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Portugal: un feu de forêt a ravagé une surface record de 64.000 hectares

Près de 1.000 pompiers restaient mobilisés lundi dans le centre du Portugal pour éviter tout nouvel embrasement d’un feu de forêt circonscrit la veille et qui, selon les premières estimations, a brûlé une surface record de plus de 64.000 hectares.Ce brasier, qui a sévi pendant onze jours dans sept communes au confluent des districts de Coimbra, Guarda et Castelo Branco, a ravagé 64.451 hectares, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’Autorité nationale de la protection civile, le commandant Telmo Ferreira.Il s’agit de l’incendie le plus vaste jamais enregistré au Portugal, selon les données de l’Institut pour la conservation de la nature et des forêts (ICNF), dépassant le précédent record de 53.000 hectares dévastés par un seul feu de forêt, en octobre 2017.Ce brasier, provoqué par plusieurs éclairs tombés dans une zone de difficile accès, ne présentait lundi plus de risque de propagation mais mobilisait toujours “963 pompiers soutenus par 300 véhicules” dans des “opérations de surveillance”, même si ces effectifs devraient être réduits dans les prochaines heures, a précisé la commandant Ferreira.Le Portugal a retrouvé lundi un peu de répit sur le front des incendies avec aucun foyer majeur recensé par la protection civile.Comme l’Espagne voisine, le Portugal a été touché par des incendies dévastateurs cet été.Depuis fin juillet, les feux de forêt ont fait quatre morts et plusieurs blessés, détruit habitations et cultures, ravageant au total quelque 278.000 hectares, selon des données du Système européen d’information sur les feux de forêt (EFFIS).Lors de l’année noire de 2017, plus de 563.000 hectares avaient brûlé dans des incendies qui ont fait 119 morts au Portugal, une année record depuis que l’EFFIS a commencé l’enregistrement de ces données en 2006.Face à l’ampleur des feux, le Portugal a obtenu des renforts internationaux dans le cadre du mécanisme européen de protection civile.Le gouvernement a annoncé une série de mesures d’urgence en faveur des populations touchées, dont le financement de la reconstruction des résidences principales détruites ou encore des aides pour les agriculteurs.La péninsule ibérique est fortement touchée par le changement climatique qui provoque des vagues de chaleur et des sécheresses plus longues, asséchant la végétation et favorisant ainsi les incendies de forêt, selon les experts.

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Dignité restaurée: dans un bidonville de Nairobi, des femmes récoltent du plastique contre un accès à des sanitaires

Appuyée sur une béquille, Molly Aluoch, 85 ans, avance péniblement depuis sa petite chambre aux murs tapissés de terre. Sur son dos, un sac de plastiques usagés qu’elle peut échanger contre une douche ou des toilettes.Depuis 31 ans qu’elle vit à Kibera, le plus grand bidonville du Kenya, l’accès à l’eau et l’assainissement restent rares et chers pour elle comme pour la plupart des habitants. De petits groupes informels contrôlant l’accès au précieux liquide imposent souvent des prix inabordables.L’ONG Human Needs Project (HNP, projet pour les besoins humains), cherche depuis une dizaine d’années à atténuer cette précarité.Les résidents peuvent échanger des plastiques qu’ils ont récupérés contre des “points verts”. Ces crédits leurs permettent ensuite d’utiliser des toilettes, des douches, un service de blanchisserie ou d’obtenir des repas.”Avec mes points verts, je peux maintenant accéder à des toilettes et une salle de bain confortables et propres à tout moment de la journée”, se réjouit Molly Aluoch.L’octogénaire dépensait auparavant 10 shillings (7 centimes d’euros) à chaque fois qu’elle devait se soulager ou se doucher.Un budget important par rapport aux 200 à 400 shillings (1,3 à 2,6 euros) que gagnent quotidiennement nombre d’habitants de Kibera, qui doivent avec si peu d’argent également se loger, se nourrir, se vêtir, payer l’éducation de leurs enfants…”Cela signifiait que sans argent, je ne pouvais pas utiliser de toilettes”, se souvient la vieille dame, qui emploie désormais les fonds économisés pour donner à manger à ses trois petits-enfants. Molly Aluoch, une accoucheuse traditionnelle, fait partie d’un groupe d’environ 100 femmes qui collectent des plastiques en échange de “points verts”. Elle les apporte à un centre HNP, situé à environ 200 mètres de chez elle. Un kilo de plastiques lui procure 15 points verts, équivalant à 15 shillings.Depuis 2015, le projet a distribué plus de 50 millions de litres d’eau et permis plus d’un million d’utilisations de toilettes et de douches. – “Plusieurs jours sans eau” -Un grand pas en avant pour ses bénéficiaires tant l’eau est une ressource précieuse à Kibera: il est ainsi fréquent que des vendeurs créent des pénuries artificielles pour augmenter les prix, ruinant les habitants impécunieux.Alors que le service des eaux de Nairobi facture entre 0,5 et 0,7 euro le mètre cube pour les foyers connectés, les habitants de Kibera doivent dans les pires moments débourser jusqu’à 17 dollars pour la même quantité.”Nous pouvions passer plusieurs jours sans eau”, soupire Magret John, 50 ans, mère de trois enfants, dont la vie s’est grandement améliorée.”Le point d’eau est à ma porte. L’approvisionnement est constant et l’eau est propre. Tout ce que je dois faire, c’est collecter des plastiques, obtenir des points, les échanger et obtenir de l’eau”, souligne-t-elle.Le projet bénéficie particulièrement aux femmes et aux filles en leur garantissant “des services sanitaires adéquats” pendant qu’elles ont leur règles, souligne John, qui vit depuis neuf ans à KiberaAvec 10 points d’eau répartis à travers le bidonville, HNP dit protéger les résidents des prix abusifs des vendeurs informels tout en s’attaquant au problème croissant des déchets à Kibera.”Quand les gens ne peuvent pas accéder à des toilettes et des salles de bain dignes, c’est l’environnement qui en pâtit”, observe le directeur des partenariats stratégiques du HNP, Peter Muthaura.Au premier trimestre 2025, les habitants de Kibera ont ainsi récolté deux tonnes de plastiques recyclables, souligne HNP.Pour Molly Aluoch, chaque sac de plastiques et chaque point vert gagné vont au-delà du seul accès à l’eau.”Ma prière est que ce projet s’étende à chaque coin de Kibera”, lance-t-elle, afin qu’il “atteigne des milliers de femmes dont la dignité a été volée par l’absence de services sanitaires”. 

Un an après son arrestation, le fondateur de Telegram critique l’enquête qui “peine” le visant

Pavel Durov, fondateur de Telegram, a critiqué dans un message sur son canal officiel l’enquête française le visant, qui selon lui “peine toujours à établir une quelconque irrégularité”, un an après sa retentissante arrestation.”Il y a un an, la police française m’a placé en garde à vue pendant quatre jours parce que certaines personnes dont je n’avais jamais entendu parler utilisaient Telegram pour commettre des infractions”, a lancé dans un message publié dimanche soir cet homme aux multiples nationalités, né en Russie et âgé de 40 ans.”Un an plus tard, l’+enquête criminelle+ menée contre moi peine toujours à établir une quelconque irrégularité de ma part ou de la part de Telegram”, a souligné cet homme richissime.”Arrêter le fondateur et dirigeant d’une grande plateforme pour les agissements de ses utilisateurs n’était pas seulement inédit — c’était juridiquement et logiquement absurde”, a-t-il encore ajouté, assurant une fois de plus que “nos pratiques de modération sont conformes aux normes du secteur, et Telegram a toujours répondu à toutes les demandes juridiquement contraignantes de la France”.Comme il le fait depuis un an, le patron de Telegram a estimé que c’était “une erreur de la police elle-même”, qui “n’adressait aucune de ses demandes à Telegram via la procédure légale requise”, qui lui vaut ses poursuites en France, et non des manquements à ses obligations de modération.Et d’ajouter: “Elle aurait pu connaître la procédure à suivre simplement en la cherchant sur Google ou en posant la question”.Après avoir obtenu un allégement de son contrôle judiciaire mi-juin, M. Durov regrette de devoir “toujours revenir en France tous les 14 jours”.”Malheureusement, la seule conséquence de mon arrestation jusqu’ici a été un immense préjudice porté à l’image de la France comme pays de liberté. Une chose est sûre, toutefois: nous continuerons de nous battre — et nous gagnerons”, a encore dit M. Durov.Après son arrestation spectaculaire à sa descente d’avion, l’entrepreneur naturalisé français en 2021 a été mis en examen en août 2024 pour une litanie d’infractions relevant de la criminalité organisée, la justice française lui reprochant globalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur sa messagerie.Lors de son interrogatoire en décembre 2024, il avait reconnu avoir “pris connaissance en garde à vue de la gravité des faits” reprochés à sa plateforme.  

Bayrou entre dans le dur face aux risques de censure et de blocages

François Bayrou sera-t-il censuré sur son projet de budget à 44 milliards d’euros d’économies ? La grande explication de rentrée débute lundi par une conférence de presse du Premier ministre, sur fond d’appels à bloquer la France le 10 septembre.M. Bayrou s’exprimera lundi à 16h00 depuis des locaux gouvernementaux de l’avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris) où il a déjà tenu deux conférence de presse consacrées au budget, en avril et le 15 juillet.Depuis cette date, et l’annonce de 43,8 milliards d’euros d’économies via de nombreuses mesures –année blanche fiscale, gel des pensions et prestations sociales, suppression de deux jours fériés à laquelle s’opposent 84% des Français selon un sondage Odoxa pour Le Parisien–, le Premier ministre fait face à une menace de censure brandie par la gauche et le Rassemblement national.Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et soutenus par la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer “la grève générale”.Les écologistes et les communistes soutiennent également cet appel, que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dit vouloir “accompagner”.Circonspects face à ce mouvement “nébuleux” (Sophie Binet, CGT), qui évoque la crise des “gilets jaunes”, les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l’assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d’action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie– ont prévu de se mobiliser le 10 septembre.”Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays”, a jugé M. Bayrou dans des propos rapportés par la Tribune Dimanche.Après l’expérience de Michel Barnier, Premier ministre renversé au bout de trois mois, François Bayrou “ne veut pas subir la rentrée”. “Il ne va pas attendre qu’on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses”, explique un de ses proches.Le Premier ministre ne se contentera d’ailleurs pas de sa conférence de presse. Il s’exprimera mardi à l’évènement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef. Il doit se rendre vendredi à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne).-“Prise de conscience”-Si les quelque 44 milliards d’économies sont “intangibles”, “les mesures peuvent toutes être discutées. J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d’autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n’est pas possible, c’est qu’on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement”, a récemment insisté M. Bayrou auprès de l’AFP.Le Premier ministre, qui a été reçu par Emmanuel Macron jeudi à Brégançon (Var), est notamment attendu sur les contours de la “contribution des plus fortunés” évoquée le 15 juillet.Il est “prêt à bouger” sur le sujet, assure un de ses soutiens, alors que des membres du MoDem rappellent leur opposition à la suppression de l’ISF en 2017.Suffisant pour s’entendre avec le PS ? “En l’état, rien ne va et c’est la censure assurée”, a réaffirmé dimanche le député Arthur Delaporte, ajoutant que les socialistes présenteraient des “propositions alternatives” dans les “prochains jours”.Si une négociation budgétaire s’engage, alors François Hollande a appelé le PS à ne pas voter de “censure immédiate”, dès la rentrée parlementaire fin septembre, comme le feront les Insoumis dont “aucun parlementaire” n’ira aux concertations gouvernementales, selon leur cheffe de file à l’Assemblée Mathilde Panot.Le RN n’entend de toute façon pas voter la motion LFI fin septembre car “le débat budgétaire commence au mois d’octobre et c’est seulement à ce moment là qu’on verra les décisions prises”, selon son porte-parole Julien Odoul. Mais “s’il (François Bayrou) souhaite infliger une nouvelle punition aux Français, la chute est inévitable”, a-t-il prévenu sur Franceinfo.

Le chef Jean Imbert visé par une plainte d’une ex-compagne pour violences conjugales

Lila Salet, ancienne actrice et ex-compagne de Jean Imbert, a déposé plainte pour violences conjugales contre le célèbre cuisinier et ancien vainqueur de “Top Chef”, a-t-on appris auprès lundi auprès de la plaignante.L’ex-comédienne de 33 ans a déposé plainte samedi dans un commissariat de Versailles pour des faits qui se sont déroulés selon elle entre 2012 et 2013, au moment de sa liaison avec le chef, comme relaté par le magazine Elle. Lila Salet, notamment vue dans le film “Amour & turbulences” avec Nicolas Bedos et Ludivine Sagnier, s’était déjà confiée dans ce magazine en avril, aux côtés de trois autres anciennes compagnes accusant de violences physiques et psychologiques le chef de la célèbre adresse parisienne Plaza Athénée.Jean Imbert, 44 ans, a nié dans Elle avoir exercé la moindre violence physique ou psychologique envers ses ex-compagnes. Dans sa plainte, que l’AFP a pu consulter, Lila Salet, aujourd’hui à la tête d’une agence immobilière, fait notamment état de gifles récurrentes et d’une séquestration dans un hôtel. Début 2013, Lila Salet avait déposé plainte, avant de la retirer. Il y a quelques jours, Alexandra Rosenfeld, ancienne Miss France (2006), a révélé sur Instagram être une des ex-compagnes de Jean Imbert témoignant dans Elle contre lui sous un pseudonyme. Elle y accusait notamment l’ancien gagnant de Top Chef (2012) de lui avoir fracturé le nez, avec une radiographie à l’appui. C’est ce témoignage qui a déclenché la plainte de samedi de Lila Salet.”Avec moi, il avait été violent”, a-t-elle confié à l’AFP. “J’avais des doutes qu’il l’ait été avec Alexandra Rosenfeld, mais je suis tombée des nues de savoir qu’elle s’était fait péter le nez”. “Donc, évidemment, ça a ravivé une espèce de colère, surtout que moi, j’avais déposé plainte en 2013 et que malheureusement, prise de compassion à l’époque, je l’avais retirée”, relate encore l’ancienne comédienne.”Je veux que la justice soit rendue et que la vérité soit entendue”, conclut Lila Salet.Les communicants du chef, s’adressant à Elle, ont replacé ce coup de tête sur Alexandra Rosenfeld dans “un moment de violence subi par Jean Imbert alors qu’il était empoigné par” sa compagne et “s’en est dégagé”. Le cuisinier médiatique disait par ce même canal regretter “profondément les conséquences pour” l’ancienne Miss France, décrivant une relation “insoutenable, marquée par les insultes et les crises”.

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Méduses à la centrale nucléaire de Gravelines: tous les réacteurs affectés ont redémarré

Tous les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) arrêtés entre le 10 et le 11 août à cause d’un échouage massif de méduses dans leurs systèmes de filtration ont désormais redémarré, annonce lundi EDF.L’unité de production n°3, la dernière qui était encore à l’arrêt depuis cet incident exceptionnel, a été reconnectée samedi au réseau électrique national, et “les unités 2,4 et 6 sont en fonctionnement”, écrit EDF sur son site.L’unité n°6 avait été la première à redémarrer après l’incident, dès le 13 août, suivie de l’unité n°2 le même jour.Puis le réacteur n°4 a été remis en service le 20 août. Il a cependant été brièvement déconnecté “de manière préventive” samedi pendant une dizaine d’heures en raison d’une “recrudescence de méduses”, explique EDF.  Ces quatre unités de production s’étaient automatiquement arrêtées entre le 10 et 11 août après une arrivée “soudaine et massive” de méduses dans les tambours filtrants des stations de pompage d’eau de mer du site, situé au bord de la mer du Nord.Cet incident n’avait pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou sur l’environnement, selon EDF. Cela “n’a pas affecté le refroidissement des équipements assurant la sûreté des réacteurs”, avait confirmé à l’AFP l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ANSR).Gravelines, la plus grande centrale nucléaire d’Europe occidentale, s’était néanmoins retrouvée totalement à l’arrêt pendant près de 48H, comme ses deux autres unités de production (n°1 et n°5) sont actuellement en période de maintenance programmée.La centrale avait déjà vu sa production perturbée par une irruption massive de méduses dans les années 1990, selon EDF, et des cas similaires ont aussi été observés ailleurs dans le monde, aux Etats-Unis, en Ecosse, en Suède ou encore au Japon dans les années 2010.La présence de ces animaux marins gélatineux et urticants sur le littoral du nord de la france est régulière et saisonnière. Mais le signalement de grands bancs dans la zone chaque été devient plus fréquent, selon Dominique Mallevoy, responsable aquariologie au centre national de la mer Nausicaá à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), récemment interrogé par l’AFP.Différents facteurs expliquent la prolifération des méduses dans le monde. Parmi eux, l’augmentation des températures dans les océans, en lien avec le réchauffement climatique, et la surpêche du poisson, qui fait que les méduses ont moins de prédateurs et davantage de plancton disponible pour leur propre alimentation, selon M. Mallevoy et d’autres experts.

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Au Pakistan, les erreurs humaines exacerbent les catastrophes naturelles

Maisons ensevelies sous la boue, capitale économique à l’arrêt, électricité coupée et bilan humain catastrophique: au Pakistan, sans plans d’urbanisme ni entretien des canalisations, la mousson continuera à tuer, affirment les experts.Le Premier ministre lui-même en a convenu en visitant mercredi le nord-ouest où 450 personnes venaient de mourir emportées par des glissements de terrain.”Les catastrophes naturelles, c’est la volonté de Dieu, mais nous ne pouvons pas ignorer les facteurs humains. On ne peut plus laisser les jeux d’influence et la corruption contrôler l’attribution des permis de construire”, a dit Shehbaz Sharif.Dans les villages de montagne dévastés qu’il a visités, comme ailleurs, “de nombreuses maisons sont construites près des lits des rivières, qui sont des canaux d’écoulement naturels”, abonde auprès de l’AFP Sherry Rehman, ancienne ministre du Changement climatique.C’est le cas de la maison de Fazal Khan à Mingora, dans la vallée de Swat, en grande partie détruite par les inondations de 2010 qui avaient affecté près de quatre millions de Pakistanais.”Nous l’avons reconstruite en 2012 sur des fondations plus solides mais la semaine dernière, une fois de plus, les eaux ont déferlé et l’ont submergée”, raconte ce commerçant de 43 ans.Dans son village sans cadastre, ce père de famille dit n’avoir reçu aucune mise en garde des autorités et admet aujourd’hui que c’était “une erreur de construire si près d’un cours d’eau saisonnier”.- Problème “politique” -Depuis fin juin, la mousson qui apporte à l’Asie du Sud 70% de ses précipitations annuelles et est vitale pour l’agriculture, a fait près de 800 morts et un millier de blessés au Pakistan. Elle pourrait encore durer un mois.Pluies diluviennes, sécheresses intenses et coulées de boue se multiplient, sous les effets du changement climatique, mais aussi de l’extractivisme d’un pays décidé à convertir son riche sous-sol en devises grâce aux appétits américain et chinois.”L’altération de cours d’eau pour extraire des minerais et la réduction de la surface forestière, qui n’est plus que de 5%, le taux le plus bas d’Asie du Sud, jouent un rôle majeur car une forêt dense peut canaliser la furie de l’eau”, poursuit Mme Rehman.Et, face à ces débordements, les infrastructures pêchent: Karachi, la capitale économique — plus de 20 millions d’habitants — a recensé cette semaine dix morts en quelques heures, électrocutés ou écrasés sous les toits de leur maison.En cause? Des canalisations peu nombreuses ou bouchées par les déchets qui débordent à la moindre précipitation, un système de traitement des déchets inexistant, des routes trop basses et donc rapidement submergées, de mauvaises infrastructures ou encore un urbanisme anarchique, accuse pêle-mêle un rapport de la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP).Et tout ce que liste ce texte, pourtant paru après les inondations meurtrières de 2020, est encore d’actualité.Selon l’ONG, le problème est “politique”: les différents partis utilisent les permis de construire pour alimenter leur système clientéliste.Ils créent ainsi de nouveaux quartiers dans des zones censées être non constructibles ou érigent des bâtiments sur des canaux d’évacuations d’eau, tous à ciel ouvert et bouchés de fait.Dans la ville tentaculaire, une vingtaine de “juridictions – locales, provinciales, fédérales et cantonales” sont chargées de l’aménagement du territoire. Et toutes se renvoient la balle de l’entretien, accuse la HRCP.- “Tellement cher” -Quant aux projets de développement, ils règlent parfois un problème en en créant un autre, selon Arif Hasan, urbaniste à Karachi.Une rocade récemment construite obstrue ainsi trois canaux d’évacuation vers la mer et provoque des remontées d’eau durant les pluies d’été, a-t-il expliqué à un média local.”Karachi n’est pas devastée par la pluie, mais par des années de négligence”, résume, lapidaire, Taha Ahmed Khan, député d’opposition du Parlement provincial du Sindh.”Les constructions illégales et qui empiètent sur les canalisations d’eaux pluviales, ainsi que les routes de mauvaise qualité n’ont fait qu’aggraver la crise”.Le maire Murtaza Wahab, lui, dit réclamer chaque année, en vain, l’aide d’Islamabad.”C’est facile de dire qu’il faut étendre le réseau de canalisations, mais ça coûte tellement cher qu’il faudrait tout le budget national”, dit-il à l’AFP. Après les inondations monstres de 2020, poursuit-il, sa ville a rouvert trois canaux d’évacuation. “Couler le béton a coûté près de 90 millions de dollars, plus 50 millions pour reloger les déplacés, au total, on a dépensé 180 millions –et tout ça, seulement pour trois canaux”, dit-il. En juin, au vote du budget, l’opposition accusait la municipalité et ses bailleurs internationaux de n’avoir utilisé sur le terrain que 10% des fonds alloués à un projet de développement urbain.Ce plan quinquennal devait mettre fin aux tourments de la ville… en 2024!

Budget: Hollande hostile “à une censure immédiate” de Bayrou s’il négocie la répartition des efforts

François Hollande ne veut pas de “censure immédiate” du gouvernement Bayrou si celui-ci ouvre une négociation sur le budget dans laquelle le socialiste demande à revoir sensiblement la répartition des efforts demandés entre dépenses et recettes.Alors que les Insoumis entendent déposer une motion de censure dès la reprise des travaux parlementaires la semaine du 22 septembre, François Hollande a admis lundi sur France Inter “ne pas voir comment il serait possible de dire dialoguons, si cette proposition est faite, et censurons en même temps”. “Je ne dis pas que la censure n’est pas à un moment envisageable, elle est aujourd’hui probable, mais s’il doit y avoir un dialogue, il faut qu’il soit poursuivi jusqu’au bout” de la discussion budgétaire à l’automne, a déclaré l’ancien président socialiste.Le député de Corrèze, qui “ne pense pas que ce soit bon pour le pays qu’il y ait un chaos”, ne “peut pas imaginer que ce sera le même texte dans un ou deux mois”.Pour éviter la censure, François Hollande demande à François Bayrou, qui tient une conférence de presse de rentrée lundi après-midi, de revoir fortement la répartition des 43,8 milliards d’économies demandées.”Ce serait mieux si c’était effectivement 22 milliards en matière de dépenses, 22 milliards du côté de la recette” en regardant vers les plus favorisés, a-t-il suggéré. “S’il n’y a pas de rectifications sur le plan de la fiscalité du patrimoine, si les entreprises ne sont pas mises à contribution (…) alors oui, je ne vois pas comment il peut échapper à ce résultat (la censure)”, a-t-il jugé, Alors que le PS s’est dit prêt à “accompagner” les appels au blocage du pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux, François Hollande se veut prudent car “il faut avoir un débouché, l’idée de blocage n’est pas suffisante”.”Quand je ne connais pas les initiateurs et la direction d’un mouvement, quand je ne maîtrise pas les revendications, je regarde”, a-t-il averti. Quant à la récupération de ce mouvement par Jean-Luc Mélenchon, il estime que ce n’est pas “à un responsable politique de décréter la grève générale”. “Je crois à la démocratie politique et à la démocratie sociale. C’est aux organisations syndicales de fixer les mouvements, les revendications et même les dates de mobilisation”, a-t-il jugé. 

Prison de Vendin-le-Vieil: vague de recours contre les transferts dans le quartier pour narcotrafiquants

Deux détenus contestent lundi devant le tribunal administratif de Lille leur placement dans le nouveau quartier de haute sécurité de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), alors que des recours se multiplient partout en France contre ces transferts et les conditions de détention.A Lille, Me Delphine Boesel plaidera en référé-suspension pour ses deux clients lors d’audiences prévues à 14H et 15H30. “Nous contestons ces décisions de placement au QLCO (quartier de lutte contre la criminalité organisée, NDLR), mes clients n’ont pas à y être. L’un est un condamné définitif engagé dans une démarche de réinsertion, rendue impossible ou extrêmement compliquée. L’autre ne répond pas aux critères”, a déclaré cette avocate à l’AFP. Deux autres recours similaires seront examinés mardi matin à Lille. D’autres juridictions ont déjà été saisies, notamment à Caen, Versailles, Amiens, mais aussi Paris, où une requête a été rejetée: les juges du fond devront se prononcer dans les prochains mois.Me Fabien Arakelian, qui défendra mardi un détenu à Lille, dénonce des procédures “en dehors de la loi”. “On a voulu faire de lui un exemple”, a-t-il affirmé, fustigeant un transfert motivé par “des raisons populistes, électoralistes”, relevant du “fait du prince, du garde des Sceaux”. “L’opération de communication est réussie, mais c’est un recul de l’État de droit”, selon lui.En visio-audience à Versailles vendredi, le détenu Sofiane Boukhedimi a décrit ses nouvelles conditions de détention à Vendin: “Je me retrouve d’une situation respectueuse avec l’administration pénitentiaire à l’isolement, à l’enfer (…). Je suis fouillé deux fois par jour, c’est extrêmement difficile. Ce régime, j’ai extrêmement de mal à le vivre”. Entre fin juillet et début août, 88 détenus, majoritairement en détention provisoire, ont rejoint ce nouveau quartier pour narcotrafiquants. Parmi eux figure Mohamed Amra, dont l’évasion sanglante en mai 2024 dans l’Eure a coûté la vie à deux agents pénitentiaires.Une vingtaine de détenus ont déjà saisi la justice administrative pour contester leur transfert à Vendin, selon l’entourage du garde des Sceaux.Parallèlement, l’Association des avocats pénalistes a saisi le Conseil d’État pour obtenir l’annulation du décret autorisant ces quartiers, et le ministre de la Justice Gérald Darmanin est visé par une plainte pour abus d’autorité devant la Cour de justice de la République.Le Conseil d’État a rejeté fin juillet un référé-suspension visant à suspendre ce décret, dans l’attente d’un examen sur le fond.D’autres recours, introduits devant des juges de la liberté et de la détention, ont quasiment tous été jugés irrecevables, selon l’administration pénitentiaire, qui précise que des appels ont été interjetés dans le cas contraire.mac-alv-js-zl/etb/pta/vgu