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Prison avec sursis requise contre un imam marseillais pour “apologie du terrorisme”

Six mois de prison avec sursis ont été requis mardi contre l’imam marseillais Ismail, jugé pour “apologie du terrorisme” après deux publications sur le réseau social X en lien avec la situation dans la bande de Gaza.Des peines complémentaires ont été réclamées: un bannissement de X pour six mois, une interdiction pour cinq ans des droits civiques, une interdiction définitive d’exercer en tant que salarié au sein de la mosquée des Bleuets et l’inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait) pendant cinq ans. “Pour moi, relayer une information n’est pas forcément y adhérer”, a expliqué l’imam, Smaïn Bendjilali de son vrai nom, s’appuyant sur des béquilles et soutenu par des dizaines de fidèles venus garnir les bancs du tribunal correctionnel de Marseille.Mais pour la procureure Audrey Jouaneton, il n’est “pas une personne lambda parce qu’il a une voix qui porte” et “lorsqu’on relaie de telles informations, on participe et on adhère à cette idée-là”.Il est reproché à cet homme de nationalité française d’avoir republié en juillet 2024 sur son compte, suivi par 10.800 personnes, une vidéo accompagnée d’un commentaire qui qualifiait de “légitime” l’attaque sanglante du mouvement palestinien Hamas qui a fait plus de 1.200 morts côté Israéliens le 7 octobre 2023.Dans la seconde publication, il a republié une vidéo accusant des soldats israéliens de torture sur un Palestinien, y ajoutant ce commentaire: “Daech à côté, ce sont des enfants de choeur”.S’agissant du retweet, l’imam de 43 ans a assuré: “Les attaques du Hamas avec 1.200 morts, je ne suis pas d’accord avec ça”.Sur le second, “on m’accuse de faire l’apologie de Daech” mais “je suis à la tête d’une mosquée depuis 15 ans maintenant et il n’y a eu aucun départ pour la Syrie”.Mais pour le ministère public, “les faits d’apologie du terrorisme sont caractérisés”.”J’attendais un +pardon+”, a relevé de son côté Me Serge Tavitian, avocat de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), partie civile.”On est là pour le liquider socialement parce qu’on ne peut pas l’expulser”, a répondu Me Sefen Guez Guez, l’un des avocats de l’imam, plaidant la relaxe.Le religieux s’était trouvé au centre d’un bras de fer administratif à la fin de l’été, le préfet de police des Bouches-du-Rhône ayant menacé de fermer sa mosquée des Bleuets, située dans les quartiers Nord, à la demande de l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, justement en raison de ses propos et publications en ligne.La procédure avait finalement été suspendue, suite au retrait “temporaire” de l’imam, le temps de passer un diplôme universitaire sur la laïcité, et la suppression de ses tweets.A l’audience, la défense a tenté de dresser le portrait d’un imam pacifiste, oeuvrant pour le vivre-ensemble comme en a témoigné le rabbin Haïm Bendao pour qui l’imam “fait énormément pour les quartiers Nord”.Le jugement sera rendu en délibéré le 30 mai à 08H30.

Mort du petit Émile: la piste familiale se dessine

Les grands-parents du petit Émile Soleil, disparu en juillet 2023 alors qu’il était en vacances avec eux, et deux de leurs enfants majeurs étaient toujours en garde à vue mardi soir à Marseille, entendus par les gendarmes pour “homicide volontaire” et “recel de cadavre”.Cette brusque accélération sur une piste familiale marque un tournant spectaculaire dans une enquête qui n’avait enregistré aucune annonce significative depuis la découverte il y a tout juste un an d’ossements du petit garçon de deux ans et demi.”Philippe Vedovini et son épouse, grands-parents d’Emile Soleil, ainsi que deux de leurs enfants majeurs, ont été placés en garde à vue des chefs d’homicide volontaire et recel de cadavre par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille”, avait annoncé mardi peu avant 07H00 le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon.L’identité des deux enfants du couple gardés à vue, oncle ou tante d’Emile, n’a pas été précisée par le procureur.Selon une source proche du dossier, les enquêteurs ont également procédé dans la journée à “une dizaine d’auditions de témoins”.Une troisième audition du grand-père, âgé de 59 ans, était prévue dans la soirée, “après on verra demain”, a déclaré un peu après 20H00 à des journalistes son avocate, Me Isabelle Colombani, devant la gendarmerie à Marseille.Les auditions “se passent bien” et sans “confrontation”, a-t-elle insisté, soulignant que “la garde à vue, c’est pas une décision de culpabilité, c’est pas une décision de mise en examen”.Pour Me Julien Pinelli, défenseur de la grand-mère d’Émile, sa cliente, Anne Vedovini, “n’attend rien de plus que la vérité sur ce drame” et accepte cette garde à vue si “cette mesure est nécessaire à la recherche de la vérité”.- “Voisins sans histoire” -“J’ai vu la gendarmerie les prendre ce matin (…) à 7 heures”, a déclaré un voisin des grands-parents d’Émile, qui n’a pas souhaité donner son nom, à La Bouilladisse, commune de 6.000 habitants entre Aix-en-Provence et Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône, où le couple réside avec plusieurs de ses enfants.”Ils sont sous pression depuis deux ans, ça c’est sûr. Ils vivent reclus”, a-t-il ajouté.Une perquisition a eu lieu dans la matinée à leur domicile, un cossu mas provençal. Des enquêteurs ont saisi pour expertise un véhicule SUV et une remorque à cheval.Émile a disparu le 8 juillet 2023, alors qu’il venait d’arriver chez ses grands-parents dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1.200 mètres d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence.Les parents du garçonnet n’étaient pas sur place au moment de la disparition, mais, plusieurs autres membres de la famille étaient présents. Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de “ratissages judiciaires”, aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d’os avaient également été retrouvés par la suite dans la même zone.- Sang sur une jardinière -Le 13 mars, la présence des enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l’église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.”Ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois”, a souligné le procureur d’Aix-en-Provence.Le grand-père d’Émile, est kinésithérapeute-ostéopathe à La Bouilladisse, berceau de cette famille catholique traditionaliste. Avec sa femme, ils ont eu dix enfants, tous scolarisés à la maison, dont la mère d’Émile, Marie, est l’aînée. Philippe Vedovini avait été placé il y a plusieurs années sous le statut de témoin assisté dans une enquête sur des soupçons de violences et d’agressions sexuelles au début des années 90 dans la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais), où il était chef scout.Les obsèques publiques d’Émile avaient été célébrées le 8 février dernier dans la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), lors d’une messe en latin, en présence de toute la famille et de plusieurs centaines de personnes.Quelques heures seulement après la cérémonie, les grands-parents d’Émile avaient publié un communiqué, clamant que “le temps du silence doit laisser place à la vérité”. “Nous avons besoin de comprendre, besoin de savoir”, écrivaient-ils.

Dans un lycée breton, pour lutter contre la sédentarité, on pédale en cours

“C’est vraiment super bien, ça permet de se dégourdir les jambes!”. Au lycée de Bruz, près de Rennes, pour lutter contre la sédentarité et l’inactivité, les élèves ont accès à des “vélos-bureaux” et peuvent ainsi pédaler en cours.A l’origine du projet, “une réflexion sur l’aménagement de nos espaces” a été menée pour que les élèves “soient un petit peu plus mobiles quand ils sont dans l’établissement et qu’ils pensent un peu plus à bouger, faire de l’activité physique”, explique Christophe Briand, proviseur du lycée Anita Conti qui accueille 900 élèves.Grâce au financement de la Fédération de parents d’élèves et une aide de l’Agence régionale de santé (ARS), l’établissement est équipé d’une vingtaine de “vélos bureaux”, d’une valeur de 500 euros pour ceux qui s’utilisent avec un bureau amovible et 700 euros pour ceux munis d’une table réglable.Ainsi, que ce soit en salle de classe ou dans le centre de documentation, on assiste à ce curieux spectacle de jeunes gens en train de pédaler. “Quand j’ai appris qu’on allait en recevoir, j’étais étonné”, reconnaît Julien Capitaine, en seconde. “Mais c’est une bonne surprise et c’est vraiment bien car il peut être lassant d’être huit heures sur une chaise. Là, c’est comme un vélo classique, il y a des vitesses qu’on peut régler et puis c’est silencieux, on ne dérange pas la classe”.Dans la salle du CDI, où livres et revues sont baignés par une belle lumière, Zoé révise la nutrition des autotrophes, en activant ses jambes. Mais arrive-t-on à bien travailler en pédalant ?”Franchement oui! C’est un peu un automatisme et ça me permet même d’être plus concentrée, tu ne joues pas avec tes crayons ou tes cahiers”, assure Zoé, franchement emballée. Lors d’un cours, elle explique qu’un élève peut pédaler une trentaine de minutes avant de céder son vélo bureau à un autre camarade, sous l’oeil bienveillant des enseignants, sensibilisés à la cause.- Le personnel administratif aussi -Car selon le cardiologue et médecin du sport François Carré, la sédentarité constitue “un problème de santé publique majeure” avec “un adolescent de 14-15 ans qui peut être assis 75%” du temps hors sommeil, soit 12 heures. “C’est très mauvais pour la santé parce que ça favorise le développement d’environ 35 maladies”, argue le professeur pour lequel “la chaise tue”.”La population, et en particulier les papas et les mamans, ne nous croient pas quand on dit que c’est dangereux de rester assis. Comme on ne nous croyait pas quand on a dit la première fois que c’était dangereux de fumer”, insiste le professeur Carré.Dans un communiqué sur l’expérimentation menée à Bruz, le rectorat souligne que le temps de sédentarité est “le véritable fléau du XXIe siècle”. L’activité physique a “un impact important sur les performances scolaires et cognitives” tandis que “le changement de postures” à différents moments de la journée permet de travailler “plus efficacement”.Porteur du projet, Sylvain Portier, professeur d’EPS de 53 ans, a constaté au fil des années “une baisse du niveau de performance, notamment des capacités cardio-respiratoires” chez les jeunes, pointant l’usage des téléphones portables. Ce professeur souhaite “casser les temps de sédentarité”, sans oublier le personnel administratif.Aussi, à l’étage, Emmanuelle, 52 ans, assistante de scolarité, pédale en effectuant ses travaux administratifs. “On peut rester statique très longtemps sans s’en apercevoir… Chaque jour, j’essaye de faire au moins une demi-heure de vrai pédalage”, confie Emmanuelle, qui a eu deux lumbagos en 2021 et se porte mieux désormais.Outre les vélos-bureaux, c’est toute une culture de l’activité qui se diffuse dans le lycée. Ainsi, des professeurs ont mis en place des “pauses actives”, comme l’explique Zoé.”Le lundi, on a maths et, entre les deux heures, on va marcher 5 ou 10 minutes avec le prof pour s’aérer l’esprit. C’est mieux que de continuer le cours ou juste de sortir dans le couloir pour rester sur son téléphone”.

Après une rixe mortelle en Essonne, la crainte d’une “vengeance”

Au lendemain d’une rixe mortelle entre adolescents lundi soir devant le lycée Louis-Armand à Yerres (Essonne), le maire et les jeunes interrogés par l’AFP sur place redoutaient que ce meurtre conduise à une escalade des violences entre quartiers rivaux.”Les jeunes ici, quand il y a un mort, ils veulent toujours une vengeance”, s’alarme Helida, lycéenne, qui précise avant de rentrer en cours ne pas se sentir “vraiment en sécurité” malgré la présence des forces de l’ordre.”On a juste une envie, c’est de rester chez nous et de ne pas venir”, déclare, la voix tremblante, Victoria, une élève de 17 ans en terminale. Très choquée, elle a assisté à toute la scène la veille: “Je suis angoissée. Je n’arrivais pas à me lever ce matin. Je n’arrivais pas à dormir hier…”Devant la presse, le maire d’Yerres Olivier Clodong a dit “supplier” les jeunes de “ne pas rajouter de drame au drame”.Lundi, “une vingtaine d’individus” se sont retrouvés près du lycée “et dans la bagarre, il y a eu un coup de couteau. Un des jeunes était armé d’un couteau et l’a poignardé au dos”, a détaillé l’édile.L’adolescent tué, âgé de 17 ans et originaire du quartier des Hautes-Mardelles à Brunoy (Essonne), a été poignardé aux alentours de 17H00 alors qu’il se trouvait devant le lycée professionnel, où il n’était pas scolarisé, selon le procureur de la République d’Evry Grégoire Dulin. Il a succombé à ses blessures.L’autopsie a identifié une “plaie dorsale gauche” sur son corps, “provoquée par un objet tranchant de type couteau”, a précisé mardi soir le magistrat.Une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion a été ouverte.Après six premières interpellations lundi, un septième jeune âgé de 19 ans, originaire du quartier des Tournelles à Yerres, a été placé en garde à vue mardi après-midi, selon le parquet.”Se sachant recherché”, il s’est présenté au commissariat “en compagnie de son père”, indique encore le procureur, qui précise qu’il a été “immédiatement placé en garde à vue” et “contestait à ce stade d’être l’auteur des faits”.- “Ils peuvent revenir” -Après une “nuit calme, même si quelques jeunes rôdaient”, selon l’édile, l’heure est désormais à l’appel au calme. Une vingtaine de policiers nationaux et municipaux ont été déployés devant l’établissement et des fonctionnaires de la Brigade régionale de sécurité (BRS) fouillaient mardi matin les sacs des élèves à l’entrée.”Ça me rassure un peu, mais on sait très bien que s’ils veulent revenir, ils peuvent revenir”, estime Alexandra, élève de première au lycée Louis-Armand.”C’est arrivé l’année dernière, mais il n’y avait pas eu de mort”, renchérit son amie Lilia, en classe de première également. Elle n’a pas assisté à la scène mais admet que cela lui fait “un peu peur”, comme plusieurs lycéennes interrogées par l’AFP. Toutes ont en tête les rivalités qui opposent les deux quartiers voisins. Leurs camarades masculins se montrent, eux, très réticents à parler à la presse.”Ca s’est déjà passé une fois avec un garçon, et heureusement il a survécu”, se remémore Helida, qui assure qu’il “y a toujours des affrontements entre les deux quartiers”. Lundi soir, une réunion a eu lieu à la préfecture de l’Essonne entre maires du département et services de police et de gendarmerie sur la question des rixes.”La semaine dernière ça s’est pas mal agité sur les rixes, notamment sur ce secteur là, à Brunoy… On a voulu monter une réunion pour remobiliser un peu tout le monde”, a indiqué à l’AFP la préfète Frédérique Camilleri.Interrogé sur BFMTV dans la foulée du drame, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pointé du doigt “un ensauvagement des mineurs” et une politique pénale “trop laxiste”.L’Essonne, département du sud de l’ÃŽle-de-France qui compte 1,3 million d’habitants, est régulièrement le théâtre d’affrontements entre bandes d’adolescents venus de quartiers rivaux.Un quart des rixes recensées en France ont lieu dans ce département, avaient noté des responsables politiques lors d’une conférence sur le sujet il y a quelques mois.

Sarkozy “commanditaire” d’un pacte de corruption “indécent” avec Kadhafi, selon le parquet financier

Nicolas Sarkozy est le “véritable décisionnaire, le véritable commanditaire” d’un pacte de corruption “inconcevable, inouï, indécent”, noué avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour qu’il finance sa campagne présidentielle 2007, a martelé mardi le parquet financier dans ses réquisitions contre l’ancien président et ses onze coprévenus.Ce réquisitoire doit durer trois jours et s’achever jeudi soir avec le montant des peines réclamées, mais les procureurs ne mâchent pas leurs mots lors de cette première après-midi, particulièrement à l’encontre du principal prévenu, qui enrage en silence, assis face à eux.”Derrière l’image de l’homme public se dessine au gré des enquêtes judiciaires la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l’honnêteté et la droiture”, déclare le procureur Quentin Dandoy avant que l’audience ne soit suspendue pour la journée.Usant de frises chronologiques, de formules choc ou ironiques, les magistrats ont détaillé dans un premier temps le “pacte de corruption” conclu selon eux fin 2005 par Nicolas Sarkozy avec l’aide de ses proches Claude Guéant et Brice Hortefeux lors de visites à Tripoli.”On vous dit qu’il n’y a aucun élément matériel démontrant que Nicolas Sarkozy aurait donné quelconque instruction. Bien évidemment !”, lance le procureur. “Tout est précisément organisé, pensé pour que jamais il n’apparaisse”.Et de revenir sur les explications “rocambolesques”, “totalement surréalistes” de Claude Guéant et Brice Hortefeux sur leurs rencontres en Libye avec le beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, pourtant condamné en France à la perpétuité pour terrorisme. Selon l’accusation, c’est notamment lui qui était chargé, côté libyen, d’organiser le soutien financier de la campagne. Les prévenus ont maintenu qu’ils étaient tombés dans un “piège”, un “guet-apens” et n’avaient jamais eu l’intention de le rencontrer.”On se moque de vous !”, lance le procureur au tribunal. “Envoyer ses plus intimes collaborateurs” est “la démonstration de l’implication totale de Nicolas Sarkozy en tant que commanditaire”, soutient le magistrat.- “Intime conviction” -Claude Guéant et Brice Hortefeux – absents à l’audience du jour – se sont vu confier le rôle “d’hommes de mains”, “jusque dans cette salle d’audience, où ils se sont retrouvés en première ligne, éprouvant les pires difficultés pour tenter d’expliquer l’inexplicable, tout en prenant bien soin de maintenir Nicolas Sarkozy à distance”, ajoute-t-il.A plusieurs reprises, l’ancien locataire de l’Élysée, qui a toujours clamé son innocence, ne peut réprimer un commentaire furieux à voix haute.Quatre mois environ après la dernière visite en Libye, affirme le magistrat, le “premier versement corruptif” part de Libye pour arriver sur le compte d’une société offshore bénéficiant à l’intermédiaire Ziad Takieddine – 5 millions seront transférés au total. Un pacte “inconcevable, inouï, indécent”, a résumé avant lui Philippe Jaeglé, le deuxième procureur financier.Parce qu’il a été “conclu avec (un) régime sanguinaire”, avec “pour objectif de soutenir financièrement la campagne” de “celui qui deviendra le 6e président de la Ve République”.Mais aussi car ce pacte “aurait pu vicier le résultat” de l’élection présidentielle de 2007 et qu’il “risquait de porter atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la France”, a-t-il poursuivi.Le parquet national financier (PNF) n’avait pas de “positionnement figé” avant le procès, a-t-il assuré. Mais les dix semaines de débats, marquées par les “explications extravagantes” des trois anciens ministres et de l’ancien président prévenus, ont “renforcé” et “transformé ce positionnement en intime conviction”.Il a souligné que ce dossier avait été “émaillé de mensonges, interférences, manipulations”, notamment de la part de l’ex-locataire de l’Élysée pour empêcher l’avancée de l’enquête – il a “fallu déminer, écarter les fausses pistes”.Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.Le ministère public poursuit mercredi à 9H30 ses réquisitions, pour aborder les contreparties supposées et entrer dans le cÅ“ur de la campagne.

Une tache brunâtre au centre du procès d’une mère pour le meurtre de ses filles handicapées

La cour d’assises du Gers s’est penchée mardi, au deuxième jour du procès en appel d’une mère pour le meurtre de ses deux filles polyhandicapées disparues fin 2016, sur l’analyse d’une tache brunâtre découverte dans la chambre des adolescentes.C’est cette tache, présentant l’ADN d’une des deux filles, qui avait conduit, en janvier 2018, à la mise en examen de Naïma Bel Allam, aujourd’hui âgée de 57 ans, pour “homicides volontaires aggravés”, alors qu’elle avait, dans un premier temps, été poursuivie pour “délaissement de mineures”.En l’absence de corps, et alors que l’accusée continue d’affirmer que ses filles sont vivantes, l’existence de cette grande tache sombre d’un mètre sur quarante centimètres sur le parquet du domicile de Nérac (Lot-et-Garonne) représente un enjeu décisif.Mais la cour s’est heurtée aux limites de l’analyse scientifique. Concernant la surface extérieure de la tache, “la recherche chimique de sang est négative”, a affirmé en visioconférence le professeur Christian Doutremepuich qui dirige le laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux.Il a toutefois expliqué que la composition de la tache avait pu être “altérée” par un nettoyage intensif. De très nombreux produits détergents, dont de l’eau de Javel, avaient été retrouvés dans la chambre des deux filles, âgées de 12 et 13 ans lors de leur disparition en décembre 2016.S’il est impossible d’établir la présence de sang, l’analyse de la tache a permis d’identifier l’ADN des deux adolescentes, puisque des cellules de la peau ont été retrouvées, a précisé l’expert.- Possible trace de sang -“Inès et Nawal étaient polyhandicapées, et se déplaçaient uniquement sur les fesses”, a fait valoir l’avocat de la défense, Jean-François Renaudie.Menée par l’Institut de recherche criminelle de la  gendarmerie nationale (IRCGN), la morphoanalyse d’une tache présente cette fois sous les lattes du parquet a conclu que l’existence “d’une trace de sang mélangée à d’autres liquides pouvait être soutenue”.En première instance, l’accusée avait argué que ses filles se blessaient souvent avec des échardes. L’ADN d’Inès, la fille aînée de l’accusée, et celui d’une ancienne locataire ont été identifiés sur cette tache.”Je trouve qu’il y a des choses bizarres dans ce dossier”, a déclaré l’accusée. “Mon avocate avait dû faire des pieds et des mains pour obtenir l’identité de la personne dont l’ADN avait été retrouvé sous les lattes. Pourquoi le ministère (public) ne fait pas l’effort d’enquêter dans tous les sens du terme ?”, a interpellé Naïma Bel Allam. Apparaissant à la fois concentrée et détendue, la main soutenant son menton, l’accusée n’a montré aucun signe de tristesse durant l’audience.- “Disparition inquiétante” -Elle n’a pas non plus manifesté de défaillance quand un expert informatique a dévoilé à la cour le contenu de son ordinateur portable, compilant de nombreuses requêtes internet pendant plusieurs mois en 2017, avec des mots-clés comme “avis de recherche”, “disparition inquiétante”, “mineures disparues” ou encore “Interpol”. Placée sur écoute, Naïma Bel Allam avait affirmé avoir “fait une connerie” et “regretter son geste” d’avoir confié ses filles à une inconnue rencontrée sur une aire d’autoroute, dans une conversation avec sa sÅ“ur lue à l’audience par la présidente de la cour d’assises. Cette ex-comptable d’origine marocaine avait initialement déclaré avoir confié ses filles à un couple de Marocains sur une aire d’autoroute en Espagne, une version démentie par les enquêteurs. Lors du procès en première instance, du 17 au 20 juin 2024, elle a déclaré les avoir remises à un “groupe d’amis” dont elle aurait fait la connaissance en 2015 au Maroc.Naïma Bel Allam avait été condamnée en première instance par la cour d’assises du Lot-et-Garonne le 20 juin 2024 à 14 ans de réclusion criminelle. Son procès à Auch pour “meurtres sur mineurs de 15 ans et personnes vulnérables” doit durer jusqu’à jeudi.Mercredi, elle doit être interrogée dans l’après-midi, après la présentation des résultats d’examens psychiatriques et psychologiques de l’accusée et avant les plaidoiries des parties civiles.

Climat: dans le nord, une mine urbaine de recyclage de cuivre monte en puissance

De loin, les montagnes de câbles enchevêtrés ressemblent presque aux terrils du nord de la France, tout proches. On est bien dans un pays minier, mais une “mine urbaine”.Ici, pas de charbon, on extrait le cuivre récupéré dans des kilomètres de vieux câbles électriques collectés un peu partout en France.À Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais, 36.000 tonnes de câbles, issus de démolitions de bâtiments, de chutes d’usinage, ou du réseau téléphonique d’Orange ont été recyclés l’an dernier sur le site Recycâbles, coentreprise créée en 2008 par les groupes Suez et Nexans.Après découpage, concassage, broyage en morceaux de plus en plus petits au fil des bruyantes étapes du parcours de recyclage, des grenailles de métal rougeoyant tombent et s’accumulent dans de grands bacs. Il est d’une pureté “quasiment” aussi élevée que s’il était extrait d’une vraie mine, selon Christophe François, directeur d’exploitation du site.”Le principe, c’est celui d’une mine urbaine, on va rechercher la richesse là où elle a déjà été utilisée pour la mettre dans un principe d’économie circulaire. Et l’objectif, c’est toujours de récupérer quasiment 100% de la matière cuivre ou aluminium et de valoriser aussi les plastiques qui sont issus de cette opération”, explique-t-il.L’an passé, 18.000 tonnes de cuivre ou d’aluminium sous forme de grenailles, et 13.000 tonnes de copeaux de plastique destinées à refabriquer notamment des dalles de parking, ont été récupérés.Un pactole à l’heure de l’électrification du monde. Le métal rouge est stratégique tout simplement parce qu’il a, entre autres, la capacité de conduire l’électricité, ce qui le rend incontournable aux véhicules électriques ou pour raccorder les champs éoliens au réseau. Or, la planète n’a pas assez de cuivre vierge. L’agence internationale de l’énergie (AIE) a prévenu en 2024 d’une potentielle tension mondiale, voire de risques de pénurie.- Flambée de la tonne – “Aujourd’hui, la consommation mondiale de cuivre est supérieure à la capacité de production primaire de cuivre”, résume Xavier Mathieu, vice-président métallurgie chez le 2e câblier mondial, Nexans. Et le coût d’une tonne de cuivre, qui a tutoyé les 10.000 dollars la tonne en 2021, “ne descend plus au dessous de 7.500 dollars”, alors qu’il ne valait guère plus de 1.500 dollars il y a deux décennies.Le recyclage, promu d’abord pour réduire les émissions de CO2 du secteur minier, revêt aussi un attrait économique certain pour les opérateurs comme Nexans qui a décidé d’augmenter la capacité de production de sa fonderie de cuivre de Lens, la dernière en France, tout près de Noyelles-Godault.La nouvelle fonderie en construction, un investissement de 90 millions d’euros annoncé en octobre, devrait recycler jusqu’à 80.000 tonnes de cuivre par an.Nexans prévoit ainsi d’augmenter de plus de 50% sa production et de parvenir à 30% de cuivre recyclé dans ses câbles d’ici 2030. Le tout grâce à un système d’économie circulaire: avec de nouveaux équipements d’affinage du métal, elle pourra désormais intégrer les granules de Noyelles-Godault.Actuellement, “les grenailles, des petites billes oblongues, sont trop petites et fondent littéralement dans nos fours” à haute température, explique M. Mathieu.Les grenailles de Noyelles-Godault sont donc quasiment toutes exportées, alors que l’usine voisine de Nexans importe du cuivre neuf et ne dispose pas assez de recyclé pour ses câbles. Selon un rapport du cabinet Olivier Wyman publié en novembre, le manque d’investissement dans la boucle complète du recyclage du métal est général en France, le pays ne recyclant qu’une toute petite partie de sa collecte de métal usagé. Sur 218.000 tonnes de déchets de cuivre récupérés, seulement 66.000 sont recyclées dans l’hexagone, alors que le pays en consomme 257.000 par an. Et 206.000 tonnes sont exportées.La matière première “made in France” est plus que bienvenue à l’heure où entre 35% et 70% des capacités mondiales de raffinage des métaux sont entre les mains de la Chine, selon le rapport de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.Et Nexans en a besoin. Mardi, le groupe a annoncé un accord portant sur un milliard d’euros: il va fournir 450 kilomètres de câbles sous-marins haute tension pour raccorder les champ éoliens au large de la Normandie et d’Oléron, qui doivent être mis en service en 2031 et 2032.Mardi également, dix des 47 projets industriels sélectionnés par Bruxelles pour favoriser l’extraction, la transformation et le recyclage de métaux “stratégiques” afin de réduire la dépendance à la Chine et sécuriser l’approvisionnement de l’industrie, concernent le cuivre: ils sont situés en Espagne, Finlande, France, Italie, Pologne, Portugal, et Roumanie.