origine frauduleuse des fonds” utilisés pour leur achat.Au final, les investigations ont permis d’identifier un individu, un Biélorusse nommé Chaslau Koniukh, selon un arrêt de la Cour de cassation sur ce dossier que l’AFP a pu consulter. Au coeur d’une enquête pour “trafics d’armes, trafic de produits stupéfiants et blanchiment en bande organisée” , cet homme n’a toujours pas été appréhendé.Outre des biens immobiliers, l’Agrasc peut saisir des assurances-vie, des biens mobiliers comme ce yacht, des comptes bancaires ou même des crypto-actifs. En 2024, elle a confisqué 244,1 millions d’euros de biens dont 160 millions ont été directement reversés au budget de l’État, soit 50 millions de plus par rapport à 2023.À La Ciotat, un autre yacht, l’Amore Vero, deux fois plus long (86 mètres), est immobilisé depuis trois ans par les douanes françaises dans le cadre des mesures de gel prises par l’Union européenne contre des biens appartenant à des Russes, à la suite de l’invasion russe en Ukraine.

A Paris, appels et promesses pour lutter contre la malnutrition, à l’heure du repli américain

“Un monde sans faim n’est pas une utopie. C’est un choix”, a déclaré jeudi le secrétaire général de l’ONU en ouvrant, par video interposée, un sommet sur la malnutrition à Paris à l’heure où l’aide au développement recule dans de nombreux pays, à commencer par les Etats-Unis de Donald Trump.”En 2015, les dirigeants du monde ont fait une promesse à l’humanité: éliminer la faim d’ici à 2030. Hélas, nous sommes loin du compte”, a dit Antonio Guterres aux représentants de 75 Etats, fondations philanthropiques, agences onusiennes, entreprises… réunis jeudi et vendredi à l’invitation de la France.”Face à la tentation du repli, les puissances d’équilibre doivent continuer à rester engagées”, a déclaré le Premier ministre français, François Bayrou, assurant que “la France prendra(it) sa part”, notamment via le Programme alimentaire mondial (PAM) dont elle est cinquième bailleur bilatéral (180 millions d’euros en 2024).Ce “Sommet Nutrition pour la croissance”, tenu pour la première fois à Londres en 2012 et organisé à tour de rôle par les pays hôtes des Jeux olympiques, vise à soutenir la mobilisation à l’égard d’un enjeu aigü qui recueille pourtant moins de 1% de l’aide au développement.Entre la faim, la sous-nutrition, mais aussi le surpoids et les maladies liées à une alimentation transformée manquant de nutriments, plus de 2,8 milliards de personnes souffrent de malnutrition dans le monde, au Sud comme au Nord, selon la FAO.Objectif de la réunion, “maintenir un niveau élevé d’engagement politique et financier en faveur de la nutrition”, explique l’organisation française.Elle intervient alors que le président américain, Donald Trump, a décidé le quasi-démantèlement de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID).La situation était déjà tendue, avec une aide publique au développement en recul dans de nombreux pays dont l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la France et le Royaume-Uni, dans un contexte de difficultés économiques ou de retour des dépenses militaires.En 2025, au moins 14 millions d’enfants victimes de malnutrition pourraient ne pas avoir accès à l’aide dont ils ont besoin en raison des coupes drastiques dans l’aide internationale, a mis en garde l’Unicef mercredi.Pour l’Union européenne, Hadja Lahbib, commissaire à la gestion des crises, chargée notamment de la coopération internationale et de l’aide humanitaire, a annoncé jeudi “un nouvel engagement de 3,4 milliards d’euros pour la période 2024-27 (…) pour renforcer notre combat mondial contre la malnutrition”.- Enjeu économique -Depuis les années 1990, la lutte contre la malnutrition avait progressé: les retards de croissance ont baissé de 45%. Mais depuis le Covid et son impact sur les systèmes alimentaires et sanitaires, les progrès ont marqué le pas.Le taux de faible poids à la naissance stagne, le taux d’anémie des femmes en âge de procréer augmente et l’obésité explose, dans les pays riches mais aussi à faible revenu, souligne la Banque mondiale.Selon l’Unicef, 36 millions d’enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition aiguë en 2022 et 148 millions présentaient un retard de croissance.Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le manque à gagner pour le produit intérieur brut (PIB) est estimé entre 11% et 20%. A l’inverse, 100 millions d’euros d’aide publique investis contre la malnutrition, c’est 2,3 milliards d’euros de PIB générés sur 20 ans, selon la Banque mondiale.La nutrition est le premier levier du développement, a déclaré jeudi le roi Letsie III du Lesotho, décrivant combien la malnutrition affecte la santé mais aussi le développement cognitif, l’éducation et, finalement, le développement d’un pays.”Dans un monde où les ressources deviennent plus rares, nous devons nous focaliser sur les défis les plus essentiels et les solutions qui marchent. Pour l’Afrique, les besoins en nutrition doivent être notre objectif numéro un”, a ajouté le roi du Lesotho, qualifié par Donald Trump début mars de pays dont “personne n’a jamais entendu parler”.Jeudi soir, le président français, Emmanuel Macron, présidera une séquence consacrée à la mobilisation du secteur privé.Des organisations philanthropiques comme la fondation Rockefeller devraient annoncer des financements. Le point sera fait sur des initiatives telles que celle de l’UE, “Farm”, lancée avec l’ONU pour atténuer la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine. Des entreprises sont également invitées.

Procès libyen: sept ans de prison requis contre Nicolas Sarkozy

Le parquet financier a requis jeudi sept ans de prison et 300.000 euros d’amende contre Nicolas Sarkozy au procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de l’ancien chef de l’Etat.Cinq ans d’inéligibilité ont également été requis contre Nicolas Sarkozy, qui a accueilli ces réquisitions la mine pétrifiée.Au cours des 12 semaines d’audience, “c’est un tableau très sombre d’une partie de notre République qui s’est dessiné”, a lancé le procureur Sébastien de la Touanne en abordant la dernière ligne droite du réquisitoire.S’en prenant à Nicolas Sarkozy, il a dénoncé une “quête effrénée de financement” pour satisfaire une “ambition politique dévorante”, et prévenu que “seule une peine d’emprisonnement et d’amende ferme” sera “en mesure de protéger la société”, et en outre de “le priver de certains droits civiques”.Nicolas Sarkozy a “contesté les faits” et “ne semble pas prendre la mesure de la gravité des atteintes à la probité” qui lui sont reprochées, a ajouté le magistrat, rappelant qu’il a déjà été condamné. C’est son cinquième procès en cinq ans.Six ans de prison et 100.000 euros d’amende ont été requis contre Claude Guéant, trois ans de prison et 150.000 euros d’amende contre Brice Hortefeux et un an et 3.750 euros d’amende contre Eric Woerth, trésorier de la campagne.Après une pause, l’audience avait repris peu après 16H00 en présence de Nicolas Sarkozy, mine fermée, prenant des notes. Il était absent plus tôt dans la journée lors de la partie du réquisitoire concernant des volets annexes de ce dossier, notamment la possible vente fictive de tableaux flamands par Claude Guéant et l’achat à un prix surévalué d’une villa dans le sud de la France qui aurait permis de dissimuler un détournement de fonds libyens.Mardi et mercredi, les procureurs ont dépeint Nicolas Sarkozy en “véritable décisionnaire” et “commanditaire” d’un pacte de corruption “inconcevable, inouï, indécent”, noué avec l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle de 2007.Ils ont aussi détaillé les “contreparties” diplomatiques, juridiques et économiques promises selon eux au régime libyen et ont affirmé que des “traces” d’argent liquide dans la campagne victorieuse alimentaient le “faisceau d’indices” du dossier.Pour les procureurs, tous les délits pour lesquels il est jugé depuis le 6 janvier sont constitués: ils ont demandé au tribunal de le reconnaître coupable de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.Des infractions qui font encourir à l’ancien chef de l’Etat, âgé de 70 ans, dix ans d’emprisonnement, 375.000 euros d’amende et une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.- “Ambition dévorante” -“Derrière l’image de l’homme public se dessine, au gré des enquêtes judiciaires, la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l’honnêteté et la droiture”, a déclaré mardi soir Quentin Dandoy, l’un des trois procureurs.Assis face aux représentants du ministère public, Nicolas Sarkozy, qui clame vigoureusement son innocence depuis l’origine, et dont la défense plaidera au dernier jour du procès le 8 avril, avait enragé en silence, genoux agités, souriant parfois jaune ou ne pouvant réprimer une remarque outrée, indéchiffrable depuis les bancs de la presse.En fin d’après-midi, l’ancien président de la république a réagit publié sur ses réseaux sociaux et a dénoncé “l’outrance de la peine réclamée”.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, il porte depuis le 7 février un bracelet électronique à la cheville.En plus de l’ex-président, le PNF requiert contre onze prévenus, dont trois anciens ministres: Claude Guéant, 80 ans, absent pour des raisons de santé, ainsi que Brice Hortefeux, absent pour des raisons personnelles “légitimes” selon la présidente, et Eric Woerth.Selon l’accusation, le premier, alors directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, a “négocié” en 2005 “pour le compte de Nicolas Sarkozy le pacte de corruption”, qui a été “mis en Å“uvre” par Brice Hortefeux.Quant à Eric Woerth, en tant que trésorier de la campagne, il doit être, pour le PNF, condamné pour complicité de financement illégal, car il aurait dissimulé de l’argent liquide dans les comptes.Deux canaux de financement, respectivement par virements et remises de cash, ont été mis en place, selon l’accusation, deux canaux qui correspondent aux deux intermédiaires de ce dossier: Ziad Takieddine (en fuite) et Alexandre Djouhri.Sont jugés aussi un ancien proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh (en fuite), ainsi que deux hommes d’affaires saoudiens, un banquier franco-djiboutien et un ex-cadre d’Airbus.