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Plateforme porno “French Bukkake”: une plaignante assure à l’AFP avoir “été torturée”

C’était un week-end d’octobre 2015. La plateforme pornographique French Bukkake lui avait promis un tournage avec des actes consentis. Sur place, “j’ai été torturée”, affirme à l’AFP l’une des quarante plaignantes.”J’ai subi une double pénétration vaginale sans en être informée” et sans “y avoir consenti”, sans préservatif, raconte Fanny, alors âgée de 20 ans. Elle tournait pour “la première et unique fois”.”J’ai saigné”, se souvient-elle, requérant que son prénom soit modifié pour conserver son anonymat. “J’ai repoussé, pleuré. J’ai bien dit +Non+ (…) mais on m’a tenue plus fort”.”Je n’ai pas été une actrice: on ne m’a pas fait signer de contrat, et surtout, une actrice joue un rôle. Tout ce qui a été montré à l’écran, la violence, les viols, je les ai vécus, il n’y a pas eu de simulation”.La “déshumanisation” se poursuit même “hors caméra”: “on m’a servi de la carcasse de poulet au dîner, comme les chiens”, assure-t-elle.D’après des éléments d’enquête consultés par l’AFP, les gendarmes ont constaté, lors du visionnage du film, que l’un des dirigeants de la plateforme, surnommé “Pascal OP”, enjoignait “d’user complètement” de Fanny. “On va l’achever”, lui répondait une voix d’homme.Les enquêteurs constataient aussi que Fanny cherchait à s’écarter, exprimait sa douleur et manquait plusieurs fois de vomir lors de fellations.Malgré ce vécu, Fanny n’a pas obtenu que les circonstances aggravantes de torture et d’actes de barbarie soient retenus par la justice dans l’information judiciaire d’ampleur visant 16 hommes, actuellement renvoyés pour viols en réunion ou trafic d’êtres humains.Avec 31 autres parties civiles, elle a formé en février un pourvoi. La Cour de cassation va “regarder précisément si la loi a été régulièrement appliquée, ce qui n’est pas le cas”, a affirmé l’avocat de Fanny, Me Seydi Ba. Et si la Cour rejette à son tour, l’avocat envisage de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.”On veut nous faire un procès au rabais”, s’est indignée Fanny. “On nous accorde un procès parce qu’avec les autres filles, on a fait du bruit et on se dit qu’on s’en satisfera, mais je veux un vrai procès qui rachète ma dignité”.- Gêne sociale autour du dossier -La difficulté, à ses yeux, réside dans la gêne sociale autour de cette affaire, qui donnera lieu au premier grand procès en France traitant du porno amateur. “Toutes les classes sociales consomment du porno. C’est compliqué pour les gens, hommes et femmes, de se dire que ce qui les excite, pour la grande majorité des cas, ce sont des viols”, estime-t-elle.Il y a dix ans, quand elle est approchée par une certaine Axelle Vercoutre sur les réseaux sociaux, Fanny a la vingtaine et vit “au bord du précipice”, sans argent pour “payer son loyer ou se nourrir”.Derrière Axelle Vercoutre se cache en réalité un homme, Julien D., renvoyé en procès pour avoir rabattu des dizaines de femmes auprès de la plateforme French Bukkake entre 2015 et 2020. Se présentant comme une actrice, il est accusé d’avoir menti en décrivant des tournages “conviviaux”. Il est aussi renvoyé pour viols sur 31 femmes, dont Fanny.”J’ai été manipulée. Axelle m’a mis tout doucement en confiance. Je n’aurais jamais dit oui, sinon, à un film porno”, confie Fanny.Lors du tournage, malgré les premières scènes où elle réalise avoir été trompée, elle “ne peut pas partir”. “On m’avait conduite au lieu, je ne savais pas où j’étais et je n’avais pas d’argent, comment appeler un taxi ? J’étais entourée d’hommes… Que m’auraient-ils fait si je leur avais dit que je voulais partir ?”Fanny avait initialement accepté de venir, car il lui avait été assuré que la diffusion ne se ferait qu’au Canada.Quelques jours après, elle reçoit un message d’une connaissance: “Je te pensais pas comme ça…” Puis de nombreux autres.Elle raconte avoir fait une tentative de suicide. Au travail, son supérieur a mis fin à son contrat d’alternance.”Ca a fait le tour de ma ville, mais aussi du monde. J’ai vécu un harcèlement sur les réseaux sociaux, jusqu’à chez moi, on m’a jeté des cailloux, craché dessus… Un jour, dans le tramway, un homme m’a chuchoté qu’il m’avait reconnue et allait me séquestrer dans une cave”.Aujourd’hui mère d’une petite fille, Fanny, 30 ans, raconte vivre dans “l’hypervigilance”, souvent “pétrifiée” par sa “peur des hommes”.

A la campagne, vent de fronde contre les fermetures de classes annoncées

Allier, Charente, Creuse, Cantal: pas une semaine ne s’écoule sans que des projets de fermetures de classes ne mettent les campagnes en ébullition. En cause, la baisse encore plus forte du nombre d’élèves attendu à la rentrée, qui laisse craindre l’apparition de déserts scolaires.Raphaèle Delalande, représentante des parents d’élèves dans l’Yonne, fait partie du comité de mobilisation opposé à la fermeture d’une des cinq classes de Maligny, 780 habitants.”On a bloqué l’école tous les matins pendant quinze jours, on a fait une opération escargot, on a rencontré à deux reprises l’inspecteur”, explique-t-elle à l’AFP.Avec 19 élèves par classe, le ratio est “idéal” selon elle, mais la fermeture annoncée pourrait gonfler les effectifs de maternelle à 29, un comble en milieu rural.A Lussat (Creuse), c’est l’ensemble du conseil municipal qui a démissionné mi-février pour protester contre la fermeture de la classe unique du village. “La commune va finir comme un grand Ehpad”, confiait le maire à Ici Creuse.Dans l’Indre, une classe a été symboliquement mise en vente sur Le Bon Coin, tandis que des moutons ont momentanément remplacé les élèves dans la cour de l’école d’Ambrault.Malgré l’annulation en janvier de la suppression de 4.000 postes d’enseignants, la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, dénombre 4.950 fermetures de classes pour 2.336 ouvertures à la rentrée, soit un solde négatif de 2.614 supérieur à celui des cinq dernières années.En milieu rural, ces annonces couperet ont un parfum de mort lente pour les villages.”Le curseur baisse de plus en plus. Là où, il y a 10 ans, on maintenait la classe sans problème, on la ferme aujourd’hui à effectif équivalent”, observe Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE, première fédération de parents d’élèves, pour qui la baisse démographique devrait au contraire “permettre d’améliorer la qualité de l’enseignement”.Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Education nationale souligne qu'”entre 2015 et 2024, le nombre d’élèves a diminué de 12,2 % dans les zones rurales, hors éducation prioritaire (REP), tandis que le nombre de classes a diminué de 5,8 %, soit deux fois moins rapidement”. – Discrimination positive -Signe de cette “attention particulière portée au milieu rural”, poursuit-il, le nombre moyen d’élèves par classe dans les écoles rurales éloignées est de 19,8, contre 22,3 dans l’urbain intermédiaire et 23,3 en urbain dense, hors REP.Une réalité confirmée par le géographe Arnaud Brennetot, professeur à l’Université de Rouen Normandie.  “L’encadrement est bien meilleur dans les espaces ruraux de faible densité, et il y a bien une politique d’équité territoriale en faveur des espaces qui déclinent et vieillissent”, analyse-t-il.”Si la France est bien un immense désert médical, l’enjeu sur l’éducation est de ne pas arriver à ces mêmes erreurs dans dix ans”, prévient-il toutefois.Mais sur le terrain, les maires jugent que les spécificités de l’école rurale sont trop souvent oubliées, alors qu’elle représente un outil d’attractivité, et que la qualité de l’enseignement en pâtit.”La directrice académique manipule des tableaux Excel mais elle oublie que faire une heure de car le matin et une heure le soir à six ans, ce n’est pas une vie”, pointe Jean-François Farenc, maire de Blanot (Saône-et-Loire).”Le pire, c’est l’accumulation de fermetures année après année. On nous dit qu’on a des petits effectifs mais on se retrouve avec cinq niveaux par classe, il faut être un superman de l’enseignement pour gérer ça et accueillir des enfants porteurs de handicap”, soupire Christian Montin, maire de Marcolès (Cantal).Les élus dénoncent aussi une absence de concertation, malgré la création récente d'”observatoires des dynamiques rurales” censés anticiper les évolutions démographiques mais considérés comme des coquilles vides par les maires.Or la baisse démographique devrait encore s’amplifier, les services statistiques du ministère anticipant une baisse de 116.800 élèves en 2026 dans le premier degré, contre 79.400 en 2024.”Le ministère est toujours dans un modèle de gestion comptable des effectifs”, souligne Frédéric Leturque, de l’Association des maires de France, qui plaide pour “sortir de ce modèle” en signant un protocole national avec l’Etat, assorti d’une stratégie qui permettrait d’anticiper les baisses d’effectifs sur une durée de trois ans.

Derrière les 299 patients agressés par le pédocriminel Le Scouarnec, l’ombre des “victimes oubliées”

Jugé à Vannes pour violences sexuelles sur 299 patients, le pédocriminel Joël Le Scouarnec est l’objet d’une nouvelle enquête visant à identifier d’autres victimes dont certaines, présentes dans ses carnets, n’ont pas été jusque-là recherchées, a appris l’AFP par des sources concordantes et des documents confidentiels.Cette nouvelle enquête préliminaire, annoncée jeudi à l’AFP par le parquet général de Rennes, concerne “des victimes éventuellement non identifiées ou nouvellement déclarées” d'”agressions sexuelles et viols” perpétrés par l’ex-chirurgien viscéral.Cette enquête, menée par le parquet de Lorient, intervient alors que le médecin, déjà condamné en 2020 à 15 ans de réclusion pour violences sexuelles sur quatre enfants, est jugé depuis le 24 février par la cour criminelle du Morbihan, pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients majoritairement mineurs. Dans des fichiers saisis par la justice, Joël Le Scouarnec a décrit avec minutie les sévices sexuels infligés aux enfants de son entourage et à ses patients.Ces “carnets” ont permis aux enquêteurs d’identifier et d’interroger 332 victimes, dont certaines pour des faits prescrits.Mais certaines personnes, apparaissant dans les carnets, n’ont pas fait l’objet de recherches de la part des enquêteurs, selon un arrêt de la cour d’appel de Rennes rendu en décembre 2022 et consulté par l’AFP.Ainsi, sous le récit du viol de P., 9 ans, ou A., 13 ans, la cour indique qu'”aucune investigation n’a été réalisée pour (les) identifier”, comme pour des dizaines de victimes d’agressions sexuelles. “Que ce soit par manque de moyens ou par volonté de boucler l’enquête, beaucoup de victimes ont été laissées de côté par les enquêteurs”, regrette Hugo Lemonier.Auteur de “Piégés”, un livre fouillé sur l’affaire Le Scouarnec, il identifie quelque 30 “victimes oubliées” et révèle une enquête titanesque et parfois lacunaire.Les enquêteurs, raconte-t-il, se sont concentrés sur les carnets de l’accusé, “un matériel qui n’est certainement pas exhaustif: Le Scouarnec a détruit certains fichiers, il manque des années.””Pourquoi s’être contenté des carnets? Pourquoi ne pas avoir demandé systématiquement aux cliniques les listes des patients opérés par Le Scouarnec pour compléter les trous?”, s’interroge-t-il.- Des victimes oubliées ? -Képi sur le pupitre, le directeur d’enquête a été auditionné le 28 février cinq heures durant par la cour criminelle.Après avoir égréné les noms de victimes non identifiées ou non investiguées, la présidente de la cour, Aude Buresi demande si le gendarme est “en mesure d’affirmer qu’aucune victime n’a été oubliée.”L’homme se trouble puis se reprend. “Je pense qu’on a recensé la majorité des victimes dans ses écrits”, assure-t-il.Mais il y a eu des ratés, insiste-t-elle. Des victimes confondues avec leur homonyme, des erreurs sur les noms, des confusions entre deux victimes…Selon un document consulté par l’AFP, les gendarmes ont ainsi contacté une victime en lui annonçant qu’elle avait été victime d’un viol et d’agressions sexuelles.La personne n’était en réalité victime “que” d’une seule agression sexuelle à l’âge de 13 ans. Un autre garçon portant le même prénom, âgé lui de 10 ans, avait été victime de viol et agression sexuelle.”Les deux récits de ces violences par Joël Le Scouarnec ont été fusionnés en un seul, par une simple erreur de copier-coller”, relate Hugo Lemonier. Avec des conséquences: la personne contactée a eu un comportement suicidaire peu après son audition par les gendarmes, a-t-elle confiée à l’AFP. Quant à l’autre victime, elle n’a pas fait l’objet d’investigations… et ne sait peut-être toujours rien.- “Submergés et aveuglés” -Parfois, les enquêteurs n’ont pas décelé de crimes là où leur description semble pourtant évidente, remarque Mme Buresi auprès du directeur d’enquête.”A la lecture des écrits (lus en audience par la présidente, NDLR), notre ressenti était que ce n’était pas des agressions sexuelles. Mais à vous écouter, oui, certaines victimes auraient mérité d’être plus investiguées”, admet-il.Aux yeux de Me Céline Astolfe, “c’est comme si l’accusé lui-même a fixé le périmètre de l’enquête”.”Submergés et aveuglés par ses écrits”, les enquêteurs en ont oublié “les réflexes évidents, basiques d’une investigation” comme exploiter les fichiers patients des établissements où a exercé l’ex-chirurgien, déplore l’avocate de la Fondation pour l’Enfance, partie civile au procès.”Il n’est pas exclu qu’une action en responsabilité de l’Etat pour dysfonctionnement de la justice soit portée”, indique Me Astolfe.- “Avancée formidable” -Pour Me Francesca Satta, qui dit être contactée “tous les jours” par de potentielles victimes de Joël Le Scouarnec, l’ouverture d’une nouvelle enquête est “une avancée formidable.”L’avocate estime qu’une des clientes qu’elle représente au procès de Vannes, Amélie Lévêque, “aurait pu être une cliente oubliée”: décrite dans les carnets comme l’objet d’un regard accompagné de pensées pédophiles, elle n’a pas été contactée par les enquêteurs.Au fil d’un long travail de mémoire, elle parvient à retrouver le souvenir d’un viol et va porter plainte à la gendarmerie. Le 7 mars, Joël Le Scouarnec reconnaît, au-delà du regard, le viol de Mme Lévêque, âgée de 9 ans à l’époque.”Il faut que chaque regard décrit dans les carnets – j’en dénombre une cinquantaine – soit l’objet d’une investigation plus poussée”, exige Me Satta.Pour Hugo Lemonier, “derrière ces loupés de l’enquête, se pose la question de la place des victimes” dans la machine judiciaire et du manque de moyens octroyés aux parquets.”Dans ce procès, la culpabilité de l’accusé n’est plus l’enjeu. Mais si c’est de réparer les victimes, il faut que ce soit pour toutes les victimes.”

Végétalisation des rues à Paris: “la nature n’a jamais jamais déserté la ville”

La mairie de Paris demandera dimanche à ses habitants s’ils veulent “massifier” la végétalisation dans la capitale, dans l’idée d’une mutation en “ville-jardin”.Pour Mathieu Delorme, directeur de l’Ecole d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est (Université Gustave Eiffel), la nature a toujours habité l’espace urbain. L’ingénieur-paysagiste a retracé pour l’AFP la manière dont notre regard a évolué sur la question.QUESTION. D’où vient l’idée de “ville-jardin” ?REPONSE. La nature n’a en réalité jamais vraiment déserté la ville. C’est sa façon de l’appréhender qui change. Jusqu’au XXe siècle, on voyait encore du bétail dans les cours, des cultures maraîchères, des chevaux, du crottin partout…Le mot “jardin” n’est apparu qu’au XIXe siècle avec les questions d’embellissement et de santé publique, en réaction à la révolution industrielle. Les réalisations du baron Haussmann et de son jardinier Adolphe Alphand ont fait émerger une nouvelle appréhension de la nature, avec le développement du réseau de grands parcs, squares, avenues plantées… Ces réalisations extrêmement dessinées ont donné à Paris sa trame végétale, que la Ville continue aujourd’hui d’amplifier par un maillage de plus en plus fin dans les rues, les ruelles, les impasses, les cours d’école…Q. Une ville-jardin moderne, qu’est-ce que c’est ?R. Aujourd’hui, la ville-jardin dépasse largement les questions végétales, pour prendre en compte la qualité de l’air, de l’eau, des sols. Elle doit répondre aux besoins de résilience, d’adaptation au changement climatique (îlots de fraîcheur, biodiversité, sols vivants, etc.). La notion des sols vivants est devenue fondamentale. Car le bon développement du végétal sur un trottoir désimperméabilisé dépend de la capacité du sol à pouvoir le nourrir: s’il n’est pas bien préparé, ça ne sert à rien !N’oublions pas que les sols ont des fonctionnalités écologiques essentielles: stockage du carbone, réserve de biodiversité, rétention de l’eau… Des éléments déterminants en ville pendant les vagues de chaleur qui vont s’intensifier. Chaque degré compte, et chaque espace compte, du petit aménagement en pied de façade jusqu’aux grandes allées plantées, aux bois de Boulogne et de Vincennes… Tout ce réseau, préfiguré par Alphand, forme des corridors où l’humidité et la fraîcheur peuvent circuler. Q. Paris peut-elle mieux faire ? R. La ville est probablement au maximum de ce qui est faisable dans un contexte urbain qui est l’un des plus denses d’Europe. Il y a dix ans Paris n’était pas bonne élève mais en 2023, elle a intégré le classement des dix plus grandes villes végétalisées de France, selon le palmarès de l’Union nationale des entreprises de paysages. Un signe de changements profonds. Mais végétaliser au bon endroit n’est pas simple car les sous-sols parisiens accueillent de nombreux réseaux (métro, électricité, égouts…) que les systèmes racinaires peuvent désordonner. C’est un vrai travail d’acupuncture urbaine.Sur le plan esthétique, je pense qu’il faut accompagner les Parisiens pour faire évoluer leur perception d’une nature urbaine très maîtrisée vers des formes plus libres: changer leur regard pour comprendre l’esthétique de la friche, le rôle des brins d’herbe entre les pavés… Comme à Berlin, où l’esthétique et l’imaginaire citoyen sont en phase avec une nature plus écologique. C’est un peu long mais ça progresse !Mais attention au vocabulaire: quand la mairie parle de “forêt urbaine” pour les nouvelles plantations du parvis de l’hôtel de ville, ça crée une attente qui sera forcément frustrée. Une forêt c’est un écosystème complet, avec trois strates végétales, un sol profond. Mieux vaut parler de bosquets, ce qui reste intéressant en termes de densité végétale et de fonctions écologiques.

Végétalisation des rues à Paris: “la nature n’a jamais jamais déserté la ville”

La mairie de Paris demandera dimanche à ses habitants s’ils veulent “massifier” la végétalisation dans la capitale, dans l’idée d’une mutation en “ville-jardin”.Pour Mathieu Delorme, directeur de l’Ecole d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est (Université Gustave Eiffel), la nature a toujours habité l’espace urbain. L’ingénieur-paysagiste a retracé pour l’AFP la manière dont notre regard a évolué sur la question.QUESTION. D’où vient l’idée de “ville-jardin” ?REPONSE. La nature n’a en réalité jamais vraiment déserté la ville. C’est sa façon de l’appréhender qui change. Jusqu’au XXe siècle, on voyait encore du bétail dans les cours, des cultures maraîchères, des chevaux, du crottin partout…Le mot “jardin” n’est apparu qu’au XIXe siècle avec les questions d’embellissement et de santé publique, en réaction à la révolution industrielle. Les réalisations du baron Haussmann et de son jardinier Adolphe Alphand ont fait émerger une nouvelle appréhension de la nature, avec le développement du réseau de grands parcs, squares, avenues plantées… Ces réalisations extrêmement dessinées ont donné à Paris sa trame végétale, que la Ville continue aujourd’hui d’amplifier par un maillage de plus en plus fin dans les rues, les ruelles, les impasses, les cours d’école…Q. Une ville-jardin moderne, qu’est-ce que c’est ?R. Aujourd’hui, la ville-jardin dépasse largement les questions végétales, pour prendre en compte la qualité de l’air, de l’eau, des sols. Elle doit répondre aux besoins de résilience, d’adaptation au changement climatique (îlots de fraîcheur, biodiversité, sols vivants, etc.). La notion des sols vivants est devenue fondamentale. Car le bon développement du végétal sur un trottoir désimperméabilisé dépend de la capacité du sol à pouvoir le nourrir: s’il n’est pas bien préparé, ça ne sert à rien !N’oublions pas que les sols ont des fonctionnalités écologiques essentielles: stockage du carbone, réserve de biodiversité, rétention de l’eau… Des éléments déterminants en ville pendant les vagues de chaleur qui vont s’intensifier. Chaque degré compte, et chaque espace compte, du petit aménagement en pied de façade jusqu’aux grandes allées plantées, aux bois de Boulogne et de Vincennes… Tout ce réseau, préfiguré par Alphand, forme des corridors où l’humidité et la fraîcheur peuvent circuler. Q. Paris peut-elle mieux faire ? R. La ville est probablement au maximum de ce qui est faisable dans un contexte urbain qui est l’un des plus denses d’Europe. Il y a dix ans Paris n’était pas bonne élève mais en 2023, elle a intégré le classement des dix plus grandes villes végétalisées de France, selon le palmarès de l’Union nationale des entreprises de paysages. Un signe de changements profonds. Mais végétaliser au bon endroit n’est pas simple car les sous-sols parisiens accueillent de nombreux réseaux (métro, électricité, égouts…) que les systèmes racinaires peuvent désordonner. C’est un vrai travail d’acupuncture urbaine.Sur le plan esthétique, je pense qu’il faut accompagner les Parisiens pour faire évoluer leur perception d’une nature urbaine très maîtrisée vers des formes plus libres: changer leur regard pour comprendre l’esthétique de la friche, le rôle des brins d’herbe entre les pavés… Comme à Berlin, où l’esthétique et l’imaginaire citoyen sont en phase avec une nature plus écologique. C’est un peu long mais ça progresse !Mais attention au vocabulaire: quand la mairie parle de “forêt urbaine” pour les nouvelles plantations du parvis de l’hôtel de ville, ça crée une attente qui sera forcément frustrée. Une forêt c’est un écosystème complet, avec trois strates végétales, un sol profond. Mieux vaut parler de bosquets, ce qui reste intéressant en termes de densité végétale et de fonctions écologiques.

Indonésie: des vols annulés après une nouvelle éruption d’un volcan sur l’île de Florès

Au moins sept vols internationaux au départ de Bali ont été annulés après une nouvelle forte éruption jeudi d’un volcan situé dans l’est de l’Indonésie, sur l’île touristique de Florès, a indiqué vendredi un responsable aéroportuaire.L’éruption du mont Lewotobi Laki-Laki, haut de 1.703 mètres, s’est produite jeudi soir et a duré plus de 11 minutes, avec une colonne de cendres qui s’est élevée jusqu’à environ 8.000 mètres au-dessus du sommet, a indiqué l’agence de volcanologie indonésienne.L’agence a relevé l’alerte au niveau le plus élevé du système sur une échelle de quatre.”Sept vols internationaux ont été annulés, dont six vols Jetstar à destination de l’Australie et un vol Air Asia à destination de Kuala Lumpur”, a indiqué vendredi matin le porte-parole de l’aéroport international Ngurah Rai de Bali, Andadina Dyah, dans un communiqué.Plusieurs autres vols, nationaux et internationaux, notamment vers la Thaïlande, Singapour et l’Australie, ont été retardés, a-t-il indiqué.L’île de Florès, d’où partent de nombreuses excursions notamment vers le parc national de Komodo, se trouve à environ 800 km à l’est de Bali. L’aéroport local de Maumere, le plus proche du volcan, n’a pas été touché par les cendres, selon le ministère des Transports.L’éruption a commencé jeudi à 22H56 (14H56 GMT). Aucun dégât n’a été signalé dans l’immédiat dans les villages voisins, mais les autorités ont averti les habitants du risque de coulées de boue volcanique en raison des fortes pluies.Les autorités ont imposé une zone d’exclusion de 7 à 8 kilomètres autour du volcan.L’éruption s’est accompagnée de forts bruits qui ont pu être entendus dans la ville de Maumere, à plus de 80 kilomètres à l’est du volcan, et dans le district de Larantuka, à plus de 50 kilomètres à l’ouest, a indiqué l’agence géologique dans un communiqué.En novembre, le mont Lewotobi Laki-Laki était entré en éruption à plusieurs reprises, faisant neuf morts et entraînant l’annulation de dizaines de vols internationaux vers ou au départ de l’île touristique de Bali et forçant l’évacuation de milliers de personnes.Le Laki-Laki, qui signifie “homme” en indonésien, est jumelé avec un volcan plus calme et dont le nom indonésien signifie “femme”.Le vaste archipel indonésien connaît une activité sismique et volcanique fréquente en raison de sa position sur la “ceinture de feu du Pacifique”.

Panne et messageries cryptées, une nuit agitée pour l’Assemblée sur le narcotrafic

Les députés ont décidé de maintenir jeudi la confidentialité des messageries cryptées, Bruno Retailleau échouant à les convaincre du bien-fondé d’une mesure pour lutter contre les trafiquants de drogue, au terme d’un vote perturbé par une rarissime panne technique.Le ministre de l’Intérieur souhaitait initialement pouvoir imposer aux plateformes de messagerie chiffrée (Signal, WhatsApp…) de communiquer les correspondances des trafiquants aux services de renseignement.Mais les députés avaient supprimé cette mesure – qui agrège contre elle de nombreux acteurs et experts de la cybersécurité – en commission des Lois la semaine dernière. Il existe à leurs yeux un risque trop important de créer une faille qui mette en danger les conversations de l’ensemble des utilisateurs.Dans l’hémicycle, trois députés du bloc central ont proposé une réécriture de l’article, prenant en compte – selon eux – les “inquiétudes” soulevées. Mais sans réussir à convaincre, y compris plusieurs députés de leur camp.Après des débats houleux, où le ministre de l’Intérieur a été accusé de vouloir faire revenir sa mesure “par la fenêtre”, et les députés auteurs des amendements d’être ses “porte-flingues”, l’Assemblée a procédé au vote par scrutin public.Mais une panne du système a empêché la comptabilisation des votes. Durant une heure, les services ont tenté de le réparer, en vain.Certains députés se sont même interrogés sur la possibilité d’un piratage.”Nous ne sommes pas victimes d’un dysfonctionnement lié à la sécurité informatique”, a rassuré la vice-présidente Naïma Moutchou à la reprise de la séance. “C’est une petite pièce du système qui a chauffé… sous la tension”, a-t-elle précisé, rieuse.L’Assemblée a procédé à une autre forme de scrutin public, plus laborieuse: durant une demi-heure, Mme Moutchou a appelé le nom de chacun des 577 députés. Charge aux élus de répondre pour ou contre au micro.Peu avant minuit, la présidente a annoncé le résultat qui ne faisait plus grand doute: 119 voix contre, 24 pour.- “Surveillance généralisée” -Un revers pour le ministre de l’Intérieur, qui avait pourtant bien commencé la soirée, avec le vote d’une mesure peu consensuelle: le recours, dans le cadre d’une expérimentation, au renseignement algorithmique pour détecter des menaces liées à la criminalité organisée.Les députés insoumis, écologistes et communistes se sont succédés au micro pour dénoncer un nouveau pas “vers une surveillance généralisée”.”Ce sont des filets extrêmement larges qui seront jetés sur nos vies privées et sur notre liberté d’opinion, d’expression, d’aller et venir”, a fustigé la députée Elisa Martin.Dans le même temps, ces élus dénonçaient n’avoir reçu aucun des rapports, prévus dans la loi, pour évaluer l’efficacité de cette surveillance algorithmique, déjà autorisée pour la prévention du terrorisme et des ingérences étrangères.Au contraire, “il s’agit de pêche à la ligne”, a défendu M. Retailleau vantant un important dispositif de contrôle. “C’est encadré, c’est ciblé”.Plus tôt dans la journée, c’est un autre ministre qui était au banc pour défendre cette loi sénatoriale contre le narcotrafic.Gérald Darmanin a vécu des échanges plus apaisés, et l’hémicycle a même assisté à une rare entente entre le garde des Sceaux et des députés de LFI autour de la refonte du régime des “repentis”.”S’il y a au moins un dispositif avec lequel on est d’accord, c’est celui-ci”, a dit le député insoumis Antoine Léaument, auteur d’un récent rapport recommandant une légalisation du cannabis.A l’unanimité, les députés ont voté pour un régime plus attractif qui prend modèle sur la loi antimafia italienne.On compte en France 42 “repentis” contre près d’un millier en Italie, selon les chiffres donnés par le ministre.Or “si on ne fait pas parler les gens qui sont dans les organisations criminelles, nous n’aurons pas d’informations” pour les démanteler.Avec le nouveau dispositif, les “repentis” pourraient voir leur peine réduite jusqu’à deux-tiers. Il est également élargi aux personnes ayant commis un crime de sang.Un décret d’application doit dessiner plus précisément ses contours (nouvelle identité, famille, aménagements de peines, etc.). Le ministre s’est engagé à travailler en concertation avec les parlementaires sur son écriture.Les débats sur le texte se poursuivront vendredi à l’Assemblée. 

Thousands protest for second night over Istanbul mayor’s arrest

Turkish riot police fired teargas and rubber bullets on Thursday, as demonstrators protested for a second night outside Istanbul City Hall over the shock arrest of the Mayor Ekrem Imamoglu in a graft and terror probe. The powerful and popular Imamoglu — who is President Recep Tayyip Erdogan’s main political rival — was detained before dawn …

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