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Budget: la gauche boycotte une réunion de négociation, les débats s’étirent en longueur

Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie “recettes” du budget de l’État, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais alors que la gauche a refusé de participer à une nouvelle négociation avec le gouvernement, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l’hémicycle.Au menu lundi à l’Assemblée, la poursuite des discussions sur la justice fiscale, avec notamment des amendements sur la taxation des plus-values immobilières ou les droits de succession. Les députés ont notamment adopté un amendement RN rétablissement “l’exit tax” (taxe d’expatriation) dans sa version d’origine sarkozyste.Reconnaissant les limites de la discussion budgétaire pour parvenir à une copie d’ensemble cohérente, le Premier ministre a demandé vendredi “à l’ensemble des ministres concernés” de réunir les représentants des groupes pour “essayer de se mettre d’accord sur les grands principes de l’atterrissage d’un texte pour la Sécurité sociale et pour le projet de loi de finances”.Las. La gauche a annoncé qu’elle ne se rendrait pas à la réunion organisée à la mi-journée au ministère des Relations avec le Parlement, en raison de la présence du Rassemblement national. Outre le RN, son allié l’UDR d’Eric Ciotti, le groupe indépendant Liot et les représentants du socle commun s’y sont en revanche rendus. A ce stade, selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, on est loin “du budget Frankenstein” que la confusion fiscale des derniers jours pourrait laisser croire. “Nous sommes précisément à 4,7% (du PIB) de déficit”, soit l’objectif initial du gouvernement, a-t-elle indiqué à la reprise des débats à l’Assemblée. “Ce qui veut dire qu’il y a encore de la marge de manœuvre” lors de la navette parlementaire, a-t-elle souligné, le gouvernement s’étant laissé la possibilité d’aller jusqu’à “moins de 5%”.Côté entreprises, “il y a eu des hausses d’impôts de 2,5 milliards pour les multinationales. Il y a eu des baisses aussi à peu près de 3 milliards de moins pour les PME”, a-t-elle résumé.Ce calcul exclut cependant “quatre taxes” (sur les multinationales, les rachats d’actions, les super dividendes notamment) que le gouvernement juge inapplicables ou contraires au droit européen.Côté ménages, il y aurait “à peu près 2 milliards de moins d’impôt, notamment du fait du dégel du barème de l’impôt sur le revenu” et de l’autre “un ensemble de mesures sur les plus fortunés qui représenteraient plus que l’ISF avant 2017”. Ces mesures devraient rapporter entre 5 et 6 milliards d’euros, contre 5,1 pour l’ISF.- Délais et votes incertains -Mais les délais d’examen de ce budget de l’Etat seront-ils tenus et sera-t-il in fine voté? Les discussions vont s’interrompre lundi soir pour laisser place à celles sur le budget de la Sécurité sociale. Elles reprendront le 12 novembre, jusqu’au plus tard le 23 novembre à minuit – les délais constitutionnels obligeant alors le gouvernement à transmettre le texte au Sénat. Le gouvernement tablait lundi sur un vote le 17 novembre pour la partie “recettes” du budget de l’Etat mais pour le président de la commission des Finances Éric Coquerel “on va tout droit sur le fait de ne pas voter”.Si les délais sont tenus, l’adoption du texte nécessiterait l’abstention des socialistes et des écologistes (et le vote positif de toute la coalition gouvernementale). Or rien n’est moins sûr, à gauche comme à droite. Le rapporteur général du Budget, Philippe Juvin (LR), a déjà anticipé son rejet: “Je ne vois pas très bien comment cette partie 1 pourrait être votée, parce qu’en fait elle ne va satisfaire personne”.Tempérant la position du chef des députés socialistes Boris Vallaud, pour qui en l’état, le groupe voterait contre le texte, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a estimé lundi que, si la voie était “étroite” vers une adoption, un “chemin” lui semblait encore “possible”.S’attirant les critiques de la France insoumise. “J’appelle ça les idiots utiles du macronisme”, a réagi M. Coquerel devant la presse.En cas de rejet de cette première partie, le projet de budget partirait au Sénat dans sa version initiale et la navette parlementaire se poursuivrait. Si le Parlement ne s’est pas prononcé le 23 décembre, le gouvernement peut légiférer par ordonnances, une procédure inédite. Autre option, en cas de rejet du budget: le vote d’une loi spéciale.

Poupées à caractère pédocriminel: Shein sous la menace d’une interdiction

A deux jours de l’ouverture de son magasin parisien au BHV, Shein doit se défendre sur un nouveau front: le géant asiatique de la vente en ligne a commercialisé des poupées sexuelles à caractère pédocriminel et risque un bannissement en cas de récidive.”Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français”, a déclaré le ministre de l’Economie Roland Lescure sur BFMTV et RMC lundi.Samedi, la direction générale de la Répression des fraudes (DGCCRF) a annoncé avoir signalé à la justice la vente de “poupées sexuelles d’apparence enfantine” après avoir constaté leur présence sur le site de Shein.Le spécialiste de la mode jetable ultra-éphémère a indiqué dimanche que les produits ont été “immédiatement retirés” de la plateforme.M. Lescure rétorque que l’État peut interdire une plateforme en cas de récidive ou de non-retrait rapide des contenus illégaux “pour des actes terroristes, pour le trafic de stupéfiants et pour des objets pédopornographiques”.Contacté par l’AFP, Shein n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat à ces propos. – “Prédateurs” -“Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres”, a condamné sur BFM la haute-commissaire à l’Enfance Sarah El-Haïry. “Ce sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s’entraînent, malheureusement, parfois avant de passer à des sévices sur des enfants”, a-t-elle ajouté.D’autres procédures sont en cours concernant d’autres plateformes, a-t-elle précisé, alors que selon RMC le site AliExpress vendait les mêmes poupées que Shein.Pour Arnaud Gallais, fondateur de Mouv’Enfants, un collectif qui lutte contre les violences sexuelles sur les mineurs, Shein “ment”: “Les poupées sont toujours en vente sur la plateforme, sur Shein en Grande-Bretagne, Espagne, Chili, vous les trouvez, et avec un VPN vous pouvez les faire livrer en France”, s’inquiète-t-il auprès de l’AFP.”Au domicile de Joël Le Scouarnec, le médecin qui a fait plus de 300 victimes, on a retrouvé une collection de poupées sexuelles à l’effigie d’enfants”, rappelle-t-il en référence à l’ancien chirurgien, condamné à 20 ans de prison pour viols et agressions sexuelles. Le collectif était devant le BHV lundi pour dénoncer le partenariat avec Shein.Les faits ont été signalés au procureur de la République. Selon une source au ministère de l’Economie, le dossier est dans les mains du parquet de Paris.Le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique, l’Arcom, confirme lundi dans un communiqué avoir été saisi.- “Provoc'” -Entreprise aux racines chinoises qui a conquis le marché mondial de l’ultra fast-fashion, Shein s’est implantée progressivement dans le paysage du commerce en ligne depuis son arrivée en France en 2015. Elle est régulièrement accusée de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de conditions de travail indignes. Suscitant un tollé, Shein a prévu d’ouvrir mercredi son tout premier magasin physique pérenne au BHV, historique grand magasin de Paris.”Je suis passé rue de Rivoli ce week-end, et j’ai vu les oriflammes de Shein tout au long de la devanture”: “c’est de la +provoc+”, a jugé M. Lescure.Sur la devanture, le patron de Shein Donald Tang et celui de la société des grands magasins (SGM), propriétaire du BHV, Frédéric Merlin, s’affichent tout sourire sur une immense affiche.”Nous condamnons évidemment les faits récents liés à la polémique des poupées. Comme tous, j’attends des réponses claires de SHEIN”, a écrit dimanche M. Merlin sur Instagram. L’arrivée de Shein se fait selon lui “dans un cadre maîtrisé, avec une vérification rigoureuse de la provenance des produits”.”Ne seront vendus au BHV que les vêtements et articles produits directement par Shein pour le BHV, et non pas les produits de la marketplace (proposés par des vendeurs tiers, NDLR) “, assurait la SGM dimanche dans un communiqué.L’association Origine France Garantie appelle elle au boycott médiatique de Shein, dont l’ouverture du magasin est prévue à la veille du salon du Made in France, à Paris de jeudi à dimanche.

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Inondations en Espagne: un an après, le président de la région de Valence finit par démissionner

Cible des critiques depuis les inondations ayant ravagé le sud-est de l’Espagne il y a un an, agoni d’insultes lors de l’hommage rendu mercredi aux 237 victimes de la catastrophe, le président de la région de Valence Carlos Mazón a fini par démissionner lundi.”Je n’en peux plus”: au terme d’une conférence de presse d’une vingtaine de minutes durant laquelle ce dirigeant du Parti Populaire (PP, droite) n’a cessé de se défendre et de tirer à boulets rouges sur ses détracteurs, et en particulier sur le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez, Carlos Mazón a finalement annoncé sa démission. “J’en appelle à cette majorité pour élire un nouveau président de la Generalitat (…) Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais démissionné il y a longtemps. Il y a eu des moments insupportables pour moi, mais surtout pour ma famille”, a expliqué le président régional, cinq jours à peine après avoir été la cible d’insultes de la part de proches des victimes des inondations, lors des funérailles d’Etat organisées un an après la catastrophe.Depuis le 29 octobre 2024, Carlos Mazón, qui a changé plusieurs fois de version sur ses activités le jour du drame, était dans la tourmente et des milliers d’habitants de la région réclamaient tous les mois son départ lors de manifestations.Reconnaissant des “erreurs”, Carlos Mazón a admis lundi qu’il aurait dû annuler ses rendez-vous lors de cette tragique après-midi: “J’aurais dû avoir la vision politique d’annuler mon agenda et d’aller là-bas”.Mais son mea culpa s’est accompagné de nouvelles critiques à l’égard du gouvernement central du socialiste Pedro Sánchez: “Le bruit autour de moi est l’excuse parfaite pour dissimuler les responsabilités du gouvernement, tant dans les informations erronées qu’ils ont transmises le 29 octobre, que dans le retard de l’acheminement de l’aide les jours suivants”.”Sa manière de partir est indigne”, a commenté sur la radio Cadena SER Rosa Álvarez, la présidente d’une association de victimes de la tragédie. “Ce n’est pas lui qui a démissionné, ce n’est pas son parti qui l’a fait démissionner. C’est nous, les familles des victimes et tous les gens qui nous ont soutenus, qui l’avons fait démissionner”, a-t-elle ajouté. – “Cabale politique” -Le leader national du PP, Alberto Núñez Feijóo, a quant à lui défendu “un collègue qui a reconnu ses erreurs”, “victime d’une cabale politique et personnelle que nous devons dénoncer avec toute notre force, car ce n’est pas un assassin”.”Aucune urgence nationale ne dépend d’une seule personne”, a-t-il ajouté, une référence à la responsabilité du gouvernement central dans la gestion de la crise.Un an après, de nombreuses questions subsistent toujours autour de l’agenda précis de Carlos Mazón le jour du drame, au moment où aurait dû être prise, selon les victimes, la décision d’envoyer une alerte à la population, finalement lancée très tardivement, dans la soirée.Le message prévenant la population du danger et l’exhortant à se mettre à l’abri n’a été envoyé qu’à 20H11, quand de nombreuses victimes avaient déjà perdu la vie.Cet avocat de formation a d’abord caché qu’il avait passé quatre heures — de 14H45 à 18H45 — à déjeuner dans un restaurant avec une journaliste pour, selon ses dires, lui proposer un poste.Surtout, le mystère demeure sur la dernière heure de son absence, pendant laquelle les autorités attendaient que quelqu’un décide d’envoyer l’alerte. Pendant ce laps de temps, Carlos Mazón a rejeté plusieurs appels. La journaliste avec laquelle il a déjeuné, Maribel Vilaplana, entendue lundi matin par la juge chargée de l’enquête sur les inondations, est récemment sortie de son silence et a révélé que le président régional l’avait raccompagnée jusqu’à sa voiture, dans un parking situé à l’opposé du siège de la présidence.

Incendie de pylônes: peines de prison pour 10 gilets jaunes

Des peines allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement dont un an avec sursis ont été prononcées à Mulhouse lundi contre 10 gilets jaunes pour avoir dégradé neuf pylônes téléphoniques dans le Haut-Rhin en 2019 et 2020.Douze hommes et deux femmes avaient comparu le 25 septembre devant le tribunal correctionnel pour “destruction du bien d’autrui par moyen dangereux” et “participation à une association de malfaiteurs”.Dans son jugement, le tribunal a relaxé l’ensemble des prévenus du chef d’association de malfaiteurs. Mais 10 ont été condamnés pour destruction du bien d’autrui par moyens dangereux, et quatre ont été relaxés.Les peines prononcées ont été plus clémentes que celles requises. Le représentant du parquet, Jean-François Assal, avait requis jusqu’à six ans d’emprisonnement dont cinq avec sursis, lors d’une audience fin septembre.Un homme impliqué dans quatre incendies a été condamné à la peine la plus lourde, deux ans d’emprisonnement dont un an avec sursis, la partie ferme étant aménageable sous forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique. Le suspect considéré comme le meneur des actions et la “grande gueule” du groupe, un retraité de 68 ans, a été condamné à une peine de deux ans dont 18 mois avec sursis. La partie ferme sera aménagée.Le propriétaire de la grange où se réunissait le groupe, est condamné à la même peine. Les autres peines s’échelonnent de 300 jours-amende à 15 euros à deux ans de prison intégralement assortis d’un sursis.Âgés de 26 à 68 ans, les prévenus avaient reconnu leur participation plus ou moins active aux destructions mais contesté toute “organisation”. Ils s’en étaient pris à des infrastructures de téléphonie mobile afin de “créer une résonance au plus haut niveau de l’Etat”, avait raconté à la barre l’un des prévenus, âgé de 38 ans. Au total, neuf pylônes ont été détruits entre janvier 2019 et janvier 2020.Outre de grosses perturbations téléphoniques, ces incendies ont coûté cher aux opérateurs. SFR, Bouygues Telecom et Orange se sont portés parties civiles et l’audience est fixée au 3 février.Priver la population d’accès au réseau téléphonique aurait pu avoir des conséquences dramatiques, avait souligné le représentant du parquet. L’enquête avait débuté après l’incendie, le 5 janvier 2019, d’un pylône sur la commune d’Altkirch, à proximité d’un rond-point où se rassemblaient des gilets jaunes. Elle avait démontré la présence de meneurs, revendiquant un passé militaire. Dans le groupe, chacun occupait un poste dédié: suiveurs, guetteurs, chauffeurs ou encore logisticiens. Le mode opératoire était similaire à chaque nouvelle dégradation: “Des pneus imbibés d’essence déposés au pied du coffret électrique (…) à proximité du pylône, puis enflammés”, avait expliqué lors d’une conférence de presse en 2020 Edwige Roux-Morizot, alors procureure de la République.Les enquêteurs avaient rapidement fait le rapprochement avec le mouvement des gilets jaunes, très actif à l’époque. En juillet 2020, une première personne avait été mise en examen et en septembre 2020, une vaste opération menée par plus de 70 gendarmes avait abouti à l’arrestation et à la mise en examen de 13 autres personnes. 

Budget: incertitude totale sur les délais comme sur les votes

Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie “recettes” du budget de l’Etat, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais à l’heure où chacun dresse un premier bilan, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l’hémicycle, même si le gouvernement et le Parti socialiste affirment y croire.Au menu lundi à l’Assemblée, la poursuite des discussions sur la justice fiscale, avec notamment des amendements sur la taxation des plus-values immobilières, ou les droits de succession.Mais, reconnaissant les limites de la discussion budgétaire pour parvenir à une copie d’ensemble cohérente, le Premier ministre a demandé vendredi “à l’ensemble des ministres concernés” de réunir les représentants des groupes pour “essayer de se mettre d’accord sur les grands principes de l’atterrissage d’un texte pour la Sécurité sociale et pour le projet de loi de finances”.Première déclinaison de ce changement de méthode: les ministres en charge des questions budgétaires ont invité lundi midi l’ensemble des présidents de groupes parlementaires au ministère des Relations avec le Parlement.A ce stade, selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, on est cependant loin “du budget Frankenstein” que la confusion fiscale des derniers jours pourrait laisser croire. “Nous sommes précisément à 4,7% (du PIB) de déficit”, soit l’objectif initial du gouvernement, a-t-elle indiqué à la reprise des débats à l’Assemblée. “Ce qui veut dire qu’il y a encore de la marge de manœuvre” lors de la navette parlementaire, a-t-elle souligné, le gouvernement s’étant laissé la possibilité d’aller jusque 4,9%.Côté entreprises, “il y a eu des hausses d’impôts de 2,5 milliards pour les multinationales. Il y a eu des baisses aussi à peu près de 3 milliards de moins pour les PME”, a-t-elle résumé.Ce calcul exclut cependant “quatre taxes” (sur les multinationales, les rachats d’actions, les super dividendes notamment) que le gouvernement juge inapplicables ou contraires au droit européen.Côté ménages, il y aurait “à peu près 2 milliards de moins d’impôt, notamment du fait du dégel du barème de l’impôt sur le revenu” et de l’autre “un ensemble de mesures sur les plus fortunés qui représenteraient plus que l’ISF avant 2017”, a-t-elle assuré.- Délais et votes incertains -Mais les délais d’examen de ce budget de l’Etat seront-ils tenus et sera-t-il in fine voté? Les discussions en effet vont s’interrompre lundi soir pour laisser place à celles sur le budget de la Sécurité sociale. Elles reprendront dans une dizaine de jours, jusqu’au plus tard le 23 novembre à minuit – les délais constitutionnels obligeant alors le gouvernement à transmettre le texte au Sénat. Le gouvernement tablait ces jours-ci sur un vote le 18 novembre pour la partie “recettes” du budget de l’Etat mais pour le président de la commission des Finances Eric Coquerel “on va tout droit sur le fait de ne pas voter”.Si les délais sont tenus, l’adoption du texte nécessiterait l’abstention des socialistes et des écologistes (et le vote positif de toute la coalition gouvernementale). Or rien n’est moins sûr, à gauche comme à droite. D’ores et déjà le rapporteur général du Budget, Philippe Juvin (LR), anticipe son rejet: “Je ne vois pas très bien comment cette partie 1 pourrait être votée, parce qu’en fait elle ne va satisfaire personne”, a-t-il dit sur LCI dimanche.Tempérant la position du chef des députés socialistes Boris Vallaud, pour qui en l’état, le groupe voterait contre le texte, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a cependant estimé lundi que, si la voie était “étroite” vers une adoption du budget par l’Assemblée nationale, un “chemin” lui semblait encore “possible”.Mais, comme LFI, les écologistes se montrent sévères des socialistes, dont ils semblent critiquer une quête du compromis à tout prix: “Je ne comprends plus ce que fait le PS”, a déclaré la patronne des députés écolos Cyrielle Chatelain.En cas de rejet de cette première partie, le projet de budget partirait au Sénat dans sa version initiale et la navette parlementaire se poursuivrait. Si le Parlement ne s’est pas prononcé le 23 décembre, le gouvernement devrait légiférer par ordonnances, une procédure inédite. Si les délais étaient tenus mais le budget rejeté, alors le Parlement devrait voter une loi spéciale pour autoriser l’État à percevoir les impôts existants. Les dépenses seraient alors gelées par décret, en attendant le vote d’un réel budget début 2026.

Poupées à caractère pédopornographique: si récidive, Lescure veut l’interdiction d’accès de Shein en France

Le ministre de l’Economie Roland Lescure a indiqué lundi qu’il demanderait l’interdiction d’accès de Shein en France s’il vendait à nouveau des poupées sexuelles à caractère pédopornographique, que le géant asiatique de l’e-commerce a assuré avoir retirées de sa plateforme de vente.”Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français”, a déclaré Roland Lescure sur BFMTV et RMC. “Pour des actes terroristes, pour le trafic de stupéfiant et pour des objets pédopornographiques, le gouvernement est en droit de demander l’interdiction de l’accès au marché français”, “si on a des comportements répétés ou si les objets en question ne sont pas retirés dans les 24 heures”, a-t-il précisé.”Ces objets horribles, ils sont illégaux” et “il y aura une enquête judiciaire”, a-t-il indiqué. La Répression des fraudes (DGCCRF) a annoncé samedi avoir signalé à la justice la vente de “poupées sexuelles d’apparence enfantine” après avoir constaté leur présence sur le site de Shein, qui a prévu d’ouvrir mercredi son premier magasin physique pérenne à Paris. Roland Lescure a toutefois reconnu que la loi française pouvait être contournée par le recours à un système de type VPN. “La France n’a pas les moyens de lutter contre ça à ce stade”, a-t-il concédé. Entreprise aux racines chinoises qui a conquis le marché mondial de la mode éphémère (fast fashion), Shein s’est implantée progressivement dans le paysage du commerce en ligne depuis son arrivée en France en 2015. Elle est régulièrement accusée de concurrence déloyale, de pollution environnementale ou de conditions de travail indignes. Suscitant un tollé, Shein a prévu d’ouvrir mercredi son tout premier magasin physique pérenne au BHV, historique grand magasin de Paris, dans un espace de plus de 1.000 m2.”Je suis passé rue de Rivoli ce week-end, et j’ai vu les oriflammes de Shein tout au long de la devanture”: “c’est de la provoc”, a jugé Roland Lescure. Dominique Schelcher, le PDG de Coopérative U, a dit espérer sur X que “la découverte de poupées à caractère pédopornographique sur le site Shein par la DGCCRF va conduire à la FERMETURE en bonne et due forme du site par les autorités au plus vite”. Il a appelé le BHV à renoncer à ce projet. 

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Une mode durable et responsable: le mantra des créateurs de la Fashion Week de Lagos au Nigeria

Quatre jours avant le défilé d’Éki kéré à la Fashion Week de Lagos, les machines à coudre étaient toujours en mouvement dans l’atelier de cette marque nigériane en vogue, au cœur de la capitale culturelle et économique du pays le plus peuplé d’Afrique. Ce jour-là, Abasiekeme Ukanireh, fondatrice de la marque, a réuni mannequins et couturiers pour les derniers ajustements en vue de cet événement phare de la mode africaine, qui s’est tenu de mercredi à dimanche soir. “Chaque année, en tant que créatrice, je cherche toujours à aller un peu plus loin en matière de durabilité”, a expliqué à l’AFP Mme Ukanireh, 35 ans. En 2025, elle indique avoir mis davantage l’accent sur l’utilisation de l’indigo, mais aussi de teinture à base “de noix de kola”. Sa marque, lancée en 2020 est reconnue pour l’usage du raphia et de boutons en coques de noix dans ses créations.Lors de son show dimanche, une trentaine de mannequins ont défilé dans des tenues inspirées des cérémonies de mariage traditionnelles d’Ikot Ekpene, surnommée “la ville du raphia”, dans l’Etat d’Akwa Ibom (sud-est) d’où est originaire la créatrice. La dentelle habituelle a été remplacée par du raphia, du carton et du lin.- Inciter les créateurs – Abasiekeme Ukanireh  affirme que la Lagos Fashion Week encourage les jeunes créateurs “à penser de manière durable, car ils savent que pour réussir ou simplement y participer, ils doivent adopter une approche responsable ”. Omoyemi Akerele, qui a fondé en 2011 ce grand rendez-vous des passionnés de mode, a mis en place en 2018 un programme incubateur baptisé “Green Access” qui repère, forme et accompagne de jeunes créateurs africains, en leur donnant des outils pour développer des collections durables.”Même si la durabilité est au cœur de leur pratique du design, il s’agit de les encourager à être plus responsables. Ceci en repensant leurs choix à chaque étape du processus créatif et en comprenant que cela commence par les matériaux”, explique Mme Akerele à l’AFP. Avec la Fashion Week de Lagos, elle veut montrer que “la créativité africaine a sa place sur la scène mondiale” et qu’elle constitue “un catalyseur pour la fierté culturelle et le changement systémique durable”. La fondatrice de la Lagos Fashion Week encourage non seulement les créateurs à adopter une mode durable, mais aussi les consommateurs, notamment à travers son initiative Swapshop qui permet d’échanger des vêtements qu’ils ne portent plus contre d’autres pièces. “On a tous des vêtements chez nous qu’on ne met plus. C’est super de pouvoir les troquer avec des personnes aussi stylées que celles qui assistent à ce type d’événement”,s’enthousiasme Danielle Chukwuma, commerçante de 43 ans venue voir plusieurs défilés au Federal Palace Hotel de Lagos. – Surconsommation – Elle a découvert les créations de designers nigérians, mais aussi de talents venus d’autres pays d’Afrique, comme l’indo-kényane Ria Ana Sejpa de la marque Lilabare qui a participé pour la troisième fois à la Fashion Week de Lagos. “Je pense que Lagos est la capitale africaine de la mode. La mode fait partie de la culture ici. Les gens sont fiers de leur style, ils aiment se démarquer et n’ont pas peur d’être audacieux ou glamour”, confie à l’AFP la jeune femme de 34 ans. Elle a présenté 25 tenues aux tons beige, blanc, marron, orangé et vert lors de son défilé créées à partir de fibres d’ananas, de bananier ou de marc de café. “Il est essentiel de prendre en compte notre écosystème, les atouts de l’environnement et des personnes qui vous entourent, et de prendre des décisions conscientes à chaque étape du processus de création”, indique Ria Ana Sejpa. Un avis partagé par la Nigériane Florentina Hertunba, 31 ans, fondatrice de la marque Hertunba, qui s’impose dans le paysage de la mode de son pays.Elle affirme utiliser des tissus traditionnels nigérians, comme l’Aso Oke et l’Akwe̩té, ainsi que d’autres produits locaux, recourir à des emballages biodégradables et limiter les déchets. “Cette pièce est recyclée. Un ancien tissu a été transformé en fil, puis réutilisé pour la créer”, explique la jeune femme en montrant une robe noire à motifs dans son atelier à Lagos. Pour elle, la mode durable ne pourra se généraliser que si les consommateurs suivent le mouvement. “L’un des plus grands dangers, c’est cette culture de la surconsommation, où l’on achète sans cesse de nouveaux vêtements pour chaque occasion. La mode durable progresse positivement, mais la surconsommation aussi”, s’inquiète-t-elle.L’essor de la fast fashion dans le monde génère une quantité croissante de déchets textiles: 92 millions de tonnes de déchets textiles sont produits chaque année, selon les Nations Unies, et l’Afrique en récupère des millions de tonnes chaque année qui finissent par être brûlés dans des décharges à ciel ouvert.L’industrie de la mode contribue à hauteur de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

Les députés s’apprêtent à baisser le rideau sur la partie “recettes” du budget de l’Etat

Les députés bouclent lundi huit jours de débats sur la partie “recettes” du budget de l’Etat, sans espoir de voter sur ce premier volet mardi comme initialement prévu. Mais à l’heure où chacun dresse un premier bilan, il semble peu probable que le texte puisse trouver une majorité dans l’hémicycle.Au menu lundi, la poursuite des discussions sur la justice fiscale, avec notamment des amendements sur la taxation des plus-values immobilières, ou les droits de succession.La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin devrait dresser un bilan des mesures adoptées jusqu’à présent. Les députés s’empareront mardi en séance du budget de la Sécurité sociale, rejeté en commission vendredi.Celui-ci doit faire l’objet d’un vote solennel le 12 novembre, après lequel pourront reprendre les discussions sur le projet de loi de finances, jusqu’au plus tard le 23 novembre à minuit – les délais constitutionnels obligeant alors le gouvernement à transmettre le texte au Sénat. Le gouvernement tablait ces jours-ci sur un vote le 18 novembre pour la partie “recettes” du budget de l’Etat.Mais d’ores et déjà le rapporteur général du Budget, Philippe Juvin (LR), anticipe son rejet: “Je ne vois pas très bien comment cette partie 1 pourrait être votée, parce qu’en fait elle ne va satisfaire personne”, a-t-il dit sur LCI dimanche.En cas de rejet de cette première partie, le projet de budget partirait au Sénat dans sa version initiale.- “Ecœurement” -L’adoption du texte nécessiterait l’abstention des socialistes et des écologistes (et le vote positif de la coalition gouvernementale). Or rien ne la laisse présager à ce stade.Le chef des députés PS, Boris Vallaud, a ainsi fait part dans une interview à La Tribune Dimanche de son “écœurement”, après le rejet vendredi de la taxe Zucman sur le patrimoine des ultra-riches, et alors que la gauche peine de manière générale à “mettre de la justice dans ce budget”.”Si on devait nous soumettre le budget aujourd’hui, nous voterions évidemment contre, en sachant tout ce que cela implique, à savoir la chute du gouvernement”, a ajouté celui dont le groupe avait décidé de laisser sa chance à Sébastien Lecornu en ne le censurant pas.Les écologistes se montrent eux aussi sévères, vis-à-vis du gouvernement mais aussi des socialistes, dont ils semblent critiquer une quête du compromis à tout prix: “Je ne comprends plus ce que fait le PS”, a déclaré la patronne des députés écolos Cyrielle Chatelain sur franceinfo vendredi soir.Mais le texte ne fait pas seulement des mécontents à gauche. Le gouvernement a lui aussi marqué ses réticences face à des votes souvent contraires à ses avis, qui ont abouti à alourdir la pression fiscale.”Je pense qu’il faut qu’on arrête de créer des impôts (…) Aujourd’hui, si je compte les mesures sur l’impôt des multinationales, sur les rachats d’actions, sur la taxe sur les super-dividendes et l’ensemble des amendements qui ont été votés, le taux de prélèvements obligatoires atteindrait au moins (…) 45,1% du PIB, c’est plus qu’en 2013 où il était à 44,8%”, a fustigé Amélie de Montchalin vendredi soir.- “Sorcellerie fiscale” -Le ministre de l’Economie Roland Lescure a lui mis en garde contre la “sorcellerie fiscale” et le vote de mesures “totalement inopérantes”. Particulièrement dans son viseur, une “taxe Zucman” sur les multinationales censées rapporter 26 milliards d’euros, selon son initiateur Eric Coquerel, le président LFI de la commission des Finances.Montré du doigt par la droite pour son soutien à la mesure, le Rassemblement national a assumé son vote: le président du RN Jordan Bardella a défendu sur X un “mécanisme de lutte contre la fraude fiscale des grandes multinationales étrangères”.Sur France Inter dimanche, le vice-président du RN Sébastien Chenu a cependant fustigé un budget “de bric et de broc”, qui crée “beaucoup d’impôts” sans s’attaquer “aux dépenses toxiques”.Vendredi, reconnaissant les limites de la discussion budgétaire pour parvenir à une copie d’ensemble cohérente, le Premier ministre a demandé “à l’ensemble des ministres concernés” de réunir les représentants des groupes pour “essayer de se mettre d’accord sur les grands principes de l’atterrissage d’un texte pour la Sécurité sociale et pour le projet de loi de finances”.

Assassinat de l’avocat corse Sollacaro en 2012: trois membres présumés du Petit Bar jugés

Trois membres présumés de la bande criminelle corse du Petit Bar sont jugés jusqu’à mi-décembre pour leur rôle supposé dans l’assassinat en 2012 de l’avocat Antoine Sollacaro à Ajaccio, un crime qui avait provoqué une onde de choc.Treize ans après les faits, ce procès s’ouvre à 14H00 devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, avec l’hypothèque d’une absence pour raisons de santé du principal accusé.Le 16 octobre 2012, Antoine Sollacaro, avocat notamment d’Yvan Colonna et de l’ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni, était assassiné. Et la chasse à la mafia en Corse ouverte pour retrouver les auteurs de ce crime retentissant.Ce jour-là, l’ancien bâtonnier de 63 ans achète comme chaque matin son journal dans une station-service du bord de mer d’Ajaccio. Assis au volant de sa Porsche Carrera, il est exécuté de neuf balles, dont cinq dans la tête, par le passager d’une moto.Cet assassinat, le 15e en Corse en 2012 et le premier depuis 20 ans en France d’un avocat, bouleverse. “C’est la justice toute entière qui est touchée”, réagit la garde des Sceaux de l’époque, Christiane Taubira, parlant d'”onde de choc”.Le Conseil national des barreaux et la Conférence des bâtonniers sont d’ailleurs partie civile. Et chaque 16 octobre depuis, des robes noires (avocats, magistrats, greffiers) se rassemblent sur les marches du tribunal d’Ajaccio en hommage.Cette année, à l’approche du procès, sa veuve y a pour la première fois pris la parole. “J’aimerais que la justice passe, vraiment”, a lancé Jeannine Farioli-Sollacaro. “Je ne voudrais pas que ce (procès) soit une mascarade.”D’autant que “ce sera pour lui sa dernière cour d’assises”, a ajouté sa fille, Anna-Maria Sollacaro, avocate comme son père.Si la famille exprime ses craintes, c’est que Jacques Santoni, tétraplégique décrit par la justice comme “le commanditaire” et le “cerveau” de l’assassinat d’Antoine Sollacaro, pourrait ne pas être jugé du fait de son état de santé.Poursuivi pour complicité d’assassinat et association de malfaiteurs, ainsi que, dans un dossier joint, pour complicité de tentative d’homicide volontaire en bande organisée la même année sur Charles Cervoni, réputé proche de l’ex-leader nationaliste Alain Orsoni, ce chef présumé du Petit Bar n’est pas en état de comparaître, a conclu une expertise rendue à quelques jours de l’ouverture du procès.- “C’est nous qui avons tapé” -L’accusation estime cependant que des aménagements sont possibles afin qu’il soit jugé en personne. Un débat qui devrait dominer les premières heures d’audience, avec à la clé une possible disjonction de son cas, voire un renvoi.Paul Sollacaro, fils du bâtonnier et également avocat, à quant à lui indiqué à l’AFP mettre “au défi Jacques Santoni de venir s’expliquer devant la cour d’assises”.L’une des quatre avocats de Jacques Santoni, Me Pauline Baudu-Armand, a précisé à l’AFP qu’elle et son client ne faisaient aucun commentaire avant l’audience.Autre membre présumé du Petit Bar, André Bacchiolelli sera jugé pour l’assassinat d’Antoine Sollacaro et la tentative sur Charles Cervoni.Contactée par l’AFP, son avocate Sondra Tabarki n’a pas souhaité communiquer.Enfin, Mickaël Ettori, présenté par l’accusation comme un “proche lieutenant de Jacques Santoni” et en fuite depuis 2020, sera jugé en son absence, notamment pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes. Tous nient les faits.Si l’arme du crime n’a pas été retrouvée et qu’aucun ADN n’a permis de confondre les auteurs, la juge d’instruction indique dans son ordonnance s’être notamment appuyée sur les déclarations de Patrick Giovannoni, une “petite main” de cette bande selon les enquêteurs, qui a obtenu en 2015 le statut de repenti et sera le 4e accusé au procès.Gestionnaire du stock d’armes du Petit Bar, il avait affirmé avoir reçu les confidences de Jacques Santoni, qui aurait déclaré après la mort de l’avocat: “C’est nous qui avons tapé”.Patrick Giovannoni est, lui-même, renvoyé pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de la tentative d’assassinat de Charles Cervoni.Contacté par l’AFP, son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, a indiqué qu’il allait “demander le huis-clos”.

Incendie de pylônes: 14 gilets jaunes fixés lundi sur leur sort

Certains d’entre eux risquent l’emprisonnement: 14 gilets jaunes, accusés d’avoir incendié neuf pylônes téléphoniques dans le Haut-Rhin en 2019 et 2020, connaîtront lundi leur peine.Le tribunal correctionnel de Mulhouse doit rendre sa décision contre ces 12 hommes et deux femmes, qui ont comparu le 25 septembre dernier.  Jugés pour “destruction du bien d’autrui par moyen dangereux” et “participation à une association de malfaiteurs”, les suspects, âgés d’une vingtaine à une soixantaine d’années, ont tous reconnu leur participation de manière plus ou moins active aux destructions mais ont contesté une “organisation”. Ils s’en étaient pris à des infrastructures de téléphonie mobile afin de “créer une résonance au plus haut niveau de l’Etat”, a raconté à la barre l’un des prévenus. Au total, neuf pylônes ont été détruits entre janvier 2019 et janvier 2020.Outre de grosses perturbations téléphoniques, ces incendies ont coûté cher aux opérateurs, avec des dégâts estimés entre cinq et neuf millions d’euros. SFR, Bouygues Telecom et Orange se sont portés parties civiles.Priver la population d’accès au réseau téléphonique aurait pu avoir des conséquences dramatiques, avait fait valoir le représentant du parquet, Jean-François Assal, lors de l’audience. “Il y a six ans, j’aurais requis des peines de 10 ans et demandé des mandats de dépôt. Mais six ans après, vous avez évolué, reconnu et avancé dans la vie. Les gilets jaunes sont derrière nous”, avait toutefois tempéré le magistrat.Il a requis des amendes et des peines allant jusqu’à six ans d’emprisonnement dont cinq avec sursis probatoire.Une peine de quatre ans de prison, dont trois avec sursis, a été requise contre le propriétaire de la grange où se retrouvait le groupe.L’enquête avait débuté après l’incendie, le 5 janvier 2019, d’un pylône sur la commune d’Altkirch, à proximité d’un rond-point où se rassemblaient des gilets jaunes.Le mode opératoire était similaire à chaque nouvelle dégradation: “Des pneus imbibés d’essence déposés au pied du coffret électrique (…) à proximité du pylône, puis enflammés”, avait expliqué lors d’une conférence de presse en 2020 Edwige Roux-Morizot, alors procureure de la République.Les enquêteurs avaient rapidement fait le rapprochement avec le mouvement des gilets jaunes, très actif à l’époque. En juillet 2020, une première personne avait été mise en examen et en septembre 2020, une vaste opération menée par plus de 70 gendarmes avait abouti à l’arrestation et à la mise en examen de 13 autres personnes.