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Royaume-Uni: des militants écologistes qui avaient dégradé Stonehenge acquittés

Trois militants de l’organisation écologiste Just Stop Oil impliqués dans une action consistant à asperger de peinture le site préhistorique de Stonehenge en 2024 ont été innocentés vendredi par la justice britannique.Rajan Naidu, 74 ans, Niamh Lynch, 23 ans, et Luke Watson, 36 ans, avaient été inculpés pour avoir “détruit ou endommagé” un monument protégé et avoir causé “un trouble à l’ordre public”. Le 19 juin 2024, les deux premiers avaient projeté un nuage de poudre orange à l’aide de bombes aérosol sur des pierres massives disposées en cercle sur ce célèbre site du sud-ouest de l’Angleterre. Le troisième militant avait acheté le matériel utilisé lors de l’opération et véhiculé ses deux complices.L’action s’était déroulée la veille de la célébration du solstice d’été, qui donne traditionnellement lieu à un rassemblement à Stonehenge, un des sites mégalithiques préhistoriques les plus importants du monde, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle avait été revendiquée dans la foulée par l’organisation Just Stop Oil, qui réclame la fin de l’exploitation des énergies fossiles d’ici à 2030.Les trois accusés avaient plaidé non coupable. Ils ont fait valoir leur droit à la liberté d’expression et de manifestation et l’utilisation d’une peinture fabriquée à partir d’amidon de maïs afin de ne pas endommager durablement le site.Le nettoyage des pierres avait été rapide et avait coûté 620 livres (705 euros), a-t-il été révélé durant le procès.Jugés devant la cour criminelle de Salisbury, juridiction de Stonehenge, ils ont été acquitté par un jury après six heures de délibération.Leur avocate, Francesca Cociani a exprimé son “soulagement de voir que le jury a décidé de retenir leur droit à manifester pacifiquement”.”Je suis ravi du verdict mais j’ai l’impression que ces deux dernières semaines (de procès) ont été un gaspillage total d’argent public”, a réagi Luke Watson, un des activistes, cité dans un communiqué de Just Stop Oil.Après plusieurs années d’opérations savamment orchestrées et diffusées sur les réseaux sociaux, et de nombreux procès pour ses militants, l’organisation a décidé en mars de mettre fin à ses actions chocs.Elle avait notamment ciblé la National Gallery de Londres, où des militants ont aspergé de soupe les “Tournesols” de Vincent van Gogh, mais aussi des évènements sportifs très médiatisés comme le Grand Prix de Formule 1 de Silverstone ou le tournoi de tennis de Wimbledon.

Audience cruciale pour les métallos de Novasco, 450 emplois menacés

Le tribunal judiciaire de Strasbourg examine vendredi des offres de reprise de Novasco (ex-Ascometal), une journée décisive pour les quelque 760 salariés de l’aciériste en redressement judiciaire et surtout pour ceux de son site mosellan.Une centaine des 450 salariés de l’aciérie électrique de Hagondange, venus en autocar ou en voiture, se sont rassemblés devant le tribunal où l’audience à huis clos de la chambre commerciale a débuté à 09H30.La CGT a installé une tente devant le palais de justice et posé des banderoles sur lesquelles on peut lire “Tous unis pour Novasco, sauvons nos boulots” ou encore “Novasco, l’acier décarboné qu’on veut garder”.Car cela s’annonce mal pour la plus grande usine du groupe, en difficulté chronique et qui en est à son quatrième redressement judiciaire depuis 2014.Lundi, l’un des repreneurs potentiels, le français Métal Blanc, a annoncé ne pas avoir inclus Hagondange dans son offre.Le groupe ardennais a motivé sa décision par les conditions économiques jugées trop défavorables, les incertitudes liées au coût de l’énergie ou des difficultés de fonctionnement et de ressources humaines, selon l’intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC) de Novasco Hagondange.Novasco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, est également présent à Leffrinkoucke, près de Dunkerque (Nord), Custines, près de Nancy, et à Saint-Etienne.Un autre candidat, le français Europlasma, aurait bien étendu son offre sur une partie de l’usine de Moselle, “et parle de reprendre 75 personnes sur 450. Vous imaginez que ce n’est pas ça qui nous fait déboucher le champagne”, déclare à l’AFP Yann Amadoro, secrétaire CGT du comité social et économique (CSE).”Il y a un autre investisseur qui se positionne sur ce site-là, peut être pas pour toute l’activité”, a déclaré de son côté le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, interrogé sur BFM Business, sans plus de précisions.- “Mince espoir” -Vendredi, le tribunal doit s’assurer que les offres sont bien recevables, donc que les conditions suspensives liées par exemple au financement ou des engagements de libération de terrain sont bien levées, faute de quoi “il n’a rien à statuer”, souligne M. Amadoro.Mais si c’est bien le cas, il pourra procéder à leur examen.A la mi-journée, les journalistes de l’AFP ont vu sortir du tribunal les représentants d’Europlasma, alors que ceux de Métal Blanc devaient à leur tour être entendus.Le jugement ne tombera pas le jour-même, “vu la complexité des offres. Chacun doit présenter, argumenter, défendre. Il y a un jeu de questions-réponses avec des avis de part et d’autre, que ce soit des administrateurs, des mandataires, des élus”, estime-t-il.Interrogé, le tribunal n’a pas livré de détails sur la date de la décision.”Si un mince espoir demeure pour les sites de Custines, Dunes et Le Marais, le sort du site de Hagondange semble aujourd’hui scellé”, déplorent les organisations syndicales.Depuis l’annonce de Métal Blanc, ces dernières ont organisé des opérations escargot, distribuant des tracts aux automobilistes sur l’autoroute très empruntée qui relie Metz au Luxembourg. Les syndicats en appellent en particulier aux pouvoirs publics pour sauver cette aciérie électrique, dont la disparition serait, selon eux, un “non-sens écologique et stratégique”.”Ce que je sais, c’est qu’on va se battre jusqu’au bout sur ce sujet là”, a assuré Sébastien Martin, annonçant qu’il verrait la semaine prochaine l’ensemble des élus locaux de ce territoire “pour envisager toutes les possibilités sur ce site”.Lors de la reprise de Novasco en juillet 2024 par Greybull Capital, il était prévu que l’Etat français apporte 85 millions d’euros, tandis que le fonds britannique devait injecter 90 millions d’euros.Si l’Etat a globalement tenu ses engagements financiers, Greybull n’a apporté que 1,5 million d’euros, selon les syndicats.

Quatre ans de prison requis contre la gérante d’un salon de massage pour traite d’êtres humains

“Un amour de l’argent presque infini”: quatre ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt ont été requis jeudi contre la gérante d’un salon de massage du 11e arrondissement de Paris, jugée pour traite d’êtres humains et travail dissimulé. Un an de prison avec sursis a été requis contre sa fille, Thanrawee R, jugée pour complicité.Lorsqu’elle a refusé un acte sexuel à un client, la gérante, “Nannapat R., s’est mise très en colère et a retiré 500 euros de (son) salaire”, assure à la barre l’ancienne employée dont la plainte est à l’origine de l’affaire. “Elle m’a punie et m’a retiré ma clef, ajoute-t-elle, d’une voix hésitante. Elle est aussi allée voir mon compagnon pour le menacer.”Son salaire, de moins de 1.000 euros par mois pour “près de 200 heures” travaillées, a ensuite été réduit de moitié.Son ancienne collègue, seconde employée ayant porté plainte contre la gérante, assure avoir elle aussi “refusé” de telles pratiques sexuelles, mais sans répercussion sur son salaire.- “Je voulais aider ces filles” -Ces dires ont été corroborés par trois autres employées, qui n’ont pas souhaité se constituer parties civiles. “Une masseuse n’a pas voulu faire de prestation sexuelle. Avant elle travaillait cinq jours par semaine, maintenant que deux”, a assuré l’une d’elles pendant son audition.”Ma mère m’a déjà demandé” de réaliser des actes sexuels, abonde Thanrawee R., la fille de la gérante.”J’ai refusé et c’était pour rire”, poursuit-elle. “Drôle de sens de l’humour n’est-ce pas”, rétorque la présidente du tribunal.La gérante de 59 ans affirme avoir toujours refusé de telles pratiques dans son salon, fermé administrativement depuis le printemps 2025. “A chaque fois, j’ai dit +non, non, non+”, assure-t-elle. Depuis qu’elles (les employées) sont descendues de l’avion, elles voulaient le faire”, des massages à caractère sexuel.Car les deux parties civiles ont été recrutées depuis la Thaïlande, leur pays d’origine. La prévenue les auraient contactées en 2023 via des groupes Facebook en leur proposant de travailler pour elle, en France.Nannapat R. leur aurait ensuite permis, à l’aide de passeurs, de rejoindre le territoire français, moyennant 4.500 euros pour la première plaignante et 5.100 euros pour la seconde.Toutes deux incapables de régler les sommes demandées, des retenues sur leurs salaires ont été effectuées pendant plusieurs mois.Leur ayant promis l’hébergement à leur arrivée, Nannapat R. loge les deux plaignantes, “à même le sol ou sur une table de massage” pour 250 euros par mois. “Je voulais aider ces filles”, assure la gérante, également de nationalité thaïlandaise.En contrepartie, les employées travaillent cinq à sept jours sur sept, sont payées “25% des sommes dues” selon l’inspection du travail, font le ménage dans le salon gratuitement et n’ont “pas ou peu de congés”.- “Climat oppressant” -Des “conditions de travail indignes”, selon la procureure de la République, que les deux employées n’auraient pas eu d’autre choix que d’accepter. “Nous sommes obligées de travailler parce que nous n’avons aucun moyen de subsister”, ont-elles déclaré lors de leurs auditions.”C’est un cas d’école de la traite” d’êtres humains: “il y a le recrutement, le transfert, l’hébergement et l’accueil”, dénonce Me Alix Ottou, avocate des parties civiles.Elle fustige également “un climat oppressant et une logique de contrôle” de la part de Nannapat R., couplée à une “surveillance personnelle intrusive”, plusieurs caméras étaient présentes dans le salon. “Une emprise” appuyée par la procureure, qui a lu certains messages envoyés par la prévenue à ses salariées: “Il faut honorer ton employeur”, “en te permettant de quitter la Thaïlande, je t’ai offert une nouvelle vie.”Il est également reproché à Nannapat R. le travail dissimulé de 25 salariées au cours des cinq dernières années ainsi que l’emploi d’étrangers sans titre de séjour. “Si je déclare beaucoup de salaires, il faut que je paie beaucoup de cotisations”, se justifie la prévenue à la barre.Si Thanrawee R. assure n’avoir eu aucun rôle décisionnaire au sein de la société par “peur de (se) disputer” avec sa mère, elle a reconnu avoir eu connaissance des faits reprochés.En 2015, Nannapat R. avait déjà été condamnée à deux ans d’emprisonnement et 50.000 euros d’amende pour des faits similaires.

RATP: Jean Bassères assurera l’intérim après le départ de Jean Castex à la SNCF

Jean Bassères, ancien dirigeant de Pôle Emploi, va assurer l’intérim à la tête de la RATP, après le départ de Jean Castex aux commandes de la SNCF, et il sera secondé pour la direction opérationnelle par Jean-Yves Leclercq, l’actuel directeur financier, a indiqué la RATP vendredi. Un arrêté des ministères de l’Economie et des Transports, publié vendredi, indique que M. Bassères, âgé de 65 ans, prendra ses fonctions de président-directeur-général par intérim du groupe de transports publics parisien à compter du 3 novembre.”A ce titre, il présidera le conseil d’administration du groupe”, a indiqué un porte-parole de cet établissement public à l’AFP. Un communiqué de la RATP précise que Jean-Yves Leclercq, membre du comité de direction chargé de la stratégie, de la finance et de la performance durable du groupe, prendra en main la partie opérationnelle à ses côtés, avec le titre de directeur général.Membre du conseil d’administration de la RATP depuis mars 2024, M. Bassères, inspecteur des Finances a dirigé Pôle Emploi (rebaptisé France Travail) de 2011 à 2023. Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration et diplômé de Sciences Po Paris, Jean Bassères a également assuré la direction de ce dernier comme administrateur provisoire, nommé par le gouvernement entre mars et septembre 2024, après la démission de l’ancien directeur Mathias Vicherat. Il a également présidé la commission chargée de la réforme de l’Institut national du service public (INSP, ex-ENA).Ce haut fonctionnaire, originaire de Perpignan (Pyrénées-Orientales) et père de trois enfants, a fait ses armes dans des cabinets ministériels socialistes. M. Leclercq, l’un des piliers de la RATP dont il est le directeur financier depuis 2018, avait déjà effectué un interim de plusieurs mois avant l’arrivée de Jean Castex.Avant son arrivée à la RATP, entre 1994 et 2008, il avait occupé plusieurs postes au sein du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, notamment ceux de sous-directeur services, aéronautique, défense au sein de l’agence des participations de l’Etat, puis il a occupé les fonctions de directeur finance stratégie juridique de SNCF Voyages. 

Pakistan, Afghanistan extend ceasefire, to hold another round of peace talks

Pakistan and Afghanistan have agreed to extend a temporary ceasefire and will hold another round of peace talks in Istanbul next week, aiming to defuse tensions after a deadly flare-up this month.The talks, set for November 6, follow the worst clashes between the South Asian neighbours since the Taliban returned to power in 2021.Until Turkey …

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Violences conjugales: 107 femmes tuées en 2024, en hausse de 11% en un an

 En 2024, 107 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France, un chiffre en hausse de 11% sur un an, selon les dernières données du ministère de l’Intérieur.Au total, 138 morts violentes au sein du couple ont été enregistrées par les forces de l’ordre l’an dernier, dont 31 hommes, selon l’étude nationale annuelle sur cette question, disponible sur le site du ministère et consultée vendredi par l’AFP.”En moyenne, un décès est enregistré tous les trois jours”, souligne le bilan annuel. En 2024, 403 tentatives d’homicides au sein du couple ont été par ailleurs recensées. Dans le détail, 90% des féminicides et homicides conjugaux ont été commis au domicile du couple de la victime ou de l’auteur, précise l’étude sur “les morts violentes au sein du couple” qui fait état de 49 usages d’arme blanche et de 34 usages d’arme à feu.Trente-et-un pour cent des faits étaient précédés d’une dispute et 16% s’inscrivaient dans le contexte d’une séparation non acceptée. “Le profil type de l’auteur reste majoritairement masculin, le plus souvent en couple, de nationalité française et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle”, relève le ministère dans son étude. Il est “majoritairement âgé de 20 à 49 ans” avec “un pic particulièrement important des 70 ans et plus par rapport à 2023”.Concernant les victimes, 47% des femmes “avaient signalé ces violences antérieures aux forces de sécurité intérieure et, parmi elles, 81% avaient déposé une plainte antérieure”. Une victime bénéficiait d’un dispositif “téléphone grave danger”, deux victimes d’une ordonnance de protection et un auteur faisait l’objet d’un placement sous contrôle judiciaire, selon l’étude. 

Pour Faure (PS), l’accord franco-algérien de 1968 a “encore du sens”

Le Premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a estimé vendredi que l’accord de 1968 régissant l’immigration des Algériens en France avait “encore du sens” et qu’il ne fallait “pas le changer”, au lendemain du vote d’une résolution du RN à l’Assemblée le dénonçant.”On ne le change pas et on cherche au contraire à entretenir une relation que j’espère apaisée avec l’Algérie”, a déclaré le responsable socialiste à RMC-BFMTV, fustigeant un Rassemblement national qui cherche “dans un moment où on parle beaucoup d’économie et de social” à revenir sur “les questions migratoires”, qui l’obsèdent”. Jeudi, lors d’une journée dédiée à l’examen de ses textes à l’Assemblée, le parti d’extrême droite a obtenu une première victoire qu’il a qualifiée d'”historique” avec l’adoption à une voix près, grâce à des suffrages de LR et d’Horizons, de sa résolution pour dénoncer cet accord. Dans la foulée, le Premier ministre Sébastien Lecornu a estimé qu’il fallait “renégocier” cet accord qui selon lui “appartient à une autre époque”.Avec l’Algérie, la France a “une histoire douloureuse”, a analysé Olivier Faure, “on ne répare pas forcément l’histoire en deux ans, en trois ans ou même en 50 ans”. Il a rappelé que le Premier ministre avait également assuré qu’une telle dénonciation ne devait pas dégrader les relations avec l’Algérie “parce qu’il y a des questions sécuritaires qui sont derrière, sur le renseignement, sur la lutte contre le terrorisme”. Cet accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois en France et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial.L’accès est “facilité” car “au lieu d’avoir cinq ans à attendre, vous avez trois ans avant de pouvoir avoir un titre long séjour”, a insisté le patron socialiste.”Ce n’est pas parce que vous allez entraver la vie d’un certain nombre de gens qui sont ressortissants algériens que vous allez forcément, dans le même temps, faire en sorte que Christophe Gleizes et Boualem Sansal puissent revenir”, a-t-il développé, en référence au journaliste français et à l’écrivain franco-algérien actuellement détenus en Algérie.

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Grâce au changement climatique, le pari “pas si fou” de cultiver le riz en Angleterre

Grandes bottes en caoutchouc aux pieds, Nadine Mitschunas manipule avec une joie non dissimulée les plants de riz à maturité qui émergent de l’eau d’une petite parcelle qu’elle cultive dans les Fens, une région particulièrement fertile de l’est de l’Angleterre.”Faire pousser du riz n’avait jamais été fait au Royaume-Uni” et ces plants montrent que ce “n’est finalement pas aussi fou qu’il y paraît”, grâce au changement climatique, s’enthousiasme cette chercheuse au centre britannique d’écologie et d’hydrologie (UKCEH).Du riz dans le “grenier à blé du Royaume-Uni”, mais aussi des citrons ou des pois chiches dans le sud: c’est le pari de moins en moins fou que font des chercheurs britanniques, qui étudient à quoi ressemblera l’agriculture de demain dans le pays.Nadine Mitschunas dirige ainsi des recherches visant à tester dans le Cambridgeshire de nouvelles cultures en réhumidifiant ou remettant en eau une ancienne région de tourbières. Son riche sol a permis de développer une agriculture particulièrement productive, et la région concentre un tiers des légumes et 20% des pommes de terre et betteraves cultivés en Angleterre.Mais le drainage des sols appauvrit progressivement la terre, menaçant l’agriculture locale. Et libère en prime le CO2 capté par les tourbières.- Assurer l’avenir -C’est ce qu’ont constaté Craig et Sarah-Jane Taylor, agriculteurs partenaires du projet de l’UKCEH. “Nous avons bien conscience que nos sols s’épuisent et que nous devons changer pour assurer l’avenir”, explique Sarah-Jane, qui souligne que l’accès à l’eau “devient un problème, et ça va empirer”.Comme ailleurs dans le monde, les effets du changement climatique se font sentir au Royaume-Uni, avec des phénomènes extrêmes plus fréquents, un réchauffement des températures, ou un assèchement des sols par endroits.Selon une modelisation de l’UKCEH, des cultures aujourd’hui largement répandues comme le blé ou les fraises deviendront beaucoup plus difficiles d’ici 2080 avec un réchauffement de 2°C. Avec une hausse de 4°C, ce sont les cultures d’oignons et d’avoine qui seraient pénalisées.Mais à l’inverse, d’autres pourraient devenir viables, comme le tournesol, blé dur, soja, pois chiche, citron ou gombo, en particulier dans le sud-ouest du pays ou en Ecosse près du littoral.Dans les Fens, Nadine Mitschunas a testé neuf variétés de riz qui poussent habituellement aux Etats-Unis, Philippines, en Macédoine ou au Japon: quatre semblent prometteuses, en particulier une variété originaire de Colombie.La germination des graines s’est faite en laboratoire, puis les semis ont été plantés dans l’eau en juin et la récolte a commencé début octobre. “Je ne mange pas encore mon propre riz”, s’amuse la chercheuse, mais d’ici dix ans, cela pourrait devenir une réalité. “Le climat compatible avec la culture du riz s’étend de plus en plus vers le nord” de l’Europe, explique-t-elle, citant des projets plus avancés aux Pays-Bas et en Allemagne.La chercheuse teste aussi divers légumes (salades, céleris, citrouilles…), des fraises, ou encore des plantes aromatiques.Son projet vise également à régénérer les tourbières afin d’accroître les capacités de captage de CO2 du pays.- Ne pas attendre -“Nous pouvons prendre des risques que les agriculteurs ne pourraient pas se permettre”, explique Nadine Mitschunas. Ailleurs au Royaume-Uni, d’autres équipes de chercheurs testent également de nouvelles cultures.A l’université de Southampton (sud), Mark Chapman, professeur de biologie, dirige une étude visant par exemple à expérimenter la culture de pois chiches dans divers endroits du pays.”Si nous attendons 20 ou 30 ans et que nous nous rendons compte que nous ne pouvons plus cultiver du blé comme nous l’avons toujours fait, alors nous aurons un problème”, explique-t-il. Il faut donc s’interroger maintenant sur les futures cultures, les variétés à privilégier et (se demander) si les consommateurs accepteront de changer leurs habitudes, pour “faciliter la transition”, selon lui. “Nous sommes a un point où nous devons essayer plus de choses. Et on doit impliquer les agriculteurs”, qui connaissent leurs sols, et devront s’approprier ces changements, ajoute le chercheur.Dans les Fens, Sarah-Jane et Craig font figure de précurseurs. Mais après l’étonnement des débuts, ils ont noté l’intérêt croissant d’autres agriculteurs.”Il fut un temps où on ne cultivait pas la pomme de terre ou la betterave ici, et maintenant ce sont les principales cultures. Donc pourquoi le riz ne serait pas une option? Et pourquoi ne pas essayer?” demande Sarah-Jane.