Mort de Philippe Labro, point final d’une vie éclectique
Philippe Labro est mort à 88 ans, après avoir marqué la vie médiatique et culturelle française pendant six décennies, comme journaliste, écrivain, cinéaste et parolier pour Johnny Hallyday, amoureux comme lui de l’Amérique.”C’est une immense figure de RTL qui disparaît et notre maison, ce matin, est traversée par une très grande émotion”, a déclaré mercredi Hervé Beroud, directeur de l’information du groupe M6-RTL, en annonçant à l’antenne la mort de son aîné.L’image de Philippe Labro est indissociable de celle de la radio au logo rouge et blanc. Il en a été le directeur des programmes pendant 15 ans, de 1985 à 2000, et le vice-président, aux côtés de Jacques Rigaud.Selon Paris Match, un autre de ses anciens employeurs, il est mort “des suites d’un cancer”.Son décès a suscité une pluie d’hommages, de nombreuses personnalités des médias et de la culture saluant en lui un père spirituel.- “C’était l’élégance” -“Il m’a tout apporté, il m’a apporté 20 ans de radio, il m’a apporté son amitié, sa fidélité”, a réagi l’animateur Nagui au micro de RTL, où il a travaillé durant une vingtaine d’années. “C’était l’élégance, c’est toujours l’élégance, j’ai pas envie de parler de lui au passé.””Quelle tristesse ce matin… Philippe Labro a été mon mentor… Il m’a tant transmis… Quel talent chez cet homme doué pour tout”, a assuré le journaliste Jean-Jacques Bourdin sur le réseau social X.C’était “un immense grand frère, tellement humain”, a renchéri l’écrivain Erik Orsenna sur RTL.La station a rendu public un message que lui a envoyé le président de la République, Emmanuel Macron: “Il fut le plus illustre de vos patrons, élégant, bienveillant, qui fit de RTL la première radio de France”.”Grand écrivain et cinéaste, ami fidèle si proche des plus grands de Melville à Hallyday, grand connaisseur et conteur de l’Amérique, il a traversé le siècle comme personne, curieux de tout, profondément libre”, a écrit le patron du groupe Canal+, Maxime Saada, sur X.En 2005, avec le milliardaire Vincent Bolloré, Philippe Labro avait lancé la chaîne Direct 8, devenue C8 et qui appartenait au groupe Canal+ jusqu’à sa fermeture en mars.Il y avait présenté jusqu’à fin février l’émission “L’Essentiel chez Labro” et avait dénoncé la décision de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, de ne pas renouveler la fréquence de la chaîne, ce qui a entraîné son arrêt.- Belmondo et Johnny -Né le 27 août 1936 à Montauban (Tarn-et-Garonne), Philippe Labro a commencé sa carrière dans les années 1950 à la radio, chez Europe 1, et en presse écrite, à Marie-France puis à France-Soir. Il collabore en parallèle au magazine télévisé “Cinq colonnes à la Une” (1960-64).Journaliste indépendant de 1968 à 1976, il entre alors à RTL, où il devient rédacteur en chef et présentateur du journal de 13 heures, prélude à une longue histoire d’amour avec la station.Comme écrivain, il est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont certains ont été des succès commerciaux, comme “Quinze ans” (1992) et “L’Etudiant étranger”, prix Interallié 1986. En 2003, il signe “Tomber sept fois, se relever huit”, dans lequel il raconte sa dépression.Avec cet ouvrage, “il a partagé un témoignage courageux sur la santé mentale”, a souligné la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X.A la fin des années 1960, Philippe Labro se lance dans le cinéma et réalise sept longs-métrages, inspirés par le polar à l’américaine. Parmi eux, “Tout peut arriver” (1969), “Sans mobile apparent” (1971), “L’Héritier” (1972) et “L’alpagueur” (1976), tous deux avec Jean-Paul Belmondo, “La Crime” (1983) ou “Rive droite, rive gauche” (1984).Il s’est aussi illustré comme parolier de chansons, notamment pour Johnny Hallyday, pour qui il a écrit “Oh! Ma jolie Sarah”, “Mon Amérique à moi” ou “Jésus Christ”. Cette chanson avait fait scandale en 1970 car elle dépeignait Jésus en hippie.Philippe Labro était marié à la journaliste Françoise Labro et était père de quatre enfants.