AFP Top News

En Albanie, les déchets de la dictature empoisonnent encore Elbasan

Le complexe sidérurgique d’Elbasan, jadis fierté du régime communiste albanais avec ses usines et ses milliers d’ouvriers, est aujourd’hui l’un des lieux les plus pollués du pays, qui produit des centaines de tonnes de déchets, dont certains dangereux.Construit dans les années 1970, ce géant industriel a fermé ses portes en 1990, à la chute de la dictature, pour les rouvrir quelques années plus tard lorsqu’une partie des usines ont été privatisées. Des 500 usines qui tournaient sous la dictature d’Enver Hoxha, il n’en reste qu’une cinquantaine, où travaillent 1.500 ouvriers, au cÅ“ur d’un site de 160 hectares en plein centre du pays.Des usines désaffectées, tout ce qui pouvait être récupéré, démonté, a été revendu, ne laissant derrière les pillages que des murs décrépis et des tas de déchets dangereux.Malgré les risques, tout le monde peut entrer, et nombreux sont ceux qui gagnent leur vie en fouillant dans les déchets à la recherche des métaux à revendre, enveloppés d’un air lourd et nauséabond.”C’est une zone où sont stockées, depuis plus de 35 ans, 1,5 à 2 millions de tonnes de déchets dangereux qui polluent l’eau, l’air et le sol”, résume Beqir Kila, ingénieur et militant écologiste connu en Albanie.Les résultats des analyses réalisées par différents groupes d’experts indépendants montrent des taux de plomb, de nickel et de chrome au moins trois fois supérieurs aux normes européennes.Situé à cinq kilomètres à peine de la ville d’Elbasan, 115.000 habitants, le complexe industriel est en tête des “sites à risque, à fort potentiel de pollution provenant des déchets de métaux lourds comme le ferronickel et le ferrochrome. Un héritage qui continue de polluer les eaux du fleuve de Shkumbin”, a reconnu dans un rapport publié en janvier l’Agence nationale de l’Environnement.Si les autorités connaissent la situation, elles ne proposent aucune solution, ni le moindre début d’investissement, accusent les écologistes. “Stockées plein air, à la merci des conditions atmosphériques, ces déchets subissent des modifications et tous les éléments dangereux et toxiques qu’ils contiennent s’infiltrent dans la terre et dans l’eau”, affirme M. Kila en montrant ses mains couvertes de poussière noire.- Catastrophique -“Nous considérons que la pollution dans la zone industrielle de l’ancien complexe sidérurgique d’Elbasan est catastrophique”, abonde Ahmet Mehmeti, un expert d’environnement.Aux problèmes créés par les déchets hérités des vieilles usines s’ajoutent les polluants et les émissions des nouvelles usines. Nombre d’entre elles ne s’embarrassent pas de filtres, ou bien ne les activent que de temps, sans trop se soucier des lois.Les chiffres officiels sur la pollution de l’air autour d’Elbasan sont de toute façon inexistants : l’évaluation de la qualité de l’air est confiée à chacune des entreprises qui y exerce.”Un jeu de cache-cache avec les autorités qui convient parfaitement aux entreprise”, explique M. Mehmeti, plus intéressées selon lui à “réduire aux maximum les coûts”.Sur place, il n’est pas difficile de voir en plein jour d’immenses cheminées – dont une crache une fumée noire comme la suie. La présence d’une équipe de journalistes coupe comme par magie l’émission de fumée.Contactée, l’entreprise qui exploite cette usine n’avait pas répondu mardi.”Les déchets contiennent du chrome, du nickel, du zinc… les rejets passent dans l’eau, coulent dans le fleuve à côté qui sert à l’irrigation des terres et se retrouve avec les fruits et les légumes dans nos assiettes”, explique M. Mehmeti, abattu et soucieux.Depuis des années, les signalements de maladies génétiques et de cancers sont en hausse dans la région, affirme-t-il.”Les émissions de plomb ont provoqué des défaillances cérébrales, surtout chez les enfants mais aussi des problèmes génétiques sur les bétails et les volailles”, reconnait M. Kila.Quant aux déchets qui ne sont pas laissés à l’air libre, l’Albanie, qui n’a pas les capacités de traitement nécessaires, en exporte.”L’Albanie dispose d’une loi sur l’exportation des déchets dangereux et non dangereux, mais le problème se trouve dans le manque de contrôle des procédures”, explique Lavdosh Ferruni, un autre militant écologiste.A l’été 2024, 102 conteneurs de déchets sont ainsi partis d’Elbasan vers la Thaïlande, où ils devaient être recyclés. Mais après le signalement d’un lanceur d’alerte soupçonnant que ces déchets étaient dangereux et n’avaient pas été enregistrés comme tels, ils ont dû faire demi-tour.Le parquet de la ville de Durres, en coopération avec l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), a ouvert une enquête, mais pour l’instant, les déchets sont toujours en Albanie.Contacté, le ministère de l’Environnement et du Tourisme n’a pas répondu à l’AFP. 

“J’adore les femmes”, assure Gérard Depardieu à son procès pour agressions sexuelles

“J’adore les femmes”, a répété mercredi Gérard Depardieu au troisième jour de son procès à Paris pour agressions sexuelles, au cours duquel il a été soutenu par son amie Fanny Ardant mais accablé par d’autres témoignages.”J’adore les femmes et la féminité, je me sens moi-même très féminin”, a déclaré Gérard Depardieu dans la soirée à la barre, suscitant quelques rires dans la salle. Appelé à parler de sa personnalité par le président du tribunal correctionnel de Paris, l’acteur a admis pouvoir être “grossier, vulgaire, mais je ne passe pas mon temps à faire ça”, a-t-il poursuivi, regrettant “les temps anciens” et prenant la défense de Roman Polanski, réalisateur “décrié”, “qui a vécu 50 ans de persécution”.  L’après-midi avait été consacré aux auditions de témoins. A la barre, le directeur photo, le chef opérateur son ou encore le chef machiniste sur “Les Volets verts”, tous appelés par la défense du comédien mondialement connu, ont nié avoir vu la moindre agression sur le tournage du film de Jacques Becker en 2021. “Je peux vous garantir que si j’avais assisté à une agression sexuelle, je serais aussi devant vous aujourd’hui pour le dire”, a déclaré Yves Angelo, directeur photo. Comme Fanny Ardant qui a témoigné la première, aucun de ces techniciens n’a déclaré avoir eu quelque chose à signaler concernant le comportement de l’acteur. Comme lors d’un monologue au théâtre, l’actrice dans sa robe noire au col blanc, a déclamé un long message d’amitié au prévenu.”Moi, Fanny Ardant, je n’ai jamais assisté à un geste que j’aurais trouvé choquant” de Gérard Depardieu, a affirmé l’amie de l’acteur, 76 ans comme lui et qui a participé au tournage des “Volets verts”.  Des témoignages à l’opposé de ceux de trois femmes citées à la barre par les parties civiles.- “Dégoûtée” – Comme celui de Marie, une journaliste qui a tourné une émission de télévision en 2007 avec Gérard Depardieu comme invité. Des sanglots dans la voix, la jeune femme a raconté le jour où l’acteur est arrivé derrière elle et lui “a pétri le dos en grognant” et en descendant vers sa jupe.  Sarah B. avait 20 ans quand elle a tourné sur la série Marseille avec Gérard Depardieu. “Il avait sa main dans mon dos, il a commencé à grogner, j’ai trouvé ça étrange”, commence-t-elle. “Et il a mis sa main dans ma culotte contre ma peau. Je l’ai repoussé, il l’a refait”. Selon sa déposition devant le tribunal, il aurait ensuite dit: “Ben quoi ? Je croyais que tu voulais réussir dans le cinéma”.Lucile enfin était costumière sur un film avec Gérard Depardieu en 2014 sur lequel elle raconte avoir été agressée. Des faits pour lesquels elle a porté plainte l’année dernière mais qui sont prescrits. “Il me pousse derrière des rideaux, me met la main sur ma culotte et mon collant, sur mon sexe, sur ma poitrine. Il me dit qu’il veut faire plein de choses avec moi, que d’autres ont dit oui, que d’autres diront oui”, a assuré la jeune femme qui a abandonné le cinéma, “dégoûtée”.Des témoignages qui ressemblent à celui de la deuxième plaignante dans ce procès, Sarah (prénom modifié), qui a rappelé les faits dans la matinée. – “Je ne touche pas !” -“Je l’ai peut-être frôlée avec le dos dans le couloir, mais je ne l’ai pas touchée !”, s’est défendu Gérard Depardieu. “Je n’ai pas fait d’agression sexuelle, une agression c’est plus grave que ça je crois.” “Plus grave que quoi ?”, l’a interpellé l’avocate de Sarah, Me Claude Vincent. “Plus grave qu’une main aux fesses. Enfin, je n’ai pas mis de main aux fesses !”, s’est empressé d’ajouter l’acteur. Sarah, troisième assistante sur “Les Volets verts” a raconté que le 1er septembre 2021, elle a accompagné l’acteur de la loge vers le plateau.”Ce soir-là, son équipe n’est pas là”, décrit la jeune femme. “On est parti des loges, il faisait nuit et au bout de la rue, il a mis la main sur ma fesse, il l’a posée tranquillement”, a mimé Sarah, à quelques mètres de Gérard Depardieu.Sarah, 34 ans, a indiqué avoir été agressée ensuite à deux reprises, sur les fesses et sur les seins. Gérard Depardieu est aussi jugé pour agression sexuelle sur une femme, 54 ans aujourd’hui, qui était décoratrice sur le même tournage, accusation qu’il conteste également. Les réquisitions du parquet sont attendues jeudi. 

En Israël, Bardella rencontre des survivants du 7-Octobre et défend un front commun

Jordan Bardella, le président du parti français d’extrême droite Rassemblement national, a entamé mercredi une visite sans précédent pour sa formation en Israël afin d’assister à une conférence sur la lutte contre l’antisémitisme, à l’invitation du gouvernement israélien.Premier dirigeant du parti fondé par Jean-Marie Le Pen à être officiellement invité par le gouvernement israélien, il s’est d’abord rendu sur les lieux du massacre du festival Nova, où plus de 370 personnes ont été tuées le 7 octobre 2023 lors de l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël.Le jeune président du RN s’est recueilli devant des photos des victimes sous le vrombissement des avions militaires israéliens qui survolent quotidiennement cette partie du Néguev depuis la reprise le 18 mars des frappes aériennes dans la bande de Gaza, toute proche, après une trêve d’environ deux mois.M. Bardella a longtemps écouté un jeune homme de 25 ans, survivant de la tuerie. “Vous avez beaucoup de courage, c’est important que les gens en France se rendent compte de ce qui s’est passé ici”, lui a-t-il dit.Selon Paris, l’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 50 Français.La visite a été menée par un représentant de l’armée israélienne, et ponctuée de commentaires du ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, et de l’ancien député français LR (droite), Meyer Habib.Dans la même région, à Netiv Haasara, M. Bardella a ensuite rencontré Sabine Taasa, une Franco-Israélienne dont le mari et le fils aîné ont été tués lors de l’attaque du Hamas. “Il faut occuper Gaza”, lui a-t-elle dit, “on n’a pas demandé cette guerre, j’espère que l’Europe pourra le comprendre”. Au cours de la conversation, M. Bardella a lui estimé que le conflit dans la bande de Gaza était celui de “la civilisation contre la barbarie”.Auprès des journalistes français l’accompagnant, il s’est refusé à tout commentaire “sur des opérations militaires qui sont en cours”.- “Mêmes adversaires” -Plus tôt, il avait affirmé qu’Israël et la France avaient “les mêmes adversaires”, établissant un parallèle entre l’attaque du Hamas en Israël et les attentats jihadistes du 13 novembre 2015 en France.De retour à Jérusalem, il s’est rendu en fin d’après-midi au mémorial de la Shoah de Yad Vashem.Jeudi, M. Bardella doit prendre la parole lors d’une grande conférence sur l’antisémitisme, aux côtés d’autres représentants de l’extrême droite européenne.Son invitation a suscité des réactions en Israël et parmi d’autres invités internationaux à l’évènement, dont l’intellectuel français, Bernard-Henri Lévy, qui a annulé sa venue.  Malgré ses efforts de dédiabolisation, notamment envers la communauté juive, le RN reste associé aux propos antisémites de son fondateur Jean-Marie Le Pen, décédé en janvier 2025. “Jordan Bardella n’est pas un homme d’extrême droite, mais un ami extrême d’Israël”, avait déclaré M. Chikli pour justifier son invitation.Interrogé sur la déportation des Juifs de France lors d’une rencontre avec la presse à Netiv Haasara, M. Bardella a répondu : “Je considère que le régime de Vichy a pris une part bien plus qu’active dans la collaboration avec l’Allemagne nazie et que le régime de Vichy portait en lui le déshonneur de la France.””Mais pour moi, la France était à Londres, aux côtés du général de Gaulle”, a-t-il ajouté, précisant néanmoins que “la France, par le régime de Vichy [était] en partie responsable” de la Déportation.L’attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.Sur les 251 otages enlevés lors de cette attaque, 58 sont toujours retenus dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts, selon l’armée israélienne.L’offensive militaire israélienne de représailles a tué au moins 50.183 personnes à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Féminicide de Mérignac: Chahinez “savait qu’elle allait mourir”, selon ses proches

Chahinez Daoud, brûlée vive en 2021 à Mérignac, “vivait dans la peur” car elle se savait condamnée à mort, selon les récits de ses proches mercredi au troisième jour du procès de son ex-mari pour “assassinat” devant les assises de Gironde.”Chahinez répétait: même si je vis un an, deux ans, je vais mourir”, rapporte, à toute allure, sa meilleure amie, rencontrée en 2018 à Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux.Selon cette “berbère d’Algérie”, travaillant dans la petite enfance, tout “comme elle”, la victime “vivait dans la peur” auprès de Mounir Boutaa, son époux de 2015 à sa mort le 4 mai 2021.”Elle s’est toujours battue pour elle et ses enfants”, “voulait avancer” mais “savait qu’il allait la tuer”.Pour sa sÅ“ur, Chahinez “était une reine. Une merveilleuse sÅ“ur pour ses sÅ“urs, une merveilleuse maman pour ses enfants”, également “très appréciée des familles de la crèche” où elle travaillait, après une formation d’éducatrice en Algérie.- “Chahinez se barricadait” -Coups, menaces de morts, chantage à la venue du fils aîné de Chahinez Daoud, bloqué un temps à Alger: le mis en cause présentait, selon les amies de la victime, et d’après son ex-famille, une jalousie et un désir de contrôle inouïs.Il vérifiait régulièrement son téléphone, déchirait ses papiers administratifs pour l’empêcher de travailler, était persuadé qu’elle le trompait – ce que contredit l’enquête.”Il disait: +Elle m’appartient, elle est à moi+… Même si elle avait un chat sur ses jambes, il en était jaloux”, poursuit cette amie, après avoir “toujours eu peur” de l’accusé “qui nous détestait” car on lui “conseillait de le quitter”.”Chahinez se barricadait”, vivait “sous les insultes” et paraissait “soumise” à l’accusé, complète la voisine du pavillon du couple, plus âgée.Quand le mari a été incarcéré quelques mois pour “violences conjugales” en 2020, Chahinez Daoud est redevenue “sereine” et “ne vivait plus dans la peur”, relate en visio, sous un ton inquiet, une autre amie depuis son domicile dans l’agglomération bordelaise.Dans le box, Mounir Boutaa, chemise beige sous une doudoune matelassée bleue, lève les yeux au ciel.Depuis lundi devant les assises de Gironde, l’accusé, n’a exprimé ni regrets ni culpabilité. Sans un regard vers la famille, il a présenté mercredi “ses excuses” à un témoin, un voisin, qui avait tenté, en vain, d’éteindre les flammes. Ce dernier a décrit “des images terribles”, de voir “une femme brûler à vos pieds, avec l’odeur, la chaleur qui montent” et “ses lèvres bougeaient pour respirer”.Mercredi matin, le maçon franco-algérien de 48 ans a cependant versé des larmes, à chaque fois que l’un de ses enfants, issus d’une première union, a déposé.A la barre, ces derniers ont décrit un père “avec qui on ne manquait de rien”, sauf d'”affection”, précise son fils.- Passé violent -Pour sa belle-fille, aînée de la première compagne de M. Boutaa, rencontrée en 2000, le mis en cause avait des allures de “héros” à son arrivée dans ce premier foyer “aux difficultés financières”.Mais une fois à l’âge de l’adolescence, “il ne supportait pas que je prenne soin de moi, déchirait mes slims, mes T-shirts, jetait mon maquillage, me frappait”, relate la trentenaire, également témoin “d’étranglements” sur sa mère.À la barre, cette première compagne, Française, avec laquelle l’accusé a eu trois enfants, a décrit un “père aimant” sans être “super présent”, “serviable” mais “très jaloux” et accroc “à l’alcool et aux médicaments”, énumérant gifles, coups de pieds et insultes reçues.”Il ne renonce jamais”, a souligné la première épouse, disant n’avoir pu “lui tenir tête” qu’après une courte séparation en 2011, suivie d’une demande de divorce.Quand il l’a signée en 2016, après s’être remarié avec Chahinez Daoud, elle raconte qu’il lui a lancé: “Tu as eu beaucoup de chance d’être la mère de mes enfants. Sinon, je t’aurais tuée”.Pour le frère aîné du mis en cause, qui a “demandé pardon, au nom de toute la famille, surtout ma mère”, en se tournant brièvement vers les parents de la victime, Mounir Boutaa a vécu comme “une trahison” la volonté de séparation de Chahinez Daoud.D’après ce sexagénaire, “la personne” qui a commis “cet acte horrible”, n’est “pas une personne normale”. Il l’explique par son enfance passée dans les années 1990 en Algérie avec “dix ans de terrorisme”.”Les enfants qui avaient 10, 12, 13 ans, n’ont pas été suivis par des psychologues… on voit maintenant le résultat”, ajoute-t-il. “S’ils ont perdu leur fille, nous aussi, on a perdu notre frère”.

Scandale de la vidéo intime: un procès requis contre le maire de Saint-Etienne

La menace d’un procès devient plus tangible pour le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau: le parquet de Lyon a requis mercredi son renvoi devant un tribunal pour “chantage” dans le cadre du scandale de la vidéo intime qui secoue la ville depuis 2022.Le parquet a rendu son réquisitoire définitif près de deux ans après la mise en examen de l’édile stéphanois dans ce dossier dit de la “sextape”, a annoncé à l’AFP le procureur de Lyon Thierry Dran.Il demande que le maire soit jugé pour “chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique et participation à une association de malfaiteurs”, précise le procureur dans son communiqué.Il revient désormais au juge d’instruction, qui a clos son enquête le 12 février, d’ordonner un procès ou non. La défense a jusqu’à la mi-mai pour formuler ses remarques et la décision devrait intervenir dans la foulée, ce qui laisse la porte ouverte à un jugement avant les élections municipales de 2026.L’affaire porte sur une vidéo montrant l’ancien Premier adjoint centriste Gilles Artigues, un rival potentiel du maire, en train de se faire masser par un escort-boy dans une chambre d’hôtel à Paris en janvier 2015.Gaël Perdriau est soupçonné d’avoir exigé “la loyauté politique” de Gilles Artigues, “des arbitrages électoraux et son absence d’opposition aux décisions du maire” contre la non divulgation de ce film, selon un document judiciaire consulté par l’AFP. Exclu du parti Les Républicains et vilipendé par ses opposants, le maire a toujours clamé son innocence et refusé de démissionner, mais il s’est mis en retrait de ses fonctions à la métropole. Interrogé par l’AFP sur le réquisitoire du parquet, il n’a pas voulu s’exprimer à ce stade.- “Sombre affaire” -L’opposition municipale de gauche a, par la voix de sa tête de file Isabelle Dumestre, espéré qu’un procès se tienne “dans les plus brefs délais” alors que le maire est “de toute évidence déjà en campagne”. Gaël Perdriau n’a pas encore dit s’il briguerait un second mandat, mais l’élue socialiste souhaite que les Stéphanois puissent être “éclairés du verdict de la Justice dans cette sombre affaire” avant le scrutin.”Il faut que les électeurs stéphanois puissent voter l’an prochain en toute connaissance de cause”, a également estimé Me André Buffard, avocat de Gilles Artigues, selon lequel “les magistrats semblent vouloir aller vite”. Dans son réquisitoire, le parquet souhaite que le maire soit jugé avec trois anciens proches, soupçonnés d’avoir organisé le tournage de la sextape.Il requiert le renvoi de son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri sur les mêmes chefs, mais aussi pour “utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel”.Le parquet demande aussi de juger son ancien adjoint à l’Éducation, Samy Kefi-Jérôme pour “atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement pour transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel”.Il souhaite enfin le renvoi notamment pour “complicité de chantage” de l’ex-compagnon de Samy Kefi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet, qui avait révélé l’affaire à Mediapart en 2022.- “choqué” -En revanche, le parquet requiert un non-lieu contre deux couples à la tête d’associations stéphanoises soupçonnées d’avoir servi à rémunérer les auteurs de la sextape en échange de prestations fictives financées par la mairie.L’enquête n’a pas permis “de caractériser (…) des charges constitutives de ces infractions”, explique le procureur Thierry Dran. Interrogé par l’AFP, Gilles Rossary-Lenglet a exprimé sa surprise sur ce point. “Je suis choqué que les quatre responsables d’association qui m’ont versé en connaissance de cause 40.000 euros, ce qui me vaut à juste titre des poursuites pour recel de détournement de fonds, soient épargnés par le parquet”.”Le parquet a fait la moitié du chemin”, a pour sa part déclaré l’avocat de Gaël Perdriau, Me Jean-Félix Luciani, pour qui il serait désormais “logique” de supprimer le chef de détournement pour son client aussi.Dans un dossier distinct, Gaël Perdriau a enregistré une satisfaction avec l’annulation mardi par la justice d’une plainte en diffamation portée contre lui par la direction d’un festival d’art burlesque stéphanois, selon les avocats des parties.

Pierre Palmade dans l’attente, sa libération sous bracelet électronique en suspens

Pierre Palmade reste en prison pour l’heure: incarcéré depuis décembre après un grave accident routier provoqué sous l’emprise de stupéfiants, l’humoriste a obtenu mercredi l’aménagement de sa peine sous bracelet électronique mais le parquet de Bordeaux a aussitôt déposé un appel suspensif.Après trois mois passés au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, proche de son domicile bordelais, le comédien condamné à cinq ans de prison dont deux ferme avait sollicité le 11 mars un aménagement de sa peine, nouvel épisode procédural dans ce dossier ultramédiatisé.Mais si le tribunal de l’application des peines de Bordeaux a validé mercredi une libération sous bracelet électronique, fixant même à mercredi prochain sa date de sortie, le parquet a aussitôt déposé un recours qui suspend cette décision.”Le procureur de la République (…) a formé ce même jour appel de cette décision, en particulier au regard des modalités horaires de l’aménagement accordé. Formé dans les 24 heures de la notification, cet appel est suspensif”, a écrit le parquet dans un communiqué.Le dossier doit désormais être examiné par la chambre de l’application des peines de la cour d’appel ou son président, au plus tard dans les deux mois suivant l’appel du parquet.Le ministère public avait demandé “des horaires très stricts” et le tribunal, dans sa décision, a fixé “des horaires un peu moins stricts”, mais “à quelques heures près” seulement, s’étonne une source dans l’entourage de Pierre Palmade, tout en disant avoir bon espoir que le comédien obtienne gain de cause en appel.- “Prêt à respecter tout horaire” -L’humoriste “était prêt à respecter tout horaire qu’on lui imposerait”, a précisé cette source à l’AFP, soulignant que l’aménagement demandé devait notamment lui permettre de se rendre à l’hôpital pour recevoir des soins.Pierre Palmade, qui a fêté dimanche son 57e anniversaire dans sa cellule, purge actuellement une peine d’emprisonnement prononcée en novembre par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne).Il a été reconnu coupable de blessures involontaires sur une famille après la violente collision qu’il a provoquée en février 2023 sur une route de Seine-et-Marne en conduisant sous l’emprise de stupéfiants, après trois jours à consommer des drogues sans dormir.L’accident avait fait trois blessés graves: un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sÅ“ur de 27 ans, qui avait perdu après le choc le bébé qu’elle attendait.L’intéressé n’a pas fait appel du jugement, le rendant définitif. Il a été écroué le 9 décembre dans la banlieue de Bordeaux.Ce dossier retentissant avait entraîné une cascade de révélations dans la presse sur les addictions de Pierre Palmade (alcool, stupéfiants, “chemsex”) et mis au jour sa face sombre. Apparaissant très marqué à son procès en novembre, visage livide, l’humoriste avait demandé pardon aux victimes à la barre.Pierre Palmade “a droit, comme tout justiciable, aux dispositifs prévus par la loi lorsqu’il en remplit les conditions”, a sobrement réagi mercredi auprès de l’AFP Me Mourad Battikh, avocat des parties civiles lors du procès correctionnel.”Cela ne minimise en rien la douleur des victimes, qui vivent encore avec les séquelles de ce drame. Mon rôle reste de veiller à ce que cette souffrance soit entendue et reconnue”, a-t-il fait valoir.

30 ans de prison requis contre le compagnon d’Aurélie Langelin, accusé de l’avoir tuée

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi devant la cour d’assises du Nord contre le compagnon d’Aurélie Langelin, décédée en mai 2021 à Douai (Nord) des suites de violences, après avoir déposé plusieurs plaintes contre lui.L’avocat général a estimé, lors de ses réquisitions, que ce meurtre était l’aboutissement d’un “long processus de destruction” de la victime. L’accusé “a tabassé Aurélie jusqu’à ce que mort s’ensuive”, a-t-il affirmé. L’accusé, qui a refusé de comparaître pendant l’essentiel des débats, n’a pas assisté aux réquisitions.Aurélie Langelin, 33 ans, mère d’une adolescente de 14 ans, est morte dans la nuit du 30 au 31 mai 2021 au domicile de son concubin, où elle résidait régulièrement.Les experts ont relevé sur son corps plus d’une centaine de lésions traumatiques et un grave traumatisme crânien “nécessairement” causé par des violences commises par un tiers, selon l’enquête. Quelques heures avant le drame, des policiers étaient intervenus pour un “différend de voisinage” au domicile de l’accusé. Ils avaient constaté qu’Aurélie Langelin avait un hématome à l’oeil, mais la jeune femme avait nié toute violence. “On ne demande pas à une femme victime de violences conjugales si elle est victime alors qu’elle est à côté de son agresseur”, a regretté dans sa plaidoirie l’avocat de la famille, Me Damien Legrand.Après ce drame, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui a conclu à l’absence de faute des services de police. La famille de la victime avait porté plainte pour non-assistance à personne en péril contre quatre policiers intervenus une première fois le soir du drame, mais cette procédure a été classée sans suite, selon les avocats de la famille et de l’accusé.Âgé de 42 ans, l’accusé conteste les faits qui lui sont reprochés. Lors de l’enquête, il a affirmé que la victime était “saoule”, qu’elle était tombée à de nombreuses reprises et s’était auto-infligée ses blessures. “Je défends un homme qui nie les faits depuis le premier jour avec véhémence”, a plaidé l’avocat de l’accusé, Me Pierre-Jean Gribouva, qui a demandé son acquittement. L’accusé avait déjà été poursuivi fin 2018 pour des violences envers la victime. Il avait cependant été relaxé après que celle-ci eut retiré ses accusations.Peu de temps avant sa mort, Aurélie Langelin avait déposé une nouvelle plainte pour “menaces de mort”, dans un contexte de séparation, qui a conduit au renvoi de l’accusé devant le tribunal correctionnel de Douai en avril.

Consentement: le texte modifiant la définition pénale du viol adopté en commission à l’Assemblée

Les députés ont adopté mercredi en commission une proposition de loi transpartisane visant à modifier la définition pénale du viol pour y intégrer la notion de consentement, un texte à la portée symbolique forte, partiellement réécrit afin d’y inclure les remarques formulées par le Conseil d’Etat.L’introduction de la notion de consentement dans le droit pénal fait débat tant chez les juristes que les associations féministes. Les opposants craignent qu’elle conduise à centrer l’enquête sur l’attitude de la victime. Mais pour la corapporteure du texte, l’écologiste Marie-Charlotte Garin, “malgré l’omniprésence de la question du consentement tout au long de la procédure judiciaire, la loi française reste silencieuse sur ce point crucial”, ce qui “ouvre la voie à des malentendus, voire à des instrumentalisations du consentement par les auteurs des agressions”.L’idée est donc de donner “des indications pour clarifier ce que peut être le consentement et ce qu’il ne peut pas être”, afin de servir de “boussole”, a-t-elle poursuivi. Coécrite avec la députée macroniste Véronique Riotton, la proposition de loi spécifie donc la notion de consentement pour permettre aux juges et enquêteurs de mieux apprécier son défaut.A l’heure actuelle, selon le code pénal, le viol est constitué lorsqu’il est commis par “violence, contrainte, menace ou surprise”.Ce qui ne permet pas, selon l’exposé des motifs de la proposition de loi, “de couvrir un grand nombre de cas”: “sidération, situations d’emprise et de coercition, stratégies développées par certains agresseurs d’exploitation de la vulnérabilité des victimes”. La proposition de loi adoptée en commission ajoute donc la notion de non-consentement au code pénal. Et établit que “le consentement est libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable”, qu’il “est apprécié au regard des circonstances environnantes”, et qu’il “ne peut être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime”. Des formulations issues d’un avis du Conseil d’Etat, que les deux corapporteures ont fait adopter par la commission des Lois par voie d’amendement.  Le texte, signé également par les présidents des groupes macroniste et écologiste Gabriel Attal et Cyrielle Chatelain et écrit à l’issue d’une année de travaux et auditions, sera examiné le 1er avril dans l’hémicycle. – Curseur sur la victime ? -La proposition de loi a été adoptée en commission sans vote contre, mais avec des abstentions, notamment des groupes Rassemblement national (RN) et ciottiste UDR.Le groupe socialiste, divisé sur la question, avait lui laissé une liberté de vote à ses membres. La députée PS Céline Thiébault-Martinez a indiqué à l’AFP s’être abstenue.”Je le dis en tant que féministe engagée depuis de nombreuses années sur cette question, cette réforme soulève de profondes inquiétudes chez les avocats, les magistrats, les associations qui accompagnent les victimes”, a-t-elle déclaré lors des débats.La proposition de loi “réorienterait l’attention des juges, et à travers eux l’attention de la société toute entière, sur le comportement de la victime”, a-t-elle estimé. Mais selon Mme Garin, la définition actuelle “n’empêche pas que les victimes soient au cÅ“ur du débat, avec en plus une instrumentalisation de la notion de consentement, qui est partout mais qui n’est pas clairement définie”. En outre, après le procès des viols de Mazan, il “y a une attente forte des Français d’un changement de la loi”, selon elle.Avant mercredi, une partie du monde judiciaire, comme par exemple le conseil de l’Ordre des avocats de Paris, ou des associations féministes, telle que Osez le féminisme, se sont inquiétés d’une possible inversion de la charge de la preuve: reviendra-t-il aux plaignants de prouver qu’ils ne sont pas consentants ? Une crainte balayée par le Conseil d’Etat dans son avis rendu début mars, pour qui l’enquête ne sera “évidemment pas dirigée vers le plaignant” mais “vers l’auteur”.Les violences sexuelles faisaient aussi l’objet d’un débat mercredi au Sénat, où la commission des Lois a adopté un texte de la ministre Aurore Bergé pour introduire dans le code pénal le concept sociologique de “contrôle coercitif”, ce mécanisme de domination observé dans les violences conjugales. Les sénateurs ont néanmoins apporté d’importantes modifications au texte, préférant intégrer ce concept à la répression du harcèlement sur conjoint, plutôt que de créer une nouvelle infraction à part entière.