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Au lac du Der, l’hivernage septentrional des grues cendrées

Elles y ont trouvé “le gîte et le couvert”: chaque année, des dizaines de milliers de grues cendrées passent l’hiver sur le lac du Der, entre Marne et Haute-Marne. Une situation partiellement due au réchauffement climatique, et qui redessine l’écosystème local.Chaque matin, au lever du soleil, elles s’envolent majestueusement, par grappes de trois, cinq, cent ou plus encore, en direction des champs environnants – avec un goût prononcé pour les chaumes de maïs – où elles vont remuer la terre pour trouver de quoi se nourrir.Le vaste lac-réservoir du Der (48 km2) a été mis en service en 1974 pour limiter les risques d’inondations en Ile-de-France. En hiver, son faible remplissage fait apparaître de nombreux îlots le long desquels les grues aiment s’installer pour la nuit, les pattes dans l’eau, par instinct de protection vis-à-vis des prédateurs. “On a créé une zone humide sur leur couloir de migration”, entre l’Espagne et la Scandinavie, où elles passent l’été et qu’elles quittent aux premiers froids, explique Benoît Fontaine, écologue au muséum national d’Histoire naturelle et à l’Office français de la biodiversité (OFB).Et avec le réchauffement climatique, des zones “qui auparavant étaient gelées en hiver ne le sont plus, et du coup elles n’ont plus besoin de partir vers le sud, ou elles partent moins loin”, note M. Fontaine.Sans gel, les grues peuvent plus facilement gratter les champs et pâturages pour y trouver de la nourriture.- “Des oiseaux opportunistes” -“Historiquement, ici, c’étaient des terres argileuses qui ne les intéressaient pas”, mais à présent “c’est 90% de cultures pour 10% de pâtures”, souligne aussi Etienne Clément, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Champagne-Ardenne. “Ce sont des oiseaux opportunistes”, sourit-il.La grue “a le gîte et le couvert” sur ce territoire, résume Lionel Bouillon, bénévole à la LPO et employé de l’Office de tourisme du lac du Der.Si une majorité des grues cendrées passant par la France continuent leur route habituelle jusqu’en Espagne voire jusqu’au Maroc, elles sont entre 20.000 et 30.000 chaque année à hiverner sur les rives du lac du Der, selon la LPO. Leur population empruntant ce couloir de migration a été multiplié par dix depuis que la LPO a commencé à les recenser il y a quelques décennies. Leur statut d’espèce protégée, octroyé il y a un demi-siècle en France, explique aussi cette forte croissance, estime M. Clément.Ce dont le territoire autour du lac du Der profite à plein régime: les grues représentent “50% du tourisme” local, assure Lionel Bouillon. Lors de la “Fête de la grue et de la migration” organisée chaque année vers la Toussaint, “les gens ne viennent que pour ça”, souligne-t-il.- Canon effaroucheur -Le phénomène a aussi ses inconvénients. “Elles bouffent les grains ou elles arrachent le blé avec leurs pattes”, se plaint Jean-Claude Laffrique, agriculteur à Scrupt, à une vingtaine de kilomètres au nord du lac.Apparaissent régulièrement dans ses champs de nouveaux gadgets pour dissuader les grues d’y traîner leurs pattes: vieilles voitures, canon effaroucheur – un tube relié à une bouteille de gaz qui “pète” à intervalles réguliers – ou encore, depuis cet hiver, trois gréements de planches à voile plantés à quelques dizaines de mètres d’intervalle.”Mais au bout d’un moment, elles s’habituent…”, souffle, fataliste, le sexagénaire.La région Grand Est verse chaque année une compensation pour les dégâts causés aux cultures. Ce qui ne prive pas Jean-Claude Laffrique de quelques insomnies: “Il y a des nuits, on les entend et on se dit: +Ça y est, elles débarquent+”.”Il y a régulièrement des conflits d’usages entre les agriculteurs et la faune sauvage”, reconnaît Benoît Fontaine.D’autant que les oiseaux migrateurs sont pointés du doigt pour leur responsabilité dans la propagation de la grippe aviaire. “C’est certain que ça joue un rôle”, admet Jean-Dominique Lebreton, directeur de recherche émérite au CNRS.”Mais, et c’est un gros mais, les virus sont transportés par les oiseaux sauvages, mais aussi par les oiseaux domestiques (…) et il y a énormément d’oiseaux domestiques qui circulent”, souligne-t-il.”L’élevage lui-même joue un rôle très important dans la propagation de la grippe aviaire. On a tendance à accuser un peu vite les oiseaux sauvages”.

‘Life’s ruined’: UK town broken by grooming gangs wants answers

Once famed as an industrial powerhouse that produced some of the world’s finest steel, Rotherham is now known as the epicentre of the UK grooming scandal, leaving the town angry, ashamed and needing answers.The issue of UK grooming gangs was again thrust into the spotlight when tech billionaire Elon Musk launched incendiary attacks on his …

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Le nouveau PDG d’Atos Philippe Salle prend ses fonctions

Nommé en octobre, le nouveau PDG du groupe informatique Atos, Philippe Salle, entre effectivement en fonctions lundi, après le début de son mandat samedi.Le nouveau PDG, qui ne s’est pas encore exprimé sur sa vision stratégique, devra tenter de redresser un groupe en difficulté, après une restructuration financière qui s’est achevée en décembre. A l’issue d’une assemblée générale des actionnaires vendredi, Atos a indiqué que l’arrivée de M. Salle en tant que PDG avait été largement validée par un vote. Il occupait déjà les fonctions de président du conseil d’administration depuis sa nomination mi-octobre. Une étape qui acte le départ de Jean-Pierre Mustier, ancien président devenu directeur général de l’entreprise après la démission de Paul Saleh à l’été 2024.Passé par la direction de plusieurs grands groupe – dont Foncia, Elior Group et Altran – Philippe Salle, qui s’est dit “conscient des défis” qui attendent Atos, a exprimé sa volonté d’ouvrir “un nouveau chapitre pour le groupe”.Il a par ailleurs apporté un investissement à hauteur d'”au moins neuf millions d’euros” à l’entreprise.En décembre, Atos a achevé une période de restructuration financière qui lui a permis d’alléger sa dette colossale de 2,1 milliards d’euros.Celle-ci s’élevait à l’origine à près de 5 milliards d’euros, marque d’une déconfiture financière pour le groupe aux 90.000 employés dans le monde.A l’issue des Jeux olympiques de Paris, dont il a été le pilier technologique, Atos a perdu l’énorme contrat des futurs Jeux. Le Comité international olympique lui a préféré l’Américain Deloitte.Après un feuilleton de plusieurs mois au premier semestre 2024 sur une possible reprise du groupe, l’actionnaire principal Onepoint a finalement engagé sa sortie du capital, et un accord de reprise a été conclu avec les créanciers.En parallèle de ses difficultés financières, Atos a connu ces dernières années de nombreux changements de gouvernance.En trois ans, pas moins de cinq hommes se sont succédé au poste de directeur général, et plusieurs d’entre eux ont attiré des critiques en interne pour leur profil financier ou leur manque de “vision stratégique”. “On espère qu’il va rester mais nous n’avons aucune garantie”, explique à l’AFP Fabrice Lorioux, délégué syndical Unsa, au sujet de l’arrivée de M. Salle. Une prise de parole du nouveau PDG sur son plan stratégique n’est pas attendue avant les résultats annuels d’Atos, dont la publication est prévue le 5 mars. 

Darmanin à Rome lundi pour étudier le régime carcéral réservé aux mafieux

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, est attendu lundi à Rome pour une visite d’étude du régime carcéral italien réservé aux détenus les plus dangereux, dans le cadre de son projet de créer un établissement de haute sécurité pour les plus gros narcotrafiquants. M. Darmanin doit visiter dans la matinée le Centre pénitentiaire romain de Rebibbia, où une cinquantaine de détenus appartenant au crime organisé sont soumis à un régime d’isolement et de surveillance particulièrement draconien.Des entretiens sont prévus avec son homologue Carlo Nordio et le procureur national anti-mafia et anti-terrorisme, Giovanni Melillo, avant une conférence de presse à 18H30.M. Darmanin a annoncé début janvier son intention de rassembler les “cent plus gros narcotrafiquants” incarcérés dans “une prison de haute sécurité”.Cet établissement sera “réalité” fin juillet, et deux autres d’ici deux ans, pour détenir “plus de 600” narcotrafiquants “particulièrement dangereux”, a-t-il par la suite précisé.Il souhaite priver ces détenus de moyens de contacter l’extérieur sans contrôle et de poursuivre leurs activités de narcotrafic depuis leur cellule.Très restrictif, le modèle italien de détention réservé aux condamnés les plus dangereux pourrait inspirer le garde des Sceaux dans son ambition de doter l’administration pénitentiaire de prisons bunker.- “La prison dure” -L’Italie dispose d’un régime de détention connu sous le nom de 41-bis, appliqué essentiellement à des prisonniers poursuivis pour crimes mafieux et terroristes.Régulièrement dénoncé par les ONG de défense des droits, ce régime fait partie d’un arsenal législatif et pénitentiaire connu sous le nom de “prison dure”.Il a été créé en 1975 pour éviter des mutineries mais a été introduit à plus grande échelle après la vague d’attentats et d’assassinats perpétrés par la mafia dans les années 1980 et 1990.Cet article du règlement pénitentiaire, qui suspend de fait les conditions habituelles de détention, est devenu une arme essentielle de l’arsenal de l’Etat contre le crime organisé.Il peut également être appliqué à d’autres crimes violents et au terrorisme. Selon des chiffres de février 2024, 725 détenus étaient soumis à ce régime carcéral, dont quatre terroristes, les autres appartenant aux principaux groupes mafieux et groupes criminels organisés de la péninsule.Ce régime de détention prévoit l’isolement total pour le prisonnier, sauf deux heures à l’air libre dans un groupe ne pouvant pas dépasser quatre détenus soigneusement choisis pour éviter plusieurs risques: d’un côté celui de la connivence avec d’autres personnes appartenant au même groupe criminel, de l’autre d’éventuel conflits avec un groupe criminel opposé.Ils ont en outre droit à un seul entretien par mois avec des membres de leur famille, derrière une paroi de verre, et cet entretien est enregistré par les autorités carcérales. Ceux qui ne profitent pas de ce droit ont, après au moins six mois de détention, le droit à un appel téléphonique par mois, d’une durée de dix minutes maximum, avec des membres de leur famille, le tout également enregistré.Des limites sont également introduites concernant les sommes d’argent et autres biens que ces détenus peuvent recevoir.- La taille des casseroles -Ils occupent des sections dédiées des prisons italiennes et sont surveillés par des gardes appartenant à un groupe spécial de la police pénitentiaire.Ces gardes changent de prison tous les six mois pour éviter des contacts prolongés avec des détenus dangereux.L’objectif de ce système est double: couper la communication des prisonniers avec l’extérieur, empêchant ainsi les mafieux de diriger leurs organisations depuis la prison; et les convaincre, en raison des conditions pénibles, de devenir des collaborateurs de justice (“repentis”).Dans un récent rapport, l’ONG Antigone, qui s’occupe des conditions des détenus en Italie, a dénoncé “certaines restrictions dont l’objectif semble être de harceler davantage plutôt que de garantir la sécurité: par exemple la taille des casseroles autorisées ou le nombre et la taille des photos et livres pouvant être gardés dans la cellule”.

Affaire Adèle Haenel: l’heure du jugement pour le réalisateur Christophe Ruggia

L’affaire avait bouleversé le monde du cinéma et ouvert la voie au #Metoo français: après deux jours d’un procès intense en décembre, le réalisateur Christophe Ruggia, accusé d’avoir agressé sexuellement Adèle Haenel quand elle était mineure, sera fixé sur son sort lundi. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement à 13H30. Christophe Ruggia, 60 ans, et Adèle Haenel, 35 ans, seront présents, selon leurs avocats.A l’issue du procès (9-10 décembre), l’accusation a requis cinq ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique à l’encontre du réalisateur, qui a contesté jusqu’au bout avoir agressé Adèle Haenel entre ses 12 et 14 ans. Si le tribunal suit les réquisitions, Christophe Ruggia n’ira pas en prison.Adèle Haenel avait joué le rôle principal de son film “Les Diables” en 2001, une histoire de fugue perpétuelle d’un frère et d’une soeur qui tourne à l’inceste, avec des scènes de sexe entre les enfants et de longs gros plans sur le corps nu d’Adèle Haenel. Plusieurs adultes sur le plateau avaient dit leur “malaise” face au comportement “déplacé” du réalisateur presque quadragénaire avec son actrice.Les agressions sexuelles qu’a dénoncées Adèle Haenel — publiquement dans Mediapart en 2019, déclenchant #Metoo dans le cinéma français — auraient débuté chez le réalisateur, après le tournage du film sous couvert de préparation de sa promotion. Et se seraient poursuivies quasiment tous les samedis après-midis pendant les années de quatrième et troisième de l’adolescente.A la barre, l’actrice, qui s’est mise aujourd’hui en retrait du cinéma, a décrit le processus toujours identique des agressions. Elle assise sur le canapé, lui qui vient “se coller” l’air de rien au fil de la conversation parce que “ma puce (t’es) vraiment trop drôle”. Puis les mains qui passent sous le T-shirt, dans son pantalon. Après le “goûter”, il la ramenait chez ses parents.Droite comme un i à l’audience, le visage régulièrement pris de spasmes nerveux, elle avait cherché les mots pour décrire l’impossibilité de sortir de cet engrenage, face à un homme qui disait l’avoir “créée”, qu’il n’avait “pas eu de chance de tomber amoureux d’elle”, cette “adulte dans un corps d’enfant”.- “Défense absurde” -L’actrice qui avait péniblement contenu sa rage face aux dénégations répétées de Christophe Ruggia, se contentant de le fixer d’un regard noir qu’il évitait, avait fini par exploser la seconde après-midi de procès.Bondissant de son siège et dans un cri venu de loin, elle avait hurlé “mais ferme ta gueule !”, frappant des mains sur la table devant elle, figeant pendant quelques secondes une salle d’audience habituellement plus policée.Le réalisateur était en train d’expliquer qu’il avait tenté de la protéger des retombées du film dans la vraie vie, lui suggérant notamment qu’elle prenne “un nom d’emprunt”.Elle avait ensuite quitté la salle, comme en écho à son départ de la cérémonie des César en 2020 après le prix du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski, un geste qui l’avait érigée en symbole des féministes.Soutenant qu’elle avait une “sensualité débordante” à 12 ans, Christophe Ruggia a pourtant assuré n’avoir “jamais” été “attiré” par Adèle Haenel. Les accusations portées contre lui ? Une “vengeance” car il aurait refusé de la faire jouer à nouveau. Et puis, “il fallait lancer un #Metoo français, et c’est tombé sur moi”.Une “défense absurde”, avait balayé la procureure Camille Ploch. “Il a fait le choix d’agresser sexuellement. Il avait toute sa conscience d’homme, d’adulte pour agir autrement”.”Cette audience doit rappeler l’interdit, qui était l’adulte, qui était l’enfant. Elle doit remettre le monde à l’endroit”, avait martelé la magistrate, disant n’avoir “aucun doute” sur la réalité des agressions, décrites de manière “constante” par Adèle Haenel.Les avocates de Christophe Ruggia, Fanny Collin et Orly Rezlan, ont plaidé la relaxe, même si aux yeux de tous il est déjà “coupable”, ont-elles déploré, craignant que le tribunal ne soit tenu “de rendre justice le pistolet sur la tempe”.Les avocats de l’actrice, Yann Le Bras et Anouck Michelin, ont demandé 30.000 euros en réparation du préjudice moral et 31.000 en réparation d’années de suivi psychologique.