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“Ecrire, c’est penser”: les étudiants apprennent-ils moins bien avec ChatGPT ?

Quand Jocelyn Leitzinger a demandé à ses étudiants de raconter une anecdote personnelle sur la discrimination, elle a remarqué que la victime s’appelait souvent Sally. “Il était clair que c’était un prénom féminin courant pour ChatGPT”, se désole l’enseignante de Chicago.Ses étudiants “n’écrivaient même pas sur leur propre vie!”, s’étrangle Mme Leitzinger, qui enseigne sur le commerce et la société à l’Université de l’Illinois.La professeure estime qu’environ la moitié de ses 180 étudiants ont utilisé ChatGPT de manière inappropriée au cours du dernier semestre – y compris quand il s’agissait d’écrire sur les questions éthiques liées à l’intelligence artificielle (IA)… Et dit à l’AFP ne pas avoir été surprise par les résultats d’une récente recherche suggérant que les étudiants qui utilisent l’IA générative pour écrire des dissertations ont moins l’esprit critique.L’étude préliminaire, qui n’a pas encore été revue par des pairs, est devenue virale sur les réseaux sociaux, trouvant manifestement un écho chez de nombreux éducateurs confrontés à ces pratiques.Depuis sa publication le mois dernier, plus de 3.000 enseignants ont écrit à l’équipe de chercheurs du MIT qui l’a menée, a indiqué Nataliya Kosmyna, son autrice principale à l’AFP.Pour cette étude, 54 étudiants de la région de Boston ont été répartis en trois groupes. Ils devaient écrire des dissertations de 20 minutes, le premier en utilisant ChatGPT, le deuxième un moteur de recherche et le troisième seulement leurs méninges.Les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale des étudiants lors de sessions espacées de plusieurs mois et deux enseignants ont été chargés de noter les écrits.Les utilisateurs de ChatGPT ont eu des résultats significativement moins bons que ceux ayant utilisé leurs seules têtes. Des électroencéphalogrammes ont montré que différentes régions de leur cerveau se connectaient entre elles moins souvent.En outre, plus de 80% des utilisateurs de l’IA ne pouvaient citer aucun passage de la dissertation qu’ils venaient juste d’écrire, contre seulement 10% dans chacun de deux autres groupes.Au bout de la troisième session, ils semblaient se borner principalement à faire des copier-coller.- Ecrits sans âme – De leur côté, les enseignants chargés de corriger les copies ont déclaré être facilement capables de reconnaître celles, “sans âme”, écrites grâce à l’IA. Si la grammaire et la structure étaient correctes, elles manquaient de créativité, de personnalité et de réflexion profonde.Cependant, Mme Kosmyna nuance les interprétations de l’étude faites par certains médias, selon lesquels l’IA rendrait les gens stupides ou paresseux.Lors de la quatrième session, le groupe n’ayant jusque-là mobilisé que son cerveau a été invité à utiliser ChatGPT pour la première fois… et a affiché un niveau de connectivité neuronale encore plus élevé, souligne-t-elle.Il est trop tôt pour tirer des conclusions à partir d’un échantillon aussi réduit, selon la chercheuse, qui appelle à davantage d’études sur la façon de mieux utiliser les outils de l’IA afin de faciliter l’apprentissage.Ashley Juavinett, neuroscientifique à l’Université de Californie San Diego, qui n’a pas participé à la recherche, critique également certaines “extrapolations” faites à partir de l’étude.”Cet article ne fournit pas assez de preuves, ni de rigueur méthodologique pour en tirer des conclusions sur l’impact des grands modèles de langage (comme ChatGPT, ndlr) sur le cerveau”, déclare-t-elle à l’AFP.Pour Mme Leitzinger, ces résultats font cependant écho à sa perception de la façon dont les écrits de ses étudiants ont changé depuis l’arrivée de ChatGPT en 2022, avec moins de fautes d’orthographe mais aussi d’authenticité.L’émergence de l’intelligence artificielle est souvent comparée à l’introduction des calculatrices, qui a obligé les professeurs à changer leurs méthodes.Mais Mme Leitzinger s’inquiète du fait que les étudiants n’ont plus besoin d’aucune connaissance de base avant d’utiliser l’IA, sautant l’étape essentielle de l’apprentissage.Le problème va bien au-delà de l’enseignement. Les revues scientifiques ont du mal face à l’afflux massif d’articles générés par l’IA. Et l’édition n’est pas en reste, alors qu’une start-up prévoit de publier 8.000 livres écrits par l’IA chaque année.”Ecrire c’est penser ; penser c’est écrire. Si l’on supprime ce processus, que reste-t-il de la pensée ?”, s’interroge M. Leitzinger.

Thai veteran politician set for single day as acting PM

Thailand’s acting prime minister is set to helm the country for only one full day Wednesday, standing in for suspended premier Paetongtarn Shinawatra before being replaced himself in a cabinet reshuffle.Transport minister and deputy prime minister Suriya Jungrungreangkit began his engagements by attending a ceremony in Bangkok celebrating the longevity of the prime minister’s office.The …

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Canicule: encore une journée suffocante avant de tourner la page de la vague de chaleur en France

Une grande partie de la France s’apprête à vivre mercredi une dernière journée de canicule après avoir suffoqué la veille sous des températures allant jusqu’à 41,4°C, une vague de chaleur précoce qui a également concerné des millions d’Européens.Restent en vigilance rouge l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher, à ce stade jusqu’à 22H00, a indiqué Météo-France dans son dernier bulletin de tout début de matinée. Les départements d’Ile-de-France, la Vienne, l’Indre, l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher ont eux été rétrogradés en orange.Si les maximales ne seront que de 25°C le long de la façade Atlantique, le thermomètre va encore atteindre jusqu’à 39°C dans d’autres régions, augurant d’une journée compliquée supplémentaire pour leurs habitants, assommés par la chaleur.Près d’Orléans, Salem Sardji, venu de la région parisienne avec ses enfants, a bravé mardi comme des milliers d’autres personnes l’interdiction de baignade pour se rafraîchir dans un bras de la Loire.”Il y a des risques mais là, on n’a pas le choix”, considérait ce père de famille venu sur une plage du plan d’eau aménagé de l’île Charlemagne, alors que le thermomètre affichait 38°C en fin d’après-midi.Dans la salle d’activités de l’hôpital gériatrique Pierre Garraud de Lyon, où un protocole renforcé est appliqué en période de canicule, les infirmières prenaient soin de passer au brumisateur les visages des seniors.Mardi, 2.200 écoles mal équipées, 12 collèges et un lycée ont fermé – environ 3% des établissements scolaires -, révélant l’inadaptation du bâti scolaire aux enjeux climatiques.Les nuits n’ont apporté que peu de répit: Météo-France prévoyait des températures encore comprises entre 20 et 23°C au plus frais de la nuit de mardi à mercredi. A Paris, il faisait 25°C vers 05H00 mercredi.”Du fait du réchauffement climatique provoqué par l’homme, la chaleur extrême devient plus fréquente et plus intense”, a rappelé Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), y voyant un phénomène avec lequel “nous devons apprendre à vivre”.- Chaleurs “tueuses silencieuses” -Le reste de l’Europe, notamment du Sud, a également souffert de ces fortes chaleurs, qualifiées de “tueuses silencieuses” par l’ONU, avec des alertes à la population du Portugal jusqu’à la Croatie et la Grèce, ainsi qu’en Allemagne, en Autriche et en Suisse.Paris, connue pour sa densité urbaine et son manque d’espaces verts, avait été placée en alerte rouge mardi pour la première fois depuis cinq ans, avec un thermomètre frôlant les 38°C, le sommet de la Tour Eiffel fermé, des parcs maintenus ouverts la nuit et les voitures polluantes interdites à la circulation.Cette “circulation différenciée” devait être levée mercredi à 6H00, a indiqué la Préfecture du police, les prévisions faisant état d'”une persistance de l’épisode de pollution (…) avec toutefois une diminution des concentrations de polluants en ozone”. La réduction de 20 km/h des vitesses maximales autorisées dans tout le périmètre du Grand-Paris doit elle rester en vigueur toute la journée.”Avec la canicule, on va sûrement être à plus 30%, plus 40% d’appels par rapport à la normale”, a estimé auprès de l’AFP le Pr Frédéric Adnet, chef de service du SAMU 75 AP-HP.Les fortes chaleurs peuvent provoquer déshydratation, crampes musculaires, maux de tête ou nausées, le risque le plus grave étant le coup de chaleur, qui peut mener jusqu’au décès, en particulier chez les personnes fragiles.Pour protéger les plus âgés, des initiatives sont prises partout en Europe, avec par exemple des visites guidées gratuites de musées climatisés à Venise ou la gratuité des piscines à Rome.En Espagne, le gouvernement a activé un protocole pour renforcer la protection des femmes vulnérables durant l’été, soulignant que l’augmentation des températures avait un impact sur les violences de genre.Dans la province de Lérida en Catalogne, dans le nord-est du pays, les pompiers ont par ailleurs annoncé mardi la découverte de deux corps après un incendie.Cet épisode de fortes chaleurs “est inhabituel car il est extrême, très tôt dans la saison estivale et que le changement climatique l’a très certainement aggravé”, a relevé auprès de l’AFP Samantha Burgess, climatologue pour l’observatoire européen Copernicus.Selon une publication d’Allianz Trade mardi, l’économie européenne pourrait perdre 0,5 point de croissance en 2025 en raison des récentes vagues de chaleur.L’impact sanitaire sera lui plus long à mesurer. En France, selon le ministère de la Santé, une première estimation de la surmortalité pendant la période sera connue deux semaines environ après la fin de la canicule, mais ce n’est qu’à l’automne que des données détaillées basées sur l’exploitation des données médicales seront disponibles.

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Aux Philippines, l’île de Palawan tente de résister à l’exploitation minière

Un amas de nickel domine la rizière que la famille de Moharen Tambiling cultive à Palawan depuis des générations: sur cette île des Philippines, les autorités espèrent maîtriser l’exploitation minière grâce à l’adoption d’un moratoire.”Ils nous ont dit avant le début de leurs opérations que cela ne nous affecterait pas, mais les effets sont indéniables aujourd’hui”, dit-il à l’AFP.”Les pangolins, les phacochères, les oiseaux disparaissent. Les fleurs aussi.”L’île de Palawan, destination touristique idyllique de l’ouest des Philippines, possède de vastes gisements de nickel, nécessaire à la fabrication de batteries de véhicules électriques et de nombreux types d’acier inoxydable.En mars, le conseil gouvernemental de l’île a approuvé à l’unanimité un moratoire de 50 ans sur les nouvelles demandes d’exploitations minières.”Nous sommes les témoins des effets de l’exploitation minière à long terme dans le sud de Palawan”, confie à l’AFP Nieves Rosento, une ancienne conseillère qui s’est battu pour son adoption.En 2021, le pays d’Asie du Sud-Est a levé une interdiction de neuf ans sur les licences, ce qui a débloqué des centaines de demandes et permis le dépôt de nouvelles.Pourtant, quatre ans plus tard, les exportations de minerais représentent toujours moins de 2% du PIB. Et malgré les promesses d’emplois, la réticence aux projets grandit localement.- Inondations -Selon la société d’exploitation Ipilan, l’augmentation de la production se traduira par des royalties plus importantes pour les populations locales et des recettes fiscales plus élevées. Mais Alayma, la soeur de M. Tambiling, perd confiance.Cette mère célibataire de six enfants gagnait autrefois entre 1.000 et 5.000 pesos philippins par jour (15 à 75 euros environ) en vendant des homards pêchés à l’endroit où se trouve aujourd’hui la jetée.Une compensation unique de 120.000 pesos (un peu plus de 1.800 euros) lui a été proposée. Offre qu’elle qualifie d’insultante.”Les moyens de subsistance de tous les peuples autochtones dépendaient de cette zone”, alerte-t-elle.Au-dessus de la rizière de M. Tambiling, des pans entiers de montagnes ont été déboisés, ce qui provoque des inondations qu’il décrit comme “redoutables, profondes et rapides”.La mine d’Ipilan a été sanctionnée pour avoir abattu des arbres dans des “zones de protection maximale”, mais ses activités se poursuivent.Les doléances à sa société mère, Global Ferronickel Holdings, sont restées sans réponse.Il est certes “possible d’éliminer la pollution en utilisant des véhicules électriques”, témoigne Jeminda Bartolome, métayère qui milite contre l’exploitation minière.”Mais il faut aussi étudier ce qui se passe dans la région”, ajoute-t-elle.- “Pas de royalties” -Au sud ouest de Brooke’s Point, à Rio Tuba, la plus ancienne mine de nickel du pays est en pleine expansion.Le vice-président de l’entreprise, Jose Bayani Baylon, insiste fièrement sur le fait que l’exploitation minière a transformé un marais autrefois difficilement accessible en une “localité premium”.”Vous avez un aéroport, vous avez un port (…), un hôpital, vous avez des infrastructures que beaucoup d’autres communautés n’ont pas”, explique-t-il.Il rejette les critiques, affirmant que l’exploitation minière ne concerne qu’une petite partie de Palawan et qu’elle est fortement réglementée.Des milliers d’arbres ont été abattus depuis janvier, mais M. Baylon affirme que “selon la loi, pour chaque arbre coupé, il faut en planter 100″.Selon l’ONG Global Witness, les permis d’exploitation et de prospection minières concernent un cinquième des terres autochtones des Philippines.”Certains peuples autochtones n’ont pas reçu de royalties au cours des dix dernières années”, affirme Nieves Rosento.Kennedy Coria, un habitant qui déclare ne savoir ni lire ni écrire, a expliqué devoir signer un document chaque année.”On recevait environ quatre kilos de riz de la part du chef de la communauté”, en gage de rétribution pour les bénéfices de la mine, témoigne-t-il.L’avocate en droit de l’environnement Grizelda Mayo-Anda affirme que ce moratoire pourrait stopper 70 projets couvrant 240.000 hectares.Entre 2001 et 2024, la province de Palawan a perdu 219.000 hectares de forêt, selon Global Forest Watch.Le moratoire de Palawan n’empêchera pas l’expansion de Rio Tuba ni les activités d’Ipilan, mais ses soutiens pensent qu’il ralentira l’exploitation minière.Des défis se profilent néanmoins à l’horizon: une récente décision de la Cour suprême a annulé l’interdiction de l’exploitation minière dans la province voisine de Mindoro Occidental.

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Climat: l’UE met enfin son objectif 2040 sur la table

Après plusieurs mois de flottements, la Commission européenne soumet enfin mercredi aux États membres son objectif climatique en 2040. Bruxelles promet de maintenir des ambitions élevées, mais devrait introduire des “flexibilités” face aux réticences de certains pays.L’exécutif européen dévoilera sa proposition à la mi-journée, alors que le sud de l’Europe étouffe sous des températures extrêmes, conséquence du réchauffement climatique qui augmente l’intensité et la fréquence des canicules.Comme elle le recommandait il y a plus d’un an déjà, la Commission devrait maintenir l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90% en 2040 par rapport à 1990.Mais, pour tenter de rallier les États les plus sceptiques, l’exécutif européen est prêt à introduire de la souplesse dans le calcul, au grand dam des organisations environnementales.A partir de 2036, la Commission pourrait autoriser les vingt-sept à prendre en compte l’acquisition de crédits carbone internationaux, à hauteur de 3% du total, afin de financer des projets en dehors de l’Europe, selon un document de travail consulté par l’AFP.Les ONG y sont fermement opposées. Études scientifiques à l’appui, elles remettent en cause l’impact “réel” de tels crédits sur les réductions d’émissions de CO2.”3%, ce n’est pas négligeable. Ce sont potentiellement des sommes considérables qui vont être dépensées à l’étranger au lieu de financer la transition” en Europe, regrette Neil Makaroff, un expert du centre de réflexion Strategic Perspectives.”Mais il y a un compromis politique à trouver”, concède ce spécialiste du climat. “L’enjeu, ce sera que l’Union européenne mette en place un standard pour que ces crédits internationaux permettent réellement de baisser les émissions et ne pas laisser les États faire chacun à leur sauce”.- Calendrier serré avant Belem – Une fois dévoilée mercredi, la proposition de la Commission devrait être discutée informellement entre les ministres de l’Environnement mi-juillet avant un éventuel vote le 18 septembre, et une transmission du texte au Parlement européen.Bruxelles espère toujours que l’objectif 2040 sera approuvé avant la conférence climat de l’ONU (COP30), en novembre à Belém au Brésil.Mais le calendrier est très serré, et les négociations s’annoncent délicates dans une Europe de plus en plus à droite.Le commissaire européen chargé du climat Wopke Hoekstra fait le tour des capitales depuis des mois pour tenter de trouver un compromis.Certains États ont déjà critiqué ouvertement les ambitions climatiques de l’Europe comme la Hongrie du nationaliste Viktor Orban ou la République tchèque, qui défend son industrie lourde.L’Italie de Giorgia Meloni suggérait quant à elle de s’en tenir à une baisse des émissions de 80 ou 85% en 2040.D’autres soutiennent la Commission, comme l’Espagne ou le Danemark, qui vient de récupérer la présidence tournante de l’UE pour six mois. Les “flexibilités” de 3% envisagées par l’UE correspondent également aux exigences de l’Allemagne, dans l’accord de coalition du nouveau gouvernement.La France défend de son côté une position plus ambiguë. Paris ne s’oppose pas directement aux 90%, mais critique la méthode employée.Emmanuel Macron en a fait un des sujets du sommet européen de jeudi dernier à Bruxelles. L’Élysée réclame des garanties sur la décarbonation de l’industrie et un soutien à l’énergie nucléaire, l’une des clés de cette négociation.Du point de vue des obligations internationales, le président français souligne aussi que l’UE doit seulement présenter une trajectoire 2035 — et non 2040 — à la COP30 au Brésil cet automne.”Ne nous surcontraignons pas”, “si on a (un objectif 2040) pour Belém super, si cela doit prendre plus de temps, prenons-le”, a réclamé Emmanuel Macron à Bruxelles.2040 est une étape cruciale pour l’Europe qui ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2050.Avec à la clé des transformations majeures pour l’industrie comme pour le quotidien des Européens: électrification des voitures, sortie progressive des énergies fossiles, rénovation énergétique des bâtiments…

Nouvelle-Calédonie: Macron ouvre un sommet à Paris, sur fond d’incertitudes persistantes

Emmanuel Macron ouvre mercredi à Paris un sommet censé tracer un avenir politique et économique pour la Nouvelle-Calédonie, un an après les émeutes meurtrières, mais les lignes de fracture entre indépendantistes et loyalistes restent profondes et le format soulève de nombreuses interrogations.Le chef de l’État doit s’exprimer à 15h00 à l’Élysée devant les délégations politiques du territoire, avant leur départ vers un hôtel à Bougival (Yvelines), où les discussions se poursuivront à huis clos jusqu’au weekend, sans date butoir fixée.La démarche présidentielle “vise à instaurer un dialogue garant d’un équilibre politique, social et culturel durable, adapté à la réalité calédonienne”, a affirmé l’Élysée, qui souhaite “dépasser les logiques d’opposition pour construire un avenir partagé, équilibré et pérenne”.L’objectif est de relancer les discussions institutionnelles, mais aussi économiques et sociales, dans un territoire encore exsangue après les violences de mai 2024, qui ont fait 14 morts et coûté plus de 15% de son PIB.Mais le contenu et le déroulé du “Sommet pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie” restent flous. Des séquences “hybrides” avec les acteurs économiques, sociaux et la société civile sont prévues en journée. Les négociations politiques auront lieu en soirée et pendant le weekend.”Au pays, on se pose beaucoup de questions sur la pertinence de ce format-là”, a souligné le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou, qui estime que “la méthode ayant permis jusqu’ici de garder les gens à la table est remise en cause”.Le chef de l’État a souhaité relancer le dialogue après l’échec des négociations de Deva, en mai, qui avaient vu les délégations indépendantistes et loyalistes se quitter sans parvenir à un accord après trois jours de “conclave” sous l’égide du ministre des Outre-mer Manuel Valls. Depuis, “le fil du dialogue” n’a pas été rompu, a noté le ministre des Outre-mer, qui veut croire à un accord encore possible: “Il faut de la paix civile, il faut de la stabilité dans la durée. Tout le monde en est conscient des deux côtés”.- “Implosion sociale” -Mais les positions restent radicalement opposées. Le projet de “souveraineté avec la France” proposé en mai par M. Valls – incluant une double nationalité et une délégation des compétences régaliennes – a suscité la colère des non-indépendantistes.”On ne peut pas repartir pour un round de négociation qui reprend ce qu’a proposé Manuel Valls”, a averti une source loyaliste: “Le président de la République a annoncé qu’il proposerait un nouveau projet. On attend qu’il nous le présente”. Le député loyaliste Nicolas Metzdorf a affirmé toutefois venir “essayer de trouver un compromis avec l’État et les partenaires indépendantistes”. Il appelle également à plus de clarté sur la vision de l’État.”Ce qu’on attend, c’est une ambition pour la Nouvelle-Calédonie. Qu’est-ce que la France souhaite pour la Nouvelle-Calédonie, quelles perspectives la France veut lui donner ?”, a-t-il dit.Côté indépendantiste, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a rappelé qu’aucun compromis ne pourra être envisagé “en deçà” du socle proposé à Deva.”Vous saurez tout de suite si ça fait long feu ou pas”, a glissé mardi Emmanuel Tjibaou, appelant à “inscrire de manière définitive un statut qui prenne en compte les aspirations de ce peuple kanak”.De son côté, le président de la République reste discret sur ses intentions réelles. Un an après les émeutes, les élus locaux s’inquiètent d’un climat toujours tendu mais surtout d’une crise économique persistante.Une large partie des discussions sera consacrée à l’économie et à l’avenir du nickel, ressource stratégique de l’archipel. Car “même un accord politique n’empêchera pas de devoir relever des défis immenses”, a estimé Manuel Valls, mettant l’accent sur le risque “d’implosion sociale” de l’archipel.”Il y a une prise de conscience de l’ensemble des acteurs politiques et économiques sur le fait qu’une absence d’accord serait désastreuse pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie”, a-t-il ajouté.

Macron et Poutine divisés sur l’Ukraine, prêts à coopérer sur l’Iran

Les présidents français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine se sont parlé mardi pour la première fois depuis septembre 2022, affichant leurs divergences sur le conflit en Ukraine mais se disant prêts à coopérer pour encadrer le programme nucléaire iranien après les dégâts causés par les frappes israéliennes et américaines.Cet échange était destiné en premier lieu à faire le point sur l’Iran – Paris et Moscou étant cosignataires de l’accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien – mais a aussi en partie porté sur l’Ukraine.Emmanuel Macron a souligné “le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine”, a insisté l’Elysée, alors que la Russie occupe près de 20% de ce pays.Il a appelé à “l’établissement, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit”, a poursuivi l’Elysée.Les frappes russes contre l’Ukraine ont augmenté ces dernières semaines. L’Ukraine a de son côté mené mardi une nouvelle attaque en profondeur en Russie, à 1.000 kilomètres de son territoire, contre une usine fabriquant “des systèmes de défense antiaériens” et “des drones” à Ijevsk.Le président russe a prévenu son homologue français que tout accord de paix en Ukraine devait être “global et sur le long terme, prévoir l’élimination des causes profondes de la crise ukrainienne et s’appuyer sur de nouvelles réalités territoriales”, a de son côté souligné le Kremlin.Moscou a déjà revendiqué l’annexion de quatre régions ukrainiennes, en plus de la péninsule de Crimée, qu’elle a envahie en 2014.Pour Vladimir Poutine, le conflit ukrainien est “une conséquence directe de la politique des Etats occidentaux”, qui ont “ignoré les intérêts sécuritaires de la Russie depuis des années” et créé une “tête de pont anti-russe en Ukraine”. – “Rien à discuter” – Malgré leurs positions très éloignées, les deux dirigeants, qui se sont entretenus durant “plus de deux heures au téléphone”, sont convenus de continuer “d’échanger” sur le conflit en Ukraine, a précisé l’Elysée.Ils étaient conjointement à “l’origine” de cet appel, a relevé l’Elysée.  Emmanuel Macron avait averti le président ukrainien Volodymyr Zelensky de son intention de joindre le maître du Kremlin. Il a aussi échangé avec lui après l’appel, a ajouté la présidence française. Le dernier échange entre les dirigeants français et russe remontait au 11 septembre 2022 et avait porté sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les Russes et dont la sécurité était alors menacée.Le président français, qui s’était vu reprocher de continuer à parler au maître du Kremlin pendant des mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, en février 2022, a ensuite cessé tout contact, accusant Vladimir Poutine de “mentir” sur ses intentions et sa volonté de paix.Il a donc pris le risque de renouer avec lui, dans la foulée de Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, pour parler d’Iran mais sans omettre de rappeler ses exigences sur l’Ukraine, souligne-t-on à Paris.Pour la politologue russe Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet de conseil R.Politik, cet appel “ne veut pas dire que l’Ukraine va perdre tout soutien”. “Il montre plutôt la volonté des Européens d’avoir une place à la table” des négociations, même s’il “n’y a rien à discuter” pour l’instant du fait de l’intransigeance russe, a-t-elle déclaré à l’AFP. – La diplomatie d’abord – Concernant le nucléaire iranien, les deux dirigeants ont “décidé de coordonner leurs démarches et de se parler prochainement afin de faire le suivi ensemble” du dossier, selon l’Elysée.Malgré les dommages subis par ses installations nucléaires, Téhéran dispose des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici “quelques mois”, estime le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi. A cet égard, MM. Poutine et Macron ont martelé que les crises au Moyen-Orient devaient être résolues “par la diplomatie”, a renchéri la présidence russe.Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un “règlement durable et exigeant du dossier nucléaire, de la question des missiles de l’Iran et de son rôle dans la région”, a poursuivi l’Elysée.Le président français a demandé que les inspecteurs puissent “reprendre leur travail sans délai” en Iran, alors que Téhéran menace de rompre avec l’AIEA.Vladimir Poutine a de son côté insisté sur le fait que l’Iran avait “le droit” de développer un programme “nucléaire civil”, a précisé le Kremlin.Emmanuel Macron avait annoncé jeudi son intention de parler “dans les prochains jours” avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU pour faire en sorte que l’Iran respecte le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).Outre la France et la Russie, les autres membres permanents sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Chine.

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Les agriculteurs bio dénoncent un “hold-up” sur leurs aides

La Fédération nationale d’agriculture biologique a déploré mardi un “hold-up” après l’annonce par le gouvernement de la réaffectation à des mesures sans lien avec l’agriculture biologique de plus de la moitié du reliquat d’aides européennes à l’origine prévues pour la conversion au bio.Cette décision “signe le pas d’un désengagement sans précédent de l’État dans son soutien à l’agriculture biologique”, estime la FNAB, dont les représentants ont quitté la réunion du Conseil supérieur d’orientation du ministère de l’Agriculture après que la ministre Annie Genevard a fait cette annonce.Dans le cadre de la PAC 2023-2027, 340 millions d’euros annuels devaient en moyenne être mobilisés pour la conversion à l’agriculture biologique en France. Mais sur 2023 et 2024, 257 millions de reliquats ont été accumulés, les conversions ayant été moins importantes que prévu.”La replanification des crédits européens disponibles pour les campagnes 2023 et 2024 nous permet d’en optimiser l’utilisation au service de nos agriculteurs, de la résilience des exploitations et de notre souveraineté alimentaire”, a déclaré Annie Genevard dans un communiqué.”Elle évite aussi la perte de fonds non consommés en début de programmation”, a-t-elle ajouté en assurant avoir “veillé à ce qu’une part importante de ces crédits soit orientée vers l’agriculture biologique”.”Ces crédits européens viennent compléter les outils nationaux déjà en place, notamment le crédit d’impôt pour les producteurs bio, que j’ai obtenu de reconduire en 2025 à son niveau majoré de 4.500 € par an”, a-t-elle encore déclaré.Selon l’arbitrage présenté par le ministère pour les campagnes 2026 et 2027, 96 millions de reliquat seront reversés sous forme d’aide au maintien de la bio (soit 110 euros annuels par an et par hectare au lieu de 96) et 12 millions, à un programme de modernisation des outils de la filière laitière bio.Le reste du reliquat sera ventilé indépendamment du mode de production: 55 millions à de jeunes agriculteurs, 15,2 millions à la filière ovine, 15 millions à celle du blé dur, 34 millions aux investissements portées par les régions, 33 millions aux mesures agro-environnementales et climatiques (Maec), des aides destinées à soutenir la transition des exploitations, en les encourageant par exemple à favoriser les prairies, développer l’élevage de plein air, planter des haies, utiliser moins d’engrais et de pesticides…Pour la FNAB, “au lieu de rééquilibrer le soutien entre conversion et maintien du bio, comme le font la plupart des pays européens”, “la ministre a fait son choix et ce choix sera délétère pour la bio”, mode de production sans pesticides et engrais de synthèse, aujourd’hui en crise.Ces “arbitrages ne répondent ni aux difficultés des fermes bio et maraîchères, ni aux besoins des paysans engagés dans la transition agroécologique”, a déclaré la Confédération paysanne: “si la revalorisation de l’ACJA (l’aide aux jeunes) ou de l’aide ovine va dans le bon sens, les moyens utilisés pour les financer sont inacceptables”.En revanche, la FNSEA “salue le renforcement des aides à la production” en estimant que “ces reliquats proviennent d’une inadéquation entre les objectifs de conversion en agriculture biologique fixés dans le PSN (Plan stratégique national) et la réalité de l’évolution des marchés”.Présent mardi à la réunion avec les représentants du monde agricole, Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, a salué ces choix car, selon lui, “la situation nécessite effectivement d’accompagner les agriculteurs en agriculture biologique mais (…) au rythme où le marché progresse”.Pour Chambres d’agriculture France, cela “permet de conforter les producteurs. Pour autant la relance durable de l’agriculture biologique dépendra aussi de la capacité de l’ensemble des acteurs de la chaîne, y compris la grande distribution, à faire remonter les prix vers les producteurs”.L’agriculture biologique représente à ce stade 10,1% des surfaces agricoles, mais la loi fixe un objectif de 21% d’ici 2030 (l’UE visant 25%).