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Equateur: une rivière vire au noir en raison d’une fuite de pétrole

Une rivière du nord-ouest de l’Equateur a viré au noir samedi en raison d’une fuite de pétrole survenue deux jours plus tôt, selon des images de cet accident qui a poussé les autorités à déclarer l’état d’urgence environnementale.La cause de ce déversement d’hydrocarbures est vraisemblablement la rupture jeudi d’un oléoduc, provoquée par un glissement de terrain, dans la région côtière d’Esmeraldas.Des photos montrent des tronçons entiers de la rivière Esmeraldas changer de couleur au niveau de Cube, une localité du canton de Quinindé où s’est produit le sinistre.Le cours d’eau, par endroits complètement noir charbon, serpente entre les champs, tandis que d’autres sections sont veinées de pétrole.Des habitants rencontrés sur place tentent d’endiguer la progression des hydrocarbures en construisant des digues et des canaux.”La boue qui se forme avec le pétrole a atteint tous les versants”, affirme Fernando Gandara, un agriculteur, expliquant que la rivière a charrié les hydrocarbures sur de “nombreux kilomètres”.Le Comité des opérations d’urgence de la capitale régionale, également nommée Esmeraldas, a déclaré vendredi l’état d’urgence environnementale en raison de cette contamination de l’eau provenant de Quinindé.Le maire de la ville, Vilko Villacis, a fait état sur X de dégâts “sans précédent”. Ses services ont suspendu le pompage de l’eau alimentant l’aqueduc local et exhorté la population à rationner sa consommation d’eau potable.Vendredi, la compagnie publique Petroecuador avait annoncé l’activation d’un plan d’urgence pour contrôler la fuite sur l’oléoduc endommagé, qui fait partie du réseau transéquatorien (SOTE) acheminant l’or noir dans le pays depuis l’Amazonie.L’entreprise n’a à ce stade pas estimé le volume des pertes.L’Equateur produit quelque 475.000 barils de pétrole par jour et en exporte environ 72%, d’après les chiffres officiels.Le SOTE peut transporter à lui seul l’équivalent de 360.000 barils par jour sur 500 kilomètres, selon Petroecuador.

Bayrou recadre ses ministres, menaces de démission dans la balance

François Bayrou a recadré mardi ses ministres sur fond de cacophonie gouvernementale sur le port du voile dans le sport et de menaces de démission de deux poids lourds de son équipe, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.Lors d’un petit-déjeuner à Matignon des soutiens du gouvernement, le Premier ministre a d’abord fustigé “des critiques internes inacceptables” entre ministres et promis d’y “mettre bon ordre”, selon un convive.Dans la foulée, il a convoqué cinq ministres en désaccord sur l’interdiction du port du voile lors des compétitions sportives.Selon un participant, François Bayrou a alors rappelé que “la ligne” du gouvernement était celle de la proposition de loi adoptée par le Sénat en février qui propose d’interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans l’ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur. Une position confirmée par la ministre Aurore Bergé (Egalité) lors des questions au gouvernement : notre ligne “est très claire : la lutte déterminée contre toute forme d’entrisme islamiste”, a-t-elle martelé.Juste avant la réunion de Matignon, Gérald Darmanin (Justice) avait mis sa “participation” dans l’équipe Bayrou dans la balance. “On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions-là”, avait-il dit au Parisien.Son collègue à l’Intérieur, Bruno Retailleau, soutient ce texte et propose également d’interdire le port du voile aux accompagnants scolaires.- “Cantonner” -Mais Elisabeth Borne (Education) n’est pas sur la même ligne que ses collègues. Elle a estimé lundi qu’il était de “la responsabilité des fédérations (sportives) de définir leur règlement intérieur”.Sollicitée par l’AFP la ministre des Sports Marie Barsacq a assuré de son côté qu’elle soutenait la position du gouvernement, après avoir toutefois exprimé des réserves, en mettant en garde contre les “amalgames” entre le port du voile et la radicalisation dans le sport.Le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal s’est lui prononcé en réunion de groupe pour une interdiction du voile dans les compétitions sportives, mais sans dire si ça devait passer par la loi.Gérald Darmanin et Elisabeth Borne se sont déjà opposés par médias interposés sur le droit du sol, que le garde des Sceaux propose de supprimer.Sur le dossier algérien, c’est Bruno Retailleau qui a menacé de quitter le gouvernement si celui-ci renonçait à un rapport de force avec l’Algérie pour qu’elle accepte de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France.”Si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais”, a dit au Parisien samedi le locataire de la place Beauvau, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l’incarcération mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’attentat de Mulhouse en février.- “Réviser” -Le ministre de l’Intérieur prône une “riposte graduée” au bout de laquelle il envisage une “remise en cause des accords de 1968” qui donnent un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d’emploi.Après avoir menacé de “dénoncer” cet accord, François Bayrou a parlé mardi de le “réviser”, jouant davantage la carte de l’apaisement comme Emmanuel Macron.Des dissensions gouvernementales sont apparues également sur les retraites, depuis que François Bayrou a fermé la porte à un retour de l’âge de départ à 62 ans, mettant en péril l’avenir du “conclave” des partenaires sociaux sur la réforme de 2023.Le ministre de l’Economie Eric Lombard, interlocuteur privilégié des socialistes dans les négociations budgétaires qui ont abouti à une non censure en février, a tenté d’atténuer les propos du Premier ministre en affirmant que “c’est aux partenaires sociaux de décider” de l’issue des concertations, quand sa collègue au Budget Amélie de Montchalin a jugé “pas réaliste” le retour aux 62 ans face à “l’impératif” d’un équilibre financier conjugué à un nouvel effort militaire.Mardi, l’organisation patronale U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a annoncé son départ de la table des négociations. Côté syndicats de salariés, FO avait claqué la porte dès le premier jour. La CGT interroge encore ses instances sur l’attitude à adopter après avoir jugé “scandaleux” le rejet des 62 ans.are-dec-bpa-sl-tll/sde/sp

Paris: évacuation sous tension des jeunes migrants occupant la Gaîté lyrique

Gaz lacrymogène, coups de matraque et cris de protestation: les forces de l’ordre ont procédé mardi matin à l’évacuation sous tension de la Gaîté lyrique, lieu culturel au cÅ“ur de Paris occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants.”Les personnes ont été évacuées et les manÅ“uvres se sont déroulées dans des conditions satisfaisantes malgré quelques tensions qui ont conduit à un usage ponctuel et proportionné de la force”, a indiqué la préfecture de police de Paris dans un communiqué.Au total, 46 personnes ont tout de même été interpellées lors de l’évacuation, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez. Une pour “outrage et rébellion”, les autres vont faire l’objet de “vérifications administratives” et seront “placées en rétention administrative”, a-t-il détaillé.Vers 6H00, CRS et gendarmes mobiles ont forcé les cordons formés devant la Gaîté par plusieurs dizaines de militants dans un climat houleux, selon des journalistes de l’AFP sur place.Les forces de l’ordre sont ensuite entrées dans l’édifice situé dans le 3e arrondissement, selon une reporter, qui a vu de jeunes migrants sortir du bâtiment avec leurs affaires.Peu avant 9H00, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants encore présents près du bâtiment, selon un journaliste de l’AFP.- “Panique” -“Il y a eu une panique et un mouvement de foule, de jeunes migrants et des militants sont tombés par terre, se sont fait marcher dessus”, a témoigné David, un militant qui n’a pas donné son nom, évoquant “plusieurs blessés”.Il y a eu “neuf blessés”, a indiqué Laurent Nuñez. Parmi eux, six migrants dont l’état ne nécessitait pas de prise en charge. Trois autres blessés ont été pris en charge: un migrant, un CRS, et un journaliste blessé légèrement au genou.Un dispositif de sécurisation restera en place “dans les jours qui viennent”, a-t-il ajouté.La députée de gauche radicale Danielle Simonnet, présente lors de l’évacuation, a dénoncé une “intervention extrêmement violente”.Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a salué sur X la fin de cette “situation inacceptable”. “L’Etat a pris ses responsabilités (…) malgré la réticence de la Mairie de Paris propriétaire des lieux, à demander cette expulsion”.Le préfet de police avait pris lundi un arrêté ordonnant l’évacuation du lieu occupé depuis le 10 décembre par des migrants venus notamment d’Afrique subsaharienne – jusqu’à 450 environ – demandant à être hébergés et affirmant être des mineurs devant être reconnus comme tels. Une minorité que contestent la mairie et la préfecture de région.Le préfet a invoqué un “trouble à l’ordre public” pour justifier l’évacuation, promettant des solutions d’hébergement pour les jeunes migrants, ainsi que l’examen de leur situation administrative.Des agents de la préfecture d’ÃŽle-de-France chargés de l’hébergement d’urgence sont venus mardi matin à la rencontre des migrants, a constaté un journaliste de l’AFP.Mais “la plupart ont refusé les solutions de prise en charge qui étaient proposées”, a assuré M. Nuñez, affirmant que seuls six migrants avaient accepté une solution d’hébergement.- “On est venus pour s’intégrer” -“Je dois aller à l’école ce matin, à 10H00. Je sais pas quoi dire à mon prof, il faut que je lui laisse un message pour dire que je serai pas là aujourd’hui”, a témoigné auprès de l’AFP un jeune migrant, Adama, se présentant comme un Ivoirien âgé de 15 ans.”Nous on tue pas, on vole pas. On est venus pour s’intégrer”, a-t-il fait valoir.Le 10 décembre, un premier groupe d’environ 200 jeunes migrants rassemblés dans le “Collectif des jeunes du parc de Belleville” s’était installé à la Gaîté lyrique.L’établissement avait annulé sa programmation culturelle depuis le 17 décembre, se disant compréhensive et dénonçant “à la fois l’occupation et l’inaction des autorités”.Depuis le début de l’occupation, la mairie et l’Etat se sont renvoyé la balle. Saisi par la Ville de Paris, le juge des référés du tribunal administratif avait ordonné le 13 février l’évacuation dans un délai d’un mois.Une banderole noire ornait toujours mardi la façade du bâtiment, au-dessus de l’entrée: “Gaîté lyrique occupée. 400 vies en danger, 80 emplois menacés”. Les salariés l’ont accrochée avant de partir le 26 février, exerçant leur droit de retrait.La Gaité lyrique a “porté plainte le 10 février contre X, dénonçant notamment des dégradations de biens et des messages malveillants”, a appris mardi l’AFP de source proche du dossier.Cette occupation était devenue emblématique des tensions sur la question migratoire entre militants de gauche radicale, soutenant les exilés, et une extrême droite hostile à leur accueil en France.Le 28 février, le milliardaire Elon Musk avait relayé sur X un article du journal britannique Daily Mail sur cette occupation, fustigeant une “empathie suicidaire” menaçant selon lui la “civilisation”.abe-abo-mca-juc-tll/mat/dsa

Bétharram: les rapporteurs parlementaires cherchent des “dossiers manquants”

Les deux corapporteurs de la commission d’enquête parlementaire sur le contrôle des établissements scolaires privés par l’État ont visité mardi les locaux de l’ex-Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), où ils n’ont pas trouvé tout ce qu’ils cherchaient.Les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI) ont passé “une heure et demie” au Beau Rameau, nom actuel de l’institution catholique. Son directeur depuis 2011, Romain Clercq, leur a ouvert les archives disponibles.”On a des documents à la fois anciens et récents sur des violences physiques et des violences sexuelles (…) Notre objectif n’est pas d’identifier l’agresseur ou d’identifier des responsables spécifiquement ici, mais d’avoir tous les éléments d’analyse sur la façon dont l’État contrôle et utilise toutes ces informations pour agir et pour protéger les victimes”, a affirmé la parlementaire devant la presse.Les deux élus ont mentionné un signalement de violence sexuelle “dans les années 2020”, alors que le fait le plus récent retenu pour l’heure par la justice remonte à 2004, et “une évaluation de l’établissement” menée en 2022 par l’Education nationale et le diocèse.”On peut s’interroger sur des dossiers manquants”, a poursuivi Mme Spillebout. Parmi eux, “des dossiers administratifs de personnels anciens, notamment de personnels de vie scolaire aujourd’hui visés par un certain nombre de procédures”, a complété M. Vannier.Mi-février, un religieux et deux ex-surveillants laïcs de Bétharram ont été interpellés dans le cadre de l’enquête judiciaire qui porte sur plus de 150 plaintes. Le prêtre et un des surveillants ont bénéficié de la prescription des faits, l’autre a été mis en examen et écroué.Les corapporteurs n’ont pas trouvé de correspondance entre l’établissement et l’inspection académique, le rectorat ou le ministère de l’Éducation, la seule inspection connue datant de 1996. Une nouvelle est en cours depuis lundi.Les archives semblent “s’interrompre”, selon eux, “dans les années 2000”, la période antérieure paraissant “inaccessible” à ce stade.Les parlementaires devaient se rendre ensuite au conseil départemental à Pau puis à la maison diocésaine à Bayonne, pour essayer de trouver “les documents qui manquent encore”. L’évêque local, Marc Aillet, avait été le seul, en 2021, à refuser d’ouvrir ses archives à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).Les auditions commenceront jeudi à l’Assemblée par celle d’Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de l’établissement de Bétharram qui sera reçu aussi par la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne.

Légitime défense ou destruction d’espèce protégée ? Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans les Pyrénées

Le procès d’un chasseur de 81 ans s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Foix où il est accusé d’avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées.”Ce n’est pas le procès des anti-ours ou des pro-ours, ni des pro-chasse ou des anti-chasse”, a d’emblée prévenu la présidente du tribunal Sun Yung Lazare.Le principal prévenu est jugé pour “destruction d’espèce protégée”, l’ours étant une espèce en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population initié dans les années 1990.Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix.- Confusion sur les limites -“La limite est mal marquée (…) on ne sait jamais vraiment où on est”, s’est défendu à la barre l’un des deux responsables de la battue, interrogé par la présidente. “Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”, a rétorqué le procureur Olivier Mouysset. L’enquête a mis en évidence que le plantigrade a été tué à 400 mètres à l’extérieur de la zone de chasse autorisée.La consigne – rappelée ce jour-là “comme à chaque fois” – est d’arrêter la chasse en cas de présence de l’ours, a ajouté l’autre chef de battue. Mais les chasseurs n’avaient pas connaissance de la présence de l’ours “à cet endroit-là”. Ce 20 novembre 2021, en début d’après-midi, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1.300 m d’altitude, deux oursons sortent d’un bois, devant le chasseur stupéfait. Puis leur mère apparaît et le charge, le blessant aux jambes et le traînant sur plusieurs mètres.Le blessé en état de choc a été secouru par une chasseuse, également pompier volontaire, qui a réussi à contenir une hémorragie et à donner l’alerte, pour qu’il soit héliporté depuis une clairière, puis hospitalisé.La défense des prévenus a insisté mardi sur le mauvais état des panneaux annonçant les limites de la réserve. “Dans l’ordonnance de renvoi, un agent de l’OFB a qualifié de +biscornue+ la signalisation”, plaide l’avocat de la défense Charles Lagier.Sur le fond du dossier, “j’ai des doutes sur la légalité de la réserve”, a dit cet avocat spécialiste de la chasse.- Contexte tendu -L’affaire a fait des remous en Ariège, où des chasseurs avaient manifesté devant la gendarmerie de Saint-Girons, durant les gardes à vue des prévenus.Dans la salle d’audience, au fil des interrogatoires, le public soupire et s’agace quand le procureur ou les avocats de la partie civile mettent les chasseurs en difficulté.Il “était en état de légitime défense, il a tiré. Il aurait dû la laisser faire? Non, il a sauvé sa peau”, a déclaré avant le procès Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice.Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone “n’enlève rien à la caractérisation du délit”. “Nombre des pièces du dossier démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres”, a souligné, avant le procès, Julie Rover, avocate de 12 associations.”Les parties civiles veulent faire passer un message. Elles ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles”, a-t-elle dit. “Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable” pour la survie de l’espèce. Le procès doit durer jusqu’à mercredi, la décision devrait être mise en délibéré.

Légitime défense ou destruction d’espèce protégée ? Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans les Pyrénées

Le procès d’un chasseur de 81 ans s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Foix où il est accusé d’avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées.”Ce n’est pas le procès des anti-ours ou des pro-ours, ni des pro-chasse ou des anti-chasse”, a d’emblée prévenu la présidente du tribunal Sun Yung Lazare.Le principal prévenu est jugé pour “destruction d’espèce protégée”, l’ours étant une espèce en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population initié dans les années 1990.Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix.- Confusion sur les limites -“La limite est mal marquée (…) on ne sait jamais vraiment où on est”, s’est défendu à la barre l’un des deux responsables de la battue, interrogé par la présidente. “Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”, a rétorqué le procureur Olivier Mouysset. L’enquête a mis en évidence que le plantigrade a été tué à 400 mètres à l’extérieur de la zone de chasse autorisée.La consigne – rappelée ce jour-là “comme à chaque fois” – est d’arrêter la chasse en cas de présence de l’ours, a ajouté l’autre chef de battue. Mais les chasseurs n’avaient pas connaissance de la présence de l’ours “à cet endroit-là”. Ce 20 novembre 2021, en début d’après-midi, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1.300 m d’altitude, deux oursons sortent d’un bois, devant le chasseur stupéfait. Puis leur mère apparaît et le charge, le blessant aux jambes et le traînant sur plusieurs mètres.Le blessé en état de choc a été secouru par une chasseuse, également pompier volontaire, qui a réussi à contenir une hémorragie et à donner l’alerte, pour qu’il soit héliporté depuis une clairière, puis hospitalisé.La défense des prévenus a insisté mardi sur le mauvais état des panneaux annonçant les limites de la réserve. “Dans l’ordonnance de renvoi, un agent de l’OFB a qualifié de +biscornue+ la signalisation”, plaide l’avocat de la défense Charles Lagier.Sur le fond du dossier, “j’ai des doutes sur la légalité de la réserve”, a dit cet avocat spécialiste de la chasse.- Contexte tendu -L’affaire a fait des remous en Ariège, où des chasseurs avaient manifesté devant la gendarmerie de Saint-Girons, durant les gardes à vue des prévenus.Dans la salle d’audience, au fil des interrogatoires, le public soupire et s’agace quand le procureur ou les avocats de la partie civile mettent les chasseurs en difficulté.Il “était en état de légitime défense, il a tiré. Il aurait dû la laisser faire? Non, il a sauvé sa peau”, a déclaré avant le procès Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice.Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone “n’enlève rien à la caractérisation du délit”. “Nombre des pièces du dossier démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres”, a souligné, avant le procès, Julie Rover, avocate de 12 associations.”Les parties civiles veulent faire passer un message. Elles ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles”, a-t-elle dit. “Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable” pour la survie de l’espèce. Le procès doit durer jusqu’à mercredi, la décision devrait être mise en délibéré.

La demande de réparation d’un travailleur du STO une nouvelle fois rejetée

La justice administrative a une nouvelle fois rejeté mardi la demande d’un ancien du Service du travail obligatoire (STO), qui réclamait une indemnisation de l’Etat pour ses deux années de travail forcé en Allemagne.Aujourd’hui âgé de 102 ans, Albert Corrieri réclamait 43.200 euros (soit 10 euros de l’heure) au titre de sa rémunération pour la période de travail accomplie à Ludwigshafen du 13 mars 1943 au 15 avril 1945.Employé comme plombier dans un restaurant du Vieux-Port à Marseille, il avait été emmené, à 20 ans, dans le cadre du STO institué par le gouvernement de Vichy pour répondre aux exigences allemandes de main d’oeuvre.Interné dans un camp, il chargeait des wagons de charbon pour soutenir l’effort de guerre allemand. Il avait été blessé au bras lors des bombardements alliés.Dans sa décision, le tribunal administratif de Marseille rappelle M. Corrieri s’est vu reconnaître en 1957 “la qualité de personne contrainte au travail en pays ennemi” lui donnant droit à une “indemnité forfaitaire”, contre laquelle un éventuel recours est prescrit.A l’audience du 25 février, l’avocat de M. Corrieri, Me Michel Pautot, avait plaidé “l’imprescribilité” du STO, considérant que son client avait été victime de “déportation”, reconnue comme un crime contre l’humanité, et donc “imprescriptible par nature”.Or, a estimé le tribunal  administratif, “M. Corrieri n’a pas la qualité de déporté au sens de la loi du 25 décembre 1964”, qui renvoie à la charte de Nuremberg de 1945 et définit “de façon limitative” les crimes contre l’humanité. “Il ne peut davantage revendiquer le bénéfice de l’article 212-1 du code pénal qui définit et réprime certains crimes contre l’humanité, dans la mesure où ce texte est entré en vigueur le 1er mars 1994″, soit plus de 50 ans après les faits.”Même présentée plus de 80 ans après les faits, la demande d’Albert Corrieri aurait dû prospérer”, a réagi son avocat dans un communiqué, estimant que “la faute de l’Etat dans la déportation de centaines de milliers de concitoyens n’a pas été prise en compte”. “Albert Corrieri veut continuer son combat pour l’Histoire et la mémoire de ses concitoyens”, a ajouté Me Pautot annonçant son intention de “saisir le président de la République”.Le 5 février, le tribunal administratif de Nice avait déjà rejeté une requête similaire déposée par un autre ancien du STO, Erpilio Trovati, âgé de 101 ans, également défendu par Me Pautot. Une décision contre laquelle l’avocat a fait appel.Au total, entre 600 et 700.000 Français sont partis en Allemagne dans le cadre du STO. Si certains l’ont fait volontairement – souvent trompés par la propagande de Vichy -, l’immense majorité ont été emmenés contre leur gré.

Légitime défense ou destruction d’espèce protégée? Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans les Pyrénées

Le procès d’un chasseur de 81 ans s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Foix où il est accusé d’avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées.”Ce n’est pas le procès des anti-ours ou des pro-ours, ni des pro-chasse ou des anti-chasse”, a déclaré en préambule la présidente du tribunal.Le principal prévenu est jugé pour “destruction d’espèce protégée”, l’ours étant une espèce en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population.Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix.”La limite est mal marquée (…) on ne sait jamais vraiment où on est”, s’est défendu à la barre Jean-Claude Estaque, l’un des deux responsables de la battue interrogés par la présidente. “Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”, rétorque le procureur. L’enquête a mis en évidence que le plantigrade a été tué à 400 mètres à l’extérieur de la zone de chasse autorisée.La consigne – rappelée ce jour-là “comme à chaque fois” – est d’arrêter la chasse en cas de présence de l’ours, ajoute Jean-Marc Doumenc, l’autre chef de battue. Mais les chasseurs n’avaient pas connaissance de la présence de l’ours “à cet endroit-là”. Ce 20 novembre 2021, en début d’après-midi, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1.300 mètres d’altitude, deux oursons sortent d’un bois, devant le chasseur stupéfait. Puis leur mère apparaît et le charge, blessant le chasseur aux jambes et le traînant sur plusieurs mètres. Une participante à la chasse, sapeur-pompier de métier, lui a donné les premiers soins et contenu une hémorragie, le temps qu’il soit évacué par hélicoptère, puis hospitalisé.Il “était en état de légitime défense, il a tiré. Il aurait dû la laisser faire? Non, il a sauvé sa peau”, a déclaré avant le procès Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.Dans le camp de la partie civile, la notion de légitime défense passe mal. “Dans quelle mesure peut-on faire valoir l’état de nécessité, alors qu’on a commis une série d’infractions qui ont conduit à la mort de l’ourse Caramelles”, s’est aussi demandé Alain Reynes, de l’association Pays de l’ours, pionnière dans la défense du plantigrade dans les Pyrénées.- L’ours divise -Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice.L’accident de chasse est survenu en Ariège, un département rural et montagneux, où vivent la majorité des 86 ours des Pyrénées, selon une estimation de 2023.Un département où leur présence est très contestée par les éleveurs, qui se plaignent des prédations de l’ours. Des centaines de brebis sont tuées chaque été.La France a engagé dans les années 1990 un programme visant à rétablir la population d’ours bruns des Pyrénées, en réintroduisant des mâles et des femelles adultes venant de Slovénie. “Par ce procès c’est la présence de l’homme dans nos territoires de montagne qui est en question”, ironise le président de la chambre d’agriculture d’Ariège, Philippe Lacube. – Eleveurs solidaires -“Nous tenons à exprimer la solidarité de la profession agricole aux chasseurs et tout particulièrement au chasseur qui a déjà été marqué dans sa chair par la sauvagerie de l’ours qui l’a attaqué, et qui doit subir aujourd’hui la pression psychologique de ce procès”, a ajouté cette figure emblématique du mouvement anti-ours.Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone “n’enlève rien à la caractérisation du délit”. “Nombre des pièces du dossier démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres”, a souligné, avant le procès, Julie Rover, avocate de 12 associations.”Les parties civiles veulent faire passer un message. Elles ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles”, a-t-elle dit. “Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable” pour la survie de l’espèce. Le procès doit durer jusqu’à mercredi, la décision devrait être mise en délibéré.

Légitime défense ou destruction d’espèce protégée? Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans les Pyrénées

Le procès d’un chasseur de 81 ans s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Foix où il est accusé d’avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées.”Ce n’est pas le procès des anti-ours ou des pro-ours, ni des pro-chasse ou des anti-chasse”, a déclaré en préambule la présidente du tribunal.Le principal prévenu est jugé pour “destruction d’espèce protégée”, l’ours étant une espèce en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population.Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix.”La limite est mal marquée (…) on ne sait jamais vraiment où on est”, s’est défendu à la barre Jean-Claude Estaque, l’un des deux responsables de la battue interrogés par la présidente. “Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”, rétorque le procureur. L’enquête a mis en évidence que le plantigrade a été tué à 400 mètres à l’extérieur de la zone de chasse autorisée.La consigne – rappelée ce jour-là “comme à chaque fois” – est d’arrêter la chasse en cas de présence de l’ours, ajoute Jean-Marc Doumenc, l’autre chef de battue. Mais les chasseurs n’avaient pas connaissance de la présence de l’ours “à cet endroit-là”. Ce 20 novembre 2021, en début d’après-midi, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1.300 mètres d’altitude, deux oursons sortent d’un bois, devant le chasseur stupéfait. Puis leur mère apparaît et le charge, blessant le chasseur aux jambes et le traînant sur plusieurs mètres. Une participante à la chasse, sapeur-pompier de métier, lui a donné les premiers soins et contenu une hémorragie, le temps qu’il soit évacué par hélicoptère, puis hospitalisé.Il “était en état de légitime défense, il a tiré. Il aurait dû la laisser faire? Non, il a sauvé sa peau”, a déclaré avant le procès Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.Dans le camp de la partie civile, la notion de légitime défense passe mal. “Dans quelle mesure peut-on faire valoir l’état de nécessité, alors qu’on a commis une série d’infractions qui ont conduit à la mort de l’ourse Caramelles”, s’est aussi demandé Alain Reynes, de l’association Pays de l’ours, pionnière dans la défense du plantigrade dans les Pyrénées.- L’ours divise -Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice.L’accident de chasse est survenu en Ariège, un département rural et montagneux, où vivent la majorité des 86 ours des Pyrénées, selon une estimation de 2023.Un département où leur présence est très contestée par les éleveurs, qui se plaignent des prédations de l’ours. Des centaines de brebis sont tuées chaque été.La France a engagé dans les années 1990 un programme visant à rétablir la population d’ours bruns des Pyrénées, en réintroduisant des mâles et des femelles adultes venant de Slovénie. “Par ce procès c’est la présence de l’homme dans nos territoires de montagne qui est en question”, ironise le président de la chambre d’agriculture d’Ariège, Philippe Lacube. – Eleveurs solidaires -“Nous tenons à exprimer la solidarité de la profession agricole aux chasseurs et tout particulièrement au chasseur qui a déjà été marqué dans sa chair par la sauvagerie de l’ours qui l’a attaqué, et qui doit subir aujourd’hui la pression psychologique de ce procès”, a ajouté cette figure emblématique du mouvement anti-ours.Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone “n’enlève rien à la caractérisation du délit”. “Nombre des pièces du dossier démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres”, a souligné, avant le procès, Julie Rover, avocate de 12 associations.”Les parties civiles veulent faire passer un message. Elles ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles”, a-t-elle dit. “Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable” pour la survie de l’espèce. Le procès doit durer jusqu’à mercredi, la décision devrait être mise en délibéré.