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Narcotrafic: les députés rétablissent la création d’un “procès-verbal distinct” inaccessible aux avocats de la défense

Les députés ont approuvé vendredi dans le cadre de l’examen d’un texte sur la lutte contre le narcotrafic la création d’un “procès-verbal distinct”, une mesure destinée à protéger les enquêteurs et informateurs mais jugée par les avocats pénalistes et la gauche attentatoire aux droits de la défense.Cette disposition, approuvée par 57 députés contre 31, prévoit la création lors des enquêtes d’un “procès-verbal distinct”, ou “dossier-coffre”, pour ne pas divulguer à la défense certaines informations sur la mise en Å“uvre de techniques spéciales d’enquête (sonorisation, captation des données informatiques…), telles que la date, l’horaire, le lieu de leur mise en Å“uvre, ou l’identité de la personne ayant concouru à l’installation. Défendue par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, elle avait été supprimée en commission.Le rapporteur Vincent Caure (Renaissance) et le gouvernement ont proposé des amendements de réécriture visant à mieux l’encadrer, tenant compte d’un avis du Conseil d’Etat, qui avait recommandé de restreindre “le dossier-coffre” aux cas de nature à mettre en danger la vie ou l’intégrité physique d’une personne. L’amendement de M. Caure prévoit qu’aucune condamnation ne puisse être prononcée sur le fondement des éléments recueillis via les techniques spéciales d’enquête, sauf si la requête et le procès-verbal ont été versés au dossier. Le juge de la liberté et de la détention pourra cependant autoriser une dérogation à ce principe lorsque la connaissance des éléments recueillis apparaîtra absolument nécessaire à la manifestation de la vérité.Plusieurs députés du Nouveau Front populaire se sont interrogés sur l’utilité de la mesure, alors qu’il est déjà possible d’anonymiser les témoignages et l’identité des enquêteurs.Devant les députés, M. Retailleau a de nouveau défendu un dispositif “vital” qui va permettre de “protéger des vies humaines”.Plus tard dans la journée, les députés ont approuvé un article vivement contesté par la gauche qui permettrait au préfet de prononcer une “interdiction de paraître” d’un mois maximum dans les lieux liés à des activités de trafic de stupéfiants pour les personnes y participant.Le préfet pourra aussi saisir un juge pour faire expulser de son logement toute personne dont les agissements en lien avec des activités de trafic de stupéfiants troublent l’ordre public.Les députés du Nouveau Front populaire se sont notamment alarmés d’une mesure qui impacterait, au-delà du trafiquant, les membres de sa famille.”Le droit au logement est un droit constitutionnel. L’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas indifférent aux décisions que nous avons à prendre. Et nous sommes (…) définitivement opposés aux punitions collectives”, a déclaré le président du groupe PS Boris Vallaud.Jeudi soir, les députés avaient en revanche refusé de rétablir une autre mesure phare du texte, portée par M. Retailleau, celle prévoyant d’obliger les plateformes de messageries cryptées à rendre les messages des narcotrafiquants accessibles aux enquêteurs.

Passage du cyclone Garance sur La Réunion: une facture d’au moins 248 millions d’euros

Le passage du cyclone Garance sur La Réunion a généré près de 250 millions d’euros de dégâts, dont 151,6 millions d’euros pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans dressés par les collectivités locales et les chambres consulaires.”C’est le chaos, nous sommes partagés entre la démoralisation et la colère”, ne cache pas Olivier Fontaine, président de la chambre d’agriculture.Déjà frappées par une sécheresse parfois qualifiée d'”historique” par des exploitants, toutes les filières agricoles de l’île française de l’océan Indien ont lourdement été impactées par les vents et les pluies de Garance, qui a frappé La Réunion le 28 février, faisant cinq morts.Représentant 52,9% de la surface agricole, la canne à sucre, culture emblématique de La Réunion, enregistre des pertes estimées à 80 millions d’euros, selon la chambre d’agriculture.Le secteur de l’élevage a aussi payé un lourd tribut au cyclone avec des pertes évaluées à 12,2 millions d’euros, dont “près de 129.000 volailles perdues, ainsi que des centaines de bovins, porcs et ruches”, détaille la chambre d’agriculture, qui évalue le total des dégâts à 151,6 millions d’euros.Près d’un mois après le cyclone, “nous avons besoin d’un vrai soutien et d’une très grande réactivité (des pouvoirs publics) pour nous relancer”, martèle Olivier Fontaine.À la même époque, l’an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l’île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l’augmentation et de l’intensification de ces phénomènes météorologiques.C’est aussi de l’aide que demandent plus de 220 artisans ayant déjà monté des dossiers de demandes d’indemnisation auprès de la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA).”Pour les artisans, les sinistres sont divers: il y a la perte de l’outil de travail, des pertes de matières premières, l’arrêt de l’activité en raison d’un manque d’eau, d’électricité ou d’internet. C’est dramatique”, explique Bernard Picardo, le président de la CMA.”Les premières estimations portent sur environ trois millions d’euros de dégâts, mais ce chiffre pourrait être plus élevé”, dit-il.- Impact massif -La chambre de commerce et de l’industrie de La Réunion (CCIR) a interrogé ses adhérents. Il en ressort que plus des trois quart des établissements touristiques, les quatre cinquièmes des entreprises du BTP et 71% des entreprises de services ont déclaré des pertes.”Au 17 mars, nous en étions déjà à 14,7 millions d’euros de dégâts et de pertes d’exploitation”, souligne la chambre consulaire.Le passage du cyclone Garance a aussi entraîné d’importants dégâts sur les habitations, notamment les locataires du parc social.”Sur les 84.000 logements sociaux du territoire, une centaine a subi des dégâts nécessitant un relogement urgent”, a annoncé l’Association régionale des maîtres d’ouvrage sociaux et aménageurs de l’océan Indien, qui regroupe les sept promoteurs sociaux de La Réunion.La majorité se trouvent à Saint-Benoît, commune de la côte est de l’île qui a le plus souffert du passage du cyclone.Quant au réseau routier, une estimation provisoire chiffre à 72,5 millions d’euros les dépenses nécessaires “pour une remise en état du réseau routier national et un retour à une situation équivalente à celle qui existait avant cet évènement météorologique”, note la Région Réunion.Des établissements scolaires de l’île ont aussi été frappés par les vents violents et les inondations, notamment dans l’est de l’île. Sur les 45 lycées de La Réunion, 21 ont été dégradés, selon le conseil régional qui a consacré 2,5 millions d’euros aux réparations.Du côté des collèges, cinq millions d’euros ont été dégagés par le conseil département pour des travaux de réparation.Contacté par l’AFP, le Comité des assureurs de La Réunion précise que le bilan financier consolidé des dégâts causés par Garance n’est pas encore disponible.L’état de catastrophe naturelle a été reconnu dans les 24 communes de La Réunion, principalement pour des inondations. Jeudi, le ministère des Outre-mer a annoncé que 10 communes supplémentaires – contre deux initialement – verraient aussi la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle au titre des vents cycloniques.

Sur un champ de bataille de 14-18, 16.000 drapeaux rouges “pour la paix”

Ils flottent sur l’un des champs de bataille de la Grande Guerre. Pas moins de 16.800 drapeaux rouges, symboles des hommes tombés au combat, ont été érigés près de Verdun “pour la paix”.Jean-Paul de Vries, propriétaire d’un musée consacré à la Première Guerre mondiale à Romagne-sous-Montfaucon, petite commune de la Meuse, a voulu symboliser par cette exposition en plein air “le sang qui a coulé”. Les drapeaux représentent ces milliers de soldats qui ont perdu la vie, ici à une quarantaine de kilomètres au nord de Verdun, mais aussi ceux de “toutes les guerres”, y compris celles toujours en cours, dit-il.Le but est de “matérialiser” le nombre de morts. “Les gens ne se rendent pas compte. Quand on parle de milliers de morts, ce sont des chiffres”, relève-t-il. Mais “quand on voit des croix” ou des drapeaux à n’en plus finir, on prend conscience de la réalité.En ce premier jour du printemps, le rouge des drapeaux fouettés par le vent se mêle à la verdoyante vallée de la Robinette, qui s’étend sur 60 hectares. Quelques marcheurs passent, découvrant ce champ de rectangles posés sur des piquets. “Dès que l’on arrive ici, ça nous donne un signal de combat et de souffrance. Mais par-dessus la couleur, le vent et la vivacité des fanions, on a un espoir de paix et de sérénité”, confie à l’AFP Serge Gubler, 64 ans, venu avec son épouse en randonnée.- Amener la paix -Le rouge symbolise aussi “l’amour”. “Tous ces hommes, ces militaires, ils sont aimés par leur mère, par leurs enfants (…) ce sont des hommes qui ont été aimés parce qu’ils étaient bons”, selon Jean-Paul de Vries. L’endroit est la “vallée de la paix”, poursuit-il. “C’est vert, on n’entend pas d’autre bruit que le son des oiseaux, il n’y a pas d’autoroute.”Mais en regardant l’histoire, “je crois que déjà au début de l’époque romaine, on s’est battu dans cette vallée”, relève le passionné. “On a choisi l’endroit le plus joli de la région pour combattre, tous ces siècles!””On sait ce qui s’est passé ici, donc on est émerveillés sur une terre qui a connu la misère”, dit Renée Gubler, l’épouse de Serge.L’exposition n’a ni début ni fin et choix a été fait de ne pas ajouter de panneaux ou quelconque indication: “Je laisse tout à l’imagination des gens.”- “Folie des guerres” -Avec ce projet un peu fou, “c’est la folie des guerres” qui est représentée et “la paix” qu’il invite le public à chercher “en eux”.Tout près du champ de bataille, le musée de M. de Vries rassemble 300.000 pièces, qu’il a récoltées depuis l’âge de sept ans, lorsque le quinquagénaire venait en vacances dans la région. Avec des reconstitutions de tranchées, le public peut découvrir “le côté dur de la guerre”: casques perforés, obus éclatés ou fusils.Le projet “Flag for peace” (Drapeaux pour la paix) s’est construit en un an et demi, avec le concours d’écoliers des Pays-Bas, pays d’origine de M. de Vries.Afin de participer à son financement, il est possible de parrainer un drapeau, pour 2,50 euros.Il espère qu’après le 1er avril et la fin de cette exposition, les drapeaux voyagent “dans le monde entier”, en Normandie, aux Pays-Bas ou à Waterloo “pour mettre la paix sur les champs de bataille”.

Procès des otages en Syrie: dans ses derniers mots, Mehdi Nemmouche assume être un “terroriste” et ne s’en “excusera jamais”

Pas de regrets, “jamais” d’excuses, mais pas d’aveu non plus. Dans ses derniers mots à son procès à Paris vendredi, le “terroriste” autoproclamé Mehdi Nemmouche n’a pas évoqué les ex-otages dont il est accusé d’avoir été le geôlier en Syrie en 2013, se lançant plutôt dans une longue diatribe anti-Occident.La cour d’assises spéciale rendra son verdict en fin de journée “pas avant 18H00”, a annoncé le président Laurent Raviot avant de suspendre l’audience.Avant cela, il a donné une dernière fois la parole aux trois accusés présents – deux autres, présumés morts, sont jugés en leur absence.Mehdi Nemmouche se lève promptement dans le box, feuilles à la main, si pressé de parler qu’il mange un mot sur deux pendant les premières minutes.Pendant ce mois de procès, il a juré n’avoir rejoint le groupe Etat islamique (EI) que pour y combattre le dictateur syrien Bachar al Assad, et n’avoir jamais rencontré les quatre journalistes français qui l’ont eux formellement reconnu.Pas un mot à ce sujet dans ces derniers mots, pas un mot non plus sur la réclusion criminelle à perpétuité requise contre lui (il a déjà été condamné à la même peine pour l’attentat du musée juif de Bruxelles en 2014, où il avait abattu quatre personnes). “Le temps, il passe à une vitesse vertigineuse. Cela fait longtemps que je suis à l’isolement mais je navigue sans difficulté, je ne perds pas le cap”, lance l’accusé de 39 ans, jean, chemise noire, rasé de près.Toujours d’un débit ultra rapide, pendant une quinzaine de minutes, il multiplie les citations et références – Nietzsche, Montaigne, Georges W. Bush, Staline, Roosevelt, Poutine… – pour s’en prendre “à l’Occident”, et plus particulièrement aux Etats-Unis: “Daesh, à côté, c’est un petit joueur”. “Je me suis amusé par curiosité à regarder la liste des pays envahis par les Etats-Unis”, lance-il notamment. Sourire en coin, comme sûr de son effet, il fait tourner son index en l’air en commençant à les citer, en ponctuant de commentaires – “un de mes favoris”, là “il y a une anecdote géniale”.- “Le sang sur ses mains” -Levant à peine les yeux, il en vient ensuite à la Syrie pour affirmer que “c’est par le terrorisme que le peuple syrien s’est libéré de la dictature”.”Oui j’ai été un terroriste et je ne m’en excuserai jamais, je ne regrette pas un jour, pas une heure, pas un acte”, lance-t-il. Et “aujourd’hui, si j’étais dehors, j’irai dans les ruines de Gaza car c’est le lieu où il faut prendre les armes. Mais je ne peux pas car je suis en prison. Je serai toujours debout, je ne serai jamais à terre, voilà”.Il en a terminé. “Bien”, dit le président qui l’a écouté l’air impassible, ne semblant pas impressionné. Les parties civiles dans la salle ne le semblent pas non plus. Il y a notamment Bethany Haines, l’une des filles de l’humanitaire David Haines, un otage britannique assassiné par l’EI dans une mise en scène macabre, à genoux en tenue orange, filmée pour des images de propagande qui ont fait le tour du monde.Et Radwan Safar Jalany, un ex-otage syrien. Mehdi Nemmouche “oublie que 95% des victimes de l’EI sont syriennes. Je suis l’une d’entre elles. L’Etat islamique n’est pas venu en Syrie pour combattre Bachar al Assad mais pour combattre tout le monde, pour créer leur califat”, recadre-t-il après l’audience.”Le sang sur ses mains n’est pas encore sec, mais depuis le début du procès, il essaie de faire de cette cour son show, il est là pour devenir un symbole”, lâche-t-il. L’ancien journaliste français Nicolas Hénin n’attendait rien du principal accusé. “La reconnaissance des faits n’est plus un sujet”, dit-il. Mais dans ce discours, “j’ai retrouvé la vision du monde totalement binaire qu’il nous infligeait durant nos mois dans les sous-sols d’Alep”.”Son objectif est de se faire une place au panthéon du jihad”, poursuit Nicolas Hénin. “Le mien, pour ces prochaines années, sera de détruire son image et son discours, j’en fais mon combat personnel”.

Indonésie : vols annulés et 4.000 personnes évacuées après une nouvelle éruption volcanique

Au moins sept vols internationaux au départ de Bali ont été annulés après une nouvelle éruption d’un volcan situé dans l’est de l’Indonésie, sur l’île de Florès, entraînant l’évacuation de milliers d’habitants, ont annoncé vendredi des responsables.L’éruption du mont Lewotobi Laki-Laki, qui culmine à 1.703 mètres, s’est produite jeudi soir et a duré plus de 11 minutes, avec une colonne de cendres qui s’est élevée jusqu’à environ 8.000 mètres au-dessus du sommet, a raconté l’agence de volcanologie indonésienne.Cette dernière a fait passer le niveau d’alerte à son maximum (quatre).”Sept vols internationaux ont été annulés, dont six vols Jetstar à destination de l’Australie et un vol Air Asia à destination de Kuala Lumpur”, a déclaré vendredi matin le porte-parole de l’aéroport international Ngurah Rai de Bali, Andadina Dyah, dans un communiqué.Plusieurs autres vols, nationaux et internationaux, notamment vers la Thaïlande, Singapour et l’Australie, ont été retardés, a-t-il poursuivi.Face au risque, plus de 4.700 habitants de la région ont été évacués vendredi, a fait savoir le porte-parole de l’Agence nationale gérant les catastrophes (BNPB), Abdul Muhari, dans un communiqué.- Mesures d’urgence -“Il est demandé (à la population locale) de rester dans des endroits sûrs et de suivre les directives du gouvernement régional”, a-t-il dit.Les autorités locales ont décrété un état d’urgence de 14 jours et établi un poste de commandement pour coordonner les efforts d’intervention d’urgence, a-t-il ajouté dans un communiqué distinct.L’île de Florès, d’où partent de nombreuses excursions, notamment vers le parc national de Komodo, se trouve à environ 800 km à l’est de Bali. L’aéroport local de Maumere, le plus proche du volcan, n’a pas été touché par les cendres, selon le ministère des Transports.L’éruption a commencé jeudi à 22H56 (14H56 GMT). Plusieurs village sont été recouverts d’une couche de cendres issue de l’éruption. Au moins deux personnes ont été blessées, dont un homme après l’effondrement du toit de sa hutte, a expliqué un responsable local.Les autorités ont imposé une zone d’exclusion de sept à huit kilomètres autour du volcan.- “Homme” et “Femme” -L’éruption s’est accompagnée de bruits forts qui ont pu être entendus dans la ville de Maumere, à plus de 80 kilomètres à l’est du volcan, et dans le district de Larantuka, à plus de 50 kilomètres à l’ouest, a noté l’agence géologique dans un communiqué.En novembre, le mont Lewotobi Laki-Laki était entré en éruption à plusieurs reprises, faisant neuf morts et entraînant l’annulation de dizaines de vols internationaux vers ou au départ de l’île touristique de Bali et forçant l’évacuation de milliers de personnes.Le Laki-Laki, qui signifie “homme” en indonésien, est jumelé avec un volcan plus calme et dont le nom indonésien signifie “femme”.Le vaste archipel indonésien connaît une activité sismique et volcanique fréquente en raison de sa position sur la “ceinture de feu du Pacifique”.

South Cascade, “glacier de l’année” et référence mondiale de l’étude sur les glaciers

Impressionnante masse dans le nord-ouest des Etats-Unis, le glacier South Cascade a inspiré des générations de scientifiques qui l’ont étudié de près, développant et affinant des méthodes aujourd’hui utilisées dans le monde entier.Figurant parmi les cinq glaciers dits “de référence” dans le pays, et nommé vendredi “glacier de l’année” par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en l’honneur des scientifiques qui le suivent depuis des décennies, son évolution est particulièrement scrutée à mesure que l’activité humaine réchauffe la Terre. Voici quelques éléments marquants à son sujet.- Technologie du radar -Les eaux de fonte du glacier, situé dans l’Etat de Washington, s’écoulent directement dans le lac South Cascade qui alimente le fleuve Cascade, lequel se jette dans le Puget Sound, un bras de mer qui longe notamment la ville de Seattle.Si les glaciers sont étudiés en Europe depuis au moins le 19e siècle, “une grande partie des méthodes scientifiques que nous utilisons pour mesurer les glaciers ont été développées ici”, explique Andrew Fountain, universitaire spécialisé dans la recherche sur les glaciers et le changement climatique. La technologie du radar a notamment permis aux chercheurs de mesurer l’épaisseur de la glace à un endroit où un glacier existe probablement depuis plus d’un million d’années.Les mesures ont commencé sur le site en 1958, selon l’USGS, l’organisme gouvernemental qui étudie l’environnement et les ressources naturelles.- Historique de mesures -L’année suivante, l’USGS a lancé un projet de mesures dit “bilan de masse continu”, qui comptabilise le débit des cours d’eau, les précipitations, la température de l’air, la pression atmosphérique, l’épaisseur, la densité de la neige ou encore l’ablation de la glace.”Ce glacier possède le plus grand historique de mesures scientifiques dans le continent américain”, souligne M. Fountain. Les glaciologues ont ainsi pu “suivre la façon dont le glacier réagit au climat”. “Comme vous pouvez l’imaginer, il a reculé de manière spectaculaire”, tombant aujourd’hui à environ la moitié de la taille qu’il avait lorsque les mesures ont commencé, ajoute le scientifique qui blâme l’augmentation des températures.Une atmosphère plus chaude réduit la quantité de précipitations sous forme de neige et augmente la température de l’air ambiant.- Recherche menacée par Trump -La recherche subit le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Le milliardaire Elon Musk a entrepris de réduire fortement les dépenses publiques, supprimant de nombreux emplois et subventions, y compris dans la recherche. L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) compte notamment supprimer son Bureau de recherche et développement et limoger la majorité de ses effectifs, selon un plan dont des extraits ont été transmis à l’AFP.M. Fountain tire la sonnette d’alarme: environ 2% de l’eau de la planète est stockée dans les glaciers et, s’ils fondent tous, elle finira par s’écouler dans les océans, ce qui fera monter le niveau des mers et mettra en péril des dizaines de milliers de kilomètres de côtes à travers le monde. Toutes les régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette en 2024, pour la troisième année consécutive, a annoncé vendredi l’OMM.C’est pour cette raison, entre autres, que la science de la glaciologie née à South Cascade est indispensable, insiste le chercheur américain. “Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas entendre parler d’une chose qu’elle n’est pas en train d’arriver”, prévient-il.

“Raconter mon histoire avec mes mots”: Gisèle Pelicot va publier ses mémoires

La Française Gisèle Pelicot, devenue un symbole des victimes de viols après un procès historique contre son ex-mari qui l’avait droguée afin de la faire violer par des inconnus, va publier ses mémoires, a annoncé jeudi son éditeur britannique.Cet éditeur, The Bodley Head (groupe Penguin), donne dans un communiqué le titre en anglais, “A Hymn to Life” (“Un hymne à la vie”). Le livre doit paraître le 27 janvier 2026, et en vingt langues.Flammarion, en France, a précisé vendredi qu’il publierait le livre le 28 janvier, sans donner de titre français.”Je suis immensément reconnaissante du soutien extraordinaire que j’ai reçu depuis le début du procès”, a déclaré Gisèle Pelicot, citée dans le communiqué des maisons d’édition.”Aujourd’hui, je souhaite raconter mon histoire avec mes propres mots. En partageant ce récit, j’espère transmettre un message d’espoir et de courage à tous ceux qui traversent des épreuves difficiles au cours de leur existence. En espérant qu’ils ne ressentent jamais de honte”, a-t-elle poursuivi. L’ouvrage est actuellement écrit en collaboration avec la journaliste et romancière Judith Perrignon, a précisé Flammarion.Gisèle Pelicot, droguée et violée pendant des années par son mari et des dizaines d’hommes que ce dernier recrutait sur internet, est devenue une icône féministe au cours du procès des viols de Mazan (sud-est de la France) qui s’est tenu entre septembre et décembre 2024 et a connu un retentissement mondial.Gisèle Pelicot a refusé que le procès de ses violeurs se déroule à huis clos, pour que “la honte” change de camp.Son ex-mari Dominique Pelicot a été condamné en décembre à 20 ans de réclusion criminelle. Il n’a pas fait appel. Ses 50 co-accusés, reconnus pour la plupart coupables de viols, âgés de 27 à 74 ans, ont été condamnés à des peines s’échelonnant entre trois ans de prison dont deux avec sursis, et 15 ans de réclusion criminelle. Certains ont fait appel.En décembre, les mémoires de Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, “I’ll Never Call Him Dad Again” ont été publiées en langue anglaise. La version française “Et j’ai cessé de t’appeler papa” avait été publiée en français en 2022.

Dans les Yvelines, des chalets flottants menacés de destruction

Avec ses chalets flottants, l’étang de la Galiotte a de faux airs de lac canadien. C’est pourtant dans les Yvelines, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, que se nichent ces pittoresques bungalows, menacés de destruction.Le conseil départemental, propriétaire du terrain, a donné aux occupants des cabines jusqu’au 31 décembre pour les démanteler, jugeant qu’elles mettaient en péril la biodiversité et l’accessibilité du site.”On a constaté une détérioration de la berge”, explique Sophie Danlos, directrice de l’environnement pour le département.Dans un récent rapport environnemental sur le parc du Peuple de l’Herbe, qui abrite l’étang, l’agence Fox Consulting note que “la présence de nombreux cabanons […] est assez préjudiciable à l’expansion et à la présence pérenne des espèces floristiques et faunistiques”.”C’est un espace public qui a été progressivement privatisé avec la construction de murs de soutènement, de jardins privés, de clôtures”, avance également Mme Danlos.Carrière de sable désaffectée, le site d’une vingtaine d’hectares a été transformé en étang, alimenté par les eaux de la Seine mitoyenne et les nappes phréatiques. Dans les années 1960, d’anciens ouvriers de la carrière ont eu l’idée d’y bâtir des cabanons de pêche.Soutenus par des flotteurs ou des bouées, les chalets se sont sophistiqués au fil du temps pour devenir des lieux de villégiature prisés car proches de la capitale. On en dénombre aujourd’hui 37, sur la rive sud de l’étang.- “Havre de paix” -“C’est un havre de paix, un antidote contre le stress”, s’émerveille Alain Chambard, occupant d’un cabanon depuis une dizaine d’années, d’où il contemple bernaches et cygnes posés sur l’étang.”On ne peut pas s’attendre à un tel lieu à 30 km de Paris”, ajoute cet architecte de formation qui a acquis son chalet pour 30.000 euros et en a déboursé autant pour l’entretien et la rénovation.En découvrant le site, “on a eu l’impression d’avoir poussé une porte comme dans +Alice au Pays des Merveilles+”, se rappelle pour sa part Cécile Briard, jeune retraitée et propriétaire avec son mari d’une cabine depuis 2013.L’association de la Galiotte, dont la pétition pour sauver les chalets a recueilli près de 4.000 signatures, insiste sur la valeur patrimoniale des constructions.”C’est un très bel exemple d’architecture populaire avec un ensemble de maisons disparates, qui ont chacune leur caractère”, décrit son président, Emmanuel Soyer.Les occupants mettent aussi en avant la faible empreinte carbone de leurs habitations qui tirent leur énergie de panneaux solaires et d’éoliennes, sont équipées de toilettes sèches et consomment peu d’eau.Le profil socioprofessionnel des propriétaires est quant à lui très divers, assure M. Soyer: “Il y a aussi bien des ouvriers moldaves, attirés par le côté datcha de ces maisons en bois, que des cadres et des directeurs de laboratoire”.- Renaturation -Après l’enlèvement des chalets, le département souhaite renaturer la berge, indique Sophie Danlos. “On aura des plantations d’espèces adaptées pour maintenir les talus et profiter au développement de la biodiversité.”Des platelages (structures en planches) et des pontons d’observation doivent en outre permettre au public de “reprendre possession de cet espace” et doper la fréquentation du parc qui accueille déjà 600.000 visiteurs par an.Pour éviter le démantèlement, les occupants espèrent trouver un compromis.”On pourrait libérer les berges de l’occupation humaine en enlevant les appentis, pour la plupart en bois, tout en conservant les chalets qui ne gênent personne puisqu’ils sont sur l’eau”, suggère Emmanuel Soyer.L’association a aussi proposé de développer un projet éducatif et culturel en partenariat avec le conseil départemental.Mais le dialogue est rompu depuis fin 2022, le département reprochant la dégradation de l’état des parcelles.S’il reconnaît certains “comportements répréhensibles”, M. Soyer assure qu’il s’agit d’incidents isolés et que les cabanons sont bien entretenus.Face à la fermeté de la collectivité, les recours semblent toutefois limités. Les propriétaires des chalets ont en effet signé avec le département des conventions d’occupation de trois ans qui ne seront pas renouvelées en 2026.Certains d’entre eux anticipent, avec tristesse et amertume, la disparition imminente de leurs bungalows. “Si vous enlevez les cabanes, c’est juste un étang ordinaire”, soupire Alain Chambard.

Dans les Yvelines, des chalets flottants menacés de destruction

Avec ses chalets flottants, l’étang de la Galiotte a de faux airs de lac canadien. C’est pourtant dans les Yvelines, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, que se nichent ces pittoresques bungalows, menacés de destruction.Le conseil départemental, propriétaire du terrain, a donné aux occupants des cabines jusqu’au 31 décembre pour les démanteler, jugeant qu’elles mettaient en péril la biodiversité et l’accessibilité du site.”On a constaté une détérioration de la berge”, explique Sophie Danlos, directrice de l’environnement pour le département.Dans un récent rapport environnemental sur le parc du Peuple de l’Herbe, qui abrite l’étang, l’agence Fox Consulting note que “la présence de nombreux cabanons […] est assez préjudiciable à l’expansion et à la présence pérenne des espèces floristiques et faunistiques”.”C’est un espace public qui a été progressivement privatisé avec la construction de murs de soutènement, de jardins privés, de clôtures”, avance également Mme Danlos.Carrière de sable désaffectée, le site d’une vingtaine d’hectares a été transformé en étang, alimenté par les eaux de la Seine mitoyenne et les nappes phréatiques. Dans les années 1960, d’anciens ouvriers de la carrière ont eu l’idée d’y bâtir des cabanons de pêche.Soutenus par des flotteurs ou des bouées, les chalets se sont sophistiqués au fil du temps pour devenir des lieux de villégiature prisés car proches de la capitale. On en dénombre aujourd’hui 37, sur la rive sud de l’étang.- “Havre de paix” -“C’est un havre de paix, un antidote contre le stress”, s’émerveille Alain Chambard, occupant d’un cabanon depuis une dizaine d’années, d’où il contemple bernaches et cygnes posés sur l’étang.”On ne peut pas s’attendre à un tel lieu à 30 km de Paris”, ajoute cet architecte de formation qui a acquis son chalet pour 30.000 euros et en a déboursé autant pour l’entretien et la rénovation.En découvrant le site, “on a eu l’impression d’avoir poussé une porte comme dans +Alice au Pays des Merveilles+”, se rappelle pour sa part Cécile Briard, jeune retraitée et propriétaire avec son mari d’une cabine depuis 2013.L’association de la Galiotte, dont la pétition pour sauver les chalets a recueilli près de 4.000 signatures, insiste sur la valeur patrimoniale des constructions.”C’est un très bel exemple d’architecture populaire avec un ensemble de maisons disparates, qui ont chacune leur caractère”, décrit son président, Emmanuel Soyer.Les occupants mettent aussi en avant la faible empreinte carbone de leurs habitations qui tirent leur énergie de panneaux solaires et d’éoliennes, sont équipées de toilettes sèches et consomment peu d’eau.Le profil socioprofessionnel des propriétaires est quant à lui très divers, assure M. Soyer: “Il y a aussi bien des ouvriers moldaves, attirés par le côté datcha de ces maisons en bois, que des cadres et des directeurs de laboratoire”.- Renaturation -Après l’enlèvement des chalets, le département souhaite renaturer la berge, indique Sophie Danlos. “On aura des plantations d’espèces adaptées pour maintenir les talus et profiter au développement de la biodiversité.”Des platelages (structures en planches) et des pontons d’observation doivent en outre permettre au public de “reprendre possession de cet espace” et doper la fréquentation du parc qui accueille déjà 600.000 visiteurs par an.Pour éviter le démantèlement, les occupants espèrent trouver un compromis.”On pourrait libérer les berges de l’occupation humaine en enlevant les appentis, pour la plupart en bois, tout en conservant les chalets qui ne gênent personne puisqu’ils sont sur l’eau”, suggère Emmanuel Soyer.L’association a aussi proposé de développer un projet éducatif et culturel en partenariat avec le conseil départemental.Mais le dialogue est rompu depuis fin 2022, le département reprochant la dégradation de l’état des parcelles.S’il reconnaît certains “comportements répréhensibles”, M. Soyer assure qu’il s’agit d’incidents isolés et que les cabanons sont bien entretenus.Face à la fermeté de la collectivité, les recours semblent toutefois limités. Les propriétaires des chalets ont en effet signé avec le département des conventions d’occupation de trois ans qui ne seront pas renouvelées en 2026.Certains d’entre eux anticipent, avec tristesse et amertume, la disparition imminente de leurs bungalows. “Si vous enlevez les cabanes, c’est juste un étang ordinaire”, soupire Alain Chambard.

Face à la sécheresse, le paradis américain de l’escalade de glace s’allie à une mine

En équilibre sur ses piolets et crampons, Clint Cook grimpe un énorme mur d’eau gelée dans un canyon d’Ouray, épicentre de l’escalade de glace en Amérique du Nord, de renommée mondiale, s’adonnant à une activité particulièrement menacée par le changement climatique.Face à l’avenir précaire de ce sport d’hiver, l’alpiniste peut compter sur un allié inattendu: la mine voisine, qui a accepté de céder une partie de son eau pour aider à construire les façades de cristal de ce village du Colorado, dans l’ouest des Etats-Unis.Cette décision a laissé le guide de haute montagne “bouche bée”. “Accéder à une nouvelle source d’eau change vraiment la donne, pour éviter de puiser dans les réserves de la ville”, explique à l’AFP le quadragénaire.  Niché au cÅ“ur des Rocheuses, à 2.400 mètres d’altitude, Ouray est célèbre auprès des montagnards du monde entier pour son parc à glace artificiel. Depuis 30 ans, le village a installé des tuyaux pour faire ruisseler l’eau sur les parois d’une gorge voisine en hiver. L’endroit se transforme alors en majestueux palais de glace, avec des dizaines de voies gelées à gravir.Mais entre 2000 et 2021, le Colorado a subi une méga-sécheresse, aggravée par le changement climatique. Le futur d’Ouray a alors semblé fragile: le village avait moins d’eau pour abreuver son parc, alors que la fréquentation a explosé pour atteindre 5.000 grimpeurs par hiver.- “Pas de douche !” -“Certains faisaient le tour de la ville en criant: +Ne prenez pas de douche ce soir! Nous avons besoin de cette eau dans le réservoir pour produire de la glace+”, raconte M. Cook. La mine a accepté de lui louer des millions de litres d’eau par an, qu’elle a le droit de pomper dans un cours d’eau local, pour un dollar symbolique. Grâce à cet accord, la structure aura “entre trois et cinq fois plus d’eau” pour fonctionner à partir de l’hiver prochain, selon son directeur Peter O’Neil. De quoi sécuriser son existence pour “les 25 prochaines années” et “la prochaine génération de grimpeurs sur glace”, espère le septuagénaire. Au printemps, la glace fond et l’eau retourne dans la nature.Avec le réchauffement climatique, les conditions idéales pour faire geler l’eau ruisselante, qui nécessitent plusieurs nuits d’affilée sous les -7°C, se raréfient. D’où l’importance de pouvoir ouvrir les robinets en grand lorsqu’elles se présentent.L’accord a été accueilli avec soulagement à Ouray. Car le tourisme lié à l’escalade de glace rapporte jusqu’à 18 millions de dollars par hiver aux hôtels et commerces de ce village de 900 habitants, qui se vante d’être la “Suisse de l’Amérique”.Jen Brinkley voyage quasiment chaque saison depuis la Californie pour s’y rendre.Lorsqu’elle a commencé à grimper il y a 30 ans, “on ne se demandait jamais: +Et s’il n’y avait pas de glace ?+”, raconte cette quinquagénaire. – “Gagnant-gagnant” -L’eau supplémentaire la rassure, car elle va permettre de produire davantage de colonnes de glace, ce qui évitera la surfréquentation parfois dangereuse sur certaines parois.”Avec plus de voies ouvertes, les gens peuvent se disperser et tout le monde peut avoir une chance de grimper”, se réjouit-elle.Cette alliance entre une industrie flanquée d’une image de pollueur et des amoureux de la montagne est un accord “gagnant-gagnant”, selon Brian Briggs, l’ex-patron de la mine qui a scellé le partenariat.L’entreprise avait droit à un surplus d’eau pour un “usage récréatif” qu’elle n’utilisait pas et souhaitait améliorer son “acceptabilité sociale”, explique-t-il. Ouray a été fondé au XIXe siècle pendant la “ruée vers l’argent” au Colorado, un passé symbolisé par une statue de mineur à l’entrée du village.Mais après la perte de vitesse de l’industrie dans la région, il fallait convaincre certains habitants réticents de rouvrir une mine d’argent, un minerai essentiel pour fabriquer des panneaux solaires. Après avoir vu son industrie polluer irrémédiablement le fleuve Ankobra au Ghana, M. Briggs estime qu’il vaut mieux exploiter le riche sous-sol américain.”Nous disposons de certaines des réglementations environnementales les plus strictes au monde”, argue l’ingénieur minier. “Pousser notre exploitation des minéraux vers d’autres pays est vraiment une mauvaise politique environnementale.”